Étude médico-légale sur les attentats aux moeurs  

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"Aucune misère physique ou morale, aucune plaie , quelque corrompue qu 'elle soit , ne doit effrayer celui qui s'est voué à la science de l'homme, et le ministère sacré du médecin, en l'obligeant à tout voir, à tout connaître, lui permet aussi de tout dire."--Étude médico-légale sur les attentats aux moeurs (1857) by Auguste Ambroise Tardieu

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Medical-Legal Studies of Sexual Assault (Etude Médico-Légale sur les Attentats aux Mœurs) is a study of forensic pathology by Auguste Ambroise Tardieu. It was dedicated specifically to child sexual abuse and appeared in France in 1857.

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ÉTUDE MÉDICO - LÉGALE SUR LES ATTENTATS AUX MOEURS OUVRAGES DE M . TARDIEU , CHEZ LES MÊMES ÉDITEURS, Étude médico -légale sur la folie . Paris , 1872. In -8 , avec fac -simile d' écriture d 'aliénés . Étude médico - légale et clinique sur l'empoisonnement, avec la collaboration de M . Z . ROUSSIN pour la partie de l' expertise médico - légale relative à la recherche chimique des poisons. Paris, 1867 . In -8 , 1072 pages, Étude médico-légale sur l'avortement, suivie d 'une pote sur l'obligation de déclarer à és et d 'observations et recherches pour servir à l'histoire médico- légale des grossesses fausses et simulées. 2e édition revue et augmentée. Paris , 1867, in - 8 . Étude médico -légale sur l'infanticide. Paris, 1868 , in -8 , avec 3 planches coloriées. Étude médico -légale sur la pendaison , la strangulation et la suffocation . Paris, 1870 , in -8 , 352 pages avec planches. . Mémoire sur les modifications que détermine dans certaines parties du corps l' exercice des diverses professions, pour servir à l'histoire médico- légale de l'identité . ( Ann , d 'hyg. publ. et deméd . leg., 1849, t. XLII, p . 388 ; t . XLIII , p . 311, et tirage à part. ) Relation médico -légale de l'assassinat de la comtesse de Gærlitz, accompagnée de notes et réflexions pourservir a l'histoire de la combustion humaine, spontanée, en collaboration avec le docteur X . ROTA . ( Ann . d 'hyg . publ. et de méd . leg. , 1850, t. XLIV, 191 et 362 ; t . XLV, p . 99. Voirie et cimetières . These présentée au concours pour la chaire d 'hygiène. 1852, in - 8 . Étude hygiénique sur la profession de mouleur en cuivre , pour servirà l'histoire des pro fessions exposées aux poussières inorganiques. Paris, 1855 , in - 12 . Du tatouage considéré comme signe d 'identité. (Ann . d 'hyg . publ. et de méd . lég ., 2e série , t. III, 1855 , p . 371 et suiv.) Élude hygiénique et médico légale sur la fabrication et l'emploi des allumettes chimiques . ( Ann . d 'hyg . publ. et deméd . lég ., 2e série , 1855 , t. IV , p . 341 à 441. ) Mémoire sur la mort par suffocation . Ann . d 'hyg . publ. et de méd . léy ., 1856 , 1. VI , p . 5 à 54 .) Mémoire sur l'empoisonnement par la strychnine, contenant la relation médico - légale com plète de l'affaire Palmer. (Ann , d 'hyg. publ. et de méd . lég., 2e série , 1856, 1. VI, p . 371 et tirage à part . ) Mémoire sur l' examen microscopique des taches formées par le méconium et l'enduit fetal, pour servir à l' étude médico -légale de l' infanticide, en collaboration avec le pro fesseur ROBIN . (Ann , d 'hyg., 1857 , t . VII , p . 350 .) Étude médico -legale sur les maladies accidentellement et involontairement produites par imprudence, négligence ou transmission contagieuse , comprenant l'histoire médico légale sur la syphilis et de ses diverses transforinations. (Ann . Ahyy. 1861, 1 . XV, p . 93 ; t . XXI, 99 et 340, 1864 , 132 p . et tirage à part.) Dictionnaire d 'hygiène publique el de salubrité, ou répertoire de toutes les questions rela tives à la santé publique considérées dans leurs rapports avec les subsistances , les épidé mies , les professions, les établissements et institutions d 'hygiène et de salubrité . Cou plété par le texte des lois , décrets , arrêtés , ordonnances et instructions qui s'y rattachent. 2e édition considérablement augmentée . Paris, 1862, 4 forts vol. in - 8 . Nouvelles observations sur l'examen du squelette dans les recherches médico- légales concer nant l'identité . (Ann . d 'hyg. publ. et de méd . léy . , 1863, t. XX, p . 114 .) Relation médico -légale de l'affaire Couly de la Pommerais , empoisonnement par la digi taline, en collaboration avec 2 . Roussin . ( Ann . d 'hyg. publ. et de méd . leg . , 1864 , t . XXII , p . 80 et tirage à part.) Rapport fait au conseil municipal de Paris au sujet du projet de construction du nouvel Hôtel-Dieu . ( Ann . d 'hyg . publ. et de méd. lég . , 1865 , 1 . XXIV , et tirage à part, in - 8 ) Étude médico -légale sur les assurances sur la vie , par A . S . TAYLOR et TARDIEU . ( Ann . d'hyg. publ. et de méd . lég ., 1865 , t. XXV, ei tirage à part. ) Empoisonnement par la strychnine , l'arsenic et les sels de cuivre, observations et recher ches nouvelles en collaboration avec P . LORAIN et Z . ROUSSIN . (Ann . d 'hyg . publ. et de méd , lég . , 1865, t. XXIV, et tirage à part, in - 8 . ) Mémoire sur la coralline et sur le danger que présente l'emploi de cette substance dans la teinture de certains vêtements, en collaboration avec 2 . ROUSSIN . ( Ann. d 'hyg . publ. et de méd . lėg ., 1869, t . XXXI.) Élude médico -légale sur les blessures par imprudence, l'humicideet les coups involont i.es. (Ann , d 'Hyg., 1871. ) IMPRIMERIE L . TOINON ET C , A SAINT-GERMAIN . ÉTUDE MÉDICO - LÉGALE SUR LES ATTENTATS AUX MEURS PAR Ambroise TARDIEU PROFESSEUR DE MÉDECINE LÉGALE A LA FACULTÉ DE ÉDECINE DE PARIS SIXIÈME ÉDITION ACCOMPAGNÉE DE QUATRE PLANCHES GRAVÉES PARIS LIBRAIRIE J. - B . BAILLIÈRE ET FILS 19 , rue Hautefeuille, près du boulevard Saint-Germain LONDRES MADRID BAILLIÈRE , TINDALL AND COX CARLOS BAILLY - BAILLIÈRE 1873 Tous droits réservés. 117930 - B

AVERTISSEMENT

Cette sixième édition de l' étude médico - légale sur les attentats aux mours renferme un assez grand nom bre de faits nouveaux pour qu'il mesoit permis d 'espérer qu'elle ne restera pas au - dessous du succès inattendu qu'ont obtenu celles qui l'ont précédée . Non -seulement, en effet , de nombreux cas d 'attentats à la pudeur et de viol sont venus s'ajouter à mes premières observations et m 'affermir dans les déductions pratiques que j'avais cru pouvoir en tirer ; mais encore des faits d'un ordre tout nouveau , puisés dans des expertises récentes et sans précédents , m 'ont apporté une fois de plus la preuve qu ' en ces matières la limite du possible peut sans cesse être reculée , et que l'imagination la plus fertile ne saurait atteindre à la réalité lorsqu'il s'agit AVERTISSEMENT. de dépravations morales, de monstruosités physiques telles que celles qui forment le sujet de cette étude. Je n 'ai d 'ailleurs rien trouvé d 'essentiel à modifier ni même à ajouter au fond des choses , mais j'ai mis à profit les nombreuses observations qui chaque jour étendent mon expérience personnelle pour donner à mes recherches plus de précision encore et plus d 'au torité. Depuis la précédente édition j'ai publié de nouvelles études sur la Pendaison , la Strangulation et la Suffoca tion, sur l'Avortement, l'Infanticide, les Blessures par imprudence et sur la Folie . Je poursuis ainsi et j'aurai bientôt rempli le dessein de donner à mes confrères et à mes élèves un exposé complet des notions nécessaires à l'expert sur les sujets les plus pratiques et les plus intéressants de la médecine légale . Août 1872.

TABLE DES MATIÈRES

AVERTISSEMENT DE LA SIXIÈME ÉDITION . . . . . . . . . . . AS 0 26 73 PREMIÈRE PARTIE . - Outrages publics à la pudeur . . . . . DEUXIÈME PARTIE . - Viols et attentats à la pudeur . . . Statistique du viol et de l'attentat à la pudeur . . .. Considérations sur la conformation des parties sexuelles chez la femme . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . Des signes des attentats à la pudeur . . . . . . . . . . . . . Des signes du viol. . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . Des signes communs au viol et aux attentats à la pudeur. . . . . De l'inculpé dans les cas de viol ou d 'aitentat à la pudeur. . . . . Attentats commis par des femmes sur de petits garçons. . . . . . Attentats commis par des femmes sur des personnes de leur sexe. . Des questions médico- légales qui peuvent se présenter dans les cas de viols ou d 'attentats à la pudeur. . . . . . . . . . . . . . Des visites el rapports dans les cas de viol et d 'attentat à la pudeur. 1° Existe- t-il des traces d 'un attentat ? . . 2° Les désordres peuvent-ils étre attribués à des attouchements personnels, à de mauvaises habitudes ? . . . . . . . . . . . 3° L ' écoulement constaté a - t- il été communiqué ? . . . . . 4° Y a - t - il défloration ? . . . . . . . . . . . . . . . . . . . Go A quelle époque remonte la défloration ? . . . . . . . . . . 6° Y a-t-il des signes de débauche habituelle ? . . . . . . . . 70 La defloration est- elle le résultat de l'introduction du membre viril ou d 'attouchements forcés, d'accidents et de maladies ? 80 Existe -t-il des traces de violence autres que la defloration ? . . . go La mort est-elle le fait des violences ou du viol? . . . . . . 81 10° Le meurtre a -t- il été précédé de viol ? . . . . . . . . . . . 87 11• Une femme peut- elle être déflorée ou violée sans le savoir ? 89 12° Une femme peut-elle concevoir par le viol ? . . . . . . . . 106 13° Un seul homme peut- il violer une femme qui résiste ? . . . . 106 14° Quelle est la nature de la maladie dontest affectée la victime 9 107 15° A quelle époque cette maladie peut- elle remonter ? . . . . . 10710 XX 86 VU TABLE DES MATIÈRES. 16° Cette maladie peut-elle avoir été communiquée par le simple contact ? . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . 109 170 Est- elle demêmenature chez la victime et chez l'inculpe ? . . . 111 18° Les organes de l'inculpe se rapportent-ils à ceux de la victime ? 112 190 Est- ce une opinion accréditée que les maladies vénériennes peuvent guérir par le fait d 'un rapprochement sexuel avec une petite fille ? . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . 115 20 . Un hommepeut- il pendant son sommeil, et sans en avoir con science, s'approcher d 'une femme avec laquelle il est couché ? 115 21° L 'inculpé présente - t- il dans sa conformation physique quel ques signes particuliers qui puissent le faire reconnaître ? . . . 117 22° L 'inculpé présente -t-il dans sa conformation physique quel que disposition particulière qui s 'oppose à des rapports sexuels ? 117 23° Quelle est la nature des taches trouvées sur les vêtements de la victime et de l'inculpé ? . . . . . . . . . . . . . . . 118 24° L 'attentat ou le viol sont- ils simulés ? . . . . . . . . . . . ! 25 Des systèmes de défense le plus souvent usités dans les affaires de viol et d 'attentat à la pudeur : . . . . . . . . . . . . . . . 130 Observations d'attentats à la pudeur et de viol . : . . . . . . . . 138 TROISIÈME PARTIE . - De la pédérastie et de la sodomie . 198 Des conditions générales dans lesquelles s'exercent la pédérastie et la sodomie . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . 202 Des signes de la pédérastie . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . 218 Des signes généraux de la pédérastie . . . . . . . . . . . . . . 220 Des signes d 'habitudes passives de la pédérastie el de la sodomie . . 221 Des signes d 'habitudes actives de la pédérastie . . . . . . . . . . 233 Questionsmédico-légales relatives à la pédérastie . . . . . . . . . 243 De la manière de procéder à l'examen des pédérastes . . . . . . . . 244 Existe .t-il des traces de violences sodomiques ? . . . . . . . . . . 247 Existe -t- il des traces d 'habitudes de pédérastie ? . . . . . . . . . 248 La syphilis a -t-elle pu être communiquée par le fait de la sodomie ? 253 L 'assassinat a -t - il été précédé ou favorisé par des actes contre nature ? 254 Des signes d 'identité propres à faire reconnaître les individus inculpés de pédérastie . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . Appréciation des moyens de défense allégués par les pédérastes . . 257 Observations de pédérastie et de sodomie . . . . . . . . . . . . 260 Explication des planches. . . . . . . . . . . . . . . . . . . . 314 257 FIN DE LA TABLE , ÉTUDE MÉDICO - LÉGALE SUR LES ATTENTATS AUX MOEURS Les faits qui forment le sujet de cette étude comprennent en trois groupes distincts : 1° les outrages publics à la pu deur; 2° le viol et les attentats à la pudeur; 3° la pédérastie et la sodomie . A chacun de ces groupes se rattachent des détails d 'oli servation si peu connus, des questions médico -légales si imprévues, enfin un si grand nombre de difficultés pratiques non résolues, qu'il m 'a paru utile d'en reprendre l'examen en ne négligeant aucun de leurs aspects, en les considérant, non plus dans la confusion de l'ensemble,mais dans les plus minutieuses particularités et avec l'intention formelle de reproduire, aussi fidèlement que possible , dans toute leur vérité, dans toute leur rigoureuse exactitude, les observa tions multipliées qu'il m 'a été donné de recueillir dans des expertises judiciaires, qui dépassentaujourd'hui le chiffre de huit cents pour les trois ordres de faits que je passerai successivement en revue sous le titre commun d 'attentats aux mours. Il ne faut pas chercher , dans cette étude, des citations et des développements empruntés aux auteurs qui l'ont tentée avantmoi. La médecine légale comporte peu les recherches Tardieu, 6c ÉDITION, ÉTUDE SUR LES ATTENTATS AUX METRS. d'érudition d 'abord parce que le passé a fort peu de chose à lui donner , et ensuite parce que les théories et les disser tations doctrinales ont trop souvent pris , dans cette partic de la médecine, la place qui doit appartenir exclusivement à l'observation pratique et à l'analyse raisonnée des faits. Casper fait remarquer que les auteurs ont reproduit, les uns après les autres, des erreursmises une première fois en circulation par le vieux Zacchias , et que cette manière de faire est la conséquence de leur défaut d 'expérience person nelle et d 'esprit d 'observation . Je partage complétement cette opinion , et je n 'aurais pas écrit après tant d'autres si je n 'avais cru pouvoir échapper à ce reproche mérité, en apportant à l'appui de mes paroles une masse de faits très supérieurs en nombre à ceux qu'ont pu invoquer les auteurs qui m 'ont précédé. Je mentionnerai cependant encore commetrès -remarqua bles, par le caractère essentiellement pratique et la sagacité quilesdistinguent, quelques travaux récents,les Mémoiressur les allentats à la pudeur et le viol, de M . le professeur Toul mouche, de Rennes ( 1) , fruit d 'une longue expérience,aux quels il ne manque que des développements plus étendus, et la spirituelle et ingénieuse étude sur l'intervention du médecin légiste dans les questions d 'allentals aux mours, par M . Louis Penard (2). La nature du sujet exige des détails faits pour soulever tous les sentiments d 'honnêteté et de pudeur, mais devant lesquels je n 'ai pas cru devoir reculer. Aucune misère physique ou morale, aucune plaie , quelque corrompue qu 'elle soit , ne doit effrayer celui qui s'est voué à la science de l'homme, et le ministère sacré du médecin, en l'obligeant à tout voir, à tout connaître, lui permet aussi de tout dire: (1) Annales d'Hygiène publique et de Médecine légale, 2° série , t. VI, p . 100 (1856 ) ; et t. XXII, p . 333 (1864 ). (2) Annales d'Hygiène et de Médecine legale, 1860 , t. XIV, p . 130, 343. OUTRAGES PUBLICS A LA PUDEUR. Je n 'aimême pas cru devoir , saufen un point, recourir aux voiles de la langue antique, qui ne se croyait elle -même en droitde braver l'honnêteté que quand elle parlait au nom de la science ; et, suivant l'exemple du plus élégant, du plus pur desmédecins latins, j'invoquerai en tête de cette étude ces paroles de Celse (1) : « Quæ ad partes obscenas a pertinent apud Græcos vocabula et tolerabilius sese ha « bent et accepta jam usu sunt, cum in omnifere medico « rum volumine atque sermone jactentur ; apud nosfodiora « verba, ne consuetudine quidem aliqua verecundius lo « quentium commendata sunt : ut difficilis hæc explanatio « sit simulet pudorem et artis præcepta servantibus. Neque « tamen ea res a scribendo deterrere medebuit... »

PREMIÈRE PARTIE .

OUTRAGES PUBLICS A LA PUDEUR . Ce premier groupe, bien qu 'offrant une importance très secondaire, ne doit pas moins trouver place dans cette étude ; et je n 'imiterai pas le silence absolu des auteurs, qui tous ontnégligé, dans les traités de médecine légale , les faits que la loi désigne sous le nom d 'outrages publics à la pudeur dont tout le monde connaît la signification , M . Devergie ( 2 ) se contente de cette courte mentioni, qui (1) Celse , Medicina , lib . VI, C. XVIII. ( 2) Devergie, Médecine légale; 34 (dit., Paris, 1: 52, 1. I, p . 312 . OUTRAGES PUBLICS A LA PUDEUR explique sans le justifier le silence qu'il garde sur ce sujet. « Il est rare que dans le cas de l'art. 330 (qui qualifie et « punit le délit d 'outrage public à la pudeur ) des médecins « soient consultés, car les actes se sont nécessairement « passés en présence de témoins, et les preuves ressortent « des témoignages mêmes. » Ces cas sont rares sans doute eu égard surtout au nombre considérable des individus inculpés de cedélit, qui a atteint les chiffres de : 3 , 153 en 1858 2,903 en 1859 2 ,823 en 1860 3 , 351 en 1861 3 , 389 en 1862 3 ,225 en 1863 3 , 222 en 1861 3 , 248 en 1865 3 ,050 en 1866 2 ,763 en 1867 3 ,084 en 1868 3 ,019 en 1889 Mais coinme le concours du médecin peut être invoqué par la justice pour en éclairer certaines circonstances, il est bon de faire connaître les conditions dans lesquelles peu vent se présenter de semblables expertises, et à quel genre de questions ellespeuvent donner naissance. Ce n 'est pas pour fournir la preuve du fait ou pour en confirmer le caractère que le médecin légiste sera consulté ; c'est pour apprécier les motifs qui peuvent expliquer l'acte impudique, et les excuses qui pourraient le justifier. Ces motifs et ces excuses, il y a quelquefois lieu de les chercher dans l'état physique ou mental de l'inculpé ; et c'est à cet examen que l' expert aura à procéder. Je vais faire connaître dans quelles circonstances principales l'occasion s'en est offerte . . Outrage à la pudeur, - Les individus poursuivis pour outrage à la pudeurappartiennent, sinon toujours, du moins dans l'immense majorité des cas, au sexe masculin . On · comprend combien de raisons matérielles etmorales peu vent arrêter les femmes dans l'accomplissement public des COMMIS PAR DES HOMMES. actes capables de blesser la décence. Ceux que j'ai eu l'occa - sion d 'examiner étaient tous des vieillards presque septua - génaires , des rentiers , des commerçants retirés, des oisifs arrêtés dans des lieux publics au moment où ils se livraient à des exhibitions ou à des attouchements obscènes. La première question à se poser dans des cas semblables, qui confondent à la fois le sentiment et la raison , c'est de savoir s'ils ne sont pas l'effet d ’un dérangement des facultés intellectuelles et morales, de cet affaiblissement sénile qui transformeen une sorte dedélire érotique les mouvements des sens et ne laisse survivre dans les esprits éteints que des passions libertines . La constatation d 'un état confirmé de démence peut restituer à ces faits leur véritable caractère. D 'autres fois, c'est sous l'empire d 'une excitation physi - que, en quelque sorte involontaire, que l'outrage a été commis, et l' inculpé ou ses proches savent invoquer, pour sa justification , quelque maladie cachée qui le porte, malgré lui, à des attouchements ou à des actes obscènes. Ce sera, le plus souvent, une affection cutanée, une dartre au pour tour de l'anus ou des parties sexuelles, y déterminant une démangeaison incommode, une chaleur insupportable , dont l'expert aura à apprécier la nature et les effets. Enfin , dans certains cas non moins dignes d 'attention , ces actes, quiont paru outrageants pour la pudeur publique, ne sont, en réalité , que la conséquence d 'une infirmité qu'il appartient au médecin de reconnaître et d 'expliquer. Des vieillards, qu'un séjour prolongé en certains endroits de la voie publique, que certains attouchements en apparence impudiques avaient désignés à l'attention des agents de l'autorité, cédaient simplement aux nécessités d 'une affec tion chronique des voies urinaires, unique cause de l'émis sion lente de l'urine et des mouvements propres à solliciter et à hàter la miction . De telles conditions physiques sont de nature, on le comprend , à enlever aux faits tout caractère OUTRAGES PUBLICS A LA PUDEUR de criminalité ; et c'est le médecin qui peut seul arrêter les poursuites commencées. Celui- ci ne devra jamais du reste négliger de rechercher s'il existe des traces d'habitude depédérastie chez les indi vidus inculpés d 'outrages publics à la pudeur; il ne faut pas oublier , en effet, que cette qualification légale est pres que la seule sous laquelle s'exerce, lorsqu'elle est possible , la répression de ce vice honteux . Les femmes, ainsi que je l'ai dit plus haut, se rendent beaucoup plus rarement coupables que les hommes d 'ou trages publics à la pudeur. Et il y a lieu , lorsque de pareils faits sont soumis à l'expertise médico -légale, de rechercher si les actes imputés à la femme n 'ont pas pour cause une perversion des facultés affectives et morales, une véritable nymphomanie. Le cas suivant, que je dois à l'obligeante communication d 'un avocat distingué du barreau de Nantes ; M . Brillaud Laujardière, fournit un exemple fort intéressant et instructif à plus d 'un titre. « La fille C ...,âgéede 15 ans et demi, et le sieur Hl..., âgé de 52 ans, sont prévenus d 'outrages publics à la pudeur. . « La fille C ... est une fille de campagne, appartenant à une famille aisée de braves gens, considérés dans leur village . Cette fille est petite , semble bien constituée , son regard est au repos sans aucune expression , elle répond par mono syllabes le plus ordinairement. Visitée à la maison d 'arrêt par son conseil, il ne peut obtenir de conversation suivie ; seulement, lorsqu'il lui parle des faits nombreux d 'outrages publics à la pudeur, des hommes qui l'ont fréquentée, ses yeux deviennent brillants, elle regarde en face , son regard est clair, elle semble prendre plaisir à causer des actes condamnables qui lui sont reprochés. La fille C ... porte à la joue gauche et au front quelques pustules révélatrices d 'une maladie vénérienne. COMMIS PAR DES FEMMES. « La fille C ...offre un exemple frappant de lanymphomanie ou utéromànie. Voici les faits relevés dans le dossier et à l'au dience. « Suivant les investigations auxquelles se sontlivrés les gendarmes, la fille C ... estexcessivement bête, presque idiote (sic), elle recherche les jeunes garçons dans les champs, dans les chemins; quand elle en rencontre, elle se met nue devant eux, leurmontre ses parties et leur propose de venir avec elle faire des saletés et cochonneries (sic). Alors elle se couche dansun fossé, fait monter le jeune garçon sur elle et satisfait sa passion . Les gendarmes citent une vingtaine de jeunes garçons qui ont été victimes (sic) de cette jeune fille , d'autres ont résisté et l'ont pourchassée à coups de pierre . Elle se plaignait beaucoup d 'II .... son coprévenu , parce qu 'il l'avait trop..... et qu'il lui faisait mal, aussi déclarait elle préférer de beaucoup les jeunes garçons. À l'audience, tous ces faits attestés par les gendarmes sont confirmés . « Les témoins l'ontvue se relevant si haut, qu 'on lui voyait tout le corps, même les seins, elle ne pouvait voir un homme sans luimontrer son C ... II ... la poursuivait à tra vers champs ayant lui-même les parties nues et les luimon trant. « Un jour, la fille C ... va trouver un cantonnier travaillant à sa carrière , à 1 mètre en contre - bas de la route, là elle retrousse ses jupes, le cantonnier la blâme énergiquement, alors, pour toute réponse, cette fille écarte les cuisses, se met à satisfaire un besoin naturel, et comme le cantonnier blâme toujours, cette fille se couche le ventre à terre, se frotte avec violence en disant : Ah ! que j'en ai envie . « La fille C ... a unemaladie vénérienne, H ... est également malade. Quand le juge d 'instruction lui demande si c'est H ... quilui a communiqué le mal, elle répond : Non , c 'est un jeune homme que je ne connais pas qui n 'a fait venir des boutons sur les cuisses . OUTRAGES PUBLICS A LA PUDEUR . « Poussée de questions, le magistrat instructeur n 'en peut rien obtenir et renonce à prolonger un interrogatoire impos- . sible . Interrogée à l'audience, elle pleure et n 'avoue que partie des faits , bientôt elle ne répond plus. « Le médecin de la prison avait délivré ce singulier cer tificat : « Je certifie que fille C ... et H ... sont atteints de syphilis. » Le tribunal,après avoir étudié l'ouvrage de M . Tar dieu (Altentataux mæurs) a compriscombien ce certificatétait insuffisant pour laisser croire à un mal communiqué par H ..., puisque la nature du mal n ' était pas spécifiée. Que d 'autre part, II ... maintenait avoir été écorché il y a vingt ans par un brin de foin sur les îles de la Loire,mais n 'avoir aucun mal qu'une grande rougeur du gland. Le tribunal n 'a pas cru à la communication du mal, et a pensé, comme la défense, qu'il fallait l'attribuer au contact de l'inconnu , suivi de boutons sur les cuisses. « Je demandais la remise de la fille C ... à ses parents qui la placeraient dans un asile d 'aliénés pour y être traitée . Il était évident que cette fille était une nymphomane, ne pou vant résister à cette maladie de l'homme, que par suite elle demeurait irresponsable . « En tout cas elle n 'avait pas 16 ans, et le tribunal devait toujours l'acquitter comme ayant agi sans discernement : l'intelligence chez cette fille ne s'était pas développée et le curé avait été contraint de différer d 'une année l'époque ré. glementaire pour lui faire faire sa première communion . « Le tribunal acquitte la fille C ... comme ayant agi sans discernement et la renvoie jusqu'à sa dix - huitième année dans une maison de correction , sa présence étant dange reuse pour la société . H .., est condamné à trois mois de prison . « Cette décision , ajoute M . Brillaud Laujardière, pour la jeune fille est déplorable; on renvoie en maison de correc tion l'enfant ayant besoin d 'une surveillance spéciale , alors PHOTOGRAPHIES OBSCÈNES. qu'elle n 'a pas ses parents ou que ceux - ci n 'offrent pas de garanties : ce n 'était pas le cas. Il faut à la fille C ... des soins spéciaux, puisqu'elle est atteinte de monomanie , et voilà qu 'on l'expédie , avec son mal, dans une maison où des soins appropriés luimanqueront, où sa présence parmides jeunes filles peut causer une véritable désorganisation . » Les faits compris sous la dénomination d 'outrages à la pudeur sont variés à l'infini et peuvent entraîner l'exper tise médico- légale dans des voies tout à fait imprévues et absolument inexplorées. Photographies obscènes . — C 'est ainsi que j'ai eu récem ment à m 'occuper d 'une de ces affaires qui se multiplient d 'unemanière si déplorable malgré l'activité de la répres sion ; je veux parler de la fabrication et de la vente de pho lographies obscènes . Certes, il était difficile deprévoir qu'un pareil objet pût jamais venir surprendre la médecinelégale; mais, en raison mêmede la nouveauté du fait, on nous par donnera de lui donner place dans cette étude, où nous ayons à coeur de ne rien omettre de ce qui se rattache à notre sujet. Dans le courant du mois d 'août 1861, au milieu d 'une masse vraiment innombrable de photographies obscènes, mises sous la main de la justice , s'en trouvait toute une série qui représentait des femmes dont le visage seul était caché. L'exhibition que faisaientlesmodèles des parties les plus secrètes avait paru compliquée d'un raftinement d 'obs cénité singulière ; l'oeil pénétrait si loin , qu' il semblait que l'écartement fût maintenu à l'aide de quelque procédé arti ficiel. Cette circonstance , qui était de nature à aggraver la responsabilité du photographe, méritait d ' être vérifiée, et, sur l'invitation du magistrat instructeur, je dus procéder à l'examen des images saisies. Mamission avait pour objet de constater si la disposition reproduite par la photogra 10 OUTRAGES PUBLICS A LA PUDEUR . phie , pouvait être obtenue par une pose naturelle , ou si, au contraire, il y avait lieu de penser qu'un corps étranger eût été introduit pourmaintenir béantes les parties offertes aux regards. Bien que la simple inspection m 'eûtsuffi pour ré-. soudre cette question, je n 'ai pas cru devoir m 'en tenir à cette première impression , et, en une matière naturelle ment si neuve , j'ai tenu à procéder , si je puis ainsi parler, expérimentalement. Je me suis rendu à Saint- Lazare, où M . le docteur Costilhes a bien voulu me faire assister à la visite d 'un très- grand nombre de femmes placées exacte ment dans la position des modèles qui avaient servi au photographe. Le résultat de ces observations a pleinement confirmé l'idée que nous nous étions faite à première vue, et nous l'avons consignée avec toute certitude dans les con clusions suivantes de notre rapport. Dans toutes les photographies qui nous ont été soumises, l'écartement des parties sexuelles résulte soit de la confor mation naturelle des femmes, soit de la manière dont elles ont été posées. Cet écartement ne dépasse pas les limites naturelles qu 'il peut atteindre chez certaines femmes, par le seul fait d 'ouvrir les cuisses et de renverser les petites lèvres . Chez aucune il n 'y a lieu de supposer l'emploi d'un moyen artificiel, et notamment l'introduction d 'un coips étranger dans les parties sexuelles. Bestialité . La qualification d 'outrage public à la pudeur s'applique aussi à ces faits de bestialité qui confondent la raison ,mais quiméritentde trouver place dans cette étude . Les cas que je vais citer ne paraîtront certainement pas dénués d 'intérêt. J.--- Le premier est relatif à un sieur E ..., âgé de 35 ans, homme de peine, condamné le 14 janvier 1867, par la 89 chambre du tribunal correctionnel de la Seine, à trois mois de prison , pour outrage public à la pudeur, BESTIALITÉ . Ila reconnu s'être livré à des actes de bestialité sur des poules. Les faits se sont passés chez un logeur de la rue des Gra villiers . Ce logeur avait trouvé une de ses poules morte. Il a observé E ..., un de ses locataires, et l'a surpris au mo ment où l'acte venait d 'être consommé. La poule était blessée et E .. . portait sur ses vêtements des plumes et des traces de sang. II. - Le second offre un exemple effrayant et à peine croya ble non pas sans doute debestialité voulue mais des vio lences qui peuvent accompagner les approches de certains animaux. Je rapporte textuellement et dans sa teneur naïve le procès- verbal du brigadier de gendarmerie qui constate le fait . « Ce jourd 'hui, 7 juin 1865 , à huit heures du matin , Nous, soussignés, gendarmes à la résidence de C ... (dé partement du Jura ), revêtus de notre uniforme et con formément aux ordres de nos chefs, étant à notre résidence, nousavons été informés que le nomméG ..., âgé de 31 ans, cultivateur, estmort le 5 juin courant par suite demauvais traitements exercés sur sa personne par un taureau âgé de 2 ans lui appartenant. Sur ce, nous nous sommes rendus près de la veuve du dénommé C .... et après lui avoir eu donné connaissance de notre visite , elle nous a fait la décla ration suivante : « Dimanche, 4 du présentmois, vers les six heures du a soir, en rentrant chez moi, j'ai trouvé mon maricouché « et atteint de vomissements ; à cette surprise je lui ai fait a un verre d 'eau sucrée et après l'avoir questionné sur la « cause de sa maladie, il m 'a dit que vers les cinq heures « de l'après-midi de la même journée, étant à faire des « nécessités près de notre habitation , il avait entendu beu « gler un taureau dans l’écurie et que craignant du danger « pour l'autre bétail, il était accouru sans prendre le temps 2 OUTRAGES PUBLICS A LA PUDEUR . « de boutonner son pantalon , et qu'ayant pénétré dans « l'étable il s' était approché du taureau qui était détaché, « que cet animal l'avait fait tomber sur ses mains et se « trouvant, les fesses en l'air , sa chemise retroussée et les « jambes entravées avec son pantalon , le taureau lui avait a introduit sa vergedansl'anuset qu 'iléprouvait de grandes a souffrances. Sur -le -champ, j'ai fait venir M . Pavy, mé « decin ici, et, malgré les soins empressés de ce docteur, « mon mari a succombé huit heures après l'accident. » « M . Pavy , âgé de 76 ans, docteur en médecine au D ..., « nous a déclaré : Le 4 juin courant, à six heures et demie « du soir , j'ai été appelé pourdonner des soins au sieur G ..., « cultivateur en cette commune. Ayanttrouvé cemalade alité , « il m 'a déclaré que vers les cinq heures de relevée de cette « journée, étant à faire ses nécessités près de son habitation , « un de ses taureaux était détaché dans son écurie , que , « sans prendre le temps de boutonner son pantalon , il était « accouru , et se trouvant dans l' étable , l'animal l'avait fait « tomber sur sesmains et se trouvant les fesses en l'air et « serré par les membres antérieurs du taureau , celui- ci • « lui avait introduit sa verge dans l'anus. « Après ces renseignements , j'ai visité le malade et ai « reconnu que l'anus était sanguinolent et laissait échapper « une matière gluante, ce qui m 'a fait supposer que c'était « le résultat de l'éjaculation de l'animal. Ce malade éprou « vaitdes douleurs atroces et est mort le 5 à une heure du « matin . Je n 'ai jamais vu de cas pareil, et mon opinion « est que G . .. a eu le rectum perforé par le taureau. » .: « D 'après les renseignements que nous avons recueillis, le taureau précité n 'est pas méchant, mais le 4 , jour de l'accident, il était agité par suite d 'une vache qu 'on lui avait présentée ce mème jour pour être saillie . » III. - Le troisièmefait de bestialité qui a donné lieu à des poursuites toutes récentes, a été l'occasion d 'une expertise BESTIALITÉ . médico -légale très- neuve dans son objet de la part d'un médecin - vétérinaire, dont je reproduirai la dernière con sultation ,mais je dois auparavant faire connaitre les cir constances dans lesquelles le fait s'est produit et telles qu'elles résultent du procès - verbal suivant que je cite en son entier . « L'an 1872 ,le 28 avril, nous, commissaire de police, in formé par la rumeur publique d 'un outrage public à la pudeur, commis par le nommé N ..., cantonnier chef, et que tous les renseignements sur cet acte odieux pourraient ètre fournis par le nommé L ... , journalier , lequel nous avons fait comparaitre devant nous et a déclaré ce quisuit : « Le 17 présentmois , vers dix heures du matin , j' étais à travailler entre la route Lacroix et celle de Robert Joly. Le nommé L ... était occupé à couper des harts dans la forêt et non loin demoi; à cette heure j' éprouvai le désir de fumer une pipe, et je quittaimon travailpour aller demander une allumette à L ... ; après avoir parcouru 50 mètres environ , j'entendis dans le bois et sur ma gauche un frôlement, je m 'arrêtai court; ce bruit se perpétuant , je me détournai dema direction primitive et je fis quelques pas en avant. « Tout à coup j'aperçus un chien que je reconnus pour être celui de M . M ...; j'avançai encore quelques pas, mais avec beaucoup de précaution , et j'aperçus ensuite le nomméN .., cantonnier chef, ayantmis son pantalon bas et ses parties sexuelles à nu, son corps courbé la face contre terre , ayant sa tête tournée presquedemon côté. « Là je vis N ... et le chien adossés l’un contre l'autre. N ..., dans cette position , avait sa main droite derrière le dos, caressant le chien en agitant ses doigts contre les parties sexuelles del'animal; je restai ainsi en spectateur pendant plusieurs minutes ; l'acte consommé j'aperçus le membre viril du chien sortir du fondement de N .... « N ... releva alors sa tête , m 'aperçut et voulut lancer celte OUTRAGES PUBLICS A LA PUDEUR. bète sur moi pour me faire mordre, disant à plusieurs reprises : « Mangez-le ! » Je fis observer à N .., que le chien n ' était pas plus méchant que lui, et que je ne le craignais pas. « Je me retirai aussitôt, et à quelques pasdelà, je rencon trai A . L ... Je luidis que si j'avais su qu'il fut aussi près de moi, je l'aurais appelé pour lui faire voir l'acte dont je venais d ' ètre témoin , ce que je m 'empressai de lui raconter. « L . A ..., âgé de seize ans, journalier, entendu également comme témoin dans l'affaire qui précède a déclaré ce qui suit : « Le 17 avril, j'étais à couper des harts dans la forêt de Rambouillet. Vers neuf heures et demie je vis le nommé N ..., cantonnier chef, accompagné du chien de M . M ..., je fis observer à N ... qu'il était heureux que mon père ne se trouvât pas en ce moment ici, parce qu 'il n 'entrerait pas en forêt avec le chien , attendu que cela est expressémentdé fendu ; à cela , il me fit un pied de nez, et il disparut avec son chien dans l'intérieur de la forêt. Vers dix heures un quart, j'entendis un chien aboyer, je quittai mon travail pour m 'assurer si ce chien n 'était pas en chasse . Arrivé dans l'allée des Chantillons, j'aperçus le nomméA ... Arrive près de lui, il medit : « Si j'avais su que tu fussesaussi près demoi, je serais venu te chercher pour te faire voir quelque chose d 'affreux dont je viens d 'etre le témoin . » « Ici le témoin L ... nous rapporte textuellement le récit tel qu'il est écrit ci- contre, à lui raconté par L ..., imine diatement après l'acte consommé, et ajoute que depuis ce jour le chien nepeut quitter N ... « N ..., âgé de 43 ans , cantonnier chef, interpellé sur les fuits qui lui sont reprochés, a répondu ce qui suit : « Le 17 courant, vers dix heures du matin , en allant travailler dans une carrière de pierres située dans la forêt, j'étais accompa gné du grand chien de M . M ... , cultivateur. Arrivé dans le bois et dans un endroit assez épais , et là me croyantà l'abri BESTIALITE . de tout regard, je me déboutonngi et mis mon pantalon bas, jemecourbaiensuite fortement, la face presque contre terre, ai présenté ainsi mon postérieur au chien pour mie le faire lécher, ce qu'il fit. Ceci fut fait dans le but d'adou cir les souffrances causées par le frottement des cuissesdans les marches. a Inutile d 'insister davantage sur d 'autres points, il est vrai que j'ai été vu dans le bois et dans la position que je viens de vous indiquer par le nommé L ... ,mais sa déclara tion n 'est qu'un pur mensonge. » Le cantonnier N ..., poursuivi sous l'inculpation d 'outrage public à la pudeur , fut condamné à un an de prison .La cour d 'appel de Paris , considérant qu'il n 'était pas établi que la copulation entre l'hommeet le chien eût eu lieu, mais que N ... s'était livré en public à des mancuvres obscènes, ré duisit la peine à troismois de prison . Au cours des débats, la pièce suivante fut produite . Elle mérite d 'être citée. Consultation médico - legale par M . Jạnel , vétérinaire à liambouillet, du 14 mai 1872. QUESTION : Un chien peut- il se livrer sur l'hommeà la copum lation anale ? Non, je ne le pense pas, voici pourquoi : 10 parce que la verge du chien a une conformation toute spéciale qui n 'est propre qu 'à son espèce,pour la génération . 20 Parce que sa verge très- pointue et affilée possède un os intérieur couvert d 'un tissu érectile très -sensible qui, pendant l'accomplissement, se gonfle considérablement, forme bouchon en dedans du vagin et empêche le chien de la retirer immédiatement après, l'éjection de la sécrétion spermatique étant très- lente , ce qui explique pourquoi l'on voit souvent les chiens et les chiennes ne pouvoir se séparer et rester réunis tant que le tissu érectile de l’os n 'est pas dégonflé et redevenu mou et flasque. 16 QUTRAGES PUBLICS 1 LA PUDEUR . Dans cette situation pénible , ces pauvres bètes sont très fréquemment victimes de brutalités odieuses. Quand les chiennes sont en chaleur, c' est- à -dire surex citées par les désirs vénériens, l'ouverture vaginale se dilate très -facilement, les membranes muqueuses acquièrent une grande élasticité ; c 'est alors que le chien peut y introduire sa verge et se livrer à la copulation, ce qui lui est extrême ment difficile quand la chienneest revenue à son état normal. Commentdonc le chien quine peut plus saillir la chienne quand elle est calmée, à cause du resserrement et de la résistance des membranes vaginales, réussirait- il à intro duire sa verge dans le rectum d 'un homme? Cela me parait impossible par les motifs que je viens de décrire , et aussi pour les raisons physiologiques suivantes que je vais cher cher à faire comprendre. 10 En voyant le derrière d 'un homme, je ne pense pas qu 'il soitdans la nature du chien d 'éprouver des désirs véné riens aussi ardents qu' en voyant une chienne. 20 La constitution anatomique de son pénis qui est très flexible à sa pointe ne lui donne pas assez de raideur pour l'introduire dans l'anus d 'un homine et pouvoir vaincre la résistance très- grande du sphincter, muscle circulaire de l'anus, dont la contraction est excessivement puissante . 30 Les fesses de l'hommeoffrent aussi une surface assez grande pour éloigner davantage le chien et empêcher l'in troduction de la verge, dont la longueur est d 'autant plus diminuée que l'os interne qui fait bosse est plus rapproché de la pointe . Dans ce casil n ' y a de possible qu'un frotte ment de la verge sur la peau . 40 L'homme étant à genoux , ayant les deux mains ap puyées sur le sol, facilitant par sa position la pédérastie du chien , n 'arrivera jamais à son but sil'animal n 'ayant pas une très- grande taille ne peut enserrer son corps avec ses deux pattes de devant pour avoir un point d 'appui solide . OUTRAGES PUBLICS A LA PUDECR. J'ai acquis la certitude de ce que j'avance en plaçant le chien sur un homme qui a bien voulu se prêter à l'expéri mentation . Lelqu'il étaitposé,maintenu etexalté par moi, ce mème chien (l'accusé du forfait), s'il avait été très- coutumier du fait, se serait empressé de chercher à satisfaire ses dé sirs génésiques , tandis qu'au contraire il manifestait de l'indifférence , ne comprenait rien à ce qu 'on luidemandait et cherchait à s'en aller, il nous a donné la preuve évidente de son incurie et de son innocence. Si, contre toute appréciation physiologique, le chien par venait à vaincre tous les obstacles et à introduire complete ment sa verge dans le rectụm de l'homme, l'effet du tissu érectile de l'os se produirait immédiatement et détermine rait ce gonflement naturel énorme (comme dans le vagin des chiennes pendant la saillie ) qui contraindrait les deux ètres à se maintenir collés pendant toute la durée de la contraction énergique du sphincter. Vous voyez d 'ici le tableau qui ne parait pas des moins curieux : l'homme forcé de rester dans la position quadru pédale, de tirer de son côté et le chien du sien pour se dé barrasser de ce lien d 'attache ; l'homme, ne pouvant se redresser, se tenir debout sans enlever le chien de terre, lui causer des douleurs très - vives et s'exposer à des morsures très -dangereuses. Dans ce cas la monstruosité serait in déniable . : Je conclus donc que le fait de pédérastie du chien avec l'homme est impossible, d 'après la conformation anatomique de l' anus de l'un et du pénis de l'autre, J'ai fait des recherchesnombreuses dans beaucoup d'ou vrages, je n 'ai pas trouvé un seul cas semblable de bestialité . Je n 'aurais pas, je l'avoue, ose me prononcer aussi for mellementpour la négative. Et sans vouloir entrer ici dans TARDIEU, 66 ÉDITION , VIOLS ET ATTENTATS A LA PUDEUR. des détails inutiles , je mebornerai à rappeler que de trup nombreux exemples de bestialité ont été très-positivement constatés chez des femmes de mauvaise vie pour exonérer complétement l'espèce canine de faits semblables à celui qui vient d 'être rapporté .

DEUXIÈME PARTIE .

VIOLS ET ATTENTATS A LA PUDEUR.

Je crois parfaitement inutile de définir le viol et l'attentat à la pudeur, et d 'entrer, à cette occasion, à la suite de tous les auteurs de médecine légale , dans de longs commentai resde droit pénal et de jurisprudence. Je ne suis nullement tenté par les prétentions de criminaliste, et je m 'efforcerai toujours, pourma part, de rester dansmon rôle de médecin légiste , persuadé que la science n 'a rien à gagner ni en con sidération ni en autorité en s'engageant dans une voie qui n 'est pas la sienne, et où elle risque à chaque pas de se compromettre d'unemanière toute gratuite. Ce qui importe au point de vue médico -legal, c'est moins de définir le viol et l'attentat à la pudeur, dont' la signification vulgaire est connue de tous, que de les distinguer par quelque caractère précis et constant. Il suffira à cet égard d 'admettre, entre les actes attentatoires à la pudeur commis avec ou sans vio lence, ce signe distinctif : l'intromission complète avec ou sans défloration caractérise le viol ; et la non - intromission est propre au simple attentat. L 'histoire que je vais tracer de ces deux ordres de faits a pour base l'analyse de 632 cas que j'ai eu à examiner eri GÉNÉRAL'TÉS ET DIVISIONS . qualité d 'expert. Il m 'a semblé que la marchela plus utile à suivre dans cette étude était d ' exposer en détail, et indé pendamment de toute appréciation médico-légale, les faits eux-mêmes, tels qu'ils se présentent à l'observation, en leur conservant leur physionomie générale , et en les décrivant suivant les procédés de la méthode nosographi que. Cet exposé analytique permettra d 'examiner ensuite , et de discuter en pleine connaissance de cause , les nom breuses questions médico -légales auxquelles peuvent don ner naissance les poursuites judiciaires en matière de viol et d 'attentat à la pudeur. Je commencerai par donner un aperçu statistique des conditions dans lesquelles se présen tent ces deux crimes, et par présenter quelques considéra tions préliminaires sur la conformation des parties sexuelles de la femme. Je ferai connaître ensuite les signes de l'at tentat à la pudeur, ceux du viol, et quelques signes communs à l'un et à l'autre . J' indiquerai les données que peut fournir l'examen de l'inculpé dans les cas de cette nature. Enfin , après avoir dit quelques mots sur les faits exceptionnels d 'attentals commis par des femmes sur de petits garçons, et par des femmes sur des personnes de leur sexe, je passerai en revue , en les discutant avec soin , les questions très -diverses auxquelles peut avoir à répondre le médecin légiste appelé à éclairer la justice dans les accusations d 'attentat à la pu deur et de viol. Rien ne manquera ainsi, je l'espère, au développementde cette étude, que compléterontun certain nombre d 'exemples choisis parmi les nombreux rapports que j'ai rédigés sur ces sortes d'affaires.' ' STATISTIQUE DU VIOL ET DE L'ATTENTAT A LA PUDEUR . Il m 'a paru intéressantderéunir ici quelques chiffres pro pres à faire connaitre le degré de fréquence des crimes com mis contre la pudeur, leur répartition suivant les localités, 20 VIOLS ET ATTENTATS A LA PUDEUR , les saisons, le sexe et l'age. Aucun de ces détails n 'est in différent pour le médecin digne de ce nom , qui ne peut rester étranger à ces sujets de morale et d 'économie sociale, que personne mieux que lui, pour les avoir observés sur la nature, n 'est à même de juger et de comprendre . Fréquence des crimes d 'attentat a la pudeur et de viol. -- Si l'on ouvre la statistique de la justice criminelle en France pourla période de vingt-cinq années qui s'étend de 1826 à 1830 (1 ), on voit que les crimes contre les personnes, qui ont éprouvé la plus forte augmentation pendant cet espace de temps, sontles viols et les attentats à la pudeur avec ou sans violence, notamment ceux qui ont eu pour victimes des enfants de moins de seize ans. . . , En effet, le nombre des accusations de ce dernier crime, qui n 'était que de 136, année moyenne, de 1826 à 1830, a été de120 de 1846 à 1850. Le chiffre a plus que triplé . Les accusations de semblables violences commises sur des adul tes ne se sont accrues d 'une période à l'autre que de 34 pour 100 . .. Depuis cette époque, dans les huit années qui ont suivi , les chiffres des accusations de ce genre jugées contradictoi rement ont suivi la mêmeprogression jusqu'en 1867, année à partir de laquelle on constate un mouvement de décrois sance marque et continu, ainsi que le montre le tableau suivant : Viols ou altentals Viols ou allentals commis sur des adultes, commis sur des enfants . Total . - 1881 . . . . . . 242. . . . . 615 . . . . . . .. 857 1892 . . . . . . 228 . . , . . . 611 . . . . . . . 839 1853. . . . . . 212 . . . . . . 574 , . . . . 786 1854 . . . . . . 174 . . . . . . 581 . . . . 755 A reporter . . . , 856 . 2 , 381. 3 ,237 (1) Rapport sur l'administralion de la justice criminelle en France de 1826 à 185 ), STATISTIQUE. . .

 : : : : :

. 941 883. 124 . . i . • 933 163. , . . . 891 Viols ou attentats Viols ou attentats . commis sur des adultes. commis sur des enfants. Total. Reporl. . . . . . 856 . . . . . 2, 381. . . . . . 3 ,237 1835. . : . . * 160 . . , . . ' , 532. . . 742 1856 . . . . , 181. . . . . 650. . . 831 185 ? . . . 188 .' . ; . . 617. . . . 805 1853. 238 . . , 784 . 1 ,022 1859. . . 226. 718 . 914 1860 . . . . . 180. 650 . . . 830 , 1861. . . . . 217 . . . 695 . 912 1862. . . . . 213 . . . 728 . . . ii 1863. : . . . . 171. . . . .. 750 . i ' . . 92L 1864 . . . . . 176 . . . . 76 ' , . . 940 1865 . . . . . 178. . . . 820 . . : 998 1866. . . . . . 160. . . . 1 ,043 1867. . . . : 805. . . 929 1868. . . . . . 178. . . . 755. . : : . 1869. . . . . 728 . . . . . 3,609. 13,310 .. . . . . . Les comptes généraux de l'administration de la justice criminelle , pour ces dernières années, renferment à ce sujet des remarques intéressantes. En 1858 , on y lit les lignes suivantes : - Il est une espèce de crimes dont l'accroissement est ex traordinaire . Je veux parler des attentats à la pudeur avec ou sans violences sur les enfants. Il en a été jugé 784 en 18 :58 , au lieu de 617 en 1857 et 650 en 1856. La moyenne de 1831 à 1853 était de 592. (De 1826 à 1831, on en comp tait seulement 136 , et bien que les attentats commis sans violences sur des enfants âgés de moins de 14 ans, qui n 'étaientpas punis avant 1832, comptent pour près de la moitié dans le chiffre actuel, il reste néanmoins une aug mentation très- considérable des attentats à la pudeur, avec violences.) L 'augmentation extraordinaire de cette espèce de crimes pendant une période de 33 ans est d 'autant plus affligeante , que la mème période a vu diminuer presque tous les autres crimes contre les personnes et les pro priétés. » VIOLS ET ATTENTATS A LA PUDEUR, En 1859 l'auteur du compte général reproduit la même pensée . « Cette année encore, le nombre des accusations de viol et d 'attentat à la pudeur sur des adultes et sur des enfants mérite par son élévation , bien qu 'il soit un peu moindre qu'en 1858, une attention sérieuse. Cesaccusations ne formaient, de 1826 à 1840 , que le cinquième(24 sur 100 ) du nombre total des accusations de crimes contre les per sonnes ; de 1844 à 1850, la proportion s'est élevée au tiers ( 33 sur 100 ). En 1859, elle dépasse la moitié (51 sur 100). Cette effrayante progression appelle toute la sollicitude de la magistrature et du jury . » En 1860 , en faisant la récapitulation de la période quin quennale qui précède, le compte rendu de la justice crimi nelle s'exprime ainsi : « Les attentats à la pudeur sur des enfants appellent tous lesans l'attention par leur fréquence de plus en plus grande, au point que, pendant les cinq dernières années (1856 à 1860), les accusés de cette espèce de crimés forment le tier's du nombre total des accusés de crimes contre les person nes, au lieu du treizième qu'ils formaient de 1826 à 18:30. Or ces crimes sé commettent dans la vieillesse dans une bien plus grande proportion que les autres ; et c'est là une des causes principales, sinon la seule , de l'élévation du nombre proportionnel des accusés de crimes contre les per sonnes après 40 ans.

« Le nombre des accusations et des accusés de crimes

contre lesmeurs a continué de suivre la progression ascen dante déjà signalée dans le rapport de 1850. Les accusations de cette nature forment, de 1856 à 1860, plus de la moitié (33 sur 100) du nombre total des accusations de crimes contre les personnes, tandis que, de 1826 à 1830, elles n 'en formaient que le cinquième environ (23 sur 100). « L'augmentation s'est produite principalement dans le nombre des attentats à la pudeur sur des enfants. De 1856 à STATISTIQUE . 23 1860, il a été jugé, annéemoyenne, 684 accusations et 702 accusésde cette espèce de crimes , au lieu de : 592 et 608, de 1851 à 1855 420 et 431, de 1846 à 1850 347 et 359, de 1841 à 1845 « De 1826 à 1830, le nombre moyen annuel des accusés de cette catégorie n 'avait été que de 139, le cinquième du total de la dernière période quinquennale ( 1856 à 1860) , « Cet accroissement déplorable du nombre de crinies contre les meurs, que nous verrons plus loin se pro duire également dans le nombre des délits de la même nature, est, sans nuldoute , la conséquence des développe ments de notre industrie et de l'agglomération qu'elle amène, dans les ateliers , d 'ouvriers des deux sexes et de tout âge en contact permanent. a En 1859 et en 1860, le nombre des accusations d 'atten tatà la pudeur sur des enfants a diminué sensiblement, et la dernière année n 'en compte que 650 , tandis qu 'il y en avait eu 784 en 1838. C 'est un temps d 'arrêt que jemeplais à signaler, en exprimant le væu qu'il soit le prélude d 'une diminution soutenue. » Enfin , en 1861, relevons encore les réflexions suivantes : « Les viols et attentats à la pudeur, après avoir atteint en 1858 des chiffres supérieurs à ceux de toutes les années précédentes, avaient subiune diminution sensible en 1859 et en 1860 , et leur total en 1861 est encore, malgré l'aug mentation qui vient d 'être signalée, inférieur à ceux de 1859 et de 1858. » Je suis disposé à croire que dans l'accroissement signalé dansles dernières années doit entrer pour unepart la répres sion plus sérieuse et mieux assurée des crimes dontils'agit. Il convient en outre de faire remarquer que les trois dernières années que comprend la statistique criminelle 24 VIOLS ET ATTENTATS A LA PUDEUR. accusentune diminution dans le chiffre des crimes de viols et d 'atttentats aux mours, aussi bien sur les adultes que sur les enfants. Répartition par localités . — C 'est dans les départements qui ont pour chefs -lieux les plus grands centres de popula tion que l'on trouve le plus de ces crimes . A Paris, Lyon , Versailles, Angers, Nantes, Bordeaux, Rennes, Rouen . · On remarque que les attentats sont plus fréquents sur les enfants dans les villes, et surles adultes dans les campagnes . Ainsi, sur 1, 000 accusés d 'attentats sur les adultes, on trouve 742 habitants des campagnes et 258 habitants des villes ; d 'attentats sur les enfants, 625 habitants des villes et 375 habitants des campagnes. Répartition par saisons. - Villermé, dont le nom se re trouve dans quelque sujet que l'on étudie touchant la statis tique morale , a été amené (1) à rechercher dans quels · mois il se commet le plus ou moinsde viols ou autres atten tats à la pudeur; etsur 808 cas, durant une période de trois années successives, il a obtenu les résultats suivants, que nous résumonsdans l'ordre de leur plus grande fréquence : Mai, juin , juillet : . . . . . . Août, septembre, octobre . . . Février, mars, ayril. . . i Novembre, décembre, janvier , , 293 205 171 139 808 L 'ordre n 'a pas varié : dans la période la plus récente , nous trouvons sans aucun changement, pour les douze an nées, de 1858 à 1869 : 1858 1859 1860 1861 1862 1863 Nai, juin , juillet . . . . . 381 381 309 309 283 283 338 338 352 337 Août, septembre , octobre . . . 276 259 268 258 236 290 Février, mars, avril. . . . 24' 199 252 160 194 174 Novembre, décembre, janvier . ' 186 182 146 124 173 456 (1 ) De la distribution par mois des conceptions et des naissances de l'hoinme. ( Ann , d ' Hyg. et de Méd. leg ., 1831, t. V, p . 83.) CONFORMATION DES PARTIES SEXUELLES CHEZ LA FEMME . 25 1864 1865 1866 1867 1868 1869 Mai, juin , juillet, . . 394 439 427 315 308 311 Août, septembre, octobre . 287 341 311 234 224 237 Février, mars, avril. . . . 261 201 227 201 187 211 Novembre, décembre, janvier 172 196 191 172 132 177 On voit que les mois de la belle saison, de la saison chaude, sont ceux qui fournissent le chiffre le plus élevé d 'attentats, et la constance des résultats ajoute encore à l'in térêt de cette donnée. Répartition suivant le sexe et l'âge. -- Ces seuls mots de viols et d 'attentats à la pudeur éveillent l'idée de violences exclusivement commises sur des personnes du sexe féminin ; cependant nous aurons à citer des exemples , peu nombreux il est vrai, d'attentats commis par des femmes sur de petits garçons ; et par des femmes sur des personnes de leur sexe. Quant à l'âge des victimes de ces sortes de crimes, je crois utile de consigner ici le relevé des 632 cas quime sont propres , répartis suivant l'âge : Au -dessous de 13 ans . . . . . . . . . . 435 De 13 à 15 ans . . . . . . . . . . . . . De 15 à 20 ans . . . . . . . . . . . . . 84 Au-dessus de 20 ans . . . . . . . . . . . Non indiqué . .. . . . . . . . . . . . . 632 La statistique criminelle donne, ainsi qu'on l'a vu dans un des tableaux précédents : 3,549 adultes pour 13,310 en fants . On voit dans quelle proportion considérable, plusdes deux tiers, les cas d 'attentats commis sur les enfaits l’emi portent sur ceux qui concernent les adultes. Je ne peux m 'empêcherde consigner les deux cas extre mes d 'attentat consommésur des petites filles que j'ai ob servés, l'un à deux ans, l'autre à dix -huit mois. Le docteur Brady, cité par Taylor, a rapporté un exemple de viol d 'un enfant de onze mois . 90 14 2B VIOLS ET ATTENTATS A LA PUDEUR . Enfin il n 'est pas sans intérêt de faire remarquer qu'une modification de la loi pénale du 13 mai 1863 a étendu jus qu'à la 13° annéela protection spéciale accordée à l'enfance, envers laquelle la violence n 'est pas nécessaire pour consti tyer le crimede son agresseur. CONSIDERATIONS SUR LA CONFORMATION DES PARTIES SEXUELLES CHEZ LA FEMME. Si l'on veut bien comprendre et juger sainement les cas d 'attentat à la pudeur et de viol, il est indispensable de pos séder une notion exacte de la conformation des parties sexuelles de la femme. Non qu 'il importe d 'entrer à cet égard dans des détails minutieux d 'anatomie descriptive ; il suffit d 'en connaître avec précision la disposition et l'appa rence générale au point de vue spécial de la constatation de l'état de virginité . Tel sera le but de l'aperçu qui va suivre . Les parties dont il importe de connaître la conformation au point de vue des questionsmédico -légales de viol et d 'at tentat à la pudeur, sont les grandes et les petites lèvres, le clitoris , la fourchette , la fosse naviculaire , l'hymen , les ca roncules myrtiformes, l'urèthre et le bulbe , le vagin , et enfin le squelette qui supporte ces diverses parties. Mais, avantde les passer en revue, il ne sera pas inutile de con signer ici quelques observations préliminaires sur la cons titution générale du systèmegénitalextérieur de la femme. Une première remarque qu 'il est bon de ne pas perdre de vue dans tout ce qui touche à ce sujet, c'est l'infinie variété des différences individuelles qué présentent les parties sexuelles chez la femme, d 'où résulte l'impossibilité de poser un type unique auquel leur conformation normale puisse être rapportée. Chez les petites filles, l'aspect général des parties exté rieures de la génération a été très -judicieusement signalé CONFORMATION DES PARTIĘS SEXUELLES CHEZ LA FEMME. 27 par M . Devergie (1), et j'ai bien des fois vérifié la justesse de ses observations, comme l'a fait de son côté M . Toul mouche. Des deux systèmes réunis dans les mêmes parties, le systèmeurinaire et le système génital, le premier prédo mine chez l'enfant, le second chez la femme, ou seulement chez la fille nubile. Aussi voit- on chez les petites filles la vulve entr 'ouverte à la partie supérieure , demanière à laisser voir l'orifice de l'urèthre, et fermée au contraire à la partie inférieure. C'est l'inverse qui a lieu chez l'adulte, et l'on peut suivre les modifications que l'âge imprime à la disposi tion relative de ces appareils. J'ajoute que l'ouverture de la vulve chez les enfants est dirigée directement en avant et non obliquementde haut en bas. . Une autre observation très-importante et très - féconde pour le médecin légiste nous a été suggérée par des recher ches anatomiques très- ingénieuses de M . le professeur Dol beau . Les parties extérieures peuvent se diviser en deux sections, l'une vaginale , l'autre vulvaire , que limite et sépare dans l'état de virginité la membrane hymen . En avant de celle -ci se trouve une sorte de ' vestibule que M . Dolbeau décrit sous le nom de canal vulvaire et dans la composition duquel entrentd 'avant en arrière les grandes et les petites lèvres, en haut le clitoris , le bulbe et les corps caverneux qui se prolongent sur les côtés, et en bas la fourchette et les fosses naviculaires. La longueur et la profondeur de ce canal varient suivant des circonstances diverses, et en parti. culier, pour ce qui touche nos études spéciales, c'est sur sa forme et sur ses dimensions que portent les modifica tions caractéristiques qu'amènent chez les petites filles les attentats à la pudeur anciens et répétés. Grandes et petites lèvres. – C 'est sur les grandes et les petites lèvres que portentprincipalement les différences in (1) Médecine légale, 2e édit., t. , p. 342 . VIOLS ET ATTENTATS A LA PUDEUR. dividuelles dont j'airappelé la fréquence.Leurs dimensions et leur volume varient; mais il est à remarquer que c'est souvent sous l'influence de l’excitation sexuelle qu'elles peuvent se développer d 'une manière hâtive. Les petites lèvres notammentsubissent, par le fait d 'attouchements et de tiraillements répétés , un allongement tel, qu 'elles dépas sent de beaucoup les grandes lèvres , Clitoris . - Le clitoris présente au mêmepointde vuedes variations très - grandes, et, bien que l'on ne puisse en fixer d 'une manière absolue les dimensions normales, il est per mis de regarder son développement exagéré commeune présomption d'attouchements et d 'habitudes vicieuses . It fautnoter encore le plus ou moins de rougeur et de turges cence de cet organe, la mobilité et la laxité plus ou moins grande du prépuce qui le recouvre. Fourchette et fosse 'naviculaire. - La limite inférieure de la vulve formechez les filles vierges une bride plus ou moins saillante , tendue au -devant du vagin , que l'on nomme la fourchette, et derrière laquelle existe une sorte de cul- de sac plus ou moins profond qui, connu sous le nom de fosse naviculaire , la sépare de la membrane hymen . Le degré de résistance de cette bride varie ;mais elle finit par disparai tre par suite de la defloration ou du travail de l'accouche ment, et laisse, après qu'elle a été détruite , la vulve plus largement ouverte en arrière et en bas . .. Hymen. – La membrane hymen , qui peut être définie le signe physique de la virginité , tient une trop grande place dans l'appréciation médico - légale des cas de viol pour ne pas être étudiée avec le plus grand soin dans toutes les particularités de sa constitution et de sa disposition anato - miques. On a peine à se rendre compte des singulières divergences qui se sont produites , entre les anatomistes des deux der niers siècles , touchant l'existence même de cette partie des CONFORMATION DES PARTIES SEXUELLES CHEZ LA FEMME. 23 organes sexuels de la femme. On se demande commentelle a pu être contestée , et même absolumentniée , quand on considère les résultats constants de l'observation moderno à cet égard. Je crois superflu de reproduire ici la nomen clature tant de fois citée des auteurs qui ont prétendu nier l'existence de l'hymen : qu 'il suffise de rappeler que Buffon était du nombre. Je préfère opposer à l'erreur des plus grands noms la réalité des faits, consacrée aujourd 'hui par l'unanimité des auteurs. M . le docteur C . Devilliers, dans des recherches spéciales très- bien faites (1) et qui portent sur 150 cas, Orfila dans 200 observations (2 ), moi-même dans plus de 600, n 'avons jamais manqué de trouver la membranehymen ou ses débris . Les exceptions qui ont été rapportées sont trop nombreuses et trop peu certaines pour modifier la règle qui confirme l'existence de la membrane lymen . Ce n 'est pas sans étonnement que j'ai vu M . Toulmouche citer un cas d 'absence de cette membrane, cas' sur lequel, d 'ailleurs, l'absence de détails précis permet de conserver des doutes. Il s'agit d'une jeune fille de quatorze ans non l'églée : « L 'orifice du vagin permettait facilementl'introduc tion du doigt, la membrane hymen n 'existait pas, elle ne présentait aucune déchirure récente . » C'est à cette vague indication que se réduit le fait donné par M . Toulmouche comme un exemple d'absence de l'hymen . Que dire aussi d 'un cas rapporté au même titre par M . le docteur Félix Roze (3 ), et dans lequel il cite « comme ne possédant pas d 'hymen, » une fille de vingt-quatre ans, « ayant depuis quelque temps des rapports avec les hommes, » et qui, ajoute - t - il, n 'aurait « éprouvé, lors du premier coït, ni (1 ) Nouvelles rech ?rches sur la membrane hymen et les caroncules hymé nales . (Revue médicale , 1840, t. Il.). (2) Traité demédecine légale, 4e édit . Paris, 1818 , t. I, p . 135. (3 ) De l'hymen , Thèse de Strasbourg, 1865. . 30 VIOLS ET ATTENTATS A LA PUDEUR. douleur, ni écoulement de sang. » Ce ne sont pas là des preuves suffisantes pour faire admettre une anomalie dont l'excessive rareté est pour moi de jour en jour plus mani feste . Cette membrane, qui n 'est en réalité, d 'après son mode de formation , que le prolongement et la terminaison du vagin dans le vestibule vulvaire, existe visible au moment même de la naissance. Mais sa situation varie suivant l'àge. Elle est très-profondément placée chez les petites filles, et ce n 'est qu 'en écartant fortement les cuisses et les lèvres qu 'on la découvre à 6 ou 8 millimètres de l' entrée de la vulve. Elle devient plus tard plus superficielle et plus distincte. Quant à sa forme, elle présente des différences indivi duelles asseznombreuses qui peuvent être néanmoins rame nées à cinq types fondamentaux que je vais faire connaitre dans l'ordre de leur plus grande fréquence. Celui- ci n 'a , d 'ailleurs, rien d 'absolu , mais résulte pour moi, on le sait, d'un très- grand nombre d 'observations. 1° La première forme de l'hymen , à peu près constante dans l'enfance, et quise prolonge parfois jusqu'au delà de la puberté, consiste en une disposition labiale de la membrane, dont les bords, séparés par une ouverture verticale et affron tés l'un à l'autre , font saillie à l'entrée du vagin , qu 'elle ferme, si l'on me permet de parler ainsi, en manière de cul de poule (pl. I, fig . 1 ). 2° Dans un second type, on voit l'hymen former un dia phragmeirrégulièrement circulaire , interrompu vers le tiers supérieur par une ouverture plus ou moins large et plus ou moins haut placée ; sur une pièce trouvée par M . F . Roze au musée d'anatomie de Strasbourg , l'ouverture était située à la partie supérieure et latérale droite . Ce type est très -com mun , et je le regarde comme plus fréquent que les suivants (pl. I, fig . 2 ). CONFORMATION DES PARTIES SEXUELLES CHEZ LA FEMME. 31 30 La troisième consiste en un diaphragme exactement et régulièrement circulaire, percé d 'un orifice central (pl. I, fig . 3 ). 4 . Dans le quatrième type, que MM . Devilliers et Devergic paraissent avoir rencontré le plus souvent, l'hymen repré sente un diaphragme semi- lunaire en forme de croissant à bord concave supérieur plus ou moins échancré, et dont les extrémités vont se perdre en dedans des petites lèvres (pl. I, fig . 4 ). 5º Enfin lamembrane hymen constitue quelquefois, à l'en trée du vagin , une simple bandelette circulaire ou semi- lu naire réunie à une sorte de repli ou de frange qui double les petites lèvres et dont la hauteur varie de 2 millimètres chez les petites filles, à 6 ou 8 chez les adultes (pl.I , fig . 5 ). Je l'ai vue former un simple rebord ou bourrelet an nulaire faisant une légère saillie autourde l'entrée du vagin , et cette disposition aurait fort bien pu simuler l'absence dela membrane hymen . M . Toulmouche a fait la même remar que , et il insiste sur la disposition assez fréquente , suivant laquelle l'hymen est constitué par le plissement de la cir conférence intérieure de l'anneau vaginal. « Un médecin légiste, dit - il justement, qui aurait eu peu d 'expérience et qui n 'aurait pas connu cette particularité , aurait très - probablement déclaré que la membrane hymen manquait. » Il convient de mentionner certaines anomalies que peut présenter l'hymen en dehors des cinq types normaux qui viennent d 'être décrits. Morgagni et M . le professeur J. Clo quet l'ont vu, par exemple, former une sorte de rideau placé au milieu du vagin et relevé de façon à laisser de cha que côté une ouverture latérale . M . F . Roze a figuré un hy men assez analogue, qu'ildésigne sous le nom de biperforé , et qu'il a emprunté aux collections de la faculté de Stras bourg. Mais des cas de déchirure de l'hymen que je citerai VIOLS ET ATTENTATS A LA PUDEUR . plus loin permettent de douter que cette disposition doive ètre considérée , mêmeà titre d 'exception , commenaturelle . Fabrice de Hilden a décrit un diaphragmecriblé de trous qui est comparable à ces cas où l'hymen est réduit à des filaments membraneux séparés, tendus d 'un côté à l'autre de l'entrée du vagin . Enfin elle peut constituer une cloison complète sans ouverture, ou encore se composer d 'un double dia phragine superposé . Telles sont les formes principales que peut affecter la meinbrane hymen. Par les progrès de l'âge elle subit quel quesmodifications essentielles. A mesure que les parties se développent, la membrane s'élargit dans le sens transversal. Composée de deux feuillets muqueux, entre lesquels s'é tendent quelques fibres musculaires et se ramifient de nom breux vaisseaux, elle peut subir une épaississement plus ou moins marqué. Je n 'ai pas vu cependant que cet accroisse ment se fit par places , demanière à donner à l'hymen l'ap parence d 'un éventail et à former son bord libre des renfle ments réguliers , comme le dit M . Devergie. Le changement le plus remarquable consiste dans le relachement du voile membraneux , qui, à mesure qu'il se développe et qu'il cède à l'effort menstruel, présente moins de résistance . Il est faux que, dans les cas où il persiste jusque dans la vieil lesse , il acquière plus de résistance et de dureté . M . Devil liers la rencontré, chez des femmes d 'un grand àge , très souple et facile à déchirer. Il faut considérer commedes cas pathologiques, ces cas où elle est devenue fibreuse, cartila gineuse et presque osseuse , au témoignage d ’A . Paré, et ceux où elle serait assez résistante pour que Diemerbroek , cité par M . F . Roze , ait pu dire : « Adeoque firmam inveni mus, ut cujuslibet arietantis viri impetum sine disruptione sustinere potuisset. » Caroncules myrtiformes ou hyménales . - La nature et l'o rigine de ces parties ont été souventmal appréciées ; et CONFORMATION DES PARTIES SEXUELLES CHEZ LA FEMME. 33 l'erreur, qui au point de vue anatomique est sans impor tance, pourrait avoir, en médecine légale , de très -fàcheuses conséquences. Quelques auteurs ont voulu y voir les rudiments de l'hy men incomplétement développé, et par suite un signe réel, quoique imparfait , de virginité ; tandis que ce ne sont, en réalité , que les débris irréguliers de l'hymen déchiré, les restes de ses lambeaux rétractés affectant des formes qui n 'ont rien de fixe : végétations, tubercules, crètes de coq , languettes, excroissances polypiformes, et placés en nombre variable sur divers points du pourtour de l'entrée du vagin . C 'est decette façon qu'il convient d 'envisager les caroncu les ; et elles acquièrent alors d 'autant plus d ' importance, qu'elles indiquent les changements survenus dans l'état de l'hymen et le degré de rétraction qu'ont subises lanıbeaux déchirés. Urethrc et bulbe. — Il n 'y a rien à dire de particulier sur ces parties, si ce n 'est que le bulbe érectile placé sous l'urè thre se prolonge souvent en avant et complète, à la partie supérieure de la vulve , le cercle de l'hymnen ; qu'il descend en outre de chaque côté au- devant de cette membrane, et contribue à donner plus de profondeur au vestibule ou canal vulvaire au fond duquel elle est placée .Les belles recherches de M . le professeur C . Rouget sur le système érectile des organes de la femme montrent jusqu'où peut aller cet ac croissement (1) Vagin . – L 'orifice du vagin laissé libre par l'ouverture de la membrane hymen présente, ainsi que je l'ai déjà dit, des dimensions très - variables, suivantledéveloppementqu'a pris l'hymen , suivant sa direction plus ou moins verticale , et enfin suivant les habitudes. Chez l'enfant, à l'état normal il admettra l'extrémité d 'une plume; plus tard et vers la pu (1) Rouget, Journal de la physiologie de l'homme. Paris, 1858 . TARDIEU , 6e ÉDITION . 34 VIOLS ET ATTENTATS A LA PCDEUR . berté , à 'peine l'extrémité du petit doigt, rarementmème, chez la femme adulte , plus du bout du doigt indicateur. C ' est là , du reste, un point important à noter, et cette dila tation plus ou moins considérable de l'orifice du vagin peut fournir les renseignements les plus intéressants dans la re cherche médico-légale de l'attentat à la pudeur. Il en est demême des dimensions du vagin lui-même : l'étroitesse ou le relâchement de ce conduit, bien que natu rellement variables, doivent néanmoins être pris en grande considération au point de vue de la constatation de la virgi nité. Il faut d 'ailleurs faire la part de la contractilité plus ou moins énergique que donnent à ce canal les fibres muscu laires qui s'entre - croisentdans toute la longueur de ses parois. Squelette . - Toutes les parties que nous venons d 'exami ner sont soutenues par un squelette, dont la disposition influe d 'une manière très-notable sur la possibilité des actes constitutifs de l'attentat ou du viol. Le faible écartement de l'arcade pubienne chez les jeunes enfants s 'oppose plus en - core que l'étroitesse des parties molles à l'intromission du membre viril. Le squelette forme ainsi une barrière infran chissable qui rend le plus souvent impossible la défloration complète chez les petites filles. DES SIGNES DÈS ATTENTATS A LA PUDEUR . . On doit entendre par attentat à la pudeur, d 'unemanière générale , tout acte attentatoire à la pudeur, quelle qu'en soit la nature, consommé ou tenté avec ou sans violence , sur une personnede l'un ou de l'autre sexe, mais sans dé floration s'il s'agit d 'une vierge ou sans intromission com plète s'il s'agit d 'une femme qui n 'est plus vierge . Cette distinction purement médicale , qui s'attache uni DES SIGNES DES ATTENTATS A LA PUDEUR. 35 quement au fait matériel constitutif du viol, reproduit de plus assez exactement le sens de la définition légale . Elle est d 'ailleurs d 'une extrême importance, car elle seule peut permettre d 'étudier avec fruit les cas les plus nombreux et les plus délicats que le médecin légiste rencontre dans la pratique. Et cependant, par une singulière et presque in croyable contradiction , elle est complétement négligée par les auteurs, qui la laissent à peine soupçonner. Les chiffres pourront, mieux que tout ce que je pourrais dire, faire juger de la place qu'il convient de réserver dans cette étude aux attentats à la pudeur. Sur les 632 observa tions que je m 'efforce d'analyser ici fidèlement, 425, c'est à - dire un peu plus des deux tiers, étaient relatives à cet ordre de faits. Comment comprendre après cela qu'Orfila , pour ne parler que de lui, ne les mentionne qu'en ces ter mes restreints et incomplets (1 ) : « Il n 'est pas sans exemple que les tribunaux aient été saisis de plaintes portées pardes jeunes filles, ou par leurs ayants cause, dans lesquelles un individu serait accusé d 'avoir exercé des frottements à la surface des organes sexuels et des parties qui les avoisinent; sans qu'il y eût eu la moindre tentative d 'introduction et sans que la plaignante présentat un délabrementdes parties génitales, ni aucun signe de meurtrissure ; or, il est évident que, si les attouchements dont je parle n 'ontpoint été con sentis, il y a eu attentat à la pudeur. L'avis du médecin , dans les cas de ce genre, sera rarement utile pour éclairer la justice, les organes sexuels ayant conservé leur intégrité et la surface du corps n 'offrant, dans beaucoup de circons lances, aucune trace de contusion nide violence . Toutefois , si la plaignante accusait l'individu qui l'a approchée de lui avoir communiqué la maladie vénérienne, l'hommede l'art serait requis pour constater l'existence de la syphilis . » (1) Orfila , Loc cil. 36 VIOLS ET ATTENTATS A LA PUDEUR. Tellé est bien aussi la pensée de A . Taylor , qui, dans son excellent traité (1 ), ne parle en réalité que du viol, en an glais rape, et n 'insiste sur la nécessité de l'examen médical que pour ces cas. Il mesera facile de démontrer que, contrairement à cette doctrine, qui est celle de la plupart des auteurs qui ont écrit sur la médecine légale , ces faits sont de ceux sur lesquels l'avis du médecin est le plus souvent réclamé par la justice et peut- être le plus utile , pourvu qu 'il soit éclairé . Mais cette lumière nécessaire nepeut précisément s'acquérir que par l'étude scrupuleuse et approfondie des faits,dans toute leur vérité et dans la rigoureuse exactitude de leurs conditions et de leurs caractères les plus ordinaires. M . Toulmouche , qui, sur ce point, a vu juste et a écrit en bon et fidèle observateur, remarque que, « de deux à treize ans, les organes sont trop peu développés pour qu 'il y ait introduction ; il y a seulement frottement et pression sur la vulve. » Si l'on réduit un peu la limite, et qu 'on la restrei gne de deux à dix ans, on doit reconnaître la justesse de cette observation . Aussi, sont- ce surtout les enfants qui sont victimes des attentats à la pudeur dont nous allons nous efforcer de faire connaitre aussi exactementque possi ble les signes caractéristiques. Une distinction importante doit être établie entre les at tentats , suivant qu 'ils sont constitués par des actes récents et isolės ou par des actes anciens et répétés, qui donnent lieu en effet à des signes très -différents. De plus, la nature et la diversité des actes quiconstituent les attentats à la pudeur sont souvent bornées à de simples attouchements ou à des pratiques obscènes que nous n 'avons pas à décrire, de telle sorte que, dans un assez grand nombre de cas, lors même (1) Taylor , The principles and praclice of medical jurisprudence. Lon don , 1865 , p . 989 et suiv . DES SIGNES DES ATTENTATS A LA PUDEUR . 37 que les faits étaient parfaitement avoués , il n 'existait sur les personnes qui les avaient subis aucune trace apprécia ble . Dans ces circonstances, l'examen du médecin ne four nit que des résultats négatifs. Mais le plus souvent, en raison même du jeune âge des victimes ; de l'extrême délicatesse des organes chez les petites filles , et d 'une autre part, de la brutalité des attou chements ou de la violence des frottements exercés par les coupables, des signes positifs permettent de reconnaître et de caractériser les traces matérielles de ces actes criminels , ainsi que nous l'avons fait dans plus de 400 cas qui nous serviront à en tracer la description suivante . Irritatioa de la vulve . — Dans les cas les plus simples, une irritation légère de la vulve , caractérisée par un peu de rougeur et de chaleur des parties, est la seule conséquence de pareils actes, et doit être signalée par l'expert, bien qu'avec toutes réserves. Inflammation vulvaire. — Mais plus souvent les désordres ont un caractère plus sérieux et plus tranché. Une inflam mation aiguë et plus ou moins violente se développe dans les parties extérieures de la génération , chez les petites filles surtout âgées de moins de onze ans. Les grandes et les petites lèvres sont gonflées etcontuses ; leur face interne, ainsi que la membrane hymen et l'entrée du vagin , sont le siége d 'une rougeur très- vive et d 'une rougeur qui rend tout examen difficile et pénible , parfois mêmeabsolumentimpossible . Sur le bord et en dedans des lèvres grandes et petites, il n 'est pas rare de rencontrer des excoriations, des érosions superficielles, parfois de vérita bles ulcérations. On a voulu donner aussi, comme un carac tère de cette inflammation vulvaire , la formation d'ecchy moses sur les grandes lèvres . Cette opinion se trouve ex primée dans un rapportmédico - legal, cité par MM. Briand 38 VIOLS ET ATTENTATS A LA PUDEUR. et Chaudé (1 ), avec cette remarque que « l'ecchymose est très- fréquemment un résultat de l'inflammation dans les tissus excessivement vasculaires comme est celui de la vulve. » Je crois le fait et l'interprétation également erro nés. L 'extravasation sanguine, qui constitue essentiellement l'ecchymose , n 'est pas le propre de l'inflammation ; et lors que l'on rencontrera de semblables lésions sur les parties que l'on a lieu de supposer atteintes par les actes attenta toires, on devra les attribuer à des violences directes et non aux progrès de l'inflammation . Le signe capital de celle - ci consiste en un écoulement purulent, d 'un jaune verdâtre,assez abondant pour baigner toutes les parties extérieures et souiller la chemise de taches nombreuses, assez épais pour agglutiner en se desséchant les lèvres de la vulve. Nous l'avons constaté dans presque tous les cas d 'attentat à la pudeur ayant laissé des traces. La marche de cette inflammation vulvaire, caractéris tique de l'attentat à la pudeur, est remarquable par l'ex trême rapidité du début. Quelquefois, surtout chez les très jeunes enfants, ou lorsque la violence a été considérable et prolongée , quelques heures suffisent pour qu 'elle éclate avec une très- grande intensité. Mais souvent elle se fait attendre deux ou trois jours , rarement davantage. Elle s'annonce alors par une cuisson assez vive , une chaleur croissante, une douleur qui gêne la marche et provoque, de la part des petites filles, des attouchements qui, ainsi que les souillures de la chemise , ne tardent pas à révéler aux mères les moins attentives des actes jusque- là dissi mulés par l'ignorance, ou , trop souvent, par le consente menttacite des enfants . Dans tous les cas, cette inflamma tion acquiert un degré d 'excessive acuïté, que présentent (1) Briand et Chaude, Manuel complet de médecine légale. Paris, 1869 , 8 édit ., p . 776 . DES SIGNES DES ATTENTATS A LA PUDEUR . : 9 bien rarement, dans le même temps, des inflammations dues à une autre cause. Ici, en effet, se présente une grave difficulté, dont je dois, dès à présent, indiquer toute la portée en essayant de don ner les moyens de la résoudre. Cette inflammation de la vulve, fréquente chez les petites filles, soulève , en effet, dans les cas d 'attentats à la pudeur, une double question relative à son origine et à sa nature . Les médecins qui ont pratiqué ou observé dans les hôpitaux consacrés à l'en fance, sont très-disposés , je le sais, à considérer comme très - ordinaire et très- naturelle l'affection dont je viens d 'esquisser les caractères. Mais je suis convaincu , pour l'avoir souvent vérifié moi-même à l'occasion de missions de justice que j'avais à accomplir dans les hôpitaux, que ces faits d' inflammation vulvaire réputée spontanée sont souvent, en réalité, consécutifs à des violences criminelles, et qu'il en est des attentats à la pudeur comme de bien d'autres crimes, l'avortement, par exemple , dont les suites vont se perdre ignorées et inaperçues dans le nombre des misères de toutes sortes qui peuplent les établissements hospitaliers des grandes villes. Cette remarque ne s'applique pas à l'un des hôpitaux spé ciaux , l'hôpital de Lourcine, où une salle est consacrée aux jeunes filles âgées demoins de quinze ans, et reçoit chaque année une cinquantaine d'enfants atteintesdemaladie véné rienne (1). « Pour celles- ci, toutes les fois que les organes sexuels présentent des traces de violence, le chirurgien , au ( 1 ) On trouvera sur ce sujet les plus précieux renseignements dans l' admirable publication que l'hygiène publique doit à l'intelligente ini. tiative de MM . J.- B . Baillière, et au savant concours de Trébuchet et de M . Poirat- Duval. L 'ouvre de Parent-Duchâtelet, De la prostitution dans la ville de Paris, agrandie et complétée, renferme (t . II, p . 45 ) un chapi tre remplit de faits nouveaux sur la prostitution dans les hôpitaux de vé nériens et autres , rédigé avec aulant de talent que d ' exactitude par un ancien administrateur de l'assistance publique à Paris , M . Battel. 40 VIOLS ET ATTENTATS A LA PUDEUR . moment de l'admission , est tenu de les constater par un certificat qui est adressé à M . le préfet de police et, par ce magistrat, à la justice , lorsqu 'il pense qu'il y a lieu de pour suivre ou lorsque les familles fournissent des renseigne ments denature à faire saisir les coupables. » Cette prescription donne une garantie exceptionnelle à la précision des diagnostics portés dans cet établissement, qui a été de tout temps un champ d ' études si fécond , d 'où sont sorties les intéressantes recherches de MM . Cullerier, Hu guier, Gosselin , Legendre, Bernutz , Lasègue, A . Guérin , et où j'ai puisé moi-même, dans de nombreuses missions de justice, une foule d 'observations instructives. Il n 'en estpasmoins vrai qu'il peut existerchez les petites filles, et qu'il existe assez fréquemment,des inflammations, ou , pour parler plus exactement, des écoulements de la vulve que l'on peut rapporter à quatre ordres de causes dis tinctes : 10 à une leucorrhée constitutionnelle ; 2° à une simple inflammation catarrhale ; 3° à une irritation locale due à des violences directes ; 40 enfin à une inflammation spécifique ou blennorrhagique, c' est -à - dire à une cause vé nérienne. C 'est entre ces affections d 'origine et de nature si diverses qu'il faut de toute nécessité établir des caractères différen tiels, si l'on veut arriver à donner à celle qui est le résultat de violences criminelles la signification médico -légale qui lui appartient. Ces caractères diagnostiques peuvent être tirés de plu sieurs indications plus ou moins importantes , mais dont au cune, dans cette délicate matière, n 'est à négliger , notam ment de l'âge et de la constitution des personnes soumises à l'examen , de la marche et de la forme de l'inflammation , de la nature et du siége de l'écoulement, de la disposition et de l'apparence des ulcerations. L'âge, je l'ai dit déjà , est une prédisposition marquée à I ES SIGNES DES ATTENTATS A LA PL'DEUR . 41 ce genre d 'inflammation ; et plus les parties seront sensibles, et faciles à offenser, commecela existe chez les très-jeunes enfants , plus des attouchements,même peu violents, pour ront produire de désordres : c 'est là une considération dont il faudra tenir compte . Mais c'est aussi chez les petites filles que l'on observe cette leucorrhée, qui paraît liée à une constitution débile , détériorée par les privations, les mauvais traitements et la malpropreté , ou naturellement appauvrie par l'exagération du temperament lymphatique et par la disposition scrofuleuse . Il convient de donner une attention particulière à ces conditions spéciales, sans oublier toutefois que cette leucorrhée constitutionnelle offre des caractères très - distincts de ceux de l'inflammation aiguë de la vulve déterminée par des violences directes. L 'aspect blafard des parties, la matière ténue, séro -muqueuse de l'écoulement, lo relâchement des tissus doivent suffire à la faire recon naître et à la différencier des écoulements dus à toute au tre cause . La marche et la forme de l'inflammation vulvaire ne sont pas moins essentielles ; elles sont très - propres à fournir des signes diagnostiques très-importants , souventmême, je ne crains pas de le dire, vraiment décisifs entre l'inflammation catarrh ale simple et l'inflammation que l'on peut appeler traumatique ou par cause directe . J'ai dit déjà que le début des accidents consécutifs à l'attentat est excessivement ra pide, qu'ils éclatent parfois avec une soudaineté tout à fait en rapport avec la violence de l'irritation mécanique qui l'a produite . J'ajoute qu' il n 'en est pas de mêmedel'inflamma tion simplement catarrhale, souvent liée à une fièvre éruptive ou autre, ou à une disposition générale que trahissent des affections simultanées des autres membranes muqueuses, ophthalmie , catarrhe nasal ou bronchique. Lesprodromes fébriles, la marchelente et graduelle de la lésion locale , eten . fin la formemoins franchede l'inflammation , sontdes signes 42 VIOLS ET ATTENTATS A LA PUDEU'R . on nepeut plusprécieux, etquinetromperontpas un médecin exercé. Ce n 'est pas dans l'inflammation simple dela vulve que l'on trouve ordinairement ce gonflement, cette rougeur, cette extrême sensibilité des parties, marqués surtout à l'entrée du vagin et sur la membrane hymen , et enfin cet écoulement si abondant et si épais qui donne à l'inflamma tion par violence directe ce caractère essentiellement aigu sur lequel je ne saurais trop insister . C 'est entre cette dernière espèce d 'inflammation et celle que l'on peut qualifier de spécifique que la distinction peut paraître le plus difficile ; mais je me hâte d 'ajouter que c'est entre cesdeux aussi qu'elle est le moins nécessaire, puisque l'une et l'autre sont également l'indice d 'actes attentatoires à la pudeur, et que la seconde présenterait seulement cette complication aggravante d ' une maladie communiquée par un contact impur. Je n'hésite pas à dire que des attouchements, que des pressions ou des frottements exercéssur les parties sexuelles d 'une petite fille par l'homme le plus parfaitement sain , le plus complétementexempt de toute affection communicable , peuvent produire une inflammation tout aussi aiguë et tout aussi violente , un écoulement toutaussi abondant et tout aussi épais, que l'approche d 'un individu atteint d'un écou lement blennorrhagique ou de toute autre maladie conta gieuse . Les tentatives faites pour trouver un signe différen tiel, au moyen de l'examen microscopique, entre le pus non virulent et la matière blennorrhagique, sont restées sans succès jusqu' ici, malgré les recherches persévérantes d 'un excellent observateur, M . le docteur Bernutz (1 ) . Il est ce (1 ) Bernutz , Mémoire sur les affections syphilitiques du col de l'utérus, Ju à la Société médicale des hôpitaux, mars 1855 . Un extrait de ce mé moire a éeé publié dans l'Union médicale, 2 juin 1855. - Cliniquemédi cale des maladies des femmes. Paris , 1862. – Voyez aussi Traité pratique des maladies des femmes hors l'état de grossesse, pendant la grossesse et DES SIGNES DES ATTENTATS A LA PUDEUR. pendant quelques particularités qui méritentd 'être signalées et quiont unevaleur diagnostique réelle. L'une, que je n 'ai vue indiquée nulle part, mais qui m 'a vivement frappé dans un assez grand nombre de cas d 'inflammation vulvaire dont la nature blennorrhagique, confirmée par les aveux et l' état de maladie de l'inculpe, ne pouvait me laisser le moindre doute , c 'est la turgescence extraordinaire des vaisseaux ré pandus à l'entrée de la vulve et du vagin ; ils offraient tout à fait l'apparence que présentent si fréquemmentles veines de la verge gonflées et le prépuce turgescent chez les indi vidus atteints d 'une chaude -pisse très- aiguë. L 'autre, beau coup plus fréquente sans doute et plus caractéristique, est relative au siége de l'écoulement. Dans la phlegmasie non blennorrhagique, lorsque l'on presse sur le périnée, la ma tière de l'écoulement sort plus ou moinsabondammentpar l'orifice du vagin ,mais non par l'urethre ; dans l' inflamma tion spécifique, au contraire, on voit constamment l'écou lement se faire à la fois par l'urethre et par le vagin . Cette observation que j'ai faite moi-mêmebien des fois, je suis heureux de la voir confirmer par l'autorité si grande de M . Ricord , qui, au point de vuemême qui est le nôtre , la consacrait dans un rapport médico -legal, à l'occasion d 'une grave accusation d 'attentat à la pudeur ( 1) : « Il est un signe, disait cet éminent observateur, qui, sans être in contestable , a une grande valeur pour prouver qu'un écou lement a été transmis : c'est lorsque l'écoulement a pour siége l'urethre. » Je le répète , je place avec confiance cette opinion conforme à ce que j'ai vu moi-même, sous le pa tronage du savant syphiliographe dont je viens de citer les après l'accouchement, par Fleetwood Churchill, traduit par Wieland et Dubrisay. Paris, 1866 , chap. iv . (1) Consultation sur une accusation d 'attentat à la pudeur, par les docteurs Ricard et Baudry , d'Evreux . ( Ann . d 'Hyg. et de Méd , lég ., 1844 , 1. XXXII, p . 447.) VIOLS ET ATTENTATS A LA PUDEUR. propres paroles . En résumé, il y a donc , sinon dans la formede l'inflammation et dans les caractères de l'écoule ment, dumoins dans l'aspect des parties, dans leur turges cence , ainsi que dans le siège de l'écoulement par l'u rèthre ou hors de ce canal, desmoyensnon pas absolument certains, mais d 'une incontestable valeur, au moins chez les petites filles, de distinguer l'inflammation blennorrha gique de la vulve de celle qui est produite par une violence directe indépendante de toute contagion . Il est encore d 'autres lésions qui peuvent se présenter sur les parties enflammées par les violences constitutives de l'attentat à la pudeur, et dont il importe de préciser net tement l'origine : je veux parler des érosions et ulcérations dont les grandes et les petites lèvres peuvent être le siége. Sans vouloir insister sur ces faits, qui ne sont pas très- fré - . quents, il est bon de rappeler que, outre ces ulcérations pro duites parl'inflammation , d 'autres ulcérations plus ou moins analoguespeuvent se former sur lesmêmesparties sous l'in fluence de causes différentes. MM . Huguier (1) et Legen dre (2), dans des travaux déjà cités par M . Toulmouche, et où brillent toute la sagacité et le talent d 'observation de ces excellents praticiens, onttracé avec une grande netteté les caractères distinctifs des ulcérations de la vulve produites par l'herpès etl'inflammation des follicules de la vulve, et de celles qui sont de nature syphilitique. Les unes et les autres peuvent se ressembler par leur forme arrondie, leur fond grisâtre et leurs bordsdécoupés . Mais la multiplicité et la disposition en groupes réguliers des ulcérations herpé tiques et folliculeuses suffisent à les caractériser . Elles sont d 'ailleurs, aussi bien que les ulcères syphilitiques, très différentes des érosions que déterminent le plus ordinaire - ( 1) Huguier, Mémoire sur les maladies des appareils sécréteurs externes de la femme (Mémoire de l' Aca lémie demédecine. Paris, 1850 , 1. XV). ( 2) Legendre, Archives générales de médecine. Août, 1853 . DES SIGNES DES ATTENTATS A LA PUDEL'R . ment l'inflammation de la vulve causée par l'irritation locale et les violences directes de l'attentat à la pudeur. M . Toulmouche, dans son dernier mémoire (1), rapporte un fait observé parlui chez une petite fille âgée de cinq ans et onze mois, chez laquelle on avait cru à un viol et à une syphilis communiquée, alors qu' il ne s'agissait que d 'un ecthyma. Le cas est assez important pour que je croie devoir citer textuellement la description qu'en donne notre habile confrère. Dans une première visite « on remar quait un ecthyma aux grandes lèvres , qui étaient tuméfiées , surtout la droite , et la mêmeinflammation au pourtour de l'anus. Il y avait un écoulement jaunâtre assez abondant. » Onze jours plus tard : « Les pustules de l'ecthyma des grandes lèvres encore tuméfiées étaient passées à l'état d ’ul cérations plus ou moins superficielles; plus étendues sur la face externe de la grandelèvre droite , qui était plus gonflée que la gauche, et sur laquelle ces érosions étaient aussi moins larges. Les pustules et la phlegmasie observées lors du premier examen au pourtour de l'anus étaient presque guéries. L ' état moins douloureux et la tumefaction moindre des parties génitales permettaient, ce que l'état contraire avait empêché de constater à la première visite , de recon naître la présence et l'intégrité de la membrane hymen . Il n 'existait plus d 'écoulement vulvaire . » Je mentionnerai, pour l'avoir rencontrée une fois seule ment,mais dans des circonstances très - significatives , la for mation de petites végétations évidemment produites par l' inflammation de la muqueuse. La membrane hymen exis tait sans déchirure. Mais sur sa face externe ainsi que sur le bord interne des petites lèvres et à l'entrée mêmede l'urethre se trouvaient cinq petites excroissances ayant la (1) Toulmouche, Des allenlats à la pudeur, des lentatives de riol sur des enfants ou des filles à peine nubiles et chez des adultes, 1861 (Annales d'Hygiène, 20 série , t. XXII, p . 335 ). VIOLS ET ATTENTATS A LA PUDEUR. forme de végétations granuleuses dont le volume variait depuis celui d 'un gros grain de millet jusqu 'à celui d 'une petite lentille. Elles sont d 'un rouge vif et formées aux dépens de la membrane muqueuse, qui du reste n 'est pas ulcérée et n 'est le signe d 'aucun écoulement. Les ganglions de l'aine sont le siège d'un engorgement peu considérable . On ne voyait pas d 'éruption spécifique sur les diverses parties du corps, notamment autour des organes sexuels et de l'anus. Cette lésion ne pouvait être attribuée à une ma ladie vénérienne communiquée, et était simplement le produit d 'une irritation locale très- vive , analogue à celle que déterminent des frottements répétés, des attouche ments violents et la tentative d 'intromission du membre viril . J'ai eu récemment l'occasion d'examiner unepetite fille àgée de quinze mois, qui avait succombé à une gastro -enté rite , et chez laquelle une gangrène ultimede la vulve avait été prise pour l'indice de violences criminelles. L 'hymen était intact, et les caractères locaux aussi bien que la marche générale de la maladie ne permettaient pas d'attribuer la lésion des organes génitaux à une autre cause qu'à une affection spontanée qui n 'est pas absolument rare chez les enfants cachectiques. Lésions de la bouche et de l'anus. - Les actes odieux qui constituent ces attentats , impossibles à définir et à prévoir dans leur diversité, ne laissent pas toujours et exclusivement leurs traces sur les parties sexuelles. Il m ' est arrivé douze fois de rencontrer sur des petites filles de six ans, six ans et demiet onze ans, des lésions de la bouche et de l'anus, consistant en déchirures des lèvres et de la commissure en forme de rhagade, et en excoriations et déformations de l'anus. Dans l'un de ces cas, une ulcération syphilitique parfaitement caractérisée occupait l'angle de la bouche. Ces lésions, faites pour inspirer l'horreur, sont, on le voit, et DES SIGNES DES ATTENTATS A LA PUDEUR . 47 resteront sans doute exceptionnelles dans les cas de la na ture de ceux qui nous occupent. Déformation caractéristique de la valve. - Les faits dont j'ai parlé jusqu'ici ne se rapportent qu'à des actes violents , mais isolés, dont les traces passagères constituent, si je peux ainsi parler , la forme aiguë de l'attentat à la pudeur . Mais il est un grand nombre de cas, dans lesquels la répé tition plus ou moins fréquente desmêmes actes a déterminé une déformation lente et graduelle des parties, et y a laissé une empreinte tout à fait caractéristique . Cette circonstance ne paraît pas avoir été soupçonnée par les auteurs, et M . Toulmouche est le seul à quil'obser vation attentive et pratique des faits semble l'avoir indi quée. J'ai dit que je l'avais pour ma part constatée presque exclusivement chez des petites filles : au -dessous de onze ans, 59 fois ; de onze ans à quinze ans, 32 fois ; chez des filles de quinze à vingt ans, 4 fois seulement; et enfin , par suite d 'une circonstance exceptionnelle, 1 fois chez une fille àgée de quarante et un ans. Ce nombre de casmepermet dedonner une description plus complète de ce genre parti culier de déformation , qui a en réalité une si grande impor tance dans l'histoire médico- légale de l'attentat à la pudeur. Un premier fait qui frappe chez les enfants ainsi livrés à ces habitudes corruptrices, c'est le développement préma turé des parties sexuelles et l'excessive précocité, qui con traste d 'une manière parfois si singulière avec l'âge, la taille, la force et la constitution générale des petites filles. J'en aivu plusieurs qui, à dix et onze ans, présentaient des signes de nubilité presque achevée. On trouve dans ces cas les grandeslèvres épaissies, écartées à la partie inférieure , la vulve largement ouverte, les petites lèvres allongées parfois au pointde dépasser les grandes , et comme si elles avaient subi des tiraillements répétés. Le clitoris, augmenté de vo 48 VIOLS ET ATTENTATS A LA PUDEUR. lume, peut avoir acquis des dimensions extraordinaires, comme il arrive souvent sous l'influence des habitudes d 'onanisme. Il est souvent rouge, prompt à entrer en érec tion, et en partie découvert. Ce n 'est pas tout : l'étroitesse des parties et la résistance de l'arcade osseuse sous- pubienne, s'opposant à l' intromis sion complète du membre viril et à la destruction de la membranehymen , ont en même temps pour conséquence, lorsque les tentatives de rapprochements sexuels se repro duisent, le refoulement de lamembrane hymen et de toutes les parties qui composent la vulve. Il en résulte la formation aux dépens du canal vulvaire d 'une sorte d 'infundibulum plus ou moins large, plus ou moins profond , capable de recevoir l'extrémité du pénis et trèsanalogueà celuiquia été indiqué à l'anus commecaractéristique de la pédérastie . Je n 'ai jamais observé que le périnée entrât dans la formation de cet infundibulum , ainsi que le dit M . Toulmouche d 'après l'honorable chirurgien de la maison de Saint-Lazare , M . le docteur Boys de Loury . Mais la fourchette, très-déprimée, peut avoir disparu complétement. La membranehymen, qui occupe le fond de cet infundi bulum , y fornie parfois une sorte debourrelet saillant percé au centre d’une ouverture à bords frangés. Plus souvent l'hymen est aminci, rétracté , réduit à une sorte d 'anneau ou de repli circulaire qui laisse ouvert l'orifice dilaté du vagin . Ce n 'est pas le plus ordinairement par suite d 'une déchirure que l'hymen se trouve ainsi diminué, bien qu'il présente , dans quelques cas, sur son bord libre unedéchi rure incomplète ; mais la membrane a subi une sorte d 'u sure et d 'atrophie , résultant des pressions répétées qu 'elle a éprouvées et de la résistance dont elle a , presque seule , supporté l'effort. Les caractères de cette déformation sont d 'ailleurs variables suivant l'âge. Si on la considère chez les jeunes filles qui approchent de DES SIGNES DES ATTENTATS A LA PLDEUR . la puberté ou l'ont déjà atteinte , on trouve un évasement parfois très-considérable de la vulve, et l'on voit l'hymen , reláché, flotter en quelque sorte au -devantdu vagin élargi, dont il ne défend plus l'entrée . Aussi peut-il arriver que, par suite d 'efforts répétés, l'intromission ait eu lieu d'une manière complète, qu'elle soit même suivie d 'une grossesse , bien que l'hymen n 'ait pas été détruit. Je ne m 'explique pas que M . Devergie ait pu demander avec une expression de surprise et de doute : « Sur quels faits s'appuie -t- on pour soutenir que certaines femmes aient pu admettre l'in troduction du membre viril sans que la défloraison ait eu lieu ? » Ces faits sont loin d 'être rares ; Casper, A . Taylor en citent; moi-même j'en ai vu plus d 'un exemple, parmi lesquels l'observation XVIII que j'ai citée plus loin est des plus caractéristiques ; et ils n 'ont rien qui doive étonner, si l'on suit, comme j'ai pu le faire dans des observations nom breuses, les progrès de cette déformation qui s'accomplit à la longue sous l'influence d 'attentats répétés. D 'autres auteurs très-dignes de foi en ont cité d 'incontestables. Marc (1) rapporte entre autres le cas d 'une fille de douze ans, qui, à la suite de rapports avec un garçon presque de son âge, avait eu les parties assez dilatées pour admettre un adulte , sans que l'hymen , affaissé par ses rapports antérieurs , ait été détruit. C 'est là l'effet de cet élargissement des parties qui, de degré en degré, peut aller chez les petites filles jusqu'au refoulement de la membrane hymen, chez les plus grandesjusqu'au reláchement de l'hymen qui laisse béante l'entrée du vagin . Ces faits ne sont certainement pas de nature à provoquer l'étonnement autant que ceux qu'a rapportés le savant pro fesseur demédecine légale de la Faculté de Strasbourg , (1) Narc, Dictionnaire demédecine, t. XXX, art. Viol. TARDIEU , 6e ÉDITION. 50 VIOLS ET ATTENTATS A LA PUDELR. M . G . Tourdes (1), et dans lesquels une dilatation gra duelle et lente duméat urinaire avait été au point de per mettre dans ce canal l'introduction du membre viril . J'ajoute, pour terminer sur ce point, que certains vices de conformation des organes sexuels favorisent, chez des femmes qui ont depuis longtempsdépassé l'âgede puberté , une déformation en tout semblable à celle que nous venons d 'indiquer comme appartenant surtout à la seconde en fance. C 'est ainsi que j'ai vu une fille de quarante et un ans (observ. XXI) , forte et bien constituée, se disant vierge, et présentant une étroitesse du vagin dontles parois contrac tées et rigides ne pouvaient recevoir le pénis le moins volu mineux. La vulve était évasée en entonnoir par suite de rap ports sexuels qu 'elle finit par avouer , et l'hymen formait au fond 'un bourrelet saillant percé au centre d 'une ouver ture à bords frangés qui n 'admettait que l'extrémité du petit doigt. Tels sont, en résumé, les signes des attentats à la pudeur, soit qu 'ils constituent un acte de violence isolé et passager , soit que, par leur répétition , ils amènent une déformation caractéristique des organes sexuels des femmes ou des en fants qui les ont subis . DES SIGNES DU VIOL . Le viol, au point de vue de la médecine légale, est carac térisé chez une vierge par la défloration , c'est-à -dire par la déchirure complète ou incomplète de la membrane hymen ; et chez une femme faite , par l'intromission complète et forcée , c'est- à - dire par un rapprochement sexuel con sommé et non consenti. (1 ) G . Tourdes, Des cas rares en médecine légale, thèse de concours . Strasbourg , 1840 DES SIGNES DU VIOL. Des caractères de la defloration . - Sur les 632 cas dont je présente l'analyse dans cette étude, je compte 207 viols dans lesquels 160 fois la défloration était complète et 47 in complète . « Ce n 'est guère, dit M . le professeur Toulmouche, que depuis treize à quatorze ans jusqu'à dix -huit ou vingt, que le viol est consommé. » Je ne trouve pas la limite inférieure bien posée ; il résulte des faits que j'ai recueillis qu'elle doit ètre reculée jusqu'à dix ans environ , je l'ai vue même des cendre à six ans. Voici d 'ailleurs comment se répartissent mes observa tions de viols : Defloration Défloration complète, incompl. Au -dessous de 11 ans, . . . . 39 De 11 à 15 ans . . . . . . . De 15 à 20 ans . . . . . . . 63 Au -dessus de 20 ans. . . . . . 6 Non indiqué . . . . . . . . . 2 14 25 Ce tableau met en relief, d 'une manière très-frappante , l'influence de l'âge sur le fait de la défloration. On voit, en effet, que, si elle est possible chez les petites filles, elle est le plus souvent incomplète ; et qu'à mesure que l'on s'élève vers l'âge nubile , elle devient à la fois plus fréquente et plus facile . Du siége et de la forme de la déchirure de l'hymen . - La déchirure de l'hymen peut varier pour le siége et pour la forme; elle résulte à peu près constammentd'un effort brus que dirigé dans le sens de l'axe du vagin et qui porte prin cipalement sur le centre et sur le bord libre de la mem brane hymen , c 'est- à -dire dans les points où elle offre le moinsde résistance. C 'est là qu'elle cède en effet, et la dé chirure s'opère ordinairement de haut en bas et au milieu de la membrane, de manière à laisser de chaque côté un lambeau vertical (pl. II , fig. 1 ). Plus rarement la division 52 VIOLS ET ATTENTATS A LA PUDEUR . a lieu en deux points, et laisse, entre les deux fragments latéraux , un lambeau médian triangulaire (pl. II, fig . 2 ). Une troisième forme de déchirure est celle dans laquelle la membrane hymen est divisée en quatre lambeaux plus ou moins réguliers (pl. II , fig. 3). · Je n 'ai jamais remarqué que la rupture se fit précisément, comme le prétend M . Devergie, entre les renflements, d 'ail leurs fort peu constants , du bord libre de l'hymen . Il y a à l' égard du siége de la déchirure de nombreuses différences qui tiennent, ainsi que le fait observer avec raison M . le docteur Devilliers, « à l'étendue de l'hymen , à sa forme, à sa résistance, à l'existence ou à l'absence et à la situation des plicatures vaginales qui la doublent, et enfin à la nature de la cause agissante. » Il est constant que la première espèce de déchirure répond surtout à la forme labiale de l'hymen ; la seconde à la forme semi- lunaire, tandis que la troisième s'observe surtout dans les cas où l'hymen formait un dia phragme complet à ouverture centrale. M . Huguier a noté une forme différente encore et toute particulière de déchirure de l'hymen , qu'il a observée qua tre fois . La membrane hymen , au moment de la défloration , avait été commedétachée deses insertions latérales, et flottait à l'entrée du vagin sous la forme d 'une membrane percée d 'une ouverture à son centre ; il existait en même temps, dans le point correspondant du vagin , une cicatrice très apparente . · La déchirure qui dans la défloration incomplète n 'inté resse qu'une partie plus ou moins considérable de l'hymen peut s'étendre , dans la défloration complète, jusqu'à la fourchette elle-même, qui est souvent comprise dans la solution de continuité . De la cicatrisation de l'hymen déchiré. - Lorsqu'elle est récente, la déchirure de l'hymen présente tous les caractères d 'une plaie contuse à bords rouges et sanglants. L' inflam - DES SIGNES DU VIOL . 53 mation , qui s'en empare promptement, y détermine une tumefaction parfois assez marquée et une suppuration qui peut entraver et retarder la cicatrisation . Celle -ci, dans tous les cas, s'opère sur place, c'est - à -dire que, lorque la déchi rure est incomplète , il reste sur le bord libre une dépres sion visible et remarquable par la couleur plus pâle du tissu cicatriciel ; et que, lorsque la défloration est complète, la membrane ne se réunit pas et reste séparée en deux ou plu sieurs lambeaux quise cicatrisent isolément. Il est très - im portant de rechercher quelle est la durée de cette période de cicatrisation , qui fournit les signes les plus certains de la défloration récente. A entendre les auteurs, et entre tous Orfila et M . Devergie , celle - ci ne pourrait pas être re connue au delà d 'un temps très - court, dont ils restreignent les limites à un ou deux jours, et au plus trois ou quatre ; Briand et Chaudé la portent à cinq ou six . Ces estimations sont peu exactes, et à coup sûr beaucoup trop absolues . Les signes de la défloration récente ne disparaissent pas si vite ; il n 'est pas rare, au contraire , de les voir persister pendant un temps assez long . M . Toulmouche, toujours plus vrai, parce qu'il est plus pratique, ne craint pas de dire que la cicatrisation s'opère dans l'espace de huit ou douze jours; j'ajoute , en me rangeant à cette opinion, que je l'ai vue re tardée jusqu'au quinzième et au vingtième jour. Plusieurs circonstances, d 'ailleurs, peuvent en faire varier le terme; particulièrement ledegréd 'inflammation des bordsdela plaie de l'hymen et l'état de repos ou d 'excitation répétée des parties . Dans les premiers jours qui suivent la défloration l'orifice du vagin est béant et laisse suinter une liqueur lé gèrement visqueuse , incolore, qui atteste un commence ment d 'irritation de la muqueuse vaginale . De l' état des lambeaux de l'hymen après la defloration . - Tous les auteurs, sans exception , gardent le silence sur ce que deviennent les lambeaux de l'hymen après la déflo VIOLS ET ATTENTATS A LA PUDEUR. ration , et c' est là pourtant une circonstance capitale dans l'appréciation des faits de viol. Tantôt ils n 'ont subiaucune rétraction ; tantôt, au contraire, ils sont plus ou moins complétement rétractés . Dans le premier cas, l'hymen étant divisédans toute sa hauteur,lesdeuxlambeaux peuventformer de chaque côté un repli assez large, sinueux, commefroncé, qui ferme en partie l'orifice du vagin ; quelquefois même, agglutinés par du mucus, ils simulent une membrane in tacte ; d 'autres fois ils flottent librementau-devant de l'en trée du vagin . Cet état peut perşister pendant un temps très-long ,dix -huitmois, ainsi qu'on le voit dansl'observation LXIV de Devergie, pendantdesmois et des années, comme je l'ai vu moi-même, tant qu 'il n 'y a pas répétition des actes sexuels, tantque la violence d 'où résulte la défloration n 'est pas suivie d 'un commerce sexuel régulier. Dans ce second cas, au contraire, on voit les lambeaux se rétracter peu à peu et se réduire graduellement à l'état de caroneules hyménales (pl. II, fig . 4 ) ; plus rarement ils se renversent en dehors (pl. II, fig . 3 ), et forment autour de l'orifice du vagin dilaté un double repli muqueux plusou moins large, confondu à la base avec la cicatrice qui tient la place de la fourchette déchirée . De l'état du vagin après la defloration . – On comprend que, dans ces deux cas si différents, l' état du vagin ne doit pas être le même; il peut se faire qu 'après la défloration il reprenne ses dimensions primitives et se montre encore très- étroit et très - peu dilatable ; je l'ai vu ainsi dans deux cas où le coït, chez de très -jeunes filles , avait déterminé une grossesse. Lorsque, au contraire , les rapprochements sexuels se sontmultipliés, en mêmetemps que les lambeaux de l'hymen se rétractent, le vagin s'élargit et se laisse facile . ment distendre : il y a à tenir grand compte de ces diffé rences. Des traces de violences et des affections locales caractéris DES SIGNES DU VIOL. tiques du viol, — La defloration n 'est pas la seule trace de violence que l'on observe à la suite du crime du viol. Dans les cas où la visite de l'expert n 'est pas trop tardive, la brutalité des coupables et la résistance des victimes se traduisent par des lésions matérielles faciles à constater , soit sur les organes sexuels, soit sur quelque autre partie du corps. Ces traces de violences consistent en ecchymoses, en excoriations, en érosions, qui reproduisent souvent par leur formel'empreinte des doigts ou des ongles . Leur siége est particulièrement caractéristique. Qutre celles que l'on rencontre autour des parties sexuelles, on en trouve sur les bras, aux poignets et sur les membres inférieurs, au -des sus des genoux et à la partie supérieure des cuisses. J'ai · rencontré plus d 'une fois un gonflement très - douloureux des aines et de la partie supérieure des cuisses, qui avaient été écartées presque jusqu'au point de se luxer ; la marche était très-pénible et à peu près impossible. Ces violences se rencontrent, on le voit, partout où s'offre une résistance à paralyser , un effort à vaincre . Par les mêmes raisons, on peut constater autour du cou , sur les lèvres, à la face, des traces de pressions à l'aide desquelles on a cherché à étouf fer les cris. Enfin , les emportements de la lubricité peuvent laisser leur trace sur les seins, que l'on trouve parfois mar brés de contusions. J'ai vu, ce qui serait à peine croyable , l'extrémité du sein , le mamelon complétement arraché par une atroce morsure. Dans plusieurs autres cas, que je citerai en détail, les parties sexuelles étaient le siége de violences tout à fait exceptionnelles ; outre des ecchymoses exté rieures, il existait une exsudation sanguine jusque dans le vagin etmême sur le col de l'utérus et des déchirures pro fondes qui atteignaient le péritoine. Il est une remarque générale qui doit trouver ici sa place. Les ecchymoses sont parfois assez lentes à paraître, et pour raient échapper à un examen fait dans les deux ou trois VIOLS ET ATTENTATS A LA PUDEUR. premiers jours qui suivent la consommation du crime. Il importe de nepas oublier cette circonstance, afin de ne pas contredire par avance les résultats d 'une enquête ultérieure qui établirait tous les signes dù viol. . Certaines affections locales des organes génitaux peuvent aussi être les conséquences directes du viol, notamment l'inflammation du vagin et l'hémorrhagie . Je citerai plus loin une observation des plus curieuses, rapportée par M . Borelli, d 'une hémorrhagie grave déterminée par un viol chez une petite fille de onze ans. Le docteur Wachs muth , citée par Bordmann (1 ), a vu une de ses parentes, âgée de vingt ans, atteinte , il est vrai, d 'hémophylie, suc comber la nuit de ses noces à la suite depertes de sang ex cessives causées par la rupture de l'hymen . M . Sélignac (2 ) a reproduit, d'après Tanchou, l'exemple d 'une autre affec tion , un cas fort intéressant de névrose très- rebelle de la vulve, consécutif à un viol, et l'on sait en effet que cette affection n 'est pas rare au début du mariage, à la suite des premières approches. J'ai eu l'occasion de constater , chez une jeune fille de seize ans, qui disait avoir eu à subir , en moins de huit jours , plus de vingt approches de l'homme quil'avait enlevée , un énorme abcès de la glande vulvaire , que l'on avait pris pour unemaladie vénérienne, et que j'ai cru pouvoir attribuer à l'excès et à la répétition d 'actes sexuels trop rapprochés. En dehors de mapratique médico légale , j'en ai vu d 'autres exemples. ' Des troubles de la santé générale consécutifs au viol. - Le viol, qui offense les sentiments les plus intimes de la jeune fille ou de la femmeau moins autant qu 'il blesse le corps, détermine souvent une perturbation morale et un ébranle ment physique qui altèrent, d 'une manière plus ou moins (1 ) Thèse de Strasbourg , 1851, nº 230 , p . 45 . (2 ) Selignac, Des rapprochements sexuels dans leur rapport étiologique avec les inaladies. Thèse de Paris, 1861, nº 209. DES SIGNES DU VIOL. grave, plus ou moins profonde, plus ou moins durable , la santé générale ; les . accidents qui en résultent sont tantôt immédiats et passagers, tantôt secondaires et pro longés. Parmiles premiers, il fautnoter surtout les troubles ner veux variés, tels que la syncope, le délire, les convulsions ou encore un mouvement febrile aigu et violent, une sensation de brisement et de fatigue souvent accompagnée de douleur déchirante dans la poitrine. Parmi les seconds, se rangent les troubles de la menstruation , les symptômes gastralgi ques, les palpitations qui, chez les jeunes filles nubiles, persistent plusieurs mois après la défloration , et qui offrent une complète analogie avec les troubles sympathiques qui accompagnent ordinairement les affections des organes gé nitaux. Le viol est quelquefois encore le point de départ d'une affection hystérique, d'une chorée et plus rarement de l'épilepsie. Dans les cas où la défloration a été suivie de rapprochements sexuels répétés, surtout sur de petites filles encore éloignées de l'âge de la puberté, on voit la constitu tion tout entière s'altérer, en même temps que les organes génitaux deviennent le siège de la déformation que nous avons décrite. La pâleur du visage, le teint plombé, le regard éteint, les yeux cernés, la peau sèche, l'essoufflement, la lenteur et la difficulté des digestions, une extrême faiblesse , concourent à révéler l'influence pernicieuse qu 'a éprouvée tout l'organisme d 'actes contre lesquels la morale et la nature se soulèvent également. Dans le courant de l'année 1867, la mère d 'une jeune fille , qui avait été victime, un an auparavant, d 'un viol, et qui était restée depuis ce temps constammentmalade, souf frant beaucoup du bas ventre, forma, contre l'homme qui avait été condamné comme auteur de ce crime, une de mande en dix mille francs de dommages -intérêts . Du viol suivi de mort, — La honte, la crainte du déshon 38 VIOLS ET ATTESTATS A LA PU’DEUR . neur, ont plus d 'une fois poussé au suicidedes femmes vic times de viol. J'en ai vu plusieurs exemples : dans l'un , une femme se jeta par la fenêtre au momentmêmeoù elle était délivrée de l'étreinte de celui qui avait abusé d 'elle ; dans une autre, une jeune fille deflorée se fit périr par une as phyxie dans la nuit même qui suivit le crime. D 'autres fois , le viol n 'est que le prélude de l'assassinat, et, soit que le coupable espère se dérober au châtiment en faisant disparaître le seul témoin qui puisse l'accuser , soit que, dans la lutte , il ne puisse vaincre la résistance ou étouffer les cris qu'en donnant la mort, il peut se faire que l'on ait à constater à la fois le meurtre et le viol. Dans les cas où j'ai été appelé à assister la justice pour des affaires de cette nature, c 'est le plus souvent par la strangulation que le crime avait été commis. Une fois , le cadavre avait été précipité dans l'eau. Tout récemment enfin , une petite fille de sept ans et demiavait été tuée à coups de couteau, et avait en même temps les parties sexuelles horriblement déchirées . Mais la mort n 'est, dans ces diverses conditions, qu 'une suite indirecte , qu'une complication accidentelle en quelque sorte du viol. Il peut se faire cependant qu'elle en soit la conséquence directe et immédiate ; les troubles nerveux que j'ai indiqués, comme pouvant éclater sous l' impression des violences şubies, peuvent acquérir une telle intensité , être portés à un tel degré d 'acuïté , que la femme succombe, soit à une syncope, soit à un délire aigu , soit à un pa roxysme convulsif, soit même à une fièvre cérébrale. J'ai vu tout récemment une jeune fille vierge enlevée par une méningite suraiguë à la suite d'une tentative de viol. Il n 'est pas non plus douteux que les délabrements pro duits dans les organes sexuels ne puissent aussi amener la mort, soit par une hémorrhagie dans le petit bassin , soit par une inflammation des ovaires et du péritoine. Ces cas SIGNES COMMUNS . 59 ne se présenteront guère que lorsqu 'une femme aura eu à subir les outrages répétés de plusieurs hommes , qui, cha cun à leur tour , auront assouvi sur sa personne leur sau vage brutalité . DES SIGNES COMMUNS AU VIOL ET AUX ATTENTATS A LA PUDEUR . Ilmereste à parler de quelques circonstances communes au viol et aux attentats à la pudeur, et qu'il est très - impor tantde ne pas négliger dans l'étude etl'appréciation de faits de cette nature : j'entends le mal vénérien communiqué, et les différentes espèces de taches qui peuvent se produire sur les linges et sur les vêtements dans ces rapprochements criminels. Je ne ferai, du reste, qu'indiquer ici ces particu larités, meréservantde les étudier avec détail et d'en appré cier la signification à l'occasion des questions spéciales aux quelles elles peuventdonner lieu . Maladie vénérienne communiquéé par le fait de l'attentat à la pudeur ou du viol. — Déjà , en parlant de l'inflammation de la vulve et du vagin qui peut survenir chez les petites filles par suite d'un attentat à la pudeur, j'airappelé que la communication d 'un écoulement blennorrhagique pouvait s'opérer de cette façon . Sur les 179 cas dans lesquels j'ai observé un écoulement des parties génitales, 123 fois il était dû à une inflammation simple ; 56 fois il était de na ture blennorrhagique. La blennorrhagie , bien distincte de l'affection syphilitique, peut être , au point de vue de la mé decine légale , réunie avec elle sous le nom générique de maladie vénérienne. Mais il faut spécifier avec soin quelle est celle des deux affections que l'on rencontre dans un cas donné . La syphilis se présente plus rarement que la blennorrhagie à la suite des attentats à la pudeur ou du viol. Je l'ai notée 35 fois seulement : 12 sans défloration et 27 avec déflora 60 VIOLS ET ATTENTATS A LA PUDEUR . tion . Elle doit être envisagée dans ses diverses conditions , et particulièrementau point de vue de la nature et de la forme des accidents, de la période à laquelle ils appartien nent, et enfin du siége qu' ils occupent. Chacune de ces considérationspeut être utilement invoquée pour la solution des questions posées à l'expert. Il faut donc s'attacher avec soin à décrire le caractère de l'affection syphilitique observée, le genre de la lésion : chan cre simple ou induré , plaques muqueuses, syphilides, etc ., de manière à pouvoir , non -seulement comparer les symp tômes qui existent et chez les victimes et chez l'inculpe , mais encore préciser autant que possible, par la date de la maladie , celle du crime qui en est l'origine. Jeme permet trai, à cet égard , de m 'élever de toutes mes forces contre une proposition émise à la fois par M .Devergie et par Orfila , et que je n 'hésite pas à déclarer absolument erronée . Sui vant ces deux auteurs, on n 'aurait à constater, dans les cas de viol compliqués de maladie vénérienne communiquée , que des accidents primitifs . Ceux-ci même ne pourraient que fort rarementconcourir à prouver le viol, « parce que, « dit Orfila , les symptômes vénériensne se manifestent or « dinairement qu'après le troisième jour, et qu'alors, le plus .« souvent, il ne reste plus de traces demeurtrissures géni « tales. » Il y a là une confusion qu'il importe essentielle mentde faire disparaître. Les signes fournis par la syphilis communiquée sont tout à fait indépendants de ceux qui ré sultent des désordres locaux que les violences directes peuventproduire sur les organes sexuels. Il fautdonc, dans tous les cas, constater l'existence des accidents syphilitiques avec tous leurs caractères. Mais, en outre, il n 'est pas exact de dire que les symptômes vénériens résultant d 'un viol ne se déclarent qu 'après plusieurs jours. La déchirure qui s'est opérée dans ces actes violents et criminels favorise l'inocu lation et, surtout chez les enfants,abrége d 'unemanière con SIGNES COMMUNS . 61 sidérable le temps de l'incubation ; de telle sorte que,même à une très-petite distance de l'époque du viol infectant, on peut trouver les traces de la maladie communiquée. En résumé, à quelque époque que l'on procède à la visite et à l'examen d 'une personne qui a été victime d 'un attentat à la pudeurou d 'un viol, l'existence des symptômes syphi litiques, leur forme, leur date , leur siége , peuvent fournir des signes très-précieux, et souvent même décisifs pour la solution des questions médico -légales , si complexes et si délicates, que soulèvent les cas de cette nature . Des taches que l'on rencontre sur les linges et sur les vêtements dans les cas d 'attentat à la pudeur et de viol. - Différentes espèces de taches peuvent se produire pen dant l'accomplissement et à la suite des actes quiconstituent le viol ou l'attentat à la pudeur. La déchirure ou l'érosion des parties donne lieu à l'écou lement d 'une certaine quantité de sang : l'excitation des sens, qui est le mobile et le but de ces crimes, provoque l'émission de la liqueur séminale ; enfin , parmiles accidents consécutifs aux attentats à la pudeur, on a vu combien était fréquente la sécrétion d 'une matière mucoso - purulente à la surface des organes sexuels . Ces différentes humeurs peuvent se déposer sur les lin ges et les vêtements que portent la victime et le coupable, et y laissent des taches de forme, de nature et d'aspect di vers, qui constituent des traces visibles et, dans bien des cas , tout à fait caractéristiques. Nous nous étendrons sur les moyens de reconnaître avec certitude ces taches de sang, de sperme, ou de matière purulente, lorsque se pré senteront, danscette étude, les questions qui se rapportent à ce point spécial. Qu'il suffise , quantà présent, de signa ler leur mode de production et leur existence assez fré quente. Ce qu'on a dit du siége particulier qu'affecterait hom VIOLS ET ATTENTATS A LA PUDEUR . chaque espèce de tache ne saurait être accepté commevrai. M . Devergie , quia prétendu que l'on trouveit, sur le devant de la chemise d 'une femme violée, les taches de sperme, et, sur le derrière les taches de sang , a évidemment beaucoup trop généralisé certains faits particuliers , et n 'a pas assez considéré les circonstances, si nombreuses et si variées , qui, telles que les hasards de la lutte, les efforts de résis tance et d 'autres causes encore , peuvent changer la position respective des parties, et faire tomber , sur des points très différents, les souillures, dont il importe moins de constater la situation que de reconnaître exactement l'origine et la nature . DE L 'INCULPÉ DANS LES CAS DE VIOL ET D 'ATTENTAT A LA PUDEUR. Il arrive trop souvent que l'expert appelé à éclairer la justice, dans les cas de viol et d'attentat à la pudeur, ait à examiner les inculpés et à se prononcer sur des faits qui les concernent, pour que l'on puisse se dispenser de faire en trer dans cette étude les renseignements particuliers qu'il peut être intéressant de recueillir, relativement à leur per sonne et à leur état physique. L'âge de ceux qui se rendent coupables de pareils crimes est extrêmement variable. Si les enfants des deux sexes peuvent se livrer entre eux à des attouchements et à des actes impudiques , il n 'est malheureusement pas plus rare de voir des vieillards plus qu’octogénaires se porter sur de petites filles aux plus honteux attentats. Tous les âges pa raissent donc fournir leur contingent à cette partie de la statistique criminelle . De1858 à 1869 inclusivement, dans l'espace de douze ans, les accusés d'attentats à la pudeur et de viol se répartis saient, au point de vue de l'âge , ainsi qu'il suit : DE L'INCULPE. 63 1 7 Au-dessous de 16 ans . . . 20 1 1, 276 De 16 à 30 ans · · · · · · 2,739 11, 117 De 30 à 60 ans . . . . . | 4 ,87451 De 60 à 80 ans · · · · · í 1, 166 80 ans et au - dessus. . . . 26 crimes contre les adultes. les enfants. les adultes. les enfants . les adultes. les enfants . les adultes. les enfants. les enfants. Il est certainement remarquable de voir qu'à mesure que l'àge des criminels s'élève celuide leurs victimes s'abaisse , et que c'est presque exclusivement à des enfants que s'a dresse la lubricité criminelle des vieillards qui figurentdans cette statistique en nombre si considérable. Ce qui est plus triste encore, c'est de voir que les liensdu sang, loin d 'opposer une barrière à ces coupables entraine ments, ne servent trop souvent qu'à les favoriser . Des pères abusent de leurs filles, des frères abusent de leurs spurs . Ces faits s'offrent en nombre croissant à mon observation . J'en compte douze de plus depuis l'avant-dernière édition de cette étude. Les hommesmariés figurent en nombre presque égal à celui des célibataires dans les tables de la justice pour des crimes commis sur des adultes, et donnent un chiffre tout à fait égalpour ceux qui sont commis sur des enfants : 66 cé libataires sur 100 accusés dans le premier cas, 50 sur 100 dans le second. On comptait : 425 446 En 1858 sur 1 ,070 accusés 487 célibataires et 583 hommes mariés. - 1859 988 - 490 508 1860 864 439 1861 945 499 . 1862 988 465 523 1863 967 - 436 531 1864 984 464 520 1865 1 ,017 544 1866 1 ,093 513 480 1867 523 1868 933 505 1869 891 - 391 IIIIIIIIIII 473 955 * 432 500 VIOLS ET ATTENTATS A LA PUDEL'R . L 'examen que l'on a à faire subir à l'inculpé peut porter sur l' étatmental;mais le plus ordinairement, et c'est là le seul cas qui doive nous occuper ici, il a pour objet sa con formation physique. Tantôt il y a lieu d 'apprécier le degré de force dont il est doué, afin d 'apprécier la résistance qu'il a pu vaincre , tantôt la forme et le volume du membre viril pour reconnaître jusqu 'à quel point il est proportionné aux dimensions des organes de sa victime, et jusqu'où ont pu être portés les dé sordres résultant de l'intromission . Dans d 'autres cas, c'est sur un vice de conformation par ticulier que l'attention doit se fixer . En effet, quelques in culpés cherchent à détourner l'accusation qui lesmenace en alléguant quelque disposition physique qui les rend in capables de commettre les actes qui leur sont reprochés. Les uns ne craignent pas d 'invoquer , à ce titre, de simples hernies; j'en aivu pour se disculper présenter un hypospadias ou l'absence d 'un testicule dansles bourses.Une cicatrice dans l'aine,une orchite , un phimosis. Il n 'est pas nécessaire de faire remarquer qu 'aucun de ces vices de conformation ne peut, en aucun cas, être admis comme inconciliable avec les actes d 'attentat ou de violences que la lubricité peut in spirer même à l'impuissance. Dernièrement j'ai eu à exa miner un homme de 58 ans, convaincu de viol sur sa fille , et qui disait être devenu impuissant à la suite d 'un coup de barre de fer qu'il avait reçu au périnée. Il présentait bien une cicatrice dans cette région ; mais celle - ci n 'intéressait que le canal et nullement les corps caverneux. Le pénis était volumineux et manifestement capable d 'érection . Il est encore un point de vue auquel ces particularités de la conformation peuvent offrir de l'intérêt, de même que certains signes individuels remarqués par les victimes de l'attentat ou du viol, au moment de la consommation du crime. On comprend qu 'ils peuvent, dans certains cas, con DE L'INCULPĖ. stituer de véritables signes d 'identité et servir de contrôle aux déclarations accusatrices. C 'est à l'expert qu 'est confié le soin de les rechercher ; et je mecontenterai de citer en exemple : une tumeur érectile en forme de fraise située au dessousdes bourses, et une disposition singulière des poils du pubis enroulés en boucles sur les côtés et rasés aumilieu , faits observés par moi-même chez deux individus dénoncés comme coupables de viol par deux jeunes filles, qui inyo quaient à l'appui de leur témoignage ces signes surpris par elles dans les parties les plus secrètes. Il ne faut pas omettre de signaler les traces de rixe ou de lutte, contusions, coups d 'ongles, morsures, qui peuvent exister sur les diverses parties du corps de l'inculpé, et no tamment sur les mains, au visage et aux parties sexuelles, . où l'instinct de la résistance peut diriger les coups de la vic time qui se défend. Enfin l'examen complet auquel on doit le soumettre per mettra de recueillir les indices importants qui résulteraient de l'existence d'une maladie communicable, dont on retrou verait ou dont il resterait à rechercher l'analogue sur la personne qui prétendrait avoir été l'objetde violences crimi nelles. Certaines affections de la peau, des végétations, des parasites, la blennorrhagie, la syphilis et ses formes variées, sont les plus fréquentes de ces affections et celles qu' il im porte le plus de constater avec soin dans l'examen que doit subir l'inculpé sur lequel pèse une accusation de viol ou d'attentat à la pudeur. Dans une affaire suivie contre un individu âgé de 30 ans, Corse d 'origine, surveillant de voitures de place à Paris, in culpé d 'attentats à la pudeur sur la personne de filles âgées de moins de 13 ans , je trouve ce détail rapporté par un en fant de 9 ans : - « Il m 'a fait voir son devant et me disait : Embrasse, mapetite fille , embrasse . - Je ne voulais pas. — Il répétait embrasse, et lui -même l'embrassait. - Demande : TARDIEU, 6e ÉDITIOX . VIOLS ET ATTENTATS A LA PUDEUR. Comment pouvait -il s'embrasser ? — Réponse : Il baissait sa téte entre ses jambes. » Il parut difficile au juge d 'instruction qu'un individu qui n 'est pas un clown, pùt se livrer à cette pratique sur lui même de cette façon et le fait à l'audience devait sans doute être déclaré impossible . La question me fut posée de savoir s'il existait un moyen de vérifier, si en effet cet inculpé est pourvu (l'une échine assez souple pour que sa tête puisse atteindre ses parties sexuelles , L 'expérience seule pouvait prononcer, et ne pensant pas devoir faire répéter l'épreuve je me récusai. ATTENTATS COMMIS PAR DES FEMMES SUR DE PETITS G Tout ce qui vient d ' être dit s'applique aux actes de vio lence commis par des hommes sur des personnes du sexe féminin , qui semblent les seuls que l'on puisse ou que l'on doive prévoir. Il y a cependant des exemples d 'attentats com mis par des femmes sur de jeunes garçons; et ces faits, quelque exceptionnels qu'ils puissent paraître, ne doivent pas moins trouver place dans cette étude. J'en ai recueilli dix , dont un cité par M . Devergie (1), trois consignés dans les Annales d 'hygiène (2 ), deux rapportés par Casper ( 3), et quatre observés par moi. A . Taylor dit du rape by female on male, que ce crime est inconnu à la loi anglaise. La statistique criminelle comptait : En 1858 1859 1860 8 femmes sur 769 accusés . 12 - 976 - 7 - 857 - ( 1 ) Médecine légale, loc. cit. ( ? ) 1847, t. XXXVII, p . 462. (3) Traité pratique demédecine légale , Paris, 1862 , t. I, p . 73. ATTENTATS COMMIS SUR DE PETITS GARCONS. 67 En 1861 4 femmes sur 931 accusés . 1862 16 672 1863 987 - 1864 984 1863 1 ,017 1866 1, 093 1867 955 - 1868 18 933 186910 - 891 I! Till Dans tous les cas, il s'agissait d 'enfants de cinq à treize ans que des femmes de dix -huit à trente ans avaient dres sés à la débauche par des attouchements répétés et même initiés à un commerce sexuel; dans l'un des cas de Casper c'était unemère dénaturée qui avait abusé de son fils âgé de neuf ans. Le plus souvent c'étaient des domestiques sur des enfants confiés à leurs soins. Ces jeunes garçons pré sentaient tous les signes d'une fatigue générale excessive due à ces excès prématurés . Leur figure était pâle, leurs yeux cernés, la peau chaude et sèche, le pouls accéléré, le ventre douloureux et tendu, les aines gonflées et sensibles , les cuisses et les jambes brisées; les parties sexuelles très développées , le pénis long et demi-turgescent, le gland faci lementdécouvert, l'ouverture de l'urethre rouge et enflam mée , parfois humectée par un suintement muqueux d 'un blanc grisâtre; les bourses flasques et le cordon très -dou loureux. Deux d 'entre eux étaient infectés de la syphilis ;un de blennorrhagie . ' Ce genre d 'attentats exige, comme les autres, que l'incul pée soit sévèrement examinée ; et, bien que le sexe diffère , l'expert doit être guidé par les mêmes principes dans ces visites où les constatations à faire sont la plupart du temps les mêmes, et consistent tantôt dans l'existence de la mala die vénérienne, tantôt dans la présence d'un signe particu lier propre à établir l' identité et à confirmer les rapports des jeunes victimes ; j'ai vu, par exemple , dénoncer ainsi une cicatrice du sein . Tantôt enfin un vice de conforma VIOLS ET ATTENTATS A LA PUDEUR. tion , tel qu'un rétrécissement très-notable du vagin , qui ne permettait pas des rapports sexuels complets avec un adulte , explique sans les excuser les séductions criminelles exercées sur des enfants par une femme débauchée. ATTENTATS COMMIS PAR DES FEMMES SUR DES PERSONNES DE LEUR SEXE . Jusqu'à ces derniers temps, je n 'avais pas eu l'occasion d 'intervenir comme expert dans les affaires d 'attentats com mis par des femmes sur d 'autres femmes ; et les cas de cette nature, dont la justice a d 'ailleurs bien rarement à s'occu per, n 'avaient pas encore trouvé place dans les premières éditions de cette étude. Des faits récents m 'obligent à en dire quelques mots. Casper , qui n 'en a jamais eu à explorer dans sa longue carrière médico -légale , croit, tout à fait à tort et avec le sentimentde justice qui anime ses compatriotes envers notre pays, que la cohabitation de femmes avides de volupté doit, à Paris , donner fréquemment l'occasion de rencon trer des affaires judiciaires de cette nature, et il ajoute , qu 'au reste, l'absence complète de traces sur le corps de celles qui sont soumises à cet égarement sexuel enlèvent à cette question tout intérêt en médecine légale ; et, al lant même plus loin , le professeur de Berlin avance que lemédecin légiste devra , si le cas se rencontre, se déclarer incompétent, attendu que la science ne donne pas et ne peut pas donner de base à son jugement. Mais il y a là une confusion complète . En effet, il ne s'agit pas de savoir si ce genre de débauche est plus ou moins répandu de nos jours, et si Paris, dans les vices honteux qu'il cache, recèle, comme l'antique Lesbos, un plus ou moins grand nombre de tp:6d.es. La justice n 'a pas, le plus ATTENTATS COMMIS PAR DES FEMMES SUR DES FEMMES. ( 9 souvent, à pénétrer dans ces mystères et dans ces hontes. Mais il arrive que ces passions contre nature prennent par fois, comme toutes les autres, un caractère de violence et d'agression véritablement attentatoire, qui justifie des plain tos, appelle la répression pénale et motive l'intervention du médecin légiste, qui seul pourra constater la réalité et la nature des faits . Dans ce sens et dans ces limites, si les cas où elle est invoquée sont rares à Paris aussi bien qu'à Berlin , notre compétence reste entière. J'en ai observé quatre. L 'un des cas soumis à mon observation n 'a offert qu'un médiocre intérêt. Il s'agissait d 'une fille d'une vingtaine d 'années, d 'une physionomie vive et ardente , aux cheveux noirs, au regard effronté , qui, après avoir su se ménager la confiance d'une maison très - respectable, y avait répandu la corruption et le trouble en débauchant plusieurs jeunes personnes. Il s'agissait de rechercher sur l'accusée les tra ces de sa perversité , et si celles - ci ne nous ont présenté , en réalité , rien de spécial, elles n ' en ont pas moins été très importantes à constater. En effet, nous avons acquis et fourni la preuve que cette fille était dès longtemps déflorée, et nous avons remarqué chez elle , sans considérer ce signe ni comme constant ni comme certain , un développement véritablement excessif du clitoris . . Le second fait est de nature à mieux faire comprendre le sens et la portée de l'intervention du médecin légiste . Il constitue, en effet, un véritable attentat commis par une femmesur des petites filles. Trois enfants de six, dix et onze ans avaient été attirées par une voisine, qui se livrait en vers elles aux enseignements les plus corrupteurs et aux pratiques les plus obscènes. Toutes trois portaient des tra ces d 'attouchements répétés. Påles , étiolées, flétries, elles offraient un élargissement notable de l'orifice du vagin et un amincissement de l'hymen . Les deux aînées surtout VIOLS ET ATTENTATS A LA PUDEUR . présentaient une déformation des parties sexuelles, indice de mauvaises habitudes invétérées. Aucune de ces enfants n 'était déflorée et n 'avait subi de tentative de viol ; mais en reconnaissant la possibilité des faits dénoncés à la justice et les marques évidentes d 'attouchements, il n 'était pas per mis de déterminer si ceux- ci étaient l'æuvre d 'une main étrangère. Le troisième fait que nous avons eu à constater est beau coup plus grave et constitue un exemple de la plus épou vantable perversion des sens et du plus incroyable attentat commis par une mère sur sa fille . Une femme, jeune en core , avait, sous l'influence d 'un déréglementde l'imagina tion impossible à comprendre, défloré sa petite fille , âgée actuellement de douze ans, en lui introduisant les doigts très -profondément et à plusieurs reprises chaque jour,pen dant plusieurs années, dans les parties sexuelles et dans l'anus. Cette femme prétendait qu'elle n 'avait en vue, dans cesmonstrueuses pratiques, que l'intérêt de la santé de son enfant et les soins d 'une propreté singulièrement raffinée. Mais la passion coupable se trahissait dans la nature même des attouchements et dans les circonstances du fait. L 'en fant racontait, avec un accent de vérité saisissant, qu 'il n 'é tait pas rare que sa mère la réveillât, au milieu de la nuit , et se livrât sur elle à ces actes effrénés qui se prolongeaient pendant une heure entière ; et durant cette scène, devant laquelle l'esprit recule , la mère était haletante ; son teint, son regard s'animaient, son sein s'agitait ; elle s'arrêtait, baignée de sueur. L 'examen auquel je soumis l'enfant fut des plus concluants , et il est bien permis de dire que, sans les constatationsdela science , le fait n 'eût sans doute pas pu être considéré comme possible . Mais les parties étaient le siége d 'une déformation tout à fait caractéristique; la vulve large et béante, l'hymnen complétement usé et réduit à un anneau comme induré ; le vagin dilaté au plus haut degré · ATTENTATS COMMIS PAR DES FEMMES SUR DES FEMMES. 71 permettait l'accès de plusieurs doigts. Il en était de même du côté de l'anus, dont l'orifice , élargi, révélait les vio lences répétées que l'enfant avait eu à subir. Cette petite fille était d 'ailleurs bien constituée et d 'un extérieur inté ressant ; sa santé générale n 'avait pas souffert. Casper, comme pour contredire ce que sa doctrine sur l'incompétence des médecins en ces inatières a de trop ab solu , a eu lui -même à constater un fait qui offre, avec le précédent, une saisissante analogie, et quenous ne pouvons nous dispenser de citer pour compléter cette partie toute nouvelle de nos études. Une accusation abominable était portée contre la mère d'une fille de dix ans, qui aurait in troduit brutalement, dans les parties génitales de sa fille , d 'abord un doigt,puis deux,puis quatre, et enfin une pierre ovale , afin de rendre ces parties aptes au coït. L 'enfant, plus développée au moral qu 'au physique, d 'une constitu tion faible , était pâle , bien portante . L 'orifice du vagin était un peu plus large que chez les enfants de cet âge ; la mu queuse du vagin était rouge et douloureuse; l'hymen circu laire n 'était pas entièrement détruit, mais présentait des déchirures de plusieurs lignes des deux côtés ; il existait une sécrétion muqueuse du vagin . Quant au dernier cas tout récent qui a donné lieu à un procès criminel des plus graves, jugé à Paris en 1866, il å révélé des faits d'une nature révoltante, commis par plu sieurs servantes et leurs amants sur les deux jeunes en fants de la maison à laquelle elles étaient attachées. Des leçons de la plus dégoûtante lubricité n 'avaient pas été épargnées à une petite fille de sept ans et à un petit garçon plus jeune de deux années. A la première, des attouche ments avaient été pratiqués avec les mains et avec la lan gue; des corps étrangers, des carottes, des pommes de terre avaient été introduits dans les organes sexuels, sans préju dice de viols consommés ; sur le second , l'anus avait été VIOLS ET ATTENTATS A LA PUDEUR. dilaté à l'aide non -seulementdes doigts , mais encore d 'ob jets divers , notamment de petites cuillers . Les constatations auxquelles j'ai eu à procéder dans cette déplorable affaire n 'ont pas laissé de doute sur la réalité des faits, et ont montré quels désordres en avaient été la suite. Je les décri rai plus loin parmiles observations qui termineront cette première partie . ( Voy. Obser. XXIV .) Tels sont ces faits , qui viennent si tristement s'ajouter à l'histoire médico-légale des attentats aux mæurs, comme pour prouver, une fois de plus, qu'en ces matières tout est possible, et que l'expert, loin de décliner sa compétence , doit être prêt à diriger la justice dans ces ténébreuses inves tigations. QUESTIONS MÉDICO - LÉGALES QUI PEUVENT SE PRÉSENTER DANS LES CAS DE VIOLS OU D 'ATTENTATS A LA PUDEUR . Ce serait donnerune idée fort incomplète et surtout très. peu pratique du sujet qui nous occupe, que de se borner à l'exposé qui précède et de se contenter d 'avoir analysé les signes ordinaires de l'attentat à la pudeur et du viol. Il faut, si l'on veut tirer quelque profit de cette étude, péné trer plusavant etmontrer dans quels termes se posent, de vant la justice et devant l'expert, les questions médico légales que suscite la poursuite des crimes de ce genre et comment elles peuvent être le plus souvent résolues. Cela est d'autant plus important que ces questions, qui sont en réalité très-nombreuses, ne sont pour la plupart pas même énoncées dans les auteurs. Orfila en pose sept, Briand et Chaudé quatre seulement, Fodéré dix ; nous en indiquerons jusqu'à vingt- quatre , sans avoir la prétention de limiter le chiffre de celles qui pourront surgir chaque jour dans tel ou tel cas particulier. En effet, il ne faut pas perdre de vue QUESTIONS MÉDICO -LÉGALES. 13 qu 'il ne s'agit pas ici de déduire des faits quelques prin cipes ou quelques règles scientifiques, mais d 'enregistrer simplement les questions, qui, nées d 'une manière plus ou moins fortuite dans le cours de l'enquête judiciaire ou des débats, constituent les éléments d 'appréciation et de juge ment que la science a la mission de contrôler, qu' il n 'est pas en son pouvoir de supprimer et qu'elle aurait le plus grand tort de négliger . On nedevra ni s'étonner ni se rebu ter, si quelques- unes de ces questions paraissentpeu sé rieuses et presque indignes de discussion ; en les considé rant au point de vue que nous venons d 'indiquer, et qui est véritablement celuidu médecin légiste, on n 'aura pas à crain dre de faire fausse route , et l'on comprendra qu'il n 'en est aucune qui n 'offre un réel intérêt et qui nemérite l'atten tion de ceux qui voudront se préparer aux difficiles fonc tions d 'expert. Des visites et des rapports dans les cas de viols et d 'attentats à la pndeur. — Je crois devoir , avant d 'aborder l'examen de ces diverses questions, ajouter ici quelques préceptes relatifs à la manière de procéder aux,visites dont le médecin légiste est chargé dans les cas de viol et d 'attentats à la pudeur. La nécessité de ces visites corporelles est généralement assez bien comprise par les femmes qu'intéressent les pour suites , pour qu'il soit excessivement rare qu'elles aient l'idée de s'y refuser. Dans le cas cependant où elles mani festeraient une opposition formelle , il est du devoir de l'expert de ne jamais passer outre ; et après avoir épuisé les remontrances que les circonstances pourront lui sug gérer, il devra se contenter de consigner dans son rapport le refus devant lequel il se sera arrêté . Il est également con venable à tous égards, que dans ces sortes de visites, tou jours délicates , l'expert, afin d 'aller au -devant de tous les scrupules et de tous les calculs, se fasse assister d 'une VIOLS ET ATTESTATS A LA PUDEUR . temme, et, de préférence, de la mère ou d 'une parente, lorsqu'il s'agit d 'une jeune fille . Enfin il est certaines précautionsmatérielles qu'il ne faut pas négliger pour assurer le résultat de l'examen auquel on se livre . Il ne devra jamais avoir lieu au moment de l'épo que menstruelle , ou du moins, si une première fois on a dů procéder durant cette période, il faudra renouveler la vi site dansun temps plus favorable. La pudeur, la crainte , la sensibilité des parties peuvent rendre l'examen très - diffi cile, parfois inèmeimpossible. Avec de la patience et de grandsménagements , on parviendra en généralà surmonter ces difficultés ; il faut d 'ailleurs, chez les enfants surtout, agir avec assez de lenteur pour arriver à écarter suffisam ment les parties les plus extérieures et à découvrir l'hymen profondément situé. Il n 'estpas inutile d' insister à cet égard sur l'importance de la position à donner à la personne sou mise à la visite , en vue de faciliter par tous lesmoyens pos sibles un examen commode et complet. Je terminerai ces considérations préliminaires par quel ques conseils sur la marche qui me parait la meilleure à suivre dans la rédaction des rapports et des conclusions re latifs à des affaires d 'attentat à la pudeur. Je n 'ai nullement la prétention d 'imposer à mes confrères une conduite dont leur conscience doit rester seule juge, mais je crois pouvoir leur recommander , comme un précepte dont l'expérience m 'a bien des fois démontré la justesse, d'éviter de consi gner dansleurs rapports les récits et les déclarations que ne manquent jamais de faire à l'expert les parties intéressées ; le médecin , qui n 'a aucun moyen de vérifier la sincérité de ces allégations, aura toujours une position beaucoup plus nette et beaucoup plus assurée s'il se contente d'exposer les faits matériels qu'il peut constater par lui-même. Il doit aussi se défendre de laisser paraître dans ses rapports écrits ou dans ses dépositions les impressions morales qu'il a pu QUESTIONS MÉDICO- LÉGALES. 75 ressentir. Lemoindre inconvénient serait de transformer le rôle de l'expert en celui detémoin , et d ’amoindrir l'autorité de l'un , sans inspirer pour l'autre une grande confiance. Enfin , dans les conclusions quidoivent, à la fin de chaque rapport, en résumer les points principaux et essentiels, s' il convient d 'exprimer avec netteté l'opinion qui se fonde sur des signes positifs, il importe non moins essentiellement à la vérité et à la justice de ne pas se contenter d 'énoncer des signes négatifs lorsque les faits ontpu avoir lieu sans laisser de traces ; il faut alors, pour être complétement vrai, indi quer au moins la possibilité du fait, même en l'absence des signes positifs quimotiveraient des conclusions plus for melles. Dans l'examen successif que je vais faire des vingt- quatre questions que j'ai vues se présenter dans les cas de viol ou d 'attentat à la pudeur, je m 'efforcerai d ’être bref et d 'éviter autant que possible les redites, en mettant à profit les longs développements dans lesquels je suis entre précédemment sur l'histoire générale et les signes particuliers des attentats à la pudeur et du viol. Ces questions se rapportent aux six groupes suivants : 1° la constatation des signes de l'attentat ou du viol ; 20 l'époque, la nature et l'origine des désor dres constatés; 3° les maladies quipeuvent résulter des re lationsde la victime et de l'inculpé ; 4° les faits relatifs à ce dernier ; 5° l'examen des taches quipeuvent s'être for mées durant l'accomplissementdu crime; 6° enfin la simu lation dont se compliquent certaines accusations de viol. 2° Existe-t-il des traces d 'un attentat ? – La solution de cette première question se trouve tout entière dans les détails que nousavons déjà donnés sur les signes caractéristiques de l'attentat, notamment l'irritation de la vulve, l'inflammation aiguë plus ou moins violente des parties extérieures de la génération . VIOLS ET ATTENTATS A LA PUDEUR Mais il ne fautpasse contenter d 'indiquer qu'il existe des traces d ' un attentat : il faut rechercher s'il est ancien ou ré cent ; s'il est le fait d 'une violence isolée ou d 'actes répétés. Les caractères de l'inflammation , l'acuïté plus ou moins grande, la consistance plus ou moins épaisse et la couleur plus oumoins foncée de l'écoulement, permettront dedistin guer approximativement à quelle époque remonte l'atten tat. Quant à la répétition des actes, il suffira de rappeler la valeur considérable du signe fourni chez les petites filles par la déformation infundibuliforme de la vulve. C 'est là l'indice certain d 'attentats répétés, parfois même de tenta tives habituelles , constituantune sorte de commerce sexuel établi. On ne saurait trop insister sur ce point. Il faut noter aussi les lésions que l'on peut rencontrer du côtéde la bou che et de l'anus. 2° Les désordres peuvent- ils être attribués à des attouche ments personnels , à de mauvaises habitudes ? – Ilne suf fit pas d 'avoir constaté les lésions inflammatoires ou la déformation des parties sexuelles, il faut établir que ces desordres netiennentpas à d'autres causes que les violences criminelles; et, parmi ces causes, il n 'en est pas de plus souvent invoquées , et il faut le dire, de plus légitimement suspectées queleshabitudes d 'onanisme.Ilfautdoncs'attacher à reconnaître les traces que ce vice laisse ordinairement. Or, sans être absolus, les caractères de la masturbation chez les petites filles ne laissent pas d'être suffisamment tranchés et de se distinguer de l'irritation et des chan gements de forme déterminés dans les parties sexuelles par les attentats à la pudeur. L 'onanismeinvétéré s'acconipagne le plus souvent d 'une rougeur livide de la membrane muqueuse vulvaire et des bords de l'hymen avec écoulement séreux très -pale , lė sions tout à fait différentes de celles qui caractérisent l'in QUESTIONS MÉDICO-LÉGALES . flammation suraiguë produite par les violences de l'attentat à la pudeur. L 'ouverture de l'hymen est notablement élar gie . Mais il n 'y a pas enfoncement infundibuliforme de ces parties ; ce qui s'explique aisément par la différence de vo lume du doigt chez l'enfant et du membre viril, et aussi par l'effort très - différent qu'exige l'introduction de l'un et la tentative d' intromission de l'autre . Le clitoris, généralement plus volumineux et turgescent , l' élongation quelquefois considérable et la flaccicité despetites lèvres, ajoutentdes si gnes de plus qui, pour n ' être pas constants, ont cependant leur valeur. Je n 'entends pas parler ici de ces vices de conformation tout à fait insolites, dont Parent- Duchâtelet a justement signalé la rareté même chez les prostituées (1 ), mais j'insiste sur ce que présentent de vraiment caractéristique chez les petites filles le développement exagéré du clitoris et surtout la facilité avec laquelle cet organe se gonfle par la moindre excitation , ainsi que l'allongement des petites lèvres, et une tlétrissure de ces parties qui contraste avec l'aspect qu 'elles offrent ordinairementà cet âge. On le voit; l'expert n 'est pas dépourvu demoyens de re connaitre si les lésions ou les déformations des organes gé nitaux sont le fait d 'un attentat ou de mauvaises habitudes. Mais ilne doitpas oublier que ces deux circonstances peu vent se trouver souvent réunies chez la même personne, et redoubler d 'attention pour saisir les signes complexes que lui fourniront, d 'une part, la violence ct l'acuïté d 'une inflammation récente, et, d 'une autre part, l'aspect et la conformation des parties sexuelles. 3. L ' écoulement constaté a -t-il été communiqué ? — Nous avons fait déjà pressentir les difficultés qui pouvaient naître (1) Parent-Duchâtelet, De la prostitution dans la ville de Paris. Paris , 1857 , 1. 1, p . 208. VIOLS ET ATTENTATS A LA PL'DEUR . de la multiplicité des causes auxquelles sont dusles écoule ments fréquents observés chez les petites filles , et nous n 'a vons ici, après avoir posé la question, qu 'à résumer rapide ment les moyens que nous avons donnés de la résoudre. Le point capital est de décider si l'écoulement vulvaire cons taté sur la victime supposée d 'un attentat à la pudeur , a pu lui être communiqué par le contact de l'inculpé, atteint lui mème d 'une maladie analogue. J'ai dit, et je rappellerai ici, que s'il n 'existe pas de signe différentiel spécifique de l'inflammation simple de la vulve et de l'écoulement blennorrhagique, il est une particularité à laquelle il est permis d 'attacher une réelle importance, et qui consiste dans la turgescence excessive des vaisseaux répandus à l'entrée de la vulve et du vagin , et dans le siége particulier de l'écoulement par l'urèthre , signes auxquels il faut joindre l'extrême acuïté de l'inflammation , la violence et la consistance purulente de l'écoulement. Dans le plus grand nombre des cas, il faut se garder de se prononcer d 'une manière absolue sur le point de savoir si l'écoulement a été communiqué, et, tout en faisant res sortir avec force les probabilités , ne pas prétendre à la cer titude . 4 . Y a -t-il déforation ? — Il semble que cette question, qui dépend d 'une simple constatation matérielle , doive être facile à résoudre ; et cependant elle est de celles qui, si l'on en croyait les auteurs, seraient entourées de plus d 'obscu rité. Mais il y a là une confusion qu'il importe au plus haut degré de dissiper, car elle a chaque jour des conséquences déplorables dans la pratique de la médecine légale . La défloration est, ainsi que nous l'avons dit, la déchirure de l'hymen , c'est donc sur l'état de cette membrane, sur sa présence ou sur son absence que se fonde le jugement à porter sur la défloration . Mais les auteurs affichent à cet QUESTIONS MÉDICO-LÉGALES. 79 égard un scepticisme outré : Orfila le pousse jusqu 'à ce point de prétendre « qu'on ne peut affirmer qu'il y ait eu defloration , à moins que l'on n' établisse qu'il y a eu accou chement, » ce qui n 'est pas seulement un paradoxe dans la forme, mais encore au fond une double erreur. Briand et Chaudé résument l'opinion que nous voulons combattre , en disant « que la présence de l'hymen n ' est pas un signe infaillible de virginité, et que son absence est bien moins encore une preuve certaine que la virginité n 'existe plus. » Nous avons dit que l'hymen ne manque pas, quoi qu'on ait pu prétendre, si ce n 'est dans des cas tellement excep tionnels qu' il est permis de ne pas en tenir compte ;mais l'hymen existant, il n 'est pas impossible qu’un ou plusieurs rapprochements sexuels aient eu lieu sans qu'il y ait en réalité défloration . Ce fait est incontestable, et moins que personne je voudrais le nier, car voici, entre plusieurs autres , celui qu' il m 'a été donné d 'observer . Un ouvrier marié, dans l'idée de ne pas s'exposer aux charges trop lourdes de la famille , s' était pendant dix ans condamné à n 'avoir avec sa femme que des rapports incomplets et en quelque sorte extérieurs . L'hymen refoulé avait toujours résisté, et cependant une grossesse survint. A une époque voisine du terme j'ai pu constater la persistance de la mem brane. Des cas analogues ont été cités par tous les accou cheurs et par beaucoup de médecins légistes. Casper en rapporte plusieurs exemples, et A . Taylor dit explicitement qu'une femme peut avoir l'hymen non rompu et n 'être pas pour cela virgo intacta . Parent-Duchâtelet a beau coup contribué à répandre des doutes sur la valeur du signe de la virginité en exagérant la fréquence et la portée de certains cas de persistance de l'hymen chez les pros . tituées (1) et les savants auteurs de la troisième édition de (1) Parent-Duchâtelet, De la prostilution dans la ville de Paris, t. I, p . 202 . 80 VIOLS ET ATTENTATS A LA PUDEUR. son célèbre ouvrage en ont rapporté de nouveaux exem ples. Mais là n 'est pas, suivant moi, la question , et je ne crains pas d 'affirmer qu' il est permis de donner une appré ciation plus saine de la valeur du signe fourni par l'hymen . Je n 'admets pas qu'il soit impossible ni difficile de déci der si l'hymen existe ou s'il n 'existe pas. Or, ce premier point résolu , tout n 'est pas dit encore. Il faut, dans le cas où la membrane existe , rechercher sous quel aspect elle se présente . Si elle est résistante ou fortement tendue au - de vant du vagin , si l'ouverture est étroite , il n 'y a pas lieu d 'admettre l'intromission ; mais si, au contraire, elle est relâchée de manière à ne former qu'un voile flottant à l'en trée du vagin élargi, il est évident qu'elle peut se prêter sans se rompre à une intromission même complète . Dans le cas où l'hymen n 'existe plus, il y a à constater que la non existence est plus apparente que réelle ; quels sont les ca. ractères de la déchirure, la forme des débris , le degré de rétraction des lambeaux , signes quine permettent pas de reconnaître l'état réel de cette membrane et la cause de son absence ? Mais, on le voit , dans l'un et l'autre cas, il ne s'agit que de bien examiner, de constater l'étatmatériel des parties, et de se livrer sur ce que l'on voit à un diagnostic raisonné. On ne s'en tiendra pas à une énonciation brute en quelque sorte ; mais on analysera tous les caractères ; et leur valeur, dans chaque cas spécial, se déduira légitime ment des circonstances que nous avons rappelées. Il y a loin de cette manière d 'interpréter les faits au scep ticisme stérile et funeste contre lequel nous nous efforçons de prémunir nos confrères. J'ai entendu un médecin d 'un esprit distingué raconter qu'il avait vu une petite fille avoir l'hymen déchiré par un coup de parapluie , et qu'il se gar derait bien de jamais conclure à une défloration criminelle , dans la crainte d 'attribuer à des violences coupables l'effet d 'un coup de parapluie . Sous cette forme peu sérieuse on QUESTIONS MÉDICO-LÉGALES. retrouve l'opinion irréfléchie et tout aussi légère de la plu part des auteurs. Combien il est préférable de se rattacher aux sages principes si bien exprimés par Fodéré, et que confirment également l'observation et le raisonnement ! Cette intéressante citation résumera et terminera utilement la discussion qui précède : « Voilà donc un signe (l'hymen ) qui manque quelquefois naturellement; qui peut exister quoique la virginité morale ait disparu , qui peut avoir été détruit sans qu'il ait jamais été porté atteinte à la pudeur : en conclurons- nous qu'il n 'est d'aucune utilité au médecin légiste ? Je suis très- éloigné de celle pensée , et je dis que le voile virginal existant dans le plus grand nombre des cas, son existence ou son absence méritent toute notre attention , nonobstant les assertions contraires ; à moins que, flottant continuellement dans une incertitude stérile , nousne vou lions rejeter jusqu'aux moyens les plus constants que la nature nous offre pour nous éclairer. » • 30 A quelle époque remonte la defloration ? - Aucune question ne présente plus d 'importance, car elle à pour objet de préciser l'une des circonstances les plus graves dans les poursuites criminelles, l'une decelles qui, en fixant l' époque du délit, peuvent mettre sur les traces du cou pable . Il faut donc, à défaut de signes absolus, réunir toutes les particularités qui peuventpermettre d 'approcher le plus possible de la date exacte des faits. ' J'ai dit déjà que l'on pouvait reconnaître la défloration récente aux caractères de la plaie de l'hymen et à son degré de cicatrisation , mais qu'il fallait se tenir en garde contre les assertions des auteurs qui restreignent à un temps beaucoup trop court la durée de ce travailmorbide qui suit immédiatement la brusque déchirure de la membrane, et que l'on pourrait, en général, en retrouver la trace jusqu'à dix ou douze jours après l'acte accompli. Si l'état des par TARDEU, 6 . ÉDITION . 82 VIOLS ET ATTENTATS A LA PUDEUR. ties sexuelles fait défaut, on peut retrouver quelques in dices dans les traces de violences qui existent sur les autres parties du corps, et notamment dans la coloration plus ou moins vive des ecchymoses . Quant à la défloration ancienne, si l'on ne peut établir avec certitude l'époque à laquelle eile remonte, on peut du moins donner encore à l'expertise médico - légale un intérêt réel. En effet, la date du crime étant généralement indiquée par les propres déclarations de la victime, ce qui importe le plus à la justice, c'est d'en contrôler la véracité. Or la science, bien que n 'apportant pas une donnée précise , peut parfaitement dire s'il est possible, sinon certain , que la dé floration remonte à l' époque indiquée . C 'est ainsi que, sans sortir des limites qui lui sont assi gnées par sa conscience , l'expert peut fournir encore des lumières que ne donnerait pas une réponse purement négative. 6 . Y a -t il des sigues de débauche habituelle ? — Ce n 'est pas sur des présomptions morales, mais uniquement sur des particularités de la conformation physiqueprudemment interprétées, que l'expert peut asseoir son jugement sur les habitudes de la jeune fille ou de la femme qui se dit victime de violences. Il n 'est pas toujours facile de se prononceravec assurance chez une petite fille , bien que le développement prématuré des organes sexuels, leur aspect plus ou moins flétri, puis sent fournir de précieuses données. Mais chez une femme, et après la défloration , on rencontre des indices plus cer tains et des signes en quelque sorte anatomiques propres à faire connaître ses habitudes morales . Ces signes sont tirés de l'état des lambeaux déchirés de l'hymen : on se rappelle, en effet, que ceux - ci, après un acie isolé , resteront affron tés et, sans se reunir, se cicatriseront sur place, tandis que , QUESTIONS MÉDICO-LÉGALES. sous l'influence de rapprochements sexuels répétés, ils se rétractent d 'unemanière plus ou moins complète et jusqu'à formation des caroncules myrtiformes. Ce signe tiré de la non - rétraction des lambeaux a la plus grande valeur à mes yeux. Je l'ai vu ne pas manquer chez deux jeunes filles devenues enceintes après un seul rapprochement et dans le moment même de la defloration . Exaininées par moi au sixièmemois de leur grossesse , elles présentaient l'ouver ture du vagin très- étroite , presque complétement fermée par la membranehymen divisée dans toute sa hauteur,mais dont les lambeaux, n 'ayant subi aucune rétraction , étaient restés accolés l'un à l'autre. Au premier abord la membrane hymen semblait intacte . Quant au vagin , il était lui-même très peu dilaté et très- rétréci. Il était évident que ces jeunes filles n 'avaient pas eu des rapports fréquents avec des hommes, et que la grossesse pouvait, comme elles le dé claraient, être le résultat d 'une seule approche dans laquelle avait été opérée la défloration. Il est très -importantde s'assurer aussi, au point de vue de l'appréciation des habitudes morales de la victime, s'il existerait chez elles des traces d 'accouchements antérieurs, et, pour cela , il ne faut jamais négliger, pendant l'exploration à laquelle la femme est sou mise , de constater l'état des parois abdominales que plus d 'une s'efforce de dissimuler. 7° La défloration est- elle le résultat de l'intromission du membre viril ou d 'attouchements forcés , d 'accidents ou de maladies ? - M . Devergie fait très à tort un reproche à Orfila de poser cette question , car elle est de celles que la justice ne peut manquer de soumettre à l'expert, et que celui-ci doit prévoir . Du reste , l'auteur que nous venons de citer n 'a pas échappé lui-même à cette nécessité, et a donné l'indication des causes capables d'opérer la defloration . Il est incontestable, en effet , que la déchirure de l'hymen VIOLS ET ATTENTATS A LA PUDEL'R . peut, dans certaines circonstances exceptionnelles , étra produite par d 'autres causes qu ’un rapprochement sexuel. Celles - ci cependant sont fort rares, et je n 'accepte pas la plupart de celles que les auteurs admettent avec une beau coup trop grande facilité. Il suffira de les énumérer pour en faire apprécier la valeur. L 'onanisme et l'introduction de corps étrangers ,auxquels on affecte si souvent d 'attribuer dans les débats judiciaires la destruction de la membrane hymen, n 'ont pas en géné ral un semblable résultat. Il peut bien se faire, et on ne le voit que trop , que les habitudes vicieuses amènent l' élar gissement du vagin et le relâchement de l'hymen ; mais on ne rencontre pas, à la suite d'attouchements personnels, ces déchirures violentes et profondes qui caractérisent la défloration. Fodéré en a très - judicieusement donné la rai son : « Il n 'est guère présumable que la personne même se soit permis ces introductions contre nature assez forcément pour causer ces déchirements , qui sont toujours plus ou moins douloureux. » Les accidents quepeuventdéterminer l' exercice du cheval, un saut violent, une chute , des blessures, sont bien moins encore capables de laisser dans les parties sexuelles des traces analogues à la défloration . En effet, sans parler de l'équitation , des courses ou des marches forcées, il est cer tain que certaines chutes sur des corps aigus et tranchants, certaines blessures dirigées sur les organes génitaux, peu vent intéresser la membrane hymen ; mais de semblables lésions portent avec elles le caractère de leur origine, et diffèrent trop complétement, par leur siége, parleur forme, par leur étendue, de la rupture simple de l'hymen , indice de l'intromission du membre ýiril , pour qu'il soit facile de les confondre. Je crois utile de faire une réserve pour des cas, très -rares sans doute , mais dont deux exemples sont venus à ma connaissance. Il s'agit de petites filles qui, en QUESTIONS MÉDICO-LÉGALES. 85 tombant les jambes écartées violemment, avaient eu une déchirure très limilée de la partie inférieure de la vulve comprenant l'hymen et une partie de la fourchette . Ce fait même sera d 'ailleurs facile à constater. Il est toutefois un genre de blessures qui appelle surtout l'attention en raison de la nature particulière et de la cause des désordres dontles parties sexuelles peuvent être le siége . Au milieu des violences criminelles dont une femmepeut ètre l'objet, des brutalités autres que l'approche sexuelle peuvent avoir pour effet la perforation de l'hymen sans tentative d 'intromission . C 'est ce qu 'a très-bien vu M . Toul mouche, lorsqu'il a fait remarquer pour l'avoir constaté plusieurs fois que, dans les campagnes, souvent l'introduc tion « brutale des doigts déchirait l'hymen et la fourchette . » J'en ai vu un exemple très -singulier : l'hymen avait été , par une circonstance semblable , non pas déchiré dans toute sa hauteur, de son bord libre à sa base , mais perforé tout à fait en arrière , de telle sorte que , réduit à une bandelette étroite, tendue transversalement au -devant du vagin , il en partageait l'ouverture en deux (pl. II, fig . 5 ). Ce que j'ai dit des blessures accidentelles considérées comme cause de la défloration , je le répéterai avec plus de force encore pour les maladies locales, auxquelles on a cru pouvoir imputer la destruction de l'hymen . M . Louis Penard a cité le cas d 'une chute complète de la matrice, survenue très -brusquement chez une jeune fille vierge. Il n 'a pas malheureusement pu constater le genre de lésion qu'a subie ici la membrane hymen , qui n 'a peut- être été qu'entraînée par le renversement et non déchirée .Mais que penser, par exemple , de l'expulsion brusque d 'un caillot sanguin , ou de l'action d 'une humeur åcre et irritante dontparle M . Dever gie comme pouvantdétruire l'hymen ? Je ne connais qu 'un chancre placé sur cettemembrane, ou une dartre rongeante , ou une gangrène de la vulve, qui puisse léser assez profon VIOLS ET ATTENTATS A LA PUDEL'R . dément les parties pour détruire l'hymen ; mais, dans ce cas, l'étendue des désordres et les caractères spécifiques du mal ne pourraient laisser place au doute. Il est vraiment regrettable d 'avoir à discuter de pareilles hypothèses qui, malheureusement reproduites dans presque tous les ouvra ges, ne contribuent pas peu à entretenir la médecine légale dans une voie funeste , aussi éloignée de la véritable science que la saine pratique. En résumant les éléments de solution de la question qui nous occupe, nous conseillons , pour éviter de trancher une difficulté réelle , de mettre toujours dans les conclusions qui ont trait à ce point une grande réserve, et de les formuler en disant non pas que la défloration est le résultat de l'in tromission du membre viril,mais qu'elle est la conséquence de l'introduction plus ou moins violente et complète d 'un corps volumineux etdur commele membre viril. Cette for mule ne s'oppose pas à ce que l'on apprécie les circonstan ces diverses qui permettent d 'éliminer les causes acciden telles de déchirures de l'hymen , d'ailleurs fort rares, dont nous venons de signaler les caractères. 80 Existe-t -il des traces de vioience autres que la déſora tion ? – On sait que les différentes parties du corps peu vent avoir été atteintes dans la lutte qui accompagne et qui constitue souvent le viol. Il y a lieu de porter une attention particulière sur les parties qui sont le plus souvent exposées. aux violences, telles que la face, le cou, la poitrine,les bras, les cuisses, les reins, sans omettre d 'examiner toute la sur face du corps. De plus, quand on aura constaté exactement la nature et le siége des lésions qui caractérisent la violence, il faut s'efforcer de préciser les faits en cherchant dans la forme et la direction des blessures des indices propres à faire connaître la position du coupable et les diverses parti QUESTIONS MÉDICO-LEGALES. cularités du crime, ou encore en en fixant la date d 'après la coloration et l'aspect des ecchymoses. 9 ' Là mortest-elle le fait du viol ? - Il n 'est pas inutile de rappeler que la mort est très- rarement la conséquence di recte du viol ; aussi est- ce un devoir pour l'expert d'appor ter un soin tout particulier à établir , d 'après des faits cer tains, la cause réelle de la mort. Les troubles nerveux, les affections convulsives, qui peuvent , à la suite des violences criminelles, se terminer d 'une manière funeste, ne laissent souvent après eux que des lésions secondaires et incertaines. D 'un autre côté, les désordres locaux, qui peuvent exister du côté des organes génitaux, réclament une appréciation sévère, que saura faire l'expert consciencieux et éclairé. Cependant, que les résultats fournis par l'autopsie cadavé rique soient positifs ou négatifs, il n 'en faudra pasmoins tenir grand conipte de la nature et de la marche des symp tômes et des troubles divers qui auront suivi immédiatement l'acte de violence et précédé la mort.On se rappelle l'exem ple de cette malheureuse bouchère qui, il y a quelques an nées, succombait après avoir été victime d 'un viol, et qui dans son délire voyait sans cesse les misérables dont elle avait eu à subir les outrages . Ce fait, malheureusement observé d'une manière incomplète, et que n 'a pu éclairer l'autopsie cadavérique, a néanmoinsune grande importance, à raison de la formedu délire et de la marche de la maladie qui s' est terminée d 'une manière si funeste. 10° Le meurtre a -t-il été précédé de viol? - Lorsque l'assas sinat vient terminer les scènes de violences auxquelles la femme a été exposée, c'est le meurtre qui attire avant tout l'attention , et les traces du viol peuvent être obscurcies ou même effacées par celles de l'assassinat. Mais dans ce cas même, plusieurs considérations très- importantesméritent XX VIOLS ET ATTENTATS A LA PUDEUR d 'être retenues. Avant tout, la position dans laquelle on trouve le cadavre ou les particularités propres à fixer celle que le corps a pu prendre doivent appeler l'attention d'une manière toute spéciale. C'est ainsi que, chez une femme assassinée dans le parc de Neuilly , fait dont on lira plus loin la relation , toute la surface du dos et des reins était écorchée et ecchymosée par le frottement du corps sur des pierres où il avait été renversé et sur lesquelles le viol avait été consommé. Il est une recherche indispensable qui con siste, non -seulement dans la constatation des désordres qui peuvent exister à l'extérieur des parties sexuelles, mais dans l'examen des liquides contenusà l'intérieur du vagin et de l'utérus, de manière à y retrouver la présencedu sperme dans ces organes. Mais il importe de se garder de conclure à la légère , et , comme je l'ai vu faire trop souvent, d'après la seule appa rence de l'humeur extraite de ces parties. Il ne faut pas oublier que le microscope seulpeut fournir la preuve cer taine de l'existence des spermatozoïdes. Cet examen est d 'autant plus intéressant, qu'il peut être tenté • avec fruit assez longtemps encore après l'époque où le crime a eu lieu . En effet, les spermatozoïdes résistent avec une grande énergie dans le mucus vaginal et utérin , et l'on a pu en re trouver doués de mouvement, après huit jours, dans la ca vité de l'utérus, tandis qu'isolés dans un tube de verre, ils cessent de se mouvoir au boutde vingt-quatre ou quarante huit heures. Il est bon toutefois de faire remarquer que de l'absence de zoospermes,mêmeau microscope, il ne faudrait pas con clure absolument que le viol n 'a pas eu lieu . Trop de cir constances peuvent empêcher la pénétration du sperme ou en provoquer l'expulsion , pour qu'on attache une impor tance décisive à son absence. Si donc la présence de la li. queur sénsinale peut démontrer que le viol a précédé le QUESTIONS MÉDICO -LÉGALES . meurtre, le double crime peut n 'avoir pas moins été com mis, alors même que ce signe vient à manquer . 11° Une femme peut-elle étre déforée ou violée sans le savoir , notammentdans le sommeil ou sous l'influence du magnétisme et de l'électriefté ? - Cette question est de celles que l'on ne peut résoudre d 'une manière absolue dans un sens ou dans l'autre , et qui, en raison mêmede ce qu'elle offre de délicat, exige des développements et des distinctions importantes. Les circonstances, très-complexes, dans lesquelles peut s'accomplir le crime de viol, ont pu donner lieu à des faits en apparence très- singuliers et très - extraordinaires, sur lesquels les lumières del'expert sont très- souventinvoquées, sinon dans le cours de l'instruction judiciaire,plus fréquem ment du moins au momentdes débats, et sur des interpel lations provoquées par un incident d 'audience. Ce n 'est pas dans les cas de violences commises sur des petites filles , mais presque exclusivement sur des jeunes personnes nubiles ou sur des femmes faites, que peut se présenter la question de savoir si la défloration ou le viol peuvent être consommés à l'insu de la femme. L'ignorance de celle - ci ne peut être raisonnablement ad mise que dans certaines conditions physiques ou morales, capables d 'enlever à la femme le libre exercice de ses sens, tels que le sommeil, le narcotisme, le magnétisme, un état nerveux particulier;ou capables d 'anéantir la conscience et la mémoire , comme l'idiotisme, l'imbécillité, la folie ;ou encore dans certaines conditions qui constituent une véritable in firmité à la fois physique et morale, comme la surdimutité . Le sommeil naturel, quelque profond qu'il soit, ne peut certainement pas permettre la défloration , c'est- à -dire une première approche qu 'accompagne toujours un certain degré de violence et de douleur. Je partage tout à fait à cet égard l'opinion de Casper , qui s'élève avec raison contre la facilité 90 VIOLS ET ATTENTATS A LA PUDEUR . avec laquelle la naïveté de certains auteurs , ses compatrio tes, a accepté des cas trop peu sérieux , ' anciennement admis par les facultés de ·Leipzig et de Halle , et dans les quels on ne peut voir que d 'audacieux mensonges, indi gries d ’être diseutés. Mais s'il s'agissait d 'un acte consommé sur une femme endormie , déjà habituée au commerce sexuel, il n 'est pas impossible d 'admettre que les faits aient pu se passer à son insu . . . · Ce qui peut rester douteux , ou être considéré comme inadmissible pour le sommeil naturel, cesse de l' être pour le sommeil artificiel que constitue le narcotisme.Mais il y a là pour l'expert une source de difficultés nouvelles ; car , pour reconnaitre après coup l'action d 'un narcotique, il est réduit à s'aider d 'indices incertains, tirés des caractères mêmes du sommeil. Il faut rapprocher de ces faits l' insen sibilité produite par le chloroforme et certains états morbi des, tels que la catalepsie , qui livrent une femmesans vo lonté et sans défense , à toutes les entreprises eriminelles . On sait d 'ailleurs que les fastes judiciaires de ces dernières années ont offert des exemples de semblables violences commises , à l'aide de l'anesthésie , par des hommes assez indignes pour abuser de leur profession demédecin ou de dentiste , à l'égard de femmes confiées à leurs soins. A l'influence du sommeilnaturel, des narcotiques et des anesthésiques, faut- il ajouter encore celle du magnétisme? Des faits récents ont soulevé cette question nouvelle . L 'un d 'eux a été l'occasion d'un rapport très -digne d 'intérêi, demandé par la justice à MM . Coste , directeur de l'École de médecine de Marseille , et Broquier, chirurgien de l'Hôtel Dieu de cette ville. On nous saura gré de citer ici même cette observation curieuse (1 ), qui a sa place marquée dans cette étude : (1) Presse mělicale de Marseille, citée par la Gazeite des Hopitaux, 1858, 1° 106 . QUESTIONS MÉDICO-LÉGALES . 91 « La jeune Marguerite A ., âgée de dix -huit ans, se croyant malade, se fit conduire par sa plus jeune seur, dans le cou rant du mois de novembre dernier, chez le nommé C ..., exerçant à Marseille , à ce qu'il paraît, la profession de gué risseur par le magnétisme. Chaque jour elle allait prendre sa séance. Vers le commencement d 'avril, s'étant aperçue qu 'elle était enceinte , elle porta plainte à l'autorité ; et c'est alors que M . le commissaire de police nous commit tous deux « à l'effet de constater la grossesse et l'époque à la « quelle elle pouvait remonter, et en second lieu de répon « dre à la question de savoir si la jeuneMarguerite A . avait « pu être déflorée et rendue mère contrairement à sa vo « lonté, c 'est - à -dire si cette volonté avait pu être annihilée « complétement ou en partie par l'effet du magnétisme. » Nous ne reproduirons que la partie du rapport relative à la deuxième question , à savoir : si la jeune Marguerite A . a pu être déflorée sans le savoir , par suite de l'effet du magné tisme. « Cette question touche un point tout à fait neuf de la médecine légale ; car, si cette science est aujourd'hui fixée à cet égard pour ce qui est de l' emploi des narcotiques , de l'éther et du chloroforme, nous ne pensons pas qu'elle ait jamais abordé le magnétisme à ce point de vue. Malgré cela , et sauf toutes réserves , nous croyons qu'il nous est possible de résoudre cette question , sans nous en tenir à des appréciations personnelles, mais bien d 'après des do cuments scientifiques, les seuls qui doivent et puissent entrer ici en ligne de compte. Ces documents , nous les trouvons dans le rapport de Husson , fait en 1831 à l'Aca démie de médecine, au nom d 'une commission composée de Double, Magendie , Guersant, Guéneau deMussy, Hus son ( 1 ), etc . Ces nomssuffisent pour donner à ce rapport (1) Voyez Burdin et Fr. Dubois, Ilistoire académique du magnétisme animal. Paris , 1841, p . 333. $2 : VIOLS ET ATTENTATS A LA PUDEUR . toutes les garanties scientifiques de vérité et d 'authenticité que l'on serait en droit d 'exiger. Et,du reste, ce rapport est et demeure encore aujourd'hui le seul monument scienti tique que possède le magnétisme. « Dans les conclusions de ce rapport, nous trouvons : « Le sommeil est un effet réel du magnétisme. .. Il s'opère « des changements plus ou moins remarquables dans les « personnes et les facultés des individus magnétisés.. . ; la « plupart du temps, ils sont complétement étrangers au « bruit extérieur et inopiné fait à leur oreille, tel que le « retentissement de vases de cuivre frappés près d 'eux ... « L 'odorat est comme anéanti ; on peut leur faire respirer « l'acide muriatique ou l'ammoniaque sans qu'ils s'en « doutent... ; la plupart sont complétement insensibles : on « a pu leur chatouiller les pieds, les narines et l'angle des « yeux par l'approche d 'une plume, leur pincer la peau, la « piquer sous l'ongle avec des aiguilles enfoncées profon « dément et à l' improviste , sans qu'ils aient témoigné de la « douleur, sans qu'ils s'en soient aperçus ; enfin on en a vu « une qui a été insensible à une des opérations les plus « douloureuses de la chirurgie, et dont ni la figure , ni le « pouls , ni la respiration , n 'ont dénoté la plus légère émo . « tion ... Les forces musculaires des somnambules sont « quelquefois paralysées... ; à leur réveil, ils disent avoir « oublié totalement toutes les circonstances de l'état de « somnambulisme, et ne s'en ressouvenir jamais (1). » « D 'après tous ces faits , si une jeune fiile , sous l'influence du sommeil magnétique, est insensible à toutes les tor tures , il nous semble qu'il est rationnel d 'admettre qu 'elle pourra subir l'acte du coït sans qu'il y ait participation de sa volonté, sans qu'elle en ait conscience, et que, par con séquent, elle ne saurait repousser par la force l'acte qui est consommé sur elle. » (1) Histoire académique lu magnélisme, ell., p . 439 à 462. QUE TIONS MÉDICO -LÉGALES . 93 Les savants experts de Marseille concluent, en consé quence, que : 10 la fille Marguerite A . est enceinte ; 2º sa grossesse ne remonte pas au delà de quatre mois à quatre mois etdemi; 3° nous pensons qu' il est possible qu'une jeune fille soit déflorée et renduemère contrairement à sa volonté , celle - ci pouvant être annihilée par l'effet magnétique. » M . Devergie, dont MM . Coste et Broquier avaientdésiré connaitre l'opinion sur ce cas délicat, leur répondit : « Je crois qu'une fille de dix -huit ans peut, en thèse gé nérale , avoir été déflorée et renduemère contrairement à sa volonté, dans le sommeil magnétique . Ceci est une affaire d 'observation et de sentiment personnel. Mais en dehors du sommeil magnétique il y a tant de mensonge, que je ne saurais aller plus loin . Le sommeil magnétique est fictif ou réel : fictif, en ce sens que toutes les personnes qui donnent des consultations ou des représentations de magnétisme ne sont jamais endormies ; réel, et alors tout rapport , tout sentiment de relation peut être interdit par le sommeil, la sensibilité peut être émoussée etmême éteinte, partant la femme dans l'impossibilité de se défendre. » J'avais reçu moi-même, à l'occasion du même fait , une lettre de M . le docteur Broquier, qui me faisait l'honneur deme demander mon avis. J'étais absent de Paris et n 'ai pu, à mon grand regret, répondre en temps utile à ce témoignage de confiance ; mais je me serais certainement associé complétement à l'opinion exprimée par M . De vergie , et surtout aux sages réserves qu'il a faites rela tivement à la possibilité de la feinte et à la probabilité de la fraude en tout ce qui touche aux prétendus effets phy siologiques du magnétisme. Quant à ce que ceux - ci peu vent avoir de réel, je crois qu' il n 'est guère possible de prendre aujourd'hui pour base d 'appréciation , comme l'ont fait les honorables experts de Marseille, les observa tions contenues dans le rapport académique de 1831. Ces VIOLS ET ATTESTATS A LA PLDEUR. faits en apparence merveilleux d 'insensibilité, constatés par les commissaires et acceptés par eux pour des effets magné tiques, seraient bien plus justement à notre époque mis au rang des symptômes les plus constants et les mieux connus de l'hystérie. Mais, en laissant de côté ces particularités, il reste un certain nombre de faits , du même ordre par exemple que le somnambulisme, quime paraissent témoi gner en faveur de l'abolition possible de la volonté sous l' influence de ce qu'on appelle le magnétisme. Je dois à la bienveillante confiance de M . l'inspecteur gé néraldu service de santé de la marine, le savant docteur Jules Roux, une communication pleine d 'intérêt dont je le remercie , et que je me permets de reproduire ici en entier . « Le 31 mars 1865, vers 6 heures du soir, un homme de 23 ans, laid , mal vêtu , portant de longs cheveux noirs et une barbe inculte , aftligé en outre d ’un pied bot, se présen tait à la porte d 'unemaison du hameau des Gouils, com mune de Solliès- Farlide ( Var), habitée par un vieillard , le sieur Hughes, et deux de ses enfants, un jeune garçon d 'une quinzaine d 'années et une jeune fille de 26 ans, appelée Jo séphine. Cet homme qu 'on a su depuis se nommer Castellan Timothée , était un ancien ouvrier bouchonnier qui, à la suite d 'une blessure à la main , avait abandonné son travail pour contracter des habitudes de vagabondage, se donnant à l'occasion pour un guérisseur, pour un magnétiseur, et même quelque peu pour sorcier. Du reste , il était inconnu dans le hameau et ne s'exprimait que par gestes , feignant d ’être sourd etmuet. « A la vue de son état de dénûment, on le laisse prendre place à la table de la famille, et on remarque, pendant le re pas, qu'il affecte certaines pratiques étranges, entre autres celle de ne remplir son verre qu'en trois fois et de ne le boire qu'après avoir fait au -dessus plusieurs signes de croix et s’ètre signé lui-même. QUESTIONS MÉDICO-LEGALES . Dans la soirée, plusieurs voisins, poussés par la curiosité , arrivent. Alors ,une scène ridicule a lieu . A l'aide d 'un crayon et d 'un cahier de papier, un colloquemoitié politi que,moitié religieux s'engage entre le prétendu sourd -muet et les assistants, auxquels ses mystérieuses allures imposent. Enfin , on envoie le personnage au grenier à foin pour y pas. ser la nuit . La jeune fille a déclaré depuis qu' elle s'était sentie ce soir-là frappée d 'une terreur inexplicable , et qu'elle s'était couchée tout habillée sur son lit. La nuit se passa pourtant sans incident. Le lendemain matin , le jeune gar çon étant parti le premier, le père invite Castellan à manger un morceau avec lui, puis , comme il devait se rendre à son travail, ils sortent tous deux vers 7 heures. « Quelques instants après le mendiant revient seul, et trouve Joséphine en train de vaquer aux soins du ménage. Il s'assied au coin du foyer. Quelques voisins se montrent dans la matinée. L 'un d 'eux, qui apportait des eufs pour celui que la crédulité paysanne considérait déjà comme un saint homme, vientmêmedeux fois. La première fois, il n 'ob , serve rien de particulier : Joséphine se plaignait seulement d 'un mal de tête . La deuxième fois , un peu avant midi, il remarque, en entrant, que Castellan traçait avec la main des signes circulaires derrière la jeune fille penchée sur la mar mite . Joséphine paraissait éprouver un certain malaise, ses yeux exprimaient l'inquiétude, sa figure était animée, la présence d 'un tiers semblait lui être agréable ; on pouvait voir qu 'elle était gênée de se trouver seule avec cet inconnu . Enfin , vers midi, ils restèrent seuls. « Ce qui s'est passé depuis ce moment jusqu'à 4 heures du soir n 'est guère connu que par la déposition , un peu vague d 'ailleurs, de la jeune fille , les réponses de Castellan lors de son interrogatoire étanten contradiction avec les aveux qu'il a faits à certains témoins. Il parait qu'à midi, poussée, dit elle, par un sentiment de compassion , elle invita Castellan 26 VIOLS ET ATTENTATS A LA PUDEUR . à partager son dîner. Il accepta et s'assit en face d 'elle . Elle prit d 'abord une première cuillerée de haricots ; au moment où elle allait porter la deuxième à sa bouche, Castellan , rap prochant le pouce et l'index , fit le geste de projeter quelque chose dans la cuiller, sans qu 'elle y vît rien tombér toutefois. Tout d 'un coup , avant d'avoir pu avaler cette deuxièmecuil lerée , elle se sentit défaillir . A partir de ce moment, ses sou venirs deviennent plus confus. Revenue à elle sousl'influence de quelques aspersions d 'eau froide que lui aurait faites Cas tellan , elle se serait dirigée vers la porte , et se serait évanouie de nouveau avant d 'y arriver . Alors, il l’aurait prise dans ses bras, l'aurait emportée dans sa chambre, couchée sur un lit , et aurait assouvi sur elle sa brutale passion . Elle pré tend qu'elle a eu conscience de ce qui se passait, mais sans pouvoir s'y opposer en aucunemanière. Elle n 'a pas eu la force seulement de frapper contre le mur, ce quiaurait suffi pour attirer les voisins. Une de ses parentes vient heurter à la porte de la chambre ; elle reconnaît sa voix et ne peutlui répondre. Elle ne se souvient pas si Castellan a renouvelé sur elle plusieurs fois les mêmes actes, elle croit avoir reçu des coups, mais elle ne peut dire pourquoi. Elle ne sait enfin s'il lui a commandéde sortir avec lui, mais elle est convaincue qu'elle y a été poussée par une force irré sistible. « Quoi qu'il en soit, vers 4 heures , on les voit sortir en semble et s'éloigner , au grand étonnement des voisins que l'air égaré de Joséphine Hughes remplit de compassion et quinepeuvent comprendre qu'une jeune fille dont la réputa tion est restée intacte jusque là puisse suivre ainsiun men diant bien fait pour inspirer la répulsion. Elle partavec de grossiers vêtements de travail, jetant aux gens qu'elle ren contre des paroles incohérentes, leur disant qu'elle suit le bon Dieu , etc . Castellan affirme que sur la route, elle aurait pris , suivantun usage en vigueur dansle pays, deux QUESTIONS MÉDICO- LÉGALES. , témoins de son départ volontaire, mais les témoins n 'ont pas été retrouvés. « Tous deux se dirigent vers un village voisin . La première nuit , on leur permet de coucher dansun grenier à foin : ils repartent le lendemain matin , errent toute la journée dans les bois, où la jeune fille aurait été prise deux fois, dit - elle , de ces évanouissements que provoquaient chez elle les ma næuvres de Castellan , et ils vont le soir à Collobrières deman der l'hospitalité dans une ferme où Joséphine couche avec une femme, tandis que son ravisseur couchait avec le mari de cette dernière. « Les renseignements fournis par ceux qui les onthébergés pendant les deux nuits n 'ont rien de bien intéressant. Ils nous représentent la jeune fille tantôt commerougissant de la fausse position dans laquelle elle se trouve, et tantôt invoquant, pour se justifier, la contrainte que sa liberté mo rale a subie. « Le troisième jour ils arriventau hameau de la Capelude; ici les détails abondent. Ils entrent dans la maison du sieur Condroyer , et les voisins accourent en foule. La journée se passe pour la jeune fille dans des alternatives d'exaltation et de calmerelatif. Tantôt elle prodigue à Castellan les mar ques d 'une affection passionnée, mêlant à ses caresses des phrases incohérentes, dans lesquelles les mots de fleurs, anges, bon Dieu , etc ., reviennent à chaque instant ; tantôt, au contraire , elle le repousse et manifeste pour lui la plus profondehorreur. Elle est constamment préoccupéedel'idée qu'on puisse la prendre pour une fille dumonde (prostituée). « La femmela plus grande, la plus forte aurait succombé,» dit -elle , à plusieurs reprises. . « Le soir, elle exprime la volonté d 'aller coucher avec une jeune fille dans une maison voisine, Castellan refuse de la laisser partir . Pour vaincre sa résistance, il fait quel ques signes étranges : d 'autres témoins affirment qu 'il la TARDIEU, 6° ÉDITION. VIOLS ET ATTENTATS A LA PUDEUR . touche légèrement au -dessus de la hanche et au front. Elle tombe aussitôt évanouie dans ses bras, et reste ainsi près de trois quarts d 'heure sans mouvement. Alors , sans qu'elle paraisse sortir de cet état, il lui fait monter les quinze marches de l'escalier , en la soutenant par les aissel les, et lui soulevant les jambes à l'aide de ses genoux. Pen dant ce temps, il lui faisait compter à haute voix les mar ches qu'elle franchissait. « Voulez - vous que je la fasse rire? » dit- il à un des assistants, et aussitôt elle pousse un éclat de rire insensé . Un voisin aide à la déshabiller, luiretire ses bas, et surpris de son étatpersistant d 'insensibilité, lui cha. touille fortement la plante des piedssansproduire sur elle la moindre impression . Pour la rappeler à elle Castellanluiap plique trois vigoureux soufflets : elle parait s'éveiller aussitôt, sans manifester la moindre douleur, en ayant l'air d 'éprou ver au contraire un bien - être extraordinaire. Enfin , on les laisse seuls . « Pendant la nuit, on entend dans la chambre qu 'ils occupent un vacarme extraordinaire . Le sieur Condroyer s'arme d 'un bâton , monte et intime à Castellan l'ordre de partir. Lui, de son côté, ordonne à Joséphine de le suivre . « Je ne sortirai pas, dit- elle , tant qu 'on ne me chassera pas à coups de bâton .» L'incidentne paraît pas avoir eu d 'autre suite. « Le lendemain matin , la jeune fille descend la première, dans un état d 'agitation très-marqué, faisant entendre des paroles désordonnées et se livrant à des actes de folie. Vou lant imiter sans doute les pratiques des guérisseurs, elle prend un boutde fil et le passe à diverses reprises au -devant des yeux de l'un des assistants, pour le débarrasser, disait elle, de sa cécité. Castellan descend peu à près, et lui fait faire le tour de l'appartement à genoux. Les voisins indignés se consultent et décident de le chasser. A peine est- il sorti que la jeune fille tombe dans un de ses états nerveux. Elle QUESTIONS MÉDICO-LÉGALES. cesse de parler tout à coup, ses bras se roidissent, ses poings se ferment, ses dents sont fortement serrées, ses yeux fixes et hagards. Les gens qui l'entourent sont effrayés et rap pellent Castellan , en lui ordonnant de la faire sortir de cet état. Au moment où il rentre , les bras de la jeune fille se détendent subitement; lui se met à genoux, prononce quel ques parolesmystérieuses ; puis , lui appliquant trois souf flets, met fin brusquement à cette longue crise . Un étrange aveu lui échappe en ce moment; « Ce n 'est pas la première femme, dit- il , que j'ai fait succomber de cette manière ; il y a vingt- deux ans que mon père avait mis aussi quelque chose à ma mère, elle en a bien souffert. » « Le reste de la journée se passe comme la précédente. Tantôt la jeune fille tombait dans ses idées extravagantes, tantôt elle déplorait vivement sa position, priait les gens qui l'entouraient de ne pas l'abandonner et repoussait Castellan avec horreur. Interrogée sur ce qu'elle éprouvait pendant ses accès , elle répondait qu 'elle souffrait beaucoup, qu'elle voyait et entendait tout ce qui se passait autour d 'elle,mais qu' elle sentait sa volonté complétement paralysée. Il suffisait que Castellan la touchât légèrement pour qu'elle ressentit une douleur à la poitrine ; d 'autres fois , au contraire, elle n 'éprouvait du soulagement que quand elle avait ses jambes appuyées contre lui. A un moment donné, se croyant liée à son ravisseur par une force mystérieuse, elle exige qu 'il divise en deux parts le contenu d 'un verre de vin qu'on lui offrait , ne boit qu'après lui et dans le même verre, et ne consent à manger que du pain dans lequel il avait déjà mordu . Cette scène, qui parait n 'avoir été que la répétition d 'une scène antérieure à laquelle elle attribuait sans doute le maléfice qui l'enchaînait, la soulage; elle se croit déliée et déclare ne plus souffrir . « Le lendemain matin , ils partent ensemble. A quelque distance, ils rencontrent des chasseurs qui interpellent 100 VIOLS ET ATTENTATS A LA PUDEUR. Castellan . Pendant qu'il s'arrête , elle continue sa route ; puis, un peu plus loin , se trouvantmasquée par un pli de terrain , elle fait un détour, revient sur ses pas, et arrive en courant à la maison d 'où elle venait de sortir , exprimant toute sa joie d 'avoir échappé à son ennemi et demandant avec instance qu'on la dérobe à ses recherches. « Dans le courant de la journée, quelques personnes la ramènent à la maison paternelle . Le délire la reprend en route ; elle arrive chez elle dans un état d 'exaltation violente , proférant des sons inarticulés ou injuriant tous ceux qu 'elle rencontre . . « Cet état a duré plusieurs jours. Un médecin qui a été appelé n 'a constaté que de la fièvre , de la loquacité, mais pas d 'autres troubles intellectuels quela surexcitation causée chez cettemalheureuse fille par le souvenir de son honneur perdu . Une saignée qu'il lui a pratiquée a amené une dé tente favorable . « Un propriétaire des environs, qui s'occupe de magné tisme, l'a soumise quelque temps après, en présence de plusieurs personnes, aux mancuvres d 'usage. Il a pu pro duire chez elle le sommeil, mais non l'état dit de lucidité magnétique. On voulait profiter de cette circonstance pour tirer d 'elle denouveaux renseignements sur ce qui s'était passé ; elle n 'a rien ajouté à ce qu'elle avait dit antérieure ment. Elle accusait un certain degré de pesanteur des pau pières qu’un simple attouchement de l'opérateur fit dispa raître. Enfin , dans le courant dumois de mai, l'état normal de Joséphine Hughes paraît être notablement amélioré. « Les renseignements recueillis sur elle la représentent commeune jeune fille nullement hystérique, d 'unemoralité irréprochable, exacte à remplir sés devoirs, douée peut-être d 'une crédulité un peu naïve. En outre , il ne paraît pas y avoir eu dans sa fainille des antécédents de folie ni d 'imbé cillité . QUESTIONS MÉDICO- LÉGALES. 101 « Castellan ayant été arrêté sous l'inculpation de vaga bondage et de mendicité , le magistrat chargé de l'instruc tion a soulevé subsidiairement la question de savoir si, dans ses relations intimes avec la fille Hughes, le prévenu avait pu , par l' influence des manœuvresmagnétiques, abolir sa liberté morale au point que les relations prissent le caractère du viol. Il a donc requis les docteurs Auban et J. Roux d'examiner cette question au point de vue médico légal. » Ces deux médecins ont formulé leur opinion dans le rapport suivant : « Nous soussignés , Auban Camille , directeur du service de santé de la marine en retraite, et Roux (Jules), directeur dumêmeservice en exercice , docteurs en médecine, com mandeurs dela Légion d 'honneur, demeurant et domiciliés à Toulon ; « Sur la réquisition , en date du treize juin milhuit cent soixante-cinq, qui nous a été faite par M . Albert Germondy, par délégation , juge d 'instruction près le tribunal de pre mière instance à Toulon , à l'occasion de la procédure ins truite contre le nommé Castellan Timothée , âgé de 25 ans, né à la Garde- Freynet, ouvrier bouchonnier, inculpé de vagabondage et de mendicité ; « Laquelle réquisition est conçue dans les termes sui vants : « Castellan reconnait dans la procédure suivie contre lui qu' il a exercé une influence magnétique sur Joséphine Hughes. Quelle a été la conséquence de cette influence sur la liberté morale de cette jeune fille , dans ses relations avec l'inculpé ? Spécialement, Castellan , en plongeant Joséphine Hughes dans un sommeilmagnétique, se donnait- il le pou voir d 'avoir avec elle des relations intimes dont elle n 'eût pas conscience , au moment où elles s'accomplissaient ? Castellan pouvait-il, par son influence magnétique , réduire 102 VIOLS ET ATTENTATS A LA PUDEUR . Joséphine Hughes, même sans l'endormir, dans un état tel qu'elle n'eûtplus la libertémorale nécessaire pours'opposer aux relations intimes que Castellan avait avec elle ou pour y donner un consentement intelligent? » « Après avoir préalablement prêté serment, nous avons pris connaissance du dossier qui nous a été confié, dossier relatif à l'affaire Castellan Timothée . . « De cet examen il résulte qu'à défaut d 'observations personnelles,nous pouvons, sous toutes réserves cependant, résoudre les questions qui nous ont été soumises, d 'après les documents scientifiques et le seul fait authentique qui existe sur cette matière . « AvecMM. Tardieu , Devergie , Coste, directeur de l'École de médecine de Marseille, et Broquier, chirurgien de l'Hô tel- Dieu de cette même ville , qui tous ont exprimé leur opinion à l'occasion du fait mentionné ci- dessus, lequel a les plus grandes analogies avec celui qui est déféré à notre appréciation , nous pensons : a 1° Que, par lesmanoeuvres dites magnétiques, on peut exercer sur la volontéde toute personne exceptionnellement disposée par son temperament nerveux une influence telle que sa liberté morale soit pervertie, ou plusoumoins com plétement anéantie . « 2° Qu'en plongeant une jeune fille dans le sommeil ma gnétique , on peut avoir avec elle des relations intimes dont elle n 'ait pas conscience au momentoù elles s'accom plissent. - « 3º Qu'il est possible que par l'effetmagnétique, la sen sibilité soit assez émoussée et la volonté suffisammentanni hilée chez une jeune fille , pour qu'en dehors du sommeil magnétique complet, elle n 'ait plus la liberté morale néces saire pour s 'opposer à des relations intimes ou pour y don ner un consentement intelligent.» A la suite de ces faits , j'en citerai un qui m 'est personnel QUESTIONS MÉDICO- LÉGALES. 108 et pour lequel j'ai été appelé à donner mon avis sur la véra cité d 'une jeune fille de quinze ans et demi, quise plaignait d 'avoir été violée par un prétendu médecin -magnétiseur. Cette jeune file, très- forte , complétement formée , m 'avait offert la déchirure de l'hymen, l'élargissement de la vulve et tous les caractères d 'un defloration ancienne. Je laisse parler la plaignante ; « Le 3 juillet 1866, dans son cabinet , G ...mefit asseoir , et il commença par m 'électriser un peu , je vis alors qu'il faisait devant ma figure des signes qui res semblaient à des passes magnétiques , mais elles n 'eurent surmoi aucune influence ; et alors, avec les appareils élec triques ( l'un des aboutissants des courants se trouvait dans la main gauche de Carn , et l'autre avait été placé par G ..., dans son dos ), il m 'a donné de nouvelles décharges élec triques beaucoup plus fortes que celles reçues antérieure ment. Le résultatde cette nouvelle épreuve fut de mepara lyser absolument. Je ne pouvais plusremuer aucun membre, et il m ' était impossible de desserrer les dents , ni de pousser un cri. G ... alors s'estmis à genoux devantmoi, il m 'a prise par les jambes et m 'a tirée sur le bord du fauteuil:il a relevé mes jupons, écarté mes jambes , regardémes parties , puis il y a porté la main , et y a introduit un doigt; son doigt a péné tré de la longueur de la première phalange. Cette première introduction ne mefut pas très-douloureuse, mais il a alors déboutonné son pantalon , en a tiré son membre, qu'il a ap proché demes parties, et qu' il a fait pénétrer de la longueur d 'un demi- doigt ; il poussait directement; je souffrais hor riblement, sans pouvoir opposer de résistance, ni pousser aucun cri ; il s'est retiré volontairement, je suppose que c'est parce qu'il lisait sur mon visage les vives souffrances que j'éprouvais. » Après avoir recueilli ce témoignage , le magistrat éclairé , à qui était confiée l'instruction de l'affaire , me faisait l'hon neur de m ' adresser l'ordonnance suivante : isi , 104 VIOLS ET ATTENTATS A LA PUDEUR. « Attendu que cette partie de la déclaration de C ... soulève des questions scientifiques dont il importe d 'obtenir la solution d 'un homme de l'art compétent ; qu'il est né cessaire de déterminer : « 1° L'influence de l'électricité sur une jeune fille de l'âge et de la constitution de C ..., à l' effet de savoir si elle peut paralyser absolument les mouvements et empêcher la voix de se produire . « 2° L 'influence de l'électricité réunie au magnétisme, car C ... déclare que G ... lui a fait des passes magnétiques; sielle ajoute qu'elle n 'en a reçu aucune influence , cette influence n 'a - t - elle pas pu se produire à son insu ? Quel serait alors le résultat de l'électricité et du magnétisme ainsi combinés ? , ' « 3º La déclaration , en un mot, de la jeune C ... est- elle en accord ou en désaccord avec les données de la science ?» Ma réponse à ces questions ne pouvait être douteuse , et sans m 'étendre en commentaires inutiles, je formulai mes conclusions en ces termes : « 1° L ' électricité , de quelque manière qu'elle ait été appli quée sur'une jeune fille de l'âge et de la constitution de C ... et dans les circonstances où elle prétend y avoir été soumise, n 'a pu , dans aucun cas, produire les effets qu'elle dit avoir éprouvés niparalyser absolument les mouvements, ni em pêcher la voix de se produire. . « 2°La combinaison del'électricité et des prétendues passes magnétiques n 'a pu rien ajouter à ces effets , et aucune in fluence particulière n 'a pu en résulter qui se serait pro duite à l'insu de cette jeune fille . « 3º La déclaration de la jeune C ... est en désaccord for . mel avec les données les plus positives et les plus élémen taires de la science. » Dans d 'autres circonstances , le défaut de conscience ou de résistance de la femme résulte de sa faiblesse intellec QUESTIONS MÉDICO-LÉGALES. 105 tuelle; et c'est là un fait trop commun de voir de pauvres idio tes devenir victimes des brutalités des hommes qui les ap prochent, de ceuxmêmequidevraient les protéger . Dans ces cas, il appartient à l'expert de rechercher et de constater leur état mental, et cette recherche offre un double intérêt": en premier lieu , elle peut avoir une influence morale évi dente sur la situation de l'accusé en établissant que la vic time était incapable de résister par suite d 'une incon science absolue : et,de plus, elle doit servir à contrôler les déclarations dequelques- unes de ces pauvres femmes, qui, malgré leur imbécillité ,peuventnéanmoins raconter et faire comprendre les scènes de violence dont la vive impression est restée présente à leur esprit débile , et que leur mé moire parvient à reproduire. J'ai eu, il y a peu de temps , à visiter , à l'hospice de la Salpêtrière, une jeune fille imbé cile de seize ans environ, qui avait été en butte à un atten tat qui l'avait laissée sousle coup de la plus violente terreur, et dont elle savait fort bien indiquer l'auteur. Elle n 'avait recouvré le calme que loin du domicile paternel, et à l'abri de l'asile où elle avait été placée . Les déclarations précises, quoique bornées, de cette pauvre enfant, et les circonstances qui les avaient accompagnées, ne pouvaient laisser de doute sur la conscience fort exacte qu'elle avait de ces faits , et sur la sincérité de son récit. En thèse générale, il est permis d 'ajouter sur ce point que l'état d 'imbécillité, qui est com patible avec un certain degré d 'intelligence et une certaine fidélité de la mémoire, ne le serait pas avec le mensonge habile qu 'exige une fable accusatrice inventée dans des vues intéressées . Les mêmes réflexions peuvent s'appliquer aux violences commises sur des sourdes-muettes, chez lesquelles l'infir mité physique'entraîne une si cruelle débilité morale (1) . (1 ) Relation d 'une tentative de viol qui aurait été faite sur une sourde muette (Ann . d ' Hyg . et de Méd . lég . Paris , 1838 , t. XX . p . 94 ) . 106 VIOLS ET ATTENTATS A LĄ PUDEUR. 12° Une femme peut-elle concevoir par le viol ? - Il suffit actuellement de poser une semblable question pour la ré soudre ; mais il n 'en a pas toujours été ainsi, et il n 'est pas sans intérêt de noter que l'on a pu révoquer en doute la possibilité de la conception par le fait du viol, à une épo que où l'on admettait, pour que celle - ci eût lieu , la nécessité d 'une certaine participation active des sensde la femme. Il est bon d'ajouter que, pour beaucoup de personnes, cette question serait encore douteuse aujourd 'hui, et l'expert en doit être averti. 12. Un seul homme peut-il violer une femmequi résiste ? - On comprend , sans qu'il soit besoin d 'y insister, quelle portée morale peut avoir la solution d 'une question sembla ble , qui implique jusqu'à un certain point la preuve de l'in tention et de la volonté qu'a eue la femmederésister . Mais l'expert doit bien se garder de se placer à ce point de vue, qui dans aucun cas ne saurait être le sien . L'appréciation de certaines circonstances matérielles compatibles ou non avec l'accomplissement du viol, telles que la forme d 'un siége, la gêne des mouvements, appartient bien , jusqu'à un cer tain point du moins, à l'expert. Mais ce qu'il a à faire sur tout, c'est d 'apprécier le degré de force respective de la vic time et de l'inculpé, ou encore les conditions physiques dans lesquelles la première pouvait se trouver ; et par exem ple , la possibilité d 'une syncope ou de telle autre circons tance qui aurait pu paralysermomentanément la résistance de la femme. Et cela est très -important à faire connaître, puisque l'accusation pourrait, à défaut de renseignements précis , s'égarer sur plusieurs, quand elle aurait pu n 'at teindre qu'un seul. La question ne peut guère être soulevée , quand le crime a été commis sur une petite fille par un adulte qui la maîtrise aisément, mais seulement à l'occasion d 'un viol accompli sur une femme; aussi, dans tous les cas, QUESTIONS MÉDICO-LÉGALES. 107 on devra se borner à indiquer le possible , sans poser d 'une manière absolue de prétendues impossibilités. M . Louis Penard a cité un fait quisera reproduit plus loin et dont lesdétails effrayants sont bien propres à donner une idée de la gravité de la question qui nous occupe. 14 . Quelle est la nature de la maladie dont est affectée la vic time? - C 'est là une question de diagnostic que nous avons traitée assezlonguementpour n 'avoir pasà y revenir denou veau . Qu'il suffise de rappeler que le médecin expert aura à décrire avec un soin minutieux les lésions qui pourront exis ter sur les organes génitaux et sur les autres parties du corps, et à déterminer de la manière la plus précise si la femme ou l'enfant, soumise à son examen , est atteinte d 'une inflammation simple ou d 'une maladie compliquée, en fai sant connaître exactement quelle est la nature de celle - ci. Jemecontenterai de faire remarquer que le motdemaladie vénérienne, ou mal vėnėrien pourra être employé d'unema nière générique pour désigner toute affection communiquée par un contact impur, mais qu'il faudra, avec soin , faire comprendre la différence d 'origine,de nature et de gravité, qui existe entre la syphilis ou la vérole caractérisée, et une affection virulente , non syphilitique, comme la blennor rhagie ou chaude-pisse , 15° A quelle époque cette maladie peut- elle remonter ? - Cette question est une des plus graves que l'on puisse être appelé à résoudre ; car, en précisant l' époque du crime, elle dirige l'accusation sur tel ou tel individu . Or ce n 'est pas trop de toute la science et de toute la sagacité de l'expert pour arriver à une notion exacte ou du moins à une ap proximation suffisante sur ce point. Je ne reviendrai pas sur ce quitouche aux caractères de l'inflammation simple , mais , pour ce qui est des maladies 108 VIOLS ET ATTENTATS A LA PUDEUR . communiquées, telles que l'écoulement blennorrhagique et la syphilis, il est certains détails qui méritent de fixer l'attention . La marche de la blennorrhagie aiguë est bien connue, et d 'après l'état du inéat urinaire, la turgescence , la rougeur et la sensibilité des parties , d 'après les caractères de l' écou lement, on peut dire si lemal remonte à quelques jours ou à quelques semaines ; en tenant compte de la durée de l'in cubation , si courte parfois chez les petites filles, plus pro longée, au contraire , chez la femme adulte, on peut arriver à déterminer la date , sinon précise, dumoins très -proba ble du crime. Mais il arrive souventque l'examen de l'expert n ’a lieu que tardivement, à une époque où l'écoulement a pu dis paraître, soit sous l'influence d 'un traitement, soit spontané ment : il devra , dans ce cas, insister sur cette circonstance, et expliquer la signification du résultat négatif de la visite. Il n 'est pas rare non plus de voir en Cour d 'assises deux médecins appelés, l'un au commencement, l'autre à la fin de l'instruction , émettre des avis en apparence contradictoires, celui- ci ayant reconnu un écoulement dont l'autre n 'a pas trouvé trace. L 'intervalle de temps qui s'est écoulé entre les deux visites rendra compte de cette divergence apparente . Dans un autre cas, un médecin appelé le premier ou le se cond jour de l'attentat n 'aura pas rencontré d 'inflammation ou d 'écoulement, tandis que, quelques jours plus tard , ces symptômes auront été manifestement constatés . Le déve loppement plusou moins tardif du mal explique ces contra dictions qu 'il appartient à l'expert d 'éclaircir . . Pour la syphilis , il importe essentiellement de ne pas seulement constater son existence et ses caractères, mais encore sa forme et la phase de son évolution à laquelle elle est parvenue. En effet, c'est une grave erreur de croire, comme l'a dit M . Devergie , que l'on ne peut avoir à cons QUESTIONS MÉDICO -LÉGALES. 109 tater que des faits de syphilis primitive . L 'expérience de chaque jour dément cette assertion beaucoup trop étroite. On peut avoir à reconnaitre l'affection syphilitique, à tou tes ses périodes, car l'accusation et surtout l'examen de l'expertnesuivent pastoujours immédiatement l'accomplis sement de l'acte criminel. Mais cette évolution de la syphi lis est généralement assez régulière pour qu'il soit permis de se prononcer non plus sur le jour, mais au moins sur l' époque présumée du crime. 18° Cette maladie peut- elle avoir été communiquée par le simple contact ? Nous avons cité un bon nombre de cas dans lesquels une maladie s'était déclarée à la suite d 'un at tentat non consommé, d'une tentative de viol non suivie de défloration ; c'est dire que le plus simple contact opéré sur les parties sexuelles peut suffire pour communiquer une maladie de la nature dont il s'agit , aussi bien un écoule ment blennorrhagique qu'un chancre. C'est là une remar que vulgaire,mais qu'il faut se garder d 'omettre, car elle a une grande importance dans la pratique, et trouve son application dans une foule de cas particuliers. Un demes plus distingués confrères, M . le docteur Billau deau , de Soissons,mefaisait l'honneur il y a quelques mois à peine de me communiquer un fait très - intéressant qui se rapporte à cette question et qui en fait bien voir la portée. « Un individu , ouvrier couvreur, avait la nourriture et le logement chez son patron . Les lits n 'étaient pas nombreux, et l'on fit coucher l'ouvrier avec deux enfants , un garçon de 9 ans et une fille de 14 ans. Au mois de novembre der nier la petite fille entrait à l'Hôtel- Dieu de Soissons atteinte de plaques muqueuses autour des grandes lèvres et près de l'anus. Je l'ai examinée , elle était déflorée. Je n 'ai constaté nulle cicatrice de chancre. L 'inculpé que j'ai visité portait 110 VIOLS ET ATTENTATS A LA PUDEUR . des chancres à la verge, des plaques muqueuses en très. grand nombre dans le voisinage de la verge et des testi cules, et de l'ecthyma en pleine suppuration sur le ventre, la poitrine et le dos. « Voici en deuxmots le systèmede défense de l'inculpé : « Il faisait froid , cette petite se blottissait dans mes jambes « et il a pu se faire que par suite d' un contact involontaire « un peu de pus provenant de mes boutons vénériens fût a tombé sur sa vulve . » Toute grossière que soit cette ex plication il pourrait arriver que l'avocat me posât cette question : du pus de chancre ou de tout autre bouton syphi litique peut- il, étant déposé sur la muqueuse d 'une vulve , produire des accidents syphilitiques ? Si le fait de la déflo ration n 'était pas là pour infliger un démenti à ce dire , je ne sais pas trop si cette explication ne pourrait pas être adrnise. « Un autre point est douteux pourmoi. La plaque mu queuse est - elle un accident primitif de la vérole, ou un accident secondaire ? Il en est qui nient qu'il soit primitif. S 'il est secondaire il a succédé à un chancre ; or chez ma jeune fille il n 'y a pas trace de chancre . « Un autre point encore douteux : un chancre peut- il naitre et suivre ses phases sans laisser de traces après lui ? » M . le docteur Billaudeau me posait en terminant les ques tions suivantes : « 1° Le suintementd 'une plaquemuqueuse peut- il , par un sinple contact, produire des plaquessemblables sur la mu queuse de la vulve ? « 2° Le pus d'un chancre peut- il ,dans les mêmes condi tions, produire des plaques muqueuses sans que ces plaques aient été précédées de chancres ? « 30 Un chancre peut-il avoir existé et avoir disparu sans laisser de cicatrice apparente ? QUESTIONS MÉDICO-LÉGALES, 111 « 4° Quel temps s'écoule ordinairement entre le moment de la formation d 'un chancre et celui de sa transformation en plaque muqueuse ? » Je me suis empressé de répondre dans le sens de la pro position que j'ai émise au début de ce paragraphe. J'ai ajouté qu 'un chancre pouvait avoir disparu sans laisser de cicatrice apparente et que chez une petite fille surtout la transformation du chancre en plaque muqueuse pouvait s'opérer en un espace de temps très- court, quinze à vingt jours dans certains cas. 19. Est-elle de même nature chez la victime et chez l'ins culpé? - En demandant si l'affection constatée chez la vic time de l'attentat ou du viol est de même nature que celle quiexiste chez l'inculpe, le magistrat instructeur a pour but d 'établir un lien matériel plus étroit entre l'une et l'autre, et l'on comprend toute la portée et toute la gravité de la ré ponse . Aussi ne doit -on pas entendre seulement par la na ture de l'affection l'espèce morbide, le nom de la maladie, blennorrhagie on syphilis. . . . . Il faut, s'il s'agit d 'un écoulement, considérer tous les ca ractères qui peuvent servir à fixer l'époque à laquelle re monte l'écoulement, et surtout celle à laquelle il pouvait être considéré comme communicable. Et alors on pourra conclure, non pas à l'identité absolue et à la communauté nécessaire d 'origine des deux affections, mais à l'analogie plus oumoins complète, et à la possibilité, à la probabilité mêmede la contagion . Il en sera demêmepour la syphilis, dont on étudiera et dont on rapprochera chez l'un et chez l'autre individu le siége , la forme et la période d ' évolution . Il convient d 'in sister sur la considération du siége, quipeut fournir un si gne décisif, soit pouradmettre, soit pour repousser l'origine commune des deux maladies observées, suivant, par exem 112 VIOLS ET ATTENTATS A LA PUDEUR. ple, qu'un chancre chez l'inculpé existe à droite ou à gau che, de manière à correspondre on non avec la lésion ob servée sur la femme. Enfin des affections d 'une autre nature, telles que des végétations, des parasites, pourront, par leur seule présence, éveiller de justes soupçons de rapprochement. Il faudra pourtant toujours subordonner ceux - ci à la possibilité d 'une simple coïncidence , dont il appartiendra à d'autres qu'à l'expert d 'apprécier le plus ou moins de vraisemblance et de probabilité. 14° Les organes de l'inculpé se rapportent-ils à ceux de la victime? — Cette question , qui repose sur une appréciation fort délicate, souvent impossible , et dont la solution sem blerait d 'ailleurs ne devoir conduire , le plus souvent, qu'à un résultat secondaire, est cependant loin d ' être sans im portance ; il convient seulement de bien préciser à quel pointde vue elle peut intéresser la justice et par conséquent la médecine légale. Si l'on peutmesurer assez exactement les dimensions ou au moins la facilité d 'accès que peuvent offrir les parties sexuelles de la femme, il s'en faut de beaucoup que cela soit aussi facile chez l'homme dont le pénis présente en dehors de l'érection et sous cet état des différences souvent considérables et tout à fait imprévues . Mais en outre, et à moins que la disproportion entre le volume du membre viril et l' étroitesse du vagin ne soit très-marquée, comme il arrive entre un adulte et une petite fille, il faudra se défier beaucoup de ces prétendues difficultés qui ne sont fondées que sur des comparaisons vagues et illusoires. Les cas dans lesquels , au contraire , l'homme paraîtrait trop grêle pour avoir produit des désordres constatés chez une femme, mériteraient moins de confiance encore ; car c'estmoins le volume de l'organe que la violence avec laquelle a lieu QUESTIONS MÉDICO-LÉGALES. 13 l'intromission et la résistance qu'on lui oppose, qui déter minent les lésions dont s'accompagne le plus souvent la defloration. Aussi me garderai-je bien de donner comme un modèle le fait souvent cité de Zacchias , se vantant d'avoir soustrait à une accusation de viol un individu dont la gracilité , comparée aux dimensions et à la laxité des parties sexuelles de la prétendue victime, excluait toute idée de violence. Ce n 'estpas surdes signes aussi trompeurs qu'un expert éclairé devrait aujourd'hui fonder son jugement. Mais il est un autre point de vue auquel la question prend une gravité très-réelle et où la médecine légale peut apporter des lumières tout à fait inattendues et qui ne pa raissent pas avoir été soupçonnées. Je n ' en avais pas parlé moi-mêmedans les premières éditions de cette étude. Il y a des cas où la consommation du viol, c'est -à - dire la défloration , la déchirure complète de l'hymen chez des pe tites filles n 'a été possible qu 'en raison des dimensions fort peu développées et de la gracilité toute particulière de l'or gane sexuel de l'individu qui s'est rendu coupable du crime. L ' examen de l'accusé devient vraiment capital en pareille circonstance . Tantôt il s'agira d 'un adulte dont la confor mation exceptionnelle aura permis l'intromission complète dans les parties d 'unepetite fille, tantôt ce sera un très -jeune garçon qu 'une précocité regrettable aura rendu coupable d 'un viol sur une enfant de son âge, et, dans ce cas, la con formité de la taille permet un rapprochement en quelque sorte naturel. Ce ne sont pas là , du reste , de simples hypo thèses, mais des réalités dont les exemples viennent de se montrer tout récemment à nous. Une petite fille de six ans etdemi, dont le développement n 'avait rien d 'extraordinaire , avait été complétement déflo rée ; et malgré l'étroitesse des parties, l'intromission avait eu lieu manifestement. Or le crime était imputé par elle à un jeune hommede dix - huit ans qui, examiné parmoi,me TARDIEU, 6e ÉDITION . 116 VIOLS ET ATTENTATS A LA PI DEUR . frappa par l'excessive gracilité dumembre viril qui, quoique bien conformé et nullement suspect d 'impuissance , n 'avait guère plusde volume que le pénis d 'un garçon d 'une dou zaine d 'années. On ne peut nier que le simple rapproche ment de ces deux particularités, défloration complète d 'une petite fille, accommodation des organes de l' inculpé à ceux de l'enfant, ne prenne uneimportance considérable . Dans deux autres cas , je viens de voir, chez une petite fille de quatre ans et demi, une déchirure de l'hymen pro duite avec violence par un jeune garçon de douze ans; et, un peu plus tard , une fille de onze ans déflorée par un petit garçon de dix ans et demi.Ce dernier fait mérite d' être rap porté avec quelques détails. La petite fille , âgée, ainsi que je l'ai dit, de onze ans seulement, n 'est pas formée. Lamem brane hymen est entièrement déchirée de haut en bas; ses lambeaux sont flottants et offrent les caractères de plaie récente , qui résultent d 'un acte violent qui a certainement entraîné une effusion de sang. Quant à l'auteur de cette vio lence, c'était un garçon de dix ans, petit , vif, très-intelli gent, dans les regards duquel se lisait la preuve de ses dispositions précoces. Le pénis, sans rien d 'excessif, était facilement turgescent ; le gland surtout, que découvrait sans peine le prépuce ; le méat urinaire présentait une vive rougeur ; lestesticules, assez volumineux, étaient descendus dans les bourses. Il n 'y avait d'ailleurs nul vice de confora mation , nulle maladie. Après de semblables exemples , il m 'est impossible de partager l'opinion de Casper, qui déc . clare , d'unemanière absolue, qu 'un petit garçon de huit ans ne peut pas accomplir un acte sexuel complet. Si l'on en pouvait douter , j'ajouterais que j'ai vu un enfant de six ans. qui, servant d 'instrument aux honteux amusements d 'un mauvais sujet, avait été rapproché d 'une petite fille de son âge, et guidé, il est vrai, par la main d 'un autre , avait pu procéder à une intromission complète . Il faut donc admettre QUESTIONS MÉDICO-LÉGALES. 115 ces faits et y voir un motif d'examiner , avec plus de soin encore, la question que nous venons d 'agiter . 190 Est - ce une opinion accréditée que les maladies venérien nes peuvent guérir par le fait d 'un rapprochement sexuel avec une petite fille ? - Il est triste d 'avoir à répondre à une ques tion pareille ; mais elle m 'a été posée tant de fois à moi même en cour d 'assises, et j'ai acquis la certitude qu'un si grand nombre d'attentats commis sur de petites filles n 'ont pas d 'autre cause , qu 'il n 'est pas permis de la dé daigner, malgré le mépris qu'elle mérite . M . Toulmouche estle seulmédecin légiste à qui son importance pratique n 'ait pas échappé. M . Battel, dans l'article plein d 'intérêt qu'il a ajouté à la dernière édition de l'ouvrage de Parent-Ducha telet (1), a mentionné commeune des sources des maladies qui conduisent tant de petites filles à l'hôpital Lourcine, « l'exécrable préjugé malheureusement trop répandu dans la classe populaire, qui se persuade que les approches d 'une petite fille en bas âge ont pour effet de guérir de la syphilis l'individu qui en est atteint. » Il n ' est que trop vrai, en effet , que beaucoup d'hommes, dont la condition même semble rait devoir repousser de si honteux préjugés, ontla pensée que des maladies vénériennes, et notamment des écoule ments rebelles, cèdent au contact de la virginité d'une pe tite fille.Lemédecin , en flétrissant une erreur si inconceva ble et si funeste, ne peut laisser ignorer à la justice qu' elle existe , et que la dépravation et l'ignorance l'entretiennent encore dans les classes inférieures. 30° Un homme peut- Il pendant son sommeil et sans en avoir conscience s'æpprocher d 'une femme avec laquelle il est cou . ché ? - Les cas qui peuvent donner naissance à une sembla (1) Parent-Duchâtelet, De la prostitution dans la ville de Paris, 3e edit . Paris, 1857, t. II, p . 49. 116 VIOLS ET ATTENTATS A LA PUDECR . ble question sont sansdoute fort rares. Mais ils se présentent cependantparsuite decettedéplorable promiscuité que la mi sère n ’excuse pas, et qui réunit trop souvent dans le même lit, et sans distinction de sexe , les pères avec les filles, les frères avec les soeurs. J' en ai pour ma part rencontré plus d 'un exemple ; le plus récent et le plus remarquable est celui d 'une jeune fille de quatorze ans et demi qui couchait habituellement avec ses deux frères âgés l'un de treize , et l'autre de seize ans, et qui unenuit futréveillée parla douleur que lui causaient des tentatives impudiques de l'aîné. Ce jeune garçon , pour toute excuse, invoquait le sommeil dans lequel il était plongé, et l'excitation involontaire qui, dans un songe, avait pu le rapprocher de sa soeur. Je serais fort tenté de rejeter à priori, et d 'une manière absolue, une pareille allégation , quinesera le plus souvent qu 'un grossier mensonge. Mais je me rappelle le fait d 'un semblable rapprochement de deux époux, dont le témoi gnage ne pouvait m 'être suspect , accompli pendant le sommeil, et assez complétement pour avoir été suivi d 'une grossesse. Et je suis forcé d 'admettre qu'il n 'est peut- être pas impossible que les conditions d 'excuse , invoquées plus haut, puissent être quelquefois justifiées. Il convient toutefois de faire une distinction qui permet tra, dans le plus grand nombre des cas , de réduire à leur juste valeur les prétentionsde l'inculpé quimettrait en avant l’explication dont il s'agit. C 'est que, si pendant le sommeil on peut comprendre la possibilité d'un contactplus ou moins intime ou d 'attouchements involontaires , il ne saurait en ètre ainsidela défloration , qui exigera toujours trop d'efforts pour être attribuée à un homme endormi, et, à plus forte raison, d 'autres violences dont les traces s'inscriront comme autant de preuves décisives contre les fausses assertions des prétendus dormeurs. · QUESTIONS MÉDICO -LÉGALES. 117 21° L ' inculpé présente- t-it dans sa conformation physique quelques signes particuliers qui puissent le faire recon . naitre ? - J'ai déjà dit, en parlant de l'examen que l'expert pouvait être appelé à faire subir à l'inculpé, qu'il y avait lieu de contrôler parfois les déclarations des petites filles ou des plaignantes touchant certains indices particuliers qui pou vaient servir à faire reconnaître le coupable ; et je signalais notamment la présence de cicatrices, de signes cachés dans les parties sexuelles. L 'expert ne devra ,rien négliger pour qu 'une exploration complète le mette à même de constater directement l'existence et la nature de ces signes physiques. On comprend, en effet, qu 'en raison de leur siége et de leur forme spéciale , des taches ou des cicatrices , ou toute autre particularité que l'on retrouverait sur les organes gé nitaux d 'un individu , ne pourraient avoir été imaginées , surtoutpar de petites filles , et révéleraient au moins de la part de l'inculpé des maneuvres obscènes. Il importerait , d 'un autre côté, de vérifier l'exactitude de la description donnée par les plaignantes . 28. L 'inculpé présente- t-il dans sa conformation pbysique quelque disposition particulière qui s 'oppose à des rapports sexuels ? — Nous n 'avons également qu'à rappeler ici ce que nous avons dit des prétentions d'un grand nombre d' incul pés qui allèguent, soit leur âge, soit quelque infirmité , pour se défendre d 'actes qui, suivant eux, exigentdes passions, un âge et des forces qui leur manquent. · Des hernies plus ou moins volumineuses, un hypospadias, des maladies vénériennes anciennes, ne peuvent à aucun titre, il est à peine besoin de le dire, s'opposer à des rapports sexuels. Mais, d 'ailleurs , là n 'est pas la question ; il ne s'a git pas de rechercher le plus ou moins de réalité et de fa cilité de rapports sexuels réguliers, mais , dans un grand nombre de cas, la seule possibilité d 'attouchements et de 118 VIOLS ET ATTESTATS A LA PUDEUR . manæuvres obscènes auxquels l'impuissance la plus carac térisée ne peut faire obstacle . Nous avons vu un très-grand nombre d 'accusations d 'attentats à la pudeur atteindre des vieillards presque octogénaires, et quelques- uns dansla dé crépitude la plus avancée. Seulement il faut tenir compte du degré de vigueur et de la conformation de l'inculpé, pour apprécier autant que possible s'ils sont en rapport avec la nature et l'étendue des désordres constatés chez la vic time. Mais, je le répète , on ne saurait trop se défier des allé gations intéressées des accusés, car c'est en pareille matière surtout que l'on peut dire qu'il n 'est rien d 'impossible , mème de ce que l'on peut le moins concevoir . 23« Quelle estla nature des taches trouvées sur les vêtements de la victime et de l'inculpe? - J'arrive à l'une des questions les plus importantes et les plus fréquemment soumises à l'expert dans les cas d 'attentats à la pudeur et de viol. On peut ajouter que, si elle neprésente pas en général de gran. des difficultés , elle exige toujours des opérations délicates, qui réclament toute l'attention du médecin ou du chimiste auquel elles sont confiées. Ces taches, que l'on rencontre le plus souvent sur les vê, tements des femmes et des petites filles , mais qui peuvent ètre également recherchées sur des inculpés , sont formées soit par du sang, soit par la matière d'un écoulement, soit enfin par le sperme. Je ne prétends pas exposer ici d 'une manière dogmatique tous les moyens de reconnaître les di- ; verses espèces de tachesformées par ces différentes humeurs, je m ' en tiendrai aux notions spéciales les plus simples et les plus pratiques sur ce sujet. Lamanière de procéder à l'examen des taches comprend l'examen extérieur, c'est- à - dire le siége, la forme, la con sistance, la couleur dela portion tachée , et l'étudede la com position du liquide qui a fourni la tache. La description doit QUESTIONS MÉDICU-LÉGALES. 119 être exacte, minutieuse , complète ; l'analyse exige que l'on soumette la partie contaminée , préalablement détachée, à certaines opérations, que je ne décrirai en détail que pour les tachesde sperme, seul point qui se rattache directement à l'objet spécial de cette étude. Une remarque préliminaire qu'il est utile de faire, c'est que très- souvent les souillures qui existent sur les chemises , des petites filles surtout, sont extrêmement complexes ,et que l'on doit chercher à dé mêler la nature des taches formées par le sang, le pus ou le sperme, au milieu de celles qui résultent de la malpropreté , etnotammentdes taches formées par des matières fécales. Il est à peine nécessaire d'ajouter que, pour arriver à ce ré sultat , ilne faut jamais se contenter de la simple inspec tion , et que, sans tomber dans l'erreurdont parle Caper ,des prendre pour des taches de sang de la marmelade de pru nes , et pour du sperme des taches de graisse, l'expert ne manquer ait pas de se tromper souvent s'il s'en tenait au témoignage de ses yeux. Les taches de sang, dont les caractères physiques, chi miques et microscopiques , ne sauraient trouver place ici, offrent cependant certaines particularités importantes dans le cas de viol et d 'attentat à la pudeur. Elles peuvent provenir d 'une déchirure comme celle qui constitue la défloration , et qui aura donné lieu à une petite hémorrhagie, dont le sang aura jailli sur les vêtements de la femme, ou sur ceux de l'inculpé à l'intérieur du pantalon ou sur la chemise , et formera soit de petites gouttelėttes iso lées , soit uneou plusieurs taches uniformes et plus ou moins étendues ; d 'autres fois elles résulteront d 'un froissement rude , d 'une excoriation plus ou moins profondé, et offriront les caractères d 'une tache faite par un essuiement d 'une surface ensanglantée ; dans tous les cas, les taches de sang, quelles que soient leur origine ou leur forme, n 'affectent pas chez la femme victime de violences , de siége déter 120 VIOLS ET ATTENTATS A LA PUDER. miné par telle ou telle partie de la chemise ; et, ainsi que nous l'avons fait remarquer déjà , il est tout à fait inexact de dire que les taches de sang occupent le plus or dinairement le derrière de la chemise . . Il est bon de mettre en garde contre une erreur d 'ail leurs très - facile à éviter, et qui résulterait de la présence, sur les vêtements de la femme, detaches forméespar le sang menstruel ; mais , outre que ces dernières occupent une surface beaucoup plus étendue, elles n 'ont jamais la netteté de contour et la coloration franchedes taches beaucoup plus petites qui résultent de la lésion des parties génitales par les violences criminelles. De plus l' examen microscopique montre dansle sang des règles desdifférences très-marquées. Les globules plus pâles sont toujoursmélangés de larges cellules épithéliales pavimenteuses (pl. III, fig . 1). Les taches de matière mucoso - purulente, provenant des écoulements de diverse nature dont peuvent être atteintes les petites filles victimes d 'attentat à la pudeur, peuvent être aisément distinguées de celles qui sont formées par le sperme; mais c'est en vain que l'on a cherché un caractère qui permit de découvrir quelque différence caractéristique entre le mucus purulent provenant de l'inflammation et la matière virulente de la blennorrhagie ,non plus que l'origine de l'humeur qui forme les taches, suivant qu'elles provien nent de la femmeou de l'homme. Uninstant, l'un des méde cinsles plusdistingués , et des premiers quise soientappliqués aux recherchesmicroscopiques, M . le docteur Donné, l'ha bile recteur de l'Académie deMontpellier, avait cru pouvoir reconnaître la nature de l'écoulement blennorrhagique par la présenced'un infusoire , qu 'il désignait sous le nom de Tri chomonas vaginale (1 ). Mais il est constant aujourd 'hui que (1 ) Donné, Cours demicroscopie . Analomiemicrossopique et physiologie des fluides de l' économie. Paris, 1844, p . 157. QUESTIONS MEDICO-LÉGALES. 121 cet animal microscopique peut prendre naissance dans les humeurs qu' engendrent les inflammations les plus di verses. Considérées en elles-mêmes, ces taches provenant d 'un écoulement vaginal se présentent en très grand nombre, larges, épaisses, superposées les unes aux autres , et recou vrant parfois tout le pan de la chemise d 'une enfant. Elles sont de couleur jaune plus ou moins foncée , verdâtres et souvent légèrement teintes de sang. Examinées aumicros cope, par les mêmes procédés qui vont être décrits pour les taches de sperme, elles offrent les caractères des écoule ments vaginaux , c'est-à dire des masses amorphes, dumu cus, des granulations moléculaires ou des globules demuco pus,un grand nombre de cellules d'épithélium pavimenteux isolées ou plus souvent imbriquées (pl. III , fig . 2 ). Les taches de sperme, dont la constatation, au point de vue des accusationsde viol et d 'attentat à la pudeur, présente une importance capitale, peuvent être reconnues par des procédés certains, d 'une exécution simple et facile, et dont toutmédecin peut se rendre aisément capable . Ce ne sont pas seulementdes taches récentes que l'on peut ainsi décou vrir et caractériser. On doit à H . Bayard (1 ) la démonstra tion de ce fait, que l'on peut, après un temps très- long, re trouver sur du linge, taché par la liqueur séminale, le caractère essentiel du sperme, c'est- à -dire la présence des spermatozoïdes. Seulement le procédé indiqué par Bayard doit faire place à unmode opératoire beaucoup plus simple et beaucoup plus sùr, que j'indiquerai. Le siége des taches spermatiques est essentiellement va riable, et n 'affecte nullementde préférence,malgré l'asser tion de M . Devergie, le devant de la chemise . · Leurs caractères extérieurs sont bien connus, et il suffit - (1) Voyez Ann. d'hyg . et de méd . lég ., 1839 , t. XXII, p. 134 . 1: 2 VIOLS ET ATTENTATS A LA PUDEUR . de rappeler la coloration grisâtre , quelquefois presque blanche ou d 'un jaune citron , les contours irréguliers, mais nettementaccusés, et la consistance plus ou moins fortement empesée. Lesmoyens de reconnaître la nature des taches de sperme ont été longtemps insuffisants , soit qu'ils consistassent à dé velopper par la chaleur l'odeur dite spermatique qui n 'ap partient pas exclusivement à la liqueur séminale , soit qu'à l'aide des réactions chimiques on constatât la nature animale ole l'humeur d 'où provenaient les taches, en détruisant pré cisément le signe propre à distinguer le sperme. L 'examen microscopique seul permet de retrouver le ca ractère essentiel absolu qui permet d 'affirmer la nature des taches formées par le sperme, c'est-à - dire la présence des spermatozoïdes ; caractère sans lequel l'expert ne devra. (lans aucun cas conclure,malgré les indices en apparence les plus certains. Rien n 'est plus simple d 'ailleurs que de se fa miliariser avec la configuration des spermatozoïdes , qui représentent une tête ovoïde surmontant une queue longue et amincie ; forme bien connue de cet élément anatomique analogue aux cils vibratiles, et qui constitue l'ovule mâle . Il n 'est sans doute pas nécessaire d 'ajouter que l'on ne trouve dans les taches que des spermazotoïdes dépourvus de mou vements, ceux- ci disparaissant au boutde deux heures envi ron lorsque le sperme se dessèche, et parfois mènealtérés et en partie détruits . Je ne dirai que quelques mois du procédéde Bayard , qui a l'inconvénient d 'être compliqué et difficile , sans donner des résultats toujours certains et parfaits. Il en décrivait ainsi lui-même les opérations multipliées : 40 couperavec des ciseaux et enlever avec précaution une partie des taches sans froisser nidéchirer le tissu ; 2° le placer dans un tube ou dans un verre , l'arroser d 'eau distillée chaude dans la quelle on le laisse macérer pendantplusieurs heures ; 3° fil QUESTIONS MÉDICO -LÉGALES . 123 trer le liquide,mettre le tissu taché dans une capsule de porcelaine, et l'humecter d 'eau distillée ; chauffer à la flamme d 'une lampe à alcool sans dépasser la température de 80 de grés ; verser ce liquide sur le filtre qui a déjà servi; kº si le linge tachéne s'est pas entièrement décoloré, si la matière gluante y adhère encore, on le place dans de l'eau éthérée ou ammoniacée (proportion de 4 /16 ), et après macération on jette ce liquide sur le filtre ; jo enfin , après avoir laissé égoutter le filtre , on le coupe à sa partie inferieure à deux centimètres de son extrémité. On le renverse sur une lame de verre, et on humecte la surface du papier avec de l'eau éthérée ou ammoniacée qui dissout les matières grasses ou le mucus; on détache du filtre tout ce qui y adhérait et on l'ap . plique sur la lamede verre. On la recouvre d 'une seconde lame, et, par l'examen microscopiqueavec un grossissement de 300 diamètres, on voit les animalcules. Mais, outre la multiplicité et la délicatesse des opérations, il y avait dans ce procédé de Bayard un grave défaut, qui consistait dans la manière dont la tache était traitée et dans l'emploi de la chaleur, qui exposaient très-fréquemment à troubler la liqueur séminale et à détruire les spermato zoïdes. . Je n 'indiquerai pas les divers procédés imaginés notam ment en Allemagne, et pour lesquels je renvoie à l'excel lente monographie du docteur H . Gosse, de Genève (1 ). La méthode que je conseille, et qui est de beaucoup supé rieure, est celle que mon savant collègue, M . le professeur C . Robin ( 2), a généralisée pour l'examen des taches de toute nature, et qui a l'immense avantage de leur restituer leurs caractères primitifs sans altérer la substance qui les compose ; de telle sorte qu'il suffit d 'en soumettre une par (1) Gosse, Des taches au point de vue médico -légal. Thèse de Paris, 1863, no 101, p . 19 . (2 ) Robin , Annales l'hygiène, 1857, 1. VII, p . 350 . 121 VIOLS ET ATTENTATS A LA PUDEUR. celle à l'examen microscopique, commes' il s'agissait d 'une tache toute fraîche .Le tissu étant découpé de manière à dé passer un peu la portion tachée, on fait tremper dans l'eau distillée ou dans une solution faiblement alcaline, à la température ordinaire , l' extrémité non tachée. Le tissu s'imbibe alors par capillarité , et la tache elle -même, à mesure que l'eau la pénètre , et après un temps qui varie de trois à six ou douze heures, se gonfle, se boursoufle , se reconstitue en quelque sorte, et l'on n 'a plus qu'à enlever avec la pointe d 'un scalpel une petite partie de la matière déposée sur le linge, quel'on place surunelamedeverre pour l'examen microscopique.On reconnaît alorsavecune extrême facilité les spermatozoïdes la plupart intacts, quelques - uns brisés. Ces élémentsmicroscopiques sontparfois agglomérés dans une masse amorphe. Ils se présentent le plus souvent mêlésà des granulations graisseuses, à des globules demu cus granuleux, et enfin à des cristaux prismatiques à base rhomboïdale de phosphate demagn ésie (pl. III, fig . 3). Tel est le procédé très - simple, très-pratique et très -sûr, qui, dispensant de tous les autres , permettra toujours de constater et de démontrer la véritable nature des taches de sperme que l'expert a si souvent à examiner dans les cas de viol et d 'attentats à la pudeur. Casper a présenté sur ce sujet des observations que nous devons résumer ici et qui sont de nature à être prises en considération dans certains cas, d 'ailleurs peu nombreux. Outre les différences de couleur, de consistance , que l'âge, la constitution , l'état de santé ou de maladie imprime aux taches de sperme, tantôt grises, tantôt jaune citron , tantôt épaisses, tantôt séreuses, qui sont dès long temps connues, Casper a insisté sur la disparition passagère et sur les variations de quantité et même d 'existence des spermatozoïdes chez un même individu, sous l'influence de causesdiverses et notamment d 'excès vénériens, ce qui con QUESTIONS MÉDICO-LÉGALES. 1. 5 duit le médecin légiste à conclure que les taches proviennent certainement du sperme lorsque le « inicroscope montre « qu'elles contiennent des spermatozoaires, mais que l'al « sence des spermatozoaires ne peut pas prouver que crs « taches ne proviennent pas du sperme. » Ces données négatives, bien que non sans valeur, ne doiventpas, toute fois, faire perdre de vue l'importance des caractères positifs que nous venons d 'exposer longuement. 24. L 'attentat ou le viol sont-ils simulés? – Rien n 'est plus commun que de voir, surtout dans les grandes villes , des plaintes en attentat à la pudeur uniquement dictées par des calculs intéressés et de coupables spéculations. Taylor ne dis simule pas combien de pareils faits sont fréquents en Angle terre . Des parents ne craignent pas de faire la lecon à de jeunes enfants ; quelques- uns vont jusqu'à déterminer sur leurs organes des excoriations ou des ecchymoses destinées à simuler les traces de violences sur lesquelles se fondent leurs accusations mensongères. H . Bayard en a cité un exemple (1) tout à fait caractéristique, et j'en ai rencontré plusieurs. J'ai vu présenter à la justice des chemises, des drapsde lit maculés à dessein de sang, de sperme et de ma tière provenant d 'un écoulement. Une des premières opérations de médecine légale qui m 'aient été confiées,et dans laquelle j'assistais Ollivier ( d ’An gers ), avait pour objet une affaire de ce genre. Des parents se plaignaient hautement de ce que leur petite fille , àgée de six ans, avait contracté une blennorrhagie qui lui avait été communiquée par un individu dont elle avait été victime. Et, tandis que nous trouvions la petite fille parfaitement saine, c' est chez ses parents que nous constations au plus haut degré l'affection contagieuse dont ils avaient simulé (1) H . Bayard, Mémoire sur les maladies simulées. Altentat à la pudeur simulé (Ann . d 'hyg. et de méd . lég ., Paris , 1847 , t. XXXVIII, p . 218 ) . 126 VIOLS ET ATTENTATS A LA PUDECH . l'existence chez leur propre enfant. Dans le fait de Bayard , il s'agissait d 'une imputation de viol commis sur une petite fille de trois ans, chez laquelle on ne trouvait que des exco riations provoquées et des taches de sang simulées. Mais les choses peuvent offrir un caractère plus déplora ble encore. Le docteur Merland (de Napoléon - Vendée) a publié (1) un cas de simulation des plus étranges dans lequel on a vu une fille hystérique se dire victime des plus odieux attentats et s'introduire elle -même dans les parties sexuelles et dans le rectum des morceaux de fer et d 'autres corps étrangers pour faire croire à des violences dont elle accusait deux frères traduits successivement devant trois ju ridictions, et qui n 'ont dû leur salut qu 'aux lumières et à la fermeté de l'habile médecin que je viens de citer . Casper'a vu non plus la dissimulation , mais la provoca tion mise au service d 'une fraude criminelle . Une mère, après avoir essayé de soutirer de l'argent à un homme éta - bli en l'accusant, avait remis son enfant à son amant, qu'elle savait infecté de blennorrhagie , et souillait doublement sa fille pour soutenir son accusation mensongère. Après un fait pareil, on ne dira plus que notre pays a le privilége de cette dépravation morale. . On voit dans quel sens l'expert devra diriger ses recher ches, et comment, avec de l'attention , il pourra le plus souvent confondre l'imposture, et mettre la justice dans la voie de la vérité . Il est bon de se défier des récits des per sonnes qui entourent les enfants et des enfants eux mêmes, et, l'on ne saurait trop le répéter, de fonder uni quement son avis sur les constatations directes et sur l' état matériel des organes . Il suffit, pour montrer que cette pra tique est la seule prudente , de rappeler ces cas, dans les (1 ) Merland, Singulière affaire de simulation (Ann , d 'hyg, etite inėde cine légale . 2e série. Paris, 1861, . XXII, p . 141). QUESTIONS MÉDICO-LÉGALES. 127 quels une plainte de viol s'évanouissait devant l'examen de la prétendue victime, chez laquelle l'absence de toute trace de violence et les signes caractéristiques d'une virginité per . sistante prouvaient de la manière la plus évidente la simula tion . Mais il est un genre de spéculation qui nous touche p 'us particulièrement, car il s'exerce aux dépens des médecins. Trop souvent, en effel, ceux - ci sont dénoncés comme cou pables d 'attentats à la pudeur ou de viols commis sur des femmes près desquelles leur profession leur donnait un facile accès ou quivenaient se confier à eux . Ces plaintes ont été malheureusement quelquefois justifiées ; mais la plupart du temps, elles sontmensongères et dictées par la haine ou par la cupidité . Je connais plusieurs exemples de ce genre où j'ai été assez heureux pour démasquer l'imposture avant qu 'elle ait eu aucune conséquence. Il n 'en est pas toujours ainsi. M . le docteur Paul Lorain a eu l'occasion d'intervenir avec autant de succès que d 'autorité dans deux affaires de ce genre , d 'une gravité singulière, sur lesquelles il a eu la bonté de rédiger pour moi la note que l'on va lire : « Le serment d 'Hippocrate avait prévu ce crime profes sionnel. Nos mours adoucies nous donnent le droit de re pousser comme une injure cette formule rude d 'une vertu primitive dontnous avons heureusement reculé les limites. Le serment s'exprimait ainsi : « Dans quelque maison que « j'entre , j'y entrerai pour l'utilité desmalades,mepréser · « vant de tout méfait volontaire et corrupteur, et surtout « de la séduction des femmes et des garçons libres ou es « claves (1 ). » « Les médecins doivent, plus que les autres hommes, se 1) Hippocrate, OEuvres, traduction Littré, Paris, 1846 , 1. IV , p. 631. 128 VIOLS ET ATTENTATS A LA PUDEUR. tenir en garde contre la calomnie ; leur profession les ex pose à des suppositions malveillantes, à l'envie ; le secret de leurs entretiens avec les malades, la familiarité qu'engen drent les soins intimes qu'on accepte d 'eux, la reconnais sance mêmeavec des effusions inconsidérées , sont autant de dangers contre lesquels ils doivent se prémunir . Quel quefois on a vu des femmes hystériques se méprendre sur les intentions d 'un médecin ; il en est certainement qui ont pris plaisir à le placer dans une situation embarrassante pour sa dignité et pour ses moeurs ; d 'autres ont porté sciemment et méchamment contre lui une accusation fausse . Le dépit, la jalousie peuvent expliquer ces dénon ciations calomnieusés. Il y a des cas où toute explication est impossible ; les femmes, sans motif apparent, ont sou vent trompé la justice , et attiré sur d 'autres et sur elles mêmes des condamnations injustes. Il peut se faire enfin qu'une femme convaincue d 'avoir manqué à ses devoirs et ne voulant pas avouer qu 'elle est coupable , dénonce un médecin , parce qu'elle espère se sauver en alléguant que, par suite des soins que celui- ci lui donnait, elle s 'est trou vée désarmée et à sa merci. « Nous rapportons ici deux cas dans lesquels desméde cins ont été accusés à tort d'avoir violé des femmes dans l'exercicemêmede la profession médicale . « Une jeune fille de vingt ans, lingère , enceinte dehuit mois, fut recueillie par une dame charitable , laquelle avait exercé autrefois l'état de sage- femme. La jeune fille parais sait digne d 'intérêt ; elle était affaiblie par les souffrances de la grossesse, et elle prétendait avoir été victime d 'un . odieux attentat. Une circonstance tout à fait extraordinaire augmentait encore la pitié qu'elle inspirait. Quoique en ceinte , elle était vierge . La pauvre fille était devenue en ceinte par surprise, sans s'être livrée à un homme complé tement. L 'acte vénérien , de son côté du moins, n 'avait pas QUESTIONS MÉDICO LÉGALES. 129 été accompli. Ce fait en lui-mêmen 'offre rien de mysté rieux. La membrane hymen , trop étroite pour être pénétrée par l'organe viril, offre cependant une ouverture suffisante pour l'introduction de la semence, et si ce liquide est pro jeté avec force à l'entrée des parties sexuelles, la féconda tion peut avoir lieu . Tel était ici le cas. « Voici quel était le récit de cette jeune fille : « Je fus, disait-elle , envoyée par ma mère , malade, chez le médecin qui d 'habitude la soignait. J'étais moi-même atteinte de chlorose , et plusieurs fois lemédecin m 'avait auscultée et palpée ; je suivais, d'après ses conseils, un traitement forti fiant. Cette fois , à peine me vit -il entrer dans son cabinet, qu'il en ferma la porte au verrou ; ilme prit dans ses bras, me jeta sur un divan , et je demeurai tout étourdie. Je ne sais ce qui se passa , car j'étais troublée et presque évanouie, d'ailleurs son action fut rapide. Je fus quelque temps à me remettre , et sans m 'être rendu un compte exact de cette scène, je demeurai inquiète . Je revis le médecin plusieurs fois depuis, mais il ne fut plus question de rien . Au bout de trois ou quatremois, comme mes règles ne revenaient pas, et comme j'étais plus souffrante, il détermina mamère à m 'envoyer à la campagne et à m 'y laisser le plus long temps possible . » « Tel était le récit de cette jeune fille . Il est invraisem blable de tous points. Une lingère de Paris, âgée de vingt ans, peut être modeste et sage ; mais que penser de cette excessive naïveté , de cette ignorance si complète du mal ? Si l'on admet d'ailleurs cette ignorance, on ne peut accep ter ce demi- évanouissement qui permet une perception in complète des faits. Il faut ajouter que cette jeune fille n 'avait jamais eu de syncopes devant témoins, et qu'elle n 'était pointhystérique. Elle ne parla jamais à sa mère ni à toute autre personne de cet événement, et elle revint voir le médecin plusieurs fois, sans qu'il ait , dit -elle, renouvelé TARDIEU , CE ÉDITION . 130 VIOLS ET ATTENTATS A LA PUDEUR . ses entreprises. Ce récit, disons-nous, ne mérite aucune créance. « Ce qui suit est rapporté par des témoins : Cette jeune fille fut envoyée à la campagne. Vers le sixièmemois de sa grossesse, son ventre était très - proéminent; les femmes qui l'entouraient furent convaincues , malgré ses dénégations, qu 'elle était enceinte . Une sage -femme fut mandée ; mais à peine eut- elle approché son doigt des parties sexuelles de cette jeune fille qu'elle déclara que la membrane hymen était intacte , et que la jeune fille étant vierge ne pouvait être enceinte . Cette aventure fit quelque bruit. On ne poussa pas plus loin l'examen ; il aurait cependant suffi d 'ausculter le ventre pour entendre les battements du coeur du fætus, et lever ainsi tous les doutes. C 'est ce qu'on ne fit pas. Forte de cette constatation incomplète qui donnait satisfaction à son amour-propre et proclamait son inno cence , la jeune fille persista à nier tout rapport avec un homme. Cependant, revenue à Paris et recueillie par une ancienne sage-femme qui ne se payait pas demots, elle fut obligée de se soumettre à un examen plus approfondi. La membrane hymen était intacte à la vérité , mais l'utérus contenait un foetus vivant et près du terme. Il fallut fournir des explications. C 'est alors que fut produite l'accusation contre le médecin . Je fus chargé par la justice de cette dé licate enquête . A mon tour je constatai l'intégrité de la membrane hymen , laquelle permettait à peine l'introduc tion du petit doigt ; mais ce fait d'une vierge enceinte n 'étant pas sans précédents, je ne m 'y arrêtai pas. Je n 'obtins au cun aveu de cette jeune fille et je ne la pressai pasde ques tions. Le médecin inculpé était un homme de quarante ans, marié , fort honorable. Il ne fut pas inquiété . La jeune fille accoucha d 'un enfant quimourut peu de temps après sa naissance. Les faits ne parurent pas au juge d 'instruction fort éclairé qui dirigeait les poursuites, être de nature à QUESTIONS MÉDICO-LÉGALES. 131 motiver une plus longue enquête ; il rendit une ordonnance denon - lieu . « Je suis demeuré convaincu que cette jeune fille avait subi volontairement des caresses lascives qui n 'avaient pas été poussées assez loin pour qu'elle en fùt alarmée au point de vue des conséquences qui en pouvaient résulter ; que, forte de ces précautions , sûre d 'être vierge, elle ne crut pas d 'abord à sa grossesse ; qu'enfin , désabusée, elle imagina une fable pour se disculper. » Le second fait est plus grave encore : « Un jeune médecin fut traduit en justice dans les circonstances suivantes : il donnait ses soins à une femme mariée qui avait des pertes utérines. Cette femme, âgée de vingt ans, bien constituée et exempte de tout antécédent morbide, était atteinte d 'un écoulementde sang qui durait depuis plusieurs semaines et dont la cause originelle paraît avoir été une fausse couche . Elle était mariée depuis quelques mois seulement ; son mari était un artisan jeune et vigoureux. Celui- ci, rencon trant le médecin dans un lieu public, le frappa avec vio lence. Il disait à haute voix , pour justifier cette action , que sa femme avait été violée par le médecin . Une enquête ju diciaire eut lieu et le médecin fut jeté en prison . Cependant cette grave accusation ne reposait sur aucun témoignage certain . Voici l'exposé des faits : Une nuit, étant couchée avec son mari, la femmelui dit que plusieurs jours avant, le médecin avait abusé d 'elle . Son récit était rempli d 'invrai semblances, ainsi qu'on le verra par ce qui suit : Le méde cin , disait -elle, s'était présenté chez elle afin de lui conti nuer ses soins, il s'était enquis de sa santé ; elle lui avait appris que la perte de sang continuait, et il lui avait proposé de l'examiner. Il s'agissait simplement de toucher ; pour . cela le médecin avait prié la malade de se placer debout contre le lit ; il s'était lui-mêmeassis, et remarquant que 132 VULS ET ATTESTATS A LA PUDEUR . le pantalon que portait cette femme était souillé de sang , que d 'ailleurs ce vêtement qui était fermé ne permettait pas de pratiquer le toucher, il avait engagé la malade à l'enle ver, ce qui fut fait. Cette circonstance paraît insignifiante ou pour mieux dire elle semble toute naturelle ; cependant elle devint, par la suite , un des arguments de l'accusa tion . « Cela fait, le médecin pratiqua le toucher , mais nous laissons la parole à la femme. « Il a , dit-elle, porté la main « à la matrice et m 'a demandé si je souffrais ; j'ai répondu « que non , il m 'a alors touchée je ne sais où et je me suis « trouvée mal dans ses bras. » On devine le reste , la femme se trouve mal et elle est violée ; mais ce qui déroute toutes les notions scientifiques, c'est qu'elle prétend avoir senti que le médecin la plaçait sur le lit et qu'il accomplissait sur elle l'acte infàme; elle avait une perception nette de cet acte , elle en suivait le progrès, elle déclare qu'elle sentait pro fondément l'instrument de son déshonneur ; puis elle re vint à elle, repoussa avec ses genoux son agresseur,mais malheureusement le saisissement, l'effroi agirent de nouveau sur ses sens et elle retomba dans cet état de demi-insensi bilité pendant lequel elle sentit que l'acte s'achevait et que ses linges étaient souillés. Après l'accomplissement du crime, le médecin l'avait relevée et placée sur une chaise où il lui jetait de l'eau à profusion sur le visage ; en ce moment un témoin entrait dansla chambre et la femme l'entendait dis tinctement parler avec le médecin . Cetémoin , dans l'ins truction , déclarait avoir vu la femme debout près du lit et le médecin assis près d 'elle ; il n 'avait rien remarqué du reste . « La chemise de la femme, celle du moins qu'elle préten dait avoir porté ce jour-là , fut livré par elle à la justice . On trouva du sang et du sperme. On négligea de saisir les au tres chemises de cette femme, afin de rechercher si elles eure bat i po ette

QUESTIONS MÉDICO -LÉGALES . 133

n'étaient pas également tachées de sperme. Elle soutenait n 'avoir pas eu de rapports depuis longtemps avec son mari; c'était une allégation qui échappait à toute vérification , et qui paraissait peu vraisemblable. Quant aux chemises du mé decin , elles furent saisies, et sur aucune d 'elles on ne trouva ni sang ni sperme. Or, il était difficile d 'admettre qu'il en fùt ainsi, si l'inculpé était réellement coupable du fait en question . « D 'autrescirconstances dignes d ’ètre rapportéesvenaient à l'appui des dénégations de celui- ci. Plusieurs personnes attestaient avoir vu la femme sortir de chez elle peu de temps après le départ du médecin : elle était calme et sou riante, elle avait rendu plusieursvisites , causé longuement avec un témoin ; nul désordre dans sa toilette , nul trouble, nulle préoccupation apparente , ne décelaient qu'elle eût été victimed 'un attentat et ce n 'est que plusieurs jours après que survenait la plainte. « Un événement extraordinaire se produisit au moment des premières poursuites. Cette femmesembla très -malade, on courut chercher un prêtre et un médecin, la chambre s'emplit de personnes empressées. Or, un témoin zélé et heureusement indiscret tâta le pouls de la malade et s' écria : il bat fort et lentement; cependant elle avait les yeux fermés et paraissait presque insensible ; elle se mit alors à parler , et cette crise incompréhensible cessa rapidement. « Un médecin commis par la justice crutdevoir s'engager dans des considérations étrangères à la médecine légale et , au lieu de s'en tenir à l'examen des faits matériels, imagina une version de la scène, telle qu 'elle avait dû se passer ; il supposa que l'inculpé avait abusé de la faiblesse et de la connivence tacite de la femme. Sur ce terrain mobile , le médecin légiste perdit toute solidité , et le roman se subs titua à la science. Cemédecin crut aussi devoir blâmer la façon dont son confrère inculpé avait pratiqué le toucher, 134 VIOLS ET ATTENTATS A LA PUDEUR . déclarant que l'on devait faire coucher les femmes pour les

  • toucher. C ' est là une erreur grave, un défaut de connais

sance des habitudes médicales, qui est presque inexplicable . L 'accusation s'empara de cet argument. « Tel était l'état de cette douloureuse affaire lorsque je fus. prié par la défense de donner mon avis. Je transcris ici les parties essentielles du mémoire que je rédigeai à cette oc casion . « Je ne connais pas d 'exemple d 'unefemmes'évanouissant dans les bras d 'un médecin qui la touche. Cela pourrait ar river si la femme était très -malade, profondément anémi que, ce qui n ' était pas ici le cas. D 'ailleurs la syncope con siste en un état de défaillance absolu ,marqué par la pâleur , la mollesse du corps, l' insensibilité ; c'est ainsi qu 'on peut dire avec raison que la syncope est l'image de la mort; dans cet état on ne voit, on n 'entend, on ne sent rien . Ce symptôme fâcheux, dangereux, redouté des médecins, exige des soins immédiats et rapides ; il faut que la tête soit inclinée en bas, le corps placé horizontalement : à la suite de cet état se produit un malaise prolongé. S 'il se trouvait un médecin qui, voulant faire revenir à elle une personne en état de syn cope , la transportât de son lit, où elle est bien à sa place , sur une chaise où elle serait mal placée, il serait le plus ignorantdes hommes et en même temps, il faut le dire, il accomplirait une sorte de tour de force, car il est presque impossible d'asseoir un corps mou et affaissé ... Enfin le té moin qui est entré dans la chambre n 'a rien vu de sem blable . « Sil'on prend le récit de la femme, on le trouve en contra diction avec toutes les notions de la science et de l' expérience . Une femme évanouie ne sent pas, elle n 'analyse rien , elle est insensible, commemorte : dans cette situation elle est pour le médecin un objet de crainte ou de pitié , et non un objet de convoitise . Sentir lorsqu'on est en étatdesyncope est QUESTIONS MÉDICO -LÉGALES. 133 une contradiction ; nous ne pouvons admettre un fait aussi contraire à l'histoire naturelle . « La dame X était- elle en état de catalepsie ? Il s'agirait ici d 'un cas très- rare, exceptionnel, qui tient toujours à une maladie nerveuse constitutionnelle , l'hystérie . Or, une hysté . rique se reconnaît facilement ; elle a des convulsions, elle a des sensations de boule ,de clou ; elle est insensible sur cer taines parties de son corps. Rien de tout cela ne se rencon tre chez la plaignante . Et en admettant, par impossible , la catalepsie, cet état d 'insensibilité absolue et prolongée ne lui aurait pas permis de voir, d 'entendre, de sentir, d 'ana lyser, de se souvenir , comme elle prétend l'avoir fait. . « Resterait cet état indéterminé, vague, mal défini, cette molle langueur où tombeune femme amoureuse ; mais c 'est là un fait volontaire. Une femmequi se laisserait aller libre ment à cette manifestation d 'un tendre abandon serait mal venue à prétendre ensuite que sa liberté lui a été alors en levée . Lemédecin légiste ne doit pas permettre que de pa reilles allégations soient soutenues devant la justice . « Que penser de cette partie du récit où il est question d 'un touchermystérieux et criminel en un endroit qu'on ne sait dire, et qui produit l'évanouissement? Nousne connais sons pas cet organemystérieux ni ces effets prodigieux du toucher . S 'il s'agit du clitoris, ce récit est empreint d 'une exagération ridicule ; cet organe n 'a point de propriétés si extraordinaires , toutes les femmes savent cela , et la plai gnante fait ici un récit plus romanesque que véridique. « Quant à la scène de la maladie grave terminée si heu reusement, et où l' on voit lemédecin et le prêtre s'empres ser , tandis qu'un témoin constate que le pouls est fort et re bondissant, et arrache cette prétendue mourante à une crise si incompréhensible , on n 'y trouve niles caractères de la syncope ni ceux de l'hystérie, ni ceux de la catalepsie. Cela n 'a qu 'un nom en médecine : simulation . 136 VIOLS ET ATTENTATS A LA PUDEUR . « En résumé, aucune preuvematérielle, aucun argument scientifique, ne pouvaient être produits en faveur de l'accu -. sation . Notre conviction à cet égard était formelle , et la vé rité heureusement se fit jour dans l'esprit des juges. Un ac quittement honorable termina cette triste enquête . Quel est le médecin qui peut se dire à l'abri d 'une pareille accusa tion ? » En rapportant les faits qui précèdent, nous avons l'espoir de rendre service à nos confrères; c'est une page à ajouter au chapitre des dangers professionnels . J'ai terminé l'examen des vingt- quatre questions qui, d 'après l'analyse des faits que j'ai observės , m 'ont paru se présenter le plus souvent dans le cours des enquêtes ou des débats judiciaires relatifs aux attentats à la pudeur et au viol; mais, je le répète en finissant, il faut se garder de croire que ce cercle de questions ne puisse pas être étendu suivant les circonstances imprévues de quelque affaire nouvelle . DES SYSTÈMES DE DÉFENSE LE PLUS SOUVENT USITÉS DANS LES AFFARES DE VIOL ET D 'ATTENTATS A LA PUDEUR . Dans le cours de cette longue étude, je n 'ai rien négligé pour faire pressentir les objections , les allégations diverses contre lesquelles l'expert doit presque inévitablement se heurter et qui constituent comme le fonds ordinaire et com mun de la défense du plus grand nombre des accusés. Je me suis également attaché à montrer par quels moyens, tirés de l'appréciation exacte des circonstances de chaque cas particulier, il était le plus souvent facile de réfuter ces systèmes fragiles de justification . Je n 'ai pour ainsi dire qu'à les résumer ici,suivant qu'ils se rapportent aux atten lats à la pudeur ou au viol. Pour les premiers , les déformations constatées dans les DES SYSTÈMES DE DÉFENSE . 137 parties sexuelles des petites filles seront attribuées par les inculpés ou par leurs conseils à des habitudes d ' onanisme; l'écoulement dont elles seront atteintes, aux causes les plus diverses, et en particulier à la malpropreté ou à l'exagé ration du tempérament lymphatique. Les défenseurs ne manquent pas d 'arguments empruntés à l'étiologie banale de la leucorrhée et des inflammations vulvaires ; ils y ajou tent des considérations faciles sur la possibilité des erreurs médicales relatives au diagnostic des diverses espèces d 'é coulement. Mais, si l'on veut bien se rappeler ce que nous avons dit de la marche que doit suivre l' expert , on verra qu'en sortant de ces questions mal posées, de ces généra lités fausses et stériles , en s'attachant uniquement au fait particulier qui lui est soumis, aux caractères spéciaux des lésions constatées, rapprochées des conditions individuelles du sujet exaininé, en éliminant ainsi les causes qui ne peu vent trouver leur application dans chaque cas présent, il sera le plus souvent possible de préciser les termes du pro blème et d 'en donner la solution , en même temps que l'on ruinera les objections plus ou moins spécieuses que peut susciter la défense. S ' il s'agit d 'un viol, d 'une défloration consommée, le sys tème le plus ordinaire est de discuter la date de la déflora tion , de supposer qu'elle remonte à une époque plus an cienne que celle à laquelle le crime se rapporterait. Plus rarement on conteste les causes de la déchirure de l'hymen ; on attribue à la victimedes habitudes de débauche qui ex pliquent la perte de la virginité, ou un consentement qui enlèverait à l'acte toute criminalité ; enfin on cherche à disculper l'accusé en raison de son âge, de sa conformation physique ou de ses dispositions particulières. C 'est donc en déterminant avec le plusde certitude possible l'époque de la defloration d 'après l'état des lèvres de la plaie et le degré plus ou moins avancé de la cicatrisation ; les causes de la 138 VIOLS ET ATTESTATS A LA PUDEUR . déchirure de l'hymen d 'après la forme et le siége qu'elle affecte ; les habitudes et les meurs de la victime d'après la rétraction ou la non -rétraction des lambeaux de l'hymen qui indiquent si les rapprochements sexuels ont été isolés ou répétés; l'état mental de la femme, qui peut fournir des indices sur sa participation plus ou moins volontaire aux actes qu' elle a subis ; enfin , c 'est en recherchant sur l'inculpé les preuves de ces impossibilités physiques qu'on invoque, que l'expert parviendra à faire prévaloir l'opinion que son expérience et sa conscience lui auront fait adopter commel'expression de la justice et de la vérité . OBSERVATIONS D 'ATTENTATS A LA PUDEUR ET DE VIOL . Après avoir passé en revue les questions nombreuses et variées que la justice peut proposer à résoudre au médecin expert dans la poursuite et le jugement des crimes d 'atten tats à la pudeur et de viol, je crois utile de citer ici quelques faits particuliers qui pourront compléter utilement l'exposé analytique qui précède. Je ne multiplierai pas ces exem ples, et je me bornerai à ceux qui offrent quelque particu larité intéressante, soit au point de vue des constatations matérielles , soit eu égard aux questions qu 'ils ont sou levées . J'appellerai surtout l'attention , dans les faits qui vont suivre, sur la conformation des parties sexuelles, sur les lésions morbides et sur la déformation caractéristique con sécutive aux attentats à la pudeur, ainsi que sur les cas exceptionnels de vice de conformation des organes géni taux. Dans les observations relatives au viol, j'insisterai particulièrement sur l'état des lambeaux de l'hymen dé chiré et sur les viols suivis de mort. OBSERVATIONS . 139 OBSERVATION I. – Attentat à la pudeur. – Signes négatifs. - Leucorrhée constitutionnelle. Visite de la jeune A . B ., âgée de six ans et demi. Enfant lymphalique peu développée, peu intelligente . Pleurs ; yeux rouges, paupières enflammées, sans cils . Engorgement et abcès autour du cou . Parties génitales externes très -peu développées. L 'ouverture de la vulve est très- étroite et très- enfoncée : on aperçoit la mem brane hymen qui la ferme complétement et dont le centre seul est percé d 'un petit orifice ; elle est parfaitement intacte . La fourchette n 'est nullement déprimée. Écoulementmédiocrement abondant d 'une matière jaune assez épaisse , qui imprègne la face interne des petites et des grandes lèvres et l'orifice de la vulve, mais sans trace d 'inflammation ni d’ulcération . Pas de douleur. CONCLUSION : 10 La jeune A . B . n 'a pas été déflorée ; 20 la membrane hymen , ainsi que les parties extérieures de la géné ration , sont intactés el ne présentent les traces d 'aucune violence ; 30 l'écoulement peu abondant dont est actuellement affectée la jeune B . paraît être uniquement dû à une irritation locale fré. quente chez les petites filles d 'un tempérament lymphalique et d'une constitution très-molle comme est la jeune B . , qui a déjà élé d 'ailleurs alteinte d 'un écoulement semblable ; 40 l'absence d 'inflammation et d 'ulcération, et l'intégrité des parties sexuelles, jointes à la nature de l' écoulement, ne permettent pas de penser qu' il résulle de la communication d 'une affection vénérienne contagieuse ; 5ò par suite des précédentes constatations, nous n 'avons pas jugé nécessaire de visiter l'inculpé, dont l'état a déjà du reste été l'objet d 'un premier examen . Observ. II. – Attentat à la pudeur avec déchirure incomplète de l'hymen . Visite de la jeune M . F ., âgée de dix ans. Assez grande pour son âge ; bonne constitution . Pas de scro fules: Parties sexuelles bien conformées. Développement avancé mais non exagéré. Membrane hymen non délruite . Orifice de la 110 VIOLS ET ATTENTATS A LA PUDEUR. vulve notablement élargi, mais sur le bord gauche et vers l'in . sertion supérieure de l'hymen , déchirure qui intéresse les deux tiers de la hauteur. Déchirure incomplétement cicatrisée et marquée par un gonflement et une vive rougeur des deux lèvres de la blessure . L 'inflammation ne s'étend pas aux parties adja centes, ni tumefaction , ni rougeur, ni écoulement. Pas de dou . leur . Santé générale non altérée, 10 La jeune M . F . n 'a pas été déflorée ; 20mais elle présente unedéchirure incomplète de la membrane hymen , qui est le ré. sullat manifeste d 'une tentative d 'introduction d 'un corps dur et volumineux commele membre viril ; 30 il n ' existe aucune trace d ' affcction vénérienne, soit ancienne, soit récente ; 40 l' inflam mation circonscrite est l'indice des violences qui ont été exer cées sur la jeune F . Observ . III. – Attentat à la pudeur . — Inflammation simple mais très -aiguë de la vulve et du vagin . Visite , le 27 juin 1856 , de la jeune C . P ., âgée de huit ans. Jeune enfant de constitution excellente. Parties sexuelles bien conformées et pas plus développées que l'âge ne lc comporte . In flammation générale de la vulve . Hymen rouge, luméfié, déchiré sur le bord libre. Écoulement abondant de matière purulente sortant du vagin ; ni ulcération ni engorgement, Bon état gé néral. L'inculpé présente à l'extrémité du membre viril de nom . breuses excoriations récentes, mais saps caractère syphilitique , et qui peuvent se rattacher à une irritation de l'urethre, qui se manifeste par un suintement muqueux asscz abondant, que la pression du pénis rend très-apparent. Il y a en outre à la base du gland une cicatrice ancienne dont le siége et la forme indi quent qu'elle provient d' un chancre depuis longtemps guéri.On n 'a trouvé d 'ailleurs sur ce détenu aucun signe actuelde syphilis constitutionnelle . 10 La jeune C . P . n 'a pas été déflorée . 2 . Elle porte des traces de violences manifeste 3, caractérisées par la déchirureincomplète de l'hymen et par l'inflammation très aiguë dont les parties sexuelles sont le siége. 30 Celle inflammation , qui peut être le résultat d 'un contact impur, peut aussi être simplement le résultat de l'irritation pro OBSERVATIONS . 141 duile par des tentatives violenles d 'introduction du membre vi ril. Elle ne peut dans aucun cas être attribuée soit à la mau vaise constitution de l'enfant, soit à des habitudes vicieuses de sa part. 40 Le nommé C ... n 'est atteint en ce moment d 'aucune affec tion vénérienne actuellement communicable, mais il porte les traces d ' une inflammation chronique des organes génitaux , qui peut avoir rendu son approche encore plus irritante pour les parties délicates d 'un enfant. Observ. IV. – Attentat à la pudeur sur une petite fille âgée de · quatre ans et demi. – Inflammation simple avec végétations de la vulve. La jeune C . P ., âgée de quatre ans et demi, est d 'une belle constitution , mais assez peu développée pour son âge. Les par ties sexuelles sont bien conformées. On nule seulement une dila talion marquée de la vulve . La membrane hymen existe sans déchirure ; mais sur sa face externe, ainsi que sur le bord in terne des petites lèvres et à l'entrée même de l'urethre, il existe cinq petites excroissances ayant la forme de végétalions granu leuses dont le volume varie depuis celui d 'un gros grain de mil let jusqu'à celui d 'unepetite lentille. Elles sont d'un rouge vif et formées aux dépens d 'une membranemuqueuse , qui, du reste , n 'est pas ulcérée et n 'est le siége d 'aucun écoulement. Les gan glions de l'aine sont le siége (l'un égorgementpeu considérable . Il n 'y a pas de traces de violence appréciables. On ne voit pas non plus d 'éruption spécifique dans les diverses parties du corps, etnotamment autour des organes sexuels et de l'anus. Conclusion : 1° La jeune C . P . n 'est pas déflorée ; 20 elle pré sente aux parties sexuelles, outre un élargissement marqué de la vulve, plusieurs végétalions qui, sans être le résultat néces saire d 'une maladie vénérienne communiquée , sont l'indice d 'une irritation locale Irès - vive, analogue à celle qu'auraient dé terminée des frottements répétés, des attouchements violents et des tentatives d 'intromission du membre viril ; 30 la constitution de l' enfant, l'absence d ' écoulement aux parties sexuelles, mon trent que l'affection dont elles sont le siége ne peut reconnaitre pour cause une disposition Daturelle caractéristique du tempé rament lymphatique, et qu'elle résulte dcviolences directes. 1 : 2 VIOLS ET ATTENTATS A LA PUDEUR. OBSERV. V . - Attentat à la pudeur sur une petite fille de cinq ans. - Désordres considérables. - Inflammation . - Écoulement blennorrhagique. Examen de la jeune P ., âgée de cinq ans. Peu développée. Tempérament lymphatique ; a eu quelques engorgements glanduleux, et à différentes reprises léger écoule ment leucorrhéïque des parties extérieures de la génération. Des renseignements fournis par l' enfant au milieu d 'hésitations et de larmes , il résulte que l'inculpé se serait livré trois fois sur elle à des tentatives de violences ; que , le 10 janvier notam ment, il l'aurait attirée dans sa chambre, et qu 'après l'avoir jetée sur son lit, il s' était couché sur elle , lui avait introduit un mor ceau de bois très-dur dans le derrière , qu'il étaitresté dans cette position pendant un petit quart d 'heure, et qu'enfin elle s'était sentie mouillée autour des parties . Elle ajoute qu 'elle avait souf fert et que la douleur l'avait fait crier . Grandes lèyres imprégnées de mucus purulent concrété. Entrée de la vulve siége d 'une inflammation très - violente avec rougeur vive de la face interne des petites lèvres, ulcération superficielle de la membrane muqueuse qui les revêt , et enfin écoulement abondant d 'unematière épaisse et assez analogue au pus. Le clitoris est plus développé qu'il ne l'est d'habitude; il n 'est le siége d 'aucune irritation particulière ; la fourchette est intacte . L ' entrée de la vulve est manifestement élargie , elle offre une disposition infundibuliforme, el constitue une sorte de canal as sez large pour admettre le pouce d 'un hommé adulte, et qui se rétrécit au niveau de l'hymen . Cette membrane n 'est pas dé. chirée dans son segment inférieur, mais l'orifice central est no tablement agrandi ; les hords de l'hymen , incomplélement dé truits, formentde chaque côié de l'entrée du vagin un repli saillant, rouge, tuméfié, légèrement excorié. Il n ' existe pas de chancres. Les ganglions de l'aine sont tuméfiés et un peu dou loureux. Pas de traces de contusions, ni sur les bras, ni sur les mem bres inférieurs. Santé générale non altérée , 10 La jeune P . est actuellement affectée d'une inflammation très - violente des parties extérieures de la généralion avec écou lement blennorrhagique abondant. OBSERVATIONS . 143 20 La membrane hymen est incomplètement déchirée et l'ori fice du vagin manifestement élargi. 30 Ces désordres peuvent être attribués à des violences répé lées et à des tentatives d 'introduction d 'un corps dur dans les parties sexuelles. 40 La nature de l'écoulement et l'intensité de l'inflammation ne permettentpas de les rapporter à un flux leucorrhéique ana logue à celui qui peut exister chez les petites filles d 'un tempé rament lymphatique. 50 Rien n 'indique que la jeune P , soit adonnée à deshabitudes d'onanisme. 60 L ' écoulement blennorrhagique dont est atteinte celte en - fant peut lui avoir été communiqué par le contact, et est ana logue à l'affection qui a été constatée chez l'inculpé. . . Observ. VI. – Attentat à la pudeur sur une petite fille de quatre ans et demi. – Inflammation vulvaire . - Écoulement par l'uré thre. - Blennorhagie communiquée. Visite de la jeune H . M . , à Lourcine. Enfant de quatre ans et demi, bien constituée. Pas de scro fules. Parties bien conformées. Pas de développement anticipé. Inflammation très -aiguë, Gonflement, rougeur très-vive. Écoule ment purulent verdâtre par la vulve et l'urèthre , lurgescence vasculaire très-remarquable . Hymen non détruit, rouge, luméfié . Pas d 'élargissement. Santé générale non altérée . L 'inculpé est alteint d 'une chaudepisse aiguë avec écoulement purulent verdâtre, rougeur du méat et du prépuce, pas de chan cres, quiremonte à un mois , à ce qu 'il dit. Il prétend faussement que c'est le relour d 'un écoulement ancien de plus de cinq ans. 10 La jeune M . n 'a pas été déflorée. 2° Elle est atteinte d 'un écoulement blennorrhagique qui ré sulte manifestement d 'un contact impur et qui est de nature vé nérienne. 30 Elle ne porte pas d 'autres traces actuellement appréciables de violence et d 'allentat. 4° Lenommé B .. . est affecté d 'un écoulement actuellement communicable et de la mêmenature que celui dont l'enfant est alleinte . VIOLS ET ATTENTATS A LA PUDEUR. Observ. VII. – Atlentat à la pudeur commis par un vieillard sep tuagénaire sur une petite fille ágée de huit ans. — Inflammation très-aiguë de la vulve. – Blennorrhagie communiquée. — Exa men de l'inculpė. – Analysedes taches. E . B ..., âgée de huit anis , est généralemeut peu développée ; elle est chélive, et ses traits flétris, son teint plombé, ses yeux fortement cernés, lui donnent un aspect qui n 'est pas naturelà son âge. C 'est avec beaucoup de difficulté qu'elle consent à nous répondre, et les renseignements qu'elle nous donne sont fort in complets. Il en résulte cependant que, depuis asscz longtemps déjà , un an environ, le sieur L ..., chez lequel elle allait à l'école , s'était livré sur elle à des allouchements répétés et l'arait forcée à porter ellc-même la main dans son pantalon ; enfin , à plusieurs reprises, il l'avail mise sur une chaise, la robe relevée, les jam bes fortement écartées, et, se plaçant en face d ' elle, avait renou . velé ses attouchements et avait de plus introduit autre chose que son doigt entre ses jambes. La jeune A . B ... ajoule qu'une fois elle s'est senti les jambes mouillées. Du reste elle n 'a jamais souffert, ni pendani, ni après les acles auxquels se livrait le sieur L ... Il y a sculement un mois qu'elle a été affectée d 'un écoulement vaginal abondant, qui a éveillé l'attention de ses parents etamené ses ayeux. La dame B ... nous a représenté les draps quiavaient été récemmentenlevés du lit que sa fille oc cupe seule , et ceux qui y sont actuellement ; elle nous a montré également plusieurs chemises qui ont élé portées dans ces der niers temps par son enfant. Elle nous a déclaré en même temps n 'avoir pas conservé celle qu 'avait la jeune A . .. lors de ses der niers rapports avec le sieur L . .. Nous avons soumis ensuite les parties sexuelles de la jeune B . .. à un examen attentif, et nous les avons touvées dans l'état suivant : Les parties extérieures de la génération ne sont pas plus dé veloppées que ne le comporte l'âge de l'enfant. Le bord des grandes lèvres est rouge et comme gercé . Leur face interne est aussi le siége d 'une irritation a: sez vive ; mais c'est surtout en pénétrant plus profondément que l'on découvre des dé sordres plus grands. Les petites lèvres et la membrane muqueuse qui iapisse l'orifice de la vulve et celui de l'uréthre OBSERVATIONS. 145 offrent les signes de la plus violente inflammation : une rougeur ardente avec boursouflement et quelques petites excoriations su perficielles. Lamembrane hymen existe ; elle n 'est ni déchirée ni déformée, mais sa face antérieure est, comme les parties voi sines, fortement enflammée, tuméfiée et saignante au moindre contact. L 'ouverture de l'hymen parait un peu élargie , mais trop peu cependant pour admettre l'extrémité du petit doigi, surtout dans l' élat d 'irritation où se trouvent ces organes. La fourchette est intacle . Le clitoris est très- peu développé. Enfin on voit s'écouler à la surface des parties malades et par l'orifice étroit de la vulve une malière jaunâtre peu épaisse qui suinte d 'une manière continue, et dont la quantité augmente notable ment lorsqu 'on presse au niveau du périnée sur la cloison du va gin . L' enfant n 'accuse d 'ailleurs qu'une médiocredouleur et dit ne pas souffrir en urinant. Il n ' existe dans les aines aucun engorge ment ganglionnaire, non plus qu'aucune autre lésion dans le reste du corps. Les différents linges qui nous ont élé présentés nous ont of fert des taches qu 'il nous reste à décrire . Les chemises portées depuis une quinzaine de jours par la jeune A . B ..., et notam . ment celle qu 'elle avait au moment de notre visite , sont souillées en avant et .en arrière dans toute leur largeur par un nombre considérable de taches d ' un jaune verdâtre, formées par un mucus purulent desséché, auquel se mêlent en petite quantité quelques traces sanguinolenles et d 'autres souillures produites par des matières fécales. Ces traces se retrouvent avec leur colo ration spéciale et tous leurs caractères sur les draps qui ont si journé pendant deux semaines au lit de la jeune A ... et sur ceux qui y sont depuis huit jours. La teinte verdâtre est un peu moins marquée sur ces derniers, où les taches sont en général moins épaisses et d 'une couleur plutôt grisâtre . Nous n 'avonspas eu à rechercher si du sperme était mélangé à ces taches que la mère nous a affirmé être toutes récentes et postérieures aux rapports qui auraient pu exister entre un homme et son enfant. De l' examen des faits qui précèdent, et de l'examen auquel nousnous sommes livré , nous concluons que : 10 La jeune A . B ... n 'a pas été déflorée ; 20 elle est affectée en ce moment d 'une très- violente inflammation avec écoulement muco -purulentdes parties extérieures de la génération ; 30 celle inflammation et l'écoulementquil'accompagne peuvent résulter TARDIEU , 66 EDITION . 10 156 VIOLS ET ATTENTATS A LA PUDEUR . simplement d 'un contact irritant auquel auraient été soumises les parties sexuelles, et notammentdesattouchements répétés ou du froitement du membre viril à l'entrée de la vulve ; 40 il est possible , en outre, que l'écoulement soit le résultat d ' une affec tion vénérienne communiquée ; mais c'est ce que ne permettent pas de reconnaitre les caractères physiques ou chimiques de la matière de l' écoulement ; ſó l'examen des organes génitaux du sieur L ... pourrait seuljeter quelques lueurs sur la nature de l'af fection dont est atteinte la jeune A . B .. L 'inculpé L ..., agé de soixante et onze ans, cassé , atteint d 'une double hernie inguinale énorme et de varices , est affecté d 'un écoulement urethral très -considérable , vénérien , contagieux, et peut, par le simple contact des parties sexuelles, avoir commu niqué à A , B . .. l'écoulement dont elle est atteinte . Observ. VIII. — Attentat à la pudeur sur deux petites filles. - In flammation vulvaire. — Déformation des parties sexuelles. - Lésions de la bouche et des lèvres. J'ai eu, dans cette affaire , à examiner deux petites filles dont je vais expliquer sommairement l'état. 1o Élisabeih , âgéc de dix ansmoins un mois, est une enfant de taille ordinaire , d 'une constitution assez chétive ; et son teint est påle et flétri, ses yeux fortement cernés. Elle a l'air très avancé et très -intelligent, et répond avec une assurance et une précision qui ne se démentent pas un seulinstant. . . Interrogée par nous sur ses rapports avec le sieur B . .., elle nous fait le récit de toutes les circonstances qui sontmentionnées dans les interrogatoires dont nous avons pris connaissance et qu'il est inutile de répéter. Nous rappellerons seulement les dé tails les plus importants. Il y a trois ans que le sieur B ... aurait pour la première fois attiré dans son lit la jeune Elisabeth , et depuis cette époque, le même acle se serait renouvelé toutes les fois que l'occasion s'en serait présentée. Dans ces diverses ren contres, ilaurait non - seulement porté les mains sur les parties les plus secrètes du corps de l' enfant, mais encore à plusieurs reprises il lui aurait placé le membre viril entre les cuisses, soit en avant, soit en arrière , en la mettant soit sur le dos, soit sur le venire, et s'étendant sur elle. Plus d 'une fois Elisabeth se sentit mouillée sur le ventre et sur les cuisses par un liquide OBSERVATIONS . 167 qu'elle prit pour de l'urine, et sur la nature duquel elle ne peut s' expliquer. En général, lorsque le sieur B . . . se portait sur elle à cette tentative de coit, elle éprouvait une vive cuisson et une sensation pénible qui la portail à s'agiter et à se retirer. Une seule fois elle ressentitune douleur plus violente que de coutume en mêmetemps qu'elle était couverte par une liqueur abondante . A la suite de ces actes si fréquemmentrenouvelés, Elisabeth con tinuait à souffrir de démangeaisons el de picotements assez dou loureux aux parties génitales. Elle ne s'est aperçue d'ailleurs d 'aucun écoulement. Elle ajoute que, dans ses attouchements, B .. n 'a jamais cherché à faire pénétrer son doigt au delà de l'orifice extérieur de la vulve. Ce sont là lous les excès auquel il s'est porté sur elle . Au dire du sieur N ..., depuis qu'il a celle enfant chez lui, il a remarqué que, chaque fois qu'elle allait chez B .. ., elle en revenaitmal à son aise , marchant péniblement, et qu' elle avait même eu plusieurs vomissements. Il n ' a pas ob . servé qu'elle fûtadonnée à la masturbation. L ' examen des parties sexuelles nous montre un développe mentassez considérable de ces parties : le pubis est garni d 'un duvet assez apparent ; les grandes lèvres forment une saillie très marquée, surtout en arrière , où elles s'écarlent de manière à laisser voir facilement l'orifice du vagin , qui est assez dilaté pour admettre l'extrémité du pouce d 'un adulte , les petites lèvres sont développées ; le clitoris, au contraire , est peu apparent ; la fourehette est amincie et déprimée , mais ne présente pas de dé chirure. A notre première visite, une inflammation extrêmement violente occupait l'entrée du vagin . Toutes les parties étaient considérablement boursouflées, d 'un rouge très- vif et d 'une sen . sibilité lelle que le moindre contact était insupportable et qu'il était difficile d 'apprécier bien exactement l'étatdes parties.La se conde fois , lorsque nous avons renouvelé notre examen , quelques moyens très simples que nous avions prescrits avaient diminué la phlogose , et nous avons pu voir que la membrane hymen , d ' ailleurs intacle, est refoulée profondément, de manière à lais ser en arrière un cul-de - sac assez profond entre la convexilé et le bord postérieur du vagin . Elle est encore luméfiée et très rouge, et l'orifice que circonscrit son bord concave est rétréci par le gonflement. Il n 'existe ni uleération ni écoulement appré ciable , et l'on ne constate sur le linge aucune tachc qui en in dique l'existence . Il n 'y a non plus dans les aines et à l'hypo ga jlre ni lumeur ni doul. ur. 148 VIOLS ET ATTENTATS A LA PUDEUR . Du côté de l'anus, il n 'y a absolument rien à noter ; la forme de l'orifice n 'est pas modifiée; il n 'est ni élargi, ni déchiré , et ne présente aucune trace de con 'usion ou de violence. Il n 'en existe pas non plus sur d 'autres partics du corps. 20 La jeune Joséphine, âgée de six ans et quatre mois, est peu développée et d 'une constitution délicate . La physionomie est extrêmement douce et candide ; elle répond avec une grande timidiié, mais en même temps avec une naïveté qui ne manque pas de précision . Il y aurail, suivant ses réponses, dix -huit mois que son papa B .. . l'aurail associée aux actes qu'il commeilait sur sa sour ; elles entraient toutes les deux dans le lit el passaient successi vement entre ses mains. D 'autrefois il les emmenait séparément dans quelque partie isolée de la maison . Il essaya sur la peti e Joséphine, dans la même position que sa seur, d 'introduire le pénis soit dans le vagin , soit dans l'anus ; mais il réitéra moins souvent ces tentatives, qu 'il ne poussa jamais très -loin , il se bornait avec elle à de mutuels attouchements.. . Les parties génitales de la petite Joséphine ne présentent rien d 'anormal, si ce n 'est un peu de rougeur des petites lèvres, sans inflammation bien notable , sans écoulement, sans ulcération . Lamembrane hymen est dansun état d 'intégrité parfaite ;,l'anus est également intact, ainsi que le reste du corps. Il n 'en est pas demêmede la bouche : les lèvres sont gonflées et très rouges. Tout leur pourtour est couvert de petites ulcéra lionsassez analogues par leur forme et leur aspect à des aphthes, mais exclusivement limitées au bord extérieur des lèvres, et ne s 'étendant ni à leur face interne , ni en dedans des joues, ni å aucune autre partie de la bouche. Les commissures labiales sont fendillées et en partie déchirées, d ' où il résulte que l' enfant ne peul ouvrir la bouche sans une vive douleur, ni parler ou remuer les lèvres sans une grande difficulté . Elle affirme qu 'elle n 'a ja mais cu d 'affection semblable avant des efforts dégoûtants de succion qu'a exigés d ' elle le sieur B . . . Des faits qui viennent d ' être exposés, nous conclvons que : A . Pour la jeune Elisabeth : 10 Il existe une violente inflam mation et une conformation particulière des parties génitales externes, qui peuvent être la suite d 'un contact irritani et répété d 'un corps dur comme serait le membre viril en érection . 20 II n 'y a ni écoulement, ni ulcération , ni aucune trace d 'affection syphil tique communiquée. 30 La membrane hymen estenflam 2 - 2 OBSERVATIONS. 149 mée et refoulée, mais il n 'y a pas eu détioration . 40 L 'anus ne présente, pas plus que le reste du corps, aucune trace de vio lence . B . Pour la jeuue Joséphine : 10 Il n 'existe aucune lésion , ni aucune trace de violence on côté des parties génilalcs ni de l'anus. Il n ' y a pas eu defloration . 2° Les lèvres sont le siège d 'une inflammation très- vive , et de nombreuses ulcerations, qui, eu égard à leur localisation exacte et à l'absence de lésions sem blables dans l'intérieur de la bouche, paraissent dues à une cause externe et directe . 30 Ces altérations peuvent en parti culier avoir été produites par l'introduction et le frottement d 'un corps volumineux et dur comme serait le membre viril et le contact d 'une nature acre comme l'humeur sebacée que sécrète la face inlerne du prépuce. 40 Quant à la nalure des ulcérations, bien qu' elles paraissent simples et non syphilitiques, nous ne pourrons la déterminer avec toule certitude que lorsqu'il nous aura été permis de procéder à la visite du sieur B ..., et peut être du jeune J . P . .. OBSERV. IX . — Attentats à la pudeur répétés sur une petite fille de neuf ans. - Déformation de la vulve. Visite de la jeune C .. , âgée de neuf ans. Teint flétri, yeux caves , développement précoce, débauche prématurée. Organes sexuels très développés ; vulve large et pro fonde ; hymen non déchiré mais refoulé . Infundibulum assez profond pour admctire l'extrémité du pénis ; ni inflammation , ni ulcération , ni écoulement, ni déchirure. Pas de traces de vio lence sur le reste du corps. La jeune C ... n 'a pas été défloréc , mais présente une déforma tion caractéristique des parties extérieures de la génération , résultat des tentatives répétées d' intromission d 'un corps dur et volumineux, comme le membre viril. OBSERV. X . — Attentats à la pudeur répétés sur une petite fille de dix ans. - Déformation caractéristique . Visite de la jeune M . D . .., dix ans, à Belleville , chez sa tanic , victime d 'attentat de la part du nommé A . 150 VIOLS ET ATTENTATS A LA PUDEUR. Enfant peu développée. Se refusa d'abord à l'examen . Bonne constitution . Parties sexuelles bien conformées, développement exagéré. L 'entrée de la vulve ci du vagin , nolablement élargie , forme une sorte d 'entonnoir au fond duquel se voit la mem brane hymen refoulée et incomplétement déchirée. .La four chelle , déprimée, ne porte aucune cicatricc. Ni inflammation , ni écoulement, ni ulcération . 1° La jeune M . D ... n 'est pas complétement déflorée . 2° Elle présente une déformation particulière les organes sexuels due à des tentatives répétées d ' intromission d 'un corps volumineux, comme le membre viril. 30 Ces tentatives peuvent remonter à une époque assez éloignée , mais qu 'il est impossible de pré ciser. Observ. XI. -- Attentats a la pudeur répétés sur une petite fille ágée de onze ans. -- Déformation caractéristique . Visite de la jeune M . A . L ..., âgée de onze ans, victimed 'atten lats répétés. Pelite taille. Teint flétri, yeux cernés. Déformation des or ganes sexuels. Vulve largement ouverte ; grandes et petites lè vres très- développées, en augmentant la profondeur. Dimensions du clitoris non exagérées. Hymer refoulé au fond d ' une sorte d 'infundibulum , en partie détruit et réduit à une sorte de repli circulaire qui laisse ouvert l'orifice élargi du vagin . Cette des truction partielle de l'hymen ne consiste pas en une déchirure, mais en une sorte d 'usure qui, jointe à la déformation et à la disposition infundibuliforme de la vulve , alteste des tentatives réitérées . Pas d 'inflammation . La jeune L ... n 'a pas été complétement déflorée ; mais elle présente unedéformation ct un élargissement des parties exté rieures de la génération qui peuvent avoir été produits par des tentatives répétées d ' intromission d 'un corps dur et volumineux, comme le membre viril. Il est impossible de déterminer d 'une manière précise la date et le nombre de ces actes ; il est permis néanmoins d 'affirmer qu'ils remontent à plus d 'un mois, et se sont renouvelés un assez grand nombre de fois . OBSERVATIONS. 151 OBSERV. XII. – Attentats à la pudeur répétés. — Déformation de la vulve chez une petite fille de onze ans. Visite, le 28 décembre 1852 , à Vincennes, de la jeune I... Enfant de onze ans, forte , physionomie étrange , difficultés pour se laisser examiner, Parties sexuelles volumineuses. Grandes lèvres fortes, velues. Ouverture de la vulve dilatée. Hymen non déchiré, mais refoulé et rétracté de telle sorte , que l'orifice du vagin est élargi, sans cependant pouvoir admettre un corps aussi volumineux que le membre viril. Fourchelle déprimée, mais non déchirée ; muqueuse rouge sans inflammation, ni ul cération , ni écoulement. Santé générale bonpe. La jeune I.., n 'a pas été déflorée , mais elle présente une dé formation caractéristique des parties sexuelles , qui résulle de tentatives répétées d 'intromission du membre viril, Ces lenta tives remontent à une époque assez éloignée et impossible à préciser, mais qu 'il est permis d 'évaluer au moins à deux ou trois mois . Il n ' existe aucune trace de violences extérieures, non plus qu'aucun signe d 'affection vénérienne ancienne ou ré cenle. • OBSERV.'XIII. Attentats à la pudeur répétés sur une petite fille de onze ans. – Déformation caractéristique des organes sexuels . Visite à l'hospice des Enfants- Trouyés, le 19 septembre 1849, de la jeune A ... G .. . Cet e enfant, agée demoins de onze ans, présente dans loute sa personne un développement physique et intellectuel fort au dessus de son âge. Sa physionomie , quoique peu ouverte , est assez heureuse. Elle est seulement fort påle ; son teint est flétri et ses yeux fortement cernés. Avant même que nous nous soyons suffisamment expliqué sur les questions que nous lui adressons relativement aux violences dont elle aurait été l'objet; elle s'em presse de devancer nos interrogations en nousopposant des dé négations obstinées. Elle se préle avec peine à l' examen auquel nous devons la soumettre, et parait redouter une douleur qui lui serait déjà connue. Nous parvenons cependant à constater les particularités suivantes : 152 VIOLS ET ATTENTATS A LA PUDEUR . Les parties extérieures de la génération sont remarquables par un développement anticipé et tout à fait extraordinaire. Le pubis est couvert de poils assez abondants et très- longs ; les grandes lèvres , fort développées déjà , en sont également pour vues ; le clitoris est d 'un volume très -supérieur à celui qu 'il pré sente d'ordinaire à cet âge ; mais ce qui frappe surtout, c'est l'absence de toute fraîcheur et l'aspect flétri de ces parties. Quand on écarte les petites lèvres , on voit que l'entrée de la vulve est notablement élargie et présente une disposition in fundibuliforme très-marquée. L 'hymen, qui se trouve refoulé au fond de cette espèce d 'entonnoir, n 'est pas complétement détruit : mais il est réduit à un anneau assez étroit dont l'orifice central est fort agrandi ; le bord libre de cette membrane est irrégulier , rouge, luméfié ; á sa base, on voit aussi une rougeur très - vive, due à une irritation assez profonde de la membrane muqueuse qui revêt l'entrée du vagin . Une sensibilité exagéréc accompagne celte irritation , et le contact de cette partie déter mine chez l' enfant quelques douleurs. Il n 'existe pas d 'autres traces de violence. On ne trouve pas non plus les signes d 'une affection vénérienne communiquée. Conclusions. De l'examen qui précède nous concluons que : 10 Le développement précoce, l'aspect et la disposition parti culière des organes sexuels chez la jeune A . G ... sont l'indice certain d 'une dépravation prématurée et d 'actes vénéricns répé. . tés. 2 . Il y a eu chez cette enfant non pas défloration complète , mais refoulementde la membrane hymen, élargissement de l'ori fice vulyaire et irritation vive de ces parties, produits par l'in troduction forcée ct fréquemment renouvelée d 'un corps dur, comme serait le pénis. 30 Il est impossible de fixer d 'une ma. nière précise l'époque à laquelle remonterait le premier accom plissement de ces acles altenlatoires à la pudeur; il est néan moins très- vraisemblable qu'ils remontent à plus d 'une année. Observ. XIV. — Attentats à la pudeur répétés sur une petite fille âgée de douze ans et demi. - Deformalion caractéristique . Visite de la jeune M . F .. ., douze ans et demi. Quoique d 'une taille et d 'une physionomie non exagérées, dé. veloppement vraiment extraordinaire des organes sexuels et de tous les altributs extérieurs de la nubilité. Vulve largementou OBSERVATIONS. 153 verte. Membrane hymen réduite à un anneau très- lache , ne for mantqu'un simple repli autour de l'orifice béant du vagin , dont les dimension sont de nature à permettre l'introduc ion libre et facile du membre viril volumineux. Il n ' y a d 'ailleurs aucune trace encore apparente de déchirure, d 'inflammation ou de lé sion quelconque. OBSERV. IV . – Attentats à la pudeur répétés. — Déformation caractéristique chez une jeune fille de treize ans et demi. Visite , lc 5 janvier 1854 , de la jeune A . I ..., à Charonne, âgée de treize ans et demi. Jeune fille grande, assez développée, quoique non nubile . Organes génitaux surtout présentant un développement presque complet et des poils assez nombreux recouvrant les grandes lèvres et le pubis . Vulve saillante et très- largement ouverte . Clitoris très-volumineux, Hymen , sans être entièrement détruit , profondément refoulé et en partie déchiré, en partie relâché, de manière à laisser béant el Irès- élargi l'orifice du vagin , dont la dilatation permet l'introduction facile du doigt.. D 'ailleurs ni inflammation, ni rougeur, ni écoulement. Sanié générale excel lente . 10 La jeune A . H . . . n 'a pas été complétement déflorée ; 20 mais les parties sexuelles sont le siége d 'une déformation caractéris tique, qui résulte manifestement de tentatives répétées d 'intro - mission d 'un corps dur et volumineux, comme le membre viril. 30 Ces tentatives ne sont pas loutes récentes, et l' état de la jeune A . H ... indique des habitudes déjà anciennes de débauche . 40 ] ! n 'existe pas d 'autres traces de violences, non plus qu'aucun signc d 'affection vénérienne ancienne ou récente . OBSERV. XVI. — Attentats à la pudeur répétés. - Déformation caractéristique de la vulve . Visite le 5 ayril 1854, à l'hospice Sainte -Eugénie , de la jeune E . R ..., âgée de quatorze ans et demi, formée depuis deux mois ; scrofuleuse ; organes sexuels prématurément développés ; grandes et petites lèvres énormes, allongées, grosses, repliées : en les écarlant, elles laissent béant un infundibulum au 151 VIOLS ET ATTENTATS A LA PUDECR . fond duquel se trouve l'orifice élargi du vagin . La membrane hymen est incomplélement déchirée, mais considérablement relâchée, au point d 'admettre sans difficulté l'index , Flueurs blanches très- abondantes. Pas d 'affection vénérienne. 10 E . R ., incomplétement déflorée. 20 Déformation caractéris ., tique et élargissement des parties sexuelles indiquant une lon gue habitude d 'allouchements et de tentatives répétées d 'intro mission d 'un corps volumineux et dur, commele membre viril . . 3° Elle ne porle pas d 'autres traces de violence, non plus qu 'au cune marque d 'affection syphilitique ou autre, ancienne ou ré cente . OBSERV, XVII. – Attentats à la pudeur répétés. – Déformation ancienne et caractéristique des organes sexuels . Au mois de février 1863, par suite d 'une commission roga toire de province, j'ai eu à donner mon avis sur un cas jugé contradictoirement par deux médecins, La jeuneI. S ... âgée de 7 ans, est petite pour son âge, mais d'une bonne constitulion . Le développement des parties sexuelles n ' a rien de prématurément exagéré, mais elles sont le siége d 'une déformation caractéristique que les deux premiers experts ont reconnue comme nous. La membrane hymen n 'est pas dé truite , mais elle est réduite à une bande cireulaire très- amincie et quine ferme pas l'entrée du vagin . L 'orifice de ce canal est notablement élargie . Au niveau de la fourchelle , qui est presque complétement effacée , on reconnait une petite cicatrice qui est en rapport avec l'ulcération superficielle précédemment cons tatée . Le clitoris et les autres parties qui composent les organes génitaux extérieurs n 'offrent rien d 'anormal. Il n 'existe plus ac tuellement aucune trace de l'inflammation et de l'écoulement qui ont été précédemmentnotés. En résumé, la jeune I. S . n 'est pas déflorée, mais elle présente une déformation caractéristique de la vulve ; un amincissement de la membrane hymen , une déchirure de la fourchelte et un élargissement de l'orifice du vagin qui indiquent, à n 'en pas dou ter , des tentatives répélées d 'intromission d 'un corps volumi neux et dur comme le membre viril. Ces désordres ne peuvent être attribués ni à une disposition naturelle ni à des attouchements de l'enfant sur elle -même. OBSERVATIONS. 155 Il est impossible de déterminer avec certitude l'époque à la quelle ils se sont produits, mais rien ne s'oppose à ce qu 'ils remontent à la date qui a éié indiquée. L 'un des médecins consultés s'était livré à de longues disser . tations sur l'état de l'hymen . Il trouvait la membrane très bien développée , lout à fait intacte, et cependant, dit- il , on voit l'in lérieur du vagin . Ce qui implique contradiction , car jamais rien de pareil ne se rencontre chez les petites filles. Observ. XVIII. Attentats à la pudeur répétés commis par un père sur sa fille . La jeune L .. ., agée de 15 ans, est pelite , non formée, mais présentant des signes de nubilité . La vulve Irès-développée est large et le clitoris très-gros. L'hymen relâché, non déchiré, le vagin béant. La santé générale n 'est pas altérée. Il résulte de cet examen que : to La jeune L ... , bien que non complètementdéflorée, pré sonte d s signes génitaux qui attestent des allouchements et des rapprochements sexuels répétés qui peuvent avoir été accom plis par un homme adulte . 20 Ces actes remontentà une époque déjà ancienne, mais dont il n 'est pas possible de préciser exactement la date . Observ. XIX . – Attentats à la pudeur répétés. — Déformation caractéristique. Visite le 13 octobre 1870 , en présence du père et de la belle mère. - Accusé âgé de 21 ans. Adèle V ..., âgée de 11 ans et demi, de constitution assez dé licale , très -avancée pour son âge. . . Les parties sexuelles présentent un développement préma. turé. La vulve s'ouvre largement. Les grandes et les petites lèvres s' écarlent très facilementetdécouvrentun vestibule évasé et profund, au fund duquel se voit l'orifice du vagin refoulé et élargi. La membrane hymen n 'est pas déchirée, mais manifeste ment dilatée et relâchée ; elle oc ferme nullement l'entrée du 1: 6 VIOLS ET ATTENTATS A LA PUDEL'R . vagin . Le clitoris est irès- volumineux eu égard à l' âge de l'en fani. Il n ' y a d 'ailleurs aucune trace d 'irritation récente , ni rou . geur, ni gonflement, ni sensibilité exagérée, ni écoulement. Les traits de l'enfant portent l'empreinte d 'une fatigue habi tuel'e ; mais la santé ne parait pas altérée . En résumé : 10 La jeune Adèle V .. ., sans être complétement diflorée, porte la trace d 'allouchements et de tentatives répétées d 'intromission dans les parties sexuelles d 'un corps plus volumi neux que le doigt de l'enfant. 20 Ces actes ne sont pas récents et ontdù commencer à une époque déjà éloignée et continuer pendant un temps assez long . Observ. XX. – Attentats à la pudeur répétés. — Actes de solomie . Déformation caractéristique. . Le 8 février 1868, j'ai visité une petite fille de sept ans, forie et présentant les organes génitaux prématurément développés. Le clitoris très- vo 'umineux est turgescent et violacé ; la vulve arge et béante; l'hymen refoulé rouge offi e une déchirure in complète de son bord libre . L 'anus présente des lésions caractéristiques . L 'orifice est di laté, largement ouvert, le sphincter forcé est rouge et irrité . La santé générale n 'est pas altérée. En résumé : 10 La jeune fille dont il s'agit n 'est pas complétementdéflorée. 2° La déflo sation des parties sexuelles atteste qu 'elle a subi des tentati ves violentes d ' intromission d 'un corps plus volumineux que le doigt de l'enfant. 30 Elle porte des traces manifcstes d 'attentat contre nature. Observ. XXI. - Tentative de viol et attentats répétés par un père sur sa fille. – Déchirure incomplète de l'hymen . - Défor . mation singulière. La jeune M ..., âgée de treize ans, victime de son père , est très-petite et grêle pour son âge, non formée et présentant à peine un léger duvet sur le pubis . L 'hymen est déchiré , non pas d 'une manière complèle , mais OBSERVATIONS. 157 vers l'extrémité droite, où l'on voit un fragment rétraclé qui forme une espèce de caroncule myrtiforme isolée. Le reste de l'hymen est refoulé, aminci , mais subsiste. L 'orifice du vagin est en outre notablement élargi ; mais ni les dimensions du vagin ni l'écartementde ces lambeaux ne sont suffisan ' s pour ad . mettre même actuellement l'introduction complète du membre viril . Il n ' y a d 'ailleurs ni ulcération , ni écoulement, nimaladie quelconque. Santé générale non altérée , quoique peu robuste . La jeune M . est incomplétement déflorée. Los désordres qui existent dans les organes génilaux ne peu vent être le produit de simples attouchements, ceux - ci excluant l'idée de violence et de déchirure , et n 'ayant pu amener le refou lement de l'hymen . Ils doivent être attribués à des tentatives répétées, mais in complètes, d 'intromission d 'un corps plus volumineus que le doigt d 'un enfant et analogue au membre viril . · Il est impossible de préciser exactement l' époque à laquelle remonient ces désordres ; mais on peut affirmer qu' ils sont an ciens et peuvent répondre à la date assignée par la déclaration de l' enfant. OBSERV. XXII. – Attentats à la pudeur répétés commis par w : père sur sa fille. – Déformation des parties sexuelles . – Reli chement de la membrane hymen permettant, malgré son intė - grité , l'intromission complète . A . R . P . .., âgée de quatorze ans et demi, d 'un tempérament lymphatique, d 'une constitution molle, quoique en apparence assez bonne , présente un développement physiquc plus avancé que ne le comporte son âge. On remarque particulièrement que les scins sont assez volumineux, la poitrine et le bassin larges, développés , l'embonpoint assez considérable . Cependant cetic jeune fille n 'est formée que depuis un mois et a eu ces règles deux fois , les 8 et 30 juillet 1847 . Elle dit qu 'il y a longlemps qu 'elle était devenue aussi forte qu 'elle l' est actuellement. Ce développementprécoce doit être attribué à l'excitation prolon gée que les habitudes anciennes et avouées de masturbation ont dù produire dans les organes de la génération, ei, par suite , dans la constitution de la jeune R . P ... Depuis assez longtemps aussi, et même avant son séjour à Paris, qu'elle n 'habile que 158 VIOLS ET ATTENTATS A LA PUDEUR . depuis un an , la nommée R . P ... est sujette à des flueurs blan ches continuelles qui paraiss 'nt même avoir augmenté sous l'influence des excès d 'onanisme auxquels elle s'est livrée . Cette fille n 'a d 'ailleurs jamais eu aucune maladie depuis qu'elle est à Paris. Elle n 'a suivi non plus aucun traitement pour l'écoule ment leucorrhéique dont elle est alleinte . Les capsules dites de copahine-Mége, trouvées à son domicile , élaient, à ce qu'elle prétend , destinées à son père, qui, du reste , n ' en faisait plus usage depuis longtemps. Nous constalons que les organes génitaux sont dans l'état suivant : Le pubis est couvert de poils assez abondants. Les parties gé pitales sont généralement flétries . Les grandes et les petites lèvres sontbruges et flasques ; celles- ci sont surtout développées outre mesure . La membrane hymen offre un relâchementconsi dérable ; elle est de plus déformée et inégalement divisée par deux dépressions peu profondes entre lesquelles se trouvent des replis saillants en forme de tubercules . Celte disposition pourrait être prise pour une d ' chirure incomplète, si l'on ne remarquait que le bord libre de la membrane présente seul des échancrures dont les bords ne sont d ' ailleurs ni boursouflés, ni rouges, ni enflammées, et ne présentent aucune trace d 'excoriation , aucune cicatrice ancienne ou récente . Le peiil doigt introduit avec pré caution dans le vagin , n 'éprouve aucune constriction , el fait constater d ' unemanière directe la flaccidité et le relâchement de toutes ces parties, qui, de plus, sont lubrifiées par l' écoulement d 'une matière blanchâtre analogue à celle qui constilue les flueurs blanches Aucune ulcéralion , a ucun gonflement, n 'existent à l'orificede la vulvé. On remarque seulement que les grandes lèvres et la partie interne et supérieure des cuisses sont le siége d' une af fection particulière de la peau désignée sous le nom d 'eczéma, et spécialement caractérisée par une forte rougeur et une érup tion de petites vésicules dont la présence détermine une déman . geaison des plus vives. Cette éruption nous parail résulter de l'écoulement lcucorrhéique habituel. CONCLUSIONS : 10 La fille A . R . P ... ne présente pas les signes de la défloration . 2° La membrane hymen n 'est ni déchirée ni rompue, mais présente un relâchement et une déformation an . cienne due, ainsi que là flétrissure observéc, aux habitudes jour nalières d ' onanisme a vouées par la fille R . P . .. 30 Crité fliccidité OBSERVATIONS. 159 des parties extérieures de la génération a pu rendre facile l'in troduction du membre viril, sans qu 'il en résullât une déchirure complète de l'hymen et des désordres nouveaux. Appelé avec mon regrellable collègue, H . Bayard , à nous ex pliquer sur les conclusions du rapport d 'un expert précédemment appelé , nous avons démontré qu'il n 'y avait pas rupture, mais simplement déformation de la membrane hymen . Nous ferons remarquer que, s'il y avait eu déchirure et plaie récente remontant soit à deux, soit même à huit ou dix jours , on eût infailliblement trouvé les bords de cette plaie encore tuméfiés , rouges, incomplétement cicatrisés , surtout si l'on considère le retard qu 'aurait nécessairement apporté à la cica trisation le contact d 'un liquide étranger , comme le sang des règles. Or les termes mêmes du rapportmontrent que rien de sem blable n ' existait. . Pour la qualrième conclusion , on ne peut déterminer, ainsi que le fait remarquer le docteur X ..., la nature du corps volumi neux introduit dans les parties génitalcs. Mais, par les motifs que nous avons ci-dessus exposés, il n ' est pas impossible qu'il y ait eu intromission du pénis: Dans la cinquième conclusion , M . X . .. admet que si la deflo - . ration n 'a pu être opérée à l' époque du 31 juillct dernier, mais qu 'elle remonte à une époque pluséloignée, cela n 'implique point l'impossibilité d 'un viol à l'époque ci -dessus. Or nous avons éla bli dans notre rapport qu'il n' y avait pas eu , à proprement par ler , defloration , c'est- à -dire rupture de l'hymen, mais simple ment déformation de cette membrane; mais, du reste, d 'après le caractère des désordres que M . X . . . lui-même a constatés, il n ' é tait pas fondé à établir que le viol ait eu lieu plutôt avant le 31 juil. let qu'à cette époquemême. . " . . Pour la sixième, nous n 'avons pas trouvé non plus les signes d 'une affection syphilitique ;mais nous avons constaté d' unema nière certaine, positive, un écoulement blanchâlre de flueurs blanches, qui, d 'après la déclaration de cette fille, aurait lieu depuis longtemps. Les habitudes de masturbation avouées par elle en expliquent suffisamment la cause . Enfin , pous pensons que les circonstances dans lesquelles l 'examen a été fait par M . le docteur X .. ., c 'est - à - dire la pré sence de règles, ont dû rendre plusdifficile une exacte apprécia tion des faits . ( 60 VIOLS ET ATTENTATS A LA PUDEUR . Observ. XXIII. – Attentats à la pudeur répétés par un père sur sa fille. — Rapprochements sexuels incomplets suivis de grossesse. Visite, le 2 juillet 1854 , du nommé D ..., accusé d 'avoir rendu sa fille enceinte . La conformation de cet homme est normale. Les actes qu'on lui reproche auraient consisté, au dire de sa fille , en approches répétées suivies de frottements contre ses propres parties el d ' é jaculations. Ces rapprochements auraient eu lieu pendant plu sieurs années de suite et un assez grand nombre de fois . Or, bien que la jeune fille n 'ait pas eu la sensation d 'une introduction complète , il est extrêmement vraisemblanle que le membre viril a peu à peu refoulé les parties et pénétré d 'une manière presquc insensible au moins à l' entrée de la vulve . L ' état des organes de la demoiselle D ... n 'ayant pas été constaté , on n 'a pu vérifier quelle disposition affectait chez elle la membrane hymen , et l’é . Troitesse du vagin reconnue au moment de l'accouchement par M . le docteur Legrand n ' a pu empêcher ce rapprochement incom plet mais direct et répélé qu'avoue la jeune fille . Or ce seul fait suffit parfaitement pour expliquer la grossesse , la fécondation pouvant s'opérer dans des rapports sexuels in complets , alors même que la défloration n 'aurait pas eu lieu ; surtout, comme cela est arrivé dans le cas présent, lorsque des rapports ont été fréquents , répétés, et qu'ils se sont accomplis dans des conditions qu'il est permis de considérer comme fa ciles. Bien que la conformation du nommé D ... n 'ait rien d 'anor mal, et que l'état d ' étroitesse constaté chez sa fille indique qu'elle n 'a pas dû subir d 'actes sexuels complets, les faits qu'elle impute à son père peuvent être l'unique cause de sa grossesse. Observ. XXIV. - Constatation de virginité . - Vice de conformation du vagin . – Déformation de la vulve. Visite de la femme C . D ..., âgée de quarante et un ans, disant n 'avoir jamais subi les approches d 'un homme, contrairement aux allégations de l'inculpé X . .. , qui prétend avoir été son OBSERVATIONS. 161 amant et explique ainsi des dons qui lui sont imputés comme des vols . Celle fille est forte , brune et bien constitués. Le bassin est très développé. Les parties extérieures de la génération tout à fait normales . Les grandes et les petites lèvres offrent des di. mensions peu exagérécs. Elles s'ouvrent largement et laissent voir une sorte de vestibule infundibuliformeprofond , à l'extré mité duquel est une sorte de bourrelet saillant formé par la mem brane hymen percée au centre d 'une ouverture à bords frangés dans laquelle on n 'admet qu 'avec peine l'extrémité du petit doigt. On consiale aussi une étroitesse lout à fait anormale du vagin , dont les parois sont contractées , rigides, et ne pourraient, dans aucun cas, admelire le membre viril le moins volumineux. La membrane muqueuse qui revét l'intérieur de la vulve est le siège de quelques petites éraillures, et n 'a pas l'aspect et la coloration qu'elle présente le plus ordinairement chez les femmes vierges . La fille D ... déclare d 'ailleurs que sa santé est rég ulière , qu' elle n 'a jamais éprouvé de 'trouble dans la menstruation , et qu'elle n 'a été atleinte d 'aucune affection particulière des organes gé nitaux. De l'examen qui précède, nous concluons que : 1° la fille C . D ... présente un vice de conformation des organes génitaux qui ne lui permet pas l'accomplissement régulier de l'acte sexuel , mais qui ne s'oppose pas à l'intromission incomplète du membre viril ; 20 la membrane hymen n 'a pas été détruite , mais clle est refoulée profondément, et celle circonstance , jointe à la déſor mation caractéristique des parties extérieures de la génération , indique que la fille C . D ... peut, sans avoir été défloréc , avoir subi les approches d 'un homme. Observ. XXV. – Attentat à la pudeur. — Déchirure partielle de l'hymen par l'introduction brusque du doigt. A .. . N ..., quatorze ans et demi, visitée le 4 mai 1851, formée, mais très.pou développée , présente l'hymen non déchiré dans toute sa hauteur, commecela a lieu par le fait de la défloralion , mais perforé à ga partie inférieure au - dessous du bord libre qui a été respecté et formeune bride transversale au -devantde l'ou verlure du vagin . Plaie circulaire, bords réguliers, rouges, viola TARDIEU , 6e ÉDITION . 162 VIOLS ET ATTENTATS A LA PUDEUR . cés, en voie de cicatrisation . La fourchelle a été déchirée super ficiellement, ecchymose à son centre. – Non déflorée . Déchirure des parties extérieures qui entourent l'hymen ,mais elle ne résulle pas de l'intromission du membre viril.. Celte lésion a été faite par des allouchements extrêmement violents et la perforation par la brusque introduction du doigt. Observ.XXVI. - Attentat à la pudeur et viol commis sur deux pe tites filles. — Défloration complète. Inflammation de la vulve et du vagin . Des déclarations que nous ont faites ces deux enfants, dontle récit concorde assez exactement, il résulle que, du 25 au 26 août dernier , dans la soirée , le sieur M . .. les aurait attirées chez lui, ct, après leur avoir donné à souper , les aurait décidées à se cou cher toutes deux dans un lit, pendant que lui partagerait celui de son jeune fils . Il n 'aurait pas tardé à venir les rejoindre, et, après quelques attouchements, il se serait d 'abord approché de la jeune G . .. , sur laquelle il se serait étendu en s'efforçant de lui introduire le membre viril entre les jambes. Il l'avait quittée en suite pour se porter sur la jeune B . .. , envers laquelle il aurait renouvelé sa tentative ; mais il était revenu sur L . G ... el ne l'aurait quittée que parce que son fils s'était réveillé . Elles ont prétendu toutesdeux qu ' il leur avait fait bien mal; mais aucune ne se rappelle exactement avoir été mouillée à la suile des mou vements que se donnait le sieur M ... pendant qu'il était couché sur elles. La jeuneG ... croit pourtant se souvenir que sa compa gne B ... en avait fait la remarque. Elles disent aussi que le len demain quelques gouttes de sang se trouvaient sur les draps. Il paraît que ces enfants, n 'osant pas rentrer chez leurs parents , revinrent plusieurs soirs de suite se réfugier encore chez l'homme qui les avait entrainées une première fois et qui, à ce qu'elles assurent, n 'a cependant pas renouvelé ses infames attaques . Dans cet intervalle , elles ont été laver elles-mêmes au canal la chemise qu'elles portaient, afin d 'en faire disparaitre des taches jaunâtres qu 'elles y avaient observées dès le lendemain du jour où elles avaient couché chez le sieur M . . . Enfin les enfants furent rendues à leurs parents, qui ne lardèrent pas à s'a percevoir qu' elles étaient affectées loules deux d 'un écoulement vaginal. OBSERVATIONS . 163 L'examen individuel auquel nous avons soumis ces deux en fants nous a donné les résultats suivants : La jeune M . B . .., âgée de Treize ans, est d 'une assez bonne constitution , sa taille et en général son développement physique sont au -dessous de son âge. Elle n 'est pas encore régiée, son teint est frais, sa santé en apparence bonne. Sa mère affirme qu'elle s'est toujours bien portée et qu'elle n 'a jamais eu notam ment aucun écoulement blanc. Chez cette enfant, les parties sexuelles offrent un développement régulier, et commencent à se couvrir d 'un léger duvet. Les petites lèvres sont allongées et dé bordent un peu les grandes lèvres. Lorsqu 'on les écarte on voit suinter entre les replis de la vulve unematière jaune verdâtre très - épaisse . La face interne des petites lèvres et la membrane muqueuse qui tapisse l' entrée du vagin ne sont pas uniformé. ment rouges et enflammées, mais on voit sur le côté et surtout dans le pli profond que forment le pourtour de l'hymen et la pa roi latérale du vagin , de petites plaques extrêmement rouges, gonflées, au milieu desquelles se remarquent de petites ulcéra tions superficielles recouvertes par une couche épaisse de mucus purulent. La membrane hymen n ' est pas détruite , elle offre seu lement un boursouflement assez notable de son bord libre et de sa face antérieure, sans déchirure ni déformation. Son ouverture naturelle , peut- être un peu élargie , ne l'est pas assez pour ad mettre mêmel'extrémité du petit doigi. La fourchette est intacte , le clitoris peu développé; le méat urinaire n 'est pas enflammé. L 'enfantne se plaint d ' ailleurs d 'aucune douleur. Les ganglions de l'aine ne sontpas engorgés. · L ' extérieur de la jeune G . . ., âgée seulement de douze ans et demi, contraste avec celui de sa compagne. Elle est påle, son teint est fatigué et flétri , ses yeux caves et cernés. Elle n 'est ce pendant pas plus développée que ne le comporte son âge, et n 'est pas réglée. Sa mère déclare aussi qu' elle n 'a jamais eu , à aucune époque , d 'écoulement leucorrhéique . Les parties sexuelles ne sont pas garnies de poils nimême de duvet ; elles ne sont pas anor malement développées. Avant même d 'écarler les grandes lè vres, on voit la vulve baignée par une matière jaune verdâtre très-abondante , et qui rendrait toute exploration impossible si l'on ne faisait laver l'enfant. Il est facile alors de constater qu'il n 'y a pas de rougeur vive et générale de la vulve ; les petites lè vres et l'entrée du vagin sont le siége d 'une irritation peu aiguë ,

sans hoursouflement, sans ulcération , sans aucune espèce de

16 ! VIOLS ET ATTENTATS A LA PUDEUR . douleur. La membrane hymen est divisée dans toute sa hauteur cn deux lambeaux quiforment de chaque côté deux replis assez larges, sinueux, comme froncés, fermant en partie l'orifice du ya gin et agglutinés par la matière de l'écoulement, de manière à simuler unemembranc hymen intacte . Ces replis, dont les bords ne sont pas plus vivement enflammés qu 'elle, se laissent d'ail leurs facilement écarter et laissent voir l'ouverture béante du vagin , dans laquelle le petit doigt pénètre sans difficulié, et d 'où s 'écoule , à la moindre pression , un mucus abondant. La four chette est un peu rouge, sans déchirure ni ulcération. Il n 'y a pas non plus d 'engorgement des ganglions inguinaux. Les chemises portées actuellement ou durant ces derniers jours par les filles B ... et G ... sont fortement tachées par l'hu meur jaune verdâtre qui s' écoule de leurs parties sexuelles . Elles ne présentent d 'ailleurs rien quimérile d ' être particulière ment noté. Des faits précédemment exposés nous concluons que : A . En ce qui concerne la fille B ... : 1° La défloration n 'a pas eu lieu chez celle jeune fille . 20 Elle est atteinte d 'un violente inflam mation des parties extérieures de la génération avec écoulement vaginal abondant. B . En ce qui concerne la jeune G . .. : 10 Cette jeune fille est défloréc. La membrane hymen esl chez clle complétement divi séc. 20 Elle est, en outre , affectée d 'un écoulementde pus abon dant qui se fait par le vagin . C . En ce qui les concerne toules deux : la nature de l'écoule ment que présentent ces deux enfants parait identique , et, si l'on considère que le sieur M . . . , comme cela a été constaté, est ac tuellement affecté d 'un écoulement blennorrhagique uréthral, il est extrêmementprobable que la maladie des jeunes B ... et G ... leur a été communiquée par le contact du sieur M ... OBSERV. XXVII. – Attentots et actes d'obscénités contre nature commis sur une petite fille de sept ans et sur un petit garçon de cinq ans, désordres locaux très-remarquables. J'ai rapporté déjà le fait de ces domestiques qui ont exercé les plus dégoûtantes violences sur les deux enfants de leur mailre, et dont les détails se sont déroulés devant la cour d 'assises de la Seine au mois d ' ayril 1866 . OBSERVATIONS. 163 Voici les désordres que j'ai constatés chez ces enfants. · La petite fille, brune et agée de sept ans, est grasse , d'une constitution strumeuse prononcée . Les parties inférieures de son corps sont excessivement développées. Les cuisses sont très grosses , La vulve est énorme et couverte de poils. Le clitoris est volumineux, les petites lèvres saillantes et dures, offrant une turgescence inusitée. Le vestibule est large , infundibuliforme. Au fond apparail une sorte de tubercule rouge mamelonné formépar la membrane hy men refoulée et en partie déchirée . Le vagin contracté n 'admet pas le doigt. Il n 'y a ni inflammation , ni écoulement, ni maladie communiquée. La fourchette cst effacée . L 'anus à peine séparé de la vulve est très - élargi, presque béant, capable de recevoir un corps plus vo lumineux que le doigt. Les fesses très- saillantes sont noires etmeurtries d 'ecchymoses larges et profondes par suite des corrections que la mère inflige à sa fille et auxquelles celle- ci se soumet comme à l'unique moyen de réprimer les dispositions perverses de son imagination el de ses sens. Le petit garçon , âgé de cinq ans, a le pénis long et le pré puce très-mobile . L'anus n 'offre qu 'un certain degré de dila talion . Observ. XXVIII. - Tentative de viol. - Traces de violences graves. Visite , le 16 juin 1854, de la fille F ..., victime d 'une tentative de viol dans le cimetière du Père-Lachaise , Dix -huit ans et forte , bien formée . Parties sexuelles, seins flé tris , et pas de traces de violences à l'extérieur. Hymen non di visé, mais relaché, orifice élargi au point d'admettre même le pénis. Petite déchirure incomplète sur le bord libre avec pro longement d 'une excoriation superficiclle sur la fourchelic. Pas d ' écoulement ni d 'inflammation . Gonflement très-douloureux de la cuisse, qui est comme foulée par une dislocation de la hanche qui rend la marche très-pé nible, presque impossible. Pas de traces apparentes de contu sions. Douleur à la poitrine. Gonflementdouloureux du cou . Pas deflorée , mais traces d 'habitudes assez vicicuses , et cio . lencesmanifestes el récentes datant de trois semaines au plus. 166 VIOLS ET ATTENTATS A LA PUDELP . OBSERV. XXIX . - Tentative de viol. – Suicide de la victime. - Traces de violence. Autopsie, le 1er mai, à la Morgue (avec le docteur Robertet) du cadavre de la fille 11 .. ., qui s 'est jetée par la fenêtre dans la nuit du 29 au 30 avril 1849 . Jeune fille de grande taille , parfaitement conformée . Rigidité cadavérique très- prononcée . Pas de putrefaction . La tête est le siége de fractures comminutives des os du crâne etde la face , et notamment des deuxmaxillaires,avec plaie. Dé formation des trails . Écrasement du néz . A la partie antérieure du cou, au -devant du larynx, vers la base du sternum , on voit de nombreuses excoriations superficiel. les , dont deux surtout ont la forme exacte des ongles ; au-des-- sous des léguments de cette région , il existe des ecchymoses disposées régulièrement de chaque côté du larynx et de la tra . chée , et formées par du sang coagulé qui pénètre jusque dans. l' épaisseur des muscles. Ces ecchymoses, par leur situation pro forde et par leur peu d 'étendue, ainsi que par leur disposition régulière , n 'ont pas évidemment été produites par la chute du corps; elles paraissentmanifestement résulter de la pression du cou . En effet, elles sont très-distinctes d’ecchymoses et d' épan chements sanguins très-abondants qui existent sous la clavicule droite fracturée vers son extrémité acromiale . Les quatre côles supérieures droites sont égalementbrisées, et du sang est infiltré daps les parois de la poitrine. Les poumons sont sains ; ils offrent seulement à leur surface quelques ecchymoses superficielles . Le cour nage dans une grande quantité de sang liquide épanché dans le péricarde, et qui s'est écoulé par une rupture survenue à la jonction de l'auricule avec l'oreillelle droite. Les ventricules sont vides et fortement revenus sur eux-mêmes. Parois de l' abdomen intacles , si ce n 'est à la partie inférieure gauche au niveau de l'épine iliaque antérieure et supérieure, où l' os brisé fait saillie à travers les léguments déchirés. Organes. abdominaux à l' état normal, sans ruplure ni épanchement. Esto mac conlenantune grande quantité de matières alimentaires, no - • tamment de carottes incomplétement digérées . Ecchymoses nombreuses sur le devant des jambes, sur les bras OBSERVATIONS. 1. 7 et l'avant-bras. Fracture du poignet gauche avec infiltration de sang considérable dans les muscles. Les parties génitales extérieures sont bien conformées et assez développées. Les petites lèvres sont très- grandes , assez brunes ; la petite lèvre droite a , à sa face interne, une petite excoriation peu profonde, linéaire , ressemblant à un coup d 'ongle. Clitoris volumineux. Hymen complétement détruit. Orifice de la vulve étroit ,mais béant, et pouvant admettre le pénis . Caronculesmyr tiformes tout à fait revenues sur elles-mêmes. Matrice peu volu mineuse, ne contenant pas de produit de conception , renfermant une grande quantité de mucosités filantes n 'ayant pas l'odeur spermatique et qui sont recueillies entre deux lames de verre pour être examinées ultérieurement. Les parties voisines des or ganes génitaux sont le siège de lésions caractéristiques. La ré gion hypogastrique présente un grand nombre d 'excoriations superficielles Transversalement placées, dont deux ont la forme des ongles. Au-dessous de ces excoriations , et dansle tissu cellu laire du mont de Vénus, on trouve des ecchymoses et une infil tration de sang coagulé. A la partie interne et supérieure des cuisses, des ecchymoses disposées régulièrement et présentant tout à fait l'empreinte des doigts, avec infiltration de sang sous jacente , CONCLUSIONS : 10 La mort de la demoiselle H . .. est le résultat des fractures du crâne et de la rupture du cour produites par la chute du corps, sans qu 'il soit possible de déterminer si elle a élé volontaire ou involontaire . 20 Le cadavre présente en outre sur les cuisses et autour des parties sexuelles des traces de con tusions ou de pressions exercées avec les mains, et qui parais sent indiquer que la mort a été précédée d 'une tentative de viol. 30 Néanmoins la défloration n 'est pas récente . La demoiselle H .. . n ' a pas eu d ' enfants, mais elle a cessé depuis longtemps d 'être vierge . 4° On trouve encore autour du larynx et de la trachée des ecchymoses et des excoriations résultant d 'une forte pression exercée sur le col. Examen des matières recueillies lors de l'autopsie dans la matrice et les organes sexuels de la demoiselle H ... placées entre deux la mes de verre et mises sous scellé. Portion demi-liquide ; por tion desséchéc. La liqueurne contientpas la plus petite quantité de sperme. Elle est uniquement formée de mucus, et analogue à la matière qui humecte la surface intérieure des parties gé. nitales chez la femme. Il est permis d'affirmer que la demoiselle 163 VIOLS ET ATTENTATS A LA PUDEUR H .., n 'a pas eu à subir complétement l'acte du coit au milieu des violences commisessur sa personne quelquesinstantsavantqu'elle se donnåt la mort. Examen de l'inculpė D . .. le 2 mai. Le sieur D . .. nie toule espèce de violence et de lutte : il avoue avoir fait des attouche ments sur les parties où l'on a trouvé des ecchymoses à l'au topsie de la demoiselle H . . . Il aurait introduit le pénis de cing centimètres seulement, ce qui est plus que suffisant pour qu 'il y ait eu defloration complète. Examen de toutes les parties du corps. La léte , le col, le Tronc, les membres inférieurs, les organes génitaux ne présentent aucune trace de contusions, de plaies ou de violences quelconques, récentes ou anciennes. Sur les membres supérieurs nous constatons : à la main droite , a 'une part , à la base du pouce, et, d 'une autre part , à la face palmaire du petit doigt, deux petites excoriations très-superficielles, très peu éiendues, qui peuvent remonter à trois ou quatre jours. Les ongles des deux mains sont remarquables par leur longueur et leur forme acérée . A l'avant-bras , du côté gauche , sur le bord externe du membre, un peu au - dessus du poignet, il existe cinq empreintes bleuâtres d 'unc teinte encore peu marquée, superposées les unes aux autres, el disposées très-régulièrement, suivant une ligne courbe à concavité antérieure . Celle de ces empreintes qui est la plus rapprochée du poignet est plus large et plus apparente que les autres . Ces traces paraissent résulter d ' une forte pression exercée sur l' avant-bras par les doigts réunis , et être produites par des ecchymoses sous- cutanées qui deviendront sans doute plus visibles dans quelques jours, à mesure que le sang épanché pénétrera , en se résorbant, les couches les plus superficielles de la p au . CONCLUSIONS : 10 L 'inculpé D . .. porte à la main droite deux petites excoriations de date récente , pouvant résulter d 'une luitc , mais trop peu caractérisées pour que l'on doive les altri buer avec certitude à cotle cause . 2º Il présente en outre à l'avant-bras gauche des traces d 'occhymoses pouvant remonter à trois jours, et que leur disposition , leur forme, tous leurs ca racières, indiquent commeayant été produites par la pression violcntc de la main qui serre le bras avec force ou qui cherche à l'éloigner et à le retenir, comme il arrive dans une lutte . 30 II OBSERVATIONS. 169 n 'existe pas d 'autres traces de conlusions ou de blessures ré centes sur les différentes parties du corps de l'inculpé D .. . OBSERV. XXX . – Viol. – Defloration complète sur une petite fille de douze ans. Joséphine C . . ., âgée de douze ans, est une enfant bien con formée , d 'une bonne constitution , et dont le développement physique n 'est ni au-dessus ni au -dessous de son âge. Ses traits sont réguliers, sa physionomie agréable : son visage a de la fraîcheur et loutes les apparences de la santé; ses yeux ne sont pas cernés. Cette enfant parcît très -intelligente et d 'un esprit très-ouvert : ses réponses sont remarquables par une grande convenance ct une invariable précision . Les cxpressions dont clle se sert contrastent par leur retenue avec les tristes détails dans lesquels elle est forcée d ' entrer ; et son récit , loin d 'an noncer une dépravation naturelle, ne montre qu'une science malheurcusement lrop précoce, mais qu'elle déplore et dont elle a honte . Voici d 'ailleurs, en résumé, les fails tels qu'ils res sortent des réponses de cette jeune fille . Le sieur C ..., qui vit en concubinage avec la mère de José phine, profitant des instants où il se trouvait seul avec celle enfant, qui, il y a un an à peu près, demeurait chez sa mère, l'attira à plusieurs reprises vers lui, et, après lui avoir fait des caresses et d 'indignes atlouchements , alla , suivant l'expression de la jeune C ..., jusqu'à « lui faire des choses qui n ' étaient pas à faire. » Pressée par nous de s' expliquer, elle avoue que le sieur C . . ., la couchantsur son lit , luimit son affaire entre les cuisses et poussa avec force en s'agitant vivement. L ' enfant cherchait à se dégager et poussait des cris que firent taire les menaces de C ... Ces actes sc renouvelèrent à plusieurs reprises pendant l'espace de deux à trois mois. La première fois Joséphine vit ses parties et ses vêtements tachés de sang ; depuis, bien qu'elle souffrit encore, elle remarqua seulement que sa chemisc était souillée par une liqueur blanchâtre. Elle se décida à confier à sa mère ce qui s'était passé, et C .. ., l'ayant appris, renouvela ses menaces et les mit même à exécution en lui reprochant de faire comme sa sæur aînée , qui avait eu apparemment aussi à se soustraire å de pareilles tentatives. Depuis cetle époque la jeune C .. . a res senii, à plusieurs reprises, de la difficulté à marcher et de la 170 VIOLS ET ATTENTATS A LA PUDEUR. cuisson, de la douleur, en urinant. Ayant quitté la maison de sa mère, elle fut mise en apprentissage chez un sieur G . .., fabri cants de jouets d 'enfants. Cet homme se porta aussi sur elle à des actes infâmes, qui n 'allèrent cependant pas jusqu'à des ten . tatives de coït. Étant pris de vin , il se montra à elle dans un état de nudité complète, l'embrassa et luimit le doigt dans les parties les plus secrètes du corps. C 'est après cette scène qu'elle quitta cette maison et se réfugia chez son frère, de la conduite duquel elle a toujours eu à se louer , et dont elle ne se serait jamais séparée , s'il n 'avait eu le malheur de perdre récemment sa femme. Joséphine affirme qu'elle n 'a jamais eu aucun rap port avec des petits garçons de son âge, et qu 'elle ne s'est ja mais livrée, soit avec ses compagnes, soit seule, à aucun altou chement indécent; elle aurait, dit- elle, été prémunie contre celte funeste habitude par les conseils de son frère, et la terreur salutaire qu'il lui a imprimée. Elle ajoute qu'elle a un vif regret d 'être trop instruite et d 'avoir appris de ses corrupteurs, quine lui ont rien caché, la manière de faire des enfants . A part les douleurs peu durables qu ' elle a éprouvées à la suite des vio lences de C . . . , elle n ' a ressenti aucun autre accident, et no tamment n ' a été sujette à aucun écoulement leucorrhéique. M . le directeur de l'hospice des Enfants Trouvés, qui ignorait d 'ailleurs les raisons qui avaientmotivé le dépôt de la jeune C . . . , nous a déclaré que sa conduite , depuis trois semaines qu'elle est dans l'établissement, éiait bonne, et qu 'on n 'avait remarqué en elle aucune mauvaise habitude : on a été frappé seulement de la finesse et du développement précoce de son intelligence. Elle n 'a pas été soumise à la visite des médecins ou chirurgiens de l'hospice . Après avoir recueilli ces divers renseignements , nous avons examiné avec le plus grand soin toute la surface du corps, et particulièrement les parties sexuelles de la jeune Joséphine . Il n 'existe nulle part aucune trace de violence, de plaie ou de contusion , soit ancienne, soit récente. Quant aux parties géni tales externes, elles se présentent dans l'état suivant. Elles sont généralement très -développées et très -ouvertes. Les grandes lèvres s'écarlent largement, surtout à la partie postérieure, et laissent voir l'orifice vulvaire très -dilaté . La fourchette est dé primée, mais sans déchirure . La membrane hymen , incomplete ment déchirée , forme deux lambeaux que l'on écarte facilement, et qui, en se séparant, laissent voir béant l'orifice du vagin . Les OBSERVATIONS. 171 replis de la membrane divisée sont sinueux et irrégulièrement cicatrisés. Ils sont, ainsi que la membrane muqueuse qui tapisse l'entrée de la vulve, assez rouges , boursouflés et sensibles au toucher. Il n 'y a d'ailleurs ni écoulement, ni excoriation récente, ni ulcération, La lésion de la membrane hymen , indépendam mentde l'infiltration légère et chronique dont elle est le siége, n 'offre pas les caractères d ' une déchirure nouvelle . De tous les faits et de l'examen qui viennent d'être exposés , nous concluons que : 10 la jeune Joséphine porte les traces d 'une defloration qui remonte à une époque impossible à pré ciser, mais non récente ; 20 outre la déchirure de la membrane hymen , l'état des parties génitales externes, la dilatation de l'ori fice vulvaire, démontrent qu'il y a eu introduction forcée d 'un corps dur et volumineux commepourrait être le pénis en érec tion ; 3° il n ' existe chez cette enfant aucune trace d 'un écoule mentspécifique ou d ' unemaladie communiquée . OBSERV. XXXI. – Viol. – Défloration complète. – Signez encore apparents après trois semaines. Visite de la jeune Octavie P . .., âgée de dix- sept ans et demi. Le 21 juin dernier, l'inculpé s'était précipité sur elle , elle ayait d 'abord été jetée la face contre terre, mais il l'avait relevée lui-même en lui saisissant et luimaintenant les bras avec force ; enfin , la renversant sur le dos et pendant qu'elle était étendue sur des planches qui tenaient le col et la partie supérieure du tronc un peu élevée , vive douleur, écoulement de sang. Ne s' est pas aperçue que son corps ou ses vêtements aient été souillés par un autre liquide. Depuis ce jour, une époque menstruelle a passé sans que ses règles aient paru , d 'où crainte de grossesse . Détails donnés sans hésitation avec simplicité. Taille assez élevée . Constitution délicate et hors d 'état de soutenir une lutte avec l'homme même le moins vigoureux . Bonne santé . Pas de marque d 'affection constitutionnelle scro fuleuse ou autre. Parties sexuelles bien conformées. Grandes et petites lèvres fermant complétement l'entrée du vagin , qui est profondément situé. Rigidité et apparence de fraicheur de toutes ses parties excluant toute idée d 'habiludes solitaires ou de dé pravation précoce. Orifice du vagin très -étroit. Rougeur vive de la face interne des petites lèyres . Hymen présentant à sa partie 172 VIOLS ET ATTENTATS A LA PUDECR. moyenne et un peu à droite une déchirure profonde, qui s'étend presque jusqu'à la fourchette . Les deux bords de la plaie sont irrégulièrement cicalrisés. Il existe, nolamment à gauche, un bourrelet saillant. L'hymen ainsi déchiré forme de chaque côté un repli qui n 'est nullement rétracté , ce qui prouve que le coït n 'a pas été répété. Injection très- forle et rougeur de toutes ces parties. Pas d 'écoulement, soit sanguin , purulent ou muqueux . Pas d 'ulcération. Léger engorgement des ganglions de l'aine, surtout à gauche. Ni à la partie inféricure du ventre, ni dans la région des reins, ni sur les cuisses, ni sur les jambes, aucune trace de contusions récentes ; mais sur les membres supérieurs et sur le haut du corps marques de violences tout à fait caractéristiques. . Avant-bras droit : à la partie moyenne et le long du bord interne, cing ecchymoses d 'une couleur jaune verda tre disposées très-régulièrement suivant une ligne courbe à concavité tournée en avant et paraissant manifestement résulter d 'une pression très- violente exercée avec la main . Du côté gauche, au -dessus du poignet, il existe également en avant et en arrière une double ecchymose en tout semblable aux précédentes. A la base du col, en arrière et entre les deux épaules, une trace moins apparente ct presque entièrement effacée d 'une ecchymose étendue trans versalement. Au niveau de l'épaule droite , longue excoriation recouverte d 'une croûte légère , parait de date plus récente que les ecchymoses. Traces de contusions non indiquées par la jeune Octavie, qui n ' en soupçonnait pas même l'existence. Elles avaient pu d 'ail leurs échapper à un premier examen , les ecchymoses devenant plus apparentes à mesure que leur résolution s 'opère. 10 La jeune Octavie porte les traces d 'une défloration récente, caractérisée par la déchirure complèle de la membrane hymen et remontant à trois semaines environ . 20 Cette déchirure est le résultat de l'intromission forcée et complète d 'un corps dur et volumineux, comme le membre viril. 30 Les traces de contusions multiples qui existent sur les membres supérieurs, et qui, par leur nature et par leur siége, sont l'indice manifeste d'une lutte , semblent démontrer que la défloration doit être attribuée à un viol, OBSERVATIONS . 1 73 OBSERV. XXXII. – Viol. — Défloraison complète sans rétraction des lambeaux . Visite de la jeune V .. ., seize ans, violée par C . .. Bonne con stitution , organes bien conformés. A la face interne des petites lèvres une rougeur viv .., indice d 'une irritation qui persiste encore à un cerlain degré, mais sans ulcération ni écoulement. Hymen complétement déchiré dans toute sa hautcur. Fourchelle elle -même entamée. Elle présente actuellement une rougeur inflammatoire due à la cicatrisation récente de la parlie divisée . Lambeaux n 'ayant subi aucune rétraction , mais non réunis et laissant l'ouverlure du vagin assez largement ouverte pour ad mettre le membre viril. Il n 'existe sur les cuisses et aux envi rons des parties sexuelles, non plus que sur les bras, aucune trace de violence. 10 La jeune V .. . a été complèlement déflorée. 2° La défloration est récente et remonte à quelques jours seulement. 30 L'état des parties sexuelles démontre que, si l'acte du coïl a été commencé, il n 'a pas été répété, et qu'il n ' y a pas chez la jeune V . . . d 'habitude de débauche. 40 Il n 'existe aucun signe d'affection vénérienne ancienne ou récente , 50 Sur le bas de la chemise taches de sperme et de sang provenant du contact de l'hymen déchiré. OBSERV. XXXIII. - Viol suivi d 'une grossesse sans rétruction des lambeaux, La jeune B . . ., âgée de quinze ans, réglée à treize , csl grande el fortement développée. Examinée par moi le 8 avril 1859. Elle est enceinte de cinq à six mois . La vulve est saillante , large et de couleur violacée, comme à cette époque de la grossesse . Appelé à rechercher si elle porte les traces d 'une débauche ha bituelle ou si au contraire elle n 'a subi l'approche d ' un homme que lors de la défloration qu'aurait immédiatement suivie la grossesse , nous constatons que l'ouverture du vagin est très étroite et presque complétementfermée par la membrane hymen divisée dans toute sa hauteur, mais dont les lambeaux, n 'ayant subi aucune rétraction ; sont restés accolés l'un à l'autre. Au 174 VIOLS ET ATTESTATS A LA PLDEUR. premier abord la membrane hymen semblerait intacte. Quant au vagin lui-même, il est très-peu dilaté et très- rétréci. - Les seins, très-développés par le fait de la grossesse, offrent une absence totale de développement des mamelons, qui sont comme chez une jeune fille pubère non déflorée . La fille B . . ; est enceinte de près de six mois, mais l'état des parties sexuelles et des seins indique de la manière la plus po sitive que cette jeune fille n 'a pas eu de rapports fréquents avec des hommes, et que la grossesse peut, comme elle le déclare , être le résultat d 'une seule approche dans laquelle aurait été opérée la défloration . Obsery. XXXIV. – Viol d'une fille par son père. – Grossesse probable . : La jeune C ..., visitée par moi, le 7 janvier 1866, est âgée de seize ans, très-forte et réglée depuis plusieurs années. Elle pré sente tous les signes d 'un commerce sexuel répété et dès long temps établi. Mais de plus je constale sur la peau de l'abdomen quelques éraillures, et sur mes questions, la jeune fille déclare , qu 'il y a huit mois environ , elle a eu un retard des règles qui a duré près de six mois et n 'a cessé que par une perte abondante et l'apparition douloureuse de caillots . Ce qui rend très- probable une grossesse interrompue dans son cours par une fausse couche et complique ainsi le viol certain de la jeune C . . . Observ. XXXV. - Viol suivi de grossesse chez une jeune fille de douze ans. Le 2 décembre 1870 j'ai visité la jeune Ch .., agée de douze ans et demi. Elle est très- forte . Les parties pourvues de poils ; la vulve très-large , turgescente , violette . L'hymen est déchiré; les bords en sont peu rélractés. Le vagin très-dilaté permet facile inent le toucher . La jeune C .. . a cu ses règles pour la première fois au mois de mai, - - Elle a vu encore en juin et juillet. . La matrice volumineuse remonte presque à l'ombilic. Le col utérin est élargi. Les seins fort développés et durs, l'aréole d 'un noir foncé. OBSERVATIONS. 175 La défloration est ancienne, les acies sexuels ont élé fré quemment répétés et la grossesse est très-probable . En effet, celle jeune fille est accouchée au mois de mai 1871 d'un enfant qui a vécu, elle venait d 'avoir treize ans. Observ. XXXVI. - Viol. Défloration complète. Fausse allégation dė sommeil magnétique. Visite de la jeune Élisa B ... Seize ans. Formée depuis deux mois. Jamais de relations avec d 'autres hommes que l'accusé D . .. Reproduit le récit d' expériences magnétiques tenlées sur elle, sur les effets qu 'elle ressentait, explications contradictoires, embarrassées, imposture, prétend sentir aux mains et nulle part ailleurs. Elle reconnaît pourtant qu'elle a éprouvé une sensation nullement agréable et même douloureuse lorsque le sieur D . . . la tenait sur ses genoux. La position qu ' elle indique est d 'ailleurs complétement en désaccord avec le fait. Elle ne tarde pourtant pas à revenir à la vérité , et dit qu'elle était sur une chaise . Elle avoue avoir eu conscience de ce qui s'est passé et s'être sentie mouillée. Confesse en oulre que l' acte n 'a pas été unique et s'est répété une huitaine de jours plus tard dans l'éla blissement d 'un marchand de vins, où le sieur D . . . l'avait con duile et sans qu'il ait eu recours cette fois à sa jonglerie ma gnétique. Développement physique avancé ; présenle tous les signes de la puberté ; paraît d 'une bonne constitution . Santé, au dire de la femme V . .., affaiblie , énervée, sommeil léger et troublé . Principales fonctions régulières. Elle avait ses règles quand elle. est entrée chez elle. Les parties sexuelles de la jcunc B . .. sont bien conformées . L 'aspect de la vulve n 'implique pas un long commerce avec les hommes, ni des habitudes de débauche . Membrane hymen dé chirée dans toute sa hauteur. Lambeaux non rétractés, ferment encore presque complétement l'entrée du vagin , qui n ' est pas notablement élargie et qui n 'admet qu'avec quelque difficulté l'extrémité du doigt indicateur. Parties lubrifiées par une ma tière séreuse peu abondante et blanchâtre; une légère rougeur se remarque à la fourchette .Pas d'inflammation. Bordsde l'hymen cicatrisés. Pas de lésion autre . Pas d'affection vénérienne an cienne ou récente . 176 VIOLS ET ATTENTATS A LA PUDEL'R . jo La jeune Élisa B ... est déflorée. 2. La défloration est com plète ; sans être toute récente, elle nc remonle pas à une époque très-éloignée, et très - probablement pas au delà de quelques se maines. 3. L'blat des parties sexuelles, et notamment la non- ré . traction des lambeaux de la membrane hymen et l'étroitesse du vagin , indiquent d 'une manière certaine que la jeune B . . . n 'a subi qu 'un petit nombre de fois les approches d 'un homme, et n 'était pas livrée à des habituries de débauche. 40 L ' élat cons laté chez la jeune Elisa B ... ne peut en aucune façon étre altri buée à des manæuvres exercées par la jeune fille sur elle -même. 5o Lesallégations de celle jeune fille relatives au sommeilmagné tique dans lequel elle a prélenju avoir été plongée, pendant qu'elle était l'objet des violences de l'inculpé, sont contradic toires ct noloirement fausses. OBSERV. XXXVII. – Viol. Déſtoralion complète . Rétractior des lambeaux de l'hymen . Visite , à Aubervilliers, de la jeune Marie B .. ., victime d 'un viol de la part de son père, B ..., dit M ..., journalier. Jeune fille de quinze ans, réglée depuis deux ans. Bonne cons titution ; attributs de la nubilité . Parties sexuelles bien confor mées, régulièrement el complélement développées. Poils en core peu abondanis. Vulve souillée de sang meniruel. Pas de fracosde violences nidéchirures. Hymen détruit complétement ; ses débris rétractés forment de chaque côté un repli de quel ques millimètres dont les abords amincis etmousses ne sont le siége d 'aucune solution de continuité, d 'aucune cicatrice récente . L ' orifice du vagin est largement ouvert et suffisamment dilató pour admettre sans résistance le membre viril. Pas demaladie vénérienue. Nisur les bras, ni sur les mains, ni sur les cuisses ou autour des parties , ni sur les seins ou la face, aucune ecchyniose ou plaie résultant de violences, aucun indice de lutte . - Ala suite denotre examen, el en présence de sa mère , la jeune Marie B .... pressée de questions par nous, a confessé que, ainsi quenous l'avions reconnu, elle a eu, à une époque déjà assez éloi gnée, des relations avec des jeunes gens du pays. 1° La jeune Marie B .. . a été défloréc. 20 La défloration est com plète ;elle remonte à plusicurs mois, el l'état des parties génitales OBSERVATIONS. 177 indique queles rapprochements sexuels ont eu lieu à plusieurs re prises. 30 Il n 'existe suraucune partie du corps de traces de violer ces oud 'indice d 'unelutte récente . 40 Les vêlements ne présentent non plus aucune lacérition que l'on puisse rapporter à une rixe . La chemise est souillée pas le sangmenstruel, de telle sorte qu'il est impossible d 'y reconnaire à la simple vue des laches d 'une autre nature . : Observ. XXXVIII. - Viol. Defloration complète . Rétruction des lambeaux de l'hymen . Maladie syphilitique communiquée. Visite de la jeune H .., agée de treize ans. Forle , quoique de petite taille et peu développée pour son âge. Intelligence extré mementbornée . Donne très-peu de renseignements. Le sicur M ... l'aurait prise debout contre un mur. Parties sexuelles très-développées eu égard à la constitution el à l'âge de la jeune H . , qui n ' est pas encore réglée . La grande lèvre du côté droit est le siége d 'un gonflement encore assez marqué et présente une teinte violacée. Il n 'y a plus d ' ulcerations à la face interne, mais on y voit une cicatrice récen : e . La mem . brane hymen est complétement détruite ; ses débris sont à peine apparents, tant la rétraction des lambeaux est considérable . En trée de la vulve largement ouverte, fourchette forlement dépri mée. Pas d ' écoulement vaginal. Pas d 'autre signe d 'affection vénérienne, soit ancienne, soit récente, auire part que sur les grandes lèvres du côté droit. Visite du nommé M ... A no: er l'exiguïté de sa laille , qui a pu faciliter le mode de rapprochement indiqué par la jeune H ... et lui permellre de faire violence à cette enſant en la maintenant debout contre unmur. Il rccorsnaît avoir été atleint, vers le mois de décembre dernier, d 'une affection syphilitique pour laquelle il a élé traité à l'hôpital du Midi, et qui consistait en ulcérations et en plaques muqueuses disséminées dans l'aine et à la partie interne et supérieure de la cuisse droite, ainsi qu'au pourtourde l'anus et du périnée. Il affirme n 'avoir cu à la verge nichancre ni écoulement. Nous constalons qu'il n 'est actuellement affecto d 'aucun mal vénérien ,mais qu'il porte des cicatrices caracté ristiques dans les régions qu ' il a lui-même indiquées, cicatrices qui peuvent remonter à l' époque déjà mentionnée. Le mcmbre TARDIEU , 6° ÉDITION . 12 178 VIOLS ET ATTENTATS A LA PUDEUR . viril, de petite dimension , ne présenle d 'ailleurs rien à consi dérer de particulier. 10 La fille Ad . H ... a été complét ment déflorée 20 La com plète destruction et la rétraction ries lambeaux de la mem brane hymen , ainsi que l'élargissement de l'orifice du ra gin , démontrent que l'intromission d 'un corps dur comme le membre viril n 'a pas eu lieu seulement une fois, mais a été répétée à plusieurs reprises. 30 Cette jeune fille porte en outre les traces d 'une affection vénérienne récente, évidemment com muniquée par le contact d 'une personne infectée. Cette maladie est aujourd'hui presque complétement guéric. 40 L 'acte coupable commis sur la fille H . ., a pu être consommé complèlement dans la position où elle prétend s' être trouvée, c'est-à -dire debout, surtout par un homme de très -petite taille comme est l'inculpé M ... 50 Le nommé M . .. porle les traces d ' une maladic syphili tique récente , dont la nature est tout à fait analogue à celle dont a été alteinte la jeune H ... 60 Le siégedes ulcérations qu'a pré sentées l'inculpé M . .. répond de plus très- exactementà celui des chancres qui ont été observés chez la fille H ... C 'est en raison de ce siége que le chirurgien qui a donné ses soins à celle en . fant a pu croire que le contact impur avait été borné aux parties génitales externes. Mais le membre viril, n 'offrant aucune lésion chez le sieur M ..., a pu être introduit complétemeatdans les par lies sexuelles de la fille H . . . sans y déterminer d 'autres désordres que ceux que nous y avons constatés. Observ. XXXIX . - Viol. Maladie syphilitique communiquée. Visite de l’inculpé , Concordance de la date du mal. Le 3 ) ayril 1863, j'ai procédé à la visite de la jeune C ..., ågée de onze ans et demi. Forte, mais non nubile. Malade depuis août dernier. Elle est entrée en février à l'hôpital de Lourcine. Actuellement elle est atteinte de vaginite chronique, l'hymen , est déchiré et les lambeaux irrités. Il existe une cicatrice de. chancre aux petites lèvres et des plaques muqueuses en partie effa cées par l'influence d 'un traitement mercuriel. Les ganglions inguinaux et cervicaux sont tuméfiés et endurcis. Une roséole et des plaques dans la gorge complètent les signes d 'une syphilis dont l' origine concorde exactement avec celle qu 'a eue l'inculpe, qui porte une pléïade ganglionnaire dans l'anus et une cicatrice OBSERVATIONS, 179 énorme de chancre au prépuce, et avoue avoir commencé à en être aiteint au mois de juillet. Il n 'a d 'ailleurs rien d 'actuel. Observ. XL. - Viol datant de quatre jours. Defloration complète . Renversement des lambeaux. Signes de violence. Taches. La fille Zélie, violée le 8 février 1859, vers huit heuresdu soir , a été visitée par moi le 12 à midi. Agée de dix - neuf ans, de très petite taille et d 'une constitution très -peu robuste , d 'ailleurs parfaitement nubile et depuis longtemps réglée . A eu sa dernière époque vers le 20 du mois dernier. Les parties sexuelles de celle jeune fille sonttrès bien conformées ; elles offrent à l'intérieur toutes les apparences de la meilleure santé et des habitudes les plus sages. Les grandes lèvres écartées laissent voir la membrane hymen complétement déchirée dans toute sa hauleur, formant quatrelambeaux, renversés en dehors et nullement rétractés. Les bords de celle double déchirure ne sont pas encore cicatrisés ; ils présentent un peu de gonflement, une assez vive rongeur et une surface ulcérée , reco :iverte d 'unelégère exsudation purulente . L 'orifice du vagin est béant et laisse suinter uue liqueur légère ment visqueuse, incolore, qui atteste un commencement d 'irri lation de la muqueuse vaginale . La fourchette n ' a pas été dé. chirée. Une assez vive douleur existe dans les aines et surtout à gauche, par suite de l'écartementforcé des cuisses . En arrière on voit à la fesse droile une large excoriation superficielle etdéjà sé - . chée, qui a la forme d 'un coup d 'ongle ; à la face interne du genou gauche, la peau a été froissée et conserve une teinte bleuâire, un peu violacée. Sur la cuisse de même côté existe une longue égratigaure. La poitrine , quia été fortement comprimée, est dou loureuse dans la région épigastrique ; on n ' y remarque d 'ail leurs pas d 'ecchymoses ; les seins n 'en offrent pas non plus. Les poignets présentent des traces de violences plus marquées . Du côté gauche une large empreinte blcuâtre occupe la face inté rieure de l'avant bras etalleste une forte pression bornée sur cette partie . A droite le poignet a été foulé et une petite lumeur s'est formée au niveau de l'articulation sur l'avant-bras et sur la main . De ce côté on voit deux longues égratignures récentes. Chemise d'une grande malpropreté ; sur les deux pans en avant et en arrière , nombreuses taches de sang d 'une teinte pale , iris.peu épaisses, de forme irrégulière , et faites par essuic . 180 VIOLS ET ATTENTATS A LA PUDEUR . ment de la surface ensanglantée. Une tache verdâtre de matière fécale . Sur le pan de derrière trois taches plus régulièrement arrondies de 6 à 8 centimètres, d 'une teinte grisâtre et d 'une con sistance fortement em pesée . Nombreux spermatozoïdes. La fille Zélie D ... est déflorée. La défloration esi complète et toute récente, no remontant pas au delà de quatre jours. L ' état des organes indique quc la fille D . . u 'était pas livréc à la débauche ou à de mauvaises habitudes. Il existe sur les membres et sur diverses parties du corps des traces pon équivoques de violences récentes. La chemise que portait la fille D . .. le jour de l'allentat dont elle a été victime présente des taches de sang résuliantdu con tact de la membrane hyinen déchirée et des taches manifeste ment formées par du sperme. Observ. XLI. – Viol. Defloration complète. Renversement des lambeaux de l'hymen . Visite , le 24 septembre 1850, de la jeune Hermance V ..., agée dedouze ans et demi. Violée depuis troismois par le nomméL ..., qui l'a prise huit ou dix fois. Intelligence peu développée. Organes sexuels bien conformés. Poils assez abondants. Vulve largement ouverte. Membrane hymen complétement divisée, lambeaux rétractés ei renversés en dehors, formant de chaque côté un repli muqueux très- étroit, et ne se réunissant qu'à la base , au niveau de la fourchelle , où l'on distingue un épaississement caractéristique , résultat d 'une cica trice assez récente . L 'orifice du vagin est assez dilaté pour admettre sans difficullé l'extrémité du doigt indicateur. L ' enfant n 'accuse aucune douleur durant cette exploration . Les parties ne sont le siége d 'aucune inflammation , et ne présenteal ni rougeur anormale ni écoulement.Pas de traces de violences sur le corps. 10 La jeune V .. . a été complétement déflorée . 20 La défloration remonte à plus d 'un mois. 30 L ' état des partiesmontre que celle jeune fille a eu à subir plusieurs fois les approches d 'un homme. OBSERVATIONS. 1E 1 Observ. XLII. - Viol. – Defloration complète. Troubles de la santé générale. Visite , le 24 novembre 1833, de la jeune P ..., violée le 9 cou rant, âgée de dix -sept ans. Bien développée, nubile . Bonne conformation ; non flétrie par la débauche. Hymen déchiré dans toute la hauteur; lambeaux non rétractés, flottant devant l'orifice du vagin , qui, à peine entr'ouvert, n 'admet que difficilement l'extrémité du petit doigt. Ni dilatation de la vulve, ni élargis sement de l'anneau du vagin . Bords de la membrane hymen déchirés irrégulièrement et présentant à gauche surtout une vive rougeur. Il n 'y a ni écoulement ni ulcération de natura véné rienne, ou même simple inflammation . On ne trouve pas non plus de traces a cluellement appréciables de contusions ou d 'ec chymoses, qui auraicnt pu du reste s'effacer depuis l'époque où les violences auraient été exercées sur la personne de la jeune P . ... Nous devons ajouter que cette jeune fille se plaint de dou leurs d ' estomac, de troubles du système nerveux ct de la santé générale , qui peuvent être le résultat des violences dont elle aurait été victime. 10 Fille P ... complétementdéflorée . 2° La défloration estrécente etne remonte qu'à quelques jours, à l'époque assignée par la fille P .. . 30 L 'état des parties sexuelles indique d 'une manière certaine que la défloration est le résultat d'une violence isolée et qu'elle n 'a pas été suivie d 'actes successifs et répétés. Observ. XLIII. – Viol. Defloration complète. Troubles de la santé générale. Visile , le 22 août 1851, de la jeune K . .., dix - sept ans, vic time d'un viol il y a deux ans, Santé très. altérée, larmes. Souf frances remontant à l'époque du viol. Inflammation chronique. Écoulements, douleur. Ulcération en partie cicatrisée . Membrane hymen complétement déchirée dans toule sa hauteur, lambeaux non rétraclés, bords cicatri,és . Entrée du vagin très étroite . Anus non déformé di elargi. 1° Complétement déflorće. 20 Defloration ancienne non suivie 182 VIOLS ET ATTENTATS A LA PUDEUR , d 'actes répétés de coït. Violences non renouvelées. 30 Rien n 'in dique la pédérastie consommée. 4° Sous l'influence des violences la santé est restée profondément altérée , et il est à craindre qu'elle n 'en ressente pour toujours les funestes conséquences . Observ. XLIV. – Viol commis par un père sur sa fille , – Actes répétés, – Désordres locaux et généraux. J'ai procédé, le 15 décembre 1859, à la visite de la jeune Elisa T..., âgée de treize ans, victime de son père. Cette jeune fille, assez développée, n 'est pas encore réglée. Les parties sexuelles, notamment, offrentdes signes anticipés d 'une nubilité accomplie . La membrane hymen est complétementdéchirée. Les lambeaux irréguliers, multiples, dès longtemps cicatrisés, ont subi une rétraction complète . Le vagin est notablement élargi et peut permettre l'intromission facile d 'un corps volumineux comme le membre viril d 'un adulle. Le clitoris est très -développé. Les partics sontbaignées de flueurs blanches abondantes; mais on ne trouve aucune trace d ' ulcération soit ancienne, soit récenle, et, d 'après la déclaration même de la jeune fille, la maladie dont clle a été atteinte aurait simplement consiste en un écoulement blennorrhagique. £a jeune Élisa T ... est pâle, étiolée, et, sans être atteinte d 'aucune affection caractérisée, elle paraît d 'une santé très- délicale et d 'une constitution altéréo . Le sieur T ... est de petite taille ; ses organes sexucls , bien que régulièrement conformés, sont ſort peu développés . Ils ne por tent aucune trace appréciable d 'une affection vénérienne soit ancienne, soit récente .Cet hommeavoue avoir eu un écoulement blennorrhagique qu 'il attribue au contact de sa femme dans l'état de grossesse . On n 'en trouve d 'ailleurs aucun signe actuellementapparent. " 1° La jeune E . T... est complétement déflorée . 20 La défloration n 'est pas le résultat d 'une acte isolé ; elle a été suivie d 'approches répétées qui remcntent à unc époque im possible à préeiser, mais certainement très-ancienne. 36 Il n 'existe chez cette jeune fille aucune trate actuellement appréciable d' une affection vénérienne ; mais celle- ci, ayant consisté 'en un simple écoulement, a dû nécessairement dispa raitre . 40 La santé générale est d'ailleurs altérée , et ces rapports OBSERVATIONS. 183 sexuels précoces ont dû nécessairement influer d 'une manière très - fâcheuse sur sa constitution . 50 Le prévenu T . . . ne conserve aucune trace de maladie syphi. litiquc ancienne ou récente ; mais il a pu être atteint d ' un écou : lement blennorrhagique dès longtemps disparu, qu 'il a pu com muniquer à sa fille . 60 Sa conformation et celle de la jeune fille nc s'opposent nullement d 'ailleurs aux rapprochements dénoncés par celle - ci . Observ. XLV. - Viol et actes de sodomie consommés par un père sur sa fille . La jeune G ..., âgée de quinze ans, est très-forte . C 'est une femme faite . Son père a abusé d 'elle dès l'âge de dix ans. Exa minée par moi le 18 janvier 1866 , elle présente une défloration complète , ancienne et sans grænde rétraction des lambeaux. Le vagin est assez étroit. L 'anus offre une disposition infundibuliforme très-marquée ; l' orifice est dilaté, béanl; le sphincter relâché ne contient pas les matières. Il n 'y a d ' ailleurs aucune trace de maladie . La defloration et la sodomie sont constantes et datent de plu sieurs années, sans qu 'il soit possible de préciser l'époque à laquelle ces actes de violence ont débuté. OBSERV. XLVI. - Nevralgie de la vulve à la suite d 'un viol pratiqué dans des circonstances exceptionnelles. Mademoiselle C . D .. ., âgée de trente -huit ans, sans enfants, d 'un tempérament sanguin , d 'une forte constitution , fut exposée, il y a deux ans, aux violences d 'un homme qui, pour la posséder sans défense, l'avait d 'abord plongée dans l' ivresse , en lui fai sant boire du vin de Champagne mélé de liqueur. Tel est du moins le récit qu' elle nous fit. Elle ajouta que c' était l'unique fois qu'elle eût subi les approches d ' un homme; la conformation des organes sexuels venait en effet à l'appui de son assertion . Elle était restée sans connaissance ; lorsqu' elle reprit ses sens, elle se trouva ensanglantée ; la vulve portait des traces de déchi rure . Les jours suivants , des démangeaisons, de la chaleur, des cuissons se développèrent; il survint un écoulement crémeux , 184 VIOLS ET ATTENTATS A LA PUDEUR . et les déchirures se transformerent en ulcères : ceux - ci se cica trisèrent plus tard à l'aide de quelques cautérisations pratiquées par un médecin qu'elle avait consulté à ce sujet. L 'inflammation et l' écoulement se dissipèrent peu de temps après, mais les dou leurs qu'elle avait éprouvées dès les premiers jours de son acci dent s'accrurent au lieu de disparaitre. Marjolin , consulté à ce sujet, lui donna ses soins pendant six mois sans amélioration positive. C 'est alors qu'elle se présenta au Dispensaire le 26 no vembre 1841. Les souffrances consistaient dans une cuisson brûlante à l'orifice vulvaire, se propageant au sphincter de l' anus, sans augmentation au passage de l'anus ; il y avait de plus la sensation continuelle d 'une tumeur située entre les couches du plancher périnéal. La vulve, examinée avec un soin minutieux , n 'offrait absolument rien d 'insolite , si ce n 'est un pertuis étroit, dans la rainure des grandes et des petites lèvres, pertuis pou vant à peine recevoir un petit stylet, et allant se terminer en cul- de -sac du côté du reclum . L 'absence de toute autre cause plus explicite put faire regarder cette fistule borgne comme la source des souffrances : elle fut incisée dans toute son étendue, on pansa la plaie comme une fistule ordinaire, et ses bords ne tardèrent pas à se cicatriser. Mais les douleurs, momentanément calmées, reprirentbicntôt leur caractère habituel. Depuis cette époque jusqu'au mois de mai 1842, on a successivement essayé sur la malade les lotions d 'ea u roidc , l'assa fætida , la valé riane, etc. ; tout cela sans succès durable . Les douleurs vulyaires de cette femme sont- elles nerveuses et ont- elles succédé aux violences qu' elle a supportées? Il ne semble pas qu 'on puisse élever le moindre doute à ce sujet. Sans doute il a fallu des prédispositions parliculières pour qu'une phleg masie de cette nalure se transformât si promptement en névrose . Ces prédispositions élaient, chez notre malade , l'approche de l'âge critique , époque éminemment propre aux aberrations fonc . tionnelles, la force de la constitution et l'abstinence des fonctions que la nature a destinécs à ces organes . OBSERVATIONS. 185 Observ. XLVII. – Hemorrhagie grave chez une jeune fille de onze ans, à la suite d 'un viol consommé par un homme de trente - cinq ans. Le viol venait à peine d' être consommé sur la malheureuse enfant, que l'hémorrhagie se déclara et se montra rebel'e à tous les moyens employés en pareillc circonstancc. Le Tamponnement, toutefois, et les slyptiques ne furent pas employés, à cause de l'excessive sensibilité des parties. Le doc!cur Borelli évalue la perle de sang qui eut licu dans la journée qui suivit l'attentat à environ deux kilogrammes, quantité énorme, si l'on tient comple de l'âge de l'enfant, sans compler ce qu' elle a continué de perdre encore . Quant aux lésions rencontrées et décrites par ce méde cin , il les résume ainsi : « Le sang qui imprégnait les linges était rulilant ; les grandes lèvres étaient luméfiées, rouges à leur face externe et douloureuses ; les petites étaient comme effacées . L 'orifice du vagin était obturé par un caillot sanguin adhérent; c'était entre certains points de son pourtour et les parois vagi nales que s' écoulait le sang provenant de plus haut. « On ne distinguait aucune trace descaroncules myrtiformes , de la fourchelle , de la fosse naviculaire, du vestibule ; l'hymen étail profondément déchiré dans toule sa circonférence ; le méat uri naire n 'offrait rien de particulier , cependant l'émission des uri ncs était brûlante et arrocement douloureuse . Du reste , l'en semble des parties de la génération était tellement sensible et douloureux , qu 'ii fut impossible de se livrer à aucun allouchement pour soumcitre les organes à un cxamen quelconque. » Ajoutons qu'il n 'existait d 'autre trace de violence ou de mau vais traitements que les lésions dontnous avons parlé, ct que la région hypogastrique ( tait elle même très -douloureus? , surtout à la pression . Ce ne fut qu 'à partir du quinzième jour, après des accidents inflmmatoires qui né : essitèrent l'emploide la saignée , joint à un traitement énergiquc, que le docteur Borelli pul exa miner à fond les organes. A cclle époque , les grandes lèvres étaient encore engorgées et érythéma!euses à leur face muqueuse. L 'orifice du vagin élait libre , mais considérablement élargi ; l'hy men , déchiré sous forme rayonnée, et dont les débris caroncu laires sont rouges, clait encore douloureux. La fourchette et la fossette naviculaires ont été déchirées ; l'intéricur du vagin était 186 VIOLS ET ATTENTATS A LA PUDEUR . très-sensible, surtout le long du trajet du canal de l'urèthre. Il ne restait aucun vestige du vestibule ; l' entrée du vagin , énor mémert distendue, occupe sa place ; la muqueuse de ce conduit, comme hypertrophiée, était pendante, telle qu'on l'observe chez les femmes qui ont eu un grand nombre d 'enfants, ou qui ont fréquemment usé du coït. C'est, sans aucundoute, dans le point de la cavité du vagin correspondant à l' urèih re que doivent exis ter les plus grands désordres, si l'on en juge d 'après la direc lion violente imprimée au membre viril en érection dans la con sommation du viol. L 'introduction du doigt est aujourd'hui praticable , quoique douloureuse ; elle ne décèlc aucun désordre au col de l'utérus. Observ. XLVIII. - Viol suivi d 'assassinat sur une femme âgée de soixante -huit ans. Blessures profondes. Autopsie à Passy de la femme E ..., trouvée morte dans un clamp. Soixante-huit ans, très -décrépite. A la tête , autour de la bouclie, large excoriation , avec ecchymose résultant d 'une furté pression exercée par la main pour fermer la bouche. Au cou , ecchymoscs profondes de chaque côté du larynx. Injection et exh :lation de sang dans les voics aériennes. Cour contenant du sang noir tout à fait fluide. A la tête aucunelésion , infiltration de sérosité dans lesméninges. Pas d 'apoplexie . Viscères abdomi naux sains. Estomac rétréci, muqueuse fortement plissée , injec tion vive, une petite quantité de liqueur alcooliquc . Organes génitaux : vulve très - largement ouverte , à admettre presque la main , laisse écouler du sang très -abondant. A l'entrée du vagin , plaies , déchirures profondes par des ongles enfoncés. Mamelon gauche complétement arraché avec les dents . Plaie irrégulière. Infiltration de'sang profonde. OBSERV , XLIX . - Viol suivi d 'assassinat. Altentats à la pudcur sur sih petites filles. Autopsie à Auteuil, le 8 juillet 1850 , de la jeune A ..., treize aps, fortement constituée , embonpoint assez notable, parfaite . ment conformóc. Putréfaction déjà fort avancéc, a cnvahi sur. tout la tête , la partie antéricure de la poitrine et du ventre. Les OBSERVATIONS. 187 mains et les picus, dont l'épiderme est légèrement blanchi et plissé à l'extrémité des doigts, présentent en outre dans la ra: nure des ongles une petite quantité de gravier et de vase . Il n 'y a ni plaie ni excoriation sur les mains. Sur les bras et parti culièrement à la partie antérieure , au-dessus du poignet, on trouve plusieurs ecchymoses superposées, dirigées transversa lement, et résultant d 'une pression violente exercée sur lesmcm bres supéricurs. La face est souillée par un liquide bleuâtre et sanguinolent, qui s'est écoulé de la bouche et des narines. Après l'avoir lavée avec soin , nous constatons autour de la bouche une large excoria tion avec ecchymoses , et l'impression d 'ongles enfoncés dans les chairs. Deux marques semblables existent au -dessous de l'eil droit, dont la paupière inféricure est assez fortement contusc. Outre ces traces de violences, qui ont été manifestement faites pendant la vie , on remarque sur le visage de nombreuses dé chirures , ponctuées sans rougeur, sans ecchymoses , avec sim ple desséchement de l'épiderme, et produite par le frotic ment du corps inanimésur le sable . Les téguments du crânc sont infiltrés de sérosité sanguinolente, qui s'est accumulée par un effet cadavérique. Les os sont intacts. Les enveloppes et la substance même du cerveau ne sont le siége d 'aucune alté ration . La région du cou est le siège d 'une congestion sanguine con sidérable . Une infiltration de sang coagulé existe de chaque côté du larynx. Les léguments sont envahis par la putréfaction à un degré trop avancé pour qu'on y distingue des traces de contu sions ou des ecchymoses. L ' intérieur de la trachée et des bron ches contient une petite quantité d 'un liquide trouble, brun , non spumeux, mélangé à quelques graviors . Les poumons sont gor gés de sang , surtout à la partie postérieure. Le caur est compié tementvide et ne contient ni sang ni liquido , ni caillots. . Les viscères abdominaux sont à l'état normal. L ' estomac est vide ; il ne renferme pas même une cuillerée de liquide, mais seulementquelques parcelles de fromage blanc encore adhérents à la paroi interne ru viscère. Les malières fécales distendent le liers inférieur de l'intestin grele. Les organes génilaux sont assez développés. Quelques poils commencent à ombrager le pubis et les grandes lèvres . Le clito ris n 'est pas volumineux et n 'a pas les dimensions exagérées que lui donnent ordinairement les mauvaises habitudes. Lorsque les 183 VIOLS ET ATTENTATS A LA PUDEUR . grandes et les petiles lèvres sont écartées, on voit que la vulve est largement ouverte. L 'hymen est en partie déchiré ; la solu tion de continuité s 'étend dans les deux tiers de sa hauteur du bord libre à la base ; les lambeaux n 'ont subi aucune rétrac tion . Toutes ces parlics, imbibées par l'eau , sont blafardes. La plaie de l'hymen ne présente pas de traces de cicatrisation com mençante . Il n 'y a pas d 'autre lésion aux parties sexuelles. La surface interne de la matrice est le siége d 'une forte con gestion . Conclusions : 10 Le corps de la jeune A ... porte les traces d 'une defloration incomplèle et récente , ct de violences exercées sur sa personne pour fermer la bouche, étouffer les cris etmaintenir les bras immobiles, 20 La mori est le résultat de la strangulation . Elle a eu lieu plus de quatre heures après le dernier rcpas, et a été opéréc à l'aide d ' unc foric pression exercée sur le cou et sur la bouche. 30 Le corps n 'a été jelé à l'eau qu'après qu'il était privé de sentiment; il y a séjourné quarante -huit heures en viron . Élisabeth L ..., dix ans et demi, assez forte et développée. Viol consommé. Orgunes sexuels régulièrementdéveloppés portant les traces de violences récentes. Entrée de la vulve agrandie par suite de la dépression de la fourchelte . Hymen déchiré dans toute sa hauteur, lambeaux tuméfiés, rouges, enflammés, assez douloureux, très légèrement rétractés. Un suintementmuqueux, peu abondant, humecte ces parties. Ganglions inguinaux gonflés ; santé générale bonne. Ecchymoses, suite de pression violente à Ja parlie moyenne du brasdroit. Marie L ..., neuf ans et demi, grande el forte pour son âge, nie d 'abord , avoue ensuite ; viol consommé. Développement des organes génitaux très-avancé. Grandes et petites lèvres, clitoris très-développés. Ouverture du vagin béanle . Hymen déchiré de hant en bas : solution récente, inflammation peu intense ; lam beaux commençant à se rétracter ; fourchette excoriée, cn partie cicatrisée, pas de contusions sur les membres, santé et consti lution bonnes. Marie B . .., huit ans et demi, peu avancée intellectuellement et physiquement. Inflammation très-vive des parties extérieures de la génération , surtoutde l'hymen . A son bord libre , déchirure incomplète avec boursouflement des lèvres de la plaie, Base du repli hyménéen enfoncée demanière à faire paraitre l'entrée de la vulve plus large et plus profonde. Fourchette non déprimée . OBSERVATIONS. 139 Suintement peu abondant d 'humeur.Ganglions engorgés. Santé générale et cons!ilution bonnes. Pas de conlusions. Francoise T .. ., neufans et demi, trè: -petite et très- peu déve . loppée, dit que le sieur B .. . a fait simplementdes altouchements . A part un peu de rougeur limitée à la base des petites lèvres, les parties sexuelles ne sont le siége d 'aucune lésion . Hymen intact. B ., fille de l'inculpé, petite , chétive , physionomic ayant un caractère d 'hébélude et d 'imbécil ilé . Intel.igence très- peu déve loppée. D 'après la dame P ., accès nerveux singuliers, convul sions, cris inartica ' é ;. Corps couvert d 'ecchymoscs sur le tronc et lesmembres. Organes genitaux en rapport avec l'âge de l'en fant. Partie postérieure de la vulve dilatée et ouverte en arrière , offre une dispsition infundibuliforme qui n ' est pas sans ana logie avec celles que l'on observe chez les pédérastes, et qui est surtout visible quand on examine l'enfant par derrière. Pas de blessure de cette partie. Hymen ni déchiré ni relâché, mais seulement refoulé . Anusdéformé. ConclusIONS : Les jeunes Elisabeth L ..., L ... et B ..., portant les traces de violences exercées sur leurs personnes et caracté risécs, chez les deux premières par une défloration complète , chez la troisième par une défloration incomplète , résultant de l'introinission du mcmbre viril. 10 La jeune T .. . est seulement alteinte d 'un irritation légère des parties extérieures de la génération , qui peut tenir à des atlouchements plus ou moins violents , excrcés soit avec le doigt, soit avec un corps irritant comme le pénis . 2° Les différentes lésions caractéristiques de viol et d 'attentat à la pudeur ne remontent pas, chez les unes et chez les autres, au delà de quinze jours. 30 La jeune L ... porte en outre sur les brasdes marques d 'une violenie pression , qui a cu pour objet de paralyser la résistance de l' enfant. 40 La jeune B ... n 'a pas été déflorée ,mais elle présente une conformation particulière des parties sexuelles , qui résulte des tentatives répétées d ' intromission du membre viril. 50 L - s contusions très nombreuses dont le corps de cet enfant cst couvert doivent être altribuées à de mauvais traitements, auxquels cl' e aurait été en but'e dès longtemps. 3 août. Visite à Mazas du sieur B ... qui se dit atteint d 'un vice de conformation des organes sexuels qui l'empêche de voir 190 VIOLS ET ATTENTATS A LA PUDEUR. des femmes autrement que failes. Allégation dénuée de fonde . ment. Il manque un testicule , el autour du méat il y a la trace d 'anciennes ulcérations peut- être syphilitiques : mais rien de cela n 'est de nature à empêcher l'acte vénérien . Observ . L . - T'iol suivi d'assassinat . – Désordres locaux trés . graves . J'ai fait à Neuilly , le 2'1 avril 1860, l'autopsie du cadavre de la veuve G ... femme âgée, peu robuste . L 'extérieur du corps porte les traces de violences multipliéesdont le siége , la dispo silion eila forme sont tout à fait significatifs. A la face, au front notamment, sur le nez ct autour des narines et de la bouche, on voit des contusions et excoriations avec infiltration de sang coagulé dans le tissu cellulaire sous- culané. Une forte pression a été exercée sur la bouche ; l'intérieur des lèvres est profondé ment meurtri et ecchymosé ; une dent manquc à la mâchoire su périeure , mais très-anciennement. Le cou porte des traces semblables de violences. A l'extérieur on trouve : du côté gauche deux petites excoriations en forme de coups d ' ongle , et à la base du cou , à droite , une excoriation arrondie, large et profonde, résultant d 'un frottement rude. Les muscles qui entourent le larynx sont infi trés de sang coagulé. Le conduit aérien renferme de l'écume sanguinolenie et la mem brane muqueuse qui le revêt est d 'un rouge vif. Les poumons, volumineux et très- fortement congestionnés à la base, sont par semés à leur surface de bulles emphysémateuses formées par la rupture des vésicules sous l' influence de l'obstacle apporté à la respiration . Le coeur renferme du sang à demi coagulé . Une autre série de blessures se remarque à la partie posté rieure du tronc. Le dos, dans toute sa largeur, présente une surface parcheminée , rugueuse , excoriée profondément par places et traversée par de longues estafilades linéaires qui ont dù donner une certaine quantité de sang et sont recouveries de croûtes. Au-dessous de ces téguments , du sang coagulé est infiltré dans certains points du tissu cellulaire . Et il n 'est pas douteux que ces violences aient eu lieu avant que la vie ait été . détruite . Nous constatons encore au niveau des reins les mar ques d'une pression profonde. Sur les membres inférieurs l'épi derme est enlevé à certains endroits, notamment aux genoux ; OBSERVATIONS. 191 mais il n 'y a là ni rougeur, ni infiltration de sang , ni aucun des caractères propres aux blessures faites pendant la vic. Aux mem bres supérieurs, au contraire, les marques d'une violente pres - sion se remarquent aux deux poignets en une coloration d 'un rouge sombre qui répond à une ecchymose profonde. Les parties sexuelles enfin ont été le siége des plus graves violences et on offrent à l'extérieur les traces les plus évidentes. De chaque côté de la vulve , à la face interne des petites lèvres et à l'entrée du vagin , il existe des taches ecchymotiques très foncées ayant la forine d 'empreintes de doigts, comme si ces parlies avaient été saisies avec la dernièrc brutalité. Une exsu dation sanguine s' est faite au niveau de ces ecchymoses, qui répondent à une infiltration de sang coagulé dans le tissu cella laire sous-muqueux . On retrouve à une certainelauteur, dans le vagin , et presque sur le coide l'utérus, des ecchymoses qui attestent des violences qu 'on ne rencontre pas d 'ordinaire dans un simple rapproche . ment sexuel. La matrice est d 'ailleurs tout à fait à l' élat nor mal. Les autres organes sont également sains. Il n 'existe pas de fracture du crâne et le cerveau est intact. . . L 'estomac renferme une assez grande quantité d 'aliments presque complétement digérés. 10 La veuve G . . . a été vic ime d 'un viol consommé pendant qu ' elle vivait encore, mais après qu ' elle avait subi les plus durs traitements et après que le corps avait été traîné sur le sol privé de sentiment. 20 Des coups ont été portés à la lêle et sur le visage ; les cris ont été étouffés à l'aide d 'une forte pression exercée sur la bouche et sur l'ouverture des narines ; la résistance paralysée à la fois par l' évanouissement résultant des blessures de la tête et par l'immobilité des bras violemmentmaintenus. 30 La veuve G . .. a été ensuite étranglée à l'aide des mains fortement serrées autour du cou . 40 La mort a eu lieu quelques heures après le dernier repas. L 'inculpé A ..., que j'ai visité à Mazas, est âgé de trente -huit ans, petit, mais vigoureux et porle aux mains et au visage plu sicurs blessures caractéristiques . La main droite est le siége de nombreuses excoriations en forme de coups d 'ongles disséminés sur la face dorsale . Une écorchure profonde qui offre les mêmes caractères existe au 192 VIOLS ET ATTENTATS A LA PUDEUR . inilieu de la lèvre inférieure. Outre ces blessures on cst frappé de l'aspect des deux yeux. Un épanchement du sang occupe les deux conjonctives ci une large ecchymose entoure les paupières. L 'examen le plusninulicux de toutes les parties du corps ne nous fait reconnaitre aucune autre irace de coups. Il n ' en existe pas notamment aux organes sexuels. Au- dcvant de la jimbe gauche sculement, on voit une contusion superficielle d'origine mal definie . Intcrrogé par nous sur les causes des deruières blessures que nous venons d ' énumérer, le nomméA . . . dit , pour celles de la main , qu'il ignore d ’où elles proviennent; pour celle de la lèvre , il l'attribuc à une piqûre qu'il se serait faite avec une fourchette . Ni l'une ni l'autre de ces explications n 'est admissible, mais celle qui concerne la double conlusion des yeux l'est moins encore. Le détenu prétend que ces ccchymoses sont venues toutes seules et qu'il ne les avait pas lorsqu 'il a été conduit au dépôl de la Préfecture. La dernière partie de cette allégation peut êlre vraie , mais il ne s'ensuit pas que ces marques si manifestement dues à des coups se soient développées spontanément. On sait, en effet, que les ecchymoses n 'apparaissent le plus ordinairement que deux, trois ou quatre jours après la coblusion , 10 Le nommé A . . porte au visage et à la main droite des traces non douteuses de luite el de rixe ; 20 ces blessures, con sistant en coups de poing cl d ' ongles, datent de quelques jours seulement et peuvent remonter précisément à l'époque du 22 au 23 avril ; 30 les explicationsdonnées par le nommé A ... touchant l'origine de ses blessures sont manifestement fausses. - Il existait des tachics de sperme sur les jupons de la veuve G .. . OBSERV. LI. — Viol suivi d 'assassinat, Déchirure du vagin . Arra chement des intestins. (Recuciilie par M . le docteur L . Pénard , de Versailles.) Le 13 octobre 1836 succombait à Feucherolles , à une heure du matin , la femme L . B ... , agée de soixante ans, victime de violences horribles qui la veille avaient élé exercées sur elle. M . le docteur Louis Pénard, appelé par la justice , rend compte en ces termes de sa mission . Avant de faire l'examen et l'autopsie du cadavre, nous nous sommes transporté avec M . le procureur impérial et M . le juge OBSERVATIONS. 193 d 'instruction sur la route où le crime avait été commis ; à l'en droit même où s'est consommé cet horrible attentat, nous avons trouvé une clef qu 'on a dit appartenir à la victime ct un débris humain dont il était difficile , à première vue, de distiuguer précisément la niture ; après un examen altentif, je l'aireconnu pour élre un morceau long de 5 centimètres environ , d 'un in testin garni d 'appendices graisseux et présentant en conséquence les caractères d 'un fragment du gros intestin . J'ai conservé ce débris dansde l'esprit-de-vin . Revenu à Feucherolles, j'ai pro cédé à l'examen du cadavre. Je l'ai d' abord débarrassé des vêle ments que la malheureuse victimeavait conservés lorsqu 'elle a été placée dans un lit par les soins et dans le propre domicile de M . Hubert, médecin à Feucherolles. Aumenton , à droite et à gauche du maxillaire inférieur, au devant du larynx et à l'angle interne de la clavicule gauche, sur l'articulation sterno -claviculaire gauche , on trouve des ecchy moses multiples, assez prononcées, d ' une étendue variable , quelques-unes affectant une forme circulaire, comme celle qui résulterait de la pression plus ou moins violente d ' un ou plu sicurs doigts. A la face antéricure du bras droil, au tiers supé ricur du membre placé dans l'extension , on constate une dé. pression très- profonde où l'on pourrait facilement loger une noix ordinaire . Pour me rendre un comple exact de celle dépression , j'ai dû mettre les muscles à nu et j'ai alors constaté qu'elle élait produite par une déchirure, une sorte de broiement pour ainsi dire, au tiers supérieur du muscle biceps, comme réduit en bouillie à ce point de sa hauteur ; cet écrasement de la fibre musculaire d 'un muscle puissant älteste à la fois la brylalité de l'attaque et l'énergie de la défense . Au bras gauche, à la face interne et au poignel, on remarque aussi quelques ecchymoses d 'un diamètre variable . . En haut de la cuisse droite et dans le pli inguinal gauche, on en voit également quelques- unes allongées et étroilez. Le bas ventre , les cuisses, sont couverts de sang, dans lequel d 'ailleurs repose et baigne tout le bassin . L 'appareil vulvaire est baigné de sang. En écarlant les grandes lèvres, on voit pendre entre elles, par l'orifice ou au moins ce qui était l'orifice vaginal, un bout d 'intestin d 'une longueur de 3 à 4 centimèlres environ . L ' angle inférieur de l' orifice vaginal est profondément déchiré dans une étendue de 3 centimètres à peu près, et la déchirure côtoyantle côté droit de l' orifice anal TARDIEU , 6e ÉDITION . 13 194 VIOLS ET ATTENTATS A LA PUDEUR . . descend plus bas quc lui, de telle sorte qu'il y a un pont de tissus intacts qui sépare l'anus de la plaie vaginale . Le venire est lendu, résistant, ballonné. En l'ouvrant avec précaution , je constate d 'abord un épanche ment sanguin considérable ; la masse intestinale est distendue et rougeâtre. A gauche, dans la région du rectum , je trouve une sorte de bouillie noirâtre , magma sanguin , et au milieu de ce détritus de tissu cellulaire gorgé de sang j'aperçois un bout d 'intestin flottant dans la cavité abdominale ; je constate qu'il fait suite à la partie du gros intestin qu'on nomme l'S iliaque du côlon , et qui devient plus bas le rectum ; au-dessus de la masse qui constitue la vessie et l'utérus, on aperçoit une anse intestinale dont la direction est transversale et qui, au milieu de sa longueur, est rompue de telle façon que les deux portions de l'intestin présententà leur extrémité rupturée leurorifice béant. Les deux portions, quoique séparées, nc flottent pas dans la ca vité abdominale , maintenues qu'elles sont en lcur place par le mésentère qui les retient. La vessie, l'utérus , d'ailleurs , sont d 'un très -petit volume et ne présentent aucun désordre . En pro . menant le doigt du haut eu bas de l'orifice vaginal, on rencontre bientôt cette portion d 'intestin dont nous avons parlé plushaut, et qui proemine en dehors ; en déprimant cette portion d 'in testin de haut en bas, on la fait pénétrer dans cette profonde déchirure qui descend plus bas que l'orifice anal. En opérant de légères tractions sur ce bout d 'intestin , on voit qu'il était la continuation de la partie supérieure du rectum lui-même ; car ces tractions font sortir par l'anus quelques matières fécales. En replaçant dans le ventre ce bout d 'intestin qui pend entre les grandes lèvres, on reconnait qu'il ferait suite à cette portion flottante au côté gauche de la cavité abdominale , portion dont je viens de parler tout à l'heure, s' il n 'y manquait une certaine longueur. En rapprochant la longueur qui manque de celle du débris trouvé sur la route, on constate que toutes les par ties rapprochées formeraient in tout complet : les extrémités d 'ailleurs de ces différentes portions d 'intestin , tant de celle flottante dans le ventre que de celle qui pend entre les grandes lèvres et de celle du débris conservé, sont frangées , élirées , comme le sont des membranes violemment brisées, rompues, et non régul. èrement coupées. Voici maintenant, selon moi, ce qui a dû se produire à l'ins. tant du crime : le meurtrier, après avoir assailli la victime vi OBSERVATIONS. 195 goureusement, ainsi que l'attestent les ecchymoses précitées et la profonde meurtrissure , le broiementdu bras droit, aura plongé sa main droite vers les parties sexuelles, sa main droite , car la déchirure du périnée est dirigée de gauche à droite, et la dé pression du bras droit de la victime a dû être produite par la pression de la main gauche du meurtrier. C' est la seule situa tion qui donne l'équilibre de statique nécessaire pour que tous ‘es désordres que l'autopsie a révélés puissent se produire dans leur sauvage énergie . La 'main droite donc est arrivéc vers les parties sexuelles ; les doigts auront alors fatalement écarté les grandes lèvres , je dis fatalement,parce que la disposition natu relle des organes chez une femme de moeurs régulièrcs, la résis tance qu'elle a dû naturellement opposer, font que le hasard a dû être pour quelque chose dans cette circonstance. Les doigts écartant donc les grandes lèvres , rencontrant l'orifice vaginal , poussés par une sorte d 'impulsion frénétique, auroot pénétré de vive force dans le ventre en effectuant la profonde déchirure dont nous avons parlé , et, rompant la cloison vagino -rectale , la main aura pénétré tout entière dans le ventre. Les doigts auront labouré toute la cavité abdominale ; rencontrant l'anse intestinale de l'iléon , ils l'auront déchirée en respectant le mé sentère , aurontaccroché l'anse intestinale qui ré: ulte des nom breuses inflexions et courbures de la fin du gros intestin ct l'auront violemment ramenée par la plaie d 'entrée ; peut- être ces deux arrachements auront- ils été simultanés. Toujours est- il que la violence de l'effort a élé telle , la compression de l'intestin par le meurtrier si serrée , qu 'une portion de l'intestin a élé arra chée, celle que nous avons trouvée sur la route . L 'effort a élé si énergique, que malgré les mouvements d 'une longue marche que la pauvre femme avait à faire encore pour regagner Feu cherolles, malgré les mouvements qu'il lui a fallu faire néces. sairement pour monter l' escalier de la chambre où elle a été couchée , pour se placer dans le lit où elle allait succomber quelques heures après, la portion d' intestin qui avait été vio lemment amenée au dehors est restée engagée dans la plaie vaginale , afin d 'attester, pour ainsi dire , comment le crime s'était produit. Sans cette circonstance, en effet, qui fait assister netlement, sans contestation possible , à tous les phénomènes, à tous les détails , à l'ouvre toutentière du crime, il eût été im possible peut- être de le comprendre, et parlant de l'expliquer. Les conclusions découlentnaturellementde ce qui précède : 196 VIOLS ET ATTENTATS A LA PUDEUR . ce sont les horribles blessures que j'ai constatées qui ont cause la mort ; avec de pareilles violences , il n ' y a pas eu de lemps ni de plac , pour un viol ordinaire . Probablement qu' exaspéré par une résistance désespérée ou d 'autres circonstances qu'il ne m 'est pas donné d 'exa niner, le meurtrier aurait été pris d ' un accès de frénésie sauvage ; c 'est alors que sa main , trouvant dans celle frénésie meine une vigueur et une énergie instan tanées, aura produit les désordres relatés plus haut. C 'est bien certainement à sa robuste constitution que la pauvre victime, souffrant des tortures horribles et perdant tout son sang, a dû de pouvoir se trainer encore dans un trajet de quinze cents pas en virou jusqu 'à Feuchero!les. J'estimedonc que le crimc dont elle a été l'objet a causé sa mort, et que le débris humain trouvé sur la route de Davron est une partie de l'intestin rectum qui a été arrachée par le meurtrier, Observ. LII. – Viol suivi d'assassinat. – locaux . .. Énormes désordres J'ai fait l'autopsie , le 21 juillet 1864 , à la morgue,de la jeune Paggy, petite fille ågée de sept ans et demi, grande, bien déve - loppée et vigoureusementconstituée. Le corps de cette enfant est souillé de boue et de terre séchées, il est de plus couvert de blessures, nous en complons dix - sept disséminées à la tête , sur la poitrine, dans le ventre et les reins. Elles consistent en plaies régulières, toutes égales , faites par un instrument tranchant et perforant, à lame étroite . Toutes ont été faites pendant que l'en fant vivait encore, ainsi que l'atteste l'infiltration de sang coa gulé dans les tissus ' sous-jacents ; ces nombreuses blessures se groupent de la manière suivante : L 'oreille droite et le menton sont profondément divisés et de profon les contusions existent à la lempe droite el sur le front. Da même côté, au cou , deux plaies qui n 'intéressent que les muscles, sont superposées. A la partie latérale droite de la poitrine on compte : cinq pe tites plaics dont quatre sont superficielles et dont la dernière a glissé sur les côtes en laissant une longue traînée de sang épan ché dans l'épaisseur des tissus. En arrière, à gauche, dans la région des reins et dans l'hypo OBSERVATIONS. 197 chondre, il existe cinq plaies deméme forme et de même dimen sion que les précédentes dont quatre pénètrent à l'intérieur des cavités viscérales, l'une dans la poitrine où le poumon gauche est refoulé par un vaste épanchement de sang, les trois autres à l'intérieur de l'abdomen où l'ouverlure de l'artère rénale a dé terminé un énorme épanchementde sang. L 'estomac lui-même a été perforé en trois points par l'instrument vulnérant. Il est d 'ail leurs dis !endu par une grande quantité d 'aliments dont la diges tion est à peine commencée et parmilesquels on reconnait beau coup depain et des pois à peine entamés. Des désordres non moins graves, mais d 'une autre nature , existentdu côté des organes sexuels. Ceux-ci sontlargement dé chirés, la vulve largement béanle , l'hymen rompu , le périnéc détruit et la cloison entre le vagin et l'anus en partic disparue, linsertion du yagin détachée, de lelle sorte quc le sang épanché dans l'abdomen s 'écoule par la vulve ; ces lésions allestent les violences effroyables dont les parties génitales ont été le siége . La présence du sang s'oppose à ce qu'on recherche et à ce qu 'on retrouve de la liqueur séminale dans l' intérieur du vagin . En résumé : 10 La jeune Paggy estmorte victime d 'un viol et d 'un assassi nat. 20 Le viol a été consommé chez celle enfant avec la dernière atrocité . 30 Lemeurtre a été commis à l'aide d'un instrumentpiquanici tranchantque l'assassin a płongé plus de quinze fois dans le corps de la malheureuse enfant, qui en ouvrant la poitrine, le ventre , l' estomac, a déterminé une hémorrhagie mörlelle. 40 La mort de la jeune Paggy a suivi de très peu son dernier repas. 193 DE LA PÉDERASTIE ET DE LA SODOMIE .

TROISIEME PARTIE .

DE LA PÉDÉRASTIE ET DE LA SODOMIE . « Que ne puis- je , s'écriait Fodéré, éviter de salir ma plumede l'infàme turpitude des pédérastes! « Comme lui, j'ai longtemps hésité à faire entrer dans cette étude le ta bleau repoussant de la pédérastie ;mais je ne pouvais m 'em pêcher de reconnaître qu 'elle en forme le complément in dispensable , et en même temps la partie la moins connue . Jemesuis donc décidénon - seulement à ne pas passer sous silence ce triste sujet, mais encore à lui accorder des déve loppements qu'aucun auteur ne lui a donnés jusqu 'ici, soit en France, soit à l'étranger. Je dois seulement à mes lecteurs, je me dois à moi-même, de faire connaître les motifs puis sants qui m 'ont déterminé. La question de la pédérastie a pris depuis quelque temps, dans la pratique de la médecine légale , sinon partout, du moins à Paris , une place considérable, et qui tend à s'ac croître chaque jour. Sans vouloir affirmer, comme je l'ai entendu faire souvent, que ce vice soit de plus en plus ré pandu, il est d 'autres raisons à invoquer de l'augmentation considérable des cas dans lesquels le médecin légiste est appelé à en constater les traces matérielles et les effets phy siques. D 'une part, en effet, la surveillance plus active de l'autorité, excitée par des scandales publics dont on aurait peine à se faire une idée, a amené une répression plus fré quente et plus sévère de la pédérastie. D 'une autre part, ces habitudes honteuses sont devenues un moyen et commeun DE LA PÉDÉRASTIE ET DE LA SODOMIE . 199 199 procédé particulier de vol, pour lequel se sont formées des associations coupables, dont le personnel a fourni de nom breuses occasions d 'examen aux médecins légistes appelés à assister la justice dans ses poursuites ténébreuses. Enfin , dans des circonstances plus graves, la pédérastie a servi de prétexte et en quelque sorte d 'amorce à l'assassinat, et est venue jeter ainsi un élément nouveau , une complication inattendue , dans les recherches médico -légales auxquelles donnent lieu ces grands crimes. C 'est là ce qu 'exprimait d 'unemanière saisissante , dansle rapport fait à la chambre du conseil, dans l'affaire de la rue du Rempart, au mois de juillet 1845, un des magistrats les plus éminents par l'es prit et par le caractère qui aient honoré les hautes fonctions de juge d 'instruction , M . le baron A . de Saint- Didier : « On peut dire que dans Paris la pédérastie est l'école à laquelle se forment les plus habiles et les plus audacieux crimi nels. » Ces considérations suffisent pour faire apprécier l'impor tance que peut offrir aujourd'hui l'étude médico -légale de la pédérastie ; mais elles ne peuvent donner une idée des difficultés que celle - ci présente et qui sont de plus d 'un genre. L 'ombre qui enveloppe ces faits , la honte et le dégoût qu'ils inspirent, en ont, de tout temps, éloigné les regards des observateurs ; et l'on ne doit pas s'attendre à trouver dans les auteurs les données nécessaires à la solution des problèmes de médecine légale que soulève fa pédérastie . Il y a même à cet égard quelque chose d ' étrange dans le silence que gardent les Anciens sur les signes et sur les ef fets de ce vice , que l'antiquité semblait s'être approprié sous le nom d 'amour grec. Si les poëtes satiriques les ont stigma tisés en des vers trop souvent cités pour avoir besoin d 'être rappelés ici (1) , il est curieux de voir qu'aucun médecin ne (1) On en trouvera la citation exacte et complète, et le commentaire ingénieux , dans le livre plein de charme, donné aux érudits et aux méde 2 ) ) : DE LA PÉDÉRASTIE ET DE LA SUDOMIE . les a mentionnés, que Paul d ’Egine (1 ) et Marcellus Empi ricus (2), qui ont décrit les maladies de l'anus, et Celse (3), qui indique, avec son exactitude ordinaire, les rhagades, les condylomes, n 'attribuent aucune de ces lésions à la pédé rastie. Le Deuteronome, cité par le docteur Jeannel, a dit avec énergie aux sodomistes que la loi hébraïque punissait du dernier supplice : « Le Seigneur vous frappera de l’ul « cère d' Égypte , et la partie de votre corps qui sert à l'éva « cuation des excréments , sera affectée de gale et de déman « geaisons incurables. » Il faut arriver à Zacchias (4 ), bien placé pour l'observation ,au milieu de l'Italie du xviie siècle , pour trouver une exposition sagace, quoique incomplète, des signes de la pédérastie . Ces traits ébauchés par Zacchias sont à peu près les seuls qui reparaissent dans quelques écrits spéciaux (5 ), et dans les traités généraux des méde cins légistes modernes, quidonnent à peine quelques lignes insuffisantes à cette question difficile . Le plus récent et le plus complet, celui de Taylor (6 ), consacre quelques lignes à la sodomie et à la bestialité.Le célèbreprofesseur de Guy's Hospital ne s'arrête pas aux preuves médicales de ces fails qui, suivant lui, sont en général suffisamment établis sans · cins, par P . Ménière, sous le titre de Étudesmédicales sur les poëtes latins. Paris, 1858 . Je note spécialement les passages de l'Etude sur Juvénal, p . 351, et sur Martial, p . 433 . Il sera intéressant pour être complet de se reporter aussi au remarquable ouvrage du docteur Jeannel de Bor deaux, De la prostitution publique, et parallèle complet de la prostitution romaine et de la prostitution contemporaine. 2° édit. Paris, 1863, p . 22 . (1) De re medica (Medic. art. principes, 1567, t. I , p . 586). (2 ) De medicamento (ibid ., 1. II, p . 387) . ( 3 ) De re medica , liber VII (ibid ., t. II, p . 163). (4 ) Quæstiones medico - legales, liber IV , t. II, quest. V . Lugduni, 1726 , p . 540 . (8 ) Treutzel, De Sodomia , Erfurt, 1723. – Hartmann , Pædicutorem noxium esse . Francfort, 1776. - H . Kaan , Psychopathia sexualis, Leipzig, 1846, p . 41. (6) Taylor, The principles and practice of medical jurisprudence. Lon don , 1865 . DE LA PÉDÉRASTIE ET DE LA SODOMIE. : 201 l'intervention du médecin . Il reconnaît, toutefois , que les procès pour sodomie sont fréquents. Ce crime est puni, en Angleterre , de la servitude pénale à perpétuité. Mais « les fausses accusations, ajoute-t- il , sont en ce genre plus nom breuses encore que pour le viol. Elles constituent trop sou sent un moyen d'extorsion quiréussit très -bien . C 'est donc là une question plutôt légale quemédicale , d 'autant qu 'elle s'agite le plus souvent entre soldats et gens de police de la pire espèce. » Casper, de Berlin ( 1 ), dans le mémoire que nous avons déjà cité, et dans son Traité pratique demédecine légale, a pu dire avec raison : « Toutes ces erreurs se sunt reproduites d 'auteur à auteur, depuis Zacchias, parmanque d 'observations pratiques. Les meilleurs auteurs, les auteurs français eux-mêmes, acceptentbona fide les leçonsde leurs prédécesseurs . » C 'est ce défaut que j'ai la confiance d 'avoir évité, non par une vaine prétention , mais parce que tant d 'occasions d 'é tudes m 'ont été offertes dans les nombreuses expertises où l'examen des pédérastes avoués m 'a été confié, que j'ai pu acquérir une expérience personnelle , quimepermettra d 'a border avec plus de certitude et plus d 'autorité l'histoiredes signes de la pédérastie . Si je dis , en effet, que, dans deux circonstances, l'auto rité ayant résolu sinon de faire disparaître, du moins d ' é touffer pour un temps les scandales de la pédérastie , un coup de filet jeté dans cette fange ramena une première fois quatre- vingt- dix -sept, et une seconde fois cinquante - deux individus pris en flagrant délit, et que je fusappelé à visiter ; si j'ajoute qu 'en y joignant les autres explorations dumême genre que j'ai eu à faire , le nombre des pédérastes que j'ai examinés dans quatre - vingt-dix affaires alteirit presque trois . ( 1) Casper, Sur le viol el la pédérastie au point de vue de la médecine légale , loc. cit., el Trailė pralique de médecine légale . Paris , 1862, t. I, p . 116 . 202 , DES CONDITIONS DANS LESQUELLES S'EXERCENT cents ; qu'enfin j'ai été admis à compulser les dossiers de toutes les grandes affaires d 'escroquerie ou d'assassinat dans lesquelles la pédérastie a joué un rôle , on mepermettra de m 'appuyer , avec quelque confiance, sur les résultats de cette vaste enquête . Voulant mettre à profit les renseignements très - divers et très - curieux qui s'offraient à moi, j'ai voulu ne négliger au cun côté de la question , et, sans prétendre marcher sur les traces de Parent- Duchâtelet et donner un pendantau livre qui a popularisé son nom , j'ai cru devoir, à son exemple , recueillir et consigner ici quelques faits qui, sans être étran yers aux applications spéciales que doit chercher le méde cin légiste , intéresseront surtout le moraliste et le magis trat. Je mepropose donc, après avoir défini la pédérastie , de donner un aperçu sommaire des conditions dans lesquelles elle s'exerce , de retracer, avec toute l'exactitude possible , les signes physiques de la pédérastie, et de passer en revue les questionsmédico -légales qui s'y rapportent. DES CONDITIONS GÉNÉRALES DANS LESQUELLES S 'EXERCENT LA PÉDÉRASTIE ET LA SODOMIE . Le vice honteux pour lequel les langues modernes n 'ont pas de nom , a conservé, dans la dénomination de pédéraslie , la marque de son origine antique, et la signification expres sive qu'indique l'étymologie taldos, špaotas, pueri amalor, l'amour des jeunes garçons . Il importe de s'en tenir aux termes de cette définition , et de réserver le mot plus géné ral de sodomie pour les actes contre nature, considérés en cux -mêmes, et sans acception du sexe des individus entre lesquels s' établissent des rapports coupables. LA PÉDÉRASTIE ET LA SODOMIE . 203 Des attentats contre nature commis sur des femmes. — Les violences sodomistes auxquelles les femmes peuvent être exposées arrivent rarement à la connaissance de la justice et appellent plus rarement encore l'examen du médecin expert . Chose singulière ! c'est principalement dans les rapports conjugaux que se sont produits les faits de cette nature. Plusieurs arrêts de la Cour suprême ont consacré le prin cipe que le crime d 'attentat à la pudeur peut exister de la part d 'un mari se livrant sur sa femme à des actes contrai res à la fin légitime du mariage, s' ils ont été accomplis avec violence physique. Telle est la doctrine qu’un arrêt du 19mai 1854 appliquait au mari d 'une femme L . .., chez la quelle j'avais pu constater les traces des plus graves désor dres résultant de violence contre nature et qui a toutrécem ment encore , dansdes cas que je citerai, servi debase à des poursuites criminelles. C 'est en général très -peu de temps après le mariage que les hommes adonnés à ces goûts dépravés commencent à les imposer à leurs femmes. Celles- ci,dans leur innocence, s'y soumettent d ' abord ; mais plus tard ,'averties par la douleur ou renseignées par une amie , par leur mère, elles se refu sent plus ou moins opiniâtrément à des actes qui ne sont plus dès lors tentés ou accomplis,que par violence. Dans ces cas l'expert aura à constater, outre les traces de sévices et des désordres locaux, du côté de l'anus, les preuves maté rielles de l'existence de rapports sexuels réguliers. Il est bon d 'ailleurs, dans ces délicates recherches, de nepas s'en laisser imposer par les déclarations des femmes. J'ai été ap pelé dernièrement à en examiner une quise prétendait vic time des violences de son mari et qui, pressée de s'expli quer, n 'avait en réalité à lui reprocher que des exigences immodérées,des ardeurs un peu brutales ,mais qui n 'avaient rien d 'antinaturel. Il est inutile d'ajouter que l'examen de 20 % DES CONDITONS DANS LESQUELLES S'EXERCENT cette femme ne nous fournit qu 'un résultat absolument négatif. En dehors de l'état demariage on ne trouve guère d 'exemple de violences sodomiques consommées ; mais les tentatives ne sont pas aussi rares. — Nous n 'avons ici qu'à enregistrer ces faits et à en signaler la portée morale. Mais nous aurons à les mettre à profit plus tard dans l'étude des signes de la sodomie. Les filles publiques, chez lesquelles ces habitudes honteuses se rencontrent trop souvent, nous fournissent à cet égard quelques données dignes d 'être rapprochées des caractères que nous ont offerts les pédé rastes . Attentats sur de jeunes garçons mineurs . - Il faut donner une place à part dans l'histoire de la pédérastie aux atten tats commis sur de jeunes garçons de six à douze ans par des hommes débauchés dont les excitations et l'exemple corrupteur ont plus d'une fois appelé avec la juste sévérité des lois les investigations d 'une expertise médicale . Les scandaleux débats d 'une affaire correctionnelle jugée le 6 janvier 1856 par la cour impériale d 'Amiens ont révélé des détails qui peuvent servir à caractériser cette forme particulière de la pédérastie. Un individu attirait habituel lement chez lui un certain nombre de jeunes garçons pour se livrer avec eux à des actes obscènes ; il en réunissait plu . sieurs dans un lit commun , se livrait devant tous et sur chacun d 'eux à des actes de débauche, et leur tenait des discours de nature à les pervertir , les flétrissant autant par le rapprochement les uns des autres que par son con tact personnel. J'ai vu aussi, dans des circonstances qui semblent se multiplier aujourd 'hui, des enfants, que certaines profes sions amènent et rassemblent à Paris, devenir victimes de la brutalité des individus qu'ils assistaient commeapprentis ou dont ils partageaient la couche par suite de la promis LA PÉDÉRASTIE ET LA SODOMIE . 205 cuité qui règne dans les plus pauvres logements garnis de la capitale . De la prostitution pédéraste . — Mais les conditions les plus communes et aussi les plus dangereuses dans lesquelles s'exerce la pédérastie, sont celles d 'une véritable prostitu tion , qui, si elle ne s'abrite pas sous la tolérance qui protége la prostitution féminine, n 'en est pas moins comme elle très . répandue, organisée en quelque sorte , et en constitue , dans certaines grandes villes, comme le complémentnécessaire . C 'est sous cette forme que se montraient presque au grand jour dans les sociétés antiques les monstruosités de l'amour grec ou socratique, digne frère du Lesbius amor quimenace de renaître aujourd 'hui dans la corruption d 'un certain monde. C 'est sous cette forme que Zacchias l'obser vait à Rome au dix - septième siècle ; qu 'on la rencontre encore en Italie, où l'étranger est poursuivi par de vils proxénètes qui proposent indifféremment à son choix vella ragazza ou bello ragazzo ; et qu'elle s'affiche en quelque sorte dansl'Afrique française , où les jeunes Maures s'offrent pour ainsi dire publiquement, et où a grandi, au point d 'envahir la Métropole , la plaie honteuse de la pédérastie . A Paris , enfin , la prostitution pédéraste a pris dans l'ombre un accroissement presque incroyable et a reçu une organi sation clandestine destinée surtout à favoriser l'industrie coupable désignée sous le nom de chantage, et que nous ont apprise, dans tous ses détails infâmes, les révélations de plus d 'un procès fameux , depuis l'affaire dite de la rue du Rempart en 1845, où figuraient 47 accusés, jusqu'à ces poursuites multipliées qui, pendant quelques années, ame nèrentdevant les tribunaux correctionnels des bandes de quinze et vingt pédérastes à la fois, et qui,maintenantplus rares , semblent avoir lassé la justice sans décourager les coupables. 206 DES CONDITIONS DANS LESQUELLES S'EXERCENT J'ai dit que je ne reculerais pas devant l'ignominie du tableau ; c'est ainsi qu 'il faut en tracer les traits les plus hideux, et emprunter jusqu 'au langage des êtres dégradés dont je veux essayer d'ébaucher la repoussante image. Les hommes qui se livrent au genre d 'escroquerie dit chantage , et qui, dans leur argot, prétendent s'occuper de politique, ne sont, le plus ordinairement, que des voleurs d 'une espèce particulière, qui, sans être toujours adonnés eux -mêmes à la pédérastie , spéculent sur les habitudes vi cieuses de certains individus, pour les attirer , par l'appât de leurs passions secrètes, dans des piéges où ils rançon nent sans peine leur honteuse faiblesse. Mais à côté de ces hommes enrichis par le vol et mis avec une certaine recher che, on trouve de jeunes garçons, corrompus et perdus par eux, qui sont à leurs gages , qu 'ils enrôlent, qu 'ils domi nent et qu'ils désignent dans leur effrayant cynismecomme les outils dont ils se servent pour attirer leurs dupes et saisir leurs victimes . Ces misérables enfants, détournés quelquefois du travail honnête de l'atelier , plus souvent ramassés dans la boue des carrefours et dans l'oisiveté des mauvais lieux, sont lancés chaque soir dans les endroits déserts et bien connusoù ils savent lever facilement leur triste proie . Tantôt se plaçant dans une foule , autour d 'un bateleur ou devant l’étalage d'un marchand de gravures , ils provoquent les assistants qui se trouvent derrière eux en faisant de la dentelle, c'est -à - dire en agitant les doigts croisés derrière leur dos, ou ceux qui sontdevant à l'aide de la poussette, en leur faisant sentir un corps dur, le plus souvent un long bouchon qu 'ils ont disposé dans leur pan talon , de manière à simuler ce qu'on devine et à exciter ainsi les sensde ceux qu'ils jugent capables de céder à leur appel. Lorsqu' ils ont réussi à se faire accoster, les individus avec qui ils marchent se présentent tout à coup, et, usur pant la qualité et le langage d 'agents de police chargés de LA PÉDÉRASTIE ET LA SODOMIE . 207 faire respecter la morale outragée, finissent par se faire payer leur indulgence, et ne rendent les dupes à la liberté que moyennant la rançon d 'une somme souvent considé rable. Quelques- uns réunissent à la fois le double rôle de leveur et de chanteur. Après avoir provoqué à la débauche celui qui a eu le malheurde les aborder , ils changent tout à coup deton , le prennent, comme ils disent, au saute -dessus, et, se donnant pour des agents de l'autorité, les menacent d 'une arrestation qu'ils consentent à grand’peine à ne pas faire , si leur discrétion est largement rétribuée. On ne saurait se figurer à quel point a été poussée la criminelle industrie du vol à la pédérastie . Ce n 'est pas seulement aux hasards d 'une rencontre dans un lieu public que le chantage demande des victimes. Accompagnant à son domicile le malheureux qui n 'a pu lui payer sur- le champ son silence , le faux agent, qui a réussi à se procu rer un nom et une adresse , s'assure ainsi une riche cap ture, qu 'il exploitera dans des proportions qui dépassent tout ce que l'on pourrait imaginer. Aussi les chanteurs prennent-ils de grandes précautions pour garder le secret des découvertes qu 'ils font de cette manière, et pour ca cher aux jeunes gens qu’un modique salaire associe à leurs infâmes manouvres da mine précieuse dont ils veulent se réserver la possession . Ils se constituent ainsi une sorte de clientèle qu'ils se repassent et se revendent entre eux. On n 'a pas oublié le déplorable exemple donné en ce genre par un homme dont le nom haut placé dans la science a été livré à la publicité par une indiscrétion de la presse judi ciaire, que nousnous garderons bien d 'imiter. Les chan teurs avaient réussi à lui inspirer une telle terreur, qu'il n 'hésitait jamais à se soumettre à leur exigence, et que cer tains d'entre eux comptaient sur sa bourse comme sur la leur. Pendant plus de vingt ans, il s'est laissé ainsi ran 208 DES CONDITIONS DANS LESQUELLES S'EXERCENT çonner par plusieurs générations d 'escrocs, qui se léguaient un revenu assuré, et qui plusieurs fois se sont disputés à sa porte à qui prélèverait l'impôt en quelque sorte quoti dien que leur garantissait sa honteuse faiblesse. « Ce n 'est pas cinquantemille francs, s'écriait devant la justice l'un des révélateurs qui avaient participé le plus activement à ces déprédations, c'est plus de centmille qu'il a donnés ; ( a dure depuis trente ans; on se le repassait ; il a donné ainsi à des individus qui sont morts et à d 'autres qui sont retirés des affaires. » A côté de ce fait monstrueux, j'en ci terai un autre qui donne, à un double point de vue, un singulier aperçu des mæurs des pédérastes. Dans l'affaire de la rue du Rempart, un vieil Anglais avoua qu'ayant été déjà victime d 'escroquerie de même espèce, il prenait la précaution , lorsqu'il allait courir les rues pour satisfaire ses honteuses passions, de se vêtir misérablement et de ne jamais donner que de petites sommes, pour ne pas éveiller la cupidité de ceux avec lesquels son immoralité le mettait en rapport. Mais son calcul fut déjoué par l'astuce de deux jeunes escrocs, qui le suivirent jusqu 'à un hôtel de belle apparence où il habitait, et qui, pénétrant jusque dans son appartement, se vengèrent de sa fausse indigence en le dévalisant complétement. Mais, dans la criminelle pratique du chantage, la prosti tution pédéraste n 'occupe, pour ainsi dire , qu'un rang se condaire. Elle s'exerce encore dans d 'autres conditions, où se révèlent plus exactement son véritable caractère et son analogie avec la prostitution féminine. Commecelle -ci, elle a son personnel spécial, ses lieux de réunion consacrés, ses habitudes particulières. Nous verrons plus tard dans quelle classe se recrutent ceux qui sont descendus assez bas pour faire un métier de leurs corps et se livrer aux souillures de passions antinatu relles que le plus souventils ne partagent pas. Car les jeunes LA PÉDÉRASTIE ET LA SODOMIE . 209 garçons que flétrit le nom de tantes sont souvent attachés à des femmes chez lesquelles ils attirent et reçoivent habi tuellement les pédérastes. Si l'on voit quelquefois des pédé rastes battus et rançonnés par les souteneurs de filles , on voit à l'encontre certaines maîtresses de maison réunir ainsi chez elles les deux sexes ; et une fille de mauvaise vie déclarait, dans une enquête, que les deux tiers des hommes quise présentaient chez elle y venaient uniquement pour lui demander depetits garçons. Une autre raconte qu'elle rencontrait habituellement sur la voie publique des jeunes gens qui provoquaient comme elle des hommes à la dé bauche et avec qui elle et ses camarades avaient le tort de rire et de plaisanter habituellement. « Ils viennent toujours, ajoutait- elle , demander aux femmes de les recevoir avec les hommes qu'ils accostent, parce qu'ils ne savent où aller. » Uu jeune garçon , qui s'est fait un nom dans cette hideuse phalange, a été, au momentde son arrestation , trouvé por teur d ' une carte de fille publique. Le concert des deux prostitutions est si constant, que l'on a vu des proxénètes employer , pour attirer les pédérastes , des filles déguisées en hommes ; et que, plus souvent, des jeunes gens ont re vêtu des habits de femme pour tromper la surveillance des agents , ou dissimuler les honteuses préférences deshommes qui les recherchaient et les amenaient avec eux . Unemai tresse d'hôtel garni, qui a été comprise dans les poursuites commencées dans la rue du Rempart en 1845 , faisait venir un jeune homme chez elle , et l'affublait de vêtements de femmeavant de le livrer à un individu qui accomplissait avec lui des actes effrénés de débauche . Une autre fois, elle l' envoyait chez son coiffeur pour qu 'on lui ajustât une per ruque de femme toute bouclée. Elle l'habillait ensuite avec ses propres vêtements, lui donnait son chapeau et son voile , et le remettait ensuite à un homme qui fréquentait habi tuellement sa maison et qui avait demandé lui-même« qu'il TARDIEU, 6e ÉDITION . 210 DES CONDITIONS DANS LESQUELLES S'EXERCENT fùt arrangé ainsi. » La métamorphose est parfois si com plète , que l'on dit d 'un jeune pédéraste, connu sous le nom de la Fille à la mode : « Si M . Duval, le chef du bureau des meurs , voyait le petit R . avec une robe au lieu d 'un pan talon , il serait fort embarrassé. » Cette promiscuité , ce mélange des prostitués des deux sexes , était intéressant à signaler ; car on peut y trouver une preuve de ce fait important que les pédérastes avérés peuventavoir des relations avec des femmes. Il faut cepen - dant faire à cet égard une distinction, et reconnaître que ce sont surtout ceux qu'on appelle des lantes, c'est-à -dire ceux quise prostituent aux véritables pédérastes , quirecherchent parfois à leur tour les rapports avec les femmes. Les chan teurs émérites emploient même souvent l'attrait d 'une liai son de ce genre pour détourner les jeunes gens et assurer sur eux leur domination . Bien plus, un procès récent a fait connaître l'ignoble complicité de deux époux , dont l'un , qui le croirait ? offrait sa femme à de jeunes garçons en récompense des infàmes jouissances qu' il leur deman dait lui-même. Je n 'arrête sans avoir épuisé les traits de ces mæurs sans nom dont je pourrais encore accumuler ici les plus horri bles témoignages. Il est cependant certaines variétés de pédérastes dont l'existence doit être au moins connue des magistrats quipénètrent cesmystères, et des experts appe lés à constater les différents signes qui peuvent caractériser ce vice sous toutes ses formes . Mais je reculerais devant ces détails immondes si l'on neme permettait pas de les cacher sous une courte périphrase latine . Omnes flagitio rum species apud Tal@epastás concurrunt ; et variis quas nequitia genuit sectis nomen peculiare servat abjectorum istorum hominum sermo. Qui manustupro dediti sunt, casse-poitrine appellantur. Cognomine pompeurs de dard sive denoud (id est turpissimapenis significatio) designan !ur LA PÉDÉRASTIE ET LA SODOMIE . 214 qui labia et oscula fellatricibus blanditiis præbent. Fædissi mum tandem et singulare genus libidinosorum vivido co lore exprimit appellatio renifleurs, qui in secretos locos, nimirum circa theatrorum posticos, convenientes quo com plures feminæ ad micturiendum festinant, per nares urinali odore excitati, illico se invicem polluunt. » Casper a comme moi rencontré de ces nombreuses spécialités qu'il exprime de mêmedans la langue des satiriques latins , irrumare, fellare. « J'ai été requis commeexpert, dit-il, pour donner «« mon avis sur de telles obscénités. C 'est ici que l'on déses « père pour un instantde la nature humaine. » La prostitution pédéraste n 'a pas, on le comprend, d 'asile toléré ,mais elle n 'est pas pour cela reléguée dansles ténè bres des lieux écartés et déserts. Si certains points de la voie publique que je me reprocheraisde désigner ,mais dont quelques -uns sont bien connus, sont le théâtre le plus ordi dinaire des provocations et même des actes obscènes des pédérastes, il est aussi des maisons attitrées quiles attirent et les recueillent. La plupart de ces établissements ont été heureusement découverts et détruits par l'autorité . On y retrouvait la trace des pratiques honteuses qu'ils abritaient. Ainsi, dans l'un des plus hantés, des cabinets cachés der rière la maison étaient tapissés de dessins obscènes et d 'ins criptions qui ne laissaient pas de doutes sur la nature des scènes dont cesmurs avaient été les témoins. Casper a noté aussi ce goût particulier des images licencieuses , qui avait, chez l'un des pédérastes dont il a connu d 'histoire , accumulé des copies de tous les modèles d 'hermaphrodites dans leur pose provocante, et de nombreux portraits de jeunes gar cons. J'ai vérifié plus d 'une fois moi-même cette particu larité ; et les perquisitions faites, à l'occasion d 'un assassinat dontje reparlerai, au domicile d 'une société de pédérastes, ontamené la découverte de tableaux obscènes, de photo graphies représentant les différents affiliés de cette réunion , 212 DES CONDITIONS DANS LESQUELLES S'EXERCEST et enfin d 'une grande quantité de fleurs artificielles, de guirlandes , de couronnes, destinées sans doute à leur ser vir, dans leurs orgies , d'ornements et de parures. Il n ' est pas sans intérêt de compléter ces données géné rales sur les conditions dans lesquelles s'exerce la prosti - tution pédéraste par quelques notions sur les pédérastes eux -mêmes, empruntées aux observations que j'ai recueil lies moi-même, et qui ont porté sur 302 individus. Leur répartition suivant les ages a donné les chiffres sui vants : . . . 88 40 Au - dessous de 15 ans. . . . . . . . . . De 15 à 25 ans. . . . . . . . . . . . . De 25 à 35 ans. . . . . . . . . . . . . . . . De 35 à 45 ans. . . . De 48 à 55 ans. . . . De 55 à 65 ans. . . De 65 à 70 ans. . . . . . . . . . . . . . Non indiqué . . . 302 Les professions auxquelles appartiennent les pédérastes ne peuvent fournir, on le comprend , aucune application géné rale ; et je ne prétends en faire aucune en indiquant seule mentquelques- unes de celles qui m 'ont donné le plus grand nombre d 'individus à examiner : Dans 160 visites, j'ai compté : 78 domestiques ; 54 commis marchands; 16 militaires ; 12 tailleurs, Les 142 autres appartenaient à 60 professions diverses. Enfin , comme point de comparaison avec les prostituées , je citerai quelques-unsdes surnoms par lesquels étaient dé signés les principaux individus rangés parmiles tantes et les LA PÉDÉRASTIE ET LA SODOWE. 213 leveurs: Pistolet, la Grille, le Paletot,Macaire , le Gendarme, Coco , l'Auvergnat, Pisse - Vinaigre, Tuyau -de- Poêle ,la Mar seillaise , la Nantaise, la Pépée, la Bouchère, la Léontine, la Folle, la Fille à la mode, la Fille à la perruque, la Reine d 'Angleterre . Je m 'abstiens de toute réflexion sur ces dési gnations, déjà si expressives par elles -mêmes. Nous n 'avons guère parlé jusqu'ici que des prostitués pé dérastes ; il nous resterait à dire un mot de ceux dont les goûts dépravés et l' inexpliquable passion défrayent ce hi deux métier. Mais que servirait de soulever ce voile der rière lequel je n 'ai trouvé que le scandale et le dégoût ? Je pourrais medemander , en physiologiste et en médecin , quelles causes inconnues peuvent aider à comprendre l'a berration des pédérastes ;mais je veux épargner à ceux qui . meliront le douloureux et stérile étonnement que doit faire naitre la connaissance des caractères et de la position so ciale des adeptes de la pédérastie . Jemebornerai donc à signaler les déplorables facilités que viennent chercher à Pa ris un assez grand nombre d 'étrangers qui figurent dans la liste des victimes qu'a faites le chantage. Il est un dernier point sur lequel il faut insister comme sur une terrible conséquence de la prostitution pédéraste ; c 'est le danger auquel elle expose ceux qui en recherchent les ignominieux plaisirs, et qui ont trop souvent payé de leur vie les relations honteuses qu'ils avaient nouées avec des criminels. Les exemples d 'assassinats sur des pédérastes ne sont pas très - rares ; et les circonstances dans lesquelles ils se produisent ont cela de caractéristique que la victime va d 'elle -mêmeen quelque sorte au -devant dumeurtrier . Pour ne citer que les crimes qui ont ému Paris, les assassinats de Tessié en 1838 , de Ward en 1844, de. Benoît et de Bérard en 1856 , de Bivel et de Letellier en 1857, auxquels il faut ajouter celui de l'enfant Saurel par Castex et Ternon en 1866 , ont révélé avec éclat la fin cruelle à laquelle peu 214 DES CONDITIONS DANS LESQUELLES S'EXERCENT vent être réservés ceux quine peuvent trouver que dans l'é cumedu monde le plus vil ces liaisons inavouées auxquelles ils vont demander la satisfaction de leursmonstrueux désirs . Un cas plusrécent amontré à un autre pointde vue qu'une mort violente pouvait atteindre les pédérastes dansdes cir constances accidentelles ou dans des rixes provoquées par leurs relations coupables . En 1861, on trouvait dans le ves tibule d 'une maison de Paris le cadavre d ’un pédéraste bien connu, qui au milieu de la nuit était tombé ou avait été précipité par-dessus la rampe d 'un escalier . . Je ne prétends pas faire comprendre ce qui est incom préhensible et pénétrer les causes de la pédérastie . Il est cependant permis de se demander s'il y a autre chose dans ce vice qu 'une perversion morale , qu'une des formes de la psychopathia sexualis, dont Kaan a tracé l'histoire . La dé bauche effrénée , la sensualité blasée peuvent seules expli quer les habitudes de pédérastie chez des hommes mariés, chez des pères de famille , et concilier avec le goût des fem mes ces entraînements contre nature. On peut s 'en faire une idée en retrouvantdansles récits des pédérastes l'expression de leurs passions dépravées. Casper a eu entre les mains un journal dont je lui em prunterai un extrait, dans lequel un gentilhomme de vieille race , adonné à la pédérastie , a consigné jour par jour, et pendant plusieurs années, ses aventures, ses passions et ses sentiments . Il avouait avec un cynisine sans exemple des habitudes honteuses qui remontaient à plus de trente an nées, et qui avaient succédé chez luià un vif amour de l'autre sexe. Il avait été initié à ces nouveaux plaisirs par une entre metteuse ; et la peinture de ses sentiments a quelque chose de saisissant. La plumese refuse à retracer les orgies décri tes dans ce journal et à répéter les noms qu'il prodigue à ses amants. Des dessins, quiillustrent cette pièce singulière, ajoutent encore à ce qu 'elle offre d ' étrange. LA PÉDÉRASTIE ET LA SODOMIE . 215 J'ai eu d 'un autre côté l'occasion fréquente de lire la cor respondancede pédérastesavoués, et j'aitrouvé, sous les for mes de langage les plus passionnées, des épithètes et des images empruntées aux plus ardents transports du véritable amour. J'en peux donner un exemple qui ne sera pas le document lemoins curieux de l'étude que j'ai entreprise . Je cite tex tuellement cette pièce qui a pour titre : MA CONFESSION, et qui a été recueillis dans un grave procès de chantage au commencementde l'année 1845 : « 1 er amour. — Le premier que j'ai aimé, oh ! comment expliquer comment je l'ai aimé! Comment dire le délicieux frémissement demes sens lorsque j'entendais sa voix et le bonheur que j'éprouvais à épier son regard , et les tendres soins que je prenais à faire naître un sourire sur ses lèvres ! Et cependant, je dois en convenir, c 'était le premier être qui faisait palpiter mon cour tous les jours, qui parait mes rêves d 'images toujours riantes, qui m 'ouvrait une vie toute nouvelle , et dès lors je ne compris plus de bonheurs quine fussent pas lui, de sentiments qui ne fussent pour lui, de devoirs que je nesacrifiasse à lui. Chacun deses mots venait vibrer par toutmoi comme unetendre mélodie ; son regard , souriant ou paisible, semblait se refléter en douces joies au fond de mon cæur, je comprenais que c' était ainsi que devait être la volupté des anges . « Aussi, près de lui, je sentais pâlir tous les sentiments de la vie . Qu' étaient-ce maintenant pour moi que des pré jugés imposés par les lois ou par l'habitude ! Qu'étaient-ce alors que les plaisirs de la société, les triomphes de l'amour propre! Quede fois pour rester près de lui je fuyais mesamis d 'enfance. Oh ! pour lui que n 'eussé-je point fait sur la terre! Que n 'ai-je point demandé au ciel, et quelle affection rivale aurait pu parvenir à mon âme! « 2e amour. - Faut- il le dire pourtant ?... Trois annéesde 216 DES CONDITIONS DANS LESQUELLES S'EXERCENT cette première ivresse étaientà peine finies, qu'un autre sen timent vint envahir mon caur. Nulle puissance ne put s'op poser à l'intérêt que m 'inspira un être qui n 'avait pas sur moi les droits du souvenir ,mais dont le front candide éveil lait en moimille charmantes espérances. Il avait de grands yeux bleus, dans lesquels j'aimais à puiser la tendresse ; et lorsque sa tête s'appuyait sur mon épaule , lorsque sur ses lèvres venait errer mon nom , comme le premier accord de notre franche amitié , je me disais : Là aussi sera pour moi le bonheur d ' être aimé! « . 3° amour. — Comment à quelque temps de là se trouva près demoi un gentil garçon, au teint pâle , aux yeux noirs , je n 'ose vraiment vous le dire . .. Toutefois, puisque ma plumeveut se vouer à la vérité , et que mon coeur doit ici trahir tous ses secrets, j'avouerai que cette nouvelle passion ne fut pas seulementun de ces épisodes piquants qui passent dans la vie d ' un homme, commeces étoiles éphémères, qui glissent à travers le ciel sans en déranger l'harmonie . Mon jeune amour vint prendre sa part aimante dans mon âme ; et pour l’y fixer , je lui prodiguaimes plus intimes caresses. J'aimai à suivre le développement de ses premiers sens, à rapporter à moi seul tous les efforts de sa sensibilité . Je ne dus point résister au nouveau qui s'offrait , j'en devins fou . « 4e amour. — Oh ! si je pouvais environner de mystère ce quime reste à vous dire, si je pouvais céler au fond de mon âme cette dernière faiblesse de la nature, je m 'arrête rais à ce nombre mystique de mes premiers amours. Mais, hélas! les destinées sont grandes, inexplicables ; et je dus malgré moi finir par adorer un enfant, tombé, je crois, de la voûte éthérée. Beau commeles chérubins quisoutiennent le voile sur le front de la Vierge, sa bouche toute petite avait un de ces sourires qui durent faire faillir Ève, si ce fut ainsi que le diable la prit ; dans ses yeux étaitune volupté d 'inno LA PÉDÉRASTIE ET LA SODOMIE . 217 cence qui faisait tout espérer et tout pardonner . Aimable et gracieux, soumis à vos caprices, prévenantvos désirs, il vous couvrait de doux regards et de caresses charmantes ; il ne fallait pas le voir, ou il fallait l’aimer ... et voilà pourquoi je l'aimai. « Et cependant, si vous voulez comprendre, si vous voulez savoir commentje les aime tous, comment ils m 'aiment, et comment nous vivons, soulevez le rideau qui ombre ce ta bleau. . . c 'est un de ces mystères incompréhensibles que la nature seule révèle .. » Il est des cas dans lesquels il est difficile de ne pas admet tre chez les pédérastes une véritable perversion maladive des facultés morales. A voir la dégradation profonde, la ré voltante saleté des individus querecherchent et qu'admettent près d 'eux des hommes en apparence distingués par l'édu cation et par la fortune, on serait le plus souvent tenté de croire que leurs sens et leur raison sont altérés; mais on n 'en peut guère douter, lorsqu'on recueille des faits tels que ceux que je tiens d'un magistrat qui a apporté autant d 'ha bileté que d'énergie dans la poursuite des pédérastes, M . le conseiller C . Busserolles, et que je ne peux taire. Un de ces hommes descendus d 'une position élevée au dernier degré de la dépravation , attirait chez lui de sordides enfants des rues devant lesquels il s'agenouillait, dont il baisait les pieds avec une soumission passionnée avant de leur demander de plus infâmes jouissances. Un autre trouvait une volupté sin gulière à se faire donner par derrière de violents coups de pied par un être de la plus vile espèce. Quelle idée se faire de pareilles horreurs, sinon de les imputer à la plus triste et à la plus honteuse folie ? 218 DE LA PÉDÉRISTIE ET DE LA SODOMIE . DES SIGNES DE LA PÉDÉRASTIE . J'en ai dit assez pour faire comprendre l'intérêt qui s'at tache à la constatation précise et certaine des signes qui pourront faire reconnaître les pédérastes ; il mereste à dé montrer l'existence et la valeur de ces signes , et à établir sur des faits positifs et sur des observations multipliées que le vice de la pédérastie laisse, dans la conformation des or ganes, des traces matérielles beaucoup plus nombreuses et beaucoup plus significatives qu'on ne l'avait cru jusqu 'ici, et dont la connaissance permettra au médecin légiste , dans le plus grand nombre des cas, de diriger et d 'assurer des poursuites qui intéressent à un si haut degré la morale pu blique. Je dois cependant, avant tout, confesser qu'il est des in dividus qui, notoirement adonnés à la pédérastie et avouant eux-mêmes leur honteuse passion , n 'en conservent néan - moins aucune marque appréciable . C'est ce quia fait dire à Casper que tous les signes locaux et généraux indiqués par certains écrivains, ne méritent aucune considération , at tendu qu 'ils peuvent tous manquer , et qu'ils manquent en réalité très- souvent. Mais, outre ce que ce raisonnement offre de vicieux, la proposition du médecin légiste de Ber lin est complétement en désaccord avec les faits, et je n 'hé site pas à la repousser . Je remarque d 'ailleurs qu'il s'est lui même trop défié de ses propres observations, ou qu'il n 'a pas su toujours les interpréter fidèlement; car, en parcou rant l'histoire des douze cas qu 'il a consignés dans son livre , et que je crois devoir citer plus loin textuellement (1), on le surprend plus d 'une fois restant dans le doute ou même (1) Voyez les observations qui terminent cette É ude, p . 260 cl suiv . DES SIGNES DE LA PÉDÉRASTIE . 219 concluant négativement, dans des circonstances où les lé sions les plus caractéristiques , telles que la déchirure du sphincter, par exemple ,décelaient de la manière la plus po sitive la pédérastie. Pourmoi, je n 'ai trouvé que vingt-trois fois, sur deux cent soixante-treize , des pédérastes avoués chez lesquels il fût impossible de constater aucune trace évidente , aucun caractère suffisamment certain . Je ne crains donc pas de déclarer que l'absence des signes positifs est une très -rare exception ; et je suis très- porté à penser que si l'on a cru et professé le contraire, c'est parce qu 'on a constam ment négligé de faire une distinction importante entre les pédérastes et de rechercher chez eux des signes en rapport avec ces différences. Or, c'est un point capital dans cette étude, que la pédé rastie comporte en quelque sorte deux roles, tantôt confon dus, plus souvent isolés, et dont la marque s'imprime d 'une manière variable chez les divers individus, suivant qu'ils sont plus particulièrement livrés à des habitudes actives ou à des habitudes passives . Sicette distinction n 'a pas échappé aux anciens quant au fait lui-même(cynodus et pathicus) , si Eusébe de Salles (1) désigne spécialement les seconds sous le nom de succubes, si Casper se préoccupe de l'influence que peut avoir sur la santé générale la part active ou pas sive que prend un individu dans ces rapports infàmes , au cun auteur ne paraît avoir seulement entrevu les consé quences qu'elle pouvait avoir au point de vue des traces matérielles, caractères distinctifs de l'un ou de l'autremode de la pédérastie. On a ainsi laissé complétement de côté des signes importants, spécifiques en quelque sorte, et qui peu vent seuls faire reconnaître toute une classe de pédérastes et tout un ordre de faits sur lesquels, pour la première fois, j'appelle toute l'attention desmédecins légistes. (1) Médecine légale (in Encyclopédie médicale ). 220 DE LA PÉDÉRASTIE ET DE LA SODOMIE . Les indications que j'ai données précédemment sur les mæurs des pédérastes medispensent d 'entrer dans de nou veaux détails sur ce point, et suffisent à faire pressentir que les habitudes passives seront les plus communes et presque les seules dont on retrouvera les traces chez ceux qui se li vrent à la prostitution pédéraste, tandis que ceux qui cèdent à l'entrainement des passions contre nature, au saloos šows pourront présenter exclusivement les signes des habitudes actives. Toutefois, chez le plus grand nombre de ces der niers, la débauche ne connaît ni frein ni limites, et l'on trouve sur leur corps avili l'empreinte du double rôle au . quel ils se prêtent tour à tour. De là une bien plus grande fréquence des signes que l'on peut appeler passifs dans les constatations auxquelles donnera lieu l'examen médico légal des pédérastes . J'ai tenu à poursuivre l'importante distinction dontje viens de parler, dans tous les cas que j'ai observés, et en tenant compte des signes physiques présen tés par chaque individu, en même temps que des autres données que j'ai pu me procurer, j'ai trouvé que mes trois cent deux observations étaient ainsi réparties : 139 32 Habitudes exclusivement passives . . . . . . Habitudes exclusivement actives. . . . . . . Habitudes à la fois actives et passives. . . . . Habitudes non caractérisées . . . . . . . . . . 101 | 30 J'aurai soin ,dans l'énumération et dans l'étudedes signes, de ne jamais perdre de vue cette différence capitale . DES SIGNES GÉNÉRAUX DE LA PÉDÉRASTIE . Mais avant d 'arriver aux traits spéciaux qui peuvent ré sulter de tel ou tel genre d 'habitudes, il est quelques signes généraux communs à tous les adeptes de la pédérastie , qu 'il convient d 'exposer auparavant, et qui sont singulière DES SIGNES DE LA PÉDÉRASTIE . 221 ment propres à donner de ces physionomies à part une idée saisissante et vraie . De l'extérieur des pédérastes, - Le caractère des pédé rastes, de ceux surtout qui, par passion ou par calcul, re cherchent et attirent les hommes, se peint souvent dans leur extérieur, dans leur costume, dans leurs allures et dans leurs goûts , qui reflètent en quelque sorte la perver sion contre nature de leurs penchants sexuels. Si ce fait ne s'observe pas toujours, il est du moins assez fréquent pour mériter d 'être signalé : il est d 'ailleurs bien connu de tous ceux qui ont été placés de façon à voir un grand nombre de ces pédérastes auxquels s'appliquent le nom de tantes . Les cheveux frisés, le teint fardé, le col découvert, la taille serrée de manière à faire saillir les formes , les doigts, les oreilles, la poitrine chargés de bijoux , toute la personne exhalant l'odeur des parfums les plus pénétrants, et dans la main un mouchoir, des fleurs ou quelque travail d 'aiguille : telle est la physionomie étrange, repoussante , età bon droit suspecte , qui trahit les pédérastes. Un trait non moins ca ractéristique , et que j'ai observé cent fois, c'est le contraste de cette fausse élégance et de ce culte extérieur de la per sonne avec une malpropreté sordide qui suffirait à elle seule pour éloigner de cesmisérables. J'ai vainement cherché sur les différentes parties du corps des pédérastes bien connus pour tels, quelque tatouage particulier analogue à ceux que l'on rencontre si souvent chez les filles publiques. Je n 'ai absolument rien trouvé de pareil, malgré les observations spéciales que j'ai entreprises sur ce point (1) . J'ai noté, un certain nombrede fois , la présence d 'une botte figurée sur le dosde la verge , mais je n 'ai jamais remarqué chez les (1) Étude médico-legale sur le tatouage considéré comme signe d'identité ( Arin . d 'hyg. et deméd. lég., 1855, 2e série , t. III, p . 271). 222 DE LA PÉDÉRASTIE ET DE LA SODOMIE . individus qui présentaient ce tatouage le moindre signe d'habitudes contre nature. Il m 'a paru que c'était là seule ment une sorte d 'emblème obscène étranger à la pédérastie. La coiffure et le costume constituent l'une des préocci pa tions les plus constantes des pédérastes. Tessié, qui a péri, en 1838, assassiné par Guérin qu'il avait attiré chez lui, avait coutume de se faire friser chaque jour par un coiffeur qui, entendu dans l'instruction , a déclaré qu'il aimait être coiffé en boucles et qu'il lui tenait toujours une conversation très libre. L 'auteur des mémoires qu 'a cités Casper affiche les mêmes prétentions; à cinquante -huit ans, il s'affuble d 'une perruque blonde toute bouclée. Le costume retient égale ment quelque chose des habitudes efféminées des pédé rastes. Le sentimentde coquetterie abjecte qui les porte à rechercher l'attrait des formes, ne s'est jamaismontré d 'une manière plus scandaleuse que chez ces jeunes gens parmi lesquels se recrutait le personnel d'un repaire de pédérastes désigné sous le nom demaison des lussards, à causē de la veste d ’uniforme qu 'ils affectionnaient, et à l'aide de laquelle ils attiraient les regards dans les lieux publics . Dernière ment encore, on trouvait dans la garde- robe d 'un jeune ouvrier, compromis dans l'assassinat de Letellier, un cos tumede soldat des guides , qui ne pouvait lui servir que de semblable déguisement. Le type le plus frappant que j'aie vu en ce genre, c'est cet individu qu'a rendu célèbre le sobriquet de la reine d' Angleterre, jeune garçon de vingt et un ans, se disant parfumeur et n 'ayant en réalité d 'autre métier que la prostitution dont il portait au plus haut degré la marque infamante. C 'est de lui qu'un journal judiciaire traçait ce portrait fidèle, lorsqu 'il comparut devant le tri bunal correctionnel : « Est-ce bien un homme? ses che veux, séparés sur le milieu de la tête , retombent en bou cles sur ses joues comme ceux d 'une jeune fille coquette . Son cou est protégé par une simple cravate à la Colin , et le DES SIGNES DE LA PÉDÉRASTIE . 223 col de la chemise retombe dans toute sa largeur sur les épaules ; il a les yeux mourants, la bouche en cæur, il se dandine sur les hanches comme un danseur espagnol, et quand on l'a arrêté, il avait dans sa poche un pot de ver millon . Il joint les mains d 'un air hypocrite et fait des mines qui seraient risibles, si elles n 'étaient pas révoltantes. Du reste , les pédérastes , à quelque classe qu'ils appartiennent, se reconnaissent facilement entre eux. Casper a consigné à cet égard une confidence précieuse : « Nous nous connais « sons de suite par un simple regard , et je ne me suis ja « mais trompé en prenant quelques précautions. Sur le « Righi, à Palerme, au Louvre , dans les montagnes de « l'Écosse , à Saint- Pétersbourg , en débarquant à Barce « lone, j'ai reconnu , en une seconde, des pédérastes que je « n 'avais jamais vus ! » Triste et bien éloquent aveu de cette franc-maçonnerie honteuse et du cosmopolitismede ces dégradantes passions. Des troubles généraux de la santé chez les pédérastes. — Il n 'est pas besoin de longs développements pour établir que les actes de débauche contre nature , auxquels se livrent les pédérastes, doivent inévitablement altérer la santé gé nérale d 'une manière plus ou moins profonde. J'ai pu juger par moi-mêmedans trop de circonstances de l'aspect misé rable, de la constitution appauvrie et de la pâleur maladive des prostitués pédérastes; j'ai trop bien reconnu la justesse sinistre de cette expression de casse -poitrine réservée à quel ques -uns d'entre eux , pour méconnaître que cet abus de jouissances honteuses mine et détruit la santé ; j'en citerai plus loin un exemple frappant. J'en ai vus que l'épuisement des forces physiques et intellectuelles a conduits à la phthi sie pulmonaire, à la paralysie et à la folie . Mais, tout en proclamant la réalité de ce danger , je suis loin d'en faire une conséquence nécessaire et un signe cer 224 DE LA PÉDÉRASTIE ET DE LA SODOMIE . tain de la pédérastie , et je ne tomberai pas dans l'exagé ration que Casper relève avec raison . Il ne m ' en coûte nullement de reconnaître que la soif, les sueurs, l'amaigrissement, n 'appartiennent pas spécialement à la pédé rastie . Et je ne crois même pas utile de me demander avec lui pourquoi ces jouissances contre nature ont de plus mauvais effets sur la santé que les autres, et si l'entrée de la liqueur spermatique dans le rectum peut exercer quelque influence fâcheuse. Mais Casper commet, à mon sens, une grave erreur, lorsqu ' il croit que les rapports d 'homme à homme sont rarement complets et que l'imagination y a autant de part que les sens. La simple observation des désordres matériels produits par les rapprochements contre nature ne peut laisser aucun doute sur leur étendue, et dé montre clairement que la pédérastie constitue au moins, au mêmetitre que les excès vénériens, une source de maladie et de dépérissement, sinon spéciale, du moins très -réelle et très -active. Le médecin expertde Berlin , à qui l'expérience a certainement fait défaut en ces matières, s'est laissé trom per par des déclarations qui, en les supposant sincères, n 'ont pas la signification trop absolue qu 'il leur attribue. C 'est ainsi qu'il cite à l'appuide son opinion une confession qui n 'a qu'une portée individuelle : « Gardez-vous de croire , monsieur, que j'exerce la pédérastie , je ne l'ai jamais faite . Moi et la plupart des autres nous la détestons, nous nous contentons. .. » DES SIGNES D 'HABITUDES PASSIVES DE PÉDÉRASTIE ET DE SODOMIE . Les traces d 'habitudes passives qui sont, il est vrai, très communes, puisque nous les avons trouvées dans 246 cas sur 302, sont les seules qui aient fixé l'attention des auteurs ; DES SIGNES D 'HABITUDES PASSIVES . 225 mais , inalgré leur fréquence, elles sont encore très-incom plétement connues et à peine indiquées, Je m 'attacherai à les décrire avec méthode et à en donner une idée assez nette pour que leur valeur, comme signe dans les exper tises médico- légales , ne puisse plus être révoquée en doute ou livrée à l'arbitraire . La sodomie laissera des traces différentes, suivant qu 'elle consistera en un attentat contre nature récent et en vio lences isolées , ou qu'elle constituera une habitude ancienne et invétérée ; et il est important de distinguer avec soin l'un et l'autre ordre de signes. Zacchias a le premier fait ressortir cette distinction nécessaire et féconde. L 'attentat récent a des caractères trop tranchés pour qu 'il soit possible de les méconnaître ; aussi sont- ils admis par ceux même qui sont le plus disposés à nier la réalité des signes de la pédérastie, et qui, à l'exemple de Casper, ne croiraient pouvoir conclure avec certitude que dans les cas où les tentatives contre nature d 'un adulte sur un enfant amènent des déchirures et des désordres considé rables . Du reste , ces signes des attentats récents sont plus ou moins marqués, suivant le degré de violence employée, le volume des parties , la jeunesse de la victime et l'absence d 'habitudes vicieuses antérieures. Ils varient, selon ces cir constances, depuis la rougeur, l'excoriation , l'ardeur dou loureuse de l'anus, la difficulté de la marche, jusqu 'aux fissures dites rhagades , aux déchirures profondes, à l'ex travasation du sang et à l'inflammation de la meinbrane muqueuse et du tissu cellulaire sous-jacent. Cette inflam mation peut être plus ou moins étendue, plus ou moins prolongée ; mais si l'examen n 'a lieu que quelques jours après l'attentat, on ne trouvera , le plus souvent, que de la démangeaison et une coloration de l'anus dues aux modifi cations qu'a éprouvées le sang épanche. , TARDIEU, 6e ÉDITIOX. . 15 226 DE LA PÉDÉRASTIE ET DE LA SODOMIE . Les lésions aiguës de la pédérastie ne sont pas toujours bornées à l'anus ; on peut trouver certains désordres ca ractéristiques du côté des organes génitaux . J' en ai ren contré un exemple curieux chez un jeune ouvrier maçon , que j'avais été chargé de visiter à l'hôpital du Midi, en 1853 ; ce garçon , d 'une simplicité et d 'une niaiserie sans pareilles, avait été , de la part de ses compagnons de cham brée, l'objet d 'attouchements violents et prolongés, qui avaient déterminé une inflammation très - vive de l'urethre . L 'abus de l'onanisme peut produire, on le sait , de sembla bles désordres, et l'autorité de M . Ricord , dans le service duquel était placé ce garçon, a pleinement confirmé l'opi nion que je m 'étais faite moi-mêmede la cause singulière de cette affection : j'ai observé quelquefois aussi des exco riations et des ecchymoses sur les bourses. Je citerai plus loin un cas des plus remarquables et peut-être unique d 'ar rachement des téguments de la verge, recueilli à l'hôpital Necker par M . le docteur Foucher , chez un pédéraste qui. avait eu à subir une lutte contre deux de ses pareils. On doit aussi prévoir le cas où des traces de coups et de bles. sures quelconques existeraient sur d 'autres parties du corps. Les habitudes anciennes et passives de pédérastie sont, plus encore que l'attentat récent, importantes à caractériser, et c'est à les reconnaître que l'expert doit surtout s'attacher . Il serait impossible d 'y parvenir , si l'on s' en tenait aux si gnes incomplets et insuffisants que l'on trouve mentionnés dans les auteurs. Je crois inutile d ' en entreprendre ici la critique, mais j'aurai soin , en étudiant chacun des signes en particulier, de donner un aperçu de la place qu'ils oc cupent dans les descriptions écourtées que l'on trouve dans les livres. Les signes caractéristiques de la pédérastie passive, que nous allons passer successivement en revue , sont le déve DES SIGNES D 'HABITUDES PASSIVES. 227 loppement excessif des fesses, la déformation infundibuli forme de l'anus, le relâchement du sphincter, l'effacement des plis, les crêtes et caroncules du pourtour de l'anus, la dilatation extrême de l'orifice anal, l'incontinence des ma tières, les ulcérations, les rhagades, les hémorrhoïdes, les fistules, la blennorrhagie rectale , la syphilis, les corps étran gers introduits dans l'anus. L ' énumération de ces différents signes ne peutdonnerune idée de leur valeur ; il est absolument nécessaire de les établir isolément et dans toutes leurs particularités essen tielles. État des fesses. — J'ai déjà parlé de l'affectation avec laquelle certains pédérastes mettent leurs formes en évi dence, et recherchent les costumes qui peuvent le mieux les désigner aux regards des débauchés. Il est constant, en effet, que beaucoup deceux qui se livrent à la prostitution pédéraste offrent un développement excessif des fesses, qui sont larges, saillantes , parfois énormes, et d 'une forme tout à fait féminine. Cette disposition est cependant loin d 'être constante , et j'ai noté souvent la conformation toute contraire. Du reste ,il faut faire ici une grande part à l'orga nisation individuelle . J'ai vu, par exemple, une disposition très- singulière et certainement exceptionnelle chez un pé déraste dont les deux fesses étaient complétement réunies , de manière à présenter une masse sphérique tout unie . L 'extrême embonpoint et l'extrêmemaigreur de ces parties entrainent d 'ailleurs des différences si considérables dans la disposition de l'anus, que l'on ne doit jamais négliger d'y avoir égard dans l'examen des pédérastes. Il faut remar quer aussi que la vieillesse, qui n 'est pas à l'abri du vice , amène dans ces parties une flaccidité qui peut en modifier l'apparence et les formes. 228 DE LA PÉDÉRASTIE ET DE LA SODOMIE . Déformation Infundibuliforme de l'anus. - L ' infundibu lum de l'anus est, dans l'idée non - seulement des méde cins,mais du vulgaire, le signe unique et la seule véritable marque de la pédérastie. Ce caractère cloit sa notoriété à Cullerier . Cependant il a été contesté et même nié par Casper , qui s'en est rapporté moins à ses propres observa tions, dans lesquelles il est facile de retrouver l' indication d 'une disposition analogue à celle dont il s'agit ici, qu'aux dénégations de MM . Jacquemin et Collineau , déjà cités par Parent- Duchâtelet (1) . Quelque estime que je professe pour ces excellents esprits, je ne puis m 'empêcher de dire que leur opinion ne saurait être généralisée , et que si la disposition infundibuliformede l'anus est moins commune chez les femmes et chez les filles publiques livrées à la so domie qui ont fait le sujet de leur observation, il constitue un signe très -réel et très- fréquent de la pédérastie. Seule ment, je crois ce signe en général très-mal connu , et sou vent très -difficile à bien apprécier, soit que l'on procède maladroitement à l' examen , soit que l'on se fasse une idée peu juste de la manière dont se forme cet infundibulum . Il résulte , d 'une part, du refoulement graduel des parties qui sont situées au -devant de l'anus, et, d 'une part, de la résistance qu’oppose l'extrémité supérieure du sphincter à l'intromission complète dans le rectum . Le sphincter , en effet, forme au -dessus de l'anus une sorte de canal muscu leux contractile, dont la hauteur atteint parfois jusqu'à 3 et 4 centimètres ; de telle sorte que la partie inférieure de l'anneau peut céder et se laisser repousser vers la supé rieure qui, résistantdavantage , reste au fond d 'une sorte d 'entonnoir, dont la partie la plus évasée est circonscrite par le rebord des fesses, et dont la portion rétrécie se pro (1) Parent Duchâtelet, De la prostitution dans la ville de Paris. Paris, 1857 , t. I, p . 214 . DES SIGNES D 'HABITUDES PASSIVES . 2 : 9 longe à travers l'orifice anal jusqu'au sphincter refoulé , ré duit à un simple anneau qui ferme plus ou moins complé tement l'entrée de l'intestin . · Mais si j'ai réussi à mefaire comprendre, on doit voir que l'infundibulum sera plus ou moins large, plus ou moins profond , suivant l'état d 'embonpoint ou de maigreur, et la saillie plus ou moins prononcée des fesses. Chez les indivi. dus très-gras ,dont les masses fessières sonttrès prononcées , l'infundibulum manque souvent ; ou , du moins, forméuni quement au niveau et aux dépens du sphincter anal, il est très - court et ne s'aperçoit que lorsque les fesses sont très fortement écartées , et lorsque l'on a soin d 'exercer une traction assez forte sur les côtés de l'anus. Chez les indivi dus très-maigres, il peut également faire défaut, parce que le rebord intérieur des fesses étant presque nul, il n 'y a pas de refoulement des parties molles , et que l'anus se trouve ou superficiellement placé, comme on le voit surtout chez les femmes très-amaigries, ou au fond d 'une excavation na turelle , qui n 'affecte pas la disposition infundibuliforme. Celle - ci n 'est jamais plus prononcée que chez les pédé rastes d ' un embonpointmodéré chez lesquels les fesses, un peu molles, vont en se déprimant depuis leur méplat jus qu'aux bords de l'ouverture anale , de manière à former un entonnoir à large ouverture, plus ou moins rétréci vers le fond , et que l'écartement des fesses rend facilement vi sible . La déformation infundibuliforme de l'anus ainsi com prise , reste donc un signe presque constant et on ne peut plus probant deshabitudes passivesdespédérastes . Je trouve une démonstration nouvelle de la valeur qu 'il mérite dans la manière dont il a été implicitement reconnu par ceux même qui l'ont le plus violemment contesté . Ainsi Casper , qui veut que la remarque de Cullerier sur l'ouverture en en tonnoir du rectum , soit complétement rayée de la science , 230 DE LA PÉDÉRASTIE ET DE LA SODOMIE . pousse l'inconséquence jusqu'à décrire, comme l'un des deux symptômes auxquels il attache le plus d 'importance, pour les avoir observés fréquemment, « un enfoncement en « formede cornet des fesses vers l'anus, c'est -à - dire un « aplatissement de la surface interne des fesses dans la di « rection de la rainure, de sorte que les côtés de l'angle se « rencontrent à l'orifice de l'anus. » N 'est - ce pas là une des variétés de la déformation infundibuliforme de l'anus, telle : que je viens de l'indiquer moi-même, et convient-il bien de vouloir enlever à un caractère de cette valeur toute signifi cation médico-légale ? Relâchement du sphincter. Effacement des plis . Crêtes au pourtour de l'anus. — Le relâchement du sphincter est un signe non moins fréquent et aussi caractéristique que la dé formation infundibuliforme de l'anus. Je l'ai noté le même nombre de fois. Bien que le plus souvent ce relâchementdu sphincter se rencontre en mêmetemps que l'infundibulum , il n 'est pas rare de le rencontrer dans les casmêmes où ce dernier caractère fait défaut, et je n 'hésite pas à lui accor der au moins autant de valeur. Il se présente , du reste , à des degrés très - variables, qui sont appréciables, non - seulement par le toucher, mais en core à la simple inspection . Car le relàchementdu sphincter amène nécessairement un changement très - appréciable dans la conformation extérieure de l'anus. Zacchias (1) avait fort bien vu ce fait, qui a échappé à ceux qui l'ont copié , mais que les observations de Casper et les miennes ont bien confirmé. Les plis qui existentnaturellement autour de l'anus s'effa cent, et , au lieu de former une étoile à plis radiés, il de vient lisse et poli, podica lævi du poëte . nfirmé . (1) Zacchias, Quæstiones medico-legales. Lugluni, 1055 . DES SIGNES D 'HABITUDES PASSIVES , 231 Ce signe trouve grâce devantCasper, qui croyait, il est vrai, l'avoir inventé avant d 'en trouver l'exacte description qui suit dans Zacchias : « Multo magis frequenter tam ne « fandi coitus usum significare poterit ipsius podicis conse « titutio qui cum ex natura rugosus existat ex hujusmodi « congressu lævis ac planus efficitur, obliterantur enim « rugæ illæ in anicurriculo existentes ob assiduam membri « attritionem . » Je joins sans réserve mon témoignage à ceux que je viens de citer ; car j'attache , moi aussi, une grande valeur à l'effacement des plis de l'orifice anal. Mais ce n 'est là que le premier effet des frottements répétés, et je crois possible et utile de pousser plus loin l'observation sur ce point. A mesure que les rapports contre nature se renouvellent, le relâchement devient chaque jour plus considérable , d 'autant plus que, ainsi que le remarque très -justement Zacchias, les individus adonnés à ces infâmes pratiques , afin d'éviter la douleur que provoquent les premières ap proches, et de les rendre plus faciles, recourent à des inés dicaments laxatifs et émollients, et surtout à des onctions fréquentes avec quelques corps gras. Sous l'influence de ce relàchement, de plus en plus prononcé , la membranemu queuse de la dernière portion se ramasse à l'orifice anal, de manière à former un bourrelet saillant et épais. Dans certains cas, elle constitue des replis,des espèces de caron cules ou d 'excroissances, que j'ai vues parfois assez déve loppées pour simuler de petites lèvres semblables à celles qui, chez la femme, ferment l'entrée du vagin , et s'écartant comme elles, lorsqu'on exerçait une traction sur les bords de l'anus . Ce sont ces excroissances qui ont été souventdé crites sous le nom de crète, crista , mariscæ des satiriques latins, et qui ont une sorte de notoriété comme signe de la pédérastie . Zacchias a consacré cette opinion en écrivant les lignes suivantes : « Un signe beaucoup plus significatif 232 DE LA PÉDÉRASTIE ET DE LA SODOMIE . « consiste dans la présence de certaines caroncules ou es « croissances de chair que l'on désigne vulgairement sous « le nom de crêles, et dont l'origine est le plus ordinaire ment l'habitude de la sodomie. » Et l'on peut juger à quel point elle est accréditée , quand je dirai que j'ai trouvé dans le rapport secret d 'un révélateur sur un pédéraste connu cette remarque singulièrement explicite : « On dit que de « petites crêtes qui restent à l'anus sont despreuves irrécu « sables. Il préférera avouer que de se laisser visiter par un « homme de l'art ; il est atteint , en outre , d 'une maladie « vénérienne que des hommes lui ont communiquée . » En résumé, le relâchement du sphincter, avec l'efface mentdes plis chez les uns. et chez les autres, le boursoufle ment et la saillie de la muqueuse , constituent un des signes les plus communs et les plus caractéristiques des habitudes passives de pédérastie . Dilatation extrème de l'orifice anal. Incontinence des ma tières . — Le refoulementde l'anus d 'une part, et la dilata tion progressive du sphincter de l'autre, peuvent arriver chez quelques individus à un tel degré, que l'orifice anal se trouve réduit à un trou béant, parfois énorme, qui n 'est plus constitué que par un anneau circulaire sans contractilité et sans relief. Chez les pédérastes très-maigres, il semble qu'un trou a été percé à l'emporte -pièce sur une peau tendue. Elle entraîne presque inévitablement une disposition marquée à la chute du rectum , et en même temps une in continence habituelle des matières fécales que j'ai observée, et qui, sans être complète , entretient dans ces parties un tel état de saleté et leur donne un aspect si horrible que l'esprit et le caur se soulèvent à la pensée qu'elles puissent inspirer autre chose que le plus violent dégoût. La plan che IV en peut donner une idée. Elle provient d 'un individu admis à l'hôpital de la Charité dans le service de M . le pro DES SIGNES D 'HABITUDES PASSIVES. 233 fesseur Bouillaud , et chez lequel M . Auguste Voisin , alors chef de clinique, à découvert les désordres effroyables qu'il a bien voulu faire figurer pourmoi, et où l'on trouve réunis tous les signes les plus accusés de la pédérastie passive. Ulcérations , rhagades, hémorrhoïdes, fistules à l'anus, etc . - L 'habitude invétéréede la pédérastie passive expose cer tainement à des maladies de la partie inférieure du rectum , et j'ai, pour mapart, rencontré, dans un certain nombre de cas, des ulcérations profondes, des rhagades , des fistules qui pouvaient être très - légitimement attribuées à cette cause ; mais il est impossible d 'assigner à ces lésions va riées un caractère spécifique , et de les considérer comme des signes positifs et constants de pédérastie. Elles ne pré sentent, en effet, alors même qu 'elles dépendent le plus certainement de ce vice, absolument rien de particulier , ni pour le siége ni pour la forme; et je ne puis m 'associer à l'opinion de l'honorable et savant médecin de la prison Mazas, M . le docteur Jacquemin , qui les signale comme oc cupant le plus souvent le bord postérieur de l'anus. . J'en dirai autant des condylomes, des hémorrhoïdes , et des maladies plus graves du rectum , telles que le cancer, que les auteurs indiquent comme les suites possibles de la sodomie. Je suis loin de contester le fait, mais je crois que l'on s'exposerait aux plus graves erreurs si on se laissait aller à en exagérer la portée ; et je suis disposé à croire que les cas dans lesquels la pédérastie passive amène de semblables lésions sont, sinon tout à fait exceptionnels, au moins fort rares. Elles se rencontrent plus fréquemment peut-être chez les filles publiques adonnées à la sodomie . M . le docteur Venot de Bordeaux, dans un travail très-intéressant et très pratique (1), mentionne chez ces prostituées , en dehors (1) Venot ( le Bordeaux ), De la pseudosyphilis chez les proslituées. Bordeaux, 1859, p . 15 . . 234 DE LA PÉDÉRASTIE ET DE LA SODOMIE . de tout symptome vénérien , de profondes déchirures du sphincter ,des fissures réfractaires aux procédés opératoires ; des hémorrhoïdes irritées , quelquefois suppurantes . Maladies vénériennes contractées dans les rapports contre nature. - Les rapprochements contre nature sont, comme les autres, et, dans un grand nombre de cas, l'occasion et l'origine de maladies vénériennes dont le siége particulier peut être considéré comme un signe très - important de la pédérastie . Je sais que quelques auteurs ne regardent pas ce signe comme plus certain que ceux que j'ai précédemment étudiés ; mais c 'est là , je ne crains pas de le dire , une pro position tout à fait fausse dans ce qu'elle a d 'absolu . Sans doute on ne peut nier que la syphilis , contractée mêmedans des rapports sexuels réguliers, ne puisse déterminer des ac cidents du côté de l'anus ; mais ce n 'est pas de cette manière qu 'il convient de poser la question . Il faut prendre en consi dération, en même temps que le siége, la nature des lésions symptomatiques de la syphilis ; et si chez un homme on trouve à la marge de l'anus un accident primitif caractéris tique, un chancre, sans regarder cette circonstance comme une preuve absolue de pédérastie, il est impossible de ne pas y voir une extrêmeprobabilité et un signe d 'une très grande valeur. Il en acquiert bien plus encore si, sur deux individus suspects , on rencontre chez l'un à l'anus, chez l'autre sur les parties génitales, des chaneres situés de façon à se répondre exactement. Il faut remarquer à ce sujet que, dans les rapports contre nature, les accidents se montreront en général du même côté sur l'organe passif et sur l'organe actif ; ce qui est le contraire de ce que l'on observe dans les cas de rapprochements naturels entre les deux sexes , et ce qu 'explique suffisamment la différence de position . J'ai noté plus d 'un exemple de ce genre dans lesquels la vérité jail Tissait, pour ainsi dire , de la simple comparaison des deux DES SIGNES D 'HABITUDES PASSIVES . 235 individus soumis à l'examen . Je signalerai aussi à l'attention · des experts la présence d 'un engorgement des ganglionsde l’aine, qui, en l'absence de toute lésion des organes géni taux, peut mettre sur la voie d 'un accident syphilitique localisé du côté de l'anus, et ce qu'il est à peine nécessaire de rappeler, la transformation possible sur place du chancre en plaque muqueuse que l'on observe si fréquemment dans la région anale. Il est une particularité quimérite d 'être remarquée; c'est que, lorsque l'affection syphilitique résulte d 'une violence pédéraste accompagnée de déchirure de l'anus, l'explosion des accidents est très -rapide, et peut suivre de très près le rapprochement contre nature. J'ai vu un chancre de l'a nus se développer , au bout de deux jours, chez un jeune garçon qui avait subi un attentat à la pudeur contre-na ture . Je nementionnerai qu'en passantun faitque je n 'ai observé qu’une fois et qui n 'est peut- être pas suffisamment établi. Je veux parler de la blennorrhagie anale résultant d 'actes de pédérastie , et caractérisée par un écoulement verdàtre assez abondant, que j'ai rencontrée chez un individu qui avait eu des relations notoires avec un autre atteint de blennorrhagie , urethrale . Corps étrangers introduits dans l'anus. - Parmiles mon struosités que peuvent enfanter les passions contre nature et que l'imagination la plus dépravée aurait peine à conce voir, il faut citer ces exemples enregistrés dans les fastes ile la chirurgie (1 ), et qui ne peuventplus passer pour très rares, de corps étrangers introduits dans l'anusetdans le rec (1) Morand , Colleclion de plusieurs observations singulières sur des corps étrangers, les uns appliqués aux parties naturelles, d' autres insinués dans la vessie et d 'autres dans le fondement (Mém . de l'Acad . royale de chirur gie , 1757, in -'4", t. III, p . 620 ). 2 36 DE LA PÉDÉRASTIE ET DE LA SODOMIE . tum . Outre que ces faits se sont présentés pour la plupart chez des individus adonnés à la pédérastie , et peuvent par conséquentêtre rangés au nombredes signes de ce vice hon teux, ils ont un très - grand intérêt, en ce qu'ils peuvent donner une idée des modifications extraordinaires et tout à fait inattendues, que les habitudes invétérées de sodomie peuvent apporter dans la forme et dans les dimensions de l'orifice anal etde la partie inférieure du gros intestin . Lorsqu'on parcourt les observations des chirurgiens tou chant les corps étrangers introduits dans le rectum , on y voit figurer un gros affiquet debuis,dontles femmes se ser ventpourtricoter, long d 'un bon demi- pied , une navette , une fiole, une bouteille d'eau de la reinedeHongrie ;la queue de cochon introduite dans l'anus d 'une fille publique, dont l'histoire , rapportée par Marchettis, est demeurée célèbre; un gobelet de verre haut de 3 pouces 1/ 2, et ayant un dia mètre de 1 pouce 7/8 à la base , et de 2 pouces 5 /8 au bord , introduit par une prostituée chez un Chinois sexagénaire en état d 'ivresse et dont l' extraction fut faite avec succès par un chirurgien américain (1); une fiole à l'eau de Colognelongue de 28 centimètres, qui, introduite dans le rectum , était ve nue faire saillie sous les fausses côtes ( 2) ; un morceau de bois , long de 12 centimètres sur 7 de diamètre, et arrondi à sonº extrémité ,retiré chez un hommedontl'anus était assez élargi pour admettre toute la main de l'opérateur, et chez lequel on trouvait de plus le prépuce déchiré et le méat urinaire fendu et dilaté démesurément ; enfin beaucoup demes lec teurs se souviendront d 'un maître d 'études qui est venu ( 1) Observation du docteur Parker, rapportée par M . Suschenberger, chirurgien de la marine des États -Unis (Gazette des hôpitaux , 1849, p . 397) . (2 ) Communiqué par M . le professeur Velpeau à l'Académie de méde cine, le 28 août 1819 (Bulletin de l'Académie de médecine, t. XIV , p . 1056 ) . DES SIGNES D HABITUDES ' PASSIVES. 237 mourir à l'Hôtel-Dieu , en 1847,des suites d 'un défi infáme, à l'occasion duquel il s'était introduit dans l'anus un verre d 'une espèce particulière désigné sous le nom de chope et dont tout le monde connaît la dimension (1). L'extraction très - laborieuse des fragments du verre brisé dans l'intestin n 'arracha pas une plainte à ce malheureux quidévorait sa honte; mais l'inflammation phlegmoneuse qui succéda aux nombreusesdéchirures de l'intestin ne tarda pasà l'emporter . D 'autres cas semblables,mais plus heureusement terminés , ont été rapportés dansles recueils périodiques. Enfin je rap pellerai ce fait, que j'ai précédemment cité , où deux en fants, le frère de cinq ans et la seur de sept ans, avaient été soumis à des pratiques monstrueuses et notamment à l'in troduction dans l'anus de carottes, de pommes de terre , de cuillers, d 'où était résulté, pour la petite fille , une dilata tion de l'anus, qui était près de se confondre avec le vagin . Ces faits sont bien de nature à montrer que la dilatabilité de l'anus et du rectum est presque sans limites, ou plutôt n 'en a pas d 'autres que celles que lui opposentnaturelle ment les parois osseuses du petit bassin . Du reste, une opération chirurgicale destinée à faire disparaître les atroces douleurs de la fissure , et qui s'est considérablement répan due dans cesderniers temps , la dilatation forcée du sphinc ter, est venue jeter un grand jour sur ces cas singuliers et jusque- là presque incompréhensibles d 'élargissement de l'anus et d 'extensibilité excessive du rectum . Il est cer tain que la dilatation qui s 'opère brusquement sous l'effort du chirurgien , se fait plus lentement, mais tout aussi com plétement chez le pédéraste livré aux habitudes passives. L 'élémentnouveau ,apportédans la question par letraitement chirurgical de la fissure à l'anus,ne saurait être négligé, et (1) Gazette des hôpitaux, p . 501. 238 DE LA PÉDÉRASTIE ET DE LA S DOMIE . devra nous occuper au point de vue des moyensde défense employés pour couvrir les traces de la pédérastie . Nous de vons, quant à présent, nous borner à faire ressortir la signi fication véritablement décisive que ne sauraitmanquer d 'a voir , aux yeux de l'expert, le fait de l' introduction dans le rectu de corps étrangers volumineux . signes spéciaux de certafnes habitudes obscènes. - Comme je ne veux rien omettre de ce qui peut servir à caractériser les diverses formes de la pédérastie et desmoindres traces qui peuvent la faire reconnaître, je mentionnerai la confor mation particulière que peut offrir la bouche de certains individus qui descendent aux plus abjectes complaisances. J'ai noté , de la manière la plus positive chez deux d 'entre eux, une bouche de travers, des dents très-courtes, des lè vres épaisses , renversées , déformées, complétement en rapport avec l'usage infame auquel elles servaient. Fait qui n 'a d 'ailleurs rien de plus extraordinaire que la déformation du pénis, que je décrirai et que j'expliquerai plus loin . Une autre fois j'ai vu un petit garçon de six ans infecté de syphi lis par un rapprochement contre nature , en même temps que je trouvais l'orifice anal, élargi, fendillé , entouré d 'une multitude de plaques muqueuses ulcérées ; je constatais à l'un des coins de la bouche la cicatrice profonde d 'un chancre . DES SIGNES D 'HABITUDES ACTIVES DE PÉDÉRASTIE . J'ai dit que les actes contre nature comprenaient deux sortes d 'habitudes, tantôt distinctes, tantôtréunies, les unes actives, les autres passives, et qu' il n 'était pas moins impor tant de savoir discerner et caractériser les unes que les au tres. Je viens de décrire d 'une manière plus complète , et je DES SIGNES D 'HABITUDES ACTIVES . 239 crois pouvoir ajouter plus exacte, qu'on ne l'avait fait en core, les signes des habitudes passives , les seules dont se soient occupés les médecins légistes. J'arrive à la partie la plus délicate de ma tâche, celle qui a pour objet de faire connaître les signes des habitudes actives qu'ont abso lument ignorés, queneparaissentmêmepas avoir soupçon nésles auteurs tant anciens quemodernes et depénétrer ainsi plus avant dans l'étude des caractères auxquels on pourra reconnaître les pédérastes , à quelque catégorie qu'ils appar tiennent. Personne ne sera tenté d 'en nier l'importance en se reportant aux détails dans lesquels je suis entré sur le rôle particulier qui appartient aux auteurs et aux victimes dans les affaires de chantage et d 'assassinat dont la pédérastie est le prétexte et l'occasion ; mais tout le monde a le droit de me demander compte des faits sur lesquels je crois pouvoir fonder les nouveaux signes caractéristiques de la pédérastie active. Il me sera permis sur ce point d'invoquer l'expérience personnelle que j'ai acquise et dont j'ai précédemment in diqué les éléments , et de dire que, sur les individus que j'ai examinés, j'ai trouvé les signes que je vais décrire, soit réunis à ceux qui sont propres aux habitudes passives, soit isolés et constituant l'unique trace du vice qu' il s'agit de reconnaitre. Ces nombreuses observations, je les ai contrô lées par les déclarations des agents et des révélateurs , par les aveux d 'un certain nombre d'inculpés, et par les diverses circonstances consignées dans chaque dossier, et propres à m 'éclairer sur le caractère et les habitudes de chaque in dividu suspect. J'ai pu ainsi m 'assurer de la valeur réelle des signes que j'avais remarqués. Ce n 'est pas tout, mes déductions se sont trouvées confirmées par les récits mêmes de quelques auteurs, et de Casper notamment, qui a , dans certains passages, noté les mêmes particularités, sans en comprendre la signification et qui a ainsi mauvaise grâce, 240 DE LA PEDÉRASTIE ET DE LA SODOMIE . pour ne pas dire autrement, à contester, en les dénaturant, les conclusions que j'ai tirées à cet égard de plus de cent observations concordantes et tout à fait décisives. Enfin , les personnes habituées à voir des pédérastes ont fait chez quelques-uns des remarques semblables. Il est à macon naissance que M . le docteur Caron , médecin du dépôt de la préfecture , a été frappé plus d 'une fois de leur exactitude, et je citerai le propos d 'une fille publique qui est venue, sans y penser , donner le témoignage le plus naïf en faveur de la spécialité des signes de la pédérastie active. J'ajoute que dans un procès récent et des plus graves, M . le docteur Fauvelle , de Laon , a mis à profit en les vérifiant les signes que je vais indiquer ; je citerai plus loin les propres obser vations de ce médecin distingué. Formes et dimensions du pénis . — De même que c'est du côté de l'anus, que l'on recherche les traces des habitudes passives, de même c' est sur lemembre viril que l'on doit s'attendre à trouver la marque des habitudes actives. En effet, je ne crains pas d'affirmer que la conformation du pénis chez les pédérastes présente , sinon toujours, au moins fort souvent, quelque chose de caractéristique. Je sais com bien les formes et les dimensions de cet organe sont va riables, et pourmemettre, autant que possible , à l'abri des causes d 'erreur, j'ai depuis plusieurs années examiné à ce point de vue tous les hommes placés dans le service d 'hô pital qui m 'est confié . Mais c'est précisément par cette comparaison assidue que j'ai pu me convaincre de la réalité des signes particuliers qu'ilme reste à indiquer. Les dimensionsdu pénis, chez les individus qui se livrent activement à la sodomie , sontou très- grêles ou très- volumi neuses : la gracilité est la règle très- générale , la grosseur la très-rare exception ; mais, dans tous les cas, les dimensions sont excessives dans un sens ou dans l'autre. Il est bien en DES SIGNES D'HABITUDES ACTIVES . 241 tendu que je parle du membre viril considéré hors l'état d 'érection , et que, ainsi que je l'ai fait remarquer en par lant de la visite des individus accusés de viol ou d 'attentat à · la pudeur , il faut tenir compte des changements que l'éré thisme vénérien doit apporter dans le volume de l'organe . Quant à la forme, elle a quelque chose de beaucoup plus remarquable et de vraiment caractéristique, variant d 'ail leurs suivant les dimensions du pénis . Dans le cas où il est petit et grêle , il va en s'amincissant considérablement, de puis la base jusqu 'à l'extrémité , qui est très-effilée, comme un doigt de gant, et rappelle tout à fait le canum more. C 'est là la forme la plus ordinaire, celle que j'ai rencontrée un très- grand nombre de fois , et que Casper semble avoir décrite , à son insu , lorsque chez l'un des sujets de ses ob servations (1), dont il dit qu'il était difficile de déterminer si c'était un pédéraste actif ou un pédéraste passif, il note que le pénis était long et assez mince, et que le prépuce étroit couvrait un gland petit. C 'est cette remarquable gra cilité de la verge et cette extrême petitesse du gland qui avaient frappé les yeux expérimentés de cette fille publique qui, dans sa déposition concernant un individu quivoulait exiger qu'elle se soumît à des actes de sodomie , signalait d 'elle -mêmechez lui cette conformation particulière : « un membre très -mince, grêle , évidé par le bout. » Cette re marque, sortie d'une telle bouche, a par elle -même quel que chose de trop significatif, pour que j'aie cru pouvoir la passer sous silence et dédaigner un semblable témoignage. Lorsque, au contraire, le pénis est très- volumineux, ce n 'est plus la totalité de l'organe quisubit un amincissement graduel de la racine à l'extrémité : c'est le gland qui, étran glé à sa base , s'allonge quelquefois démesurément, de manière à donner l'idée du museau de certains animaux. (1) Casper , Médecine légale , t. I, p . 127, obs. 87. TARDIEU , 6e ÉDITION . . 16 212 DE LA PÉDÉRASTIE ET DE LA SODOMIE . De plus, la verge , dans sa longueur, est tordue sur elle même, de telle sorte que le méat urinaire, au lieu de re garder directement en avant et en bas, se dirige oblique ment à droite ou à gauche. Cette torsion et ce changement dans la direction de l'organe sont quelquefois portés très loin , et paraissent d 'autant plus marqués que ses dimen sions sont plus considérables. J'ai vu la face dorsale de la verge tournée complétement à gauche et le méat devenu transversal. Il est encore une autre formeparticulière que peut affec ter le pénis, et qui se rencontre plus spécialement chez les individus adonnés à la masturbation . Celle -là est bien connue ; et notre excellent confrère M . Jacquemin , s'il ne l'a pas découverte , l'a certainement rendue vulgaire dans les prisons, où je l'ai observée un très- grand nombre de fois. On peut la désigner sous le nom de pénis en massue : elle consiste en effet en un renflement globuleux de l'extré mité de la verge dont le gland est élargi et commeaplati. Tels sontles différents caractères que peut fournir l'exa men du membre viril chez les pédérastes. Quelque nou veaux qu'ils soient, quelque inattendus ou incertains qu' ils. puissent paraître , je crois qu'il est facile d'en donner une explication qui en fera mieux saisir la réalité et la véritable portée. - Parmices déformations du pénis, les unes, telles que l'a mincissement, l'étranglement et l'élongation du gland, ré pondent très-exactement à la disposition infundibuliforme de l'anus sur lequel elles se moulent en quelque sorte ; de mêmeque la torsion et le changementde direction de la verge s'expliquentpar la résistance de l'orifice anal propor tionnée au volumedu membre et exigeant pour l'intromis sion une sorte de mouvement de vis ou de tire -bouchon qui, à la longue, s'imprime sur l'organe tout entier . Rien ne doit surprendre du reste dans cette modification de la QUESTIONS MEDICO -LEGALES . 243 forme d'un organe sous l'influence d 'une compression ré pétée et d 'une habitude invétérée. Je me contenterai de signaler les nombreuses analogies que fournit à cet égard l'histoire des professions que j'ai étudiées ailleurs à ce point de vue (1 ), et en particulier la déformation des lèvres de certains instrumentistes qui donnent la preuve que les parties les moins résistantes, et en apparence les plus sou ples, les plus flexibles n 'échappent pas à l'effet d 'une pres sion non pas même continue, mais fréquente, telle que celle que subit le membre viril chez les pédérastes. QUESTIONS MÉDICO -LÉGALES RELATIVES A LA PÉDÉRASTIE . L 'objet de cette longue et pénible étude, dans laquelle je n 'ai reculé , ni devant l'image de la dégradation morale, ni devant les traits les plus repoussants des déformations phy siques qu'entraîne la pédérastie, a été uniquement de don ner au médecin légiste les moyens de reconnaître les pédé rastes à des signes certains, et de résoudre ainsi, avec plus de sûreté et d 'autorité qu'il n 'avait pu le faire jusqu 'à pré sent , les questions sur lesquelles la justice invoque son assistance pour poursuivre et extirper, s'il est possible, ce. vice honteux. Le moment est venu de tirer la conclusion pratique des faits que nous avons rassemblés, et , après avoir tracé la voie et rendu le but visible, de nous efforcer d 'y atteindre. ' Les affaires de pédérastie ne soulèvent, le plus souvent, qu'un petit nombre de questions médico - légales fort sim ples, qui, par cela même, exigent de l'expert une solution nette et précise . Elles sont au nombrede quatre, auxquelles (1 ) Ambroise Tardieu , Mémoire sur les modifications que determinedans certaines parties du corps l'exercice des diverses professions . (Ann . d 'Hyg. et de Méd. lég., 1849 , t . XLII, p . 388 .) DE LA PÉDÉRASTIE ET DE LA SODOMIE . on pourrait presque se contenter de répondre par oui ou par non . Existe - t - il des traces d' attentat contre nature commis avec violence ? Existe - t- il des traces d 'habitude de pédérastie ? La syphilis a - t- elle pu être communiquée par le fait de la sodomie ? L 'assassinat a -t - il été précédé ou favorisé par des actes contre nature ? Telles sont les ques tions que le magistrat posera au médecin , et qui ne deman. deront pas à celui- ci de longs développements. Son rôle , cependant, ne sera pas toujours aussi restreint ; il pourra arriver, en effet, qu'il ait à s'expliquer sur les moyens de défense allégués par les individus suspects . Aussi aurai -je soin d 'indiquer quelles sont et ce que valent, en général, ces justifications. Mais, avant tout, je crois utile d 'entrer dans quelques détails sur la manière de procéder à la visite et à l'examen des pédérastes. L 'expert trouvera ainsi réu nies, je l'espère, toutes les indications propres à lui rendre plus facile l'accomplissement d 'une mission toujours déli cate , où il ne doit se laisser entraîner ni à trop d 'assurance , ni à des scrupules exagérés. Dela manière de procéder à l'examen des pédérastes. — Je n 'ai que peu de mots à dire sur la manière dont il convient de procéder à l'examen des pédérastes : ce n 'est pas à des médecins qu'il est nécessaire de tracer une règle de con duite que feront nécessairement varier et la position et le caractère du sujet à examiner, et le lieu et les circonstances dans lesquels s'opérera la visite, et enfin les habitudes d ’es prit et le jugement particulier de l'expert. Je me contente rai d'une simple remarque : c'est que, à part les protesta tions hypocrites et les tergiversations de quelques -uns, la plupart se soumettent sans difficulté , et d 'eux -mêmes, en quelque sorte , à l'examen . Je n 'ai rencontré qu' un seul individu qui se soit absolument refusé à toute inspection , et c'est un de ceux qui, sous le poids des charges les plus ac QUESTIONS MÉDICO-LÉGALES. 245 cablantes, a été frappé par la plus dure condamnation. Lorsque je procède, comme cela a lieu le plus souvent, dans une prison , je m 'abstiens, à dessein , d 'indiquer au dé tenu l'objet de mavisite : je lui commande de se déshabiller , et très- souvent, sans autre forme, il prend spontanément la position la plus favorable à mon inspection . Je megarderais bien de rien conclure de positif d 'une semblable manière d 'agir ; mais elle a quelque chose de significatif, et est bien de nature à frapper. Du reste, je ne manque jamais d 'ex plorer successivement l'anus et les parties sexuelles, et je ne crains pas de dire que désormais tout rapport concernant l'examen d 'un pédéraste devra énoncer les résultats de cette double exploration . Il est cependant quelques erreurs possibles contre les quelles il importe particulièrement d 'être mis en garde, et que je crois utile de signaler. Un moyen bien connu des pédérastes, et par lequel ils s'efforcent de dissimuler les traces caractéristiques de leur infamie , consiste à contracter fortement les fesses . Ils peu vent ainsi faire qu'au premier abord il soit très - difficile de les écarter, et empêcher l'infundibulum et le relâchement du sphincter de devenir apparents ;mais il suffit ou de les faire changer brusquement de position , ou de les faire mettre à genoux sur le bord d 'une chaise dans une attitude gênante , ou simplement deprolonger l' examen de manière à fatiguer lesmuscles contractés, pour triompher de cette supercherie grossière. De même, dans les cas où la dispo sition infundibuliforme est peu marquée ou même fait dé faut, si l'on veut apprécier le relâchement du sphincter, il ne faut pas se borner à examiner du regard la conformation de l'orifice anal où il peut exister encore un mince anneau contractile. L 'introduction du doigt est nécessaire, etmontre derrière cet obstacle, dont elle permet d 'apprécier le peu de résistance , une dilatation parfois excessive de la partie in 2 :6 DE LA PÉDÉRASTIE ET DE LA SODOMIE . e férieure du rectum . Enfin , dans d 'autres cas , un seul coup d 'oeil suffira pour faire reconnaître l'élargissement et l'in continence , au trou béant que forme l'ouverture de l'anus souvent souillée par des matières intestinales, et dans la quelle se trouvent souvent engagés des débris solides d 'ex créments que le sphincter est impuissant à retenir . Certaines dispositions particulières,naturellesou acquises, peuventmodifier la conformation des parties à examiner et rendre moins apparents ou moins faciles à saisir les signes de pédérastie. Tels seraient les effets de l'âge, par exemple, qui donnent aux chairs une extrême flaccidité ; celle-ci em pêche d 'apprécier exactement le degré de relâchement qui pourrait être attribué à des habitudes honteuses. Tel est en core ce vice de conformation très -singulier et très- rare que j'ai déjà signalé , dans lequel les fesses réunies en une seule masse, ne peuvent se prêter à la déformation infundibuli forme qui résulte surtout du refoulement de l'anus au fond de la fente médiane, - Enfin , il est certaines maladies du rectum ou de l'anus, certaines opérations pratiquées sur ces parties, qui pour raient en changer jusqu'à un certain point la forme. La fis tule opérée par excision , la fissure traitée par la dilatation forcée, les tumeurs hémorrhoïdales détruites par le feu , laissent, soit une perte de substance , soit un élargissement de l'orifice anal et un relâchement du sphincter qui n 'en imposerait qu 'à un observateur superficiel. D 'ailleurs, les sujets que l'on visite nemanquentpas de se prévaloir de ces motifs d 'excuses, et l'expert n 'a guère qu'à contrôler la vé racité de ses assertions; ce qui, dans la plupart des cas , ne présentera pas de grandes difficultés . Seulement, c'est un devoir pour le médecin légiste d 'apporter le plus grand soin à constater les moindres particularités , et de rechercher si la forme des cicatrices , si leur siége , leur étendue , peuvent en faire reconnaître exactement la nature. La coïncidence QUESTIONS MÉDICO -LEGALES. 247 possible de semblables infirmités avec des habitudes de pé dérastie complique encore la question ; et, le plus souvent, on sera réduit à admettre une probabilité sans pouvoir arri ver à une conclusion formelle. Il y a aussi à examiner atten . tivement s'il existe quelque trace d 'affection vénérienne, non -seulement en vue de déterminer si elle aurait pu être contractée par le fait d 'actes contre nature, mais encore si elle peut être considérée comme un indice de relations sexuelles. Existe -t-il des traces de violences sodomiques ? — Les cas dans lesquels le médecin expert est appelé à constater des traces de violences sodomiques sont relativement rares, et ne se rencontrent guère que chez les femmes ou chez les jeunes enfants , filles ou garçons, victimes d 'attentats contre nature . On les a vues exceptionnellement chez des adultes qui avaient été en butte à des attaques de la part de plu sieurs pédérastes ; j'ai déjà parlé de celui que M . Foucher a rencontré à l'hôpital Necker, et dans lequel le pénis avait été comme arraché. Ce sont ceux-là , du reste , qui présentent le moins de difficulté. L ' inflammation , la rougeur, la chaleur, le prurit douloureux, l'ecchymose, l'excoriation et la déchirure de l'anus, la contusion ou l'irritation des parties sexuelles et notamment de l'uréthre, ainsi que la gêne de la marche, une sensation de pesanteur douloureuse dans le bassin , l'agitation , la fièvre même qui en dérivent, ne peuvent laisser de doute sur la réalité des violences ; et il n 'est pas un auteur qui conteste dans ce cas le droit de conclure aveo certitude ; pour plusieurs même, il n 'est permis de le faire que dans ces conditions en quelque sorte flagrantes. L 'ex pert ne devra pas, d'ailleurs, se borner à établir qu 'il existe des traces de violences, soit locales , soit générales : il aura à faire le rapprochement et la comparaison des désordres 248 DE LA PÉDÉRASTIE ET DE LA SODOMIE . observés chez la victime avec le volume des organes de l'inculpé, sur lequel il faudra rechercher toujours les traces d 'habitudes de pédérastie, tant actives que passives. Il con viendra, enfin , de tenir compte, dans l'appréciation des faits, de l'âge , du sexe, de la constitution et des différentes conditions physiques du sujet qui a subi les violences . Du reste, il importe de faire remarquer que le plus sou vent les constatations de cette nature ne pourront être réel lement utiles que pourdes faits assez récents ; les symptômes de simple irritation ou d'inflammation superficielle pouvant disparaître en deux ou trois jours. Mais déjà, s' il y a déchi rure plus ou moins profonde, et rupture plus ou moins complète du sphincter, on peut compter sur des signes de violences plus persistants et plus caractéristiques à la fois . A plus forte raison , si une maladie honteuse a été la consé quence de cet odieux attentat, on aura à en suivre ici le dé veloppement, la marche et les différentes phases de la même manière que dans les cas de viol commis sur des femmes , et ainsi que nous l'avons précédemment indiqué. Le méde cin légiste pourra de la sorte éclairer la justice sur des faits déjà anciens, dont il saura préciser la nature et souvent même la date . Il faut donc donner une attention toute spé ciale aux accidents syphilitiques quipeuvent exister chez la victime en même temps que chez les auteurs des violences sodomiques. Existe- t- il des traces d 'habitudes de pédérastie ? - L ' étude approfondie que j'ai tentée des différents signes des habi tudes actives et passives de la pédérastie aura eu pour effet, je l'espère, de faire pressentir quelle valeur ilsmeparaissent mériter . Quoique non absolument constants, la plupart sont cependant caractéristiques ; et en contester la signification. ou reculer, dans la pratique de la médecine légale, devant leur application rigoureuse, c'est s'exposer à conclure né QUESTIONS MÉDICO-LÉGALES. 249 gativement dans les cas les plus positifs, c'est décliner en quelque sorte lemandat de justice que l'on a accepté. Casper n 'a pas fui ce genre d 'erreur, lorsque, d 'après onze faits seulement, rapportés dans son mémoire, il n 'a pas craint de dire que tous les signes locaux ou généraux, indiqués par les écrivains, ne méritaient aucune considération, at tendu qu'ils pouvaient tous manquer , et manquaient en réalité fort souvent. L 'impuissance à laquelle se condamnent ceux quine savent pas, s'affranchir du doute dans les cir constances où le doute est le moins perniis, n 'a jamais été mise à découvert d 'une manière plus évidente que dans l'affaire Tessié en 1838. La correspondance, les moeurs, les relationsde la victime, les aveux même du meurtrier , éta blissaient clairement que la pédérastie avait été en réalité la cause et l'occasion de l'assassinat. Cependant les experts, rendant compte de l'examen fait sur le cadavre de Tessié d 'une part et de l'autre chez Guérin , l'assassin , s'expri maient ainsi pour le premier : « L 'anus est assez enfoncé ; « il suffit d 'écarter les cuisses pour que l'ouverture de l'anus « soit béante . Toutefois, ce n 'est pas la dilatation et la dis « position infundibuliforme que fait naître l'habitude de la « pédérastie . Cette ouverture nous paraît seulement plus « enfoncée et plus élargie que de coutume. » Et pour le second : « L 'anus est assez enfoncé et présente une tendance « à former une sorte d 'entonnoir ; mais cette disposition « n 'est pas assez prononcée pour qu'elle nous paraisse le « résultat de l'habitude de se livrer à l'acte de la pédéras « tie. » La description que j'ai donnée des signes physiques des habitudes contre nature, permet de juger si les traces constatées chez ces deux individus n 'autorisaient pas une conclusion moinstimide, et s'il n 'est pas regrettable que la science soit restée dans cette affaire au -dessous de toutes les autres sources d 'information d 'où a jailli la vérité . J'ai dit par quel procédé, par quelles investigations répé 250 DE LA PÉDÉRASTIE ET DE LA SODOMIE . tées , par quel contrôle sévère, j'avais cherché à donner à mes propres observations toutes les garanties possibles d 'exactitude, et à me mettre en garde contre toute chance d 'erreur. C 'est donc avec une pleine confiance que je crois pouvoir en faire aujourd 'hui l'application à la pratique des expertises médico-légales, et accorder la valeur de signes positifs aux caractères physiques de la pédérastie , à la con dition que ceux- ci seront analysés avec soin , comparés entre eux isolément et dans leur ensemble, en même temps qu'au point de vue de la conformation individuelle de cha cun des sujets à examiner. Les résultats des constatations que peut faire lemédecin dans la visite des pédérastes sont de trois ordres : soit né gatifs, soit caractéristiques d 'habitudes actives ou d 'habi tudes passives . Dans le premier cas, lorsqu 'aucunetrace matérielle , lors qu'aucune particularité quelconque, physique ou morale , ne peut laisser subsister le moindre doute dans l'esprit et dans la conscience de l'expert, il ne doit pas craindre de formuler très-nettement des conclusions négatives ;mais il est des circonstances dans lesquelles l'examen direct des organes ne lève pas tout motif de suspicion , et où, tout en ne trouvant pas dans les organes les caractères tranchés que nous avons indiqués, le médecin peut craindre d 'être contredit par des faits avérés , par des témoignages cons tants, parfois même par les preuves accablantes d 'un fla grantdélit. Une réserve est ici non -seulement permise ,mais nécessaire , et impérieusement commandée par l' intérêt mêmede la vérité et de la justice . Il faut, après avoir signalé l'absence de traces positives de pédérastie, dire formelle ment qu'il est possible que, chez certains individus, ces, habitudes vicieuses existent sans avoir laissé leur empreinte dans la conformation physique, De la sorte, l'expert n 'aura pas à craindre de n 'avoir dit qu 'une partie de la vérité, et QUESTIONS MÉDICO-LÉGALES. 251 donnera à la justice tout ce qu'elle est en droit d'attendre de la science. Les signes d'habitudes passives, tels que je les ai énumérés et décrits, ne se réduisent pas seulement, ainsi qu'on pa raît le croire si généralement, au caractère isolé et unique de l'anus infundibuliforme. Ils constituent un ensemble dé fini, et si tous n 'ont pas une égale valeur, ils en acquièrent une considérable par leur réunion . Il n 'est pas rare, en effet, de rencontrer à la fois l'infundibulum , le relàchement du sphincter, la dilatation extrème de l'anus et l'inconti - nence des matières. De tels cas ne laissent pas place à l'in certitude, et n 'autorisent pas des conclusions douteuses. Ils appartiennent à la pédérastie ancienne et invétérée. Mais si l'on considère isolément chacun de ces caractères, en est-il qui méritent plus que d 'autres d 'être admis comme signes positifs d'habitudes honteuses ? En d 'autres termes, pourra t- on , en l'absence d 'un ou de plusieurs des caractères dis tinctifs, conclure à la réalité de la pédérastie ? Je n 'hésite pas à l'affirmer. Le relàchement du sphincter, lors même qu'il n 'est pas porté jusqu'à l'extrême dilatation , qu'il n 'est pas accompagné d 'un infundibulum bien formé, suffit pour caractériser les habitudes passives, soit qu 'il y ait efface mentdes plis radiés de l'anus, le moins incertain des signes , de l'aveu de Casper , soit que , au contraire , les replis cuta nés forment au pourtour de l'orifice anal un bourrelet épaissi ou des caroncules saillantes. De même, lorsque, par suite de la conformation particulière des fesses ou par le . rapprochement des deux extrémités du sphincter , l’anus forme un trou béant, à travers lequel s' échappent des ma tièresmêmedurcies, qui hésiterait à reconnaître un pédé . raste ? J'en dirai autant des monstrueux exemples d 'intro duction de corps étrangers volumineux dans l'anus. Mais je suis loin d 'accorder une semblable valeur aux traces de maladies du rectum ou de l'anus que peut faire 252 DE LA PÉDÉRASTIE ET DE LA SODOMIE . naître la pédérastie ,mais qui n 'ont rien d 'assez caractéris tique pour que leur seule présence justifie des conclusions formelles. Tels sont les ulcérations, les rhagades, les crêtes, les condylomes, les hémorrhoïdes, les fistules, quelles que soient d 'ailleurs leur forme et leur situation sur tel ou tel point de la marge de l'anus. Il est juste de reconnaitre que ces affections ne se montrent presque jamais isolément, ou qu'on ne les rencontre d 'ordinaire que chez des pédérastes qui présentent d 'autres signes plus tranchés, et comme une complication des déformations de l'anus que je viens de rappeler . Je ne dirai qu'un motde ce qui a trait à la forme des lèvres et de la bouche chez certains individus livrés aux plus basses complaisances. Si j'ai signalé cette particularité , c'est parce que je l'ai notée dans des circonstances où il était impossible de ne pas être frappé de ce qu'elle offrait de si gnificatif . Mais je me garderai bien d ' exagérer la portée de cette remarque et de voir d' une manière absolue, dans une conformation plus ou moins analogue de la bouche, la mar que des habitudes infâmes dontil s'agit. Les signes des habitudes actives, pour être moins nom breux et plus nouvellement constatés, n 'en ont pas pour cela une valeur moindre à mes yeux ; et je ne doute pas que tous ceux qui seront en mesure de répéter mes observations n 'en reconnaissent la justesse . Je ne rappellerai d 'ailleurs pas ici sur quels faits j'ai cru pouvoir établir ces signes, qui, pour être bien appréciés , demandent que l'expert tienne compte à la fois du volume naturel,de la conformation nor male du membre viril aussi bien que des changements qui ont pu survenir, soit dans sa dimension , soit dans sa forme. Il ne fautpas oublier qu'au pénis grêle répondent l'amin cissement graduel et la terminaison effilée ; et au pénis volu mineux, la torsion du membre sur lui-mênie, le changement de direction du méat urinaire et l'élongation avec l'étran glement du gland' à sa base . On comprend d 'ailleurs que QUESTIONS MÉDICC-LÉGALES. 253 ces signes ne peuvent avoir de véritable valeur pratique qu'autant qu 'ils sont suffisamment prononcés.Mais j'ai hâte d 'ajouter qu 'ils le sont en général beaucoup, et que c'est là précisément ce quim 'a conduitmoi-même à y donner l'atten tion et à y attacher l'importance qu'ils méritent. Je ne m 'ex plique pas commentquelquespersonnes ont pu dire et écrire que ce signe était, à mes propres yeux, exceptionnel. Mes observations les plus récentes et celles de quelques-uns de mes confrères sont venues, au contraire, en confirmer plei nement la fréquence et la valeur. En résumé, je crois que la question de savoir s'il existe chez un individu des traces d'habitudes de pédérastie peut être en toute assurance résolue aujourd 'hui et que , quoique quelques personnes s'obstinent à le nier , il est permis , et avec plus de raison encore, de conclure comme le faisait Zacchias, il y a deux siècles, « qu' en examinant en eux-mêmes ces signes et leurs causes, avec une grande circonspection et sans négliger les conjectures et les présomptions extra médicales, le médecin pourra prononcer facilement sur la réalité des actes de pédérastie . Medici de hac re facile veri tatem pronuntiare poterunt. » La syphilis a-t-elle pu être communiquée par le fait de la sodomie ? — Cette question se présente naturellement d 'elle mêmedans un assez grand nombre de cas, et s'il n 'est pas toujours permis à l'expert d 'y répondre d 'une manière ab solue, il peutdu moins le plus souvent trouver dans l'exa men de deux individus, dont l'un aurait communiqué la maladie à l'autre , les moyens de la résoudre. - Le siége et la nature de l'accident syphilitique communi qué ont, quoi qu 'on ait pu faire ,une importance presque dé cisive . J'ai dit déjà comment se présentaient, en effet, ces sortes de cas où il n 'est pas rare de trouver, d 'une part, au bord de l'anusou à l'entrée du rectum , soit chez un homme, DE LA PÉDÉRASTIE ET DE LA SODOMIE soit chez une femme, un chancre très - caractérisé, et d 'une autre part,sur l'individu inculpé, l'ulcère spécifique dans un point exactement correspondant de l'extrémité de la verge . Detels faits ont d 'autant plus de valeur que les circonstances dans lesquelles, chezl'adulte , un accident primitif se déve loppe à l'anus sans qu'il y ait eu de rapprochement contre nature, sont, on en conviendra , tout exceptionnelles. L 'ex pert pourra donc sans trop s'avancer, conclure alors, non seulement à la possibilité ,mais encore à la probabilité de la contagion par le fait d 'actes de sodomie . Il serait plus difficile de se prononcer , s'il s'agissait de re connaître l'origine d 'accidents secondaires, et je ne saurais conseiller alors trop de réserve .Mais, commeles lésions spé cifiques qui se développent au pourtour de l'anus sontprin cipalementdes plaques muqueuses, il ne faudrait pas oublier la possibilité et même la fréquence de la transformation du chancre in situ , et dans ce cas même établir encore que la syphilis a pu être contractée dans un rapprochement contre nature. Je ne crois pas utilederevenir ici sur les détails dans lesquels je suis entré au sujet du viol et de l'attentat à la pudeur, et de redire comment on peut remonter, d 'après l'évolution connue des symptômes syphilitiques, à la date des actes incriminés. Il sera facile de faire à la pédérastie l'ap plication de ces données générales. Je me bornerai à cette simple remarque, que le développement d 'un accident pri mitif peut suivre de très-près les violences sodomiques ac compagnées de déchirures de l'anus, et que la transforma tion d 'un chancre en plaque muqueuse dans cette région peut aussi être très- rapide. C 'est une double circonstance dont il importe de tenir compte . L 'assassinat a -t-11 été précédé ou favorisé par des actes contre nature? — Les assassinats commis sur des pédérastes par leurs compagnons de débauche, châtiment terrible derela QUESTIONS M DICO -LÉGALES . 255 tions infâmes, ont été depuis quelques années assez fré quents pour appeler de la part des médecins légistes une attention particulière : car les circonstances, presque tou jours identiques, dans lesquelles ces crimes se sont pro duits, ont exigé, non -seulement la constatation des violences homicides et les différentes recherches relatives au meurtre, mais encore la démonstration des actes contre nature qui auraientservi de prétexte et d 'occasion à l'assassinat. De là , la nécessité d 'examiner, au point de vue spécial qui nous occupe, le cadavre de la victime et la personne du meurtrier. Pour le premier , on peut tenir compte de la position dans laquelle le corps a été trouvé. Presque toujours il sera couché au lit , ou , s'il y a eu lutte , précipité à terre près du lit, nu ou à peine vêtu . Le médecin , appelé au premier moment à constater l'état du cadavre de Richeux, faisait remarquer qu'il était étendu sur le côté dans la pose de l'Hermaphrodite antique, situation dans laquelle il s'offrait aux approches immondes de l'assassin qui lui avait coupé la gorge. Une récente tentative de meurtre accomplie dans les mêmes conditions m ’a montré une plaie du cou très étendue sur le côté gauche, et qui avait été faite à la vic time pendant qu'elle était couchée sur le côté droit. Les signes de pédérastie étaient évidents chez le blessé et chez le meurtrier. Letellier, en chemise, avait roulé de son lit à terre et s'était meurtri les genoux et les jambes en se dé battant sous l' étreinte de Pascal qui l' étranglait. Le cadavre porte souvent aussi la trace de violences dirigées spéciale ment sur les organes génitaux. J'ai trouvé chez Bivel et chez Letellier des ecchymoses profondes des bourses ; de ses attouchements obscènes, le meurtrier pédéraste fait une blessure terrible . Le meurtre horrible et les atroces vio lences , qui, au mois de janvier 1866 , ont été commis sur un bel enfant de trois ans, par deux assassins, dont l'un n 'avait pas accompli sa seizième année, ont été pour moi 256 DE LA PÉDÉRASTIE ET DE LA SODOMIE . l'occasion de constatations tout à fait caractéristiques : les parties sexuelles du pauvre petit mordues , l'anus déchiré jusque dans le rectum , et sur ses bourreaux tous les signes des vices les plus honteux. La visite de ceux qui succom bent dans les circonstances que j'indiquais plus hautrévé lera le plus ordinairement des habitudes actives et passives de pédérastie. Mais il est important de faire remarquer que le relâchement du sphincter, qui est une conséquence na turelle de la mort, perdra ici sa valeur comme signe de pé dérastie . Il n 'en sera pas de même de l'infundibulum , de l'effacement des plis radiés et de la dilatation extrême de l'anus, qui demeurent caractéristiques , aussi bien que les changements dans la forme du pénis que j'ai précédement signalés. Je citerai un cas où Casper lui -même a cru pou voir conclure, d 'après les signes trouvés sur un cadavre, qu’un individu aurait été adonné à la pédérastie . Enfin , il conviendra de rechercher si par hasard il y aurait du sperme dans la partie inférieure du rectum , bien que cette circons tance doive sans doute être assez rare, la victime étant le plus souvent frappée au moment où l'acte contre nature se prépare, et jouant d'ailleurs en général le rôle actif. On trouve, il est vrai, dans ce cas de la liqueur séminale dans l'urethre. Mais il faut se garder d 'attribuer toujours cette particularité à l'excitation vénérienne qui aurait précédé le meurtre. L' émission du sperme est, commeon sait, un fait commun à un grand nombre de morts violentes, et notam ment à la strangulation , mode d 'assassinat qui a été souvent employé sur des pédérastes. Quant à l'assassin , il fera le plus ordinairement partie de ce monde abject où se recrute la prostitution pédéraste et que flétrit le nom de tante . Aussi présente -t -il presque toujours au plus hautdegré les signes les plus tranchés de la pédérastie passive, et il sera facile de le reconnaître au portrait que j'en ai tracé. QUESTIONS MÉDICO-LEGALE 3. 257 des signes d 'identité propres à faire reco anaitre les Indivi. dus inculpés de pederastie. - De même que chez les indi vidus inculpés de viol ou d 'attentats à la pudeur nous avons vu signaler par les victimes des particularités phy siques propres à les faire reconnaître, demême chez les pédérastes j'ai pu mettre à profit des observations sembla bles. J'en citerai un exemple remarquable ; il s'agissait d 'un frère de la doctrine chrétienne, accusé d 'actes contre nature commis sur des enfants confiés à ses soins. L'un d'eux avait dit dans sa déposition : « Sur sa quéquète à lui, il y avait de petits boutons. » Et, en effet, je constatais sur le dos de la verge de l'inculpé les marques d'une petite érup tion locale très -superficielle, en partie effacée et sans ca ractères spécifiques, en même temps que je reconnaissais tous les signes d 'habitudes invétérées d 'onanisme. Appréciation des moyens de défense allégués par les pédé rastes. - La tenue et le langage des pédérastes qui subis sent la visite du médecin , les excuses et les moyens de dé fense qu'ils allèguent, sont si constamment les mêmes et si faciles à prévoir par avance, qu 'il suffira de quelques lignes pour les faire connaître . La plupart commencent par nier; quelques- uns protes tent, feignent de ne pas comprendre ou s' indignent d 'être soupçonnés ; ils font bien quelques difficultés pour se sou mettre à la visite ,mais je n 'en ai vu qu'un seul s'y refuser obstinément, et j'ai dit quelle était sa moralité . Je ne pré tends pas qu'il ne puisse arriver que, par une erreur fatale , les poursuites s'adressent à des innocents, et que l'honneur d'un homme injustement accusé dépende de la sagacité et de l'expérience du médecin . Celui- là recherchera avec empressement, et appellera hautement le témoignage de la science. Mais il n 'est pas rare aussi d 'en rencontrer, parmiles plus TARDIEU, 6e ÉDITION . 258 DE LA PÉDÉRASTIE ET DE LA SODOMIE . compromis, qui affectent d 'aller au -devantde l'examen de l'homme de l'art ; ils prennent soin seulement de l'avertir qu'ilne devra pas s'étonner de les trouver « faits autrement que les autres; » et ils inventent cent motifs imaginaires pour expliquer les désordres que leurs organes doivent of frir à l'expert. L 'un se dit anciennement opéré de tumeurs hémorrhoïdaires, de fistule ; l'autre a eu les cuisses demi ses : il est obligé pour éviter des gerçuresde se faire desonc tions qui ont pu élargir l'anus. Un troisième est sujet à une irritation locale qui l'oblige à de fréquents bains de siége, à l'usage de remèdes quotidiens qui auraient pu amener un relâchement. On lira peut- être avec curiosité , comme un des plus étranges spécimens en ce genre, la lettre suivante , dont je regrette d’être forcé de rétablir l'orthographe indé chiffrable , et qui m 'était adressée par un individu convaincu d 'attentat sur un jeune garçon , et chez lequel je constatai les signes les plus évidents d 'habitudes actives et passives de pédérastie : « Monsieur le docteur, voilà comme je suis. « D 'abord j'ai pris souvent des lavements pour maladies de « plusieurs espèces,etj'en aipris égalementpour rafraîchis « sement d 'unechaude- pisse qu'il y a environ cinq ans que « j'ai attrapée, et je ne suis pas été bien guéri, et je m 'en « sentirai tant que je vivrai ; et, depuis ce temps, il m 'est « impossible d'aller au sexe. Et il s'est formé une grosseur « à l'anus, du côté gauche, quime vient grosse comme un « euf à chaque fois que je fais ribotte , et même presque à « toutes les lunes; et, après, cela me démange que je suis « obligé d 'y passer mon doigt pour me gratter. Mais, pour « toute autre chose, jamais je n 'ai fait profession de rien . Je « suis certain de ma personne pour cela . Monsieur, vous « pouvez examiner les circonstances et me sonder . » Un au tre , plus lettré , m ' écrit qu 'à la suite d ' une maladie cruelle , non - seulement tout acte mais tous désirs lui sont formelle ment interdits : « Le délabrement de mon estomac et demes QUESTIONS MÉDICO-LÉGALES. 259 < organes sont tels que la moindre velléité ou tentation de « ce genre offrirait pour moi un danger de mort. » Est- il nécessaire de dire le cas que l'on doit faire de pareilles allé gations, et d 'indiquer comment le médecin légiste pourra en faire justice, soitqu'elles n 'aient absolument aucun prétexte , soit qu'elles reposent sur quelque circonstance particulière, telle qu'une opération ancienne ou une infirmité réelle dont il sera facile de faire la part et d 'apprécier le caractère et la véritable origine. Il est aussi une prétention très -ordinaire chez les pédé rastes et sous laquelle ils s'efforcentde dissimuler leurs goûts dépravés : c'est l'amour des femmes. Les uns allèguentleur état de légitime mariage, les autres se donnent des maîtres ses ; ils ne manquent pas d 'énumérer avec affectation les maladies qu'ils ont gagnées avec des femmes. Mais ces jus tifications vaines, engendrées par la croyance très -générale que les rapports sexuels son incompatibles avec leshabitudes contre nature, tombent devant les faits nombreux et cons tants quinous ontmontré ce vice honteux chez les hommes mariés et chez des individus associés à des femmes de mau vaise vie . Jene reviendrai pas sur les excuses communes aux pédé rastes et aux hommes inculpés d 'attentats à la pudeur ou de viol, et qui consistent en prétendues infirmités capables d ' é teindre toutes passions et d 'empêcher tout commerce sexuel. J'aimontré dans la seconde partie de cette étude quelle con fiance méritaient ces prétentions, que le plus simple examen permettra de réduire à leur juste valeur. Il y aurait une attention plus sérieuse à donner à l'état mental de certains individus convaincus de pédérastie , et chez lesquels la perversion morale pourrait atteindre jus qu'à la folie. J'ai dit que l'affaiblissement des fonctions in tellectuelles et des facultés affectives pouvait être le dernier terme des habitudes honteuses des pédérastes. Mais il ne 260 DE LA PÉDÉRASTIE ET DE LA SODOMIE . faut pas confondre cet état, en quelque sorte secondaire , avec les excès de la débauche et les entraînements de la dépravation. Quelque incompréhensibles , quelque con traires à la nature et à la raison que puissent paraître les actes de pédérastie, ils ne sauraient échapper ni à la res . ponsabilité de la conscience, ni à la juste sévérité des lois . ni surtout au mépris des honnêtes gens. OBSERVATIONS DE PÉDÉRASTIE ET DE SODOMIE . Je terminerai la description que je viens de tracer des signes de la pédérastie par la relation de quelques exemples choisis parmi ceux qui, dans le grand nombre de visites de ce genre dont j'ai été chargé, m 'ont paru offrir le plus de caractère et de signification . Ces observations comprennent l'examen de quatre- vingts individus. On y remarquera particulièrement plusieurs exemples de sodomie conjugale , la description des signes propres aux habitudes actives de pédérastie et des formes de syphilis communiquée par des actes contre nature , ainsi que la relation de sept cas d 'as sassinat commis par des pédérastes. OBSERV. I. - Attentats contre nature commis sur une femme par son mari. – Signes caractéristiques de sodomie ; désordres très graves. Le fait que l'on va lire est un des plus graves que j'aie rencon trés. J'ai été appelé, le 15 janvier 1834, à visiter la femme L ..., àgée de dix -huit ans, mariée depuis cinq mois à un homme qui lui a fait subir tous les mauvais traitements, et qui, dès les pre miers jours, a abusé d 'elle de toutes les manières. Cette jeune femme qui, sans être bien vigoureuse, ne parait pas d 'une mauvaise constitution , est dans ce moment dans un état de faiblesse et de marasme qui alleste une longue et pro . OBSERVATIONS. 261 fonde souffrance , et cependant, au dire même de la femme L ..., cet état s'est amélioré depuis quelque temps. Elle est påle, ché live , alleinte de palpilations avec bruit de souffle anémique au ceur, de difficulté de respirer . Les fonctions digestives ont été gravement troublées , une diarrhée très- rebelle a duré jusqu'à ces derniers jours, mais a cessé aujourd'hui. La femme L . .. se plaint toujours d'une sensation de brisement des hypochondres qu'elle attribue aux contusions qu'elle aurait reçues . Nous de vons dire qu'il n 'existe aucune trace apparente de ces contu sions, circonstance qui peul tenir au temps qui s'est écoulé de puis que la femme L . . . est à l'abri des violences dont elle se dit victime. Les parties sexuelles ne sont le siége d 'aucune lésion particulière. Nous remarquons seulement un écoulementabon dant de flueurs blanches. Quant aux allentats, ils ont laissé des traces manifestes . Le périnée est large et plal, d 'autant plus que la maigreur est extrême. D'où il résulle que l'anus, dont les plis sont compléte ment effacés, n ' est pas dépriméni infundibuliforme, mais cons titue un trou régulier, arrondi et comme béant au milieu du périnée. Les deux anneaux contractiles du sphincter qui fermait l'orifice anal sont relâchés à lel point que les matières ne peu vent pas être complétement retenues, et que la dilatation en est pour ainsi dire permanente . Ni déchirure, ni fissure, ni hémor rhoïdes. 1° La femme L .. . est dans un état de maladie et d 'affaiblisse ment qui peutêtre la conséquence des mauvais traitements aux quels elle a été en butte , et dont il n ' existe plus aujourd 'hui de traces apparentes ; 20 Celie maladie doit occasionner une incapacité de travail de plus d 'un mois ; 30 Il existe sur la personne de la femme L ... des traces de violences résultant d 'attentats contre naturc qui ont été certai nement fréquents et répétés ; 40 Ces violences ont produit une déformation qui dégénère en unevéritable infirmité et qui persistera toujours à un certain degré. OBSERV. II. – Violences sodomiques d'un mari sur sa femme. Le 28 juin 1858, j'ai visité la dame 0 . .., âgée de seize ans et demi, mariée au mois de mars dernier à un Russe, qui, dès lcs 262 DE LA PÉDÉRASTIE ET DE LA SODOMIE . premiers jours de son mariage, se livra sur elle à joules les vio lences les plus obscènes. L 'examen complet auquel je la soumis me permit de constater que, s'il n ' existait pas de déformation très-apparente de l'anus . pour peu que l'on écartåt les bords de cet orifice, on arrivait, non sans déterminer de vives douleurs, à découvrir plusieurs déchirures incomplétement cicatrisées, et qui occupent toute la hauteur du sphincter . La défécation est extrêmement difficile et pénible. Des besoins sans résultat se font très - fréquemment sentir . Une sensation de pesanteur douloureuse retentit en même temps dans l'anus. Les parties sexuelles n 'offrent rien à noter , elles sont dans l'état qu'amènentnalurellement les rela tions conjugales. La dame0 ... présente , du côté de l'anus, les traces manifestes. d 'approches contre nature , répétées pendant un certain temps, et qui, malgré l' époque éloignée à laquelle elles remonlent, ne sont pas encore complétement effacées. Ces actes honteux ont été certainement accompagnés de vio lences . La disposition naturelle des parties et les désordres dont elles sont le siége ne peuvent laisser de doute à cet égard . • La santé générale s' est ressentie de ces violences et est restée jusqu 'à présentmanifestement altérée . OBSERY. III. - Violences sodomiques d 'un mari sur sa femme. · La jeune dame R ..., mariée depuis six ans, prise d'abord par son mari d 'une manière régulière, puis persuadée par lui qu'il pouvait agir d 'autre façon , a subi ses approches contre nature durant plusieurs années. Elle a très-bien senti qu' il ne pénétrait pas toujours,mais que cela lui était arrivé souventi Instruite plus tard , elle s'y est refusée et en a eu à subir de véritables violences. Nous constatons, outre un infundibulum profond, une remarquable disposition de crèles, en haut et en bas, de l'orifice anal, qui est allongé, ellipsoïde et très-manifestement élargi. OBSERV. IV . – Violences sodomiques d'un mari sur sa femme. La dame D ..., mariée depuis deux ans, a eu à subir , pendant la première année de son mariage, plusieurs approches contre OBSERVATIONS . 263 nature de son mari, indépendamment de rapprochements régu liers. Celte jeune femme, très-maigre , et à qui le peu de déve loppement du bassin donne une conformation en apparence analogue à celle de l'homme, offre une déformation infundibu liforme très-marquée de l'anus, ainsi qu'une dilatation et un eftd cement des plis de l'orifice anal qui donnent à ces parties une parfaite ressemblance avec ce que l'on trouve chez les pédé rastes. Observ. V . - Habitudes actives et passives. — Signes caractérisés. - Marisques. B ..., cordonnier, âgé de quarante ans environ, a été arrêlé au mois de juillet 1850, place de la Bastille, dans un groupe où l'on jouait à la main chaude et où ses gestes indécents l'avaient fait remarquer. Avantde se soumeltre à mon examen , cet hommemeprévient que je ne trouverai pas « son derrière fait comme les autres, » parce qu'il avait été anciennement opéré pour des tumeurs hé morrhoïdaires, et qu'il en était encore atteint en ce moment. Il a protesté d 'ailleurs avec des larmes que, s'il avait eu les goûts qu'on lui reproche, il ne les aurait pas satisfaits de cette ma nière. L 'ayant fait déshabiller complétement, nous avons constaté que le membre viril, très -long et volumineux, présente à son extrémité une élongation et un amincissement caractéristiques qui donnent au gland la forme presque pointue d 'un pénis de chien . Il n 'existe aux parties génitales aucune trace de maladie syphilitique ancienne ou récente . La région de l'anus offre une disposition non moins significa live. Après avoir écarté les masses musculaires qui forment les fesses, on découyre une sorte de cavilé large et profonde, au fond de laquelle s'ouvre l'orifice anal, et qui constitue une sorte d 'infundibulum à large ouverture et comme cratériforme. L 'ou verture de l'anus est elle -même considérablement dilatée et agrandie dans le sens longitudinal. Un repli cutané assez élendu , formé par d 'anciennes tumeurs hémorrhoïdaires, flasques et non turgescentes , forme à droite de l'anus comme une sorte de val vulve . Les lumeurs qui ont pu être enlevées au pourtour de celle partie, n 'ont laissé qu'une trace peu appareale, et n ' ont en au 264 DE LA PÉDÉRASTIE ET DE LA SODOMIE . cune façon contribué à produire les déformations considérables qui existent à la région anale . Il n 'y a pas non plus d 'altérations de nature vénérienne dans celte partie . OBSERV. VI. – Habitudes actives de pėdérastie . – Signes très probables. Le sieur F . D...., Anglais , âgé de trente-sept ans, rentier , arrété dans les terrains vagues du haut de la rue de Clichy, examiné . le 19 novembre 1850 , n 'offre rien à noter dans son extérieur. Avant de se soumettre à la visite , il dit qu'il croit devoir nous prévenir qu'il a eu la cuisse démise , qu 'il a les fesses Très déve. loppées et est obligé de les oindre avec de la pommade pour éviter les gerçures. Les fesses sont régulièrement développées. L ' orifice anal nor malement conformé, sansdisposition infundibuliforme. Le doigt, introduit dans le rectum , y pénètre sans difficulté ; mais D ... contracte fortement les fesses, de manière à resserrer le plus qu'il peut l'ouverture de l'anus; il prétend même ressentir une douleur que dément la facilité avec laquelle le doigt indicalcur a pénétré. Il n 'y a ni écorchure, ni déchirure, ni traces de sy . philis. Les organes génitaux, bien conformés, offrent cependant un amincissement considérable de l'extrémité du pénis qui se termine en pointe . Il est extrêmementprobable que le sieur D . ., se livre habituel. lement à la pédérastie , et qu'il prend dans ces honteuses prali. ques un rôle plutôt actif que passif. Les traces de ces habitudes ne sont cependant pas chez lui assez caractérisées pour permettre une affirmation absolue. Mais il importe de faire remarquer que les signes appréciables du v ' ce dont il s'agit manquentsouvent chez ceux mêmes qui y sont le plus adonnés. OBSERV. VII ET VIII. - Habitudes actives et passives de pédérastie. - Conformation spéciale du pénis. Le 10 novembre 1854, le sieur D ..., soldat aux guides, et le sieur L ..., cuisinier , dix -huit ans, ont été arrêtés tous deux le soir , au Champ de Mars , en partie déshabillés. 10 D ... présente un enfoncrment considérable de l'anus, qui OBSERVATIONS. 265 se trouve à l'extrémité d 'une sorte d ' entonnoir très-profond formépar la dépression des muscles qui entourent l'anus, et qui eux-mêmes dessinent, quand on excrce la moindre traction , une sorte d 'ouverture évasée. L 'orifice anal est lui-même très-facile mentdilatable . Tout le pourtour est sillonné dc pelites ulcéra lions et d 'érosions superficielles, et souillé de matières incom plétement retenues. D 'un autre côté , le membre viril offre une conformation loute particulière. Il est marifestement aminci et comme tordu à l'extrémité, qui cst grèle et effilée . Il n 'existe pas de signe d 'affcction vénériennc. 20 Le sicur L .. présenle à un moins haut degré des signes semblables, tant du côté de l'anus que vers le pénis. La dilala tion infundibuliforme de l'orifice anal est également très-mar quée chez lui, ct le membre viril, plus volumineux que chez le sieur D . ..., est aussi aminci et tordu sur lui-mêmc à son extré mité. Tous deux offrent des signesmanifestes d'habitudes actives et passives de pédérastie. OBSERV. IX ET X . – Habitudes actives et passives de pédérastie . - Conformation caractéristique du pénis. R ...,agé dedix-huit ans, commis, a été hébergé par M ..., quil'a pris à demeure chez lui et lui a fait partager son lit depuis dix . huit mois. Il dit avoir été en butte à des actes répétés de la part de M ..., qui proteste du contraire . R . a quitté M ... cn le volant. Examinés tous deux par moi, le 25 mars 1854, ils m 'ont offert les particularités suivantes : · R ..., jeune, blond, très simple , présente un enfoncement con sidérable et une disposition infundibuliforme très marquée de l'anus, qui est médiocrement dilaté dans l'état naturel, mais se laisse distendre avec une extrême facilité. Le pénis est réguliè . rement conformé. Le sieur R .., est en ce moment atteint d 'un écoulement blennorrhagique récent qui peut, ainsi qu'il le dé . clare, élre attribué à un coſt impur qui aurait eu lieu très peu de jours avant son incarcération . M ..., cinquante ans, ouvrier, chaure, l'air bypocrite, proteste contre toute supposition d 'habitudes impures, dit être sujet à une irritation du pourtour de l'anus qui l'oblige à prendre fréquem ment des bains de siége et qui aurait pu amcncr du relâchement 263 DE LA PÉDÉRASTIE ET DE LA SODOMIE . Nous constatons en effet qu'il a l'anus à la fois très - enfoncé et très- élargi, ans trace d 'irritation dartreuse ou diaffection quel. conque de la peau des parties voisices. Le pénis de cet homme est extrêmementgrêle ; le gland pelit et efrilé , au point d'affecter exactement la furmedu pénis des animaux de la race canine. 11 n 'est atteint d 'aucune maladie vénérienne, soit ancienne, soit récen ! e . Observ. XI ET XII. – Visites de deux pédérastes. – Signes d'ha bitudes perverses. — Particularités dues à la maladie de l'in culp . 10 J'ai été chargé, le 5 janvier 1858, de visiter l'inculpé D ... et le nommé B ... Ce jeune garçon , âgé de douze ans, a le teint plombé, les traits flétris , premiers indices de mauvaises habi tudes. Sa constitution est débile , peu développée. Les dimensions exagérées des organes sexuels , la verge très-volumineuse, le gland énorme, complétement découvert, comme on l'observe d 'ordinaire chez les individus adonnés à la masturbation , achè . vent de le caractériser. L 'anus présente les traces les plus ca ractéristiques des violences sodomiques. Outre l'infundibulum profond que forme la région anale, le sphincter est compléte ment relâché, et l'orifice a subi une dilatation telle que les ma tières ne sont plus retenues, et que le simple écartementdes bords de l'anus donne issue à des gaz abondants . Il n 'y a pas destraces de violences ou de maladies particulières . 20 Le nomméG ... est assez gravement malade, el son état s'op pose à ce que les constatations que nous avons mission de faire soient complètes. En effet, cel homme est atteint d'une hydro pisie ascite qui, en modifiant la forme des parties, ne permet pas de reconnailre avec précision les deformations que la pédé rastie aurait pu produire du côté des organes génitaux. Quant à l'anus, il ne présente rien de particulier à noter ; aucun change ment appréciable . Le nommé B ... présente les signes les plus tranchés d 'habi ludes passives anciennes de pédérastie . L'inculpe G ... ne porte pas de traces caractéristiques d 'habi tudes actives ou passives ; mais outre que son état de maladie rend les constatationsmoins positives, les actes qui lui sont im putés ont pu avoir lieu sans laisser de traces appréciables: OBSERVATIONS. 267 Observ. XIII ET XIV. – Visite de deux pédérastes. – Habitudes actives et passives de pédérastie. — Conformation caractéristique du pénis. J'ai eu à visiter, au mois d 'octobre 1861, deux jeunes élèves architectes, qui avaient été pris dans l'atelier en flagrant délit d 'outrage à la pudeur. Leur extérieur n 'avait rien de remar quable . L 'un , âgé de treize ans et demi, avait le pénis très long , disproportionné avec sa taille et en même temps turges cent et tordu sur lui-même. Le gland était découvert. D 'un autre côté , l' anus en infundibulum était très - élargi et manifestement refoulé . L ' autre , âgé de dix-huit ans, avait le pénis extraordinairement volumineux, tout à fait tordu, à ce point que la face dorsale regardait directement à gauche, et que le méat urinaire se trou . vail dirigé en travers. L 'anus était également très -dilaté et en forme d 'entonnoir . Ses bords étaient lisses et unis . . OBSERV. XV, XVI, XVII ET XVIII. – Visite de quatre pédérastes. Attentats sur de jeunes garçons. — Traces d 'habitudes actives et passives. Infirmité chez l'un des inculpés . Au commencement de l'année 1862, quatre individus furent soumis à mon examen à l'occasion de violences commises par deux ouvriers sur de jeunes apprentis travaillant dans le même atelier . Le plus jeune, âgé de quatorze ans, reconnaissait avoir eu à subir cinq ou six fois des approches contre nature . Il avait l' anus enfoncé, présentant une vive rougeur, et une déchirure assez étendue non encore cicatrisée . La défécation était extrê mementdouloureuse et en partie soustraite à la volonté . Le second , ågé de seize ans, avouait qu'il n ' en était pas à ses premières attaques. L 'anus offrait chez lui une disposition in fundibuliforme très- marquée et un élargissement notable du sphincter sans déchirure ni autre lésion . Le pénis était seule ment un peu turgide. Des deux accusés , l'un , dans la force de l'âge, avait le pénis très.grêle et aminci, et en même temps l'anus enfoncé au fond 268 DE LA PÉDÉRISTIE ET DE LA SODOMIE . d 'un entonnoir élargi el considérablement relâché. L 'autre, déjà vieux, était atteint d 'une énorme tumeur herniaire du scro tum dans laquelle disparaissait entièrement le pénis, et d 'un bourrelethémorrhoïdal des plus volumineux, de iclle sorte que toute déformation était impossible à constaler chez lui, soit en avant, soit en arrière . Observ. XIX , XX et XXI. — Visite de trois pédérastes. - Habitudes actives et passives. — Particularités remarquables dans la confor mation des organes sexuels. J'ai eu à visiter, le 2 avril 1850 , trois individus dont l'examen m 'a fourni des remarques très-intéressantes. 10 Le nomméL . II. .., âgé de quatorze ans, dont la taille et le développement physique sont fort au -dessus de son âge, avoue qu'il est depuis longtemps livré à des habitudes demasturbation; il dit avoir eu des relations avec une femme dès l'âge de treize ans, mais n 'avoir jamais été alteint d 'aucune affection véné rienne. Eofin , il nie avoir jamais subi ni pratiqué des actes de pédérastie , bien qu'il se soit prété une fois à une tentative de la part du nommé B . . ., qu 'il a presque immédiatement repoussé. Les organes sexuels, chez le jeune L ..., sont très-développés et altestent par leur dimension , par leur conformation , des ha bitudes précoces de débauche. Il ne porle d 'ailleurs aucune trace d 'affection syphilitique , soit ancienne, soit récente . Du côté de l'anus, on ne trouve, ni dans la forme de l'ouverture, ni dans l'aspect des parties qui l'entourent, ni dans l' étatdes muscles constricteurs , rien qui indique qu'un corps aussi volu mineux que le membre viril ait pu jamais étre introduit dans cette partie . 20 Le nomméJ . B . .., dont l'air hypocrite, le visage imberbe, les cheveux frisés et l'extrême saleté ont quelque chose de carac téristique, niait obstinément, avant notre visite , qu 'il se fût ja mais livré à des actes contre nature ; il affectait même de ne pas comprendre en quoi ceux- ci pouvaient consister. Après l'avoir fait déshabiller, nous avons constaté que les organes génitaux, naturellement peu volumineux,présentent une sorte d 'élongation du pénis et notamment du gland, qui est aminci à son extrémité et découvert dans presque toute son étendue. En arrière, nous trouvons l'anus placé au fond d'une sorte d 'entonnoir formépar OBSERVATIONS. 269 le refoulement des parties qui l' entoureni. L 'ouverture est ma nifestement élargie , ci il suffit d 'écarter les fesses pour voir à quel point le sphincter est relâché. A l'entrée de l'anus et de chaque côté , la peau et la membranemuqueuse forment des re plis assez analogues aux caroncules myrtiformes qui existentaux parties génitales externes chez la femme. Il n 'exisle , ni en avant ni en arrière , de traces de maladies vénérieunes. Notre examen élant terminé, l'inculpé B ... a avoué qu 'il avait subi lcs approches d 'un homme. 30 Le nommé L ..., grand, vigoureux, se prétend étranger aux actes qu'on lui reproche, présente dans sa physionomic une co quelteric affectée. Cheveux noirs bouclés, chemise très-sale, dis simulée par une pièce blanche en avantde ía poitrine . Organes sexuels présentant un développement extraordinaire. Membre viril long ct très volumineux , loujours comme enclin à l'érec tion. Le gland , complétement découvert, offre une conformation singulière . Un peu en avant de sa basc, il est comme étranglé , une sorte de sillon circulaire s'étend dans toute sa circon !érence, et à partir de cette ligne, l'extrémité du gland va s'amincissant; celle portion du pénis est en outre proportionneilement plus lon gue qu'elle ne l'est d 'habitude. Cette conformation résulte d 'une pression et d 'une constriction qui a porté seulement sur l'extré mité du membre viril , el en a exagéré la conicité . Il n 'existe d 'ailleurs aux organes génitaux aucune trace de vérole . A l'anus, pas de disposition infundibuliforme très-marquée,mais l'orifice anal très. élargi, les replis très -nombreux et saillants formés à l' entour par la peau et la membrane muqueuse , tout à fait ana logues à ceux qui ont été nolés chez le nommé B ... , ne laissent pas de doule . 10 Le jeune L . II..., quoique présentant lessignes d' une débau che précoce, ne porte aucunetrace qui révèle chez lui des habi ludes contre nature. 20 Le pommé J. B ... estmanifestement adonné à la pédérastie et en porte desmarques irrécusables : : 1. Il présente tous les signes caractéristiques de la pédé rastie. 2 . La conformation naturelle des organes génitaux est telle que ceux qui ont subi ses approches ont dû en souffrir, bien que l'extrémité seulement du membre viril ait pu être introduite , et devaient être dès longtemps familiarisés avec de semblables pratiques. 2 : 0 DE LA PEDERASTIE ET DE LA SODOMIE . Observ. XXII. - Habitudes passives invétérées de pédérastie, - Syphilis communiquée par les actes contre nature - Phthisie . pulmonaire. Le 13 avril 1818 , j'ai eu à visiter le nommé L . B ..., âgé de dix -neuf ans, qui depuis l'âge de quinze ans et demiaurait été victime des actes de débauche du sieur T .,., dentiste . L . B ... est d 'une constitution chétive, d 'un tempérament lym phatique exagéré. Le systèmemusculaire est peu développé chez lui. Il porte au col, et notammentau côté droit, un engorgement, ganglionnaire de nalure scrofuleuse et les traces d 'abcès froids assez récemment cicatrisés. Il n 'hésite pas à nous confirmer les détails contenus dans sa plainte . Il ajoute que c'est au mois de mars 1846 qu 'il a éprouvé les premiers symptômes d 'une affection syphilitique . Des boutons se sont développés au pourtour de l'anus et sur tout le corps. Un traitementmercuriel a été suivipendant deux mois et demi, mais il est toujours resté une vive irritation à l'entrée du rec lum . Des abcès se sont formés dans cette région et, en novembre 1848, il s 'y est établi une fistule . Nous luidemandons également s'il ne se serait pas exposé à contracter la maladie vénérienne avec une femme. Sur ces deux points , il nous répond très- for . mellement par la nįgalive. A l'examen direct des parties, nous constatons l'état suivant. Les organes génitaux sont irrégulièrementdéveloppés ; le pénis, assez volumineux, est aminci et comme effilé à l'extrémité ; les testicules sont au contraire extrêmement petits et en quelque sorte atrophiés. Il n 'existe sur le prépuce , ni sur le gland, an çune trace d ’ulcération, aucune cicatrice, aucune végétation ; les ganglions de l'aine ne sont nullement engorgés. La disposition de l'anus est tout à fait caractéristique. Il est profondément situé au fond d 'un infundibulum en entonnoir, forméen partie par la saillie des fesses. L 'orifice anal est élargi en avant et en arrière, de manière à présenter une forme pres que elliptique.On remarque à l'angle postérieur l'ouverture d 'une fistule assez large et déjà ancienne, comme l'atteste le bour.. relet fongueux qui l'entoure. Il existe en outre un très-grand nombre de végétations qui environnent l'anus et dont quelques unes sont très-développées. . COBSERVATIONS. 271 Il n 'y a , sur les autres parties du corps, aucune éruption ni ulcération syphilitique. Mais il présente les signes les plus évi dents d'une disposition scrofuleuse , de tubercules pulmonaires ei d 'anémie . Le nommé L . B . est depuis longtemps livré à la pédérastie. C 'est à ces pratiques qu ' il faut attribuer la disposition de l'o rifice anal et l'ulcère fistuleux qui existe à l'anus. Le nommé L . B . porte les traces d 'une maladie syphililiquc ancienne à laquelle on doit attribuer les nombreuses végétalions qui entourent l'anus. Il existe en outre , chez le sieur L . B ., une disposition scrofu leuse et une tendance à la tuberculisation pulmonaire qui peut avoir été aggravée non - seulement par les actes dedébauche aux · quels il s'est livré, mais encore par l'affection vénérienne qui lui a été communiquée . OBSERV. XXIII ET XXIV. - Habitudes actives et passives. - Syphilis communiquée dans des rapports contrenature. Le 26 octobre, deux saltimbanques, dont l'un élait le maitre, l'autre l' élève , se sont présentés à moi dans les conditions sui vantes : 10 Le jeune A ..., saltimbanque, âgé de treize ans. Il présente un anus en apparence bien conformé, un peu lâche, sans infundibulum marqué. Mais on voit au pourtour plu sieurs ulcérations presque toutes cicatrisées. Une seule , plus profonde, à forme grisâtre , à base large , existe encore . Léger engorgement des ganglionsde l'aine. Ulcération croûteuse à l'aile du nez à gauche. Engorgement léger des ganglions cervicaux . Traitement antisyphilitique très-bien suivi à l'hôpital, cause de l'atténuation des symptômes. 20 Le nomméB ... , saltimbanque, maitre du précédent, âgé de trente- quatre ans, nie obstinément être malade. A la face interne du prépuce , du côté droil, large chancre induré , presque com plétement cicatrisé, autourduquel on voit la trace de nombreuses excoriations dont la surface rouge et saillante prend la forme de plaques muqueuses. Dans l'aine droite , tumeur volumineuse très-dure et non douloureuse . Pas d' éruption. Pénis grêle , à ex trémité très-amincie . Le jeune A ... est atteint d 'une affection syphilitique parfaite 272 DE LA PÉDÉRASTIE ET DE LA SODOMIE. ment caractérisée par des chancres développés au pourtour de l'anus. Cette maladie , qui peut remonter à trois semaines environ, n 'a pu lui être communiquéc que par un contact impur. Le nommé B .. . est, de son côté, également affecté de syphilis . et la période à laquelle le mal est arrivé chez lui indiquc mani festement que les chancres qu'il porte à la verge étaient encore contagieux à une époque qui coïncide avec l'apparition du mal chez le jeune A ..., à qui il peut en conséquence l'avoir commu niqué par un acte de pédérastie. OBSERV. XXV ET XXVI. - Habitudes actives et passives de pédéras tie. – Conformation spéciale. - Syphilis. Lc 11 octobre 1856 , j'ai été appelé à examiner deux malades, chez lesquels j'ai fait les constatations suivantes : to Le nommé A ..., architecte , né à Naples, âgé de trente à Trente -cinq ans, est grand et bien constitué. Sa physionomie et son extérieur n 'offrent rien de particulier ; mais il n 'en est pas de même de la conformation des organes génitaux et de l'anus. De ce dernier côté , il existe une disposition infundibuliforme des plus prononcées, el une dilatation manifeste de l'orifice anal, très-visible lorsqu 'on exerce une traction transversale sur ces parties ; d 'un aulre côté , le pénis, qui est grêle , est, en quelque sorte, tordu sur lui-même, et son extrémité amincie et effilée , jointe à l' étranglement de la base du gland , représente la con formation qui est liée le plus ordinairement aux habitudes de pédérastie . Il n 'exisie d 'ailleurs pas de traces de syphilis , soit ancienne, soit récenle. 20 Le nommé M . .., âgé de seizc à dix sept ans, tourneur en cuivre,dontla jeunesse, la physionomie , les formes très-accusées ont quelque chose de caractéristique, présente , du cô : é de l'anus, des désordres non moins significatifs . L ' orifice est très- élargi et placé au fond d 'une dépression en forme d' entonnoir ; de plus, on voit, sur un seul cô !é de cet orifice, un groupe circonscrit de plaques muqueuses qui paraissent tout à fait s'être développées sur des chancres transformés , et qui sont bornées à cette partie . On ne voit pas de traces d'ulcération sur le pénis qui est très- vo . lumineux, renflé et comme globuleux, tel qu ' on le rencontre chez les enfants adonnés à l'onanisme. OBSERVATIONS. . 273 Du double examen qui précède, nous concluons que : 10 Le nommé A . . . porte sur sa personne des traces non équi voques d 'habitudes actives et passives de pédérastie . 20 Le nommé M ... présente les signes caractéristiques d 'habi. tudes passives de pédérastie. 30 Il est de plus atteint d'une syphilis constitutionnelle, ca . ractérisée par une éruption dont le siège est une preuve de plus du vice contre nature auquel est adonné le nommé M ... Observ. XXVII. - Habitudes actives et passives. - Syphilis com muniquée par des actes contre nature.

J'ai eu à examiner , le 2 avril 1857 , un domestique, âgé de vingt ans, qui avait porté plainte contre un individu par qui il s' était dit volé , lequel se défendait en prétendant qu'il n 'avait fait que se payer d 'infâmes complaisances. Ce jeune garçon était atteint d 'un engorgement considérable des ganglions de l'aine gauche, que le médecin de la maison où il servait, après avoir constaté qu 'il n 'existait rien aux organes génitaux, avait cru pouvoir attribuer à une très-légère écorchure de la jambe, L 'exa men auquel je le soumis me fit reconnaître, outre un infundibu lum énorme, un chancre induré situé au côté gauche du pour tour de l'anus.

En même temps, je constatai chez le prétendu voleur, jeune marin appartenant à une excellente famille , qui avait été con trainte de l'embarquer, un pénis à extrémité allongée et amin cie, affecté d 'un chancre énorme occupant également le côté gauche de la racine du gland , ainsi qu 'un élargissement très marqué de l'anus dont la surface offrait de nombreuses éro sions. OBSERV. XXVIII. – Actes de pédérastie commis avec violence sur un . . jeune garçon de six ans. – Syphilis communiquée. . Le 2 juillet 1863 , j'ai visité à Mazas l'inculpe D ..., et à l'hôpital Sainte -Eugénie le jeune L .... Ce jeune garçon, âgé de six ans, est très-pelit, mais d 'une bonne constitution , d 'une physionomie Irès-heureuse . Quoique un peu mieux, depuis son entrée à l'hô pital, il était encore dans un état très-grave . L'orifice de l'anus était élargi et feuilleté, entouré d'une masse de plaques mu queuses ulcérées, que l'on retrouvait à l'extrémité du prépuce. TARDIEU , 6e ÉDITION . 18 274 DE LA PÉDÉRASTIE ET DE LA SODOMIE . A la commissure labiale droite existait une cicatrice profonde provenant d 'un chancre (une aulre large cicatrice à la joue gau che était le résultat d 'une chute sur un tesson de verre) . L'inculpé D ..., fléiri et cachectique, a le pénis, le gland , le prépuce , le scrolum couverts de tubercules ulcérés. Les ganglions inguinaux et cervicaux très- engorgés . Tous deux sont donc atteints de syphilis. Le jeune L ... porte à la bouche et à l'anus les traces manifestes des violences dont il a été l'objet. La maladie de cet enfant n 'a pu être contractée par le seul fait d 'avoir occupé le lit de l'inculpé et sans contact des parties sexuelles infectées. OBSERV. XXIX . - Syphilisrommuniquée par un rapprochementcontie nature. Le jeune B ..., visité par moi le 29 juin 1862, est âgé de treize ans ; il est petit , mais avec un membre viril très-développé. A l'anus il a des plaques muqueuses, un chancre incomplete ment cicatrisé et une fissure profonde. L' orifice est notablement élargi. - L ' inculpé porte au prépuce un chancre énorme qui donne lieu à un écoulement purulentabondant et qui a produit un volumi. neux engorgement dans l'aine. La conformation du pénis est : masquée par le gonflement. Mais l'anus offre au plus haut degré la déformation infundibuliforme. J'ai conclu à la presque certitude d 'une syphilis communiquée par le rapprochement contre nature de ces deux individus. Observ. XXX . - Violences sodomiques. - Arrachement du pénis. ( Recueillie dans le service de M . Foucher.') - Le nommé L ..., marié et père de trois enfants, àgé de qua rante - cinq ans, et exerçant la profession de couvreur, se pré sente à l'hôpitalNecker le 26 mars 1860, avec une vaste plaie , . par arrachement, occupant presque toute la surface du pénis . Cet individu est doué d 'une bonne constitution , n 'a pas d 'an técédents syphili liques , et n 'a été affecté d 'aucunemaladie depuis vingt ans au moins. Il explique l'origine de sa blessure par des tractions opérées sur la verge dans une lutte qu 'il eut à soutenir contre deux pédérastes. Ces tractions lui causèrentune telle dou -- leur qu' il s'évanouit ; son évanouissement dura quatre ou cinq . OBSEKVATIONS, 275 heures. En outre, ses adversaires, dit - il, lui introduisirent vio lemmentles doigts dans le rectum . A la visite du 26 mars, le malade était dans l'état suivant : La verge était exactement dépouillée de ses téguments depuis la base jusqu'à un centimètre en deçà du gland. Le gland était recouvert par une masse irrégulièrementcylindrique, contournée sur elle-même, qui pendait à son extrémité, et qui n 'était autre chose que les téguments retournés commeun doigtde gantet ra menés en avant. . La face externe de cette masse , rouge et saignante, était cous tituée par la face interne de la peau doublée d 'une mince cou che de tissu cellulaire . La face interne était formée par la face externe de la peau dans ses trois quarts supérieurs, et, dans son quart inférieur, par le tissu cellulaire qui avait été amené à ta pisser celte partie , par la rétraetion de la peau . L 'extrémité libre de cette masse était régulièrement cou pée, comme si la section en avait été opérée à l'aide d 'un ins - trument tranchant. ' Une section semblable se remarquait à l'endroit où les tégú ments quittent la verge pour se continuer avec ceux de l'abdo men et du serotum , section régulièrement circulaire. La veine dorsale était à découvert dans toute la longueur de la verge , et une préparation anatomique faite dans ce but ne l' eût pas mieux montrée . Des plaies peu profondes se remarquaient à la face interne des cuisses ; la cuisse droite en présentait une de la largeur d ' une pièce de deux francs environ , et la cuisse gauche en présentait deux, chacune de la largeur d 'une pièce de cinquante centimes . La partie intérieure et médiane de l'abdomen était recouverte d 'écorchures légères, qui, toutes plus longues que larges, se confondaientpar leurs extrémités. Le pénis présentait une faible élongation du gland . L ’anus, légèrement infundibuliforme, présentait, à côté du repli médian , une déchirure longue d 'un centimètre et une lu meur hémorrhoïdale . Le sphincter paraissait relâché. En ré sumé, chez ce malade, la peau qui constitue le fourreau de la vérge avait été retournée comme un doigt de gant et pendait ainsi à l' extrémité du gland , la section nettement circulaire ayant eu lieu à la racine de la verge. 276 DE LA PÉDÉRASTIE ET DE LA SODOMIE . OBSERV. XXXI. – Tentative de meurtre par section du cou dans un cas de prostitulion pédéraste. L'inculpé A ..., ágé de vingt-six ans, sans asile, avait été rencon tré sur la voie publique par B .. . qui l'avait emmené coucher chez lui, et il prétendait n 'avoir point eu l'intention de le tuer, mais s'être seulement défendu contre ses tentatives obscènes. Je les visilai tous deux au mois de mai 1864 . B ... présente une large plaie sur le côté gauche du cou qui s' étend de l'oreille à la base du crâne, et qui, très- netle sur les bords, est anguleuse à l'extrémité inférieure. Deux plaies pro fondes au bras gauche ont donné lieu à un phlegmon diffus . Le pénis est grêle sans déformation particulière. Il n 'en est pas de même de l' anus, qui offre l'infundibulum , l' élargissement et le relâchementdu sphincter les plus caractéristiques. L'inculpé A ..., soumis à un examen complet, porte une cica trice au pouce résultant d 'unemorsure peu profonde.Le pénis est volumineux sans autre particularité. L 'anus infundibuliforme, très- dilaté , très- relâché. B ... a été manifestement blessé pendant qu 'il était couché sur le côté droit. Aucun organe important n ' a été lésé, malgré le siége de la blessure près des vaisseaux du cou et le phlegmon du bras. Les habitudes de pédérastic des deux individus ne sont pas douteuses. OBSERV. XXXII. - Assassinat par strangulation commis sur un pédéraste . Le sieur B ... , âgé d 'une soixantaine d'années, usurier, a été trouvé assassiné, le 14 avril 1857, dans un hôtel du passage du Havre. Le corps était vétu d'une chemise, étendu sur le lit, tourné sur l'un des côtés, les mains liées, le cou serré par une corde. Chargé de procéder à l'autopsie, j'ai trouvé le eadayre d 'un homme grand et fort, très -vigoureusement constitué. Le côté gauche dela face et du crâne sonttuméfiés etprésententun énorme épanchement de sang coagulé infiltré dans le tissu cellulaire et dans lesmuscles sous- jacents quisont complétementdésorganisés . Sur le haut du front une petite plaie contuse, longue de deux centimètres, qui ne pénètre pas toute l'épaisseurdu cuir chevelu. OBSERVATIONS. 277 Os du crâne très-résistants, intacts , pas d 'épanchement. Cerveau congestionné. Autour du cou on voit un sillon étroit dirigé transversalement, inégalement profond, avec ecchymose en avant et peau par cheminée sur les côtés. Poumons congestionnés. Veinules rom pues. L'estomac renferme une assez grande quantité de liquide , et quelques débris de matières alimentaires incomplétement digérées. Un double sillon existe autour des poignets. Les bourses sont tuméfiées. Un épanchement de sang existe sous le scrotum gauche . Le pénis est peu volumineux. L 'anus offre un évasement considérable , et de nombreux replis qui en tourentl'orifice du sphincter, dont le rétrécissement nepeut élre exactement apprécié sur le cadavre. 10 Le cadavre du sieur B ... présente des traces non douteuses de violences ; 20 Un coup extrêmement fort a été porté sur le côté gauche de la téle par un instrument contondant à large surface ; 30 Ce coup a dû produire une perte de connaissance ; 40 La mort est le résultat de la strangulation opérée à l'aide d' un lien autour du cou ; 50 Une forte pression a été exercée sur les bourses ; 60 L'examen des organes génitaux et de l'anus donne lieu de penser que le sieur B . .. était livré à des habitudes de péde rastie ; 70 La mort a eu lieu peu de temps après un repas peu abon dant. Observ. XXXIII ET XXXIV. - Assassinat par strangulation commis sur un pédéraste . Le sieur Letellier, agé de quarante- quatre ans, ouvrier dans une fabrique d 'eaux minérales, a été assassiné, lc 12 novem bre 1857, par Pascal, soldat aux lanciers de la garde, qu'il avait ramené coucher avec lui,à la suite d 'une soirée passée avec quatre autres pédérasles avoués : un domestique, un marchand de vins, un ébéniste et un second militaire, qui, de lcur côzé, s'étaient également retirés deux par deux. Les perquisitions faites au do micile de ces derniers individus amenèrent la saisie d 'une cor respondance qui ne pouvait laisser de doutes sur leurs moeurs, 278 DE LA PÉDÉRASTIE ET DE LA SODOMIE . de lableaux obscèncs, de leurs portraits réciproques, de fleurs artificielles , d 'ouvrages à l'aiguille commencés , de tapisse ries, etc . Letellier avait été frappé lorsqu'il était déjà au lit avec son assassin . J'ai été appelé à examiner le cadavre de la victime et la personne du meurtrier. Examen du cadavre. - Le cadavre du nomméLetellier est celui d 'un homme peu vigoureux . Lors denotre première visite , le 13 à deux heures de relevée, la rigidité était déjà prononcée. Les traces de violences qui existent sur les diverses parties du corps sont doublement caractéristiques par leur nature et par leur siége . Aux deux genoux , au-dessous de la rotule , et aux coudes, à la face postérieure de l'avant-bras dans des points exactement cor respondants , la peau présente une surface assez large et régu lière fortement parcheminée, sans plaie ni excoriation , et avec une très-légère infiltration de sang dans le tissu cellulaire sous cutané. Deux plaques, également parcheminées, existent au ni veau de l'aine droite . On remarque encore sur la cuisse gauche une très - longue écorchure, et au-devantde la jambe droite deux autres excoriations plus petites. Lesmains et les bras ne présen tent aucune blessure. Sur le côté droit du frontet sur le dos du nez, on remarque deux plaies contuses peu étendues et peu pro-, fondes résultant de la chute du corps. Le cou est le siége des plus graves désordres. De chaque côté du larynx on voit de profondes excoriations symétriquement pla cées, et reproduisant exactement la forme d ' ongles enfoncés dans les chairs, et qui ont en deux points enlevé des portions de peau . Tous lesmuscles de cette région sontinfiltrés d ' une énorme quantitéde sang coagulé. Le larynx lui-même est enveloppé d'une couche de sang épanché. A l'intérieur du larynx et de la trachée, on trouve égalementdu sang coagulé à la surface de la membrane muqucuse . Les parois de la poitrine sont marbrés d 'une foule de petites taches noires formées par un sang coagulé dans l' épaisseur de la peau et des muscles pectoraux. Des taches ponctuées sembia . bles existent aussi à la surface. Les poumons sont fortement congestionnés, sans ecchymoses sous- pleurales. Lecæur est distendu par du sang à demicoagulé. L'estomac renferme desmatières alimentaires incomplétement digérées, et parmi lesquelles on reconnait encore de la viande. L 'orifice de l'urethre iaisse écouler une assez grande quantité OBSERVATIONS. 279 de liqueur séminale. La conformation du pénis n 'a rien de par ticulier ; mais l'anus offre une déformation caractéristique con sistant en un infundibulum très- évasé du sphincter. A l'intérieur , la muqueuse du rectum est le siége d ' érosions multiples. Nous avons recueilli à la surface quelques mucosités, qui, examinées au microscope, ne nous ont pas présenté de spermatozoïdes. De l'examen qui précède nous concluons que : 10 Le nommé Letellier a été étranglé à l'aide d 'une forte pres sion exercée avec la main autour du cou ; 20 L'étendue et la profondeur des désordres qui existent au cou allestent la force du meurtrier et la violence avec laquelle la victime fut surprise et le cou serré ; 30 L 'action de la main a suffi pour opérer une strangulation complète et déterminer la mort , et le pantalon qui a été trouvé autour du cou n 'a dû agir que très secondairement; 40 L ' étatde la peau aux genoux et aux coudes, ainsi que les ex coriations qui existent sur les membres inférieurs résultent non de coups directement portés sur ces parties, mais d 'un frotte ment rude tel qu'aurait pu le produire la traction du corps sur le sol ; 5o Lescontusions de la face ont été produites par la chute du corps ; 60 Le nomméLetellier portait des traces caractéristiques d 'ha bitudes passives et invétérées de pédérastie ; 70 Lamort a eu lieu moins de trois heures après le dernier repas. Examen du nommé Pascal . Cet homme, lancier de la garde, âgé de vingt-cinq ans, est d 'une constitution athlétique ; il n ' a que quelques blessures insignifiantes. Rien au visage . Des éc chymoses aux deux avant-bras, aux bras et dans les reins. Rien auxmains qu 'une très-petite écorchure . . . En dehors du genou droit, au niveau de la tête du péroné, ex coriation profonde, large comme une pièce de deux francs , re couverte d 'une croûte à peine formée , et entourée d 'un cercle rouge peu étendu , sans apparence d ' ecchymose . Rien de caractéristique au pénis , mais infundibulum énorme et relâchement du sphincter, malgré les efforts visibles que fait l' inculpé pour contracter ces parties. En résumé, le nommé Pascal ne présente sur les diverses par ties du corps aucupe blessure grave . On remarque seulement sur les bras trois petites ecchymoses 280 DE LA PÉDÉRASTIE ET DE LA SODOMIE . remontantà l' époque du crime qui lui est imputé, et pouvant avoir été faites par la pression peu énergique de la main qui au . rait saisi les bras du meurtrier . L 'excoriation profonde qui existe à la jambe droite date du mêmemomentque les ecchymoses. Elle résulte d 'un frottement rude de la peau contre une surface dure, et ne peut, dans aucun cas , élre rapportée à une chute de cheval qui remonterait à six jours, ainsi que le prétend l'inculpe. L 'examen du nommé Pascal démontre que la victime n 'a op posé qu'une très-faible résistance, ce qu'expliquent d'ailleurs, la force herculéenne de l'un et la constitution peu vigoureuse de l'autre . Le nomméPascal présente tous les signes caractéristiques des habitudes de pédérastie . OBSERV. XXXV. - Assassinat commis par deux pédérastes sur un jeune garcon de trois ans et demi. Violences monstrueuses . Le jeune S ... , âgé de trois ans, fils d 'un marchand de vin , no 85 de l'Avenue, à Paris , à 606 mètres environ de la barrière de la Chapelle , a été tué vers quatre heures, dans la plaine Saint-De nis , le 2 janvier 1866 . D 'après le rapport du commissaire de police de Saint- Denis , l'enfant aurait d ' abord été victime des passionsbrutales de deux hommes qui lui auraient ensuite brisé la tête à coups de pieds et de pierres. Un marchand colporteur , nommé Castex , âgé de 55 ans, l'un des auteurs du crime, avait rencontré sur la route un jeune ap prenti mouleur en cuivre qui, après l'avoir provoqué à des pol lutions mutuelles, avait altiré l'enfant derrière la maison de ses parents . Là, pendant que l'un tenait le pauvre petit la tête entre ses jambes, le forçant au plus dégoûtant office , l'autre le violait par derrière et le déchirait presque dans les profondeurs de son corps. Puis , après lui avoir mordu par un dernier excès de bru talité lubrique les parties sexuelles, ils lui écrasaient la tête à coups de pierres et de pieds et le laissaient dans le champ ina nimé, mu! ilé, méconnaissable même aux yeux de son père. 10 Le jeune Jean Saurel a été tué par des coups portés sur la tèle avec la dernière fureur à l'aide d 'instruments contondants à large surface tels qu'une pierre ou la semelle d ' une lourde chaussure. OBSERVATIONS. 281 20 Les cris de l'enfant avaient été étouffés par une tentative de strangulation opérée à l'aide desmains appuyées sur la poi. trine et serrées autour du cou . 3° La mort a été précédée de violences d'une brutalité sans exemple exercées sur les parties sexuelles à l'aide des dents et sur l'anus par l'intromission forcée d 'un corps volumineux et. dur comme le membre viril. 4° La nature , le siége , la multiplicité des violences ne peu vent laisser de doule sur la coopération de deux criminels au moins au meurtre de l'enfant Saurel . J'ai procédé le lendemain à l'autopsie du jeune Saurel. C 'est un enfant de trois ans et demi, grand et fort. Sa tèle est noire et comme parcheminée. La face est trouée en plus de vingt endroits . Les os sont à nu . Le front, la tempe gauche et la pom mette droite sont fracassés, l' orbite est ouvert. Le menton dé chiré, les joues perforées. Al’occiput est une large plaie couverte de sang coagulé. Autour du cou on voit de profondes em . preintes d 'ongles . La région susternale est meurtric par la pression de la main qui y a laissé de profondes ecchymoses. Les parties sexuelles sont souillées de boue et de sang. La base de la verge sur le pubis et à la naissance des bourses est entourée d 'une excoriation circulaire, large et profonde, offrant par places les marques de dents et d'ongles imprimées dans les chairs. L 'anus est largementouvert, déchiré et sanglant jusqu'à une grande hauteur dans le reclum . On n 'y trouve pas de sperme. Le thymus et le tissu cellulaire qui environnele larynx sontinfil. trésde sang.Les poumons sontemphysemateux, pales, le coeur est vide. L'estomac est plein d 'aliments dont la digestion est à peine commencée. Il n ' y a pas aux mains ni ailleurs la moindre trace de résistance. · L 'inculpé Castex, visité par moi immédiatement après l'opéra tion qui précède, est un hommede 55 ans, à l'expression bes. tiale , bégayantpresque convu'sivement et qui sous une appa rence d 'infirmité intellectuelle ne parvient pas à cacher l'intelli gence des faits dont on lui arrache bientôt l'aveu. Il porte à l'ail gauche, au nez et à l’oreille une petite déchirure. Le pénis n ’a chez lui rien de particulier. Mais l'anus offre une largeur et une dilatation insolite . Il a au gros orteil du pied droit l'ongle brisé et saignant. Plus tard , le 17 janvier , au dépôt de la préfecture, j'ai visité le complice de ce crime abominable . 282 DE LA PÉDÉRASTIE ET DE LA SODOMIE . C 'est un jeune garçon de moins de seize ans, qui, malgré sa grande jeunesse , est déjà flétri et présente l'apparence de la plus profonde dégradation . Il porte des stigmales de scrofule . On ne trouve à l' extérieur aucune trace de blessure, ou de coups récents ,mais on remarque sur le dos de la main droite une large brûlure à bords irréguliers et saillants, à peine cicatrisée . faite par une substance corrosive qui ne semble pas avoir coulé sur la main mais offre bien plutôt l'apparence d 'une application caustique faite directement. Quoi qu' il en soit des circonstances dans lesquelles cette brûlure aurait été opérée, il est certain qu'elle aurait eu pour résultat de détruire toute trace de bles sures, plaies, excoriations, morsures qui eùt existé sur cette partie . Nous devons ajouter que la brûlure ne remonte qu 'à une époque peu éloignée , une quinzaine de jours environ . La main gauche porte à l'extrémité des doigts quelques marques de brû lures beaucoup plus superficielles et anciennes. L 'examen com plet auquel nous soumettons cet inculpé nous permet de consta ter que le membre viril dont le développement exagéré contraste avec l'âge et la taille du jeune T . . ., présente celle conformation en massue et cette turgescence habituelle qui apparticnnent aux masturbateurs. L 'anus a élé élargi el relâché, il est un peu enfoncé quoique non tout à fait infundibuliforme. En résumé : 10 Le nommé Ledain porte des traces manifestes d 'habitudes passives de pédérastie . Il n 'offre d 'ailleurs aucun indice particolier de lutte ou de rixe. 20 Le nommé Ternon présente tous les signes les plus accusés d 'habitudes vicieuses et contre nature . 30 Il existe en outre chez cet inculpé une brûlure produite sur le dos de la main par le contact d 'une substance corrosive sur l'origine de laquelle il serait difficile de se prononcer avec eer titude, mais qui aurait pu faire disparaitre et détruire toute trace deblessure. Cette brûlure remonte d 'ailleurs à quinze jours environ . J'emprunte les observations suivantes au traité de Casper . Observ. XXXVI A XLII. - Société de sept pédérastes. Cette affaire très- remarquable , aussi bien pour la psychologie que pour la justice, m 'offrit l'exploration de sept confrères pé dérastes. Il s'agissait d 'une société d'individus dont le comte OBSERVATIONS. 283 Cayus était le chef etdont les membres avaient été recrutés jus que dans les plus basses classes de la société . Je dis remar quable, car il n 'arrive pas souvent que l'on ait sous les yeux un journal comme celui que l'on a saisi chez Cayus en l'arrêlant, où sontnotées les impressions journalières d ’un pédéraste, ses aventures , ses amours, ses sensations. L'accusé reconnut, avec la plus grande franchise , avoir rédigé les confessions nom breuses renfermées dans ce volume écrit et relié avec soin ; il aroua avec la sincérité la plus naturelle que, pendant vingt-six ans, comme on le voyait dans son journal, il s' était livré à des hommes deux ou trois fois par semaine, Ses manières féminines et enfantines , son peu d 'embarras donnent lieu de croire à son excuse ; il dit qu'il ignorait com plétement que sa conduite fût défendue par la loi. Du reste , il n 'avait aucune lésion des fonctions mentales. J' explorai cet homme plusieurs fois , la sincérité de ses aveux et de son journal merévéla tout le commerce de celte société ; il avait cinquante huit ans, grele, blond, avec des cheveux frisés, une amaurose naissante; il avait l'habitude singulière de se lécher toujours les doigts en parlant, et de parler à voix ba : se. Jusqu' à sa trente deuxième année, il avait eu des rapports avec des femmes et avait dû contracter deuxmariages qui avaicntmanqué ; il deve nait aussi mystérieux, incompréhensible qu'abject et répugnant lorsqu'il faisail (comme dans son journal) la p inture de ses sen . sations... Il avait les parties génitales saines et médiocrement développées, une double hernie inguinale , son corps élait flasque et décrépit. Les fesses flasques et maigres étaient béantes en forme de 'cornet, et les plis au pouriour de l'anus manquaient complétement. L 'orifice de l'anus lui-même élait vi. siblement élargi, sans avoir la forme d 'un entonnoir . Il n 'y avait ni chute , nidéchirure, ni cicatrice au sphincter, ni autre lésion , excepté deux næudshémorrhoïdaux vides etde la grosseur d 'une noix . L'exploration de l'anus lui faisait éprouver beaucoup de douleur, et il dit les avoir éprouvées toutes les fois qu 'il se lie vrait à la pédérastie ! Et voilà tout ce que l'on put voir sur le corps d 'un homme qui, selon ses aveux , a exercé la pédérasie passive pendant presque tout un age d 'homme ! c'est certaine ment un des cas les plus intéressants . Un autre noble, souvent cité dans le journal de Cayus, avait éié autrefois le sujet d 'une instruction judiciaire à cause de rapporis sexueis contre nature. Il avait cinquante et quelques 284 DE LA PÉDÉRASTIE ET DE LA SODOMIE . années, mais il était encore vigoureux. Il avait les organes gé nitaux compiétement normaux, pas de hernie, ses fesses n ' étaient pas flasques , aucun noud hémorrhoïdal, pas de déchirure au sphincler, pas d 'élargissement de l'orifice de l'anus, mais les fesses formaient un cornet vers l'anus, et ici aussi les plis de l'orifice étaient absents. N ..., âgé de cinquante - trois ans, dont Cayus parle dans son journal avec beaucoup de jalousie, présentaii à un degré plus prononcé la forme béante en cornet des fesses, et l'absence de plis à l'anus! Chez N ..., il n 'y avait non plus ni hernie, ni contu sion , ni déchirure au sphincler , ni chule, ni hémorrhoïdes, ni aucune autre lésion . Le quatrième était un homme de cinquante -deux ans qui, dans sa jeunesse, avait été acteur, et qui, à Berlin et ailleurs, avait été beaucoup applaudi dans les rôles de femme. On avait remarqué déjà sa manière d 'élre féminine, ses cheveux bouclés, ses bagues, ses flacons, etc . Ses cheveux et sa barbe étaient de venus gris, son corps était gras, ses fesses fortes el charnues béantes, en forme de cornet, un petit næud hémorrhoïdal à l'anus, le sphincter intact, le rectum non élargi, le pénis et les testicules très-petits. Les plis au pourtour de l'anusmanquaient. Notons que ces quatre observations sont très-intéressantes , car il résulte des confessions de Cayus que ces quatre hommes étaient des pélérastes passifs habitués de ses « réunions, » de sorte que cet examen n 'avait pas pour butde résoudre des pro blèmes , mais seulementde constater des faits. Il étaitau contraire difficile de déterminer si P ..., ågé de trente deux ans, et qui allait aux réunions deCayus, était un pédéraste actif ou un pédéraste passif. Il avait la barbe forte et l'extérieur mâle d 'un jeune homme. Son pénis , sans trace de maladie véné rienne antérieure, était long et assez mince, le prépuce étroit couvrait un gland pelit. Les testicules avaient les dimensions ordinaires, les fesses étaient grasses et ne présentaient pas la forme en cornct, l'anus complètement normal. Pas de traces de pédérastie passive. Il n 'y en avait pas non plus chez le barbier L ..,, âgé de vingt et un ans, qui, d'après le journal de Cayus, avait été son der nier favori. C' était un jeune homme blond, ayantpeu de barbe, dont les parties génitales et les fesses ne présentaient rien d 'a normal. Les plis radiésautour de l'anus étaicnt même très- pro noncés chez ce pédéraslo actif ; je trouvai la même chose chez le OBSERVATIONS. 285 soldat H ..., âgé de vingt-deux ans, qui dit n 'avoir eu que des rapports d 'onanisme, ce qui était croyable d 'après ce que nous avons dit, et d 'après le résulțat négatif de l'expertise . Obsery . XLIII ET XLIV . – Pédérastie. – Infection vénérienne. Deux hommes furent arrêtés à cause de soupçons de rapports sexuels contre nature ; on me posa cette question : Leurs mala dies confirment- elles ou écarient- elles le soupçon de rapporis contre nature ? Le 27 juin je trouvai et rapportai ce qui suit : Le tailleur R ..., âgé de cinquante- quatre ans, me dit qu'il a couché dans le même lit que le tailleur F . .., agé de vingl- cinq ans, et qu 'il a été infecté par celui-ci d 'une maladie vénérienne . D 'après l'attestation du médecin de la prison , le 4 de ce mois (jour de son entrée dans la prison ), R ... présentait des ulcères à la verge et des plaques muqueuses à l'anus. Il n 'y a plus main tenant ni ulcère ni écoulement à la verge, mais on trouve aux deux fesses , pas à la rainure de l'anus, des eschares qui semblent être le résultat de plaques muqueuses. Les fesses s'enfoncentun peu en forme de cornet, et les plis du pourtour de l'anus man quent, comme je l'ai souvent trouvé chez de vrais pédérastes passifs. E ..., âgé de vingt- cinq ans, avait été déclaré par le médecin atteint d 'ulcères à la gorge et à la verge, et de plaquesmuqueuses à l'anus; il ne présente que des cicatrices à la verge et au scro tum , el aussi des plaques muqueuses en suppuration aux deux fesses, près de la rainure de l' anus. E . .. avoue qu'il est infecté de maladie vénéſienne, qu'il a couché avec R ..., mais nie des rapports contre nature. Cet ensemble de symptomes ne constitue pas une preuve certaine de rapports contre nature entre ces deux personnes. Du reste , je ne suis pas appelé à me prononcer sur cette preuve réelle . Il est certain que chacun des deux hommes peut avoir été infecté de syphilis à la manière ordinaire , et présenter ainsi les mêmes symptômes; de plus on ne peut nier la possibilité que R ... ait été infecté par E ..., par le fait seul de coucher dans le même lit. Il est très- singulier cependant que R ... présente à la verge et à l'anus les symptômes absolument analogues à ceux de E ..., et il est plus probable de croire que l'infection a eu lieu par l'attouchement mutuel des verges et des fesses. De cette manière l'ensemble des symptômes s'explique 286 DE LA PÉDÉRASTIE ET DE LA SODOMIE . plus facilement, el je ne crains pas de répondre à la question , que la maladie des deux accusés coufirme plutôt qu'elle n ' écarle le soupçon de rapport contre nature. Les accusés furent con damnés. Observ. XLV ET XLVI, – Pédérastie avec violence . Ces deux observations sont très -curieuses, je n ' en ai jamais rencontré d 'autres analogues ; il y avait viol exercé sur un homme, et l'exploration put être faite instantanément. Le domestique X .. ., âgé de vingt et un ans, depuis longtemps obsédé par les instances et les tentatives amoureuses de son maitre , avait été un matin saisi par lui, couché sur le lit et vic time d 'une violence sexuelle. Aussitôt après il s 'était enfui, et avait été de suite déposer sa plainte à la police, d 'où on me l'avait amené immédiatement. Ce qu'il avait dit concernant les circonslances du fait et le système de violence mis en usage fut trouvé exact quand on fit l'enquête dans la maison . Je trouvai une petite déchirure de deux lignes au sphincter à gauche, tout le sphincter était irrité et douloureux au loucher . Du reste , rien d' anormal sur le corps. Un peintre en bâtimentavail entraîné un garçon de seize ans qui paraissait à peine agé de douze ans, à coucher avec lui, et l'avait forcé de subir la pédérastie. Ce garçon expliquait cet attentat odieux avec beaucoup de netleié et de vraisemblance. Il éprouvait des douleurs en marchant et pendant la défécation . J'explorai le garçon cinq jours après cette nuit, il présentait très - visiblement un écarlement des fesses et un enfoncement en forme de cornet vers l'anus ; mais ce qu'il y avait de plus im portant, c 'est qu 'une déchirure fraiche de deux lignes de longueur se trouvait à droile à la peau tout près de lanus, et il y avait suppuration . On remarquait deux petits nauds hémorrhoïdaux pleins, de couleur bleuâtre, devant l'anus. Le sphincter était intact et l'anus fermé normalement. L'exploration était excessi vement douloureuse , et il était d 'autant plus admissible qu'il éprouvait des douleurs pendant la défécation après cinq jours encore, comme il le disait, qu ' il commença à pleurer lorsque, sur ma recommandation , il se mit à pousser son rectum à l'exté rieur. Je déclarai que l'exploration avait offert des faits appuyant l'accusation. OBSERVATIONS. 287 OBSERT. XLyII. - Pédérastie avec violence . - Spermatozoaires. - Aptitude à la reproduction de l'inculpė. Je rapporte le cas suivant très- intéressant, car il offre une manière nouvelle en médecine légale de constater le crime, et sous ce rapport il est complétement neuf. Une paysanne qui avait remarqué des lésions à l'anus de son fils âgé de huit ans, accusait un garçon de quatorze ans et demi de l'avoir séduit par la promesse d 'une tartine, et de s' être livré sur lui à la pédéras tie . L' enfant de la paysanne niait le fait et expliquait ses lésions à l'anus en disant qu 'il était monté à cheval sur une vache. Je trouvai aux deux fesses, près de l'anus, deux écorchures doulou reuses, tou ! à fait égales, de la grosseur d 'une noix, mais déjà sèches et d'un rouge brun. Tout le reste de l'anus et du corps était complètement normal. On ne pouvait admettre que ces écorchures pussent provenir de l'attouchement d 'un pénis , tandis qu' il était beaucoup plus probable qu 'elles venaient d 'une promenade sur une vache (au mois d 'août et avec un pantalon de toile ). Le garçon accusé niait tout. Mais plus tard je trouvai sur la chemise de l'enfant, à la pare tie inférieure et postérieure, des laches ayant l'apparence de taches de sperme, et à l'examen microscopique (dix jours après), je vis des spermatozoaires parfaitement conservés. Considérant que cet enfant de huit ans ne pouvait êlre capable de produire du sperme, on pouvait être autorisé à rechercher la source de ces taches chez un sujet plus âgé ; de plus , l'endroit où les taches avaient été trouvées était très- important. Un mois plus tard , j'explorai l'accusé dans sa prison , il avait l'âge que j'ai dit plus haut, était robuste et musculeux , et, chose remarquable dans celte circonstance, n 'avait ni barbe, ni voix måle , ni poils sur le pénis ! Le pénis avait les dimensions ordinaires à cet âge ; les testicules, petits, n ' étaient pas dans le scrotum , mais près de l'anneau abdominal. L 'accusé avouait avoir eu de temps en temps des érections. On me demanda si je croyais possible qu'il eût du sperme et des envies d ' éjaculer : je répondis oui, sans dire bien entendu qu'il devait avoir accompli l'attentat. Il fut cepen dant déclaré coupable et condamné. 258 DE LA PÉDÉRASTIE ET DE LA SODOMIE . OBSERV. XLVIII. - Expertise de pédérastie sur un cadavre. Un commismarchand s'était empoisonné avec de l'acide sulfu rique, ct on soupçonnait qu'on avait exercé sur lui la pédérastie Le tribunal medemanda de rechercher sur le cadavre s' il était possible de relrouver les traces du crime, L 'anus était ouvert et laissait passer les fèces, chose très commune chez les cadavres et qui ne pouvait rien prouver. Ce qu 'il y avait de plus remar quable, c'étaient deux cicatrices de la grosseur d ' un petit pois , l'une près de l'autre , peu profondes, circulaires , aux bords nets, sur la muqueuse du rectum à gauche et très - près de l'anus. Ces cicatrices, qui avaient tous les caractères de cicatrices de chan . cres , étaient d 'autant plus remarquables, que l'on ne trouvait pas, ni sur le pénis ni dans toute la région génitale , aucun ulcère , ou cicatrice, ou autre lésion , et que l'infiction ordinaire ne donne pas de chancre au rectum . Ajoutez que la peau, au pourtour de l'anus, chez ce sujet encore jeune, d 'une vingtaine d 'années, était sensiblement lisse et sans plis . D 'après cela , je conclus « qu'il était très- vraisemblable , d 'après les signes trouvés sur le cadavre, que F ... avaii été l'objet de la pédérastie . » M . le docteur Fauvelle , de Laon , veut bien me commu niquer les observations suivantes , que je cite textuellement : OBSERV. XLIX ET L . – Signes aigus de pédérastie active et passive . Le nomméG ..., entrepreneur de terrassement pour les chemins de fer, d'une constitution athlétique , étranger à la localité, se trouvait accidentellement, le 5 avril 1860, dans une auberge de L ... Après un repas accompagné de libations copieuses, il fait monter dans sa chambre, sous un prétexte quelconque, le nommé D . .., jeune garçon de quinze ans, employé dans la mai son ; là il le dépouille violemment de son pantalon , le couche la face contre terre et commet sur lui l'acte de la pédérastie . Voici dans quel état je trouvai l'inculpé et sa victime, vingt heures après l'allentat. Le jeune D . .. ne présente sur le corps aucune trace de vio lence . En écarlant les fesses, je constate ce qui suit : L'orifice anal est très-enfoncé, toute la marge est rouge, tuméfiée, sen OBSERVATIONS . 289 sible, et en certains endroits dépouillée de son épiderme. Cette dernière altération est surtout prononcée en avant et en arrière . L 'inculpé G ... ne présente rien de notable du côté de l'anus. Voici l'état du pénis. Le gland , dont la conformation est nor male , disparaît sous les replis d 'un prépuce Irès- allongé, mais sans phimosis. Le frein , relativement très-court, présente une petite plaie transversale, irrégulière , de deux millimètres de longueur, produite indubitablement par déchirure . Conclusions. 10 Dans les viogt-quatre heures qui ontprécédé ma visite , on a introduit ou lenté d' introduire violemment dans l'anus du jeune D . . . un corps étranger tel que l , pénis d 'un homme adulte . 20 G .. . ne présente sur sa personne aucun des signes qui caractérisent la sodomie active ou passive habituelle ; mais la déchirure qu'il porte au frein prouve qu'il a introduit ou essayé d 'introduire, récemment, son pénis dans un orifice étroit tel que celui de l'anus. Observ. LI et LII. - Habitudes probables de pédérastie passive . Le 20 mars 1859, deux individus de vingt-cinq à trente ans, les nommés B ... et L ..., ce dernier ancien soldat d 'Afrique , furent surpris dans un lieu public, se livrant ou se préparant à l'acte de la pédéraslie . Voici le résultat des constatations que je fus chargé de faire . Examen de B . .. : La verge ne présente aucune des formes qui . caractérisent la pédérastie active ou passive. Le gland est d' un volume en rapport avec celui du pénis, seulement l'un et l'autre sont peu développés. L 'anus ne pré: ente aucune trace de vio lence ; il a sa forme et sa position habituelles. Le doigt qui y pénètre éprouve une résistance de moyenne intensité . Examen de L ... : L .. . parait fort au courant des signes passifs de la pédérastie. Il prétend qu'il est très- difficile d 'introduire quoi que ce soit dans son anus et qu'il a bien de la peine à aller à la selle aussitôt que les matières ont une certaine consistance . La verge est longue et volumineuse; le gland, surtout, a des proportions remarquables; mais il n 'est pas étranglé à sa base . A gauche, sur la couronne du gland, on remarque une cicatrice de chancre. L 'anus est un peu enfoncé, les plis en sont mål dessinés et l'on remarque sur le pourtour une ou deux végétations à la TARDIEU, be ÉDITION . 19 29 DE LA PEDĖRASTIE ET DE LA SODOMIE . partie antérieure et latérale de la marge, et en arrière, vers la pointe du coccyx , on trouve de petites cicatrices qui provien . nent, suivant l'inculpé, d 'anciens abcès développés dans ces parties. Malgré les efforts de constriction , le doigt pénètre avec une certaine facilité jusqu'au rectum . Conclusions. - 10 B ... nc présente aucune trace ancienne ou récente de pédérastie ; 20 L .. . présente des signes probables de pédérastie passive . Observ. LIII . LXVIII. — Visite de seize pédérastes.. - Signes d'habitudes actives et passives. Le nomméX ..., âgé de cinquante -six ans, rentier , marié, sans enfants , depuis vingt ou vingt- cinq ans se livre à la pédérastie, et dans le village de P ... où il habite, il a débauché un nom bre considérable de jeunes gens de différents âges. Il les atti rait chez lui sous prétexte de différents travaux, et a compromis à la longue sa fortune par les largesses qu 'il leur faisait. Voici le résultat des seize visites auxquelles celle affaire a donné lieu de 3 septembre 1864 : 10 Inculpé X . . . Voici dans quel état je trouvai l'anus el la verge de cet individu. Le pénis est court et peu volumineux. Le gland est surtout petit eu égard au reste de l'organe; à partir de sa couronne il va s'amincissant et s'allongeant en pointe. Les fesses sont volumineuses. Le coccyx est rentrant et coudé à angle droit avec le sacrum . L 'anus est enfoncé et se trouve placé au fond d 'un entonnoir d 'une profondeur moyenne. Au licu d 'ètre presque circulaire, il est aplati latéralement suivant une ligne de deux ou trois centimètres de longueur. Les plis de l'anus sont gros et pour ainsi dire hypertrophiés. Ils se ter minent à l'extérieur en un repli muqueux de forme, circulaire connu sous le nom de crête (crista cristallina), comme un des signes fréquents des habitudes passives de pédérastie . Dans l'effort le sphincter n 'est le siége d 'aucune contraction syner gique. Conclusions : X ... présente des traces évidentes d'habitudes actives et passives de pédérastie. 20 V . Prosper- Louis- Jean - Baptiste , âgé de seize ans. Ce jeure homme, blond ,maigre et d 'une constitution très-grele, présente des cicatrices de scrofules . Actuellement il a la diarrhée . OBSERVATIONS . 291 Les fesses sont peu saillantes; il n 'y a pas de poils aux parties sexuelles ni à l'anus. En écarlant les fesses on trouve cet orifice au fond d 'un yaste entonnoir , dont les parois sont souillées par des matières fécales liquides. Les plis sont effacés. En écartant davantage, l'orifice s' entr'ouvre, on plonge jusque dans le rectum et des matières liquides s' écoulent. Le sphincter ne peut en au cune manière fermer l'intestin . La verge est grele mais sans déformation ; le prépuce présepte un phimosis très- prononcé. Conclusions : Habitudes passives invétérées. 30 G . Alfred, âgéde dix- sept ans, domestique de ferme, n 'offre rien de remarquable au point de vue de la santé et de la cons titution . L 'anus présente à peine quelques poils. Cet orifice se trouve au fond d 'un énorme infundibulum , dirigé légèrement en avant, au - dessus du périnée. Les plis de la peau sont en partie effacés, cette peau est le siége d 'un érythème avec exfoliation épider mique et sensibilité assez vive . Une parcelle dematière fécale, solide reste engagée dans l'anus. Dans l'effort , le sphincter cxlerne n 'est le siége d 'aucune contraction synergique appré ciable, et le bourrelet qu'il doit former alors ne tend pas à venir s'affleurer avec les fesses. La verge n 'offre rien à noter. Conclusions : Habitudes passives évidentes.. 40 V . Eugène, agé de dix-huit ans, célibataire, domestique de ferme, est d 'une bonne constitution . Le système pileux du pourtour de l'anus est très-développé. Cet orifice est un peu enfoncé; en avant et en arrière il présente deux petites excavations. Dans l'effort, le sphincter externe se contracte et le bourrelet qu'il forme s'affleure presque avec les fesses. La verge est normale sauf un léger rétrécissement au-dessus de la couronne du gland , où se termine le prépuce, qui ne re couvre que les deux tiers de l'organe. Conclusions : Signes passifs peu prononcés. 50 R . Nestor, dix -neuf ans, couvreur en ardoises. Constalations purement négatives . 60 H . Prosper , agé de vingt-deux ans, marié depuis quatre mois, manouvrier à toutes mains ; constitution moyennement bonne. Le système pileux de l'anus est peu développé, Cet orifice est 292 DE LA PÉDÉRASTIE ET DE LA SODOMIE. enfoncé, mais l'infundibulum s'exagère beaucoup par l'écarte ment des fesses. Alors les plis s'effacent presque complétement, et l'on aperçoit plusieurs cicatrices de fissures dans leur inter valle . Une certaine quantité de matières fécales semi-liquides est engagée dans l'anus, sans en solliciter les contractions. Le sphincter ne se contracte pour ainsi dire pas dans l'effort. La verge est longue ; le gland est moins volumineux que le corps, mais sans élongation nolable . Conclusions : Habitudes passives évidentes , habitudes actives douteuses. 70 C . Lucien , vingt- quatre ans, domestique dc ferine, marié depuis trois ans, a un enfant. Les fesses sont d 'un volumenormal. Des poils assez nombreux environnent l'anus situé au fond d 'un entonnoir considérable , plus large que profond. Les plis sont peu nombreux, mais comme boursouflés. Entre l'anus et le coccyx existe un large enfonce ment ou excavation . Dans l'effort, le sphincter externe se con tracte et il est poussé presqu'à fleur des fesses. C .. . avoue des rapports illicites avec X ..., mais ils remontent à une époque éloignée . Depuis, les fibres musculaires ont repris une certaine vigueur, mais l'infundibulum a persisté. La verge est normale. Conclusions : Habitudes passives évidentes, mais paraissant avoir cessé depuis longtemps. 80 V . Louis, àgé de vingt-cinq ans, manouvrier, marié depuis trois ans, a un enfant. Le sillon qui sépare les deux fesses est très-large et peu fourni de poils. L 'anus, d 'une dimension exagérée, a une formelinéaire . En écartant les fesses les plis ne s'effacent pas. Dans l' effort, le bourrelet formépar les fibres externes du sphincter se prononce et vient s'affleurer avec la courbure des fesses. La verge est longue, moins volumineuse que le gland, au dessous duquel elle est sensiblement rétrécie. Le gland n 'est pas déformé. Conclusions : Signes probables d 'habitudes passives; habitudes actives possibles, en raison de la longueur de la verge qui per metde franchir le sphincter el du rétrécissement qu'elle présente sous le gland, rétrécissement qu 'on peut attribuer à la constric tion du sphincter. 90 P . Stanislas , agé de vingt- six ans, manouvrier faisant la moisson , marié depuis quatre ans el demi, a un enfant. OBSERVATIONS. 203 L 'anus se trouve au fond d 'un large infundibulum . Il s' élargit peu par l'écarlement des fesses. Les plis sont en partie effacés . Une légère rougeur érythémateuse règne sur toute la marge de l'anus. La verve est très-longue, le gland énorme avec un rétrécisse ment sous la couronne. Cet individu avoue ses relations avec X . .., mais prétend qu 'il y a longtemps qu'il n 'a pratiqué. Conclusions : Habitudes passives évidentes ; habitudes actives probables pour les mêmes raisons qu 'au no 7 . 100 G . Prosper, ågé de vingl-neufans, manouvrier travaillant à l'extraction de la tourbe, est marié et a trois enfants. Le système pileux de l'anus est très-prononcé. Cet orifice est silué au fond d 'un infundibulum énorme, dirigé en ayant vers la racine des bourses. Il est large , aplati latéralement. Les plis sont rares, gros et peu accentués. En arrière, vers la pointe du coccyx, se trouve une large fosselte . Dans l'effort, le sphincter est presque inerte . La verge est cylindrique, le gland normal. Conclusions : Habitudes passives évidentes . 110 S. Narcisse , âgé de trente et un ans, ouvrier de ferme, est marié depuis neuf ans et n 'a qu'un enfant. L 'anus est situé au fond et vers la porte antéricure d 'une excavation pouvant loger une noix . Il est très -large, mais les plis ne sont pas fortement effacés et dans l'effort le bourrelet du sphincter externe se forme bien et vient s'affleurer avec la con vexité des fesses. . La verge n 'offre rien à noler. Conclusions : Habitudes passives évidentes. 120 C . Jules , âgé de trenle et un ans, domestique de ferme, non marié . Il prétend que ses relations avec X ... remontent à l'âge de dix-huit ans. L 'anus est situé au fond d 'un infundibulum assez prononcé. En écartant les fesses il s'entr'ouvre de manière à permettre l'introduction du doigt. En avant et en arrière, on remarque deux petites excavations. Durant l'effort , les fibres externes du sphincter se contractent à peine. La verge est normale . Conclusions : Signes positifs d 'habitudes passives. 130 S . Sené, âgé de vingt ans, maçon , célibataire . Les tubérosités ischiatiques sont très- écartées. L 'anus est en 294 DE LA PÉDÉRASTIE ET DE LA SODOMIE. foncé, facilement dilatable et se trouve entre deux petites esca- - vations, l' une antérieure , l'autre postérieure. On constate , sur la marge de l'orifice, une exfoliation de l'épiderme, trace évi dente d'un érythème récent. Dans l'effort le sphincter se con tracte peu . La verge est longue et rétrécie à la base du gland qui a un volume énorme. Conclusions : Signes d 'habitudes passives ; 'habitudes actives probables. . 140 B . Narcisse, âgé de dix-neufans, maçon , célibataire. Conse . tatations complétement négatives. 150 S . Fules, âgé de vingt-cinq ans,manouvrier, marié depuis 15 à 16 mois, n 'a pas d' enfant. L ' anus accupe tout le fond d'un infundibulum considérable et se trouve dirigé en avant vers le pubis. En écartant les fesses. il s'entr'ouvre presque complétement; les plis sont à peine sensibles. Dans les efforts l'anus reste inerte au fond de son entonnoir. La verge est longue et rétrécie au - dessous du gland qui est très- volumineux, mais non aminci. Conclusions : Habitudes passives certaines ; 'habitudes actives très- probables. . 160 N . Norbert, ågé de douze ans , d 'un développement phy sique en rapport avec son âge. L 'anus est situé au fond d 'un entonnoir prononcé ; cet orifice, au lieu d 'etre dirigé en arrière , est presque horizontal et paral lèle au plan du périnée ; il semble gagner la racine des bourses. Les plis sont en partie effacés et toute la marge a une teinte rouge érythémateuse. L 'écartement des fesses permet de porter Ja vue jusque dans le rectam , on remarque à l'intérieur une fissure saignante . L 'anus ne se contracte pas dans l'effort. Le doigt de l' enfant pénètre facilement dans l'orifice, et il parait avoir l'habitude de l'y introduire fréquemment. La verge a un volume exagéré eu égard à celui des testicules. La masturbation ne parait pas étrangère à cette conformation . Conclusions : Traces très-prononcées d 'habitudes passives de pédérastie. Observ. LXIX A LXXIV. - Visite de six pédérastes . - Habitudes actives et passives. – Signes bien caractérisés. Le nommé D ., âgé de vingt sept ans, charcutier et débitant de OBSERVATIONS. 295 boisson , à C .- sur- S ., anciennementcuisinierdans une pension de garçons, a depuis longtemps des habitudes de pédérastie, qu 'il a continuées malgré son mariage avec une jeune et jolie femme. Celle - ci, délaissée par son mari qu'elle croit impuissant, cherche un refuge chez ses parents et dénonce les habitudes honteuses de son mari. Je fus chargé, le 26 novembre 1864 , d ' examiner l'inculpé et cinq de ses victimes à C . -sur- S ., et dans la pension où il a été employé. 10 Examen de D . Cet individu , d ’un embonpoint rare à son åge, a les apparences d 'un tempérament lymphatique très- pro noncé. L'anus et la verge sontdans l'état suivant: Sous l'influence de l' cmbonpoint, le sillon interfessier est peu profond ; mais néanmoins l'anus est enfoncé et élargi, si bien qu'il est aplati, linéaire et d 'unelongueur de 2 à 3 centimètres . Les plis sont en partie effacés et la contractilité du sphincter diminuée au point que dans l'effort les fibres externes restent inertes. La verge est très. courte ; le corps en est très- volumineux et notablement plus que le gland , qui va tout en s'effilant, au point que le méaturinaire est situé sur une pointe de 2 à 3 mil limètres de diamètre. Conclusions : D . porte des signes positifs d 'habitudes actives et passives de pédérastie. 2º H . Théodule , âgé de douze ans, garçon boucher, est fort et vigoureux. En écartant les fesses , l'anus s'entr'ouvre complétement; il est situé au fond d 'un infundibulum considérable, dirigé un peu en ayant et dont la partie étroite est formée par la muqueuse anale . En ayant et en arrière de la partie qui reste fermée se trouvent deux fossettes. Les plis sont presque entièrement effa cés, et sur les parois de l'infundibulum on remarque de petites hémorrhoïdes et une fissure en partie cicatrisée el siluée à la partie postérieure. La verge est longue, volumineuse et bien proportionnée . Conclusions : Signes évidents de pédérastie passive . 30 H . Julien , âgé de onze ans, frère du précédent. . L 'anus est enfoncé et s 'entr 'ouvre comp' élement par l' écarte ment des fesses. Il est dirigé presque directement en avant, au dessus du périnée. Les plis sont peu effacés. Le sphincter ne se resserre qu'incomplétement. La verge n 'offre rien à noter. reeds 295 DE LA PÉDÉRASTIE ET L'E LA SODOMIE . Conclusions : L 'enfant H . Julien a eu des habitudes passives, de pédérastie . 40 L . Edmond, âgé de seize ans, manouvrier. L'anus, chez ce jeune homme, est situé au fond d'un infun dibulum peu profond , mais néanmoins très- accentué , ce qui s' explique par le peu de développement du sillon interfessier. Cet infundibulum est constitué en partie par le canal formépar le sphincter , mais l'anneau interne reste fermé et l'oeil ne peut pénétrer jusque dans le rectum . Les plis sont effacés . Dans l'ef fort l'anneau externe se resserre et tend à effleurer les fesses. La verge est assez longue. Son corps est d 'un volume normal, mais le gland est petit et très -effilé à partir de la couronne, qui est très-peu accentuée . Conclusions : La pédérastie active et passive est doncmanifeste chez ce sujet. go Herb . Gaston , âgé de dix -huit ans, sans profession , habite C .- sur- S ., où il a retrouvé D ., avec lequel il avait déjà eu des rela tions dans la pension X . L'anus est situé au fond d 'un entonnoir énorme, dirigé en avaut et isolant pour ainsi dire la peau du périnée. Les plis sont complétement effacés, et la partie profonde de l'entonnoir est constituée par 3 centimètres au moins du canal formé par le sphincter . Dans l'effort toute la partie de ce muscle , dont l'élas ticile est forcée, reste complétement inerte . La verge est grosse et courte, et effilée à l'extrémité du gland , qui lui fait suite presque sans ligne de démarcation, tantla cou ronne est effacée . Conclusions : La pédérastie active et passive a donc été prati quée habituellement par le jeune Herb . 60 L . Alfred , âgé de dix -huit ans, cultivateur, ancien élève de la pension où D . a été cuisinier, l'a perdu de vue depuis sa sortie . L 'anus est très-enfoncé, et l'entonnoir qu'il forme est en partie constitué par l' anneau , dont les fibres externes sont très-rela chées et ne se contractent qu'incomplétementdans l'effort. Les plis sont en partie effacés, et au fond de l'infundibulum on trouve en arrière une petite fosselte . La verge est assez courle , mais bien proportionnée. Conclusions : L . présente des signes positifs du rôle passif dans l'acte de la pédérastie. OBSERVATIONS . OBSERV. LXXV A LXXVII. – Visite de trois pédérastes. — Habitudes actives et passives. X , prêtre , chef d 'institution à B ., âgé de quarante -cinq ans, exerce, depuis six ou sept ans, sur les enfants de la pension qu 'il dirige , tous les actes obscènes que l'imagination la plus déver gondée peut inspirer . Pour isoler le plus possible ces enfants , du reste peu nombreux, il avait supprimé les externes et n 'avait qu 'un seulmaître d ' élude. Ce fut par ce dernier qu'il fut dénoncé. Dans le procès criminel intenté à X , et qui s'est terminé par la condamnation aux travaux forcés à perpétuité de l'accusé, je fus chargé de l'examiner ainsi que plusieurs de ses victimes, dont deux seulement voulurent subir l'examen . Voici le résultat de mon expertise . 1º Examen de l'inculpé. L'anus est le signe de plusieurs marisques qui en déforment l'ouverture. Il est peu enfoncé et ne présente rien de bien spécial au point de vue de la pédérastie passive. La bourse gauche est distendue par une hernie scrotale énorme et habituellement non contenuc. La saillie que cette infirmité donne aux testicules diminue beaucoup la longueur apparente du pénis. Cet organe, naturellement de petite dimension , dis parait dans les plis du prépuce. En palpant la verge, on reconnait qu'elle a la forme d ' un cône très-allongé, à sommetlibre. Au niveau habituel de la couronne du gland, on ne perçoit aucun relief notable . En effet, en le dé couvrant, on voit que cette partie du pénis , ordinairement la plus volumineuse , est allongée, pointue , étroite à sa base ou couronne, qui est pour ainsi dire effacée. Leméat urinaire , qui se trouve à la pointe du cône, est très-petit et n 'a guère qu 'un millimètre de diamètre. Ces signes évidents de pédérastie active sont bien en rapport avec la longueur de la verge de X . En effet, dans l'acte contre nature dont il s'agit, la saillie des fesses fait perdre beaucoup de longueur au pénis , si bien que les verges courtes ne dépassent pas le sphincter et y restent comprimées à leur extrémité , tandis que, lorsqu ' elles ont plus de longueur, le gland ficut dépasser l'anneau musculaire et se trouver étranglé sous la couronne. Conclusions : X présente des signes évidents d 'habitudes acli ves de pédérastie. 298 DE LA PÉDÉRASTIE ET DE LA SODOMIE . 20 D . Léon, âgé de douze ans et demi, élève chez X , d 'une taille assez élevée pour son âge , est påle et maigre. La physionomie est inerte, les paupières supérieures voilent à demi les yeux, qui ne s 'animent janiais et sont pour ainsi dire éteints. L' anus est situé au fond d 'un infundibulum creusé dans le sil lon interfessier; au lieu d ' être réduit pour ainsi dire à un point d 'où rayonnentles plis nombreux de la peau, il est aplali et long d 'environ 15 millimètres. Les plis sontmoins enfoncés que de coutume et en partie effacés vers le périnée . Lorsqu'on écarte les fesses, le sphincter cède avec une grande facilité et laisse aper cevoir l'entrée du rectum . L 'introduction du doigt indicateur se fait sans aucune difficulté et ne sent pour ainsi dire un peu de résistance qu 'au niveau du sphincter interne. Le contraire doit avoir licu , car les fibres de renforcementqui forment le sphincier externe sont beaucoup plus nombreuses et plus fortes que les supéricures. Du reste , dans l'effurt, on ne les voit plus lutler contre les muscles expulseurs, et le bourrelet qu'elles forment ne se dessine pas commeà l'état physiologique. Suivant l'enfant, trois semaines avant ma visite , il a eu de la diarrhée , el, pendant cette indisposition , il a eu trois selles involontaires. La muqueuse de l'anus n 'est le siége d 'aucune inflammation et paraît accoulumée au contact des corps étran gers. Les testicules paraissent plus volumineux que ne le comporte l'âge de l'enfant, mais la verge est normale , Conclusions : Le jeune D . présente tous les signes qui caracté risent la pédérastie passive habituelle. 30 C . Henri, âgé de douze ans, d'une constitution robuste , ne parait nullement affaibli . Son intelligence est bornée . Au momentde l'exploration de l'anus , il se livre à des efforts violents de contraction pour en masquer l'a :pect raturel. Il finit cependant par rester immobile, el je constale un enfoncement notable de l'anus avec évasement de son orifice externe. Par un effort volontaire l'enfant peut faire disparaîlre ce relâchement des fibres du sphincter exlerne, mais lorsqu'il cesse de vouloir , la tonicité naturelle de l'organe ayant disparu , il redevient béant. Dans ce moment l' écartement des fesses exagère beau coup l'infundibulum , seulement le sphincter interne ne s'ouvre pas. Le toucher confirme ces constatations, et établit que les fibres externes ont seules été forcées. Les piis de la peau ont en grande partie disparu dans la parlie dilatée du sphincler, mais OBSERVATIONS. 259 ils reparaissent dans la partie intacte . On remarque, en avant et en arrière, sur le replimédian , deux petites fossettes situées au niveau des plis effacés. Lors de l'introduction du doigt l'en fant paraît éprouver une excitation sensuelle plutôt que de la douleur. La verge et les testicules ont un volume considérable pour l'âge du sujet. Il se masturbe très -fréquemment. Conclusions : C . présente des traces de sodomie passive. Je terminerai par les observations suivantes qu'il m 'a paru intéressant d'ajouter à celles que j'ai rapportées dans les précédentes éditions. Observ. LXXVIII. - Pédérastie habituelle. Le nommé A . , ex -répétiteur à l'instilution impériale des Sourds-Muets , visité par moi à Mazas, le 17 juin 1868 , présenie une demi-turgescence habituelle du pénis qui est assez volu mineux et plutôt renflé qu ' aminci à son extrémité , disposi tion que l'on rencontre le plus souvent chez les individus adon nés à la masturbation . De plus, le gland et la face interne du prépuce sont le siége d 'une inflammation chronique caractérisée par de petites plaques rouges légèrement saillantes et perdant une humeurmucoso -purulente. Cette éruption n 'a pas le carac tère syphilitique et n ' est pointcontagieuse ; mais la sécrétion qui l'accompagne peut produire, par le simple conláct ou par le frottement, une certaine irritation . La conformation du membre viril n 'a d 'ailleurs rien de particulier, et les allégations de l’ in culpé touchant la disposition singulière qu'il offrirait durant l'érection n 'ont absolument rien de fondé. La seule chose à noter, c 'est qu'il porte un bandage pour une double hernie inguinale , circonstance qui n 'a rien d'insolite . L 'anus, quoique profondément situé et en apparence un peu élargi, ne présente pas cependant de déformation assez carac téristique pour que l'on puisse attribuer cette disposition à des habitudes perverses de pédérastie . 10 Le nommé A . présente tous les caractères plıysiques que l'on constate d ’ordinaire à la suite des habitudes de mastur bation ; 20 Ses parties sexuelles n 'offrent aucune particularité de con 303 DE LA PÉDÉRASTIE ET DE LA SODOMIE . formation qui puisse être l'objet de remarque de la part de per sonnes inexpérimentées ; 30 Il est atteint d 'une inflammation chronique du gland qui peut rendre très - irritant le contact de cette partie . L 'individu qui fait le sujet de l'observation précédente était, au dire de M . le juge d 'instruction , une nature basse et sour noise, hypocrite et fausse; et l' un des maitres de pension chez qui il a été employé prétend avoir eu la preuve qu' il avait des vices solitaires. Il avait prétendu que ses parties sexuelles of fraient une singularité de conformation que devait signaler , s'il disait la vérité , l'enfant qui l'accusait de l'avoir souillé . OBSERV. LXXIX . - Pédérastie. – Meurtre. Le cadayre que nous avons examiné le 25 juillet 1869, est celui d 'un ouvrier briquetier, ågé de vingt- six ans, très-bien constitué. Les blessures nombreuses qu'il présente , leur siége , leur nature , leur caractère insolite , appellent une attention toute particulière. Ces blessures sontmultiples et d 'origines diverses : à la face , au menton et à la partie droite de la lèvre inférieure, on voit deux plaies transversales très- fortement conluses ; profondes et intéressant toutes les parties molles, jusqu 'aux os ; avec attri tion des bords et extrayasation de sang dans les parties voisines. Toute la joue du même côté est le siége d 'une excoriation en large plaque, avec trainées se prolongeant jusqu'à l'oil. A la partie interne du coude droit, il existe une plaie très nelte faite par un instrument tranchant, large de quatre centi mètres : mais ne pénétrantpas au delà de la couche musculaire la plus superficielle . Les autres blessures sont circonscrites dans les régions des organes génitaux et de l'anus. Les bourses, qui sont très- tuméfiées, présentent les traces d 'une violente pression, marquée par des ecchymoses larges et profondes de chaque côté du scrotum . Sur la verge, en même temps à la face inférieure et sur le prépuce, se voient des exco riations étendues et des empreintes d'ongles. Enfin , les lésions les plus graves et les plus singulières exis tent de chaque côté de l'anus. L' examen extérieur ne pouvait donner l'idée de l' étendue, de la profondeur et de l'énormité des désordres, il a fallu suivre OBSERVATIONS . 301 par une dissection attentive le trajet des blessures pour recon naître que l'instrument vulnérant n 'a pas atteint seulement les parties externes et les parties molles, mais qu'il a intéressé toule l'épaisseur de la région ischio -pelvienne, c'est-à-dire celle des fesses et du bassin , et non - seulement toutes les couches muscu laires, mais les parties osseuses très-résistantes qui forment les parois du bassin ; qu 'en dernier licu il a ouvert tous les vais seaux qu'il a rencontrés sur son passage, et qu'un vaste épan chement de sang remplit la cavité du petit bassin . De chaque côté , et à une très- petite distance de la marge de l'anus, on voit deux plaies béantes à bords irréguliers. Celle du côté gauche est cachéc sous le pli de la fesse ; elle a six centi mètres de long . Ses lèvres sont un peu contuses . Elle pénètre dans l' épaisscur des parties molles et se perd dans la masse des muscles à une profondeur de dix à douze centimètres. Celle du côté droit est bcaucoup plus large et forme un trou béant dont les bords, déchiquetés par plusieurs coups portés dans le même point, sont infiltrés de sang. L 'instrument vulnérant a traversé de part en part, et de has en haut, toute la fesse et est arrivé jusqu 'au pli de l' aine du même côté . Sur son passage, tous les tissus sont lacérés et par place comme broyés. Les os eux-mêmes ont été brisés, et on trouve dans la profondeur de la plaie des fragments des différentes portions de squelette du bassin , notam ment de la saillie de l'ischion en arrière et en bas , et de la bran che du pubis en avant et en haut. Du sang coagulé infiltre toutes les parlics que traverse celle effroyable blessure . L 'anus et le rectum sont intacts, et l'intestin est comme dissé qué sur l'un des côtés de la plaie , et flottant au milieu du sang épanché. Les viscères sont sains. L ' estomac renferme une assez grande quantité de liquide exhalant une odeur alcoolique. Les organes sexuels n 'offrent rien à noter dans leur conformation . En résuméde l'examen qui précède, nous concluons que : 10 Le nommé N . a reçu des blessures nombreuses qui attes tent une férocité inouïe et qui offrent un caractère d 'obscénité particulière; 20 Ces blessures n 'ontpas toutes la même nature et la même origine. Les unes, à la face, ont été faites par des coups de talon de boltc ; les autres, au bras, avec un couteau ; d 'autres , aux par 302 DE LA PÉDÉRASTIE ET DE LA SODOMIE . ties sexuelles, avec les mains; enfin , celles qui avoisinent l'anus et qui altestent la dernière violence, sont l'æuvre d ’un instru ment à la fois conlondant et tranchant, lourd et puissant, mavie avec une très-grande force, tel que seraient une pioche, une pique, un long marteau, une tige ou une lame,métallique très fortes ; 30 La diversité des blessures et des instruments vulnérants in dique que les coups ont été portés, par plusieurs individus , par deux au moins , s'acharnant sur la victime étendue à terre ; 40 Des manœuvres obscènes, ont accompagné des actes de violences meurtrières ; 50 La mort est le résultat nécessaire des lésions du bassin et de l'hémorrhagie considérable qu 'elles ont provoquée; 60 Il y a lieu de penser que le sieur N . était en élat d 'ivresse quand il a été frappé ; 70 L'intégrité des mains montre qu'il n 'a pu résister à ses agresseurs. OBSERV. LXXX . – Pédérastie. - Meurtre . Le cadavre que nous avons examiné, le 18 février 1869, est celui d 'un Anglais , conducteur de chevaux,âgé de quarante - cinq ans, frappé dans la nuit aux Champs-Élysées. Il est chauve et maigre, à barbe très -noire. Il existe plusieurs blessures qui offrent tous les caractères de plaies faites avec un instrument perforant et franchant, à lame acérée et élroite , comme celle d 'un couteau de petite dimension . Quatre de ces blessures sont situées dans le dos, entre les deux épaules. Aucune d 'elles n 'est pénétrante et n 'a déterminé de lésion des organes contenus dans la poitrine ni d 'épanchement de sang dans cette cavité'; mais un vaste épanchement de sang coagulé. s'étend dans l'épaisseur des muscles du dos , depuis la nuque jusqu'à la région lombaire . Les plaies sont profondes et ont atteint la colonne vertébrale . L'arme s'est brisée sur la troisième vertèbre dorsale, dans l'épais seur de laquelle la pointe du couteau est restée engagée. Trois autres plaies se rencontrent à la léte . Deux d 'entre elles, très voisines l'une de l'autre , occupent la région de la tempe gauche, L ' artère temporale a été ouverte , et l'hémorrhagie a nécessité OBSERVATIONS . 303 une ligature que nous retrouvons dans la plaie. Mais , de plus, l'os lui-même a été perforé par l'instrument vulnérant qui a pénétré directement dans l'iniérieur du crâne ei s'est arrêté à la surface du cerveau après avoir brisé ses enveloppes. Au côté droit, en dehors de l'orbite , il existe une plaie contuse avec profonde infiltration de sang sous la peau . Les os ne sont pas brisés,mais sur le point correspondant nous constatons une inflammation aiguë des méninges, avec épanchement de séro sité purulente qui recouvre la substance cérébrale . Les autres organes sont à l'état normal. Du côié des parties sexuelles, nous remarquons que le membre viril, sans offrir de conformation caractéristique, présente sur l'un des côtés du gland une ecchymose ponctuée, une coloration violacée qui atteste une pression violente. On en voit également les traces sur le testicule gauche , dont la peau est froissée, ex coriée, d 'un rouge hrun , avec ecchymose sous-jacente . L 'anus est notablement déprimé et commeenfoncé, sans toute fois qu'il soit possible d 'y reconnaitre une déformation en infun dibulum nettement accusée. On n ' y trouve pas de traces de violences ; il n 'y a pas de sperme dans l'extrémité inférieure de l'intestin . En résumé de l' examen qui précède, nous concluons que : 10 Le nommé C . a reçu sept coups de couteau dans le dos et à la tête , et un coup de poing å la tempe ; 20 La mort est le résultat de l'inflammation des enveloppes du cerveau produites par les blessures de la tête ; 30 Les traces de violences qui existaient manifestement du côté des organes génitaux, et les indices que l' on peut tirer de la conformation incomplétement ac usée de l'anus, donnent lieu de penser que le meurtre du nommé C . peut être rattaché à des actes de pédérastie. J'ai examiné un individu , également anglais, que des soup · çons graves désignaient comme le meurtrier de C . Il n 'existait chez cet homme, très - fort et de taille moyenne, aucune traces de rixe ou de lutte pouvant remonter à l'époque de la mort de C . ; mais il présentait un pénis très -volumineux, un anus lar gement dilaté etmanifestemeni relâché sans infundibulum bien formé, indices très-probables d 'habitudes de pédérastie . FIN . EXPLICATION DES PLANCHES PLANCHE I. Conformation de l'hymen à l'état normal et dans certains cas d 'allentat à la pudeur . Fig . 1 . Hymen à disposition labiale presque générale chez les petites filles. Fig . 2 . Hymen formant un diaphragme à ouverture supérieure. Fig . 3 . Hýmen formant un diaphragme à ouverture centrale . Fig . 4 . Hymen semi-lunaire . Fig . 5 Hỳmen annulaire à bords lâches et irangés . Fig . 6 . Déformation infundibuliforme de la vulve avec refoulement et dé chirure incomplète de l'hymen , caractéristiques d 'attentats à la pudeur répétés chez les petites filles . PLANCHE II. Caractère de la défloration . Fig . 1. Déchirure récente de l'hymen et de la fourchette à deux lambeaux . Fig . 2 . Defloration récente. Hymen divisé en trois lambeaux . . Fig . 3 . Hymen déchiré formant quatre lambeaux, renversé en dehors . Fiù . 4 . Defloration ancienne avec rétraction des lambeaux et formation des caroncules hyménales ou myrtiformes. Fig . 5 . Déchirure de l'hymen et de la fourchette par introduction brusque des doigts au -dessous du bord libre . PLANCHE III. Des taches soumises à l'examen de l'expert dans les cas de viol et d 'attentat à la pudeur . Fig . 1 . Caractères microscopiques des taches formées par du sang mens truel. a , a , a . Globules de sang plus påles que dans le sang ordinaire. b , b . Corpuscules granuleux demucus. C, c, c. Lamelles imbriquées d 'épithélium pavimenteux provenantde la muqueuse vaginale . Fig . 2. Caractères microscopiques des taches formées par la malière des écoulements vaginaux . a . Globules de mico-pus. b . Lamelles d ' épithélium pavimenteux . c . Noyaux des cellules épithéliales. Fig . 3 . Caractèresmicroscopiques des taches de sperme. a . Spermatozoïdes intacts. b . Debris de spermatozoïdes brisés. 6. Globules de mucus sphériques finement granuleux. d . Cellules épithéliales de l'urèlbre. e . Granulations graisseuses. f. Cristaux prismatiques à base rhoinboïdale de phosphate de ma gnésie . g. Gouttelettes transparentes de la liqueur spermatique. PLANCHE IV . Exemple des désordres que produit la pédérastie passive ou la sodomie . Disposition infundibuliforme. - Dilatation excessive de l'anus. - Rela - chement complet des sphincters. - Incontinence des matières. - Fissures et rhagades profondes. Imprimerie L . Toinon et ce, à Sain :-Germain . Tardieu . PII. l'ig .1 Fig . + l'ig: 2 . Fig. 5 . Fig:6 P. Lackerbauer, del. Publié par J. B . Baillière et Fils . . Imp. Geny .Gros r. de la Montagne ste Geneviève, 34 .

Tardieu . PL. 11 . Fig . 1. Fig . 4. P. Lackerbauer,del. Oudet, we Publié par J. B .Bailliere et Fils .

Tardieu . Pl. III. ? 21. fig .1. Fig . 3 . . CO 1. Lackerbauer , del . Lebrun , sc. Publié par J. B . Baillière et Fils . Imp. Geny -Gros r. de la Montngne seGenevieve, 34 .

Tardieu P Lakerbauer del. Lebrun NC Publié par J . B . Bailliere et Fils .

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