Marguerite Gourdan  

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"Je vous avertis que j'ai à votre service le plus beau clitoris de France."--L'espion anglois, ou correspondance secrète entre Mylord (1784) by Mathieu François Pidansat de Mairobert

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Marguerite Gourdan, born Stock, in Béziers, died 1783 in Paris, was one of the most famous procuresses of the 18th century. Her purported correspondence was published in Le Portefeuille de Madame Gourdan.

Biographie

Elle débuta comme demoiselle de magasin, dans un commerce de modes. Venue à Paris en compagnie d’un jeune officier qui ne tarda pas à la quitter, elle épousa François-Didier Gourdan, receveur des aides à Larzicourt. Ce Gourdan, bien que condamné à mort par contumace, n’en fut pas moins, plus tard, Capitaine Général des Fermes à Brest, puis à Cavaillon et détenteur de l’entrepôt général de Carpentras.

En 1754, Marguerite Stock était débitante de tabac jusqu’à ce qu’un dispute violente avec ses employeurs, les époux Diodé, survenue le 15 juillet 1756. Marguerite Gourdan reprit alors, grâce à la complaisance intéressée de son mari, le genre de vie qu’elle avait choisi à son arrivée dans la capitale. Elle fit la connaissance d’un gentilhomme officier aux Gardes, duquel elle eut une fille. A la suite de cette naissance, l’officier alloua à Mme Gourdan. une rente annuelle de six mille livres, et successivement des cadeaux en bijoux et diamants pour plus de quarante mille livres.

Après quatre années de ménage à trois, l’officier vint à mourir et, en 1759, Marguerite Gourdan, fonda, avec cette première fortune, un établissement de prostitution dans la rue Sainte-Anne. Installée avec un certain luxe, l’un de ses premiers clients fut, en 1760, le chevalier Jean du Barry. Les pamphlétaires de la même époque prêtent à Marguerite Gourdan une influence décisive sur l’éducation de la jolie Jeanne Vaubernier, dit Lefeuve, surnommée "l’Ange", qui deviendra plus tard la comtesse du Barry, la plus renommée des maîtresses de Louis XV, mais ces assertions reprises par certains auteurs peu scrupuleux comme les Goncourt, sont issues des pires ragots de la fin du XVIIIe, commandes politiques des Choiseul à leur créature Pidansat de Mairobert, et n’ont pas de fondements sérieux. S’il est évidemment arrivé que Jean du Barry se rende dans les bordels comme beaucoup d’hommes mariés ou non, la future comtesse, sa belle-sœur, était sous la protection de Jean-Baptiste Buffault et de son épouse qui, à la tête d’une grande fortune (Les Buffault ont laissé leur nom à une artère parisienne. Ils possédaient de nombreux immeubles et des propriétés en île de France. Un de leur fils, Alphonse, fut, avec Jean-Frédéric Perregaux et d’autres, l’un des fondateurs de la Banque de France), possédaient, entre autres, un magasin de mode de luxe, réputé, "les traits galants" rue Saint-Honoré où la future comtesse du Barry gagnait honnêtement sa vie. Mme du Barry a toujours conservé des liens très étroits avec la famille Buffault et il est impensable qu’elle ait été une des pensionnaires de l’établissement de la Gourdan.

Rêvant d’une maison plus importante que celle fondée rue Sainte-Anne, Marguerite Gourdan s’installa, au cours de l’année 1763, rue Comtesse d’Artois, dans un immeuble appartenant alors au sieur Marion, marchand épicier. C’est le séjour prolongé dans cette rue qui valut, sans aucun doute, à la proxénète le surnom de "Comtesse" ou de "Petite Comtesse".

Au fur et à mesure que la situation des époux Gourdan s’améliorait, la complaisance du mari se compliquait sans doute d’exigences qui devenaient une gêne pour Marguerite Gourdan, car elle résolut subitement de s’affranchir du joug matrimonial. Ayant demandé et obtenu, le 9 mars 1765, elle la séparation de biens contre son mari, le sieur François, Didier Gourdan, elle put, ayant regagné sa liberté, donner plein essor à son ambition et à ses goûts de débauche.

Trois ans plus tard, le 4 janvier 1768, un incendie détruisit en partie le mobilier du salon de Marguerite Gourdan, qui demeura rue Comtesse d’Artois jusqu’au début de l’année 1773, époque à laquelle elle eut des démêlés avec la police et séjourna quelque temps à l’Hôpital de Bicêtre, spécialement institué pour y soigner les personnes atteintes de maladies vénériennes, notamment les prostituées. Dans cet hôpital se trouvait alors une autre femme, très connue par sa beauté, son esprit et son libertinage : Justine Paris, digne émule de Marguerite Gourdan.

Dès qu’elles se virent, une vive sympathie les réunit et elles pensèrent bientôt que, selon l’historiographe Lefeuve, leur conformité de goûts et d’habitudes, pourrait être avantageusement utilisée pour leurs intérêts communs. La retraite forcée où ces femmes vivaient leur permit de méditer sur les inconvénients du métier qu’elles professaient et d’envisager les moyens susceptibles d’y remédier. Elles formèrent ainsi le projet de fonder en association un établissement de prostitution unique en son genre, dont Justine Paris serait la Mère Abbesse et Marguerite Gourdan Coadjutrice.

Aussitôt sorties de l’hôpital, les deux matrones se mirent en devoir d’exécuter leur plan. Elles établirent, à l’angle de la rue des Deux-Portes et de la rue Saint-Sauveur avec tout le luxe et le confort de l’époque, ce fameux temple dédié à la déesse Vénus. À côté de ce riche et ancien hôtel, qui appartenait à Charles François Baude, Receveur des Loteries, la maison voisine du n° 14 de la rue Saint-Sauveur, était un immeuble à façade sobre inspirant confiance, et qui abritait une boutique d’antiquaire dans laquelle se trouvait un escalier conduisant au premier étage, où un appartement communiquait, à l’aide d’une petite porte, avec la Maison de passe et donnait dans la pièce désignée sous le nom de "Vestiair" ou de "Salle de Bal" par lequel passaient les visiteurs de marque, pour qui l’incognito était nécessaire. Dans ce vestiaire, le prélat se travestissait en soudard de corps de garde, l’intègre magistrat se transformait en artisan gauche et sans distinction et la noble marquise devenait une naïve paysanne.

Justine Paris ne profita pas longtemps de cette nouvelle entreprise. En novembre 1773, celle-ci mourait emportée par la maladie vénérienne qui l’avait déjà conduite à Bicêtre. Marguerite Gourdan ne jugea pas utile de reprendre une associée et continua à diriger, seule, l’établissement de la rue des Deux-Portes-Saint-Sauveur, s’empressant d’établir autour d’elle un véritable état-major d’émissaires, de pourvoyeuses et de marcheuses, dont le rôle était de lui recruter des volontaires intéressantes, qu’elles pourchassaient par tous les moyens, à Paris comme en province, pour constituer ce que Marguerite Gourdan appelait son "sérail'. Celle-ci logeait, nourrissait, blanchissait, coiffait ses pensionnaires qui l’appelaient leur "mère". Elle fournissait, en outre, tous les habillements, jusqu’aux chemises, nécessaires à leur négoce aux pensionnaires, qui travaillaient pour son compte et n’avaient pour elles d’autres bénéfices que les rubans.

Marguerite Gourdan avait édicté, à l’usage de ses pensionnaires, un règlement en vingt articles agrémenté, en complément, d’Instructions pour une jeune demoiselle qui veut faire fortune avec les charmes qu’elle a reçus de la nature.

En dehors de son Sérail, Marguerite Gourdan avait bon nombre de femmes en appartements particuliers et ne raccrochant pas dans la rue. Ces femmes étaient simplement à sa disposition pour se rendre chez les Messieurs qui ne voulaient ou ne pouvaient se déranger, ou encore pour l’organisation des petits soupers en ville. Ce groupe extérieur de courtisanes attachées à la maison de Marguerite Gourdan, constituait ce qu’elle intitulait sa "Légion". Depuis la fondation de l’Opéra, les demoiselles constituant la troupe de l’Académie de musique, avaient toujours été renommées pour leur vertu facile, aussi Marguerite Gourdan en comptait, paraît-i, un aussi grand nombre parmi ses collaboratrices. Les pensionnaires du Théâtre-Français ou Théâtre-Italien, comme Mesdemoiselles Dumesnil, Hus, Gaussin étaient également fréquemment du nombre. La célèbre comédienne Mademoiselle Montansier lui servait également de rabatteuse (Théveneau de Morande rapporte dans le Gazetier cuirassé :

'On a découvert que Mlle Montansier, qui feignait de n’être que Directrice de troupe, s’entend avec Mme Gourdan pour faire la commission en province. Mlle Montansier ne fait pas les petits marchés, mais elle est traitable pour les négociations qui en valent la peine."

Un troisième système de recrutement à sa disposition Marguerite Gourdan s’effectuait grâce à quelques bourgeoises peu scrupuleuses qui consentaient à conduire leurs filles rue des Deux-Portes, afin d’en tirer profit. Enfin, d’autres bourgeoises en quête d’argent pour se procurer des toilettes, ou pour jouir d’une existence plus agréable que celle qu’elles vivaient ordinairement auprès de leurs époux, constituaient une quatrième catégorie d’éléments pour la maison

Les combinaisons de Marguerite Gourdan étaient multiples. Tout ce qui touchait à son état lui était connu. En dehors de la direction de son établissement et de l’arrangement des parties fines soit chez elle, soit dans les petites maisons de la noblesse, elle procurait en appareilleuse consommée des femmes aux hommes, des jeunes gens aux "sodomistes" et aux "tribades" des "succubes", créatures jouant le rôle passif dans les ébats amoureux de femme à femme. Les lesbiennes les plus renommées se recommandaient toutes auprès de Marguerite Gourdan pour avoir de jeunes et jolies filles, vicieuses ou naïves, expérimentées ou débutantes. Ces dames n’avaient qu’à demander ; la Petite Comtesse pourvoyait à tous leurs désirs ; parmi celles-ci, Mme de Fleury, femme d’un avocat général et ancien Procureur royal sous le Parlement Maupéou et fondatrice de la Anandryne.

Marguerite Gourdan lui écrit, le 28 décembre 1778: "j’ai à votre service le plus beau clitoris de France ; en outre une franche pucelle de quinze ans au plus. Essayez-en, je m’en rapporte à vous et suis persuadée que vous ne croirez trop pouvoir m’en remercier. Au reste, comme vous ne lui aurez pas fait grand tort, si elle ne vous convient pas, renvoyez-la moi et ce sera encore un pucelage excellent pour mes meilleurs gourmets."


La maison de Marguerite Gourdan servait aussi à des dames, dont la situation mondaine exigeait des précautions dans l’accomplissement de leurs escapades. Parmi celles à qui Marguerite Gourdan offrait très obligeamment l’hospitalité, pour voir clandestinement leurs amants, on comptait Mme de Stainville, qui y retrouvait l’acteur Clairval de la Comédie Italienne. De cette catégorie de la clientèle Gourdan, se retrouvaient également le duc de Choiseul, qui avait pour sa sœur, la duchesse de Grammont, une affection plus que fraternelle. Théveneau de Morande assurait dans le Gazetier cuirassé : "On compte à Paris, dit-il, plus de cent cinquante femmes connues dans le monde sous les noms de Comtesses et de Marquises, auxquelles Mme Gourdan assure avoir refusé plusieurs fois sa porte."

Parmi les clients célèbres de Marguerite Gourdan, on trouvait Christian IV de Palatinat-Deux-Ponts, le prince de Conti, le marquis de Fitz-James, le chevalier de Coigny, le duc de Chartres le duc de Mazarin, le duc de Grammont, le marquis de Romcy, le marquis de Nesle, le duc de Fronsac, le duc de Chartres, le fermier général Dangé, le marquis de Genlis, le duc de Luynes, le marquis César de Talaru, M. de Montaigu, M. de Moudran, le marquis de Duras le duc de la Trémouille, le chevalier de Piis, le négociant Émery, le banquier Pexiotte. Parmi les ecclésiastiques, on trouvait le père Elysée, le père Bernard, le séminariste M de Calonne, le professeur en théologie Adrien Aubert, l’aumônier François de Clugny, le docteur en Sorbonne Pierre-Gallon Francesqui, le grand-vicaire Joachin de Gobriacle, l’archidiacre Jean Mongin, le chapelain de la Reine, M. de Saint-Mery, ou le chapelain du Roi, Gaspard Bardonnet, le chanoine Joseph-Marie Mocet, le prévôt Pierre-Joseph Artaud, l’abbé Grisel, l’abbé de Voisenon, l’archidiacre Jean-Baptiste d’Aguesseau, le père Honoré Regnard, l’évêque jésuite de Sisteron Lafiteau, l’archevêque de Toulouse Loménie de Brienne, l’abbé Tencin. Lany, ancien maître des ballets de l’Opéra, en dehors de sa liaison avec Mlle Lachassaigne danseuse de ce théâtre ou le bibliothécaire des Petits-Pères de la place des Victoires, aimaient à se faire fouetter chez Marguerite Gourdan.

Le 6 septembre 1776, un arrêt du Parlement décréta de prise de corps Marguerite Gourdan, pour avoir recueilli chez elle la femme d’un gentilhomme de province et favorisé son goût pour le libertinage. Marguerite Gourdan n’attendit pas l’application du Décret de prise de corps. Cinq jours après la prononciation de cette sentence, c’est-à-dire le 11 septembre 1775, la Petite-Comtesse licenciait son personnel, fermait son établissement et prenait la fuite. Pendant qu’on faisait visiter son lupanar, le Parlement la déclarait par contumace, à défaut de comparaître en justice, "dûment atteinte et convaincue de commerce honteux, maquerellage et prostitution publique et encore d’avoir débauché & et attiré des jeunes filles et de les avoir prostituées chez elle" et la condamnait "à être conduite dans les lieux ordinaires et accoutumés de cette Ville de Paris et notamment aux carrefours des Petits-Carreaux, le plus prochainde sa demeure, montée sur un âne et le visage tourné vers la queue, ayant sur la tête un chapeau de paille avec écriteau devant et derrière portant ces mots : "MAQUERELLE PUBLIQUE" et à être ensuite battue et fustigée de verges par l’Exécuteur de la haute Justice dans les dits carrefours accoutumés, et au carrefour des Petits-Carreaux y être flétrie d’un fer chaud en forme d’une fleur de lys sur l’épaule dextre. Ce fait a été bannie pour neuf ans de la Ville et Prévoté et Vicomté de Paris." Marguerite Gourdan fut donc promenée en effigie sur un âne avec tout le décorum prescrit ; puis le mannequin fut fustigé d’importance au carrefour désigné sous les huées et les cris licencieux de la populace.

Dans les premiers jours du mois d’août 1776, la proxénète rentrait à Paris et se constituait prisonnière. Elle invoqua pour sa défense le témoignage du duc de Chartres, du Prince de Conti, du Maréchal duc de Richelieu, du duc de Fronsac et autres nombreux personnages nobles, prélats ou magistrats, et le Président de Gourges s’empressa de lui accorder l’absolution. Le 19 août 1776, elle était élargie et mise hors de cour le de ce mois. Le luxueux lupanar de la rue des Deux-Portes-Saint-Sauveur fut bientôt rouvert au galant public. Pendant quelques mois ses salons, ses boudoirs furent à nouveau envahis par les anciens habitués, mais à partir des premiers jours de 1777, la fortune de Marguerite Gourdan décrut sensiblement. Pendant le temps que son établissement avait été fermé, on se doute bien que la concurrence n’était pas restée inactive, et les maisons rivales avaient attiré la riche clientèle en s’efforçant de la soigner mieux qu’elle n’était rue des Deux-Portes. De telle sorte que, le premier élan passé, les anciens clients et clientes s’en allèrent un à un, passer leur temps libre chez la Brissault ou chez la Montigny.

Les mœurs plus austères du roi Louis XVI nouvellement couronné imposaient à la paillardise une trêve dont Marguerite Gourdan fut la première à souffrir, et ce à tel point qu’elle fit faillite au cours du mois de mai 1778. Une fois de plus, elle réussit à se tirer du péril, mais de jour en jour, les affaires allèrent diminuant et la publicité se fit de plus en plus rare autour du blason de la Petite-Comtesse. Peu de temps après, Marguerite Gourdan mourait dans une chambre à coucher au premier étage de son domicile de la rue des Deux-Portes-Saint-Sauveur.

Toujours en verve, le populaire parisien lui fit une pittoresque oraison funèbre, dont la première et la moins verte des strophes commençait ainsi :


Nobles maquereaux et véroles,
Versailles, Paris sont affolés !
Tous prenons le deuil dès ce matin
Pour cette tant renommée catin.
Oui, Gourdan la maquerelle est morte,
Est morte comme elle avait vécu,
La pine au cul
Le corbillard est à sa porte
Escorté par trois cents putains
La pine en mains.

On a donné de la Surintendante des plaisirs de la Cour et de la Ville ce portrait :


Sa figure, sans être jolie, avait ce piquant qui usurpe les droits de la beauté. Sa taille était svelte, et toute sa personne inspirait un air de volupté qui appelle et commande le désir. Ses yeux agaçants lançaient des traits qui rarement manquaient leur but et ses manières, ses discours, annonçaient qu’elle figurerait avec avantage sur un théâtre plus digne de ses charmes et de son esprit.




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