Lettre à D'Alembert  

From The Art and Popular Culture Encyclopedia

Jump to: navigation, search

Related e

Wikipedia
Wiktionary
Shop


Featured:

La Lettre à D'Alembert - parfois appelée Lettre sur les spectacles - est une réponse de Jean-Jacques Rousseau à l'article Genève de D'Alembert publié dans le tome VII de l'Encyclopédie.

L'intitulé complet est Jean-Jacques Rousseau, citoyen de Genève à M. D'Alembert, de l'Académie française, de l'Académie des Sciences de Paris, de celle de Prusse, de la Société Royale de Londres, de l'Académie Royale des Belles-Lettres de Suède et de l'Institut de Bologne.

Contents

L'Article Genève

L'article est publié au sein du tome VII de l'Encyclopédie en octobre 1757. L'article tient une place exceptionnelle par rapport aux autres articles portant sur les États politiques. D'Alembert s'est renseigné sur place, notamment auprès de Voltaire qui réside alors dans la ville. L'article donne une image plutôt positive de l'organisation politique. La partie la plus développée concerne la religion et D'Alembert met d'accent sur la tolérance religieuse des pasteurs qui a pris le pas sur le dogmatisme calviniste. Il juge même que le christianisme genevois est proche du déisme. En revanche, il déplore le maintien d'une rigueur morale qui interdit toute représentation théâtrale.

Contexte général

La thèse de l'immoralité du théâtre est ancienne dans la pensée chrétienne. Calvin a supprimé les théâtres à Genève, de même que le puritanisme anglican en 1642. Au Template:S des théologiens catholiques, Bourdaloue, Nicole et Bossuet, jugent le théâtre incompatible avec la morale chrétienne. Ainsi pouvons-nous évoquer la querelle du Tartuffe ou la controverse entre le père Caffaro qui fait l'éloge du théâtre et Bossuet qui le pourfend dans ses Maximes et réflexion sur la comédie.

À partir de la Régence et pendant tout le Template:S le théâtre profane est en plein essor. Mais une partie des ecclésiastiques continue à jeter l'anathème sur la représentation scénique.

Situation de Rousseau à l'époque

En 1758, Rousseau s'est déjà fait connaître à l'occasion de la publication des Discours sur les Sciences et les Arts et des sur l'origine de l'inégalité. Mais c'est une période difficile pour lui, car Mme d'Épinay qui l'hébergeait jusque là à l'Ermitage lui signifie son congé. Il est contraint de se retirer au début de l'année 1758 et de mener une vie solitaire à Montlouis.

Les relations avec ses amis de longue date (Diderot et D'Alembert) sont alors houleuses. Déjà l'année précédente une dispute l'a opposé à Diderot à propos du Fils naturel où Rousseau a cru déceler une allusion malveillante. La réconciliation sera de courte durée. En effet Rousseau prend conscience des divergences croissantes qui l'éloignent des encyclopédistes philosophes prônant un athéisme matérialiste et partisans convaincus des progrès scientifiques.

Rousseau rédige sa lettre en mars-avril 1758. Il la fait éditer à Amsterdam par Marc-Michel Rey. Sa diffusion en France est soumise comme le veut la loi de l'époque à la Direction de la librairie. Malesherbes en confie la lecture à D'Alembert lui-même qui ne trouve rien à redire. La Lettre est diffusée à Paris en octobre 1758.

Contenu de la Lettre

Rousseau n'insiste pas sur la question religieuse, laissant au pasteurs de Genève le soin de répondre à D'Alembert sur ce point. Ils n'avaient d'ailleurs pas attendu pour rédiger en février 1758 une déclaration d'orthodoxie et réfuter toute tendance au socinianisme.

Rousseau se consacre essentiellement à la question de savoir si le théâtre est utile ou condamnable par rapport aux mœurs. L'immoralité du théâtre est démontrée par des exemples:

Après s'en être pris aux comédiens dont la fonction de représentation les inciterait plus aux mensonges qu'à la vertu, Rousseau interpelle la jeunesse genevoise en l'exhortant à s'opposer à la création d'un théâtre, ce qui éviterait ainsi de gaspiller les ressources de la ville dans des distractions futiles et dangereuses.

Notons l'étrange paradoxe contenu dans cette diatribe de la part d'un philosophe qui a également écrit des pièces de théâtre. Mais la démonstration de Rousseau s'applique à Genève, petite cité, et ne va pas jusqu'à réclamer la suppression des théâtres parisiens.

Réactions

L'œuvre est un succès d'édition puisque Rey doit faire une seconde édition dès le début de 1759. Mais le contenu soulève de nombreuses polémiques.

D'Alembert répond lui-même en mai 1759 par une Lettre de M. D'Alembert à M. J.J. Rousseau dans laquelle il soutient que le théâtre peut être plaisant et utile à la fois. C'est l'opinion également de Deleyre, ami de Rousseau.

Les critiques de Marmontel dans le Mercure de France, de Grimm sont plus vives. Le marquis de Ximénès écrit une Lettre à M. Rousseau sur l'effet moral des théâtres. Palissot le traite de fou. Mais son détracteur le plus acerbe demeure Voltaire qui se bat depuis des années pour que ses pièces soient représentées à Genève. D'une façon générale, ses amis philosophes prennent leurs distances avec l'auteur.

A Genève même les réactions sont partagées. L'oligarchie s'oppose à l'auteur alors que le parti populaire applaudit à la vue de ce reflet d'un clivage social et politique. Bien que Rousseau se soit tenu éloigné de la querelle religieuse, les pasteurs genevois le félicitent.

De son côté le parti dévot lui apporte son soutien et jésuite Berthier prend le parti de l'auteur dans le Journal de Trévoux.

En somme, s'il est vrai que la parution de cette lettre apporta à Rousseau un indéniable surcroît de célébrité, il n'en demeure pas moins qu'elle contribua par la même occasion à l'éloigner un peu plus de ses anciens amis philosophes.





Unless indicated otherwise, the text in this article is either based on Wikipedia article "Lettre à D'Alembert" or another language Wikipedia page thereof used under the terms of the GNU Free Documentation License; or on research by Jahsonic and friends. See Art and Popular Culture's copyright notice.

Personal tools