Timeline of surrealism and dada  

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 Prehistory of dada and surrealism  Illustration: Mona Lisa Smoking a Pipe by Eugène Bataille
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Prehistory of dada and surrealism
Illustration: Mona Lisa Smoking a Pipe by Eugène Bataille
Prehistory of dada and surrealism  Ubu Roi (King Ubu) is a play developed by Alfred Jarry premiered on December 10 1896, and is widely acknowledged as a theatrical precursor to the Absurdist, Dada and Surrealist art movements.
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Prehistory of dada and surrealism
Ubu Roi (King Ubu) is a play developed by Alfred Jarry premiered on December 10 1896, and is widely acknowledged as a theatrical precursor to the Absurdist, Dada and Surrealist art movements.

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Timeline of surrealism and dada. Starts in 1896 with the birth of André Breton and ends in 1969 with the dissolution of the Surrealists. The prehistory of dada is the proto-avant-garde.

1896

1897

  • éphéméride
    October 3 - Birth of Louis Aragon in Paris. Only son brought up in 'une famille "truquée" (words of Pierre Daix) where the mother pretends to be the grandmother, the older sister for the mother and the father for the godfather in order to keep up appearances of respectability.

1899

1900

  • éphéméride
    22 février - Naissance de Luis Buñuel à Calanda, Aragon (Espagne).
    4 juillet - Naissance de Robert Desnos à Paris. Enfance dans le 4e arrondissement (Quartier des Halles).
  • « cette année-là »
    Guillaume Apollinaire arrive à Paris, après une enfance et une adolescence passées en Belgique, en Italie, à Monaco et à Nice.
    Les parents d'André Breton s’installent à Pantin (act. Seine-St-Denis). Le père assure la sous-direction d’une petite cristallerie.

1901

  • « cette année-là »
    Âgé de cinq ans, Antonin Artaud est atteint par une fièvre cérébrale, peut-être une méningite, qui laisse des séquelles.

1902

1903

  • éphéméride
    Septembre - Antonin Artaud est envoyé au collège du Sacré-Cœur à Marseille dirigé par des maristes.

1904

1907

  • éphéméride
    1er novembre - Alfred Jarry meurt d'une méningite tuberculeuse.
  • Œuvres
    Guillaume Apollinaire « Les Onze mille verges » Pour une réédition ultérieure, Louis Aragon aurait écrit une préface qu'il n'aurait pas signée (Pierre Daix)).</br>
    Pablo Picasso « Les Demoiselles d'Avignon ». Début de la période « Cubiste ».

1909

  • éphéméride
    Janvier - Filippo Tommaso Marinetti « Manifeste du futurisme » : "Nous voulons démolir les musées, les bibliothèques, combattre le moralisme, le féminisme, et toutes les lâchetés opportunistes et utilitaires. [...] Il n'y a plus de beauté que dans la lutte. Pas de chef-d'œuvre sans un caractère agressif. La poésie doit être un assaut violent contre les forces inconnues, pour les sommer de se coucher devant l'homme."
    20 février - Le journal "Le Figaro" publie le « Manifeste du futurisme »
    7 octobre - Dans sa chambre de la rue Ravignan, à Paris, Max Jacob a une vision. Il se converti au catholicisme.
  • « cette année-là »
    Jef Golyscheff quitte l'Ukraine pour Berlin où il poursuit des études de théorie musicale et de composition.
    Francis Picabia « Caoutchouc »

1910

1911

1912

  • éphéméride
    14 avril - Benjamin Guggenheim meurt dans le naufrage du Titanic. Sa fille Peggy hérite de 50 000 dollars.
    Avril - Arthur Cravan fait publier le premier numéro de sa revue "Maintenant" sur du papier de boucherie. Il préconise "une alchimie du verbe qui passe par la redécouverte du corps et de ses possibilités lyriques."
    Décembre - Paul Eluard est envoyé à Clavadel, en Suisse, pour soigner sa tuberculose. Il rencontre Gala.

1913

  • éphéméride
    Novembre - Guillaume Apollinaire prend la direction de la revue "Les Soirées de Paris"
    1er décembre - Paul Eluard « Premiers poèmes », publication à compte d'auteur sous le nom de Paul-Eugène Grindel. Le recueil est sous-titré « Loisirs, Pierrot, les cinq rondels du tout jeune homme »
  • « cette année-là »
    À l'"Armory Show" de New York, cent mille visiteurs admirent le « Nu descendant l'escalier » de Marcel Duchamp. Un critique compare l'œuvre à une explosion dans une fabrique de tuiles.
    Max Ernst rencontre Apollinaire et le peintre Robert Delaunay. Il participe au premier Salon d'automne allemand organisé par August Macke et Vassili Kandinsky.
    Jef Golyscheff revient d'un tour de monde, commencé en 1912, au cours duquel il dit avoir assisté à la cérémonie du couronnement à New Delhi, à la guerre de Tripoli et à la révolution chinoise à Canton.
  • Œuvres
    Guillaume Apollinaire « La Peinture moderne », « Les Peintres cubistes », essais, « Alcools », Breton : "Le plus grand ouvrage poétique du XXe siècle."
    Giorgio de Chirico « L'Incertitude du poète », « Mélancolie d'un après-midi », « Autoportrait »
    André Derain « L’Offrande », « Le Samedi », Breton : "La reproduction photographique découpée dans les "Soirées de Paris" ne m'a pas quitté de toute la guerre."
    Marcel Duchamp « Roue de bicyclette »
    Francis Picabia « Machines tournez vite », « Paroxysme de la douleur [sic] », « Udnie »
    Luigi Russolo « L'Art des bruits »

1914

  • éphéméride
    Janvier - Paul Eluard « Dialogues des inutiles », suite de poèmes en prose préfacée par Gala
    20 mars - Publication de trois poèmes d'André Breton dont « D'or vert les raisins mûrs et mes futiles vœux » et « Le Saxe fin » dans la revue symboliste "La Phalange" fondée par Jean Royère (théoricien du "musicisme", passionné par les questions de langage, auteur du recueil de poèmes « Sœur de Narcisse nue ».
    31 juillet - Assassinat de Jean Jaurès.
    Première quinzaine d'août - Déclarations de guerre successives. La Der des Ders commence.
    Guillaume Apollinaire s'engage. Il est affecté au 96e régiment d'infanterie avec le grade de sous-lieutenant.
    Mobilisations d'André Derain, Fernand Léger et Jacques Vaché.
    Duchamp réformé, part pour New York.
    Vassili Kandinsky et le collectionneur Daniel-Henry Kahnweiler sont expulsés de France. La galerie de ce dernier est placée sous séquestre comme bien ennemi.
    9 décembre - Ajournement d'Artaud au conseil de révision.
    Mobilisé, Eluard est versé dans le service auxiliaire.
  • « cette année-là »
    Artaud souffre de ses premières crises de dépression.
    Jef Golyscheff compose un trio et un quatuor à cordes de conception dodécaphonique sérielle salués par Arnold Schoenberg.
    La revue symboliste "Vers et Prose" dirigée par Paul Fort publie le premier « Chant de Maldoror » de Lautréamont.

1915

  • éphéméride
    Février - André Breton est mobilisé comme interne en médecine.
    Mars - Parution à New York du premier numéro de la revue d'avant-garde "291" dirigée par Alfred Stieglitz.
    Automne - Adrienne Monnier ouvre une librairie au 7 rue de l'Odéon à Paris.

1916

  • éphéméride
    André Breton est envoyé à Nantes. "Le Pohète" rencontre ce "jeune homme très élégant, aux cheveux roux" qui peint des cartes postales représentant des figures de mode accompagnées de légendes bizarres : Jacques Vaché. Il oppose à Breton la référence à Alfred Jarry, la "désertion à l'intérieur de soi-même" et n'obéit qu'à une loi, l'"Umour (sans h)".
    February 5 - Naissance à Zurich du mouvement Dada par la grâce des poètes Hugo Ball, Richard Huelsenbeck, Tristan Tzara et des peintres Jean Arp, Marcel Janco, Sophie Taeuber et une page de dictionnaire prise au hasard. Ils investissent une taverne de la Spiegelstrasse, la transforment en café littéraire et artistique et la rebaptisent "Cabaret Voltaire". Hugo Ball : "Janco a fait un certain nombre de masques […] conçus pour être vus à distance, font un effet incroyable dans la salle relativement petite du cabaret […] Non seulement le masque réclamait aussitôt le costume, mais il imposait également des gestes précis, pathétiques, qui frôlaient la démence. Sans que nous eussions pu nous en douter […], nous fûmes en train de nous mouvoir comme dans un ballet bizarre, drapés et ornés d'objets invraisemblables, renchérissant l'un l'autre par nos idées."
    Les premiers poèmes d'Antonin Artaud paraissent dans "La Revue de Hollande".
    17 mars - Guillaume Apollinaire est grièvement blessé à la tête.
    André Breton rencontre Adrienne Monnier : "Nous eûmes, écrit-elle, tout de suite de longues conversation [...] Il avait des vues exclusives qui me dépaysait tout à fait [...] [Son] regard restait étranger au monde et même à soi [...] C'est la violence qui le fait statue."
    Mai - Jacques Vaché est renvoyé au front comme interprète auprès des troupes britanniques.
    May 10 - Breton meets Apollinaire he day after his trepanation.
    Nouvelle affectation de Breton au centre psychiatrique de la 2e armée à Saint-Dizier.
    Juin - Parution de l'unique numéro de la revue "Cabaret Voltaire" créée par Hugo Ball : un cahier contenant des textes d'Apollinaire, Blaise Cendrars, Marinetti et des reproductions d' Amedeo Modigliani et Picasso, sous une couverture signée Jean Arp.
    28 juillet - Tristan Tzara « La Première aventure céleste de Monsieur Antipyrine »
    Publication de "SIC" (Sons Idées Couleurs), revue en faveur de l'art moderne dirigée par Pierre Albert-Birot à laquelle participent Apollinaire, Louis Aragon, Breton et Pierre Reverdy.
    9 août - Déclaré bon pour le service, Artaud est incorporé dans le 3e régiment d'infanterie en garnison à Digne.
    11 octobre - Première lettre de Jacques Vaché à Breton : "[...] je promène de ruines en villages mon monocle de Crystal et une théorie de peintures inquiétantes -, j'ai successivement été un littérateur couronné, un dessinateur pornographique connu et un peintre cubiste scandaleux..."
    28 novembre - Hugo Ball : "Ce que nous appelons Dada est un jeu de fous dans le vide, qui a impliqué tous les grands problèmes […] tel un geste de gladiateur ; un jeu avec des restes minables […] l'exécution de la moralité prétendue", lettre à Richard Huelsenbeck.
  • Œuvres
    Guillaume Apollinaire « Le Poète assassiné »
    Jean Arp « Construction élémentaire selon les lois du hasard », morceaux de papier tirés au sort et collé au hasard
    Giorgio de Chirico « La Mélancolie du départ »
    Jean Crotti « Le Clown », assemblage
    Francis Picabia « Prostitution universelle », schéma d'une machinerie composée d'une lunette pyramétrique et d'un galvanomètre sensible à suspension réhaussé de peinture métallisée
    Pablo Picasso « Guitare et journal »
    Man Ray « Revolving doors », papiers collés, « La Danseuse de corde s'accompagnant de ses ombres », aérographie (peinture au pistolet)
    Georges Ribemont-Dessaignes « L'Empereur de Chine », considéré comme la première pièce dada.

1917

  • éphéméride
    8 janvier - André Breton est affecté comme infirmier à Paris, puis comme externe au centre neurologique de la Pitié.
    20 janvier - Antonin Artaud est réformé temporairement.
    Premier numéro de la revue "391" à Barcelone.
    25 mars - Guillaume Apollinaire « L’Horloge de demain », calligramme publié dans la revue "391".
    Lettre d'Apollinaire à Paul Dermée : "Tout bien examiné, je crois en effet qu'il vaut mieux adopter surréalisme que surnaturalisme que j'avais d'abord employé. Surréalisme n'existe pas encore dans les dictionnaires, et il sera plus commode à manier que surnaturalisme déjà employé par MM. les Philosophes."
    Georges Ribemont-Dessaignes « Civilisation » : "Il est avéré désormais que le plus pur moyen de témoigner de l'amour à son prochain est bien de le manger. [...] Posséder par le cœur, ou posséder par l'estomac ? Celui-ci est plus certain. Et puis, en cas de contre-ordre, il y a toujours la nausée."
    10 avril - Marcel Duchamp « Fontaine », urinoir renversé et signé "R. Mutt". Proposée dans le cadre d'une exposition sans jury et sans médaille organisée à New York par la Société des artistes indépendants, l'œuvre est refusée pour cause d'obscénité et de non-art. Photograhiée par Alfred Stieglitz, elle est aussitôt publiée dans la revue "The Blind man".
    André Masson est grièvement blessé au Chemin des Dames.
    Mai - À Zurich, exposition Dada « Musique et danse nègre »
    Création à Paris du ballet « Parade » sur une musique d'Erik Satie dans des décors de Picasso.
    24 juin - Première houleuse et interrompue des « Mamelles de Tirésias » d'Apollinaire, à Paris. Jacques Vaché, déguisé en officier anglais, revolver au poing, somme de faire cesser la représentation sous menace d'user de son arme contre le public. Apollinaire apparaît sur la scène et crie au public "Cochons !".
    Apollinaire présente Philippe Soupault à Breton.
    Juillet - Tristan Tzara, premier numéro de la revue "Dada".
    18 août - Lettre de Vaché à Breton : "L'art est une sottise - Presque rien n'est une sottise - l'art doit être une chose drôle et un peu assommante - c'est tout [...] D'ailleurs - l'Art n'existe pas, sans doute - Il est donc inutile d'en chanter - pourtant : on fait de l'art - parce que c'est comme cela et non autrement - Well - que voulez-vous y faire ?"
    1er septembre - Breton, affecté à l'hôpital du Val-de-Grâce, y fait la connaissance de Louis Aragon, étudiant en médecine comme lui.
    Adrienne Monnier solde le numéro de la revue "Vers et prose" contenant le premier « Chant de Maldoror »de Lautréamont. Aragon et Breton achètent le lot et en distribuent les exemplaires à leurs amis. Ils passent leurs nuits de garde à se les lire à haute voix. Aragon : "Parfois, derrière les portes cadenassées, les fous hurlaient, nous insultant, frappant les murs de leurs poings. Cela donnait au texte un commentaire obscène et surprenant. Les brusques trous de silence étaient plus impressionnants encore que le vacarme démentiel."
    Octobre - Révolution bolchévique en Russie.
    Novembre - Conférence de Guillaume Apollinaire « L'Esprit nouveau et les poètes » : "Un mouchoir qui tombe peut être pour le poète le levier avec lequel il soulèvera tout un univers." Déception de Breton quand il entend Apollinaire parler de "bon sens français" et de son "horreur du chaos ou du désordre".
    Décembre - Artaud est réformé définitivement.
  • « cette année-là »
    Séjour d'Artaud à Divonne-les-Bains (Ain). Un médecin croit reconnaître dans les symptômes une syphilis héréditaire et prescrit un traitement par piqûres à base d'arsenic, de mercure et de bismuth.
    Hugo Ball rompt avec le mouvement Dada.
    Après avoir entretenu une correspondance régulière depuis 1913, Breton rencontre Paul Valéry.
    Arthur Cravan épouse la poétesse Mina Loy à New York. Invité à participer à une conférence sur l'humour, Cravan se met à rire sans rien dire et commence à se déshabiller jusqu'à l'intervention de la police.
    Pierre Reverdy, premier numéro de la revue "Nord-Sud"
    Georges Ribemont-Dessaignes est démobilisé.
    Contraints de fermer le "Cabaret Voltaire", les dadaïstes ouvre une galerie dans l'artère principale de Zurich, la Bahnhofstrasse.
  • Œuvres surréalistes
    Guillaume Apollinaire « Les Mamelles de Tirésias » sous-titré "Drame surréaliste en deux actes et un prologue", éditions SIC, « La Bréhatine », scénario de film non tourné
    Jean Arp « Fleur-marteau », papiers découpés, « La Mise au tombeau des oiseaux et papillons (Portrait de Tristan Tzara », relief (planches de bois aux contours sinueux, découpées, fixées et peintes ou non)
    Hugo Ball « Karawane », poème non-sensique
    Giorgio de Chirico « Intérieur métaphysique »
    Paul Eluard « Le Devoir et l'inquiétude »
    George Grosz « La Grande ville », peinture
    Francis Picabia « Parade amoureuse », « Portrait de Marie Laurencin, Four in hand »
    Philippe Soupault « Aquarium »
  • Autres œuvres
    Marc Chagall « Les Amoureux au-dessus de la ville »
    Max Jacob « Le Cornet à dés »
    Paul Valéry « La Jeune Parque » dont l'académisme déçoit Breton qui commence à prendre ses distances.

1918

  • éphéméride
    Mobilisation de Jacques Rigaut.
    Avril - Fondation du "Club Dada" à Berlin et organisation de la première soirée "Dada" par Richard Huelsenbeck.
    Mai - Au cours d'une opération commando, Joë Bousquet est grièvement blessé. Il en devient paraplégique.
    Après l'examen de médecin auxiliaire Louis Aragon est envoyé sur le front en Champagne et André Breton à Saint-Mammès (Seine-et-Marne).
    28 juillet - Dans une lettre à Théodore Fraenkel, Breton lui fait part du projet en commun avec Aragon et Philippe Soupault, d'un livre sur les peintres Georges Braque, Giorgio de Chirico, André Derain, Juan Gris, Marie Laurencin, Henri Matisse, Pablo Picasso et Le Douanier Rousseau.
    16 septembre - La revue de Louis Delluc "Le Film" publie un article d'Aragon intitulé « Du décor » : "[...] courageux précurseurs, qu'ils fussent peintres ou poètes [...] qu'un journal ou un paquet de cigarettes savaient émouvoir [...] Ils connaissent cette fascination des hiéroglyphes sur les murs [...] Ces lettres qui vantent un savon valent les caractères des obélisques ou les inscriptions d'un grimoire de sorcellerie [...) Nous les avons déjà vues éléments d'art chez Picasso, Braque ou Juan Gris".
    Septembre - Breton rentre à Paris.
    Antonin Artaud est envoyé près de Neufchatel en Suisse dans une clinique spécialisée dans les affections nerveuses.
    1er novembre - Breton rend visite à Picasso au Bateau-Lavoir.
    9 novembre - Mort de Guillaume Apollinaire, victime de la grippe espagnole. Enterrement le 13 au cimetière du Père-Lachaise. Soupault : "Je puis encore reconnaître certains jours, dans un rayon de soleil, au coin d'une rue ou brillant dans la monotonie de la pluie qui tombe, le sourire d'Apollinaire."
    10 novembre - Aragon est envoyé en Alsace, puis en Sarre avec l'armée d'occupation. (Il évoquera cette période quarante ans plus tard dans son poème «Est-ce ainsi que les hommes vivent ?».)
    11 novembre - Armistice
    14 novembre - Lettre de Jacques Vaché à Breton : "Comment vais-je faire, pauvre ami, pour supporter ces derniers mois d'uniforme [...] ILS se méfient... ILS se doutent de quelque chose - Pourvu qu'ILS ne me décervèlent pas pendant qu'ILS m'ont en leur pouvoir."
    24 novembre - Première représentation de « Couleur du temps » d'Apollinaire. Rencontre Breton / Paul Eluard à cette occasion.
    À Berlin, le "Novembergruppe" dont font partie Jef Golyscheff et le peintre expressionniste Emil Nolde publie un manifeste demandant la dissolution des académies et la liberté totale du dessin dans les arts plastiques.
    19 décembre - Lettre de Vaché :"[...] je m'en rapporte à vous pour préparer les voies de ce Dieu décevant, ricaneur un peu, et terrible en tout cas. Comme ce sera drôle, voyez-vous, ce vrai ESPRIT NOUVEAU se déchaîne."
    Décembre - Le troisième numéro de "Dada" (lettrage rouge sur couverture blanche avec un bois gravé abstrait de Janco et citation de Descartes : "Je ne veux même pas savoir s'il y a eu des hommes avant moi.") arrive à Paris. Il contient le « Manifeste Dada ». Tristan Tzara : "Je détruis les tiroirs du cerveau et ceux de l'organisation sociale [...] Dada ne signifie rien."

1919

  • éphéméride
    6 janvier - Jacques Vaché et un camarade sont retrouvés morts dans une chambre d'hôtel à Nantes, probablement d'une overdose d'opium.
    22 janvier - André Breton écrit à Tristan Tzara : "Je ne savais plus de qui attendre le courage que vous montrez. C'est vers vous que se tournent aujourd'hui tous mes regards."
    5 février - Breton annonce à Louis Aragon le projet d'une publication mensuelle intitulée "Le Nouveau Monde" avec la collaboration de Philippe Soupault.
    18 février - À propos de la revue en préparation, Breton écrit à Tzara : "À une ou deux exceptions près, je pense que tous nos collaborateurs incarnent à un degré quelconque cet esprit nouveau pour lequel nous luttons."
    Francis Picabia « Tamis du vent », dessin publié dans la revue "391"
    Publication du manifeste "Dada contre Weimar", à Berlin.
    10 mars - Après un détour par Zurich où il rencontre Tzara, Picabia revient à Paris.
    19 mars - Premier numéro de la revue "Littérature" fondée par Aragon, Breton, René Hilsum camarade de Breton au lycée Chaptal et Soupault. Le titre a été proposé par Paul Valéry.
    Jean Paulhan arrive à Paris après trois années passées à Madagascar. Il travaille au ministère de l'Instruction publique.
    4 avril - Lettre de Breton à Tzara : "Tuer l'art est ce qui me paraît le plus urgent, mais nous ne pouvons guère opérer en plein jour."
    15 avril - Breton achève de copier l'unique exemplaire disponible à la Bibliothèque nationale des « Poésies » de Lautréamont (Pierre Daix : "cette sorte de démenti qu'il s'est donné à lui-même." José Pierre : "Négation de la négation.") Le projet de les publier provoque un début de rupture entre Breton, seul déjà, et les "autres" surréalistes. Breton : "Dans les « Poésies », bien autre chose que le romantisme est en jeu. [...] il y va de toute la question du langage [...] le besoin de prouver constamment par l'absurde ne peut être pris pour un signe de déraison."
    17 avril - Breton envoie à Aragon son premier poème-collage « Une maison peu solide ».
    28 avril - Première exposition Dada à Berlin. Jef Golyscheff présente une œuvre plastique avec des jouets d’enfant et un collage dense composé de coupures de presse. Raoul Hausmann : "Il apporta des choses que l’on avait jamais vue auparavant : des boîtes de conserve, des petits flacons, des bouts de bois, des peluches, des touffes de cheveux ; un invraisemblable spectacle optique ; avant cela il n’y avait jamais eu une telle représentation."
    30 avril - Jef Golyscheff fait exécuter son « Antisymphonie » par une jeune fille vêtue de blanc jouant des crécelles et tapant sur des couvercles de casseroles, lui-même au piano : "On vous joue l’« Antisymphonie » en trois partie : a) l’injonction provocante, b) la cavité buccale chaotique, c) le super Fa pliable."
    1er mai - Nouveau poème-collage d'André Breton « Corset mystère » fait de phrases découpées dans leurs typogaphies disparates à partir d'une réclame publiée dans un journal.
    Publication de l' « Anthologie Dada » à Zurich.
    Démobilisation de Paul Eluard.
    À sa demande insistante, on fait une injection de laudanum à Artaud pour "lutter contre des états de douleurs errantes et d'angoisses dont je souffre depuis l'âge de 19 ans" (lettre de 1932).
    10 Juin - André Breton « Mont de piété », avec deux dessins d'André Derain, poèmes publiés grâce au concours de René Hilsum, fondateur de la librairie et maison d'édition "Au Sans Pareil". En remerciement d'un envoi, Paul Valéry répond à Breton : "M.V. (Ainsi il se nomme en référence à "son" poème «Monsieur V.») est étonnamment content de votre volume, qui l'eût dit ?".
    Retour d'Aragon à Paris : "J'arrivai au milieu de quelque chose qui n'avait pas plus de visage que de nom."
    Breton montre à Aragon le manuscrit des « Champs magnétiques » écrit avec Soupault. Breton : "des "phrases de réveil", qui ont le caractère de phrases dictées par on ne sait qui, dont le dormeur n'a pas le sentiment d'être responsable."
    Publication à Berlin de la revue "Der Dada" dirigée par Raoul Hausmann.
    Exposition des premières œuvres « Merz » de Kurt Schwitters à Hanovre
    1er juillet - Breton repasse l'examen de médecin auxiliaire.
    29 juillet - Breton écrit à Tzara : "Si je vous ai envoyé « Mont de piété », c'est uniquement qu'il en coûtait à mon orgueil. Vous ne devez pas aimer ce recueil. Rien n'est mieux fait pour m'être agréable que ce que vous dites de "Littérature" comme tentative de démoralisation ascendante."
    Paul Eluard « Animaux et leurs hommes » avec cinq dessins d'André Lhote : "Et le langage déplaisant qui suffit aux bavards, langage aussi mort que les couronnes à nos fronts semblables, réduisons-le, transformons-le en un langage charmant, véritable, de commun échange entre nous."
    Août - Publication posthume des « Lettres de guerre » de Jacques Vaché : "Nous soupçonnons Apollinaire de rafistoler du romantisme avec du fil téléphonique, et de ne pas savoir les dynamos. Les astres encore décrochés ! - c'est ennuyeux." Éditées au "Sans Pareil", Breton en signe la préface.
    Francis Picabia « Pensées sans langage », poèmes
    1er septembre - Publication dans "Littérature" de « Usine » d'André Breton, première expérience d'écriture automatique. Après sa réussite à l'examen, il est affecté au nouveau centre d'aviation d'Orly. Il s'installe à l'Hôtel des Grands Hommes, près du Panthéon. Commence une relation amoureuse avec Georgina Dubreuil qui lui inspirera le poème « Lune de miel ».
    La "NRF" (Nouvelle Revue Française) publie un texte anonyme contre Tzara : "Il est fâcheux que Paris semble faire accueil à des sornettes de cette espèce qui nous reviennent directement de Berlin." Les surréalistes réagissent contre l'injure "tendant au moyen de ragots empruntés à la presse allemande à renouveler contre nos amis du mouvement Dada la manœuvre inqualifiable que le cubisme a mis dix ans à déjouer." Jean Cocteau parlera de "rappel à l'ordre".
    5 septembre - Breton envoie la coupure de la "NRF" à Tzara. Il ajoute : "Ma lassitude littéraire est toujours aussi grande, je ne puis guère souffrir les propos de cet ordre. L'optimisme incurable d'Aragon m'était devenu ces derniers temps insupportable (et j'aime trop Aragon pour le lui avouer)."
    20 septembre - André Breton et Georgina Dubreuil partent quelques jours en Bretagne. Dans la chapelle de Roscrudon, Breton souffle des cierges : "De quoi vais-je bien pouvoir payer ce geste !"
    Francis Picabia expose ses toiles mécanistes au Salon d'automne.
    Les surréalistes prennent l'habitude quotidienne de se retrouver en fin de journée au bar "Le Certa", passage de l'Opéra.
    7 octobre - Réponse de Tzara à Jacques Rivière, directeur de la "NRF" : "Si l'on écrit, ce n'est qu'un refuge : de tout point de vue. Je n'écris pas par métier. Je serais devenu un aventurier à grande allure et aux gestes fins si j'avais eu la force physique et la résistance nerveuse pour réaliser ce seul exploit : ne pas m'ennuyer."
    S'inspirant de la réponse de Tzara, Breton ouvre dans "Littérature" l'enquête : "Pourquoi écrivez-vous ?"
    Publication de « Glace sans tain », poème-écriture automatique écrit à plusieurs : "À quoi bon ces grands enthousiasmes fragiles, ces sauts de joie desséchés ? Nous ne savons plus rien que les astres morts."
    Eluard écrit quelques lignes contre Claudel. En réaction, Adrienne Monnier refuse de continuer à diffuser "Littérature".
    1er novembre - Quatre "tableaux-machines" de Francis Picabia sont exposé au Salon d'automne. Ils sont accrochés sous un escalier.
    8 novembre - Lettre de Breton à Tzara : "Vous savez que vos lettres sont ce qui m'arrive de meilleur. Je ne puis croire que vous êtes aussi bas que moi. "Littérature" m'ennuie beaucoup. J'aimerais pouvoir annoncer prochainement qu'elle fusionne avec "Dada"."
    22 décembre - Picabia envoie deux poèmes à Breton.
  • « cette année-là »
    Rencontre Aragon / Picasso.
    Artaud commence à prendre de l'opium pour lutter contre ses "états de douleurs errantes et d'angoisse".
    En regardant une toile du Titien « L'Amour sacré et l'amour profane », Chirico a la révélation de la peinture ancienne.
    Max Ernst découvre des tableaux de Chirico reproduits dans une revue et commence ses collages surréalistes. Il est exclu du groupe d'artistes de la Jeune Rhénanie pour anarchisme provocant. Il tente d'éditer une publication communisante vite interdite par les autorités françaises d'occupation. Il rend visite à Paul Klee.
    Jef Golyscheff rejoint le mouvement Dada et participe aux manifestations.

1920

  • éphéméride
    January 4 - Meeting André Breton / Francis Picabia.
    January 5 - Lettre de Breton à Picabia : "Il y a un mot que je prononce souvent ainsi que Tzara : celui de démoralisation. C'est à cette démoralisation que nous nous appliquons Soupault et moi dans "Littérature". Je sais que jusqu'à un certain point cela est puéril..."
    Tristan Tzara "attendu comme un messie" arrives in Paris.
    January 23 - The meeting at Picabia's of Tzara with the surrealists (except Eluard) dissapoints Breton. Tzara est invité à participer au premier "Vendredi de Littérature" prévu le jour même. Le malentendu est total. Certains journaux ayant annoncé une conférence sur "la crise du change", les spectateurs croient à une supercherie quand Picabia trace à la craie sur un tableau noir les lettres « L.H.O.O.Q. » que Breton efface aussitôt d'un coup d'éponge, puis Tzara, forçant son accent roumain, lit un discours de Léon Daudet pendant qu'Aragon et Breton font retentir des sonnettes. Le spectacle s'achève devant une salle vide.
    Louis Aragon « Feu de joie » avec un frontispice de Pablo Picasso
    André Breton « Lune de miel »
    5 février - Le deuxième "Vendredi" mobilise 38 conférenciers pour la lecture des manifestes Dada : "Plus de peintres, plus de littérateurs, plus de musiciens, [...], plus d'armées, plus de police, plus de patries, enfin assez de toutes ces imbécillités, plus rien, plus rien, rien, rien, RIEN, RIEN, RIEN."
    Paul Eluard, premier nuémro de la revue « Proverbe » avec les participations de Jean Paulhan, Picabia et Georges Ribemont-Dessaignes.
    Philippe Soupault « Hôtels »
    Parution de l'« Almanach Dada » à Berlin.
    21 mars - Les parents de Breton informés des manifestions et des scandales de Dada menacent de lui couper les vivres s'il persiste dans ses activités "déshonorantes". Par souci d'apaisement, il accepte un emploi de coursier à la "NRF". Il sera également chargé de lire à haute voix à Marcel Proust les épreuves de « Du Côté de Guermantes » à raison de 50 Francs par séance.
    27 mars - « Festival manifeste presbyte » organisé par Picabia au Théâtre de l'Œuvre : représentations de « Vous m'oublierez » et de « S'il vous plaît » de Breton et Soupault et de « La Première aventure céleste de Monsieur Antipyrine » de Tzara, lecture par Picabia de son « Manifeste cannibale », exécution par des choristes de « Vaseline symphonique ». Breton porte, comme un homme-sandwich, une affiche signée Picabia sur laquelle on peut lire : "Pour que vous aimiez quelque chose il faut que vous l'ayez vu et entendu depuis longtemps tas d'idiots". Scandale et chahut au dessert.
    Antonin Artaud est confié par sa famille aux bons soins du docteur Édouard Toulouse, psychiatre reconnu et directeur de l'asile de Villejuif. Celui-ci l'accueille et le nomme cosecrétaire de rédaction de sa revue "Demain". Artaud y publie des comptes rendus de livres, de salons et de spectacles et des poèmes.
    Georgina Dubreuil quitte Breton après avoir saccagé sa chambre d'hôtel où elle y brûle quelques livres dédicacés de Guillaume Apollinaire et des dessins d'André Derain, Marie Laurencin, Amedeo Modigliani et Jacques Vaché.
    Mai - Publication des « 23 Manifestes Dada » dans "Littérature".
    21 mai - Premier numéro de la revue dadaïste "Projecteur" (format 23 x 10 cm) dirigée par Céline Arnauld, éditions du Sans Pareil.
    30 mai - André Breton et Philippe Soupault « Les Champs magnétiques ». Accueil favorable de la critique. André Malraux écrit dans "Action" : "Ce livre crée un poncif au point que c'est lui que citeront les critiques de 1970 lorsqu'il sera question de l'état d'esprit des artistes de 1920."
    5 juin - Vernissage de la première Foire internationale Dada à Berlin.
    Johannes Baader « Grand-Plasto-Dio-Dada-Drama », "architecture monumentale dadaïste en 5 étages, 3 jardins, un tunnel, 2 ascenseur et une fermeture en forme de cylindre" présentée à la Foire internationale Dada, puis détruite par son auteur.
    André Breton écrit dans la "NRF" un article sur les « Chants de Maldoror » de Lautréamont à l'occasion d'une réédition : "La vie humaine ne serait pas cette déception pour certains si nous ne nous sentions constamment en puissance d'accomplir des actes au-dessus de nos forces. On sait maintenant que la poésie doit mener quelque part."
    Antonin Artaud rencontre Lugné-Poe, directeur du Théâtre de l'Œuvre, qui l'engage comme homme à tout faire.
    Juillet - Théodore Fraenkel présente Simone Kahn à Breton.
    Francis Picabia « Jésus Christ Rastaquouère »
    À cause de quelques problèmes de santé, Breton part se reposer chez ses parents. Il écrit à Jacques Rivière : "Je procède à une révision complète de mes idées qui pourra me conduire plus près de vous que je n'ai été encore." et à Picabia :"Vous savez mieux que quiconque combien je m'ennuyais à la "NRF". Je finissais par lasser mes amis et vous-même de mes façons d'agir : cela ne pouvait plus durer. En dépit des assurances que je vous donnais de temps à autre, vous preniez de jour en jour plus mauvaise opinion de moi."
    1er août - Article de Breton « Pour Dada » qui répond à André Gide ("Le jour où le mot Dada fut trouvé, il ne resta plus rien à faire. Ces deux syllabes avaient atteint le but d'inanité sonore, un insignifiant absolu.") : "Il m'est impossible de concevoir une joie de l'esprit autrement que comme un appel d'air. Comment pourrait-il se trouver à l'aise dans les limites où l'enferment presque tous les livres, presque tous les événements ?".
    Septembre - Séjour à Sarreguemines de Breton et Simone Kahn. Il fait la connaissance de Denise Lévy, la cousine de Simone.
    19 octobre - Réunion des surréalistes de "Littérature" qui décident de ne plus publier de texte littéraire et d'ouvrir la revue à la politique, à la sexualité, à la vie.
    On présente Breton au couturier Jacques Doucet. Ce dernier lui commande des lettres sur la littérature et la peinture. Il sera rémunéré 500 F par mois. Breton lui fait acheter le tableau de Pablo Picasso « Les Demoiselles d'Avignon»
    Congrès socialiste de Tours : création du parti communiste français.
    Décembre - Exposition Francis Picabia.
  • « cette année-là »
    Louis Aragon signe un contrat avec la "NRF" pour la publication prochaine de « Anicet ». Avec Breton, ils projettent d'adhérer au parti socialiste mais sont découragés par l'accueil glacial qui leur est réservé.
    Rencontre Benjamin Péret / Breton.
    Arthur Cravan disparaît dans le Golfe du Mexique au cours d'une promenade en barque.
    Jean Arp, Max Ernst et Alfred Grunwald fondent le mouvement "Dada" de Cologne et organisent une exposition. Un collage de Max Ernst contenant une reproduction de « Adam et Ève » de Dürer jugée pornographique est censurée par les autorités de la ville et l'exposition est fermée par la police.
    Jef Golyscheff expose à Berlin une cinquantaine d'aquarelles qui, par la suite, seront saisies par les nazis, montrées à l'exposition sur l'"art dégénéré" puis détruites.
    La revue de Francis Picabia "391" parait avec en couverture « LHOOQ » de Marcel Duchamp.
    Les dadaïstes berlinois découvrent l'œuvre de Giorgio de Chirico dans la revue "Valori plastici".
  • Œuvres
    Otto Dix « Les Joueurs de skat », « Le Marchand d'allumettes », peintures
    Marcel Duchamp « Fresh widow », fenêtre aux carreaux teintés de noir, « Rotative plaque verre (optique de précision) », objet cinétique
    Max Ernst « Katharina Ondulata », « Au-dessus des nuages marche la minuit », « 1 Kupferblech… », collages
    George Grosz « Daum se marrie avec son automate pédant… » aquarelle, dessin à la plume et collage, « Paysages industriels », peinture, « Republican automaton »
    Raoul Haussmann « Tatlin at home », collage
    Richard Huelsenbeck « En avant Dada » : "Le dadaïste aime la vie parce qu'il peut s'en débarrasser à tout moment, la mort étant pour lui une affaire dadaïste. Le dadaïste envisage sa journée, sachant qu'un pot de fleurs peut lui tomber sur la tête."
    Joan Miró « La Table », nature morte au lapin
    Laszlo Moholy-Nagy « Die grosse Gefühlsmachine », peinture
    Francis Picabia « La Sainte-Vierge », tâche d'encre, « Unique eunuque »
    Man Ray « L'Impossible », peinture sur verre
    Rudolf Schlichter « L'Atelier sur le toit », peinture
    Philippe Soupault « Rose des vents »
    Kurt Schwitters « Forces disjointes », peinture et assemblage de matériaux

1921

  • éphéméride
    Mars - "Littérature" publie sous le titre de « Liquidation » un tableau où sont notées de - 25 à + 25 toute sorte de personnalités comme Charles Baudelaire (Aragon 17, Breton 18, Eluard 12, Tzara -25), Lénine (A. 13, B. 12, E. -25, T. -2), Picasso (A. 19, B. 15, E. -2, T. -3) ou Rimbaud (A., B. et E. 18, T. -1).
    Louis Aragon « Anicet ou le panorama », roman
    14 avril - À l'initiative de Breton, visite de l'église St-Julien-le-Pauvre dans le cadre d'une série d'"excursions et visites à travers Paris de lieux volontairement dérisoires" auxquelles est convié le public. C'est l'occasion pour Roger Vitrac et Jacques Baron de faire connaissance avec Aragon.
    2 mai - Vernissage de l'exposition Max Ernst à la librairie du "Sans Pareil". Dans la préface au catalogue, Breton évoque une "véritable photographie de la pensée." Ernst ne peut assister au vernissage, son visa d'entrée en France lui est refusé.
    11 mai - Réagissant aux préparatifs du procès Barrès, Picabia annonce sa rupture : "Maintenant Dada a un tribunal, des avocats, bientôt probablement des gendarmes et un préposé à la guillotine !"
    13 mai - Breton préside le procès Barrès : "mise en accusation et jugement de Maurice Barrès pour crime contre la sûreté de l'esprit", organisé contre l'avis de Tzara. Péret y incarne le soldat inconnu revêtu d'un uniforme allemand, marchant au pas de l'oie, le visage dissimulé par un masque à gaz.
    6 juin - En désaccord avec Breton, Tzara organise un salon Dada dans le hall du Studio des Champs-Élysées : des cravates suspendues à une ficelle, des pipes, un violoncelle ceint d'une écharpe blanche, des tableaux peints par des poètes et des poèmes écrits par des peintres. Convié, Marcel Duchamp télégraphie de New York : "Peau de balle".
    10 juin - Première représentation du « Cœur à gaz » de Tristan Tzara
    14 juillet - Duchamp présente Man Ray aux surréalistes.
    À l'invitation de Tzara, Breton se rend dans le Tyrol et rencontre Max Ernst.
    Octobre - André Breton et Simone Kahn partent à Vienne. Breton rend visite à Sigmund Freud : rencontre sans suite.
    Paul Eluard et Gala rendent visitent à Ernst à Cologne. Début d'un ménage à trois.
    Antonin Artaud rencontre Max Jacob qui lui suggère d'aller voir Charles Dullin, directeur du Théâtre de l'Atelier. Il est engagé : "On a l'impression en écoutant l'enseignement de Dullin qu'on retrouve de vieux secrets et toute une mystique oubliée de la mise en scène." (lettre à Max Jacob). Commence une liaison avec la comédienne Génica Athanasiou.
    Novembre - Exposition des « objets impossibles » de Man Ray.
    Marcel Arland, René Crevel, Georges Limbour, Max Morise, Roger Vitrac, premier numéro de la revue "Aventure".
  • Œuvres
    Marcel Duchamp « Why not sneeze Rrose Selavy ? », boîte surréaliste, morceaux de marbre taillés comme des cubes de sucre dans une cage à oiseaux d'où sortent un os de seiche et un thermomètre
    Max Ernst « Éléphant Célèbes », « Œdipus Rex », « Dada Degas », collage
    Raoul Hausmann « Hourra ! Hourra ! Hourra ! » : "Contradiction remarquable, les Allemands sont ignobles par idéalisme ! Dans cette mesure, ils ont encore un immense avenir."
    Clément Pansaers « L'Apologie de la paresse » : "O! le luxe imprévu de la fainéantise ! La grève générale sur une grève ensoleillée !"
    Francis Picabia « L'Œil cacodylate »
    Man Ray « Cadeau », fer à repasser à clous, invention des « Rayogrammes », objets posés sur papier photographique sensible et exposés à la lumière.
    Philippe Soupault « L'Invitation au suicide »
    Théo Van Doesburg « La Matière dénaturalisée. Destruction n°2 », collage

1922

  • éphéméride
    1er janvier - André Breton s'installe au 42 rue Fontaine, au-dessus de deux cabarets appelés "Le Ciel" et "L'Enfer" et en face d'un troisième appelé "Le Néant".
    3 janvier - Breton annonce l'ouverture pour le mois de mars d'un "Congrès international pour la détermination des directives et la défense de l'esprit moderne."
    Tristan Tzara refuse de participer à ce congrès : "Je préfère me tenir tranquille plutôt que d'encourager une action que je considère comme nuisible à cette recherche du nouveau que j'aime trop, même si elle prend les formes de l'indifférence." Breton réagit par une malheureuse mise en garde "contre les agissements d'un personnage connu pour le promoteur d'un "mouvement" venu de Zurich qu'il n'est pas utile de désigner autrement." Eluard, Fraenkel, Péret et Rigaut, rejoints par Cocteau, soutiennent Tzara contre Breton. Seul Aragon reste fidèle.
    Aragon lâche définitivement la médecine. Jacques Doucet l'engage, et, avec Breton, ils rassemblent dans la bibliothèque de leur mécène les ouvrages qui ont contribué "à la formation de la mentalité poétique de leur génération."
    18 mars - Paul Eluard « Répétitions » avec des collages de Max Ernst.
    Eluard et Gala rejoignent Ernst et sa femme à Cologne. Gala affiche sa liaison avec le peintre sans se désunir du poète.
    Annulation du "Congrès".
    Avril - André Breton « Lâchez tout » : "Lâchez votre femme, lâchez votre maîtresse. Lâchez vos espérances et vos craintes. Semez vos enfants au coin d'un bois. Lâchez la proie pour l'ombre. Lâchez au besoin une vie aisée, ce qu'on vous donne pour une situation d'avenir. Partez sur les routes."
    Tristan Tzara, premier numéro de la revue "Le Cœur à barbe", sous-titré, "Journal transparent"
    Juillet - À l'exposition coloniale de Marseille, Artaud est impressionné par un spectacle de danses cambodgiennes. "Je suis en train de faire un gros effort pour supprimer l'opium. Et cela m'occasionne des souffrances épouvantables." (lettre à Génica Athanasiou)
    Août - En séjour à Lorient avec Simone Kahn, Breton prépare une nouvelle série de "Littérature", financé par Jacques Doucet et édité par Gaston Gallimard.
    Septembre - Début des expériences des sommeils provoqués chez une certaine Mme Dante. Breton : "Après dix jours, les plus blasés, les plus sûrs d'entre nous demeurent confondus, tremblants de reconnaissance et de peur, autant dire ont perdu connaissance devant la merveille."
    25 septembre - Robert Desnos qui se juge impropre à de telles manifestations, commence ses participations actives et spectaculaires aux expériences. Simone Kahn : "Desnos apporte, endormi, un ton de prophète qui énonce dans un style mystérieux, symbolique, des choses mieux que la vérité si elles ne sont pas la vérité. [...] Ce n'est pas une femme nerveuse qui parle, mais un poète imprégné de tout ce que nous aimons et croyons s'approcher du fin mot de la vie." (lettre à Denise Lévy)
    Congrès Constructivisme-dadaïsme à Weimar.
    Novembre - Breton et Simone Kahn sont à Barcelone pour une exposition "Francis Picabia" dont Breton a écrit la préface du catalogue.
    17 novembre - Breton prononce une conférence intitulée "Caractère de l'évolution moderne et de ce qui y participe" : "J'estime que le cubisme, le futurisme et Dada ne sont pas, à tout prendre, trois mouvements distincts et que tous trois participent d'un mouvement plus général dont nous ne connaissons encore précisément ni le sens ni l'amplitude. [...] C'est la première fois peut-être que s'impose si fort en art un certain côté hors-la-loi que nous ne perdrons pas de vue en avançant [...] Dada, sa négation insolente, son égalitarisme vexant, le caractère anarchique de sa protestation, son goût du scandale pour le scandale, enfin, toute son allure offensive, je n'ai pas besoin de vous dire de quel cœur longtemps j'y ai souscrit. Il n'y a qu'une chose qui puisse nous permettre de sortir, momentanément au moins, de cette affreuse cage dans laquelle nous nous débattons et ce quelque chose c'est la révolution, une révolution quelconque, aussi sanglante qu'on voudra, que j'appelle encore aujourd'hui de toutes mes forces. Tant pis si Dada n'a pas été cela, car vous comprenez bien que le reste m'importe peu [...] Il ne serait pas mauvais qu'on rétablît pour l'esprit les lois de la Terreur."
    À Barcelone, Breton écrit le poème "Le Volubilis et je sais l'hypoténuse" dont le titre a été noté lors d'une séance d'hypnose de Desnos.
  • Œuvres
    Louis Aragon « Les Aventures de Télémaque »
    Jean Arp « La Planche à œufs », relief
    Giorgio de Chirico « Le Retour de l’enfant prodigue »
    Max Ernst « La Chute de l'ange », « Au rendez-vous des amis », tableau réunissant les principales figures du dadaïsme et du surréalisme du moment
    Friedrich Wilhelm Murnau « Nosferatu le Vampire » dont un intertitre remporte un grand succès auprès des surréalistes : "Et quand il fut de l’autre côté du pont, les fantômes vinrent à sa rencontre".
    Francis Picabia « La Nuit espagnole », « Chapeau de paille », collage de deux étiquettes et inscription "M… pour celui qui le regarde !", tableau refusé au Salon des Indépendants
    Kurt Schwitters « Mz 394 Pinakothek », collage
    Philippe Soupault « Westwego »

1923

  • éphéméride
    Janvier - Kurt Schwitters, premier numéro de la revue "Merz" d'inspiration dadaïste.
    2 février - Antonin Artaud publie à compte d'auteur et sous le pseudonyme d'Eno Dailor le premier numéro de la revue "Bilboquet", une feuille composée d'une introduction et de deux poèmes : "Toutes les revues sont les esclaves d'une manière de penser, et, par le fait, elles méprisent la pensée. […] Nous paraîtrons quand nous aurons quelque chose à dire."
    28 février - André Breton arrête les expériences de sommeils hypnotiques.
    Mars - Artaud quitte le Théâtre de l'Atelier.
    1er avril - Dans la "NRF", Jacques Rivière fait l'éloge de Louis Aragon : "En lisant Aragon, je pense à Voltaire, mais encore plus au premier Barrès." Réplique d'Aragon : "L'imprudence que j'ai eue de publier un livre vous donne barre sur moi, le temps d'évoquer Voltaire que je tiens pour la dernière saloperie."
    7 avril - Publication dans "Le Journal du peuple" d'un entretien entre Breton et Roger Vitrac : "Je considère la situation des choses que je défends comme désespérée. Je tiens même la partie pour absolument perdue."
    Mai - Antonin Artaud « Tric-Trac du ciel »
    Artaud rejoint la compagnie de Georges et Ludmilla Pitoëff installée à la Comédie des Champs-Élysées.
    18 mai - Artaud rencontre Rivière suite au refus de publication de deux poèmes. Début de la correspondance.
    6 juillet - Bagarre opposant surréalistes et dadaïstes lors d'une représentation du « Cœur à gaz » de Tristan Tzara.
    Août - Artaud subit une nouvelle série de piqûres et autres traitements antisyphilitiques : "Les engourdissements ont en partie disparu mais pour faire place à des céphalées encore plus violentes qui m'enlèvent plus que jamais la possession de ma pensée."
    Novembre - André Breton « Clair de terre »
    Antonin Artaud, deuxième numéro de "Bilboquet" comportant 16 pages entièrement rédigées par lui-même. "J'ai rarement lu un roman aussi cyniquement niais que celui de Raymond Radiguet (« Le Diable au corps »). Toute l'habile singerie de l'homme s'y trouve collectée. C'est comme une maturité en raccourci."
  • « cette année-là »
    Début d'une passion amoureuse secrète et durable d'Aragon pour Denise Lévy (la Bérénice d'« Aurélien »).
    André Masson rencontre le groupe surréaliste.
  • Œuvres
    Céline Arnauld « Guêpiers de diamant », poèmes
    André Breton « Comme il fait beau ! »
    Paul Citroën « Metropolis », collage
    Robert Desnos « Langage cuit », écriture automatique
    Marcel Duchamp « La Mariée mise à nu par ses célibataires, même », grand verre inachevé commencé en 1915. Breton : "Une œuvre dans laquelle il est impossible de ne pas voir le trophée d'une chasse fabuleuse sur des terrains vierges, aux confins de l'érotisme, de la spéculation philosophique, de l'esprit de compétition sportive des dernières données des sciences, du lyrisme et de l'humour."
    Max Ernst « Castor et pollution », « Pietà ou la révolution la nuit », « Histoire naturelle »
    Raoul Haussmann « ABCD (Portrait de l'artiste) », collage
    Iliazd « Ledentu le phare »
    Kurt Schwitters « Mz 231 Miss Blanche », « Merzbild Kijkduin », collages
    Philippe Soupault « Le Bon apôtre », « À la dérive », romans

1924

  • « cette année-là »
    Joe Bousquet adhère au groupe : "Je n'aurais pas élevé la voix à mon tour, ni jamais pris au sérieux les seules aspirations qui me font un bien précieux de ma vie ici-bas, su je n'avais rencontré Paul Eluard et André Breton, et si je n'étais devenu leur ami".
    Rencontre Breton / Michel Leiris.
    Paul Eluard achève un tour du monde suite à une crise conjugale.
    Adhésion d'André Masson.
    D'une plateforme d'autobus, Yves Tanguy aperçoit dans une vitrine le tableau de Giorgio de Chirico « Le Cerveau de l'enfant ». Il saute du bus en marche pour le voir de plus près.
    Naissance officielle du groupe surréaliste. Les réunions quotidiennes se déroulent au café le "Cyrano" près de la rue Fontaine.
    Dernier numéro de la revue "391".
  • Œuvres
    Louis Aragon « Le Paysan de Paris », « Une vague de rêve » : "C'était le temps que, nous réunissant le soir comme des chasseurs, nous faisions notre tableau de la journée, le compte des bêtes que nous avions inventées, des plantes fantastiques, des images abattues..."
    Jean Arp « L'Horloge »
    Jacques Baron « L'Allure poétique », poèmes
    André Breton « Poisson soluble » : "Nous réduirons l’art à sa plus simple expression qui est l’amour."
    René Clair « Entr'acte », court-métrage réalisé pour le ballet « Relâche »
    Robert Desnos « Deuil pour deuil »
    Max Ernst « La Belle jardinière », « Deux enfants sont menacés par un rossignol »
    John Heartfield « Après 10 ans : pères et fils », photomontage
    André Masson « La Couronne », « Les Points cardinaux », « Homme », tableau acheté par Antonin Artaud et décrit dans le texte « Un ventre fin » : "Un ventre fin. Un ventre de poudre ténue et comme en image. Au pied du ventre, une grenade éclatée."
    Joan Miró « Terre labourée », « Paysage Catalan (Le Chasseur) »
    Francis Picabia « Caravansérail », roman
    Francis Picabia et Erik Satie « Relâche », ballet donné au théâtre des Champs-Élysées
    Man Ray « Violon d'Ingres », photo
    Jean Renoir « La Fille de l'eau », dont la séquence onirique impressionnera les surréalistes.
    Philippe Soupault « Les Frères Durandeau »
    Tristan Tzara « Mouchoir de nuages », « Sept manifestes Dada Lampisterie », avec des dessins de Francis Picabia

1925

  • éphéméride
    15 janvier - À la question "Le suicide est-il une solution ?" posée par la revue "La Révolution surréaliste", Antonin Artaud répond : "Non, le suicide est encore une hypothèse. […] Il faut pour l'instant et jusqu'à nouvel ordre douter affreusement non pas à proprement parler de l'existence, ce qui est à la portée de n'importe qui, mais de l'ébranlement intérieur et de la sensibilité profonde des choses, des actes, de la réalité."
    « Ouvrez les prisons. Licenciez les armées. », manifeste collectif publié dans 'La Révolution surréaliste".
    André Breton « Le Bouquet sans fleurs » : "J'ai pu, ces dernières années, constater les méfaits d'un certain nihilisme intellectuel dont la malice était à tout propos de poser la question de confiance la plus générale et la plus vaine. [...] C'est au surréalisme de se prononcer. N'est-ce pas nous, en effet, qui demandons les premiers, non la destruction des musées et des bibliothèques, mais - ce qui est plus grave - l'abolition des privilèges artistiques, scientifiques et autres, et pour commencer, la libération désintéressée, l'isolement de cette substance mentale commune à tous les hommes, de cette substance souillée jusqu'ici par la raison ?"
    La revue surréaliste belge "Le Disque vert", dirigée par Franz Hellens et Henri Michaux publie un texte d'Artaud sur le suicide : "Avant de me suicider je demande qu'on m'assure de l'être, je voudrais être sûr de la mort. La vie ne m'apparaît que comme un consentement à la lisibilité apparente des choses et à leur liaison dans l'esprit."
    « Déclaration du 27 janvier 1925 », tract collectif du "Bureau de recherches surréalistes" en grande partie écrit par Artaud : "Eu égard à une fausse interprétation de notre tentative stupidement répandue dans le public, nous tenons à déclarer ce qui suit à toute l'ânonnante critique littéraire, dramatique, philosophique, exégétique et même théologique contemporaine : nous n'avons rien à voir avec la littérature. Le surréalisme n'est pas un moyen d'expression nouveau ou plus facile, ni même une métaphysique de la poésie. Il est un moyen de libération totale de l'esprit et de tout ce qui lui ressemble."
    La direction du Bureau de recherches surréalistes est confiée à Artaud ainsi que la préparation du troisième numéro de "La Révolution surréaliste".
    Mars - Création à Bucarest de la revue d'avant-garde "Intégral" dont Benjamin Fondane et Ilarie Voronca en proposent une version française. "Car nous voulons - n'est-ce pas ? ou alors nous ne voulons rien - faire gicler la poésie infuse à la réalité, la rendre agissante, en faire un moteur, un miracle perpétuel - ouvrir les écluses de l'unique réalité profonde qui soit capable de donner à l'homme une signification acceptable - nous voulons que la poésie supplante la Raison."
    « Résolution du 2 avril 1925 » : "Qu'avant toute préoccupation surréaliste ou révolutionnaire, ce qui domine dans leur esprit est un certain état de fureur."
    15 avril - Parution du troisième numéro de "La Révolution surréaliste" intitulé "1925 : fin de l'ère chrétienne" contenant de nombreux textes et manifestes écrits ou inspirés par Antonin Artaud.
    18 avril - Louis Aragon tient une conférence à Madrid devant des étudiants : "Ah! banquiers, étudiants, ouvriers, fonctionnaires, domestiques, vous êtes les fellateurs de l'utile, les branleurs de la nécessité. Je ne travaillerai jamais, mes mains sont pures. [...] Et que les trafiquants de drogue se jettent sur nos pays terrifiés. Que l'Amérique au loin croule de ses buildings blancs au milieu des prohibitions absurdes. [...] Voyez comme cette terre est sèche et bonne pour tous les incendies."
    Aragon : "Je vous annonce l'avènement d'un dictateur : Antonin Artaud est celui qui s'est jeté à la mer. Il assume aujourd'hui la tâche immense d'entraîner quarante hommes qui veulent l'être vers un abîme inconnu, où s'embrase un grand flambeau, qui ne respectera rien, ni vos écoles, ni vos vies, ni vos plus secrètes pensées."
    29 mai - Au théâtre du Vieux-Colombier, pour illustrer une conférence de Robert Aron portant sur "Le Français moyen et la littérature", Artaud met en scène des extraits de la pièce d'Aragon « Au pied du mur » qu'il interprète avec Génica Athanasiou. Les surréalistes provoquent le chahut et interrompent la conférence.
    13 juin - Breton, Eluard, Ernst, Leiris, Soupault et Vitrac perturbent le banquet donné par les "Nouvelles Littéraires" en hommage au poète Saint-Pol-Roux.
    23 juillet - Antonin Artaud « L'Ombilic des limbes » avec un portrait de l'auteur par André Masson
    1er août - Antonin Artaud « Le Pèse-nerfs » avec un dessin d'André Masson
    Artaud écrit de nombreux manifestes contre Claudel, contre la guerre du Rif au Maroc, contre les répressions en Pologne, en Roumanie, en Hongrie, etc. qui paraissent dans le journal "L'Humanité".
    10 août - Max Ernst, premiers frottages
    1er septembre - Roger Vitrac « Les Mystères de l'amour », publié dans la "NRF"
    25 septembre - Lettre d'Artaud à Madame Toulouse : "Une anxiété intolérable me taraude et comme j'ai tiré de la médecine le maximum sans effet, je dissous cette anxiété dans des doses de plus en plus fortes de laudanum, et je n'ai plus qu'une révolte : celle qu'un médecin quelconque OSE me mesurer le calmant. Dites aux médecins qui vous entourent qu'il y a des états que l'âme ne supporte pas sous peine de s'égorger."
    André Breton et André Masson : « La Révolution d'abord et toujours », tract publié dans la revue surréaliste belge "Correspondance" dirigée par Camille Goesman et Paul Nougé.
    Décembre - La revue "Clarté", fondée par Henri Barbusse, ouvre ses pages aux surréalistes. L'éditorial s'enthousiasme du "premier courant qui apparaisse depuis 1919 en France d'une jeune intelligence révolutionnaire acquise au communisme, courant où se rejoignent pour la première fois des esprits venus à la Révolution par les voies les plus diverses, et qui exprime surtout l'effort si précieux des jeunes générations d'après-guerre."
    Aragon répond : "Il vous a plu de relever comme un incartade une phrase qui témoigne du peu de goût que j'ai du gouvernement bolchévique, et avec lui de tout le communisme. [...] La révolution russe ? vous ne m'empêcherez pas de hausser les épaules. [...] J'ajoute que c'est par un véritable abus de langage qu'elle peut être qualifiée de révolutionnaire."
  • « cette année-là ».
    Aragon se voit refuser par le groupe la permission de faire publier « Défense de l'infini » pour cause de "tentation littéraire".
    Jean Arp écrit ses premiers poèmes directement en français.
    Le peintre et poète belge Jean de Bosschère s'installe à Paris et rencontre Artaud.
    Breton découvre le livre de Léon Trotsky « Lénine »
    À la suite de la nommination de Paul Valéry à l'Académie française, Breton vend toutes les lettres reçues.
    Adhésion du poète péruvien Cesar Moro.
    Pierre Naville abandonne la co-direction de la "Révolution surréaliste" : "Je ne connais du goût que le dégoût. Maîtres, maîtres-chanteurs, barbouillez vos toiles. Plus personne n'ignore qu'il n'y a pas de peintres surréalistes ; ni l'image retraçant les figures de rêve ni les fantaisies imaginatives, c'est bien entendu, ne peuvent être ainsi qualifiées. Mais il y a des spectacles. La mémoire et le plaisir des yeux : voilà toute l'esthétique." Breton lui succède, résolu "d'en finir avec l'ancien régime de l'esprit."
    Adhésions de Jacques Prévert et d'Yves Tanguy.
    Tristan Tzara épouse la peintre et poète suédoise Greta Knutson.
    La condamnation de la guerre du Rif rapproche les surréalistes, le groupe "Philosophies" et les dirigeants de la revue "Clarté".
    Breton réfute le ralliement total et la dissolution du groupe : "Nous appartenons corps et âme à la Révolution et si, jusqu'ici, nous n'avons jamais accepté de commandements c'était pour nous garder aux ordres de ceux qui l'animent..."
    Première exposition surréaliste à la galerie Pierre dont le catalogue est préfacé par André Breton et Robert Desnos : un texte automatique jouant sur les titres des tableaux exposés.
  • Œuvres
    Jean Arp et El Lissitzky « Les Ismes de l’art », suite de textes écrits depuis 1914
    Louis Aragon « Le Libertinage »
    Antonin Artaud « Adresse au Pape » : "Le monde, c'est l'abîme de l'âme, Pape déjeté, Pape extérieur à l'âme, laisse-nous nager dans nos corps, laisse nos âmes dans nos âmes, nous n'avons pas besoin de ton couteau de clartés." et « Adresse au Dalaï-Lama » : "Nous sommes tes très fidèles serviteurs, ô Grand Lama, donne-nous, adresse-nous tes lumières, dans un langage que nos esprits contaminés d'Européens puissent comprendre, et au besoin, change-nous notre Esprit, fais-nous un esprit tout tourné vers ces cimes parfaites où l'Esprit de l'Homme ne souffre plus." (à comparer avec les versions de 1946)
    René Crevel « Détours » : "Une tisane sur le fourneau à gaz ; la fenêtre bien close, j'ouvre le robinet d'arrivée, j'oublie de mettre l'allumette. Réputation sauve et temps de dire son confiteor..."
    Paul Eluard « Mourir de ne pas mourir »
    Paul Eluard et Benjamin Péret « 152 proverbes mis au goût du jour »
    Max Ernst « L'Armée céleste »
    Paul Klee « Le Regard d'Ahriman », aquarelle achetée par Breton
    Michel Leiris et André Masson « Simulacre »
    Georges Limbour « Soleil bas »
    E. L. T. Mesens « Défense de pleurer », poèmes : "La terre est ronde en apparence / et plate réellement / Elle est ronde pour courir / et plate pour dormir."
    Joan Miró « Carnaval d’Arlequin », « La Sieste »
    Pierre Naville « Les Reines de la main gauche »
    Benjamin Péret « Il était une boulangère »
    Francis Picabia « Femme à l'ombrelle »
    Philippe Soupault « Le Voyage d'Horace Pirouelle »

1926

  • éphéméride
    Mars - Georges Bataille « Fatrasies »
    Mai - À Jean Paulhan qui désire publier les surréalistes dans la "NRF", Antonin Artaud répond : "Il n'y a plus à compter sur les Surréalistes. Ils n'accepteront jamais de contrôle sur leurs textes. Breton trouve infiniment dérisoire cette proposition de figurer dans une revue en promiscuité avec ce [Albert] Thibaudet des Chroniques, un roman de [Jacques de] Lacretelle quelconque, et des notes des uns et des autres en surnombre."
    Septembre - André Breton « Légitime défense » : "Je dis que la flamme révolutionnaire brûle où elle veut et qu'il n'appartient pas à un petit nombre d'hommes, dans la période d'attente que nous vivons, de décréter que c'est ici ou là seulement qu'elle peut brûler."
    Artaud, Roger Vitrac et Robert Aron fondent le Théâtre Alfred Jarry avec l'aide matériel du Dr René Allendy.
    4 octobre - Breton rencontre Nadja.
    1er novembre - Le numéro 158 de la "NRF" publie des extraits du « Manifeste du Théâtre Alfred Jarry » d'Artaud.
    Novembre - Artaud soupçonné d'être tenté par le mysticisme, Soupault et Vitrac sont exclus du groupe surréaliste.
  • Œuvres
    Louis Aragon « Le Mouvement perpétuel »
    Jean Arp « Plastron, fourchette et nombril »
    Jean de Bosschère « L'Automate personnel », peinture. Artaud : "Jean de Bosschère m'a fait. Il a établi l'unité tremblante, centrale, de ma vie et de mon intelligence."
    Giorgio de Chirico « Hebdomeros », récit décrivant l'univers imaginaire dans lequel vécu le peintre au cours de sa période "géniale"
    René Crevel « La Mort difficile », roman
    Robert Desnos « La Nuit des nuits sans amour », « À la mystérieuse »
    Marcel Duchamp, Man Ray et Marc Allégret « Anemic cinema, court métrage de 7 minutes : "Esquivons les ecchymoses des esquimaux aux mots exquis".
    Paul Eluard « Capitale de la douleur »
    Max Ernst « Deux jeunes filles nues », « La Vierge corrigeant l'Enfant Jésus devant trois témoins : Breton, Eluard et Ernst »
    René Magritte « Le Jockey perdu », « L'Assassin menacé », « Souvenir de voyage »
    André Masson « Les Villageois »
    Joan Miró « Nu »
    Pierre Naville « Que peuvent faire les surréalistes ? » : "Les scandales moraux suscités par le surréalisme ne supposent pas forcément un bouleversement des valeurs intellectuelles et sociales ; la bourgeoisie ne les craint pas. Elle les absorbe facilement. Même les violentes attaques des surréalistes contre le patriotisme ont pris l'allure d'un scandale moral. Ces sortes de scandales n'empêchent pas de conserver la tête de la hiérarchie intellectuelle dans une république bourgeoise..."
    Benjamin Péret « Vie et mort de l'assassin Foch », poème. Un critique du quotidien "Le Temps" réclame qu'on fusille son auteur.
    Pablo Picasso « Femme dans un fauteuil »
    Man Ray « Antonin Artaud », photo
    Philippe Soupault « Georgia »
    Yves Tanguy « L'Orage », « Fantômas »
    Roger Vitrac « Connaissance de la mort »

1927

  • éphéméride
    9 mars - Antonin Artaud « Le Pèse-nerf suivi des Fragments d'un journal d'enfer » publié aux "Cahiers du sud" à Marseille orné d'un frontispice d'André Masson
    Avril - Artaud rencontre le philosophe chrétien Jacques Maritain : "Je vous demande de ne pas vous hâter de désespérer de moi. Soyez persuadé que je recherche la vérité. Je suis très loin d'être indifférent à mon salut. Mais il se peut que j'entende ce dernier mot dans un sens peut-être très hétérodoxe."
    Entretien Tristan Tzara, Benjamin Fondane et Ilarie Voronca qui paraît dans "Intégral".
    1er et 2 juin - « Les Mystères de l'amour » de Roger Vitrac, « Ventre brûlé ou la Mère folle » d'Antonin Artaud et « Gigogne » de Max Robur (pseudonyme de Robert Aron) sont les trois premiers spectacles donnés par le Théâtre Alfred Jarry.
    Juillet - Début du tournage de « La Passion de Jeanne d'Arc » de Carl Theodor Dreyer dan lequel Artaud interprète le moine Massieu.
    Numéro d'"Intégral" sur le surréalisme français et roumain.
    Octobre - Artaud participe au tournage du film « Verdun, visions d'Histoire » de Léon Poirier. Il justifie sa participation au titre que ce "n'est pas un film patriotique, fait pour l'exaltation des plus ignobles vertus civiques, mais un film de gauche pour inspirer l'horreur de la guerre aux masses conscientes et organisées. Je ne compose plus avec l'existence. Je méprise plus encore le bien que le mal. L'héroïsme me fait chier, la moralité me fait chier."
    1er novembre - Antonin Artaud et Germaine Dulac « La Coquille et le clergyman », scénario (achevé en avril) publié dans la "NRF".
    27 novembre - Apprenant la préparation du film « La Chute de la maison Usher » de Jean Epstein, Artaud écrit à Abel Gance : "Je n'ai pas beaucoup de prétentions au monde mais j'ai celle de comprendre Edgar Poe et d'être moi-même un type dans le genre de Maître Usher. Si je n'ai pas ce personnage dans la peau, personne ne l'a. Je le réalise physiquement et psychiquement. Ma vie est celle d'Usher et de sa sinistre masure. J'ai la pestilence dans l'âme de mes nerfs et j'en souffre."
  • Œuvres
    Louis Aragon « Le Con d'Irène »
    Antonin Artaud « À la grande nuit », pamphlet-réponse à « Au grand jour » : "Le surréalisme est mort du sectarisme imbécile de ses adeptes. Ce qu'il en reste est une sorte d'amas hybride sur lequel les surréalistes eux-mêmes sont incapables de mettre un nom. [...] Je sais que dans le débat actuel j'ai avec moi tous les hommes libres, tous les révolutionnaires véritables qui pensent que la liberté individuelle est un bien supérieur à celui de n'importe quelle conquête obtenue sur un plan relatif […] Tout le fond, toutes les exaspérations de notre querelle roulent autour du mot révolution."
    Édition en volume séparé de la « Correspondance avec Jacques Rivière » avec un portrait d'Artaud par Jean de Bosschère en frontispice.
    Jean de Bosschère « Marthe et l'enragé », roman. Artaud : "Après avoir démonté les rouages psychologiques de ses personnages, jusqu'aux plus fins, jusqu'à ceux qui ont une sensibilité de membrane, Jean de Bosschère les lance dans un drame effroyable dont les moindres péripéties sont décrites avec un sens de l'orientation des lieux, avec des effets de perspective mentale qui ont quelque chose de véritablement hallucinant."
    André Breton « Introduction au discours sur le peu de réalité » : "Les créations poétiques sont-elles appelées à prendre bientôt ce caractère tangible, à déplacer si singulièrement les bornes du soi-disant réel ?"
    Robert Desnos « Journal d'une apparition », « La Liberté ou l'amour ! »
    Paul Eluard « Défense de savoir »
    Max Ernst « Aux antipodes du paysage », peinture, « Forêt oiseau », grattage au titre changeant
    René Magritte « Le Double secret »
    Joan Miró « Chapeau noir à liseré jaune et panache rouge au-dessus d'un estomac blanc sur fond bleu »
    Paul Nougé « Quelques écrits et quelques dessins par Clarisse Juranville »
    Raymond Queneau « Le Tour de l'ivoire », « Permettez ! », manifeste rédigé à propos de l'inauguration d'une statue d'Arthur Rimbaud à Charleville : "La statue subira peut-être le même sort que la précédente. Celle-ci, que les Allemands firent disparaître, dut servir à la fabrication d'obus et Rimbaud se fût attendu avec délices à ce que l'un d'eux bouleversât de fond en comble votre place de la Gare ou réduisît à néant le musée dans lequel on s'apprête à négocier ignoblement sa gloire."
    Man Ray « Paysage suédois », peinture, « Emak Bakia », court-métrage 17mn
    Philippe Soupault « Le Nègre », « Histoire d'un blanc » : "Ducasse peut […] porter ce nom merveilleux de libérateur. Il porte, plus haut que n'importe quel homme qui vient, cette immense flamme qu'on appelle liberté."

1928

  • éphéméride
    14 janvier - Deuxième spectacle en deux parties du Théâtre Alfred Jarry. La séance commence par la projection du film « La Mère » de Vsevolod Poudovkine, interdit par la censure française. En deuxième partie, le troisième acte du « Partage de midi » de Paul Claudel mis en scène par Antonin Artaud est joué contre la volonté de l'auteur. À la fin du spectacle Artaud qualifie publiquement Claudel d'"infâme traitre". Brouille avec Jean Paulhan et réconciliation avec les surréalistes.
    Les 27 et 31 janvier - Discussion des surréalistes au sujet de l'amour sous tous ses aspects. L'homosexualité masculine est presque unanimement condamnée. André Breton : "Je veux bien faire acte d'obscurantisme en pareil domaine. [...] J'accuse les pédérastes de proposer à la tolérance humaine un déficit mental et moral qui tend à s'ériger en système et à paralyser toutes les entreprises que je respecte." (« Recherches sur la sexualité », in "La Révolution surréaliste")
    9 février - La première projection du film de Germaine Dulac « La Coquille et le clergyman » au studio des Ursulines suscite provocations et scandale d'Artaud lui-même, Breton et Robert Desnos.
    Après quelques essais, Jean Epstein renonce à engager Artaud dans le rôle de Roderick Usher. Il lui reproche la suracuité de son interprétation.
    22 mars - Antonin Artaud « L'Art et la mort », conférence donnée à la Sorbonne pour le "Groupe d'études philosophiques et scientifiques pour l'examen des tendances nouvelles" animé par le docteur René Allendy.
    2 juin - La première représentation du « Songe » d'August Strindberg mis en scène par Artaud est chahutée par les surréalistes au prétexte que ce spectacle est subventionné par l'Ambassade de Suède et joué devant un parterre d'officiels et de personnalités. Artaud monte sur la scène et réplique : "Strindberg est un révolté, tout comme Jarry, comme Lautréamont, comme Breton et comme moi. Nous représentons cette pièce en tant que vomissement contre sa patrie, contre toutes les patries, contre la société…"
    9 juin - La seconde représentation du "Songe" est interrompue. La police intervient. Breton, Pierre Unik et Georges Sadoul sont arrêtés puis relâchés le lendemain.
    24 décembre - Première représentation de « Victor ou les enfants au pouvoir » de Roger Vitrac par le Théâtre Alfred Jarry.
  • Œuvres
    Louis Aragon « Traité du style » : "Si vous écrivez selon une méthode surréaliste des tristes imbécillités, ce sont de tristes imbécillités. [...] Le surréalisme se définit par ceux qu'il défend et par ceux qui l'attaquent. [...] Faire en français signifie chier. Exemple : ne forçons pas notre talent, nous ne fairions rien avec grâce."
    Georges Bataille « Histoire de l'œil » avec des illustrations d'André Masson
    Joe Bousquet et René Nelli, premier numéro de la revue "Chantiers"
    André Breton « Nadja » : "La beauté sera CONVULSIVE ou ne sera pas.", « Le Surréalisme et la peinture »
    Luis Buñuel et Salvador Dalí « Un chien andalou »
    René Crevel « L'Esprit contre raisons »
    Michel Leiris « Aurora » (qui ne sera publié qu'en 1946)
    René Magritte « Le Miroir vivant », « La Voix des vents »
    Joan Miró « Danseuse espagnole », bouchon de liège et plume épinglés
    Max Morise « Itinéraire du temps »
    Benjamin Péret « Le Grand jeu »
    Pablo Picasso « Baigneuse »
    Man Ray « L'Étoile de mer », « Les Mystères du château du dé », court-métrages 15mn et 25mn
    Yves Tanguy « Paysage au nuage rouge », « Pylône organique séduit par une huître décalcifiée »

1929

  • éphéméride
    12 février - André Breton envoie une lettre à de nombreuses personnalités plus ou moins proches du surréalisme. Il demande "compte [à chacun] de leur position idéologique, [...] en vue d'une action individuelle ou collective qu'il s'agit de déterminer."
    11 mars - Réunion des surréalistes sur le thème "Examen critique du sort fait récemment à Léon Trotsky" (exilé par Staline), prétexte à prononcer les exclusions de Jacques Baron, Jacques Prévert, Man Ray, Yves Tanguy...
    1er avril - Lettre d'Antonin Artaud à Yvonne Allendy : "Amélioration très sensible obtenue à la suite de quelques piqûres. Dans l'espace de 24 heures le gros de mes douleurs a cédé et la vie m'est devenue plus supportable. Il n'était que temps car j'étais décidé à en finir".
    17 avril - Antonin Artaud « L'Art et la mort », orné d'une eau-forte de Jean de Bosschère, édité par Robert Denoël suite à la brouille avec Jean Paulhan.
    Georges Bataille, premier numéro de la revue "Documents" avec des dissidents du surréalisme dont Robert Desnos, Michel Leiris, Georges Limbour, André Masson, Jacques Prévert, Roger Vitrac. Breton : "Le "balai innommable" dont parle Jarry étant tombé dans son assiette, M. Bataille se déclare enchanté. […] Je m'amuse à penser qu'on ne peut sortir du surréalisme sans tomber sur M. Bataille."
    Août - René Char envoie à Paul Eluard un exemplaire d'« Arsenal ».
    6 novembre - Jacques Rigaut se suicide d'une balle tirée en plein cœur à Châtenay-Malabry, dans une maison de repos appelée "La Maison aux loups".
    Après la visite d'Eluard à L'Isle-sur-la-Sorgue (Vaucluse), René Char se rend à Paris, rencontre les surréalistes et adhère au groupe.
    9 novembre - Lettre d'Artaud à Paulhan dans laquelle il exprime "regrets" et "remords" au sujet de la "sinistre affaire" du "Songe".
    15 décembre - André Breton « Second manifeste du surréalisme » : "... il faut de défier du culte des hommes, si grands apparemment soient-ils. Un seul à part : Lautréamont, je n'en vois pas qui n'aient laissé quelque trace équivoque de leur passage."
    René Char « Profession de foi du sujet », texte publié dans "La Révolution surréaliste".
    Dans ce même numéro, à propos de la réponse de Suzanne Muzard à l'enquête sur l'amour, Breton déclare : "Aucune réponse différente de celle-ci ne pourrait être tenue pour la mienne."

1930

  • éphéméride
    Janvier - Lettre d'Antonin Artaud au docteur Édouard Toulouse : "Les angoisses que j'éprouve sont dévorantes. […] Je suis de plus en plus hanté par l'idée du suicide, d'autant plus terrible que c'est pour moi la seule issue LOGIQUE. Si je n'en suis pas à la mort, moralement je suis la mort."
    Février - Rencontre Artaud / Benjamin Fondane.
    Mars - Roger Vitrac quitte le Théâtre Alfred Jarry.
    5 avril - René Char « Tombeau des secrets » avec une collage d'André Breton et Paul Eluard
    20 avril - René Char « Ralentir travaux »
    30 novembre - Première projection du film « L’Âge d’or » de Luis Buñuel et Salvador Dalí. La censure exige des coupes. (José Pierre : "Peut-être l'unique film intentionnellement surréaliste.")
    3 décembre - La Ligue des patriotes et la Ligue anti-juive saccagent la salle de cinéma qui projette « L'Âge d'or ».
    11 décembre - Après une virulente campagne de presse, le préfet de police Chiappe fait saisir le film. (En fait la copie de projection. L'interdiction ne sera levée qu'en 1980).
  • Œuvres
    Jean Arp « Tête couverte de trois objets désagréables : une mouche, une mandoline et une paire de moustaches », sculpture. Il expérimente les "papiers déchirés" et la sculpture en ronde-bosse
    André Breton et Paul Eluard « L'Immaculée conception »
    Salvador Dalí « Dormeuse, cheval, lions invisibles », « Simulacre de la nuit », peintures, « La Femme invisible », poèmes
    Robert Desnos « Troisième manifeste du surréalisme »
    Max Ernst « Rêve d'une petite fille qui voulut entrer au Carmel »
    Valentine Hugo « La Barque de l’amour s’est brisée contre la vie courante », peinture
    Pablo Picasso « Construction », sculpture de tiges métalliques
    Le poète Shuzo Takiguchi traduit en japonais « Le Surréalisme et la peinture » d'André Breton
    Yves Tanguy « Légendes ni figures », invention des coulées caractérisées par des structures tubulaires

1931

  • éphéméride
    André Breton « Union libre »
    Mars - Parution du roman « Le Moine » de Lewis dont la traduction Léon de Wailly est adaptée par Antonin Artaud.
    11 juillet - Artaud assiste à un spectacle du Théâtre Balinais présenté dans le cadre de l'Exposition coloniale. Lettre à Louis Jouvet : "… de la quasi inutilité de la parole qui n'est plus le véhicule mais le point de suture de la pensée… [...] de la nécessité pour le théâtre de chercher à représenter quelques-uns des côtés étranges des constructions de l'inconscient… [...] tout cela est comblé, satisfait, représenté, et au-delà par les surprenantes réalisations du Théâtre Balinais qui est un beau camouflet au Théâtre tel que nous le concevons."
    Septembre - Début de la liaison Breton / Valentine Hugo. En séjour dans le sud de la France, ils visitent le « Palais idéal » du Facteur Cheval à Hauterives.
  • Œuvres
    Louis Aragon « Persécuté persécuteur »
    Salvador Dalí « Persistance de la mémoire », « Hallucination partielle six images de Lénine sur un piano », « La Vieillesse de Guillaume Tell », peintures, « L'Amour et la mémoire », poèmes
    Alberto Giacometti « La Boule suspendue ou L'Heure des traces », sculpture
    Valentine Hugo « Objet surréaliste à fonctionnement symbolique »
    Pablo Picasso « Tête de femme », sculpture
    Man Ray « Nus solarisés », série de photographies
    Tristan Tzara « L'Homme approximatif »

1932

  • éphéméride
    7 mai - Le magazine illustré "Voilà. L'Hebdomadaire du reportage" publie un reportage imaginaire d'Antonin Artaud : « Galapagos, les îles du bout du monde »
    1er octobre - Antonin Artaud « Manifeste du Théâtre de la Cruauté »
    Novembre - Artaud reçoit d'Edgar Varèse une offre de collaboration pour la réalisation d'un opéra.
  • « cette année-là »
    Hans Bellmer assiste à une représentation déterminante pour son expression artistique : le conte d' E.T.A. Hoffmann « Coppelia » dans lequel le rôle principal est tenu par une poupée.
    Salvador Dalí participe à la première exposition surréaliste à New York. C'est le début de la méthode "paranoïaque-critique".
    Le sculpteur suédois Eric Grate organise à Paris une exposition "post-cubiste et surréaliste" dont les sculptures suggestives provoquent le scandale.
    « Autour d'un poème », tract de Maxime Alexandre et Pierre Unik en réponse au manifeste « Paillasse » accusant le poème d'Aragon « Front rouge » de "lâcheté intellectuelle et d'arrivisme". Convaincus que les expériences surréalistes ne sont pas incompatibles avec le combat communistes, Alexandre et Unik quittent le groupe surréaliste.
  • Œuvres
    André Breton « Le Revolver à cheveux blancs » : "Les belles fenêtres ouvertes et fermées / Suspendues aux lèvres du jour / Les belles fenêtres en chemise / Les belles fenêtres aux cheveux de feu dans la nuit noire / Les belles fenêtres de cris d'alarmes et de baisers / Au-dessus de moi au-dessous de moi derrière moi il y en a moins qu'en moi."
    Alexander Calder réalise des sculptures en fil de fer mues soit par un moteur, soit par les courants d'air. Marcel Duchamp propose l'appellation de mobiles.
    René Crevel « Le Clavecin de Diderot » : "[Dieu], celui qui ne bande pas, qui décide les plus fiers bandeurs à ne plus bander. [...] On connaît l'antienne : Tâchez donc d'être un peu plus humain. Sous les râteliers des MM. Prudhomme, elle vous a un de ces petits airs paternes, elle devient la prière mielleuse dont tous les rentiers espèrent qu'elle empêchera leurs rentes de descendre."
    Salvador Dalí « La Mélancolie extatique des petits chiens gâteux comme une vertigineuse descente en ski », peinture sur carte postale
    Salvador Dalí « Le Vrai tableau de L'île des morts d'Arnold Böcklin à l'heure de l'Angélus »
    Max Ernst « Forêt et soleil »
    Eric Grate « Idoles méditerranéennes », sculpture de bronze
    René Magritte « Le Temps menaçant »
    Yves Tanguy « Le Ruban des excès »

1933

  • éphéméride
    Février - Antonin Artaud « Second manifeste du Théâtre de la Cruauté » publié anonymement par Robert Denoël.
    12 mars - Artaud rencontre Anaïs Nin : "Le rêveur-homme, diabolique et innocent, fragile, nerveux, puissant. dès que nos yeux se rencontrent, je suis plongée dans mon monde imaginaire. Il est véritablement hanté, et il me hante."
    6 avril - Antonin Artaud « Le Théâtre et la peste », conférence prononcée à la Sorbonne devant une salle comble. Anaïs Nin : "Mais alors, d'un manière presque imperceptible, Artaud délaissa le fil que nous suivions et se mit à jouer quelqu'un mourant de la peste. […] Pour illustrer sa conférence, il représentait une agonie. […] Il avait le visage convulsé d'angoisse, et ses cheveux étaient trempés de sueur. Ses yeux se dilataient, ses muscles se raidissaient, ses doigts luttaient pour garder leur souplesse. Il nous faisait sentir sa gorge sèche et brûlante, la souffrance, la fièvre, le feu de ses entrailles. Il était à la torture. Il hurlait. Il délirait. il représentait sa propre mort, sa propre crucifixion. Les gens eurent d'abord le souffle coupé. Puis ils commencèrent à rire. Tout le monde riait !"
    15 mai - Yves Tanguy « Vie de l’objet », dessin publié dans la revue "LSASDLR"
    14 juillet - Raymond Roussel se suicide aux barbituriques dans une chambre d'hôtel à Palerme.
    24 août - John Heartfield « Spieglein, Spieglein », photo-collage en couverture de la revue "AIZ"
    3 novembre - Artaud est la voix de Fantômas dans la création radiophonique de Robert Desnos « La Grande complainte de Fantômas » d'après le roman de Pierre Souvestre et Marcel Allain.
    12 décembre - Salvador Dalí « Beauté terrifiante et comestible de l’architecture Modern’ Style », texte paru dans la revue "Le Minotaure".
  • « cette année-là »
    Le cinquième numéro de "LSASDLR" publie une lettre de Ferdinand Alquié, destinée à Breton, dans laquelle il dénonce : "le vent de crétinisation systématique qui souffle d'URSS".<
    Breton, un temps membre du bureau de l'A.E.A.R. (Association des écrivains et des artistes révolutionnaires) et Eluard sont exclus du parti communiste.
    À la veille d’une exposition, les œuvres de Jef Golyscheff sont saisies par les nazis. Seules deux peintures sur deux cent, dont « L P’érioum » de 1914, ont échappé à la destruction. Il quitte aussitôt l’Allemagne et s’installe à Barcelone.
    Vassili Kandinsky est accueilli comme hôte d'honneur dans la salle réservée au surréalistes du Salon des Indépendants.

1934

  • éphéméride
    Février - Salvador Dalí frôle l'exclusion après avoir tenu des propos réactionnaires.
    6 février - Violentes manifestations fascistes à Paris autour de l'Assemblée nationale.
    André Breton prend l'initiative de réunir un grand nombre d'intellectuels, rédige le texte « Appel à la lutte » et rend visite à Léon Blum afin de lui demander son appui. Ce dernier lui refuse tout débat politique.
    28 avril - Antonin Artaud « Héliogabale ou l'anarchiste couronné » avec six vignettes d'André Derain
    29 mai - Breton rencontre Jacqueline Lamba, l'inspiratrice de « L'Amour fou ».
    1er juin - André Breton « Qu'est-ce que le surréalisme ? », conférence prononcée à Bruxelles : "Les propos malséants qu'on nous impute, les attaques soi-disant inconsidérées, les injures, les ruptures, les scandales - tout ce qu'on nous reproche tant - nous les avons trouvés sur la même route que les poèmes."
    8 juin - Création au Théâtre de l'Atelier de la pièce de Roger Vitrac « Le Coup de Trafalgar » mise en scène par Marcel Herrand. Artaud accuse Vitrac de trahison : "Entre le surréalisme gratuit mais poétique des « Mystères de l'amour » et la satire explicite d'une pièce de boulevard ordinaire, Roger Vitrac n'a pas su choisir ; et sa pièce sent le parisianisme, l'actualité, le boulevard. […] La pièce porte la peine d'appartenir à un système et à un monde condamné, et elle doit disparaître avec ce monde."
    Octobre - Antonin Artaud « Le Théâtre et la peste » publié dans la "NRF", « Appel à la jeunesse » : "Je ne peux rien avec de l'opium qui est bien la plus abominable tromperie, la plus redoutable invention de néant qui ait fécondé des sensibilités humaines. Mais je ne peux rien sans à un moment donné en moi-même cette culture de néant."
    5 décembre - Hans Bellmer « Poupée : variations sur le montage d'une mineure articulée », série de photos parues dans la revue "Le Minotaure".
  • Autres œuvres
    Raymond Roussel « Comment j'ai écrit certains de mes livres », publication posthume
    Jean Vigo « L’Atalante »

1935

  • éphéméride
    Mars - Invités par l'organisation "Front gauche", André Breton et Paul Eluard font un séjour à Prague où ils rencontrent les poètes Vitezslav Nezval, Karel Teige, Jindrich Styrsky et Toyen. Dans une ambiance très chaleureuse, Breton prononce deux conférences.
    29 mars - André Breton « Situation surréaliste de l'objet », première des deux conférences : "[...] exclure (relativement) l'objet extérieur comme tel et ne considérer la nature que dans son rapport avec le monde intérieur de la conscience."
    1er avril - André Breton « Position politique de l'art d'aujourd'hui » : "[Tout intellectuel digne de ce nom est possédé par] l'idée que nous vivons à une époque où l'homme s'appartient moins que jamais, où il est justiciable de la totalité de ses actes, non plus devant une conscience, la sienne, mais devant la conscience collective de tous ceux qui veulent en finir avec un monstreux système d'esclavage et de faim."
    3 avril - Le journal "Rude Pravo", organe du parti communiste hongrois, présente Breton et Eluard comme "deux poètes, les plus grands de la France contemporaine".
    6 mai - Première représentation des « Cenci » d'Antonin Artaud dans des décors de Balthus. Échec, la pièce est arrêtée au bout de 17 représentations.
    Juin - Breton gifle en pleine rue l'écrivain Ilya Ehrenbourg qui avait calomnié les surréalistes. Sa participation au "Congrès des écrivains pour la défense de la culture" prévu au Palais de Chaillot à Paris est annulée. Après avoir tenté d'arranger la situation, René Crevel se suicide au gaz. Eluard est autorisé à lire le texte de Breton.
    À la suite du congrès, Breton rédige le tract « Du temps que les surréalistes avaient raison »
    October 7 - Georges Bataille retrouve Breton et, ensemble, fondent le groupe "Contre-attaque" qui ambitionne de regrouper des intellectuels révolutionnaires marxistes et non-marxistes et de réagir à la menace fasciste.
    Réconciliation Artaud / Breton.
    L'Alliance française accepte la proposition d'Artaud de donner un cycle de conférences à Mexico.

1936

  • éphéméride
    January 10 - Antonin Artaud embarque pour le Mexique : "C'est pour moi une véritable aventure et c'est d'ailleurs ce qui me plaît, là-dedans, puisque je pars avec des fonds très réduits. Et que je dois à toute force compter sur ce qui se présentera là-bas pour vivre. Et le destin, il me semble, ne peut pas ne pas parler" (lettre au Dr Allendy)
    Paul Eluard présente Dora Maar à Picasso.
    18 mars - Artaud achève une série de conférences dont « Surréalisme et Révolution », « L'Homme contre le destin » et « Le Théâtre et les dieux ».
    Mai - Le groupe "Contre-attaque" ne surmontant pas ses divisions se dissout.
    Juillet - Rebellion du général Franco : début de la guerre d'Espagne.
    Septembre - Artaud se rend chez les Tarahumaras. Il assiste à leurs fêtes rituelles et s'initie au culte du peyotl.
    Octobre - André Breton « Le Merveilleux contre le mystère »
    Décembre - Artaud est de retour en France.
  • « cette année-là »
    La peintre anglaise Eileen Agar adhère au groupe surréaliste.
    David Gascoyne et Roland Penrose créent le groupe surréaliste britannique et organisent la première exposition internationale du surréalisme à Londres, avec la collaboration de Breton et E. L. T. Mesens.
    André Masson se réconcilie avec Breton.
    Benjamin Péret rejoint le POUM (Parti ouvrier d'unification marxiste) à Barcelone après avoir été expulsé du Brésil pour activités révolutionnaires.
    Tristan Tzara adhère au parti communiste français.
    À New York, exposition dadaiste et surréaliste intitulée "Fantastic Art, Dada, Surrealism" au Museum Of Modern Art (MOMA).

1937

  • éphéméride
    26 avril - Bombardement de Guernica (Espagne) par l'aviation allemande.
    Pablo Picasso commence les esquisses de « Guernica ». Au cours de sa réalisation, Dora Maar photographie les différentes étapes de la création.
    28 juillet - Antonin Artaud « Nouvelles révélations de l'être » ouvrage signé "Le Révélé"
    1er août - Antonin Artaud « D'un voyage au pays des Tarahumaras », signé de trois étoiles. Lettres à Jean Paulhan : "J'ai décidé de ne pas signer […] Mon nom doit disparaître" et "Ce qui importe dans tout cela c'est l'affirmation de l'anonymat […] Je ne veux plus signer à aucun prix."
    14 août - Artaud est en Irlande.
    23 septembre - Artaud est arrêté et incarcéré à Dublin probablement pour vagabondage.
    29 septembre - Artaud est rapatrié de force en France.
    Décembre - La mère d'Artaud retrouve sa trace à l'hôpital psychiatrique de Sotteville-lès-Rouen où il a été placé d'office.
  • « cette année-là »
    André Breton ouvre la galerie "Gradiva", rue de Seine.
    La peintre et écrivaine anglaise Leonora Carrington rencontre Max Ernst. Ils s'installent à St-Martin-en-Ardèche.
    Au Danemark, une violente campagne de presse contre les œuvres de Wilhelm Freddie conduit la police à fermer l’une des expositions du peintre. Trois de ses œuvres sont confisquées au profit du musée de Criminologie de Copenhague.
    L'écrivain égyptien Georges Heinen fonde au Caire le groupe "Art et Liberté".
    Le peintre anglais Gordon Onslow-Ford rencontre Matta et découvre le surréalisme et l'automatisme.
    Shuzo Takiguchi organise la première exposition surréaliste au Japon, à Kyoto et Tokyo.
  • Œuvres
    Jean Arp « Concrétion humaine sur coupe »
    Maurice Blanchard « Les Barricades mystérieuses »
    Victor Brauner « Le Dernier voyage »
    Hans Bellmer « Mitrailleuse en état de grâce », objet composé
    André Breton « L'Amour Fou » : "Aujourd'hui encore je n'attends rien que de ma seule disponibilité, que de cette soif d'errer à la rencontre de tout, dont je m'assure qu'elle me maintient en communication mystérieuse avec les autres êtres disponibles, comme si nous étions appelés à nous réunir soudain. […] La beauté convulsive sera érotique-voilée, explosante-fixe, magique-circonstancielle ou ne sera pas.".
    André Breton « Pour Jacqueline », objet, « Souris blanche » boîte-poème
    Leonora Carrington « 'Le Fantôme »
    Oscar Dominguez « Lion bicyclette », peinture
    Max Ernst « L'Ange du foyer », « Au-delà de la peinture » : "L'activité artistique cesse d'être définie comme une activité qui s'opposerait à la passivité. Il faudrait tenter de penser et vivre une "activité (passivité)", le rôle du peintre devenant de cerner et de projeter ce qui se voit en lui."
    Jacques Hérold « Le Germe de la nuit », peinture
    René Magritte « L'Avenir des statues », tête de plâtre peinte d'azur et de nuages, « La Reproduction interdite », « Le Thérapeute »
    Pierre Mabille « Thérèse de Lisieux »
    Joan Miró « Nature morte au vieux soulier », « L'Objet du couchant », objet
    Wolfgang Paalen « Le Phalène », peinture
    Pablo Picasso « Portrait de Marie-Thérèse Walter à la guirlande »
    Man Ray « Mannequin dans la Brouette de Dominguez », photo
    Louis Scutenaire « Les Haches de la vie », poèmes
    Yves Tanguy « Ni rides ni vents »
    Toyen « Les Spectres du désert », dessin

1938

  • « cette année-là »
    Le poète Braulio Arenas publie la première revue surréaliste chilienne "Mandragora".
    Persécuté par les nazis, Hans Bellmer quitte Berlin pour Paris.
    André Breton est envoyé à Mexico par le ministère des Affaires Étrangères pour y prononcer une série de conférences sur l'état de la poésie et de la peinture en Europe. Accompagné de Jacqueline, il rencontre Léon Trotsky dans la maison des peintres Diego Riveira et Frida Kahlo. Ensemble, ils écrivent le manifeste « Pour un art révolutionnaire indépendant »
    À son retour du Mexique, Breton fonde la Fédération internationale de l'art révolutionnaire indépendant (F.I.A.R.I.).
    Jef Golyscheff s’enfuit de Barcelone bombardée par l'armée de Franco, laissant ses tableaux réalisés en Espagne. Il se réfugie en France où on l’interne dans les camps d’Argelès et de Gurs.
    Peggy Guggenheim ouvre un musée à Londres et y expose des œuvres de Max Ernst.
    Rencontre Wilfredo Lam / Picasso
    Mesens s'installe à Londres et dirige la "London Gallery" et la revue "London bulletin"
    Cesar Moro fonde la revue "El Uso de la palabra (l'usage de la parole)".
    Yves Tanguy découvre les œuvres de Kay Sage, la rencontre et se marient.
  • Œuvres
    Aï-Mitsu « Paysage à l'œil », peinture
    André Breton et Paul Eluard « Dictionnaire abrégé du surréalisme »
    Leonora Carrington « À l'auberge du cheval Aube », peinture
    Salvador Dalí « Canapé Mae West », meuble, « Téléphone-homard », objet
    Paul Delvaux « L’Appel de la nuit », « Le Salut et la rencontre »
    Marcel Duchamp « Boîte en valise »
    Paul Eluard « Cours naturel »
    Julien Gracq « Au château d'Argol »
    Dora Maar « Portrait de Picasso », peinture
    Pierre Mabille « Egrégores ou la vie des civilisations »
    Matta commence une série de peintures qu'il nomment « Morphologies psychologiques »
    Joan Miró « Femme assise I »
    Wolfgang Paalen « Combat de Princes saturniens », peinture exécutée selon un procédé de son invention le fumage : la flamme d'une bougie est promenée à la surface de la toile recouverte de peinture fraîche, « Nuage articulé », objet
    Roland Penrose « Phalènes magnétiques », cartes postales illustrées et répétitives
    Kurt Seligmann « L'Ultra-Meuble », objet
    Yves Tanguy « Mère des rêves », dessin

1939

  • éphéméride
    22 février - Internement d'Antonin Artaud à Ville-Évrard, à une vingtaine de kilomètres de Paris. Le certificat de transfert porte l'indication : "graphorrhée".
    Septembre - Dissolution du parti communiste français et interdiction de toute activité votée par l'assemblée nationale en réaction au pacte de non agression signé entre l'Allemagne et l'URSS. Invasion de la Pologne, déclarations de guerre et début de la Drôle de guerre.
    André Breton est mobilisé comme médecin à l'école de pilotage de Poitiers.
  • « cette année-là »
    Salvador Dalí proclame son soutien au régime franquiste, puis s'installe à New York où ses tableaux se vendent bien.
    Max Ernst, déclaré étranger ennemi, est arrêté et interné dans une briqueterie transformée en camp d'internement aux Milles, près d'Aix-en-Provence (Bouches-du-Rhône).
    À l'initiative de Léonor Fini, la galerie René Drouin propose une exposition tentant de conjuguer le surréalisme et le design. Fini y propose son « Armoire anthropomorphe » et Meret Oppenheim un « Miroir encadré de cheveux »
    Matta s'installe aux États-Unis. Il rebaptise ses œuvres « Inscape » (paysages intérieurs).
    Réformé Yves Tanguy gagne les États-Unis où il retrouve et Kay Sage. Ils s'installent à Woodbury, Connecticut.
  • Œuvres
    Hans Bellmer « Céphalopode irisé », peinture
    Eugène Berman « Garde-robe », huile sur toile vernie sur structure en pin
    André Breton « Anthologie de l'humour noir » : "L'humour noir est tout autre chose que l'ironie sceptique ou la plaisanterie sans gravité"
    Aimé Césaire « Cahier d'un retour au pays natal »
    Oscar Dominguez « Nostalgie de l'espace »
    Esteban Francès « Labyrinthe du Minotaure », peinture
    Frida Kahlo « Les Deux Rita », peinture
    Michel Leiris « L'Âge d'homme »
    André Masson « L'Homme emblématique », « Le Pianotaure »
    Matta « Morphologie psychologique »
    Gordon Onslow-Ford « Toile d'araignée de l'espace », peinture exécutée sur le procédé du coulage qui consiste à répandre sur une couche de peinture à l'huile des émaux industriels qui se craquèlent
    Pablo Picasso « Portrait de Jaime Sabartés »
    Louis Scutenaire « Frappez au miroir », poèmes
    Yves Tanguy « Si c'était »

1940

  • éphéméride
    Benjamin Péret est incarcéré à Rennes pour "constitution de cellule trotskyste dans l'armée".
    De mai à juillet - Les allemands envahissent la France en passant par la Belgique. Les anglais rembarquent à Dunkerque. Depuis Londres, le général de Gaulle appelle à la résistance. Replié à Bordeaux, le maréchal Pétain propose l'armistice. L'Assemblée nationale de la IIIe République vote sa propre dissolution.
    20 août - Assassinat de Trotsky.
    Octobre - Premiers décrets contre les juifs promulgués par le gouvernement de Pétain.
    André Breton et Jacqueline Lamba trouvent refuge à la Villa Air Bel près de Marseille dans l'attente d'un embarquement pour les États-Unis. S'y retrouvent Oscar Dominguez, Max Ernst, Wilfredo Lam, André Masson, Péret et Victor Serge : "Nous avions baptisé Espervisa le château délabré. […] Breton y écrivait des poèmes dans la serre, au soleil de novembre. J’écrivais des pages de roman et ce n’était pas par amour de la littérature."
    Création collective d'un jeu de tarot, le « Jeu de Marseille » et de nombreux cadavres exquis dessinés.
    9 novembre - Lettre d'Antonin Artaud : "Chaque nuit mon lit est amené dans un centre initiatique !!! différent et j'y subis quelques mutilations de plus et me réveille chaque matin un peu plus asphyxié et titubant avec des grappes de femmes suspendues à mon cou, à ma tête, à mon ventre, à mes membres, et des légions de démons enfants et femmes qui déferlent sur moi en ondes et par courants. Peut-être réussirez-vous à trouver ce qu'il me faut pour que les démons se taisent".
  • Œuvres
    Eileen Agar « L'Ange de l'Anarchie », objet composite
    Victor Brauner « La Pierre philosophale », peinture
    Manuel Alvarez Bravo « La Bonne renommée endormie », photo d'une jeune femme à peu près dévêtue, allongée sur une natte entourée de petits "cactus-vagin". Breton : "Bravo possède le sens de la fatalité, seule trouée d’aperçus divinatoires, qui a inspirée les plus grandes œuvres de tous les temps."
    Max Ernst « Le Fascinant cyprès », « Arbres solitaires et arbres conjugaux »
    Morris Hirschfield « Jeune fille au miroir »
    Pierre Mabille « Le Miroir du merveilleux »
    Joan Miró commence une série de peintures à l'essence sur papier intitulée « Constellations ». Breton : "Le surréalisme lui doit la plus belle plume de son chapeau."
    Shuzo Takiguchi publie la première monographie consacrée à Joan Miró
    Toyen « Le Tir », dessin

1941

1942

  • éphéméride
    1er janvier - André Breton « Le Dialogue créole », publié à Buenos Aires dans la revue "Lettres françaises" dirigée par Roger Caillois et Victoria Ocampo.
    9 février - Lettre de Breton à Antoine de Saint-Exupéry : "Vous n'avez pas démissionné clairement du "Conseil national" (organisme créé par le gouvernement de Vichy). Est-ce ma faute si vous n'êtes pas seulement l'auteur de très beaux livres et au privé un homme des plus émouvant mais aussi quelqu'un d'autre de très influent et de très agissant dont le pouvoir peut s'exercer - et sans doute s'exerce - à rebours de tout ce que pour ma part je juge nécessaire ?"
    3 mars - À New York, exposition "Artists in exile" organisé par Pierre Matisse (fils d'Henri Matisse).
    Pierre Lazareff engage Breton comme speaker à la radio "La Voix de l'Amérique".
    Avril - Wolfgang Paalen « Farewell au surréalisme », texte publié dans la revue "Dyn".
    André Breton « Vie légendaire de Max Ernst » publié dans la revue "View".
    Juin - Parution du premier numéro de la revue "VVV" dirigée par Breton et Marcel Duchamp.
    André Breton « Prolégomène à un troisème manifeste ou non » illustré par Matta.
    21 octobre - Exposition "Art of this century" à la galerie de Peggy Guggenheim. André Breton signe la préface du catalogue « Génèse et perspective artistique du surréalisme ».
    17 novembre - Exposition Wilfredo Lam à la galerie de Pierre Matisse.
    10 décembre - André Breton « Situation du surréalisme entre les deux guerres », conférence prononcée à l'université de Yale.
  • Œuvres
    André Breton « J'ai salué à six pas », poème-objet confectionné à partir d'une carte postale
    Max Ernst « L'Antipape », « L'Europe après la pluie »
    Jacques Hérold « La Liseuse d'aigle », peinture
    Wilfredo Lam « Ta propre vie », « Lumière dans la forêt »
    Conroy Maddox « Le Jardin enchanté », peinture
    René Magritte « Le Regard intérieur »
    André Masson « Méditation sur une feuille de chêne », « Paysage iroquois »
    Matta « Ici, Monsieur le Feu, mangez »
    Pablo Picasso « Tête de taureau », assemblage d'une selle et d'un guidon de bicyclette

1943

  • éphéméride
    January 23 - Antonin Artaud est transféré à l'hôpital psychiatrique de Rodez dirigé par le docteur Gaston Ferdière après de nombreuses démarches entreprises par Robert Desnos depuis novembre 1942.
    Mai - Rupture de Kurt Seligmann.
    Juin - Artaud subit ses premières séances d'électrochocs, méthode prétendument efficace.
    29 août - André Breton est interrogé par des agents du FBI. Selon Julien Green : "On lui aurait mis sous les yeux des textes prouvant qu'il est contre la société capitaliste, contre la religion, etc."
    10 décembre - Breton recontre Élisa Claro
  • Œuvres
    Maurice Blanchard « Les Pelouses fendues d'Aphrodite », poèmes publiés dans la revue clandestine "La Main à la plume"
    Jacques Brunius « Matador cavernicole », collage
    Max Ernst « Vox angelica »
    Arshile Gorky « Waterfall »
    Michel Leiris « Haut mal »
    Cesar Moro « Le Château de grisou »
    Benjamin Péret « Le Déshonneur des poètes », pamphlet contre la poésie de la Résistance
    Antonio Porchia « Voces », premier recueil d'aphorismes : "Ils te doivent la vie et une boîte d'allumettes et ils veulent te payer une boîte d'allumettes, parce qu'ils n'aiment pas te devoir une boîte d'allumettes."

1944

  • éphéméride
    15 janvier - Exposition Matta à la galerie de Pierre Matisse.
    André Breton découvre la peinture d'Arshile Gorky.
    22 février - Robert Desnos, prévenu de son arrestation par la Gestapo, refuse la fuite pour ne pas exposer aux représailles sa compagne Youki. Il est déporté au camp de concentration de Buchenwald, puis celui de Terezin en Tchécoslovaquie.
    24 février - Max Jacob est arrêté par la Gestapo.
    5 mars - Max Jacob meurt au camp de déportation de Drancy (act. Seine-St-Denis).
    8 mars - André Breton : "J'ai le désir d'écrire un livre autour de l'Arcane 17 [...] en prenant pour modèle une dame que j'aime et qui hélas, en ce moment est à Santiago du Chili." (Il s'agit d'Élisa Claro).
    25 avril - Lettre d'Antonin Artaud à Adrienne Monnier : "Je ne suis plus Antonin Artaud parce que je n'en ai plus le moi, ni la conscience, ni l'être bien que je sois dans le même corps que lui et qui civilement et légalement je porte le même nom que lui et que cette lettre-ci soit signée de nom-là parce que sur cette terre-ci je ne puis en avoir d'autres".
    10 mai - Antonin Artaud « Le Théâtre et son double » réédité à 1525 exemplaires
    Août - Voyage de Breton et Élisa sur la côte de Gaspésie au Canada.
    Décembre - Rencontre Breton / Gorky
    De retour du Mexique, Jacqueline Lamba est retenu à Laredo au Texas et empéchée d'entrer aux États-Unis sous le grief "d'avoir mené à New York une activité subversive". Breton écrit à Saint-John Perse qui parvient à débloquer la situation.
  • « cette année-là »
    À Londres, E. L. T. Mesens écrit le pamphlet « Idolatry and confusion » contre la nouvelle poésie patriotique, notamment celle d'Aragon.
    Pablo Picasso adhère au parti communiste français.
  • Œuvres
    André Breton « Arcane 17 », première publication à New York aux éditions Brentano's : "C'est la révolte même, la révolte seule qui est créatrice de lumière. Et cette lumière ne peut se connaître que trois voies : la poésie, la liberté et l'amour."
    Salvador Dalí « Le Rêve »
    Paul Delvaux « L'Appel »
    Arshile Gorky « Comment le tablier brodé de ma mère se déploie sur ma vie », « Les Compagnons d'enfance », peintures
    Frida Kahlo « Racines »
    Wilfredo Lam « Harpe cardinale »
    Cesar Moro « Lettre d'amour »
    Iaroslav Serpan « Les Roses d'Ispahan », roman (publié en 1983)
    Toyen « Cache-toi, guerre! », dessin
    Clovis Trouille « Le Dialogue au Carmel », peinture

1945

1946

  • éphéméride
    1er janvier - Publication à Port-au-Prince (Haïti) d'un numéro spécial de la revue "La Ruche" en hommage à André Breton. Le numéro est immédiatement saisi et plusieurs responsables dont René Depestre sont emprisonnés. Le soulèvement qui s'ensuit provoque la chute du gouvernement Lescot.
    24 janvier - Exposition Wilfredo Lam à Port-au-Prince. Breton écrit la préface du catalogue « La Nuit Haïti »
    26 mars - Rencontre Breton / Albert Camus à New York.
    25 mai - Retour en France de Breton.
    26 mai - Antonin Artaud quitte Rodez. Il est installé dans une maison de santé à Ivry-sur-Seine.
    7 juin - Séance d'hommage à Artaud au Théâtre Sarah-Berhardt et exposition de ses dessins organisée par Jean Paulhan, Arthur Adamov et Marthe Robert pour saluer son retour après dix ans d'internement psychiatrique. Breton prononce un « Hommage » diversement apprécié.
    16 juillet - Antonin Artaud enregistre « Aliénation et magie noire » pour le Club d'essai de la radio que dirige Pierre Schaeffer.
    1er octobre - Antonin Artaud : « Adresse au Pape » : "Je renie le baptême. Je chie sur le nom chrétien. Je me branle sur la croix de dieu (mais la branlette, Pie XII, n'a jamais été dans mes habitudes, elle n'y entrera jamais)" et « Adresse au Dalaï-Lama » : "Que vous ayez ou non, à travers le néant, tasté mon corps, pour pouvoir en étiqueter les réactions d'aspic, et les faire tomber à pic dans la chute de vos rouleaux d'ego, ibi, esprit, perisprit, pan-insprit, par ago, tant à go, tamichto, ta pistro, pampita, pre-brahma, par a bo, pa ta pho, para-brah-pitr'a fa et toute le nomenclature anti-psychique, a psychologique, para-mystique, metaphysique, anti physique, ana meta dialectique où vous avez cru faire tenir tous mes maux, à moi le corps, j'ai à vous dire que vous, lamas […], êtes tous des saligauds, yogis en plus et gourous foutus."
    René Magritte, Marcel Mariën et Paul Nougé « Le Surréalisme en plein soleil », manifeste (signé également par d'autres surréalistes belge, et aussi Joë Bousquet) qui prétend arracher le surréalisme actuel à sa complaisance pour le mystère pour l'orienter vers "la lumière du soleil". Proposé à sa signature, Breton répond à Magritte : "Texte anti-dialectique et par ailleurs cousu de fil blanc vous plaisantez." Rupture avec Magritte et Nougé.
    Nommé attaché culturel à l'ambassade du Mexique à Paris, le poète Octavio Paz participe aux activités des surréalistes.
    Novembre - André Breton « Yves Tanguy », recueil de textes inédits sur le peintre, mis en page par Marcel Duchamp et publié à New York par Pierre Matisse.
  • « cette année-là »
    Yves Bonnefoy, Iaroslav Sepan et Claude Tarnaud fondent le groupe d'inspiration surréaliste "La Révolution la nuit".
    Première exposition à New York des œuvres du groupe dit des "Automatistes", dont fait partie le peintre canadien Jean-Paul Riopelle, inspirés des expériences d'écritures automatiques.

1947

  • éphéméride
    3 janvier - Jean Dubuffet « Artaud au houppes »
    13 janvier - Antonin Artaud lit « Histoire vécue d'Artaud le Mômo » au théâtre du Vieux-Colombier.
    1er février - André Breton « Ode à Charles Fourier » avec des illustrations de Frederick J. Kiesler.
    Avril - Breton donne sa signature à un communiqué défendant Paul Nizan d'accusations portées à son encontre par Louis Aragon.
    4 avril - Le quotidien "L'Humanité" s'en prend à Breton "qui fut l'hôte de Trotsky, le plus grand serviteur de la police politique internationale contre le mouvement ouvrier."
    11 avril - Tristan Tzara « Le Surréalisme et l'après-guerre », conférence prononcée à la Sorbonne : "Je ne vois pas sur quoi [le surréalisme] serait fondé pour reprendre son rôle dans le circuit des idées au point où il le laissa comme si cette guerre et ce qui s'ensuivit ne fût qu'un rêve vite oublié." Breton tente violemment d'interrompre Tzara.
    Mai - Dans la revue "Les Temps modernes", Jean-Paul Sartre considère les surréalisme, Breton en particulier, comme des "écrivains bourgeois".
    Des surréalisme révolutionnaires comme Noël Arnaud, favorables au parti communiste, tiennent des réunions et en publient des compte-rendus comme "Pour déséquivoquer le surréalisme français".
    31 mai - André Breton : "La passion reste la conscience du mouvement surréaliste", entretien avec Dominique Arban dans le quotidien "Combat".
    8 juin - Réaction de Breton qui rappelle les calomnies d'un parti bannissant "la libre discussion dans les organismes révolutionnaires" et invite ceux qui prétendent "déséquivoquer" à "assainir l'air" autour d'eux-mêmes.
    13 juin - Exposition Toyen à Paris. Breton préface le catalogue.
    7 juillet - Exposition internationale du surréalisme à la Galerie Maeght où 25 pays y sont représentés.
    Marcel Duchamp « Prière de toucher », sein en mousse sur la couverture du catalogue.
    Frederick J. Kiesler « Salle des superstitions », installation
    Roger Vailland accuse Breton de réviser l'histoire de la littérature et de la philosophie du point de vue du surréalisme (« Le Surréalisme contre la Révolution »).
    Première exposition parisienne de Matta. Le catalogue publie un texte de Breton de 1944 : « La perle est gâtée à mes yeux... »
    Octobre - Sarane Alexandrian « Poésie et objectivité », manifeste publié dans la revue "Fontaine". Considéré par Breton comme le porte-parole de la nouvelle génération surréaliste.
    4 novembre - À Prague, exposition "Surréalisme international" à l'initiative de Toyen et Heisler. Breton rédige la préface du catalogue.
    22 novembre - Artaud enregistre pour la radio « Pour en finir avec le jugement de Dieu » avec les participations de Maria Casarès, Paule Thévenin et Roger Blin.
    15 décembre - Antonin Artaud « Van Gogh le suicidé de la société » : "Mais comment faire comprendre à un savant qu'il y a quelque chose de définitivement déréglé dans le calcul différentiel, la théorie des quanta, ou les obscènes et si niaisement liturgiques ordalies de la précession des équinoxes, - de par cet édredon rose crevette que Van Gogh fait si doucement mousser à une place élue de son lit, de par la petite insurrection vert Véronèse, azur trempé de cette barque devant laquelle une blanchisseuse d'Auvers-sur-Oise se relève de travailler, de par aussi ce soleil vissé derrière l'angle gris du clocher du village, en pointe, là-bas, au fond ; devant cette masse énorme de terre qui, au premier plan de la musique, cherche la vague où se congeler."

1948

  • éphéméride
    1er février - La diffusion du texte d'Antonin Artaud « Pour en finir avec le jugement de Dieu » est interdite par le directeur de la Radiodiffusion française.
    5 février - Suite à diverses réactions suscitées par son interdiction, l'émission « Pour en finir… » est diffusée pour un public restreint composé de journalistes, d'artistes et d'écrivains. Maurice Nadeau : "J'approuve Guilly quand il trouve scandaleuse l'émission d'Artaud et je me réjouis de ce scandale. Ne nous répétait-on pas sur tous les tons que dans l'état de décadence où nous sommes, rien ne saurait plus scandaliser ? Qu'un poète par sa seule voix y parvienne, redonne un certain crédit aux mots."
    4 mars - Artaud est retrouvé mort à Ivry-sur-Seine, probablement victime d'une surdose accidentelle d'hydrate de chloral. Dernière phrase écrite sur un cahier : "De continuer à / faire de moi / cet envoûté éternel / etc. etc."
    Avril - Antonin Artaud « Pour en finir avec le jugement de Dieu », publication posthume
    Novembre - Malgré l'opposition de Sarane Alexandrian, Victor Brauner et Matta sont exclus du groupe surréaliste.
  • « cette année-là »
    Braulio Arenas organise la première "Exposicion internacionale Surrealista" à Santiago du Chili.
    Atteint d'un cancer, Arshile Gorky se suicide.

1949

1950

  • « cette année-là »
    Dans la revue "Arts", Breton entreprend une campagne contre le réalisme socialiste en peinture.

1951

  • éphéméride
    Octobre - André Breton se rapproche de la Fédération anarchiste et collabore au journal "Le Libertaire".

1952

1953

  • « cette année-là »
    De retour en France, Max Ernst s'installe à Seillans (Var). Il devient Satrape du Collège de 'Pataphysique.
  • Œuvres
    Yves Bonnefoy « Du mouvement et de l'immobilité de Douve » : "Je ne suis que parole intentée à l'absence."
    Matta « Matinant », « À chaque aube je m’heure »
    Judith Reigl « Ils ont soif insatiable de l'infini », peinture
    Tristan Tzara « La Face intérieure »

1954

  • « cette année-là »
    Exclusion de Max Ernst pour avoir accepté le Grand prix de peinture de la Biennale de Venise.
    Wolfgang Paalen se suicide au Mexique.

1955

  • Œuvre
    Kay Sage « Tomorrow is never », peinture

1956

  • Œuvres
    Pierre Alechinsky « L'Homme des neiges »
    André Breton « Signes ascendants »
    Mimi Parent « J'habite au choc », peinture
    Benjamin Péret « Anthologie de l'amour sublime », recueil de textes de toutes époques, des Arabes d'Andalousie à Léo Ferré. Dans sa préface, Péret s'attache à retracer l'histoire de "sentiment qui comble toute la vie du sujet reconnaissant dans l'être aimé l'unique source de bonheur."
    Jean Schuster et Breton créent la revue "Le Surréalisme même"
    « Au tour des livrées sanglantes », tract collectif des surréalistes adjurant les "camarades communistes" de contraindre leur dirigeants à entreprendre la déstalinisation dans le parti et à imposer la réhabilitation "du compagnon inséparable de Lénine, de l'organisateur de l'armée rouge, du théoricien de la révolution permanente, le camarade Léon Trotsky."

1957

1958

  • « cette année-là »
    Au gala du "Monde libertaire", André Breton prend la parole pour protester contre la guerre d'Algérie.

1959

  • Œuvres
    Jean Arp « Le Petit théâtre », sculpture
    André Breton et Joan Miró « Constellations », en face de 22 gouaches répondent 22 textes automatiques prenant pour point de départ les sensations provoquées par ces gouaches
    André Breton « La Galvanisation », corset de dentelle rose collé sur une toile peinte à l'huile
    René Magritte « Le Château des Pyrénées »

1960

1961

1962

1963

  • éphéméride
    8 janvier - Après avoir établi le catalogue complet des œuvres d'Yves Tanguy, Kay Sage se suicide par empoisonnement.
  • « cette année-là »
    André Breton rend visite à Pierre Alechinsky : "Ce que je goûte le plus dans l'art est ce que vous détenez, ce pouvoir d'enlacement des courbes, ce rythme de toute évidence organique, cet heureux abandon de femme que vous obtenez des couleurs, de la lumière."
    À l'occasion d'une exposition à Pasadena, Californie, Marcel Duchamp joue aux échecs avec une femme nue, devant son « Grand verre ».
    Man Ray devient "Satrape" du Collège de 'Pataphysique.

1964

1965

  • « cette année-là »
    Exposition internationale du surréalisme intitulée « L'Écart absolu » à la galerie de l'Œil, à Paris.

1966

  • éphéméride
    7 juin - Mort de Jean Arp.
    28 septembre - Mort d’André Breton. Louis Aragon écrit en juin 1971 : "Tous les signes étaient qu'à l'automne de 1965 nous aurions pu nous retrouver, au moins une fois, quelque part, dans un de ces lieux d'autrefois qui furent marqués du miracle, un café par chance demeuré lui-même..." {« Lettre ouverte à André Breton sur "Le Regard du sourd", l'art, la science et la liberté », in "Les Lettres françaises")
  • Œuvre
    Marcel Duchamp « Étant donnés : 1° la chute d'eau, 2° le gaz d'éclairage », variante tridimensionnelle du « Grand verre », élaborée depuis 1946, inachevée.

1967

  • éphéméride
    Avril : publication de la revue "L'Archibras" dirigée par Jean Schuster qui remplace "La Brèche". Le titre est emprunté à Charles Fourier.
    Mai : première exposition surréaliste brésilienne à São Paulo.

1969

  • « cette année-là »
    Dissolution du groupe surréaliste.

Articles connexes

Sources bibliographiques

  • Sarane Alexandrian « Breton », "Écrivains de toujours", Le Seuil, 1971
  • Henri Béhar & Michel Carassou « Le Surréalisme », Librairie Générale Française, 1982, Le Livre de poche 1992
  • Adam Biro & René Passeron (sous la direction de) « Dictionnaire général du surréalisme et de ses environs », Presses universitaires de France, 1982
  • Marguerite Bonnet « Chronologie d'André Breton », in «André Breton : Œuvres complètes», Bibliothèque de la Pléiade, Gallimard, 1988
  • Pierre Daix « La Vie quotidienne des surréalistes (1917-1932) » Hachette, Paris 1993
  • Evelyne Grossman « Chronologie » in « Antonin Artaud : Œuvres » Quarto, Gallimard, 2004
  • Laurent Le Bon (sous la direction de) « Dada », catalogue de l'exposition présentée au Centre Pompidou du 5 octobre 2005 au 9 janvier 2006, Éditions du Centre Pompidou, 2005
  • Serge Lemoine « Dada » Hazan, 1991-2005
  • Maurice Nadeau « Histoire du surréalisme » Le Seuil, 1949-1964
  • José Pierre « L'Univers surréaliste » Somogy, 1983
  • Anne Reinbold «Chronologie de René Char », in « Œuvres complètes », Gallimard, La Pléiade, 1983




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