Champ Libre  

From The Art and Popular Culture Encyclopedia

(Redirected from Editions Champ Libre)
Jump to: navigation, search

Related e

Wikipedia
Wiktionary
Shop


Featured:

Champ Libre is a French publishing house founded in 1969 by Gérard Lebovici in Paris.

In 1984, after the assassination of Gérard Lebovici, Champ Libre changed its name and became Editions Gérard Lebovici as an hommage. In 1992, it became éditions Ivrea.

Contents

See also

Histoire

Secondé par Gérard Guégan, qui en est le premier directeur littéraire, Gérard Lebovici s'entoure d'une équipe qui comprend notamment Alain Le Saux et Raphaël Sorin ainsi que sa femme Floriana Chiampo. Champ Libre publie dans cet après-68 un large éventail de textes divers qui reflètent la recherche idéologique de l'époque ainsi qu'une ouverture vers la contre-culture américaine. A ses débuts, Champ Libre n'a pas de ligne éditoriale précise. La maison surfe sur la vague de 1968 et s'intéresse à l'underground, à la science-fiction, à la sexualité ainsi qu'aux classiques de l'anarchisme et du marxisme.

En septembre 1971, Champ Libre republie le livre de Guy Debord, La Société du spectacle, et édite des ouvrages qui se situent à contre-courant, comme celui du sinologue Simon Leys (de son vrai nom Pierre Ryckmans), Les habits neufs du président Mao, qui contribue à dégonfler le mythe de la révolution culturelle chinoise encore très vivace en France à cette époque surtout parmi les intellectuels et les militants. La rencontre de Lebovici et Debord en 1971 est décisive car elle marque le début d'une indéfectible amitié qui va marquer l'orientation de Champ Libre. Guy Debord aiguise le regard de l'éditeur. Champ Libre devient peu à peu à partir de 1972 un espace neuf de critique sociale en rupture avec l'édition de gauche traditionnelle, se démarquant ainsi du gauchisme "trotsko-maoïstes" alors en vogue.

En 1974, Lebovici congédie la première équipe de Champ Libre, reprochant à Guégan de publier ses propres livres et l'accusant de vouloir transformer l'entreprise en une maison d'édition commerciale comme les autres. Guy Debord prend alors une part grandissante dans le choix de publications des titres (Clausewitz, Jomini, August von Cieszkowski, Anacharsis Cloots, Baltasar Gracian, Bruno Rizzi, Jorge Manrique, les poètes des Th'ang, Omar Khayyam mais aussi Jaime Semprun, Jean-Louis Moinet et bien d'autres). Champ Libre republie également quelques grands classiques révolutionnaires ainsi que des écrivains opposants du stalinisme (Gustav Landauer, Karl Korsch, Ante Ciliga, Boris Souvarine, Nicolas Valentinov, Boris Pilniak, George Orwell).

La politique commerciale de la maison, sous l'influence de Debord, va rompre avec tous les usages habituels du milieu de l'édition : pas de publications en livres de poche des titres les plus vendus, aucun contact avec la presse, refus des prix littéraires, rupture avec tout auteur dont le comportement n'est pas en cohérence avec l'esprit de la maison. Debord, dans une lettre à Lebovici en avril 1975, considère que parmi les quatre-vingts titres publiés alors il n'y a que 22 bons livres, le reste étant médiocre, voire franchement mauvais. Le pourcentage de bons livres est malgré tout largement supérieur à celui de n'importe quel autre éditeur fait remarquer Debord. En mars 1978, Gérard Lebovici reconnaît dans une lettre à un de ses auteurs que « (...) l'époque y participant, je m'améliore sans doute, car je refuserais aujourd'hui bon nombre de livres figurant au catalogue Champ Libre (...) ».

Les années qui suivent confirment l'originalité de Champ Libre dans le paysage éditorial. L'équipe se rétrécit : Floriana Lebovici assume l'essentiel des fonctions accompagnée par Hortensia Biscaretti di Ruffia, Catherine Nicole et un maquettiste. Floriana Lebovici introduit de nouvelles maquettes somptueuses qui vont devenir la marque de la maison. Champ Libre publie les situationnistes dont un recueil comportant les 12 numéros de la revue Internationale situationniste, mais aussi Véridique Rapport sur les dernières Chances de sauver le Capitalisme en Italie de Censor (pseudonyme de Gianfranco Sanguinetti) traduit par Guy Debord, le Précis de récupération de Jaime Semprun ou encore une réédition de De la Misère en Milieu Etudiant. En février 1979, Debord rédige une Déclaration qui paraîtra en tête des catalogues de Champ libre jusqu'en 1991. Il s'agit d'une déclaration de guerre aux journalistes et aux critiques littéraires qui y sont traités de "professionnels de la falsification et de la jobardise". On peut y lire que « Champ Libre a cessé de reconnaître l'existence de la presse ».

Champ Libre n'a aucun souci d'argent. La maison est volontairement déconnectée du marché et ne cède à aucun compromis commercial. Dans L'Édition française depuis 1945 (Éditions du Cercle de la Librairie, Paris, 1998), Anita Blanc, ancienne collaboratrice de Champ Libre, explique cette indépendance : « Dégagé des soucis économiques qui sont le lot permanent des petites maisons d'édition à la production exigeante, Lebovici pourra se permettre de soutenir financièrement un catalogue de "petite vente" sans concessions commerciales et de n'éditer, même à perte, que les ouvrages qu'il estime nécessaires et sélectionnera avec rigueur. »

Après l'assassinat resté mystérieux de Gérard Lebovici en 1984, Floriana Lebovici, sur conseil de Guy Debord, rebaptise Champ Libre « Éditions Gérard Lebovici » tout en gardant le logo de Champ Libre sur la couverture des nouvelles parutions. Elle travaille avec divers conseillers dont Roger Lewinter, Marc Dachy, Michel Pétris et bien sûr Guy Debord. Debord publiera en février 1985 ses Considérations sur l'assassinat de Gérard Lebovici où il fait remarquer que « Gérard Lebovici avait publié beaucoup plus de classiques que de subversifs contemporains, mais dans un moment de décadence et d'ignorance programmées, où l'on discerne moins la révolution qui monte que la société qui descend, la publication même des classiques a passé pour un acte subversif. »

Suite au décès de Floriana Lebovici en février 1990 et au conflit opposant Guy Debord aux héritiers, les éditions sont mises en liquidation en 1991. On peut suivre les péripéties de cette rupture dans le volume 7 de la Correspondance de Debord (Fayard, 2008). Le fonds de la maison est repris en 1992 par Jean-François Dodart et Lorenzo Valentine (fils de Floriana d'un premier mariage) sous le nom d'Éditions Ivrea (du nom de la ville natale de Floriana Lebovici) où ils poursuivent, par exemple, l'édition des écrits de George Orwell en collaboration avec Jaime Semprun et les Éditions de l'Encyclopédie des Nuisances.

Catalogue (ordre chronologique)

Certains de ces livres, notamment ceux de Guy Debord, ne sont plus édités par les Éditions Ivrea.

Chute Libre

Collection de science-fiction des Editions Champ Libre dirigée par Jean-Claude Zylberstein, créée sur une idée de Jean-Patrick Manchette. La collection n'a existé que quatre ans : de 1974 à 1978.

Collection Symptôme

  1. Collectif, L'État massacre (1971)
  2. Jules Celma, Le journal d'un éducastreur (1971)
  3. Front homosexuel d'action révolutionnaire, Rapport contre la normalité (1971)
  4. Christine Martineau et Jean-Pierre Carasso, Le Travail Dans Les Prisons (1972)
  5. Marie Minois, Les mal barrés. La politique, ceux qui en vivent, ceux qui en crèvent (1972)
  6. Kommune 2. - A Berlin-Ouest, adultes et enfants créent une commune pour en finir avec l'être bourgeois. (1972)

Bibliothèque asiatique

  • Simon Leys, Les habits neufs du président Mao (1971) (Préface de René Viénet)
  • Luo Mengce, Le Paradoxal Destin politique de Confucius, imprimé en chinois à Hong Kong (mai 1972). Le livre le plus ridicule jamais publié chez Champ Libre, dixit Debord.
  • De la Misère en Milieu Etudiant Considérée sous ses aspects économique, politique, psychologique, sexuel et notamment intellectuel et de quelques moyens pour y remédier, édition en chinois, anglais et français (décembre 1972), édition vivement critiquée par Guy Debord car certains passages sont manquants et la typographie des plus aléatoires (trois caractères sur les sept du titre ayant été imprimés à l'envers)

Dirigée par René Viénet, cette collection « itinérante » sera publiée par la suite chez d'autres éditeurs, notamment en 10/18.

Collection Intolérable

Les deux ouvrages suivants de la collection (« L'assassinat de George Jackson » en 1971 et « Suicides de prison » en 1973) seront édités chez Gallimard.

Collection Classiques de la Subversion

  • Joseph Déjacque, A bas les chefs! Textes établis et annotés par Valentin Pelosse (1971)
  • Ernest Cœurderoy, Pour la Révolution précédé de Terrorisme ou Révolution par Raoul Vaneigem (mars 1972)
  • Georges Darien, L'Ennemi du Peuple précédé de Crève la Démocratie! par Yann Cloarec (pseudonyme de Gérard Guégan) (mars 1972)
  • Zo d'Axa, Endehors (juin 1974)

Les Cahiers du Futur

  • N°1 - Sur la démocratie (1973)
  • N°2 - La dictature (1974)

Bibliographie sur Champ Libre

  • Éditions Champ Libre, Correspondance Vol. 1 (Champ Libre - 1978 / éditions Ivrea - 1996) et Correspondance Vol. 2 (Champ Libre - 1981 / éditions Ivrea - 1996) : "Des éditions ne sont pas seulement définies par les auteurs qu'elles acceptent ou qu'elles repoussent, mais encore par la manière dont elles les acceptent et les repoussent."
  • Guy Debord, Considérations sur l'assassinat de Gérard Lebovici (éd. Gérard Lebovici, 1985)
  • Guy Debord, Correspondance, volume 5 (Arthème Fayard, 2005). Ce volume contient plusieurs lettres de Debord à Lebovici au sujet des éditions Champ Libre, notamment à la page 263 dans une importante note datée d'avril 1975 dans laquelle Debord exprime son avis sur les livres publiés jusqu'à cette date.
  • Guy Debord, Correspondance, volume 6 (Arthème Fayard, 2006). Ce volume couvre la période allant de janvier 1979 à décembre 1987.
  • Guy Debord, Correspondance, volume 7 (Arthème Fayard, 2008). Ce volume couvre la période allant de janvier 1988 à novembre 1994. On peut y lire des lettres éclairantes sur le conflit qui opposa Debord aux héritiers Lebovici.
  • Gilles de Bure, L'âge d'or de l'illustration (Éditions du collectionneur, 1997) : le chapitre "la peau du livre" (pp 168-175) revient sur le travail graphique de la première équipe, et en particulier le rôle de Le Saux. Nombreuses reproductions de couvertures.
  • Pascal Fouché, L'Édition française depuis 1945 (Éditions du Cercle de la Librairie, Paris, 1998). Ce livre comporte un article d'Anita Blanc, ancienne collaboratrice de Champ Libre, sur la maison d'édition. Guy Debord demandera son licenciement en 1991 pour faute professionnelle grave.
  • Christophe Bourseiller, Vie et mort de Guy Debord (Plon, 1999; Presses Pocket, 2002) : une biographie de celui qui joua un rôle crucial chez Champ Libre, auteur de La Société du spectacle. La version ici donnée de la rupture avec les héritiers Lebovici est en contradiction avec ce que l'on peut lire dans le volume 7 de la Correspondance de Guy Debord paru en 2008. Christophe Bourseiller a, de façon délibérée ou par ignorance, passé sous silence certains faits décisifs.
  • Christophe Bourseiller, Histoire Générale de l'Ultra-Gauche (Denoël, 2003) : le début du chapitre "comment gérer l'héritage ?" (pp 387-410) traite de Champ Libre, jusqu'au lancement d'Ivrea (et la rupture avec Debord). Template:Référence nécessaire
  • Jean-Luc Douin, Les jours obscurs de Gérard Lebovici (Stock, 2004) : une biographie du fondateur des éditions Champ Libre par un journaliste du Monde. Template:Référence nécessaire
  • Gérard Guégan, Cité champagne, esc I, Appt 289, 95- Argenteuil (Champ Libre 1 : 1968-1971) (Grasset, 2006).
  • Gérard Guégan, Montagne Sainte-Geneviève, côté cour (Champ Libre 2 : 1972-1974) (Grasset, 2008). Récit sujet à caution tant l'auteur se complaît dans la mystification.

Notes

Template:Références

Liens internes





Unless indicated otherwise, the text in this article is either based on Wikipedia article "Champ Libre" or another language Wikipedia page thereof used under the terms of the GNU Free Documentation License; or on research by Jahsonic and friends. See Art and Popular Culture's copyright notice.

Personal tools