Roman law and the insanity defense  

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enim injuria ex affectu facientis consistât [k). » enim injuria ex affectu facientis consistât [k). »
 +<hr>
 +
 +t Lii:\tTio\. I. DEFINITION, [/alienation est un terme de jurisprudence
 +qui exprime le fait de la transmission de la propriete d une chose a autrui et qui
 +implique 1 idee de la privation de la chose transmise. De la sans doute, et par ana
 +logic, 1 application des mots alienation mentale au fait de privation de la raison qui
 +constitue pour I homme une sorte de depossession.
 +
 +Frequemment employes dans ce sens general par les jurisconsultes et les mede-
 +cins de tous les temps, les mots alienation mentale et alienes sont entres, dcpuis
 +la promulgation de la loi de 1858 en France, avec un sens special, dans la langue
 +dudroit et de 1 administration.
 +
 +II est desormais indispensable que la science medicale, qui a exerce sur ce (
 +fait considerable une legitime et puissante influence, le consacre dans sa langue
 +usuelle, de maniere a obtenir, en ce qui se rapporte a la signification des mots
 +alienation mentale et alienes, 1 accord pari ait de la medecine avec le droit et
 +1 administration.
 +
 +Les termcs juridiquement employes pour designer les divers etats de la de-
 +possession de la raison, actuellement compris dans la legislation francaise sous le
 +
 +
 +
 +12 ALIENATION (DEFINITION).
 +
 +nom commun d alienation mentale, n out pas toujours etc los memes. Lour sens,
 +rarement deiini avec rigueur, a souvent varie; et, a toules epoques, il a ele ne-
 +,:essaire, clans les questions judiciaires, de degager pour ces temies leur sens K . .1
 +des significations qui leur etaient attributes dans la langue usuelle, uu pluloso-
 +pliique ou medicale.
 +
 +Ainsi disparait, relativement au sens legal a donner au mot fureur, toute equivo
 +que nee de ses acceptions diverses dans la langue usuelle et medicale, et par suite
 +toute imputation legitime d impropriete contre 1 admission qui en a etc faite dans
 +
 +le Code civil.
 +
 +Le mot demence, ainsi que celui $ amentia, le plus habituellement employe
 +comme sonsynonyme, etait primitivement destine a exprimer le fait cl une affec
 +tion de 1 ame, antrainant la privation de la lumiere de la raison.
 +
 +Introduit dans la langue du droit, le mot demence y a toujours conserve un
 +sens tres-etendu.
 +
 +Toutefois des 1 origine il a ete restraint dans 1 application par les jurisconsultes
 +i la depossession de la raison dependante d un etat morbide.
 +
 +Pour faire cesser la confusion, qui existait dans la langue des jurisconsultes et
 +lies medecins, par une definition exacte des divers noms donnes aux divers troubles
 +morbides de la raison, Zacchias essay a de fixer, confer mement a 1 opinion la plus ge-
 +nerale des medecins, lesens du mot demence, en lui attribuant la valeur du terme
 +generique le plus general, ap plicable a toutes les affections morbides dans lesquelles,
 +d une maniere etpar une cause quelconques, 1 homme est partiellement ou totale-
 +ment prive de la raison, c est-a-dire de 1 attribut qui le distingue des animaux.
 +
 +Puis, prenant pour point de depart la doctrine de Galien sur les trois mods
 +essentiels d alteration dont la raison est susceptible, diminution, depravation et
 +deperdition, Zacchias rattacha au genre demence, dementias ou amentix, trois
 +sous-genres earacterises par 1 existence de 1 un de ces modes d alteration de la
 +raison: I imbecillite, fatuitas, par la diminution , le delire, delirium, par la de
 +pravation; la folie, insania, par la deperdition.
 +
 +Enlin, a chacun de ces sous-genres il rapporta, comme especes principals :
 +a rimbecillite, 1 imbecillite proprement dite, fatuitas, la stupiclite, stoliditas, la
 +faiblesse d esprit, ignorantia, 1 amnesie, oblivio, etc., etc. ; au delire, delirium,
 +la phrenesie et la parapbrenesie ; a la folie, la manie, la melancolie, la fureur, la
 +lycanthropie, 1 amour insense, la melancolie fiypocbondriaque, etc.
 +
 +La signification donnee par Zacchias au mot demence depasse pour son etendue
 +celle qui lui avail ete anterieurement attribuee et celle qui lui a ete ulterieurement
 +conserves.
 +
 +Sa distinction lumineuse entre 1 imbecillite, le delire et la tolie, fortilieepar les
 +progres de la science, a tendu de plus en plus a prevaloir.
 +
 +Mais le mot demence, dans la langue du droit, s est restreint par 1 usage le |ilu s
 +general a la designation des etats par lui rapportes au sous-genre insania, equi
 +valent a notre terme generique de folie ; et c est en ce sens qu il a ete employe
 +dans le Code civil au sujet des conditions legales de 1 interdiction.
 +
 +En effet, 1 article 489 distingue rimbecillite, synonyme de fatuitas dans la
 +langue juridique, de la demence et de la fureur.
 +
 +Et la discussion du Code prouve que les legislateurs out entendu appliquer le
 +mot demence a un etat de maladie ayant pour effet d oter, d une maniere perma-
 +nente, a celui qui en est atteint, 1 usage de sa raison, de donner a ses actes les
 +caracteres qui appartiennent evidemment a la folie, de le rendre incapable d agir,
 +
 +
 +
 +ALlL:&gt; Aiiun \DKHNITION). 13
 +
 +de parler en vertu d une volonte eclairee par la raison, etat dont la fureur expnme
 +le plus haul degre, ayant pour caractere special une impulsion du i urieux a des
 +mouvements dangereux pour lui-meme et pour les autres.
 +
 +G cst a dessein que dans 1 article 901 , qui declare que, pour fuire une doiidtio;i
 +entre-vifs ou un testament, il faut etre sain d esprit, on n a pas employe Icstermes
 +consacres pour designer les etats qui peuvent motiver 1 interdiction, etou a ndoptc
 +une fornnile qui exprirne un etat qu il appartient aux magistrals d apprecier sui-
 +vant les circonstances de fait.
 +
 +La portee de 1 insaiiite d esprit est plus etendue que celle des termes imbecillid ,
 +demence et fureur ; elle s applique a 1 etat de delire et meme a 1 etat de passion,
 +exdusif de la liberte morale.
 +
 +II y a lieu de remarqner que, dans la discussion de 1 article 901 , on a donne an
 +mot demence un sens plus large que celui de 1 article 504-. En elfet, on s est
 +appuye sur ce que la demence est la privation liabituelle de la raison, definition
 +qui s applique a 1 imbecillite aussi bien qu a la folie, pour admettre que la priva
 +tion momentanee de la raison, comme dans le delire, est exclusive de 1 etat sain
 +d esprit, condition legale de la capacite de tester.
 +
 +Enfin, le Code penal, en determinant la limile legale apportec a la responsa-
 +bilite penale par cette formule de 1 article 64 : II n y a ni crime, ni delit lorsque
 +(( le prevenu etait en etat de demence au temps de 1 action, a donne an mot
 +demence une signification beaucoup plus etendue que ne 1 a fait le Code civil.
 +
 +Les auteurs de la theorie du Code penal resument ainsi leur judicicuse discus
 +sion sur ce point de droit : Par demence, on doit entendre, puisque aucun textc
 +n en a restreint le sens, toutes les maladies de 1 intelligence : 1 idiotisme et la
 +demence proprement dite, la manie delirante et la manie sans delire, meme
 +partielle. Toutes les varietes de 1 aifection mentale, quelles que soient les deno-
 +minations que leur applique la science, quelque classification qu elles aient
 +regue, revetent la puissance de 1 excuse et justifient 1 accuse, pourvu que leur
 +existence au temps de 1 action soit certaine, pourvu que leur influence sar sa
 +perpetration puisse etre presumee. Ici le sens du mot demence atteint la por
 +tee qui lui a ete donnee par Zacchias, en comprenant les trois sous-genres qu il y
 +a rattaches, l imbecillite, le delire et la folie, avec toutes leurs especes secondaires,
 +et d6passe celle qui doit etre attribute a 1 alienation mentale.
 +
 +Jusqu a la promulgation de la loi de 1838, les mots alieneset alienation mentale
 +n avaient ete employes dans la langue du droit qn accessoirement, a titre d expres-
 +sions propres a caracteriser le fait de la dispossession de la raison. Avec cette loi,
 +les termes alienation mentale et aliene passerent de la langue medicale dans la
 +langue du droit avec le sens qui leur avait ete generalement attribue depuis que
 +Pinel, suivi par Esquirol et par la plupart des medecins francais, avait compris
 +sous le nom generique d alienation mentale les diverses especes de troubles mor-
 +bides de la raison qui peuvent etre rattaches a rimbecillite et a la folie.
 +
 +Bien que cette loi, qui dans son caractere complexe embrasse des mesures de
 +police et d assistance publique, des dispositions protectrices de la liberte indivi-
 +dtielle et des regies sur les droits civils des alienes, ait etc principalement congue
 +et discutee en vue des individus prives de la raison par suite d un etat de folie, il
 +n en est pas moins incontestable que, dans 1 esprit des legislateurs, le sens du mot
 +alienation mentale n ait ete entendu de maniere a embrasser aussi 1 etat d imbe-
 +cillite, et que, dans les termes de la loi, ses diverses prescriptions ne soient reelle-
 +nient applicables :.ux imbeciles tout aussi bien qu aux fous.
 +
 +
 +
 +14 ALIENATION (DEFINITION).
 +
 +C est ainsi que Ics ternics imbecillite, demence et furcur, quc le Code Napoleon
 +a consacres, ont cu dans le passe des acceptions fort variables, et ont besoin au-
 +jourd hui encore d etre interpretes pour etre mis en rapport avec Fetal de la
 +science medicale.
 +
 +Le mot fureur avail primitivemcnl dans le droit remain vine signification plus
 +arge que cclle qui lui a cte attribute par le Code Napoleon.
 +
 +L interdiction n etait admise par la loi des Douze Tables que pour les furieux.
 +
 +Ciceron, en citant le fait, 1 explique et le justifie par des definitions qui ont laisse
 +leurs traces dans la langue du droit.
 +
 +L etatdc furcur, qui cquivant a un aveuglement general de la raison, differe de
 +celui auquel correspond le mot insania, qui pour Ciceron exprime la privation de
 +la sante de Fame par perturbation ou maladie, a peu pres dans le sens dorme par
 +les jurisconsultes modernes au mot insanite. Si les anciens ont restreint aux inseii-
 +ses furieux 1 application de 1 interdiction, c est parce qu ils ont pense que Finsa-
 +nile n exclut pasl accomplissement des devoirs les plus simples et la conservation
 +des habitudes les plus ordinaires de la vie commune.
 +
 +Le Digeste a defini la fureur, a peu pres dans le meme sens, une alienation men-
 +tale continue, entrainant la privation absolue de la raison.
 +
 +Le sens du mot furieux, qui semble ainsi avoir exprime a 1 origine le plus haul
 +degre de 1 alienation menlale, s est graduellement restreint a des categories de
 +moins en moins lorges d individus prives de la raison, a mesure que 1 usage des
 +mots demence et imbecillite est devenu plus frequent et qu une signification plus
 +generale et mienx clefinie leur a ete attribute dans la langue du droit.
 +
 +L emprunt fait o la langue grecque des mots manie et melancolie pour designer
 +les principals formes du delirc dans 1 alienation mentale, en introduisant dans les
 +donnees de 1 interpretation la consideration de la cause morbide presumee, en-
 +traina pour un long temps une grande confusion dans les idees et le langage.
 +Suivant Ciceron, les Latins appelaient fureur ce que les Grecs, d apres la cause,
 +designaient sous le nom de melancolie.
 +
 +Un element d interpretation moins arbitraire, eniprunte a une consideration de
 +fait, 1 ctat d agitation on de calme, ne tarda pas a prevaloir parmi les jurisconsullcs
 +et les medecins.
 +
 +L etat d agitation fut admis comme Fun des caracteres essentiels de la manie.
 +Suivant le temoignage de Zacchias, les jurisconsultes attribuerent exclusivement le
 +nom de furieux aux maniaques et se servirent des mots, mente capti, pour desi
 +gner les melancoliques ; assimilation de la fureur a la manie, qie justifie 1 ety-
 +mologie et quc Zacchias a admise comme conforme a son opinion et a celle de la
 +plupart des medecins.
 +
 +Dans le Code Napoleon, ou le mot fureur a ete conserve en vue d un interet
 +public, son sens est restreint a designer expressement et exclusivement ceux des
 +individus prives de la raison dont les exces menacent le repos et la siirete publics.
 +
 +A cet etat de fureur, qui, d apres leCode Napoleon, impose a la magistrature le
 +devoir de poursuivre d office 1 interdiction des alienes dangereux, correspond dans
 +la loi de 1858 le droit, attribue a 1 autorite publique, d ordonner d office leur
 +sequestration.
 +
 +Oucls que soient les termes employes, il y a unite de vues dans les deux
 +legislations qui ont pour but commun de sauvegarder le repos et la s6curite pu
 +blics centre les exces d uue meme categorie d individus prives de la raison, les
 +alienes dangereux.
 +
 +
 +
 +ALIENATION (DEFINITION). la
 +
 +G est ce que prouve la concordance de ses prescriptions relatives a la sequestra
 +tion et a 1 administration provisoire, facultatives on obligatoires, avec les disposi
 +tions dn Code civil relatives a 1 interdiction, concordance qui implique dans le
 +snjet auquel ces prescriptions sont applicables les memes conditions, c est-a-dire
 +1 etat habituel d imbecillite, de demence ou de fureur. Tel a etc en efiet, depuis la
 +loi de 1858, pour les jurisconsultes, pour les administrateurs et pour la plupart
 +des medecins, le sens du mot alienation mentale.
 +
 +L aliene dangereux de la loi de 1858, le furieux du Code civil pent &re un
 +imbecile, un idiot aussi bien qu un fou.
 +
 +Tous nos asiles contiennent, en vertu de I application de la loi de 1838, sous le
 +nom commun d alienes, des imbeciles et des Ibtis.
 +
 +Les questions posees par les magistrals et par les tribunaux relativcment a la
 +sequestration, a la capacite civile, a la responsabilite penale, emploient de plus en
 +plus frequemment les mots alienation mentale et aliene, leur donnent le sens d uu
 +terme generique applicable a 1 imbecillite aussi bien qu a la folie.
 +
 +Les opinions des jurisconsultes peuvent etre considerees comme se resumant
 +dans la doctrine exposee et dans les formules adoptees par M. Troplong, qui athnet
 +que clans la nomenclature du droit 1 alienation mentale comprend trois especes
 +1 imbecillite, la demence, la fureur, et qu il y a concordance cntrc cettc classifi
 +cation du Code et celle des medecins qui out rapporte a 1 alienation mentale quatre
 +especes, la manic, la melancolie ou monomanie, la demence et 1 idiotisme.
 +
 +Les differences ne porleut que sur les mots.
 +
 +Voici les definitions legales des especes de 1 alienation mentale d apres 1 erainent
 +jurisconsulte.
 +
 +L imbecillite est un affaiblissement de 1 esprit qui rapproche le malade de
 +1 cnfance ou de 1 extreme decrepitude. La demence est 1 expression gcncriqur
 +qui designc toutes les varietes de la folie ; c est la privation dc la raison avec ses
 +accidents et ses plienomenes divers. Folie continue ou intermittente, folie totale
 +ou partielle, folie tranquille ou orageuse et delirante, la demence (dementia,
 +(( privation de 1 esprit) exprime tout cela.
 +
 +Mais quand la demence est menac,ante pour la vie des autres, quand elle se
 +repand en mouvements forcenes, en actes de ferocite sauvage, en tentalivcs san-
 +(( guinaires, elle prend plus particulierement le nom de fureur. La surete publique
 +prescrit en paveil cas des mesures de precaution. La fureur est 1 espece, la
 +demence est le genre.
 +
 +Toutes les especes de demences ont pour principe une malndie essenticlle de
 +la raison, et par consequent 1 absence de deliberation, de volonte, de responsa-
 +bilite ; il en est de meme de 1 imbecillite.
 +
 +A la condition de cette interpretation des termes legaax, imbecillite, demence
 +et fureur, qne les medecins doivent d autant mieux accepter qu ils en ont enx-
 +memes fourni les principales donnees, la signification du mot alienation mentale
 +se trouve defmitivement ^tre au point de vue legal la meme qu au point de vue
 +administratif et medical, celle d un terme generique embrassant tous les etats de
 +deposscssion de la raisou qui sont prodiiits par les diverses formes et les divers
 +degres de 1 imbecillile et de la folie.
 +
 +II est important de remarquer que cettc interpretation Jaisse en clchors de la
 +portee des mots alienation mentale et aliene les divers troubles de la raison qui
 +peuvent etrc prodiiits par des causes autres que Timbecillite et la folie, soil dans
 +1 etat pathologique, comme dans les delires febriles, sjmpathiques ou toxiquesj
 +
 +
 +
 +j ALIENATION (CLASSIFICATION).
 +
 +soil dans 1 etat physiologique, comme dans les aberrations mentales liees a la
 +surexcitation nerveuse et aux paroxysmes des passions.
 +
 +Or, parmi ces troubles de la raison, ceux qui dependent d un etat pathologiquc,
 +bien qu ils ne puissent etre rapportes a 1 alienation mentale et qu ils ne puissent
 +motiver ni la sequestration, ni 1 interdiction, doivent pourtant etre consideres
 +comme exclusifs de la capacite civile et de la responsabilite penalc au moment oil
 +ils existent. Sous ce point de vue, ils se rattachent a 1 insanite d esprit du Code
 +civil et a la demence du Code penal.
 +
 +Enfin, tout en reconnaissant que les lois n ont pu emprunter les termes intro-
 +duits dans leurs textes qu a la langue usuelle des temps ou elles ont ete faites,
 +qu il suffit, pour qti elles puissent etre sagement et surement appliquees, quc Ic
 +sens des mots ait ete rigoureusement fixe au moment meme ou ils ont ete em
 +ployes et que les lois ne peuvent se preter aux cbangements que les mots subis-
 +sent par suite de 1 usage et du temps ; la science medicale, qni a le devoir dans
 +toutesles questions medico-legales de subordonner son langageacelui du droitdans
 +les conditions d une sage et judicieuse interpretation, conserve le droit de rejeter
 +ou de n admettre qu en les modifiant les termes legaux dans ses definitions et ses
 +classifications nosologiques, de maniere a perfectionner incessamment son propre
 +langage et a preparer pour 1 avenir le pertectionnement de la langue du droit.
 +
 +II. CLASSIFICATION NOSOLOGIQUE. Les divers etats morbides, que la science et la
 +legislation ont reunis sous le nom generique d alienation mentale, consideres dans
 +leur ensemble se rapprochent par un caractere commun, le fait actuel d un desordre
 +morbide.non febrile et permanent dans les manifestations intellectuelles et morales.
 +
 +Mais en realite et au point de vue nosologique, ces etats representent des mala
 +dies de nature fort differente et doivent etre rapportes a des especes principales
 +ou a des sous-genres qu il est important de caracteriser et de defmir.
 +
 +Des longtemps, je me suis efforce de taire cesser a ce sujet toute indetermination
 +ct toute confusion dans les idees et dans les mots.
 +
 +II meparait a la fois desirable et possible, en tenant compte de 1 etat de la science,
 +de fixer ce point dc doctrine dans la tbeorie et dans la terminologie nosologiques.
 +
 +Parmi les etats d alienation mentale, il en est qui, sous les formes les plus
 +variees, expriment essentiellement le moment actnel d un developpement mor-
 +bide, qui a commence posterieurement a la miissance, en suivant une marchc
 +determinee et en tendant vers une fin, la guerison, 1 incurabilite ou la mort, et
 +qui par consequent out tous les caracteres d une maladie proprement dite.
 +
 +Cette maladie, qui a pour effet principal, des son origine et durant son cours,
 +d alterer, d affaiblir ou d abolir les facultes intellectuelles et morales, n atteint guere
 +1 homme qu au sortir de 1 adolescence, se manifests comme un fait accidentel de sa
 +vie, lors meme qu clle portc le plus evidemment les traces de 1 influence d une pre
 +disposition hei editaire, et est habituellement determinee par un concours de causes,
 +parmi lesquellesle developpement et les exces des passions ont une partprincipale.
 +
 +Cette maladie, qui comprend un grand nombre d especes ou de formes, a ete
 +souvent designee improprement sous le nom d alienation mentale; elle merite de
 +recevoir un nom special; et le nom dc folie, qui tend generalement a prevaloir,
 +lui convient parfaitement et merite de lui etre nosologiquement applique.
 +
 +11 y a des etats d alteration non febrile et permanente de la raison, qui ne peu
 +vent etre rattaches a 1 existence actuelle d une maladie dans le sens propre du
 +mot, etqui constituent en realite une infirmite congeniale.
 +
 +Les individusqui ensont attaints offrent cet etat desle moment de leur (jiiliee duns
 +
 +
 +
 +{CLASSIFICATION). 17
 +
 +la vie, dont ils ne peuvent prendre possession que d une manierc plus ou moins
 +restreinte, par suite d une insuffisance radicale dans leurs aptitudes intellectuelles
 +et morales.
 +
 +Cette insuffisance est liee a une imperfection plastique ou dynamique du deve
 +loppement organique et fonctionnel de 1 encephale, provenant ou de vices de con
 +formation ou d arret de developpement, ou de maladies encepbuliques survenues
 +dans le cours de la vie intra-uterine.
 +
 +II peut arriver que les conditions essentielles de cette insuffisance continuent
 +a se produire apres la naissance, et durant la periode ou le developpement du sys-
 +teme nerveux central prend une part si importante dans les phc nomenes generaux de
 +la croissance.
 +
 +11 peut arriver aussi que I arret de developpement organique ct fonctionnel, ou
 +la production d etats morbides equivalents par rapport a leurs effets, ait com
 +mence a se produire soit immediatement apres la naissance, soitpeude temps apres.
 +
 +Mais dans tous les cas, la raison ne s est pas manifested clepuis le moment de la
 +naissance jusqu a 1 epoque de la deuxieme enfance, et a partir de cette epoqiie
 +1 insuffisance native des aptitudes intellectuelles et morales est demeuree station-
 +naire, constituant un etat fixe d infirmite, equivalent a une degeneration de
 +1 espece, auquel on applique generalement et on doit appliquer nosologiquement
 +le nom special d idiotie.
 +
 +Enfin il y a des etats d alteration non febrile et permanente de la raison, qui
 +sont babituellement et en fait rapportes a 1 alienation mentale, ct qu on ne pent
 +rattacher nosologiquement ni a 1 idiotie, parce qu ils se sont produits accidentel le
 +nient durant le cours de la vie, apres que 1 individu, qui en est atteint, s rhiit
 +trouve pendant un temps plus ou moins long en possession de la raison, ni a la
 +folie, parce qu ils se sont produits comme effet accessoire sous 1 influence de de-
 +veloppements morbides reellement etrangers a la folie.
 +
 +II en est ainsi des etats d infirmite par diminution ou abolition des facultcs in
 +tellectuelles et morales, qui peuvent se produire et persister a la suite de diverses
 +maladies de Tappareil encephalique, hydropisies, hemorrhagies, ramollissements
 +affections cancereuses, tuberculeuses, atrophies seniles ou autres, developpement
 +d entozoaires, etc. A ces divers etats d affaiblissement permanent et durable de
 +1 intelligence, qui peuvent motiver 1 application des mesures legales et adminis-
 +tratives relatives aux alienes, j ai cru devoir donner et il me parait qu on pourrail
 +donner nosologiquement le nom d imbecillite consecutive, en vue de designer
 +specialement des etats essentiellement dilferents de ceux auxquels conviennent les
 +noms de folie, et d idiotie, et d eviter la confusion souvent faite dans 1 application
 +entre les motsdemence, degre, forme de la folie, etles mots imbecillite et idiotie.
 +
 +Ainsi, au point de vue nosologique, 1 alienation mentale est un ordre ou un
 +genre comprenant trois genres ou trois sous-genres, la folie, 1 idiotie ou imbecillite
 +congeniale et rimbecillite proprement dite ou imbecillite consecutive.
 +
 +La classification secondaire des etats morbides qui appartiennent a chacun de
 +ces sous-genres, en especes ou formes distinctes, devra etre exposee dans les articles
 +speciaux qui leur seront consacres par le Dictionnaire.
 +
 +Mais a 1 article alienation mentale il m a paru convenable de rattacher quelques
 +considerations generates sur les principes a suiyre et sur les efforts tentes a di
 +verses epoques pour accomplir 1 oeuvre difficile de la classification nosologique
 +des maladies mentales.
 +
 +L etat d imp:rfection dans lequel se trouve encore la classification de ces maladies
 +
 +h-.n- r.sc. lil g
 +
 +
 +
 +18 ALIENATION (CLASSIFICATION).
 +
 +u est pas un I ait exceptionnel en nosologie. On peut affirmer que cct etat n est quc
 +1 expression d une insuffisance generale de la science en cc qui se rapporte, pour
 +loutes les maladies, a la determination rigoureuse du nombre et de la caracteris-
 +tique des genres, des especes et des varietes mor bides.
 +
 +Ccttc insuffisance ne depend pas settlement de ce que la science n a pas encore
 +acquis toutes les connaissances indispensables pour une appreciation parfaite dc
 +ous les etats morbides qui petivent tomber sous 1 observation, c est-a-dire de ce
 +[u elle n est pas encore en pleine possession de tout ce qu elle pent pretendre a
 +savoir sur la nature des maladies ; elle depend aussi de ce qu il n y a pas un accord
 +parfait entre les pathologistes sur 1 idee meme de 1 objet a classer, et enfin sur ce
 +que les donnecs fondamentales de la methode a adopter en nosologie ne sont pas
 +encore rigoureusement et unanimement fixees.
 +
 +Ainsi dans les classifications nosologiques des divers etats de 1 organisme vivant
 +qui, cxclusifs de 1 accomplissement normal des fonctions, sont generalement com-
 +pris sous la designation de maladies, on n a pas distingue les etats qui represen-
 +tcnt reellement un developpement morbide ayant un commencement, une marche
 +et une terminaison, caracteres essentiels de ce qui constitue une maladie dans le
 +sens propre du mot. On a confondu avec les maladies des etats morbides qui ne
 +sont que des effcts, permanents et stationnaires, ou de maladies anterieures on
 +d anomalies de developpement organique , et qui ne represented en realite que
 +des infirmites ou des degenerations.
 +
 +L omission de ces distinclions fondamentales, empruntees a la nature meme des
 +etats morbides a classer, a generalement prive les classifications nosologiques-
 +d une base solidc pour la construction de ces premieres assises sur lesquelles cloi
 +vent necessairement s appuyer leurs developpements ultcrieurs.
 +
 +Mais ces distinctions elles-memes dement de 1 application du principe qui doit
 +dominer la nosologie au point dc vue de la determination des especes, dont la
 +definition, le groupement par genres et la decomposition en varietes sont 1 objet
 +essentiel des classifications.
 +
 +Ce principe, c est que la determination des especes doit etre ibndee sur la nature
 +meme des etats morbides.
 +
 +Si ce principe, dont 1 evidence parait incontestable et dont on n a pu s abstenir
 +de tenir plus ou moins de compte dans les classifications nosologiques de toutes les
 +epoques, n a pas ete plus habituellement et plus generalement applique, c est que
 +la nature des maladies, suivant la plus haute portee du mot, est le plus souvent
 +au dela des atteintes de la science.
 +
 +Les tentatives faites aux diverses epoques de 1 histoire de la science, pour deter
 +miner les especes d apres la nature essentielle de la maladie, ont ete assez peu
 +satisfaisantes pour que les plus sages esprils aient cru devoir y renoncer. De la les
 +classifications subordonnees, pour leur principe dominant, soit au siege, soil a la
 +forme du trouble fonctionnel, soit a la nature des lesions anatomiques, soit enlin a
 +la consideration de caracteres dominants ou d ensembles de caracteres differentiels,
 +d apres une methode empruntee aux naturalistes,
 +
 +Mais si 1 essence de la maladie nous echappe, et si nous sommes peut-etre
 +destines a 1 ignofer a jamais, au moins a-t-il ete permis a 1 analyse philosophique
 +de saisir, dans les phenomenes de la maladie, un certain nombre d elemeuts par-
 +faitement definis dont 1 association synthetique peut etre considered comme repre-
 +sentant exaclement CQ qu a defaut de la connaissance de 1 essence des choses on
 +peut U-es-justement appeler la nature de la maladie.
 +
 +
 +
 +i CLASSIFICATION). 19
 +
 +Toute maladie se manifeste par uii ensemble de phenomenes qui tombent
 +immediatement sous les sens et qui ont regu le nom de symptomes.
 +
 +Apres avoir rattache, par induction physiologique, ces manifestations, en taut
 +que troubles fonctionnels, a des organcs, c est-a-dire a nn siege de la maladie, on
 +a ete conduit, a 1 aide de 1 anatomie pathologiquc, a enchainer etroitemcnt les
 +symptomes a des lesions determinees dans les organes et a obtcnir ainsi une double
 +caracteristique de 1 etat morbide par le siege et par la nature des lesions ana-
 +tomiques.
 +
 +A aucune epoque de 1 bistoire de la science, la maladie n a pu etre consideice
 +que comme 1 effet d une cause, et, des les premiers temps, elle a ete coneue comme
 +se developpant dans le temps par une succession determinec de phenomenes, c est-
 +a-dire comme ayant une marche.
 +
 +La nature de la maladie, autant qu il nous est actuellement permis de 1 atteindrc,
 +nous est en general donnee par les symptomes, par les lesions organiques et le
 +siege, par la marche et par les causes. Et jusqu au moment ou il devient possible
 +de fondre, pour un etat morbide donne, ces divers ordres de faits en un fait general
 +qui leur imprime 1 unite, c est-a-dire jusqu au moment ou la theorie scientifique
 +de cet etat morbide est definitivement obtenue et son essence, par consequent,
 +autant que possible devoilee, ces divers ordres de faits constituent les elements de
 +ce qu on doit appeler empiriquement, si Ton veut, mais au moins certainement, la
 +nature de la maladie.
 +
 +Ce sont ces elements qui, en attendant 1 avenement des theories definitives,
 +doivent servir a definir les maladies et a fonder les classifications nosologiques.
 +
 +G est par 1 application methodique de ce principe qu il sera possible d obtenir,
 +pour les classifications nosologiques, une base solidement appuyee sur une deter
 +mination rigoureusement scientifique des especes morbidcs.
 +
 +11 n y a aucune raison pour ne pas considerer comme applicables aux maludie.s
 +mentales le principe et la methods de classification qui conviennent aux autres
 +maladies
 +
 +11 est d autant plus important d insister sur ce point qu en ce qui conccrne les
 +maladies mentales, les imperfections de classification, avec toutes leurs conse
 +quences inevitables de confusion dans les idees et le langage, ne doivent pas etre
 +purement et simplement attributes a ce que les classifications speciales pour ces
 +maladies se sont trouvees entachees du defaut commun aux methodes adoptees
 +pour la classification generate des maladies, c est-a-dire ace qu elles ont substilur,
 +comme principe de classification, a 1 enscmble des elements qui constituent la
 +nature des maladies, la consideration -isolee de 1 un ou 1 autre de ces elements.
 +
 +Pour un certain nombre de ces classifications, une imperfection encore plus
 +radicale a dependu ou de ce qu elles ont pris pour point de depart une conception
 +absolument i ausse de 1 etat de maladie, ou de ce qu elles ont cherche un point
 +d appui en dchors de la nosologie.
 +
 +C est ainsi que se fondant sur la coexistence des deux substances spirituelle et
 +cofporelle dans la nature humaine, on est arrive a concevoir 1 etat de maladie
 +comme pouvant s appliquer a I une ou a 1 autre des deux substances et a admettre,
 +pour les maladies mentales, une distinction entre celles qui dependent de Tame
 +et celles qui dependent du corps.
 +
 +Quels que soient les mysteres jusqu alors impenetres et sans doute impene-
 +trables de 1 union de 1 ame au corps dans 1 homme, il est impossible de ne pas
 +reconnoitre que 1 idee dc maladie, dans le sens propre du mot, est absolument
 +
 +
 +
 +20 ALIENATION (CLASSIFICATION).
 +
 +inapplicable a 1 ame et implique un etat qui a pour siege le corps en tant que
 +constitue par des organes, et pour condition une alteration des fonctions, en tant
 +que dependantes d une alteration correspondante dans les organes.
 +
 +G est par un abus de mots qu on a donne le nom de maladies de 1 ame a des
 +dispositions et a des etats qui sont absolument etrangers a la nosologie, et qui ne
 +relevent, comme ecarts par rapport a ce qui est considere comme 1 elat normal,
 +que de la morale ou de la physiologic .
 +
 +II est important qu on ne perde jamais de vue, et on 1 oublie encore trop sou-
 +vent dans le langage du monde et meme de la science, que les maladies mentales
 +en general, ct ralienation meutale en parlirnlier se rattachent essentiellement et
 +exclu&gt;ivement a un etat du corps organise et vivant, et n expriment, par rapport
 +aiix troubles qu ellcs entrainent dans les manifestations de 1 amc au moyen du
 +corps, que 1 influence exercee sur la liberte et la regularite de ces manifestations
 +par un etat du corps organise et vivant, qui exclut actuellement, par suite d une
 +cause niorlude, le fonctionnement normal des organes.
 +
 +L idiV de pivsrnce actuelle d une cause morbide agissant sur un corps organise
 +vivant est tcllcment inherente a la conception de maladie, que c est seulement en
 +1 admctlant qu on peut suremcnt rattacher a la maladie, c est-a-dire au corps ma-
 +liidc, luns Irs etats qui lui appartiennent et en detacher tons les etats quine peuvent
 +lui a|iparlrnir, &lt; n lanl qnc plu -nomeiics inoranx ou physiologiques.
 +
 +L iirtliK iirc dr I dai inaladif sur les manifestations psychiques chezl homme,
 +&lt;|ni a iviidii |iu&gt;sililc, cette invasion dans la nosologie de 1 ontologie, transportant
 +la maladie du corps organise et vivant, ou elle existe reellement, a 1 ame quin en
 +i &gt;l pas capable, a motive moins illegitimement 1 introduction de la psychologic
 +ilans la clai-Mlicalion des maladies mentales.
 +
 +11 ust impossible de contester 1 importance du secours qui peut etre prete a la
 +pathologic mentale par la psychologic. La psychologic peut venir en aide, par ses
 +analyses ct ses mcthodes, aux insuffisances de la physiologic et de la pathologie;
 +eclairer de ses penetrantes lumieres la filiation et 1 enchainement des phenomenes
 +de Intelligence, du sentiment et de la volonte; fournir meme un principe de
 +classement methodique pour les facultes de 1 ame et les manifestations qui resultent
 +de leur deploiement dans 1 etat de sante et meme de maladie. Mais que la psycho
 +logic aspire a fournir le principe d une classification nosologique , et a appuyer
 +1 espece morbide sur la consideration de la lesion de telle ou telle faculte distincte
 +de 1 ame, c est ce qu elle a tente en effet bien des fois, mais sans succes reel et
 +durable.
 +
 +On ne peut admettre cette prevention, qui aurait pour eifet de transporter la
 +medecine dans le domaine de la philosophic pure.
 +
 +D ailleurs toute classification psychologique ne peut en definitive aboutir qu a
 +tme classification symptomatique, c ost-a-dire a une classification inexacte et
 +incomplete, dans laquelle les elements les plus importants de la maladie, la cause,
 +le siege, les alterations organiques et la marche, sont subordonnes a 1 element
 +symptomatique, c est-a-dire a ce qui, dans une conception complete de la maladie,
 +represente 1 element le plus secondaire.
 +
 +C est en tenant compte du principe qui doit dominer la nosologie, dont le but
 +essentiel est de connaitre autant que possible la nature des maladie, et en 1 appli-
 +quant a la determination des especes morbides d apres la consideration simultanee
 +de tous les elements dont 1 ensemble constitue la nature des maladies, qu il a ete
 +possible, pour le groupe des etats morbides a reunir sous le nom d alienation men-
 +
 +
 +
 +ALIENATION (CLASSIFICATION).
 +
 +tale, d instituerlestrois genres folie, idiotie et imbmllite consecutive et d obtenir
 +ainsi cles bases reellemcnt nosologiques pour la classification seconclaire ties cspe-
 +ces morbides a determiner, d apres le meme principe et la meme melhode, et a
 +comprendre sous chacun de ces genres. Un rapide coup d oeil jete sur les princi-
 +pales classifications proposees dansle passe pour les maladies mentales en general,
 +et plus particulierement pour celles qui sont actuellement comprises sous le nom
 +d alienation mentale, complete 1 expose de ces vues sur la methode a employer
 +pour la classification nosologique de ces maladies, et permettra de juger en quoi
 +ces vues se rapprocbent ou different de celles qui ont domine le mouvement de la
 +science dans cette direction.
 +
 +De 1 etude approfondie des osuvres medicales qui appartiennent a la periode
 +greco-latine il ressort evidemmentque, dans le coursde cette periode, la nosologie
 +mentale s est fondee sur des bases peu differentes de celles qui ont etaye les noso
 +logies modernes.
 +
 +La folie est distinguee nettement des autres maladies qu accompagne une mani
 +festation anormale des phenomenes psychiques.
 +
 +Elle est separee des delires febriles et de la phrenesie, par la chronicite et 1 apy-
 +rexie (Celse, Aretee, Ccelius Aurelianus, Galien, Posidonius, Alexandre deTralles),
 +et deplus par 1 absence de phenomenes convulsifs (Coelins).
 +
 +Elle est distinguee, du delire qui accompagne le narcotisme et 1 ivresse, par la
 +cause et les symptomes non febriles de ces deux etats (Aretee, Crelius); du delire
 +senile, par les caracteres symptomatiques, la condition du developpement ct 1 es-
 +sence de la maladie (Aretee); de l iinbecillite, par les caracteres symptomatiques et
 +par I essence de la maladie (Galien, Aetius).
 +
 +La ligne de demarcation entre I imbecillite eongeniale, idiotie, et imbeciHite ac-
 +quise ou demence n est pas encore tracee.
 +
 +Les caracteres de la demence et sa liaison avec la folie sont indiques (Aretee,
 +Alexandre).
 +
 +Les caracteres de 1 idiotie sont entrevus et distingues de ceux qui appartiennent
 +au delire senile (Aetius).
 +
 +Les deux grandes divisions de la folie, manie et melaneolie, sont consacrees et
 +caracterisees avec beaucoup de : nettete (Hippocrate, Galien).
 +
 +L identite de ces deux grandes divisions d une meme maladie est explicitement
 +instituee par Aretee et par Coelius, implicitement admise par Alexandre.
 +
 +Les caracteres constitutifs des especes de la folie sont empruntes a des conside
 +rations d ordre divers, et tous les points de vue du sujet sout employes comme
 +[srincipes de classification.
 +
 +Ainsi 1 etat psychique general du malade fournit les caracteres les plus generaux
 +des deux especes principales, la manie caracterisee par la fureur et la violence, la
 +melancolie par la tristesse et la crainte (Hippocrate, Galien).
 +
 +L etendue du delire fournit un point de vue propre a Aretee, qui caracterise
 +la manie par le delire general, la melancolie par le delire partiel etl idee fixe.
 +
 +Dela nature du delire on deduit des caracteres pour des especes secondaires.
 +
 +Ainsi la manie est joyeuse, ou violente, ou furieuse. Laplupart des especes mo
 +dernes sont indiquees.
 +
 +La sphere du delire circonscrit dans nne des parties du domaine de Tame est en
 +core un caractere invoque pour diifeiencier ks especes. Ainsi s etablissent les
 +delires partiels de 1 imagination et de 1 intelligence (Celse., Galien, Posidonius);
 +aiusi s eleve a 1 etat d espece distincte, 1 amnesie.
 +
 +
 +
 +22 AllfiNATION (CLASSIFICATION).
 +
 +Le siege principal de la maladie fournit aussi des caracteresdifferentiels.
 +
 +Ainsi Coelius pense que la melancolie ne differe de la manie que par le siege
 +principal du mal qui, pour la premiere, est 1 estomac, pour la seconde, la tete.
 +
 +Galien etablit, d apres la consideration du siege, ses trois especes de melancolie
 +generate, cerebrate et hypochondriaque. A propos de 1 cspece hypochondriaque, le
 +germe de la doctrine des folies sympathiques est introduit dans la nosologie.
 +
 +La cause essentielle de la maladie entre aussi dans les elements differentiels de
 +Ja classification.
 +
 +Des Hippocrate, la bile noire est en possession de causer et de denommer la me
 +lancolie.
 +
 +Ce point de doctrine est commun a tons les medecins de la periode, sauf Aretee,
 +qui en limite, et Coelius, qui en nie 1 influence.
 +
 +Galien fonde et systematise les especes humorales de la folie. Tous les delires
 +sont causes par 1 alteration des humeurs et I intemperie des organes; les delires
 +maniaques par les humeurs chaudes, la bile jaune ; les delires melancoliques par
 +les humeurs froides,l atrabile.
 +
 +L imbecillite est produite par la pituite et le refroidissement du cerveau.
 +
 +La surabondance et la congestion du sang, de la bile jaune, causent les delires
 +maniaques gais, agites, furieux, d apres Posidonius et Alexandre de Tralles.
 +
 +Enfin le point de vue dynamique et psychologique n a pas echappe a 1 esprit
 +philosophique tie Galicn qui 1 a pris pour point de depart de sa classification des
 +maladies mentales.
 +
 +Psychologique dans sa donnee fondamentale, cette classification de Galien a
 +neanmoins revetu un caractere mixte par 1 introduction de caracteres vraiment
 +nosologiques empruntes a la consideration des symptomes, des causes et du siege.
 +
 +Galien rattache les maladies mentales a une lesion des facultes directrices, vysy.o-
 +v./ai, de 1 ame, qui se divisent en imaginative, yavraorixfl, raisonnante, StavovjTtxij
 +et memorative, pyj^ovsumv?, on imagination, raison, memoire.
 +
 +Les lesions consistent en abolition, affaiblissement ou perversion.
 +
 +L abolition de 1 imagination se manifeste dans le cams et la catalopsie, son affai
 +blissement dans le coma et la lethargie.
 +
 +La perversion cle 1 imagination produit les delires, Kapaypocvvai.
 +
 +L abolition de la raison appartient a lademence, avota.
 +
 +L affaiblissement de la raison semontre dans la stupidite, pwpia, etdans 1 imbe-
 +cillite, pwpwffur.
 +
 +La perversion de la raison engendre le delire.
 +
 +A 1 abolition de la memoire se rapporte 1 amnesie, l^ti.
 +
 +fa lesion simultanee de 1 imagination et de la raison donne naissance aux deli
 +res, dans les cas de perversion, et a 1 amnesie, a la stupidite, a 1 imbecillite, dans
 +les cas d abolition ou d aflaiblissement, auxquels il rattache le delire senile.
 +
 +Les delires sont pyretiques, phrenetiques ou apyretiques.
 +
 +Les delires apyretiques se distinguent en maniaques et melancoliques.
 +
 +La manie comprend trois especes principales, suivant qu elle est joyeuse, lu-
 +rieusc ou homicide.
 +
 +La melancolie se distingue, d apres son siege, en cerebrale ou hypochondriaque;
 +clle comprend encore les especes lycanthropique et amoureuse et les delires
 +partiels.
 +
 +Euiin il distingue les delires accidentels de cause speciale, comme dans le narco
 +tism -! et j ivresse,
 +
 +
 +
 +ALIENATION (CLASSIFICATION). 23
 +
 +Cette classification de Galien, la premiere qui ait etc methodiquement introduce
 +dans la nosologie mentale, 1 a dominee pendant plusieurs siecles et a laisse des
 +traces jusque dans les classifications les plus modernes.
 +
 +On en retrouve les donnees (ondamentales dans les essais de classification de
 +Felix Plater et de Zacchias.
 +
 +Dans ses efforts pour concilier la langue de la medecine avec celle du droit,
 +Zacchias parvint a des distinctions judicieuses fondees sur de saines appreciations
 +de la nature de I etat morbide.
 +
 +II dut, en admettantune classe de maladies mentales produites par des causes
 +surnaturelles et constituant I etat de possession, subir la pression des croyances
 +du temps passe qui imposait a la nosologie un joug dont elle eut quelquc peine ft
 +sedebarrasser.
 +
 +Avec Felix Plater, 1 alienation mentale entra definitivement sous son nom dans
 +la terminologie nosologique.
 +
 +Felix Plater (1625) admet que les lesions des trois sens internes, imagination,
 +raisonet memoire, dont 1 ensemble conslitue 1 intelligence, mens, peuvent se pro-
 +duire par defaut ou par depravation et donncnt naissance a deux ordres de le
 +sions, 1 un par defaut comprenantl affaiblissement mental, mentis imbecillitas , et
 +1 abolition mentale, mentis consternatio ; I autre par depravation comprenant
 +1 alienation mentale, mentis alienatio, et 1 anxiete mentale, mentis defatigatio.
 +
 +A 1 abolition mentale il rapporte les affections soporcuses, carus, coma, lethar
 +gic, apoplexie, epilepsie, catalepsie; a 1 anxiete mentale, l insomnie et les reves.
 +
 +L etat que Plater designe sous le nom A imbecillitas mentis est une diminution
 +dujugement, de laraison, de la memoire, qui est compatible avec I etat de sante,
 +qui offre divers degress, qui est quelquefois hereditaire et congenial, d autres fois
 +amene par les progress de 1 age, qui est quelquelois lie a une imperfection origi-
 +nairedu cerveau, defaut de volume, de forme, de consistance, de temperament, et
 +qui peut etre produit par le defaut ou Tabus d exercice dc 1 intelligence, par
 +1 exces et la continuite des troubles de 1 amc, enfin par des maladies dc longin 1
 +duree, carus, melancolie, convulsions, et meme par des causes veneneuses, phil
 +tres et narcotiques.
 +
 +Felix Plater rapporte a 1 alienation mentale les etats d alteration isolee ou simul-
 +tanee de 1 imagination, du jugement et de la memoire, qui se traduisent ou par la
 +pensee seule, ou par les paroles et les actions; qui proviennent tantot de causes
 +innees,commedansl idiotie, stultitia inna ta, tantot de causes accidentelles, comme
 +dans 1 ivresse, temulentia, par suite de 1 ingestion de substances diverses, ou
 +comme dans la commotion de Tame, animi commotio, produite par 1 exces
 +des passions ; ou enfin comme dans le delire, desipientia, dependant de causes
 +internes.
 +
 +Le delire sans fievre appartient a la melancolie, le delire avec fureur a la manie
 +ou /olie; le delire associea la fievre caracterise la phrenesie.
 +
 +Plater a le premier defini 1 idiotie, stultitia innata, par ses veritables caracteres,
 +devangant, dans ce progres nosologique, non-seulement les pathologistes de son
 +temps, mais encore, durant un grand nombre d annees, laplupart de ses succes-
 +seurs.
 +
 +11 applique le nom de stultitia a I etat de ceux qui sont nes vraiment imbeciles et
 +prives de raison, et qui offrent, des leur premieie enfance, les indices de cet etat
 +par lenrs gestes, leurs habitudes, leur indocilite, leur inaptitude a parler et encore
 +plus a s acquitter des devoirs qni impliquent quelque intelligence.
 +
 +
 +
 +24 ALIENATION (CLASSIFICATION).
 +
 +II en distingue trois especes ou degres, parmi lesquels il signale comme type
 +principal 1 idiotieendemique, observes dans 1 Egypte, le Valais et la Carinthie, qui
 +n est autre chose que le cretinisme, dont il a donne le premier une description
 +saisissante de verite.
 +
 +Felix Plater rattache a la melancolie et a la manie la possession demoniaque ; a
 +la melancolie, 1 hypochondrie ; a la manie, la choree et la rage.
 +
 +II admet comme causes speciales de 1 alienation mentale par ivresse, le vin,
 +1 alcool, la biere et le houblon , et diverses substances narcotiques, jusquiame,
 +opium, cigue, etc.
 +
 +Jusque vers le dernier quart du dix-huitieme siecle la nosologie mentale de-
 +meura a peu pres stationnaire, au moins en ce qui se rapporte a la determination
 +des especes et a leur classification.
 +
 +Une impulsion energique lui fut imprimee par la tentative de classification ge-
 +neraledes maladies, d apres la methode des naturalistes, dont Boissier de Sauvag
 +prit 1 initiative en 1767.
 +
 +Sous le nom de vesanies, Sauvages range dans une meme classe les elats qui out
 +jiour caractere une maladie de Tame consistant en une erreur de 1 imagination,
 +de 1 appetit ou du jugement, hallucinations, morosites ou delires.
 +
 +Les hallucinations ou erreurs de 1 esprit, nees du vice d un organe exterieur au
 +cerveau entrainant 1 illusion de 1 imagination, forment le premier ordre, et com-
 +prennent six genres : Vertigo , suffusio, diplopia , syrigmus , hypochondriasis,
 +somnambulismus.
 +
 +Les morosites (bizarreries) , desirs ou aversions depravees, forment le deuxieme
 +ordre et comprennent dix genres : pica, bulimia, polydipsia, antipathia, nostalgia,
 +panophobia, satyriasis, nymphomania, tarantismus et hydrophobia.
 +
 +Le troisieme ordre est constitue par les delires, reves ou erreurs de 1 esprit et du
 +jugement dependant d une alteration du cerveau. Cet ordre comprend cinq genres:
 +
 +1 Paraphrosine (transport, alienation), delire fugace produit par un poison ou
 +par une autre maladie ;
 +
 +2 Amentia (demence), delire general, doux, sans fureur et sans exaltation, avec
 +maladie chronique;
 +
 +3 Melancholia (melancolie), delire partiel doux, avec tristesse et maladie
 +chronique;
 +
 +4 Mania (folie), delire general avec fureur, ou exaltation et maladie chronique ;
 +
 +5 Demonomania (demonomanie), delire melancolique, vulgairement attribue
 +a la puissance du diable.
 +
 +Enfin, dans un quatrieme ordre de vesanies anomales il range deux genres,
 +amnesia et agrypnia.
 +
 +Parmi les nombreuses especes qu il rapporte a ces divers genres, et qu il deter
 +mine habituellement d apres la cause ou d apres un ou plusieurs symptomes domi
 +nants, il en est quelques-unes qui ne sont pas depourvues de valeur nosologique et
 +qui out etc reproduites par d autres auteurs ou comme especes ou comme varietes.
 +
 +Ainsi, pour la demence, il admet une espece senile et une espece so reuse ; et,
 +tout en rapportant a la demence 1 idiotie et 1 imbecillite, il admet des especes d im-
 +becillite consecutives a la presence de tumeurs et d hydatides cei ebrales.
 +
 +Parmi les nombreuses especes de melancolie, il distingue les formes : ordinaire,
 +amoureuse, religieuse, suicide, celle qui s associe avec la joie chez les malades qui se
 +croieut princes, rois, dieux, melancholia moria, et celle qui s associe a la stupeur,
 +melancholia attonita.
 +
 +
 +
 +ALIENATION (CLASSIFICATION). 25
 +
 +II admet encore les demonomanies par sorcellerie et possession. II distingue Ics
 +demonomanies fanatique,hysterique et suicide.
 +
 +II admet, sous lenom Aemania lactea, la manie puerperale.
 +
 +Les classifications de Erhard (1794) et de Valenzi (1796), identiques avec celle
 +de Sauvages pour les ordres, n en different qne tres-peu pour les genres et les
 +especes.
 +
 +Celle dePloucquet (1791) est fondeesurdes bases analogues, et a employe pour
 +denommer les ordres, les genres et les especes, des noms qui, pour la plupart, ne
 +pourraient qu a 1 aide de longues definitions etre compris dans le sens qui leur a
 +ete donne par I auteur.
 +
 +Cullen (1782), a 1 instar de Vogel, a exclu des maladies mentales, des vesanies,
 +les fausses perceptions et les appetits desordonnes, hallucinations et morositcs de
 +Sauvages et autres.
 +
 +Ces derniers troubles morbides peuvent compliquer, mais non constituer les ve-
 +sanies qui consistent essentiellement dans la lesion des facultes intellectuelles.
 +
 +Cette lesion, quand elle engendre 1 erreur de jugement, est le delire, quand elle
 +exprime 1 affaiblissement du jugement, est rimbecillite, fatuitas.
 +
 +Le delire est un faux jugement produit, durant la veille, par les perceptions de
 +I imagination ou par un souvenir iaux, et occasionnant communement des emotions
 +sans rapport avec 1 objet qui y a donne lieu.
 +
 +Quand le delire est entierement exempt de toute alfection febrile ou comaleuse,
 +il constitue la folie.
 +
 +Cullen rapporte a la folie trois genres, la manie ou folie universelle, la melan-
 +colie ou folie partielle non accompagnee de dyspepsie, et la demence, ou faiblesse
 +de 1 esprit relativement a la faculte de juger, par suite de laquelle les malades ne
 +peuvent pas percevoir les rapports des objets, ou ne s en souviennent pas.
 +
 +Cullen admet trois especes de manie, 1 une mentale, qui est entitlement produite
 +par les affections de 1 ame ; 1 autre corporelle, qui depend d un vice manifeste du
 +corps, metastatique, hysteralgique, toxique, etc.; la troisieme, obscure, qui n est
 +precedee d aucune affection de 1 ame ou d aucun vice sensible du corps, manie vul-
 +gaire, periodique, etc.
 +
 +llrattachea la melancolie, comme especes ou varietes, lamelancolie proprement
 +dite, la panophobie, la nostalgie, 1 erotomanie, la demonomanie, et la plupurt des
 +especes de Sauvages.
 +
 +La demence comprend trois especes, suivant qu elle est innee, senile ou acci-
 +dentelle.
 +
 +Cette derniere comprenant un grand nombre de varietes, suivant la cause ou 1 etat
 +morbide qui ont determine 1 affaiblissement du jugement et de la memoire.
 +
 +Cullen a range en outre dans la classe des vesanies, sous le nom d oneirodynie,
 +les lesions de 1 intelligence liees a 1 etat de sommeil dans le somnambulisme et les
 +cauchemars.
 +
 +Jusqu alors la pathologie mentale etait demeuree confondue avec la pathologic
 +generale, et la classification des maladies mentales avait ete rattachee, comme
 +par tie integrante et subordonnee, a des systemes generaux de classification noso-
 +iogique.
 +
 +Avec Arnold commence un mouvement nouveau qui s est continue sans inter
 +ruption, et s est de plus en plus prononce jusqu a nos jours.
 +
 +La pathologie mentale se specialise, et en meme temps les classifications tendent
 +a s appuyer sur des donnccs plus suremeiit et plus profondement cmpruntees a
 +
 +
 +
 +96 ALIENATION (CLASSIFICATION).
 +
 +( observation des maladies mentales et a Interpretation scicntifique de lour na
 +ture,
 +
 +Toutefois les vues vraiment originales ont ete rares, et dans la plupart des clas
 +sifications nees du sein de la psychiatric, il est facile de reconnaitre I influeiice et
 +comme la prcssion des vues et des doctrines du passe.
 +
 +Arnold (1782) rapporte a une meme maladie, sous le nom ([ insanity, les affec
 +tions qui, sous ce nom ou sous ceux de madness et de lunacy, consistent en une
 +lesion considerable, sinon principale ou exclusive des facultes mentales, perturba
 +tion de 1 imagination, perversion des aliections et depravation du jugement.
 +
 +II separe de la folie des etats de lesion de la memoire et de 1 imagination qu il
 +considere comme appartenantii 1 idiotisme sous trois formes principales, caracteri-
 +sees : la stupidite, par I aneantissement presqtie complet des facultes de 1 ame ; 1 ab-
 +sence, par 1 atfaiblissement de ces facultes et surtout de 1 attention ; 1 incoherence,
 +par ralturolion de la faculte d association des idees. II ne rattache a la folie, que
 +comme prodrome ou complication, 1 augmentation d activite et de puissance dans la
 +memoire et 1 imagination ; et il en separe les divers etats psychiques qui ont un
 +caractere moral et non medical.
 +
 +Apres avoir ainsi delimite la sphere de la folie, il empruntc a la doctrine de
 +Locke et de Hartley sur les deux sources de la connaissance humaine, sensation et
 +reflexion, auxquclles correspondent les objets de la sensation, idees ou images, et
 +les objets de la reflexion, notions, le principe general de sa distinction de la folie
 +en deux genres : ideal insanity, folie dans les idees, notional insanity, iolic dans
 +les notions, ayant tous deux pour caractere communune duree longue, sans /ievre
 +ou avec fievre legere.
 +
 +La folie dans les idees est cet etat de Tame dans lerjuel une personne imagine
 +qu elle volt, qu elle entend , qu elle pcrcoit des personnes ou des choses qui n cxis-
 +tent pas dans un rapport actuel avcc ses sens, ou qui n ont pas 1 existence exte-
 +rieure qu elle leur attribue, ou sur lesquelles, si elles existent reellement, elle se
 +forme des idees erronees et absurdes quant a leurs formes et a leurs autres qualite
 +sensibles.
 +
 +La folie dans les notions est cet etat de 1 ame dans lequel une personne voit,
 +entend ou pergoit les objets exterieurs tels qu ils existent reellement comme objets
 +des sens, mais concoit sur les pouvoirs, les proprietes, les intentions, 1 etat, la
 +destination, 1 importance, le mode d existence des choses et des personnes, de
 +soi-meme et des autres, des notions erronees et deraisonnables, en opposition avec
 +le sens commun.
 +
 +La determination des especes dans la classification d Arnold, bien que subor-
 +dorinee a sa conception psychologique dominante, se fonde sur des caracteres symp-
 +tomatologiques qui portent frequemment 1 empreinte d une observation pathologique
 +exacte et juclicieuse.
 +
 +Les trois premieres especes de la folie ideale, phrenetique, incoherente et ma-
 +niaquc, ne sont, d apres lui-meme, que des formes ou des degres du delire ma-
 +niaque. La folie incoherente correspond a la demence et a des analogies avec les
 +diverses especes de 1 idiotisme.
 +
 +A la quatrieme espece, dont le caractere dominant est 1 idee d une transforma
 +tion de la personne, il a donne le nom de sensitive, parce qu il croit que 1 idee
 +fausse a sa source principale, sinon exclusive, dans des errcurs des sens.
 +
 +Pour la folie dans les notions, Arnold definit et denomme neuf especes princi
 +pales comprenant un grand nombre de varietes.
 +
 +
 +
 +ALIENATION (CLASSIFICATION). 27
 +
 +II caracteYise : la folic illusoire, delusive, par 1 existence d une illusion evidcnte
 +et extraordinaire dans une intelligence d ailleurs saine ;
 +
 +La folie fantasque, whimsical, par des imaginations bizarres et absurdes, avec
 +craintes et scrupules;
 +
 +La folie imaginative, fanciful, par une suractivite et un deployment immodero
 +de 1 imagination ;
 +
 +La folie impulsive, par 1 entrainement irresistible a des actions ou des paroles
 +impudentes, inconvenantes, deraisonnables, impertinentes, ridicules ou absurdes;
 +
 +La folie a projets, scheming, par 1 opinion exageree d aptitudes exceptionnellrs
 +et la formation de projets et d entreprises .dans les diverses directions de Tactile
 +intellectuclle;
 +
 +La folie orgueilleuse, vain or self important, parunevanite ridicule et puerile;
 +
 +La iolie hypochondriaque, par la preoccupation incessantc ct chagrine de 1 etat
 +de la sante ;
 +
 +La folie patbetique, par la domination complete et exclusive d une passion, d ou
 +Arnold derive la distinction de seize formes ou varietes ;
 +
 +La folie instinctive, appetitive, par un desir immodere et ingouvernable de satis-
 +faire un appetit qu Arnold restraint a 1 appetit venerien, sous les deux formes safy-
 +] iasis et nymphomanie.
 +
 +Weickard (1790) distingua les maladies de 1 ame en deux grandes classes, cclles
 +de 1 intelligence et celles du sentiment. 11 rapporta aux maladies de I inlclli;-:. IK e
 +neuf genres, parmi lesqucls six soat caracterises par 1 augmentation ou la dmn
 +nution de 1 imagination. de 1 attention oude la conception, deux par la diminution
 +de la memoire et du jugement; le neuvieme constitue la folie proprement dite,
 +qui comprencl la melancolie et la manie.
 +
 +Les maladies du sentiment sont par lui distinguees en celles qui s accompagnent
 +de 1 exageration, de 1 exaltation, ct celles qui s accompagnent de la diminution,
 +de la depression du sentiment. Cinq especes pour la premiere categoric et sept pour
 +la seconde sont determinees d apres des caracteres dominants empruntes aux
 +diverses passions de 1 ame.
 +
 +Chiarugi (1795 a 1794) reconnait s etre inspire des vues de Cullcn pour la fon-
 +dation de sa doctrine sur la folie, pazzia.
 +
 +De ce genre de maladies il exclut non-seulement les hallucinations, les moro-
 +sites, les troubles accidentels ou febriles de la raison, mais encore les affections,
 +liees a 1 etat de sommeil,rattachees par Cullen aux vesanies.
 +
 +U rapporte exclusivement a la folie les erreurs de jugement et de raisonnement
 +dependantes d une affection idiopatbique du sensor ium commune, non accom-
 +pagnees d une fievre primitive ou d une affection comateuse.
 +
 +II admet trois genres de folie : la melancolie, folie partielle et limitee a un ou
 +quelques objets; la manie ou folie generale, accompagnee d audace et de fureur
 +dans les actes volontaires; la demence, on folie generale ou presque generale,
 +avec irregularite d action des facultes intellecluelles et de la volonte, mais sans
 +emotions.
 +
 +II assigne a la melancolie trois especes : la melancolie vraie, accompagnee de
 +crainte et dc tristesse; la melancolie fausse, accompagnee de calme et de gaiete;
 +la melancolie lurieuse, accompagnee d audace et de fureur partielle.
 +
 +Cinq especes de manies sont caracterisees par leurs causes determinantes : la
 +
 +eiitale, par une action immediate de 1 ame; la reactive, par une debilite de iorce
 +
 +oerveuse; la plethorique, par 1 exuberance du sang dans le systeme vasculaire ;
 +
 +
 +
 +28 ALIENATION (CLASSIFICATION).
 +
 +1 immediate. par la stimulation acluelle et immediate du cerveau par des matieres
 +morbicles ou heterogenes ; la sympathique, par 1 affection de quelque partie en
 +connexion nerveuse avec le sensorium commune.
 +
 +Enfin Chiarugi distingue deux especes de demences : 1 une active, accompagnee
 +d une certaine mobilite, d un certain enchainement, bien que defectueux dans les
 +idees; 1 autre passive, accompagnee de lenteur et d indecision dans les acles volon-
 +taires et de lenteur dans les operations intellectnelles.
 +
 +Chiarugi signale, pour chacune des especes de ces trois genres, des varietes qui
 +reproduisent la plupart des especes de Sauvages.
 +
 +En 1800, la classification de Pinel inaugura en France le point de depart de la
 +psychiatric du dix-neuvieme siecle.
 +
 +Cette classification, qui rapporte a 1 ulienation mentale quatre especes : la manie,
 +la melancolie, la demence et 1 idiotisme, ne se recommande ni par son originalite,
 +ni par sa perfection. Elle represents neanmoins, par quelques cotes importants, un
 +veritable progres.
 +
 +Ainsi Pinel determine plus rigoureusement et plus exactemcnt la sphere nosolo-
 +gique de 1 alienation mentale. En elfet, il en exclut di verses nevroses telles que
 +I hypochondrie, 1 hysterie, les hallucinations, qui peuvent exister sans trouble de
 +la raison, et il ne les rattache a 1 alienation mentale que comme complications
 +eventuelles.
 +
 +II rejette les especes fondees sur la consideration de lesions particulieres des
 +facultes mentales, qui ne sont en realite que des symptomes appartenant en com-
 +mun aux diverses especes ou aux diverses periodes des memes especes, et qui ne
 +doivent servir que comme autant de caracteres distinctifs propres a faire connaitre
 +et a tracer fidelement I liistoire des especes dans toutes leurs varietes. II reconnait,
 +chez le meme malade et dans la meme maladie, le passage de 1 une des especes a
 +1 autre. Enfin, il admet, comme base de la determination des especes et comme
 +criterium de leur legitimite, 1 observation directe des malades reunis en nombre
 +considerable dans les asiles d alienes. Ce sont la des vues dont la sagesse ne peut
 +etre meconnue, et dont la judicieuse application est la condition du perfectionne-
 +ment de la classification des maladies mentales.
 +
 +Les caracteres assignes par Pinel a ses quatre especes sont loin d etre irrepro-
 +chables. II definit la manie par la nature generale, la melancolie par la nature
 +exclusive du delire; et, contrairement a sa definition essentielle, il rattache a la
 +manie, sous le nom de manie sans delire, des etats d alienation mentale qui n ol-
 +frent a aucune epoque aucune lesion de 1 entendement, et qui sont domines pai
 +une sorte d instinct de fureur, comme si les facultes affectives seules avaient ete
 +lesees. Par la il fait retour aux distinctions anterieurement admises entre les mala
 +dies de 1 intelligence et du sentiment, et autorise les developpements ulterieuve-
 +ment donnes aux formes affectives de la folie.
 +
 +Les especes demence ou abolition de la pensee, et idiotisme ou obliteration des
 +facultes intellectuelles et affectives, ne sont, dans la classification de Pinel, ni sul-
 +fisamment separees, ni exactement caracterisees, et il en resulte une confusion de
 +1 idiotie congeniale avcc des etats morbides qui en different essentiellement; et,
 +sous ce point de vue, une retrogradation de la science iusqu au dela de Felix
 +Plater.
 +
 +L honneur d avoir restitue d une maniere definitive a 1 idiotie ses veritables
 +caracteres appartient a Esquirol (1816), qui, prenant pour point de depart la clas
 +sification de Pinel, lui fit subir plusieurs modifications importantes, et lui donna
 +
 +
 +
 +Y 1 IUV1 ^CLASSIFICATION j. itV
 +
 +une forme sous laquelle elle a domine jusqu a nos jours la nosologie mentale en
 +France et meme a 1 etr anger.
 +
 +II est juste, toutefois, de reconnaitre que, des 1812, Ri-ish avail propose une
 +classification qui exprime des vues fort analogues a celles qui servent de base a la
 +classification d Esquirol.
 +
 +Rush distingue les maladies mentales en partielles, comprenant la tristimanie et
 +I amenomanie, et en generates comprenant trois especes ou degres de la manie, et,
 +en outre, 1 incoherence ou demence, et I imbecillite, fatuitas.
 +
 +Esquirol, substituant la folie a 1 alienation mentale comme appellation commune,
 +admet cinq genres de folie :
 +
 +1 Lypemanie (melancolie des anciens), delire sur un objet ou un petit nombre
 +d objets, avec predominance d une passion tnste et depressive;
 +
 +2 Monomanie, dans laquelle le delire est borne a un seul objet ou a un petit
 +nombre d objels, avec excitation et predominance d une passion gaie et expansive ;
 +
 +5 Manie, dans laquelle le delire s etend sur toutes sortes d objets et s accom-
 +pagne d excitation;
 +
 +4 Demence, dans laquelle les insenses deraisonnent parce que les organes de la
 +pensee ont perdu leur energie et la force necessaire pour remplir leurs fonctions ;
 +
 +5 Imbecillite ou idiotie, dans laquelle les organes n ont jamais ete assez bien
 +confonnes pour que ceux qui en sont atteints puissent raisonner juste.
 +
 +Sur cette base, par suite des travaux d Esquirol Ini-meme ou des alienistes
 +sortis de son ecole, se sont developpees des determinations nosologiques devarietes,
 +de formes ou meme d especes secondaires, qui ont reproduit des distinctions deja
 +emises, qui en ont institue de nouvelles, telles que la demence aigue d Esquirol,
 +stupidite de Georget et de M. Etoc-Demazy, qui ont donne naissance a la doctrine
 +fort controversee des monomanies sans delire ou purement instincjives, et qui out
 +ete le point de depart d etudes importantes sur la paralysie generale des alienes,
 +concue comme une complication de 1 alienation mentale, et rapportee a la demence
 +par Delaye (1824), a la monomanie par Bayle (1826), a 1 une ou a 1 autre des
 +especes de la folie, demence, monomanie, manie et meme melancolie, par Calmeil
 +(1 826) etFoville (1829).
 +
 +Au sujet de ces etudes sur la paralysie generale, il y a lieu de remarquer une
 +premiere tendance ;\ introduire dans la nosologie, comme condition de la determi
 +nation des especes, les alterations anatomo-pathologiques, la paralysie generale
 +etant rattachee par M. Bayle a lameningite chronique, par MM. Foville et Delaye a
 +1 induration de la substance blanche cerebrale, et par M. Calmeil a un etat dc
 +phlegmasie chronique du cerveau, qu il a depuis caracterise et defini sous le nom
 +de peri-encephalo-meningite chronique.
 +
 +C est en tenant compte de cette vue que Bayle se crut autorise a fonder une doc
 +trine des maladies mentales sur la distinction de celles qui dependent d une phleg
 +masie chronique primitive des membranes du cerveau, c est-a-dire, suivant lui, la
 +plupart des alienations mentales, de celles qui sont determiners, dans quelques
 +alienations tres-rares, par une irritation specifique ou sympathique du cerveau, et ;
 +dans un certain nombre de manies et de melancolies, par une lesion profonde et
 +durable des affections morales.
 +
 +On retrouve les donnees essentielles de la classification de Pinel, et surtout
 +d Esquirol, dans les diveises classifications mises au jour en France par Foderc,
 +Dubuis on, Cbambejron, Foville, Ferrus; en Angleterre, par Burrows, Prichard,
 +Coaolly ; en Aiiemagne, par Jacobi, Zeller.
 +
 +
 +
 +50 ALIENATION (CLASSIFICATION).
 +
 +Dans la classification proposee par M. Foville, en 1829, on trouve i cmpremte do
 +vues originales d une reclle importance.
 +
 +Ainsi M. Foville, prenant pour types de la folie simple les quatre especes : ma-
 +nie, monomanie, demencc, idiotie, dont les caracteres sont exclusivement donnes
 +par le desordre inlcllcctuel, en distingue deux grandes classes caracterisees par
 +1 association du desordre intellectucl a des lesions de la sensibilite ou a des lesions
 +des mouvements.
 +
 +II admet, pour la classe des desordres intellectuals compliques de lesions de la
 +sensibilite, quatre groupes distincts, suivant que les organes de la sensibilite sont
 +ou ne sont pas leses, et pour la classe des desordres intellectuels compliques de
 +lesions de mouvement, deux groupes, suivant que la lesion du mouvement dans
 +les quatre especes loadamentales, manie, monomanie, demence, idiotie, est la para-
 +lysie generate ou Tepilepsie.
 +
 +Parmi les classifications qui s ecartent plus ou moins radicalement des bases
 +adoptees par Pinel et Esquirol au commencement du dix-netivieme siecle, celle de
 +Heinroth merite d etre signalee, surtout a raison du developpement methodique
 +donne a un principe fondamental exclusivement emprunte a la consideration de la
 +forme de 1 etat psychique.
 +
 +Dans ce systeme, 1 idee de la classe s appuie sur la nature generale du trouble
 +psychique, dont 1 essence, defaut durable de volonte et de raison, caracterise la vesa-
 +nie, Seelenstorung .
 +
 +L idee de 1 ordre est empruntee au degre du trouble morbide psychique, exal
 +tation, depression ou etatmixte, hypersthenies, asthenies, hyper-asthenies.
 +
 +L idee du genre est deduitc de la difference generique des affections, suivant
 +qu elles peuvent etre rapportees a 1 ame, Gemuthsstorungen ; a 1 esprit, Geistes-
 +storungen; a la volonte, Willensstorungen.
 +
 +L idee d espece correspond aux differences specifiques des affections dans les
 +etats morbides simples ou composes de 1 ame, de 1 esprit, de la volonte.
 +
 +Enfin, 1 idee de variete est empruntee a la consideration d accidents dominants
 +et permanents dans 1 etat morbide propre a chaque espece.
 +
 +Ghacun des trois ordres comprend trois genres, dont les denominations ct les
 +definitions offrent de 1 interet, non-seulement comme exemples de 1 application du
 +systeme de classification, mais encore comme moyens de faciliter 1 intelligence des
 +ouvrages publics en Allemagne sur la psychiatric .
 +
 +A 1 ordre des hypersthenies, des exaltations, se rapportent les genres sui-
 +tants :
 +
 +Premier genre : Wahnsinn, ecstasie, extase. Defaut de liberte de 1 ame avec
 +exaltation du sentiment et de 1 imagination : etre hors de soi, rever dans 1 etat
 +de veille.
 +
 +Deuxieme genre : Verrucktheit, paranoia. Defaut de liberte de 1 esprit avec
 +exaltation de la faculte de penser; perversion des idee* par des sensations non
 +interrompues.
 +
 +Troisieme genre Tollheit, mania, manie. Defaut de liberte de la volonte avec
 +exaltation d elle-meme; penchant a la destruction.
 +
 +L ordre des asthenies, des depressions, comprend :
 +
 +Premier genre : Melancolie. Defaut de liberte de 1 ame avec depression du
 +sentiment et de 1 imagination; concentration triste en soi-meme.
 +
 +Deuxieme genre : Blodsinn, anoia. Defaut de liberte de 1 esprit avec ddpressiori
 +de la faculte de penser, perte des notions.
 +
 +
 +
 +JL JLUII ^uuaum. ..AT10N ). 01
 +
 +Troisieme genre : Willenlosigkeit, abulia. Defaut de liberte dc la volonte avcc
 +depression d elle-meme; incapacite de determination a agir.
 +An troisieme ordre d affections mixtes appartiennent :
 +Premier genre : Wahnsinn, melancolie. Defaut de liberte de 1 ame, avec
 +ctats altcrnatifs d extase et de melancolie.
 +
 +Deuxieme genre : Verwirtheit. Deiaut de liberte de 1 esprit, avec confusion des
 +idees et incapacite de les diriger par suite de 1 affaiblissemcnt du pouvoir de con-
 +cevoir les choses du monde exterieur.
 +
 +Troisieme genre : Schene, athvmia. Defaut de liberte de la volonte, avec ten
 +dance a fuir devant tout sujet d effroi.
 +
 +Les especes et varietes, rapportees a chacun de ces genres dans la classification
 +de Heinroth, sont tres-nombreuses, et reproduisent le plus souvent les distinctions
 +deja admises par les auteurs.
 +
 +Pour donner une idee complete de la methode, il suffira d indiquer 1 application
 +qu il en a faite au genre melancolie.
 +
 +11 admet quatre especes, suivant qu elle est simple, generale, et associee a 1 alte-
 +ration ou dujugementou de la volonte, et deux varietes, la nostalgic el la melan
 +colie religieuse.
 +
 +EnlSdO,Fantonettia systematise la donnee fondamentale de 1 ctenduedii delire
 +
 +dans une classification de la folie, pazzia, qui comprend trois genres, la folio
 +
 +particlle, monomania, la folie multiple, Poll/mania et la i olie generale oloinuitiu.
 +
 +11 a ibnde les especes sur la consideration de 1 etat dc calme, d agitation ou de
 +
 +paralysie.
 +
 +II a admis deux especes de monomanie, 1 une furieuse, 1 autre tranquille. Et,
 +pour cbacun des deux genres polyrnanie et olomanie, il a institue cinq especes,
 +furieuse, tranquille, paralytique, mixte furieuse, mixte tranquille.
 +
 +Guislain, en 1835, a forme, pour designer les maladies mentales, le molphreno-
 +pathies et pour caracteriser huit especes autant de mots nouveaux, la melancolie,
 +luperophrenie ; lamanie, hyperphrenie; la folie, paraphrenie; 1 extase, hyper-
 +plexie; les convulsions, hyperspasmie; le delire, ideosynchysie ; la revasserie,
 +anacoluthie ; et lademence, noasthenie. 11 a admis que ces diverses unites mor-
 +bides peuvcnt se combiner enlre elles de maniere a constituer des etats complexes,
 +dont il s est efiorce de donner des exemples, dans lesquels il est bien diificile de
 +trouver la justification de ses vues.
 +
 +L insuffisance de tant d eflorts, qui a motive depuis un quart de siecle et qui
 +motive encore aujourd hui de nouvelles tentatives, me frappa vivement a 1 epoque
 +(1858) ou j avais besoin de rattacher a des types nosologiques definis et constants
 +les resultats de mes recherches sur 1 alienation mentale.
 +
 +Je ne tardai pas a me convaincre que 1 insuffisance des classifications ne pouvait
 +s expliquer que par 1 imperfection des methodes, et que ce qu il y avail de plus
 +urgent, c etait de rechercher et de defmir les conditions de la methode a 1 aide de
 +laquelle il serait possible de constituer scientifiquement des especes reellement
 +nosologiques.
 +
 +Des conditions memes de 1 insucces dans les nombreuses classifications qui
 +etaient sous mes yeux, je pus immediatement conclure que le principe d une clas
 +sification des maladies mentales devait etrc puise, iron pas dans la psychologic,
 +maisdans la nosologie; et qu une classification nosologique, ne pouvait, sous peine
 +d insuffisance ou d erreur, se fonder exclusivement ni sur la symptomatologie, ni
 +5ur 1 aiiaitunie patliologique, ni sur 1 etiologie pioch.iinc- ou eloignee.
 +
 +
 +
 +32 ALIENATION (CLASSIFICATION).
 +
 +J entrepris d appliquer a la classification des maladies mentales mes vues noso-
 +logiquessur la nature de la maladie, et je fis sortir immediatement de cette appli
 +cation la definition de 1 alienation mentale et la determination de ses trois genres
 +folie, idiotie, imbecillite consecutive. Tout en reservant pour 1 ouvrage didactique,
 +que des lors je preparais, le developpement systematique d une classification aussi
 +complete que possible, je crus pouvoir determiner, d apres le meme principe et la
 +memo methocle, pour chacun de ces genres des especes principales.
 +
 +G est ainsi que pour la folie j admis une premiere espece, la folie simple carac
 +terisee, pour les symptomes, par 1 absence de toute alteration de la motilite ; pour
 +les alterations anatomo-pathologiques, par 1 absence de toute alteration cerebrale
 +constante et speciale ; pour les causes, par la predominance des causes morales ; pour
 +la marche, par la tendance, dans les cas de non-guerison, a la transformation du
 +delire actif en un etat detinitit d affaiblissement des facultes intellectuelles et
 +morales.
 +
 +A la periode aigue du developpement morbide dans la folie simple, je rattachai
 +les nombreuses formes et varietes qui ont ete rangees sous les denominations prin
 +cipales de manie, melancolie el monomanie ; a la periode chronique, je rapportai
 +les divers degres et les diverses formes de la demence.
 +
 +L exislence de certains elements morbides speciaux, qui n appartiennent pas a la
 +lolie simple, me parut caracteriser un groupe distinct d especes, auquel j atlribuai
 +le nom commun de folie composee ; et j admis tout d abord dans ce groupe trois
 +especes nosologiques distinctes: la folie paralytique, caracterisee par 1 associationdu
 +delire, sous des formes variables, a un developpement constant d alteration gene-
 +rale de la motilite, et par 1 existence d une alteration constante et pathognomo-
 +nique de la coucbe corticale cerebrale ; la folie epileptique caracterisee par 1 exis-
 +tence d acces d epilepsie, causes et point de depart du trouble permanent de la
 +raison. A ce groupe, je rattachai la folie convulsive, alcoolique, delirium tremens
 +des auteurs, caracterisee par sa cause 1 intoxication alcoolique, par ses symptomes
 +le tremblement inusculaire et les illusions speciales des sens, par sa marche
 +aigue et sa tendance a la guerison par le simple fait de la cessation de la cause.
 +
 +Pour le genre idiotie, je me suis contente d indiquer qualques distinctions spe-
 +cifiques, d apres 1 etat de simplicite ou de complication avec la paralysie ou 1 epi-
 +lepsie, reservant la question des causes et de la condition sporadique ou endemique
 +qui justifie la distinction de 1 icliotie ordinaire et du cretinisme.
 +
 +Pour le genre imbecillite consecutive, j ai separe par la cause, la marche et la
 +nature des alterations pathologiques, I imbecillite senile des imbecillites conse-
 +cu lives a diverses maladies cerebrales.
 +
 +Sans meconnaitrela valeur et 1 importance des travaux plusou moins recemment
 +entrepris, pour le perfectionnement de la classification des maladies mentales, par
 +divers alienistes distingues et notamment par MM. Falret, Brierre de Boismont,
 +Scipion Pinel, Baillarger,Delasiauve, Morel, etc. etc., je persiste a croire qu on ne
 +parviendra a des resultats, aulanl que possible defmitifs, qu en se conformant aux
 +principes que j ai poses et a la methode dont j ai essaye 1 application.
 +
 +Pour la determination des especes et meme pour leur subdivision en varietes ou
 +en formes, on devra tenir compte de 1 ensemble des elements morbides, et ainsi
 +pourronl seconstituer defmitivement diverses especes, varietes ou formes nosologi
 +ques et se confirmer quelques-unes de celles qui ont ete signalees par les auteurs,
 +iiotamment la folie puerperale, la folie hysterique, la folie erotique, la folie pella-
 +, la folie hypochondriaque, la folk suicide, la folie affective, la folie periodique
 +
 +
 +
 +ALIENATION (STATISTIQUE). 33
 +
 +intermittente de divers auteurs, circulaire de M. Falrct, a double forme dc M Bail-
 +larger, la manie sans delire dc Pinel, monomanie raisonnante d Esquirol, folie
 +lucide de M. Trelat, la folie hereditaire de M. Morel, la folie saturnine de Tan-
 +querel des Planches, etc.
 +
 +Dans les generalites qui vont suivre sur 1 alienation mcntale, ce qui so rapporte
 +a la Symptomatologie, a 1 Anatomie pathologique, a la Marche et aux Terminal-
 +sons, a 1 Etiologie, au Diagnostic, au Pronostic, a la Therapeutique eta la Patho-
 +genie, sera expose avec tous les developpements indispensables, dans les articles
 +FOLIE, IDIOTIE et IMBECILLITE ; et on trouvera le complement neccssairc de la pa
 +thologic de 1 alienation mentale, pour loutes les particularitcs qui s y ratachent,
 +dans les articles specialemeut consacres au CRETINISME, a la DEMENCE, a la MANIE,
 +a la MELANCOLIE, a la MONOMANIE et a la PARALVSIE GEJNERALE.
 +
 +Auteurs cites. HUTOCRATE. De morbo sacro (I auteur rejette 1 idee de 1 intervention di
 +vine, et place dans une lesion du cerveau et 1 epilepsie et les desordres intellectuels). CELSE
 +(A. C.). De re medica. Lib. Ill, c. xvm. ARLTEE. De causis et signis diut. morborum.
 +Lib. I, c. v, vi. GALIEX. Detocis affectis. Lib. Ill, c. vi, vn, ix, x. Du MEME. De cognos-
 +cendis curandisqne animi affectibus, et in Aetius. POSIDONIUS. .. in AETIUS. 3 edic. Tetrab.
 +II, sermo II, c. vm, ix, x, xi. ALEXASDRE DE TRALLES. De arte medica. Lib. I, c. xvn. -
 +PAULD EGINE. De arte medendi. Lib. Ill, c. xiv, xv, xvi, xvn. PLATER (F.). Praxeos medico;.
 +Defunctionum Ixsionibus. Lib. I, c. i, n, in, t. I. Basilece, 1656, in-4. ZACCIIIAS (P.). Quxs-
 +tiones medico-legates. Lib. II, tit. I. Amstelod., 1651, in-fol. SAUVAGES (Fr. Boissier de).
 +Nosologia metlwdica, VIII 1 classis, Vesanise. GULLLN (W.). Elements de mid. pratique.
 +2 e partie, 1. IV. Des Ve sanies. PLOUCQUET. Delineatio system, nosol. T. II, p. 403, 452.
 +Tubingsc, 1191, in-8. EKHARD. Versuch uber die Narrheil und Hire ersten Anfange. In
 +Wagner s Beitragen zur philos. Anthrop., t. I, p. 100, 1794, et in Hopfs Comment, der
 +neuern. Arz-n., t. V, p. 286. Tubing., 1800. VALENZI. Completum et meth. botan. proposit.
 +syst. morborum. Brim., 1796. Pour Arnold, \Vcikard, Chiarugi, etc., voycz plus bas la
 +bibliographic relative aux classifications particulieres (p. 46), et aux traites generaux sur
 +1 alienation mentale (p. 48). E. BGD.
 +
 +t
 +
 +III. Statistique. Un grand nombre de questions relatives a 1 alienation men-
 +tale, dont la solution a une importance considerable pour la science et Tadminis-
 +tration, impliquent des donnees de fait qui ne peuvent etre obtenues que par la
 +statistique.
 +
 +Les recherches entreprises dans cette direction, dont Esquirol a donne 1 un des
 +premiers 1 exemple, ont pris un developpement considerable depuis un quart dc
 +siecle, en France et a Vetranger. Si Ton ne tenait compte que du nombre des fails,
 +les resultats obtcuus pourraient deja eLre consideres comme tres-satisfaisanls. Mal-
 +heureusement ces fails ,a raison de 1 imperfection el de la difference des methodes
 +employees pour les obtenir, sont loin d offrir les caracteres de donnees parfaitc-
 +ment definies et rigouieusement com parables, qui seules pourraient leur commu-
 +niquer une valeur reellement scientifique.
 +
 +Celte insuffisance des documents numeriques, qui interdit presque absolument
 +d en tirer parti pour la solution definitive de la plupart des questions secondaires,
 +s etend meme jusqu aux donnees applicables au probleme le plus general de la
 +statistique de 1 alienation mentale : quelle est la relation du nombre des alienes
 +avecle chiffrede la population, dans les diverses agregations humaines?
 +
 +jo Proportion des alienes a la population. Les essais de determination du
 +rapport des alienes a la population , qui ont ete lentes a diverses epoques et dans
 +divers pays, n ont pu avoir que les caracleres d evaluations approximates, quand
 +ils ont pris pour base le deuombrement des alienes existant, a un moment donne,
 +dans tous les etablissements d aliunus d une circonscription territoriale.
 +DICT. E.VC. III. 3
 +
 +
 +
 +:,4 ALIENATION (STAIUTIQUB).
 +
 +Un tcl denombrement n a pu et nc pent reellement fournir que la mesure de
 +1 ctcndue donnee au traitement de 1 alienation mentale par le moyen de la seques
 +tration dans les asiles, et par le secours de 1 assistance publique.
 +
 +Ce n est qu en ajoutant a cette donnee celle qui peut ctre acquise par le recen-
 +sement des alienes a domicile, qu il est possible d obtenir pour 1 evaluation du rap
 +port de 1 alienation a la population line base, dont la solidite n est pas encore dans
 +ces conditions tout a fait irreprochable. Si le denombrement des alienes existants
 +dans les asiles fournit des resultats d une certitude incontestable , il n en est pas de
 +meme du recensement a domicile, qui offre une double chance d inexactitude dans
 +le defaut de soin de la part de personnes peu aptes a constater les fails, et dans le
 +defaut de sincerite de la part de families interessees a les cacher.
 +
 +Pour un grand nombre de recensements, une autre condition d infirmation de
 +leur valeur scientifique depend de i indetermination des faits qui restreint souvent
 +etannule quelquefois toute possibilite d application utile.
 +
 +Ainsi, il est arrive qu on ait compris clans I alienation mentale des maladies
 +etrangeres, par exemple I epilepsie. Ce n est qu assez recemment qu on a distingue
 +dans les recensements la folie de 1 idiotie. Et encore la distinction de ces deux
 +genres d alienation mentale n a-t-elle etc souvent rien moins que solide en dehors et
 +meme au dedans des asiles.
 +
 +Les resultats snivants sont empruntes a des documents qui out porte sur les alienes
 +recenses a la fois dans les asiles et a domicile, et qui out distingue dans les fails
 +constates ceux qui appartiennent a la folie et a 1 idiotie.
 +
 +
 +
 +PAYS.
 +
 +
 +DATE
 +DU
 +RECEN-
 +SEME.VT.
 +
 +
 +NOMDHE TOTAL POOR
 +LES DEUX SEXES
 +
 +
 +POPULATION.
 +
 +
 +pn
 +
 +SUR l&lt;
 +
 +mi
 +
 +FOLIE.
 +
 +
 +OPORTI
 +100 HAi:i
 +
 +-
 +
 +IDIOT1E.
 +
 +
 +ON
 +TANTS
 +
 +-
 +
 +ALIENA
 +TION
 +MENTAL*
 +
 +
 +FOLIE.
 +
 +
 +1DIOT1E.
 +
 +
 +ALIENA
 +TION
 +MENTALE
 +
 +
 +Baviere
 +
 +
 +1858
 +1856
 +1858
 +1861
 +1853
 +1858
 +1856
 +1855
 +1847
 +1855
 +1850
 +1860
 +1860
 +
 +
 +2631
 +
 +1881
 +1287
 +1497
 +1917
 +4201
 +35031
 +4800
 +1737
 +2692
 +15010
 +610
 +113
 +
 +
 +2243
 +1203
 +910
 +4479
 +5740
 +2274
 +25259
 +2605
 +2019
 +2579
 +15787
 +923
 +960
 +
 +
 +4874
 +3084
 +2197
 +5976
 +5657
 +6475
 +60290
 +7403
 +5756
 +5071
 +31397
 +1553
 +1075
 +
 +
 +4.614.850
 +1.819 560
 +3.269.613
 +2.226.000
 +1.810.240
 +4. 552. 51 HI
 +56.059 50 i
 +2.916.800
 +1.591.100
 +1.490.047
 +23.191.876
 +194.208
 +150.504
 +
 +
 +0,57
 +1,03
 +0,59
 +0,67
 +1,05
 +0,92
 +0,99
 +1,64
 +1,25
 +1,80
 +0,00
 +3,14
 +0.80
 +
 +
 +0,49
 +0,06
 +0,27
 +2.1)1
 +2.07
 +0,50
 +0,68
 +0.90
 +1,45
 +1,00
 +0,09
 +4,75
 +7,75
 +
 +
 +1,06
 +1,69
 +0,67
 +
 +2,08
 +312
 +1,42
 +1,07
 +2,54
 +2.70
 +5,40
 +1,55
 +7,89
 +8,22
 +
 +
 +
 +
 +Silesie prussienne. . .
 +Saxe
 +
 +
 +
 +
 +France
 +
 +
 +
 +
 +Norvepre ....
 +
 +
 +
 +
 +Argovie.. . ....
 +
 +
 +Lucerne
 +
 +
 +
 +
 +
 +Ces resultats confirment, en les rectifiant et les ramenant a des proportions
 +moins demesurees, les donnees anterieurement obtenues sur 1 existence de diffe
 +rences considerables entre les diverses contrees, relativement a la frequence de
 +I alienation mentale.
 +
 +Les extremes de difference s expriment dans ces resultats par 1 intervalle du mi
 +nimum 0,67 sur 1000, Silesie prussienne, au maximum 8,22 sur 1000, canton
 +de Lucerne.
 +
 +Ces resultats mettent en outre en evidence un fait dont j avais deja signale la
 +realite et 1 impovtance a divers points de vue, et principalement au point de vue
 +eliologique, 1 indepcndance du rapport de frequence et meme le con (Taste en sens
 +
 +
 +
 +ALIENATION (STATISTIQUE). %l&gt;
 +
 +inverse de ce rapport pour les deux genres de 1 alienation mentale, si profonde nient
 +dilterents par leur nature, la folie et 1 idiotie.
 +
 +Les proportions de la folie et de 1 idiotie, loin de suivre une ligne parallele do
 +maniere qu en general le nombre des fous et des idiots vane a pen pres egalc-
 +mcnt avec le nombre total des alienes dans les divers pays, se developpent au
 +contraire sur des lignes tres-divergentes.
 +
 +Ainsi, dans le canton de Lucerne, ou la proportion des alienes est tres-conside-
 +rable, 8,22 sur 1000, la proportion de la folie est absolument et relativement
 +faible 0,86.
 +
 +Dans 1 etat de Massachusets, ou la proportion des alienes s eleve a 3,50, la pro
 +portion des idiots n atteint que 0,96, etest de plus de moitie inferieurc a celle de-
 +fous.
 +
 +Enfin le nombre des idiots, sensiblement inferieur a celui des fous dans la majo-
 +rite des divers pays, se rapproche de 1 egalite dans plusieurs, Baviere, Wurtem-
 +berg, et devient tres-notablement superieur dans quelques-uns, Saxe, Danemark,
 +Argovie, Lucerne.
 +
 +On pourrait ajouter a cette derniere categorie de contrees, ou 1 idiotic domine en
 +frequence la folie, la Savoie et la province d Aoste, et mettre par la en relief la
 +principale cause du fait, 1 existence dans ces contrees de 1 idiotie sous forme ende-
 +mique, c est-a-dire du cretinisme.
 +
 +C est par la coni|&gt;araison des donnees obtenucs avec certitude sur la proportion
 +des alienes a diverses epoques dans un meme pays, qu il serait possible de verifier,
 +au moins pour ce pays, 1 opinion assez generalement accredited sur la realile d un
 +accroissement graduel et continu dans la proportion ties alienes depuis un certain
 +nombre d annees.
 +
 +Tout en remarquant que cette opinion s est surtout etablie d apres la considera
 +tion d un fait qui n a rien de concluant et dont les causes specialcs peuvent etrc
 +defmies, 1 augmentation graduelle et continue qui s est reellemcnt et generalement
 +produite dans le nombre des alienes existant dans les asiles, il est impossible de
 +mcconnaitre son importance, et il est regrettable que la science ne soit pas encore
 +en possession des donnees propres a la verifier.
 +
 +On n a en effet qu un tres-petit nombre de resultats de recensements, pour des
 +epoques un peueloignees dans un meme pays; et la comparaison des fails constates
 +d une periode a 1 autre, qui permet de reconnaitre une augmentation dans les
 +chiffres absolus, est loin d auloriser avec certitude une conclusion sur la realite dc
 +1 augmentation. II y a lieu en effet de tenir compte non-seulement des variations
 +de la population, mais encore des imperfections deja signalees dans les moyens et
 +les methodes de recensement, et surtout de 1 influence exercee sur les resultats
 +pour augmenter les nombres, par le perfectionnement de ces moyens et de ces me
 +thodes dans les recensements les plus recents.
 +
 +. J emprunte a une publication de M. Legoyt, dans le Journal de statistiquej des
 +faits qui offrent de 1 interet, tout en laissant la question encore indecise.
 +
 +Les resultats de recensements decennaux, de 1825 a 1855, pour la Norvege,
 +seraient de nature a demonlrer la realite du fait de 1 accroissement du nombre des
 +alienes, si 1 importance de 1 ecart d une periode a 1 autre, la simultaneite de
 +1 accroissement pour 1 idiotie et la folie, n attestaient pas, avec la plus entiere evi
 +dence, 1 influence d une exactitude de plus en plus grande apportee dans les con
 +ditions des recensements.
 +
 +De 1825 a 1855, durant une periode detrente ans^ les chiffres se seraient cloves
 +
 +
 +
 +56 ALIENATION (STAT ISTIQUE).
 +
 +de 1909 a 5071 pour 1 alienation mentale, de 1229 a 2692 pour la folie, et de
 +680 a 2579 pour 1 idiotic; c cst-a-dire que 1 accroissement aurait ete de plus du
 +double pour la folie et de pres du quadruple pour 1 idiotie.
 +
 +Trois recensements, de 1855 a 1861, en Saxe, offrent ceci de remarquable, que
 +le nombre total des alienes demeurant a peu pres le meme, celui des fous aurait
 +un peu diminue. tandis que celui des idiots aurait un pen augmente.
 +
 +
 +
 +SAXE
 +
 +
 +FOLIE
 +
 +
 +IDIOT1E
 +
 +
 +AUE.VATIO.N
 +
 +^i
 +
 +
 +MENTALS.
 +ii
 +
 +PROPORTION
 +
 +
 +
 +
 +moron now
 +
 +
 +
 +
 +PROPORTION
 +
 +
 +
 +
 +NOMBKE.
 +
 +
 +SDK
 +10UO HAB.
 +
 +
 +NOMURE.
 +
 +
 +SUR
 +1000 HAB.
 +
 +
 +NOMBRE.
 +
 +5517
 +
 +
 +SUR
 +1000 HAB.
 +
 +
 +1855. . . .
 +
 +
 +1518
 +
 +
 +0,74
 +
 +
 +5999
 +
 +
 +1,94
 +
 +
 +2,68
 +
 +
 +1858. . . .
 +
 +
 +1457
 +
 +
 +0,68
 +
 +
 +3945
 +
 +
 +1,85
 +
 +
 +5402
 +
 +
 +2,53
 +
 +
 +1861. . . .
 +
 +
 +1497
 +
 +
 +0,67
 +
 +
 +4479
 +
 +
 +2,01
 +
 +
 +5976
 +
 +
 +2,68
 +
 +
 +
 +G est dans un sens contraire que le mouvement se serait produit, de 1825 a
 +1855, dans 1 Etat de New-York, ou 1 accroissement absolu du nombre des alienes
 +se serait truduit, dans ses rapports avec la population graduellement croissantc,
 +par un accroissement de proportion pour la folie et par un decroissement pour
 +l idiotie.
 +
 +
 +
 +M-:\%-YOKH
 +
 +
 +FO
 +
 +^
 +
 +
 +LIE
 +i
 +PROPORTION
 +
 +
 +IU11
 +
 +^ .
 +
 +
 +TIE
 +
 +1 !!
 +
 +PROPORTION
 +
 +
 +ALIENATION BENTALE
 +
 +
 +
 +
 +PROPORTION
 +
 +
 +
 +
 +NOMURE.
 +
 +
 +SUR
 +10UO HAB.
 +
 +
 +SOMBRE.
 +
 +
 +SUR
 +1000 HAB.
 +
 +
 +NOJIBRE.
 +
 +
 +SUR
 +1000 HAB.
 +
 +
 +1825. . . .
 +
 +
 +1819
 +
 +
 +0,53
 +
 +
 +1421
 +
 +
 +0,88
 +
 +
 +5240
 +
 +
 +1,41
 +
 +
 +1835. . .
 +
 +
 +2051
 +
 +
 +0,44
 +
 +
 +1484
 +
 +
 +0,68
 +
 +
 +3535
 +
 +
 +1,12
 +
 +
 +1845. . . .
 +
 +
 +2168
 +
 +
 +0,83
 +
 +
 +1620
 +
 +
 +0,56
 +
 +
 +3788
 +
 +
 +1,59
 +
 +
 +1850. . . .
 +
 +
 +2521
 +
 +
 +0,80
 +
 +
 +1665
 +
 +
 +0,55
 +
 +
 +4186
 +
 +
 +Ipr PJ
 +,o5
 +
 +
 +1855. . . .
 +
 +
 +2742
 +
 +
 +0,79
 +
 +
 +1812
 +
 +
 +0,50
 +
 +
 +4554
 +
 +
 +1,29
 +
 +
 +
 +En Suede, de 1840 a 1855, la proportion des alienes de tout genre est demeu-
 +ree, d upres les recensements, a peu pres stationnaire :
 +
 +
 +
 +SUEDE
 +
 +
 +
 +FOUE-1DIOTIE.
 +
 +
 +
 +PHOPOHTION SUR 1000 BAB.
 +
 +
 +
 +1840.
 +1845.
 +1850.
 +1855.
 +
 +
 +
 +3143.
 +
 +3282.
 +
 +3489.
 +
 +3893
 +
 +
 +
 +1,00
 +0,98
 +1,00
 +1,07
 +
 +
 +
 +Enfin, les resultats de quatre recenscments, de 1852 a 1858, pour la Silesie
 +prussienne, mettraient en evidence le fait d un decroissement pour 1 alienation
 +mentale en general et pour la folie aussi bien que pour l idiotie :
 +
 +
 +
 +A Lt I li
 +
 +
 +
 +I 1 U 11 I S T A T I S T 1 g U K J .
 +
 +
 +
 +SII.ESIE
 +
 +
 +FO
 +,- i .
 +
 +NOMBKE.
 +
 +
 +,IE
 +
 +in
 +
 +PI .OCORTION
 +SUR
 +1000 IIAB.
 +
 +
 +IDIOTIE
 +
 +
 +AUKNATIO
 +
 +, !
 +
 +NOMBRE.
 +
 +
 +MKNTAr.E
 +-- ii --
 +PROI ORTIO. V
 +SUP.
 +lOOOllAB.
 +
 +
 +NOMBIlE.
 +
 +
 +PROPORTION
 +SUR
 +1000 IIAB.
 +
 +
 +1832. . . .
 +
 +
 +1166
 +
 +
 +0,46
 +
 +
 +862
 +
 +
 +0,34
 +
 +
 +2028
 +
 +
 +0,80
 +
 +
 +1852. . . .
 +
 +
 +1178
 +
 +
 +0,37
 +
 +
 +969
 +
 +
 +0,30
 +
 +
 +2147
 +
 +
 +0,67
 +
 +
 +1855. . . .
 +
 +
 +1177
 +
 +
 +0,37
 +
 +
 +877
 +
 +
 +0,27
 +
 +
 +2054
 +
 +
 +0,64
 +
 +
 +1858. . . .
 +
 +
 +1287
 +
 +
 +0,39
 +
 +
 +910
 +
 +
 +0,27
 +
 +
 +2197
 +
 +
 +0,66
 +
 +
 +
 +Les donnees fournies par les recensements periodiques en Belgique ct en France
 +ne sont ni assez completes, ni assez sures pour qu il soil possible d en faire sortir
 +la conciliation ou la neutralisation de ces contradictions de la statistique.
 +
 +En attendant que des faits plus nombreux, plus certains et plus concluants, aient
 +permisde resoudre la question de fait, c esta 1 etiologie qu il appartientde faire sor
 +tir des donnees obtenues les enseignementsqu ellescontiennentetde mettre a profit,
 +pour atteindre le but, toutes les ressources dont elle pent des a present disposer.
 +
 +Parmi ces ressources, on doit placer au premier rang, pour leur nombre et leur
 +valeur, celles qui sont fournies par la statistique.
 +
 +La plupart des questions d etiologie, en cc qui louche 1 alienation mentalc, ne
 +peuvent etre surement on completement tranchecs qu au moyen des nombres, ct
 +sous ce point de vue on peut affirmer que 1 etiologie a etc mise en possession par
 +la statistique de la solution definitive de questions importnntes, et a droit d attendre
 +de 1 extension et du perfectionnement des recherclies statistiques 1 elucidation
 +complete de toutes celles de ces questions qui ne depassent pas la portee de la
 +methode numcrique.
 +
 +Deja les differences constatees, dans les diverses agglomerations sociales pour la
 +proportion numerique des alienes, ont permis de reconnaitre, an point de vue etio-
 +logique, des differences correspondantes qui representent des ensembles variables
 +d influences et de causes, et qui, dans leur signification la plus gent rale, expri-
 +ment des predispositions variables pour leur inlensite et leur efiicacite. C est en
 +decomposant ces ensembles ^ influences et en definissant chacun des elements
 +etiologiqucs qui concourent a les former, que la science pourra parvenir a se
 +fonder.
 +
 +Ce travail d analyse, des longtemps entrepris, n est parvenu a se donner des
 +chances reelles de succes serieux que par le perfectionnement des melhodes d inves-
 +tigation, dont les deux conditions premieres ont ete, d unepart, ladclinition exacte
 +du sujet des etudes par la separation des faits relatils a I idiotie et a la folie, et,
 +d autre part, la distinction fondamentale des influences en causes predisposantes et
 +causes determinantes.
 +
 +C est au point de vue le plus general que peuvent trouver ici place, dans un
 +resume sommaire, ceux des resultats obtenus qui consistent essentiellement en
 +donnees statistiques
 +
 +2 Influence, des causes predisposantes. Les anciens, Aretee et Cojlius Aure-
 +lianus, avaient admis que 1 homme est plus predispose a 1 alienation mentale que
 +lafemme.
 +
 +Une premiere application de la statistique a la solution de cette question a con
 +duit Esquirol a infirmer cette opinion et a attribuer au sexe feminin une predomi-
 +
 +
 +
 +58 ALIENATION (STATISTIQCE).
 +
 +nance de predisposition exprimee par le rapport de 38 femmes pour 37 homines
 +
 +Des 1839, j ai montre que les fails sur lesquels s appuyait I eminent alieniste
 +n etaient pas aussi concluants qu il le croyait, et en 1845 le docteur Thurmm.
 +apres avoir aussi conteste la legitimite de 1 induction statistique d Esquirol, repre-
 +nant la question sur des donnees plus concluantes, par une methode plus exacte,
 +est arrive a admettre, au moms pour la Grande-Bretagne, que le sexe masculm
 +est sensiblement plus predispose a I alienation mentale que le sexe feminin.
 +
 +II y a lieu de remarquer que dans les fails comme dans la question il s agissait,
 +sous le nom d alienalion mentale, principalement de la folie propremenl elite.
 +
 +Les donnees statistiques qui peuvent servir a 1 elucidation dc cette question
 +consistent dans des resultats de denombrements etendus a la population tout
 +entiere ou restreints a la population des asiles, et dans des resultats de decompte
 +des admissions annuelles dans les asiles, durant une periode plus ou moins longue.
 +
 +Ces donnees, d inegale valeur au point de vue des conclusions a en deduire vela-
 +livenient a la predisposition de sexe, offrenten elles-memcs un interet reel,
 +
 +
 +
 +PAYS.
 +
 +
 +DATE
 +DU
 +HECEN-
 +SEMEM.
 +
 +
 +HOMHRE DES ill KSES A BOM1CILE BI BANS
 +LES iSIUS
 +
 +
 +PROPORTIIIV SIR
 +FOLIE
 +
 +
 +mo BJBIT.I5TS
 +
 +
 +FOLIE
 +
 +
 +IDIOTIE
 +
 +
 +I DIC
 +
 +^ -^
 +
 +HOMMES
 +
 +
 +TIE
 +
 +- ^
 +
 +FEMMES.
 +
 +
 +HOMMES.
 +
 +
 +FEM.MES.
 +
 +
 +HOMMES.
 +
 +
 +FEMMES.
 +
 +
 +HOMMES.
 +
 +
 +FEMMEs.
 +
 +
 +Silesie
 +
 +
 +1858
 +1861
 +1853
 +1847
 +1855
 +1855
 +1854
 +1850
 +
 +
 +629
 +718
 +872
 +799
 +1232
 +1215
 +1259
 +258
 +
 +
 +C58
 +779
 +1045
 +962
 +1490
 +1527
 +1373
 +295
 +
 +
 +509
 +2822
 +1853
 +1066
 +613
 +1002
 +622
 +220
 +
 +
 +401
 +
 +2257
 +1887
 +929
 +750
 +810
 +465
 +173
 +
 +
 +49
 +48
 +45
 +45
 +45
 +44
 +46
 +46
 +
 +
 +51
 +52
 +55
 +55
 +55
 +56
 +54
 +54
 +
 +
 +55
 +55
 +49
 +55
 +45
 +55
 +57
 +56
 +
 +
 +45
 +J5
 +51
 +
 +47
 +55
 +45
 +43
 +44
 +
 +
 +Saxe
 +
 +
 +Wurtemberg. . . .
 +Paneinark. . . .
 +
 +
 +Norvege
 +
 +
 +New- York. . .
 +
 +
 +Massachusets ....
 +Marvland
 +
 +
 +
 +
 +
 +Ces denombrements d alienes dans les asiles et b domicile mettent en evidence
 +d une maniere generale et sans exception, en ce qui se rapporte a la folie, le iait
 +d une predominance absolue de nombre pour le sexe feminin ; et les differences,
 +qui varient de 4 a 24 pour 100, depassent certainement celles qui existent dans la
 +population generale entre les deux sexes. Au contraire, en ce qui concerne Vidio-
 +tie, la predominance de nombre absolu appartient, sinon sans exception, au moins
 +d une maniere generale, au sexe masculin, pour des differences non moins consi
 +derables
 +
 +Aucune consideration n infirmant la valeur de ces resultats pour 1 idiotie, il y
 +aurait lieu d en conclure que cette infirmite se produit en general avec plus de
 +frequence dansle sexe masculin.
 +
 +La consideration de la predominance de la mortalite pour le sexe masculin dans
 +1 etat de folie ne permet pas d attribuer la meme portee d induction aux resultats
 +de recenscment. G est surtout par la difference considerable de la mortalite suivant
 +le sexe que s explique le fait de la pi edominance considerable et constante clu
 +nombre des femmes dans les asiles publics d alienes.
 +
 +En ncgligcnul la dislinclion des idiots, dont la proportion des aliens dans lei
 +a-iles est tres-jaible, on trouve que le rapport du nombre des femmes au nom-
 +
 +
 +
 +ALIENATION (STATISTIQUE). 39
 +
 +bre des hommes dans les asiles en France, de 1842 a 1854, n a que Ires-pen
 +varie d une aunee a 1 autre et a ete pour la moyenne des treize amices (10177
 +t emmes et 9314 hommes), comme 52 a 47 ou 109 i emmes pour 100 hommes.
 +
 +Au l ei Janvier 1847, les asiles de 1 Angleterre et du pays de Galles contenaient
 +7187 femmes et 6645 hommes, c est-a-dire 108 femmes pour 100 hommes.
 +
 +Ces differences, qui se reproduisent pour d autres pays, depassent celles qui
 +peuvent dependre de 1 inegalite de nombre pour la population des deux sexes : la
 +population totale de la France n a jamais compte, depuis 1841, plus de 102 fem
 +mes pour 100 hommes. Elles ne peuvent neanmoins justiner la conclusion qui en
 +a ete souvent tiree relativement a la plus grande frequence dc la folie chez les
 +femmes, car, comme je 1 ai fait voir des 1859 et comme on 1 a generalement re-
 +connu depuis, elles represented surtout un elfet de la predominance considerable
 +dela mortalite dans 1 etat de folie chez les hommes.
 +
 +La mesure de la frequence relative de la folie pour les deux sexes serait exacte-
 +ment donnee par le nombre des cas de maladiequi se produisent, pour la premiere
 +fois, durantune periode determined, dans unc population donnee.
 +
 +A defaut de tels fails, impossibles a obtenir, on peut considerer comme a peu
 +pres equivalents les faits d admission annuelle dans les asiles.
 +
 +G est de la comparaison du nombre des admissions d hommcs et de femmes dans
 +les asiles anglais, depuis leur ouverture jusqu au l cr Janvier 1844, qui a ele de
 +56 044 pour les hommes et de 51 832 pour les femmes, que le docteur I humnm ;\
 +conclu a une plus grande frequence de la fblie pour le sexe masculin en Angleterre,
 +exprimee par le rapport de 55 a 47, de 113 hommes pour 100 femmes.
 +
 +Des resultats semblables se sont prodnits en France de 1842 a 1855, periode
 +durant laquelle le nombre des admissions dans les asiles a ete de 50 1 94 pour les
 +hommes et de 43 975 pour les femmes, fournissant le meme rapport de 115 hom
 +mes pour 100 femmes.
 +
 +Les donnees de la statistique tendraient done a faire admettre, conformement
 +a 1 opinion des anciens et contrairement a la croyance la plus generalement accre-
 +ditee, que la folie est plus frequente chez 1 homme que cliez la femme.
 +
 +Les resullals des recherches les plus recentes out generalement confirme, relati
 +vement a 1 influence de 1 age, de 1 etat civil, de 1 heredite, des donnees deja fort
 +anciennes, qui peuvent etre considerees comme defmitivement acquises a la
 +science.
 +
 +La folie ne se manifesto guere qu apri-s la puberte.
 +
 +L age qui y predispose le plus tombe entre 30 ct 40 ans.
 +
 +Le celibat et 1 etat de veuvage paraissent etre une predisposition a la folie.
 +
 +La predisposition a 1 alienation mentale, pour 1 idiotie aussi bieu que pour la
 +folie, se transmet par la generation; et les faits, a mesure qu ils devieunent plus
 +nombreux et plus surs, teiident de plus eu plus a manifester 1 importance de 1 in-
 +fluence hereditaire sur le developpement de ces deux affections.
 +
 +Les recherches statistiques les plus recentes sur l influence des professions, bien
 +(ju elles n aient pas distingue, dans les faits, 1 idiotie de la folie, out fourni quel-
 +ques donuees importantes, qui peuvent etre appliquees a la folie, le nombre relatil
 +des idiots etant assez faible dans les admissions pour pouvoir etre neglige sans
 +graves consequences.
 +
 +La statistique de la France embrassant pour 1 annee 1853 les faits d admission
 +dans les asiles, qui se sont eleves a 32 876, a pu determiner les professions dans
 +19 817 cas.
 +
 +
 +
 +40 ALIENATION (STATISTIQUE).
 +
 +Les resultats ontfait ressortir, pour diverses categories professionnelles, des dif-
 +lerences de proportion entre le nombre des admissions et le chiffre dc la popula
 +tion protessionnelle correspondante, qui expriment des variations notables dans la
 +predisposition a la folie imputable aux professions.
 +
 +D apres ces resultats, les diverses categories generales de professions se classe-
 +r.iient, d apres le degre de predisposition a leur attribuer, dans 1 ordre snivant :
 +
 +
 +
 +
 +
 +JiO.MBRE
 +
 +
 +CH1FFRE
 +
 +
 +PROPORTION
 +
 +
 +PROFESSIONS.
 +
 +
 +DES
 +
 +
 +DE LA
 +
 +
 +SDR
 +
 +
 +
 +
 +ADMISSIONS
 +
 +
 +POPULATION.
 +
 +
 +1000 HAB.
 +
 +
 +
 +
 +1682
 +
 +
 +541.156
 +
 +
 +3,10
 +
 +
 +
 +
 +718
 +
 +
 +360.155
 +
 +
 +1,99
 +
 +
 +Domestiques et journaliers. . . .
 +
 +
 +4359
 +
 +
 +2.808.917
 +
 +
 +1,55
 +
 +
 +
 +
 +1365
 +
 +
 +1.170.920
 +
 +
 +1,01
 +
 +
 +
 +
 +
 +
 +
 +
 +
 +
 +Ouvriers de 1 industrie et de 1 agri-
 +
 +
 +
 +
 +
 +
 +
 +
 +culture ....
 +
 +
 +10556
 +
 +
 +15.788.038
 +
 +
 +0,66
 +
 +
 +CommerQants et negociants. . . .
 +
 +
 +1159
 +
 +
 +2.672.467
 +
 +
 +0,42
 +
 +
 +
 +Parmi les professions liberates, la nature specials des occupations et conditions
 +donnerait lieu a des differences considerables de predisposition, se traduisant dans
 +les fails suivants :
 +
 +
 +
 +
 +
 +NOMBRE
 +
 +
 +CHIFFRE
 +
 +
 +PROPORTION
 +
 +
 +PROFESSIONS.
 +
 +
 +DES
 +
 +
 +DE LA
 +
 +
 +SDR
 +
 +
 +
 +
 +ADMISSIONS.
 +
 +
 +POPULATION.
 +
 +
 +1000 HAB.
 +
 +
 +
 +
 +229
 +
 +
 +23.839
 +
 +
 +9,60
 +
 +
 +
 +
 +253
 +
 +
 +50.050
 +
 +
 +8,41
 +
 +
 +Ecle c iasticjues
 +
 +
 +341
 +
 +
 +82 571
 +
 +
 +4,13
 +
 +
 +Medecins et pharmaciens
 +
 +
 +152
 +
 +
 +39.424
 +
 +
 +5,85
 +
 +
 +Professeurs et hommes de lettres.
 +
 +
 +552
 +
 +
 +93.052
 +
 +
 +3,56
 +
 +
 +Fonctionnaires publics et employes.
 +
 +
 +575
 +
 +
 +272.440
 +
 +
 +1,37
 +
 +
 +
 +Parmi les ouvriers, les professions agricoles out fourni 3789 malades pour une
 +population quatre ou cinq fois plus considerable que celle des professions indus-
 +trielles qui a fourni 6767 malades.
 +
 +Les resultats obtenus en Belgique par un recensement, qui, en 1858, a compris
 +les alienes a domicile, font ressortir des proportions differentes pour des catego
 +ries analogues, mais confirment les donnees principals de la statistique de France,
 +en assignant une influence preponderante de la predisposition aux professions li
 +berales, s exprimant par la proportion de 4.81 sur 1000, et 1 influence la plus
 +faible aux professions agricoles, pour lesquelles la proportion du nombre des
 +alienes a la population correspondante a ete trouvee egale a 0,92 sur 1000.
 +
 +A une epoque ou Ton fait generalement une part considerable et peut-etre ex
 +cessive a 1 influence des races dans tous les faits qui expriment, pour une direction
 +quelconque, une manifestation de la vie humaine, on ne pourrait negliger d attri-
 +
 +
 +
 +ALIENATION (STATISTIQUE). 41
 +
 +buer quelque importance a la consideration de la race, en tant que predisposition
 +plus ou moins prononcee aux maladies mentales.
 +
 +Les recherches statistiques ne fournissent encore a ce sujet que de bien faibles
 +donnees.
 +
 +11 ne serait pas sur de chercher a tirer parti, pour la solution de cette question,
 +des differences trop generates et trop variables qui out etc constatees pour la pro
 +portion de 1 alienation mentale entre les divers etats, ou se rencontrent d ailleurs
 +dans une meme population des elements appartenant a diverses races.
 +
 +II n est encore possible de signaler que quelques resultats acquis au moyen de
 +la distinction des faits en ce qui se rapporte aux Israelites dans quelques Etats de
 +I Allemagne, et aux hommes de couleur aux Etats-Unis.
 +
 +Les recensements dans la Baviere, le Hanovre, la Silesie et le Wurtemberg, out
 +fait ressortir pour la population juive, en ce qui se rapporte a 1 alienation mentale,
 +une proportion plus considerable que pour les populations chretiennes.
 +
 +La difference s est montree surtout tres-considerable pour la folie.
 +
 +Le recensement de 1850, pour 1 ensemble des Etats-unis, a fourni les resultats
 +suivants :
 +
 +
 +
 +
 +
 +
 +
 +
 +
 +NOMBKE DES MALADES
 +
 +
 +PROPORTION SUn 1000 HAB.
 +
 +
 +
 +
 +POSITION
 +
 +
 +CHIFFRE
 +
 +
 +
 +
 +
 +
 +
 +
 +RACE.
 +
 +
 +
 +
 +CE LA
 +
 +
 +
 +
 +
 +
 +
 +
 +
 +
 +
 +
 +
 +
 +
 +
 +SOCIALE.
 +
 +
 +
 +
 +
 +
 +
 +
 +ALIENA
 +
 +
 +
 +
 +
 +
 +AI.1EXA-
 +
 +
 +
 +
 +
 +
 +POPULATION.
 +
 +
 +FOLIE.
 +
 +
 +IDIOT1E.
 +
 +
 +TION
 +
 +
 +FOLIE.
 +
 +
 +IDIOTIE.
 +
 +
 +TJON
 +
 +
 +
 +
 +
 +
 +
 +
 +
 +
 +
 +
 +MENTALE
 +
 +
 +
 +
 +
 +
 +UENTALE
 +
 +
 +POPULATION BLANCHE..
 +
 +
 +
 +
 +19.553 068
 +
 +
 +14972
 +
 +
 +14257
 +
 +
 +29229
 +
 +
 +76
 +
 +
 +73
 +
 +
 +1 l .l
 +
 +
 +POPULATION DE COULEUR
 +
 +
 +Ilibre. . .
 +esclave .
 +
 +
 +
 +
 +311
 +527
 +
 +
 +
 +
 +
 +
 +
 +
 +
 +
 +
 +
 +434.405
 +3.204.513
 +
 +
 +318
 +1182
 +
 +
 +059
 +1509
 +
 +
 +0,71
 +0,10
 +
 +
 +0,81
 +0,57
 +
 +
 +1,51
 +
 +0,47
 +
 +
 +
 +
 +total.. .
 +
 +
 +3.658.808
 +
 +
 +638
 +
 +
 +1530
 +
 +
 +2168
 +
 +
 +0,17
 +
 +
 +0,42
 +
 +
 +0,59
 +
 +
 +
 +
 +
 +
 +25.191.876
 +
 +
 +15610
 +
 +
 +15787
 +
 +
 +31597
 +
 +
 +0,66
 +
 +
 +0,69
 +
 +
 +1,35
 +
 +
 +
 +
 +
 +
 +
 +Ces resultats tendraient a demontrer que 1 alienation mentale, et principalement
 +la lolie, sont tres-sensiblement moins frequentes dans la population de couleur,
 +noirs et mulatres, comparativement. a la population blanche, et que cette diffe
 +rence devrait etre rapportee moins a la race qu a la condition sociale, puisquo
 +rimrounite relative n appartient qu a la population de couleur en etat d escla-
 +vage.
 +
 +II ne parait pas douteux qu au nombre des causes qui font varier d un pays a un
 +autre la proportion de 1 alienation mentale on ne doive compter les conditions
 +climateriques, geologiques et topographiques ; le fait est demontre avec la plus
 +entiere certitude en ce qui louche 1 idiotie.
 +
 +Les donnees statistiques qui sernient propres a mettre en evidence la parjt d in-
 +fluence qui peut etre distinctement attribuee a chacune de ces conditions sont en
 +core bien imparfaites et bien incompletes.
 +
 +De 1 influence des climats on ne connait encore que cellequi peut etre attribuee
 +a 1 elevation de la temperature, et encore dans la limite des climats temperes, et
 +qui est representee pour ces climats par riiifluence des saisons.
 +
 +Les recherches statistiques ont des longtemps demontre que la frequence de la
 +
 +
 +
 +42 ALIENATION (STATISTIQUE).
 +
 +folie est, pour la plus grande partie de 1 Europe, plus grande dans les saisons
 +chaudes que dans les saisons froides.
 +
 +L observation directe et les resultats de recensements ont des longlemps demon-
 +Ire que les conditions geologiques, qui ont pour effet de disposer la surface ha
 +bitable de la terre en vallees profondes, elroites et torlueuses, encaissees entre
 +de hautes montagnes, exercent une influence considerable sur le developpement de
 +1 idiotie sous forme endemique.
 +
 +Des recherches plus recentes ont conduit a assigner aux conditions geologiques
 +une influence encore plus speciale, dependante de la nature meme des terrains et
 +des proprietes chimiques qu ils communiquent aux eaux.
 +
 +Fnfin on a cru pouvoir attribuer aux conditions topographiques une part, ou
 +accessoire ou principale, dans le concours des causes qui favorisent le developpe
 +ment endemique de 1 idiotie.
 +
 +Les nouvelles recherches, qui sont entreprises en France d apres les ordres du
 +gouvernement, ne pourront manquer de lournir a la science, au moyen de fails
 +exactement recueillis et rigoureusement observes, des elements de solution pour
 +toutes ces questions difficiles d etiologie, et permettront sans doute alors de faire la
 +juste part des conditions cliimteriques, geologiques et topographiques, dans les
 +fails de proportion considerable de 1 idiotie qui expriment, pour plusieurs contrees
 +de la Saxe, du Wurtemberg, de la Suisse, du Piemont, de la Savoie, etc., une
 +predisposition exceptionnelle a 1 idiotie.
 +
 +Les conditions qui, en tant que predisposition des populations a 1 alienation
 +mentale, peuvent elre rattachees a 1 etat de la civilisation suivant les epoques his-
 +toriques, suivant les divers pays et suivant les diverses regions ou agglomerations
 +d un meme pays, represented un concours d elements tres-complexes, parmi les-
 +quels doivent compter, pour une part importante d action, les causes determi-
 +nantes, liees elles-memes de la maniere la plus .elroite avec les variations du deve
 +loppement social.
 +
 +3 Influence des causes determinantes. L etude statistique des causes deter-
 +minantes de 1 alienation mentale n a ete.jusqu ici appliquee qu a la folie propre-
 +ment dite , et comporte encore pour son avancement le perfectionnement des
 +methodes d observation.
 +
 +La distinction de la folie et de 1 idiotie, des causes predisposantes et des causes
 +determinantes, represente, quant a la methode, un progres notable qui permet
 +deja de mettrea profit des resultats importants.
 +
 +Pour s approcher aulant que possible du but desirable, les statisticiens devront
 +renoncer a etablir entre les causes morales et les causes dites physiques un anta-
 +gonisme que rien ne justifie; ils devront s attacher a ne pas confondre avec les
 +causes determinantes des etats morbides, tels que 1 epilepsie et la congestion cere
 +bral e, qui font partie du developpement meme de la folie ; enfin ils devront chercher
 +a definir les diverses especes de causes, de maniere a rendre les fails scientiliqiie-
 +menl comparables.
 +
 +Les resullats de recherches stalistiques dont je pouvais disposer en 1859, et que
 +3 avais cherche a coordonner dans un essai de classification melhodique, m avaient
 +conduit, en ce qui louche 1 influence des diverses categories et des diverses especes
 +de causes determinantes de la folie, a des inductions qui ont etc generalement
 +confirmees par les recherches ulterieures.
 +
 +J uvais cru devoir adopter, d apres la nature meme des causes, les classes sui-
 +vanles : Une premiere classe cornprend les causes generalemenl designees sous le
 +
 +
 +
 +ALIENATION (STATISTIQUE). ^
 +
 +nom de causes morales, celles qui, correlatives aux facultes intellectuelles, ader-
 +tives et morales de 1 homme, represented ses besoins dans la vie et scs interets
 +dans la societe.
 +
 +line seconde classe comprend les causes qui consistent dans 1 abus que 1 homme
 +peut faire de ses facultes en recherchant les joaissances intellectuelles ou sensuelles.
 +
 +Une troisieme classe comprend les causes qui, consistant dans un etal morbide
 +actuel des organes de 1 homme, entrapment necessairement ou accidentellement un
 +des troubles de la raison, designes sous le nom commun d alienation mentale.
 +
 +Une quatrieme classe comprend les causes externes qui, physiquement, chimique-
 +ment ou physiologiquement, troublent les fonctions cerebrales et determinent la lolie.
 +
 +La premiere classe, celle des causes morales, a ete subdivisee en groupes, re-
 +presenlanl les principaux interets de I homme dans 1 etat de societe : religion et
 +conscience, amour, lamille et affections, fortune, reputation, conservation, patrie.
 +
 +La seconde classe se subdivise naturellement en execs intellectuels et exces
 +sensuels.
 +
 +Dans la troisieme classe, ont ete distingues les etats morbides communs aux
 +deux sexes de ceux qui sont propres a la lemme, et en outre les etats morbides
 +qui ont pour siege organique le cerveau et ses dependances, de ceux qui ont pour
 +siege les autres organes.
 +
 +La discussion des fails rapportes a ces diverses categories en avail fait sortir les
 +inductions suivantes :
 +
 +La folie reconnail generalement pour cause determinante unc influence directe-
 +ment ou specialement exercee sur le cerveau.
 +
 +Le developpement de la folie sous 1 influence de causes immediatement etran-
 +geres au cerveau et a ses fonctions essentielles est un fait peu frequent et en quel-
 +que sorte exceptionnel.
 +
 +Des causes determinantes de la folie, les plus frequentes sont incomparablement
 +celles dont 1 action se traduit en delinilive par une modification et une reaction
 +cerebrales ; telles sont les causes morales qui mettent en jeu les foiictions cere-
 +bales, sentiments, passions, ^flections.
 +
 +Viennent ensuite les causes qui consistent dans une activite excessive ou desor-
 +donnee, imprimee volontairement aux fonctions cerebrales : exces intellectuels
 +ou sensuels, habitudes deraisonnables et vicieuses.
 +
 +Les causes de la folie qui consistent primitivement en une maladie crn br.-ilr.
 +moins frequentes quo les causes morales et les exces cerebraux, ont encore uno
 +importance assez grande, qui ne se retrouve plus ni dans les autivs causes oi&gt;i-
 +niques, nidans les causes externes.
 +
 +Le classement, par ordre cle frequence, des causes de la folie pour les deux
 +sexes assigne les premiers rangs aux groupes exces sensuels, famille et affections,
 +fortune, conservation, amour.
 +
 +La frequence relative des causes determinantes de la folie differe sensiblement
 +dans les deux sexes. Les causes qui agissenl direclement sur le cerveau sont plus
 +frequentes chez I homme ; les causes morales sont plus frequentes chez la ferame ;
 +les exces intellectuels et sensuels sont plus frequents chez 1 homme. Pour 1 homme
 +fes exces sensuels se trouvent au premier rang d influence; pour la femme, les
 +interets de famille et d affeclions dominent loute autre influence.
 +
 +Ces propositions sont tres-generalement confirmees par les resultats publies,
 +nour Tannee 1855, par la statistique de la France.
 +
 +Les causes parliculieres assignees aux cas de folie qui onl motive les admissions
 +
 +
 +
 +44 ALlfiNATIOn ^STATISTIQUE).
 +
 +dans les asiles francais durant cette annee se classent par groupes et par especes
 +ainsi qu il suit :
 +
 +
 +
 +CROUPES DE CAUSES.
 +
 +
 +DEUX
 +
 +- 1 1
 +
 +ORDRE
 +DE CLAS-
 +SEMENT.
 +
 +
 +SEXES
 +i -~
 +
 +PROPORTION
 +SCR
 +1000 SB.
 +
 +
 +HOMME3
 +
 +
 +FEMMES
 +
 +
 +ORDRE
 +DE CLAS-
 +SEMEKI.
 +
 +
 +PROPORTION
 +SUR
 +1000 HAD.
 +
 +
 +ORDRE
 +DE CLAS-
 +SEMENT.
 +
 +
 +PROPORTION
 +SUR
 +1000 HAB.|
 +
 +
 +Interets de fortune
 +
 +
 +1
 +
 +2
 +
 +3
 +4
 +5
 +6
 +7
 +8
 +9
 +10
 +11
 +12
 +13
 +
 +
 +135,8
 +135,7
 +72,3
 +62,0
 +52,4
 +44,2
 +35,1
 +30,8
 +29,9
 +25,5
 +20,8
 +17/2
 +15,8
 +
 +
 +2
 +1
 +4
 +3
 +8
 +5
 +7
 +9
 +12
 +
 +6
 +11
 +10
 +
 +
 +124,5
 +207,0
 +40,4
 +57,4
 +31,7
 +49,7
 +39,8
 +31,7
 +10,3
 +0,0
 +35,9
 +21,3
 +23,5
 +
 +
 +1
 +
 +5
 +2
 +4
 +3
 +7
 +9
 +10
 +8
 +6
 +13
 +12
 +11
 +
 +
 +147,9
 +59,5
 +99,9
 +65,8
 +74,4
 +47,0
 +30,2
 +50,1
 +44,2
 +52,0
 +7.5
 +12,4
 +7,7
 +
 +
 +
 +
 +
 +
 +Causes organiques eerebrales. .
 +Religion. . . . ... . .
 +
 +
 +Conservation
 +
 +
 +Reputation ... . . . .
 +
 +
 +Causes organiques non eerebrales.
 +Famille . . .
 +
 +
 +Causes organ, spec, a la femme.
 +Patrie . .
 +
 +
 +Causes externes
 +
 +
 +Exces de travail . . . .
 +
 +
 +
 +
 +
 +CAUSES
 +
 +LES PLUS FREQUENTES.
 +
 +
 +DEUX SEXES
 +
 +
 +HOI
 +
 +1
 +ol, DM
 +DE CLAS-
 +SEMENT.
 +
 +
 +1 M !.-&gt;
 +
 +
 +
 +PROPORTION
 +SUR
 +1000 HAD.
 +
 +
 +FEHUES
 +
 +
 +ORURE
 +DE CLAS-
 +
 +SEMENT.
 +
 +
 +PROPORTION
 +SUR
 +1000 HiB.
 +
 +
 +ORDRE
 +DE CLAS-
 +SEMENT.
 +
 +
 +PROPORTION
 +Sl R
 +1000 HAB.
 +
 +
 +Exces alcooliques . . ....
 +
 +
 +1
 +
 +2
 +3
 +4
 +5
 +6
 +7
 +8
 +9
 +10
 +
 +
 +88,0
 +
 +72,3
 +54,1
 +52,7
 +52,4
 +47,3
 +40,9
 +55,1
 +29,8
 +1 29,0
 +
 +
 +1
 +
 +4
 +5
 +3
 +9
 +2
 +7
 +6
 +10
 +8
 +
 +
 +144,2
 +
 +46,4
 +45,3
 +47,2
 +31,7
 +02,7
 +57,3
 +39,7
 +16,3
 +34,1
 +
 +
 +9
 +1
 +
 +3
 +4
 +2
 +7
 +5
 +8
 +6
 +10
 +
 +
 +28,3
 +99,8
 +65,5
 +58,5
 +744
 +50,9
 +4t,7
 +50,2
 +44,2
 +23.6
 +
 +
 +Amour et jalousie
 +
 +
 +Denument et misere
 +
 +
 +Perte de fortune. . ....
 +
 +
 +Religion .... . .
 +
 +
 +Abus veneriens, onanisme.. . .
 +Emotions violentes, frayeur. . .
 +
 +
 +Perte de personne aimee. . . .
 +Ambition dec.ue . .
 +
 +
 +
 +
 +
 +4 Influence de la civilisation. Ces resultats, qui, dans ce qu ils ont de plus
 +general , ne paraissent pas pouvoir desormais etre dementis par des recberches
 +ulterieures, ne sont pas sans importance pour 1 elucidation de la question de 1 in-
 +fluence a attribuer a 1 etat de la civilisation sur le developpement de 1 alienation
 +mentale, car parmi les conditions dont le concours exprime, sous le nom d etat de
 +la civilisation, 1 action composee d une multitude d elements divers, cellos de ces
 +conditions qui se rapportent a 1 action des causes determinates sont a la fois les
 +plus variables et les plus etroitement liees au mouvement meme de la civilisation,
 +et 1 influence qu il estpermis, d apres des donnees certaines, d attribuer, dans un
 +etat donne de civilisation, a Faction de ces causes determinantes, et notammerit
 +a 1 action de celles qui sont en meme temps les plus sociales et les plus puissantes,
 +c est-a-dire des causes morales, permet, jusqu a un certain point, de degager de la
 +complexite des fails, pour 1 appreciation du passe, du present et meme de 1 ave-
 +nir, des donnees partielles dont la valeur n est pas a dedaigner, en attendant des
 +demonstrations plus comprehensives et plus positives.
 +
 +C est ce que j ai tente de faire des 1839, a une epoque ou la question de Tin-
 +
 +
 +
 +45
 +
 +fluence de la civilisation sur Ic developpement de 1 alienalion mentale avail etc
 +posec dans des termes beaucoup trop generaux et tranchee dans un sens beaucouj)
 +trop absolu.
 +
 +Les donnees dont la statistique etait des lors en possession n ont ete que con
 +firmees par les recherches ulterieures, et n ont acquis, ni pour leur nature ni pour
 +leuv etcndue, les caracteres de preuves decisives qui leur manquaient.
 +
 +li n est pas encore possible de comparer surement entre eux les divers Etats
 +europeens relativement a la donnee fondamentale et en meme temps la plus simple
 +du probleme, la proportion du nombre des alienes a la population.
 +
 +Comment justifier la pretention de saisir un rapport quelconque cntre ce tcrme
 +encore indetermine et cet autre termc si difficile a deiinir, le degre de la civili
 +sation?
 +
 +La statistique, encore inipuissante pour une solution complete de toutes les
 +questions qui se rattachent a 1 iniluence des variations dans 1 ctat social, a tou-
 +tefois confirme ou fourni quelques enseignements d une grande importance sur
 +1 iulluence incontestable de certairies conditions sociales tres-exactcment defmies.
 +
 +Elle a demontrc que la folie est plus frequente dans la population des villes qm-
 +dans la population des campagnes ; dans les grandes villes que dans les petites ;
 +dans les villes ou la richesse se developpe par 1 industric, que dans celles ou elle se
 +restreint dans les produits de 1 agriculture.
 +
 +D autre part, elle a donne la preuve d un developpement en sens contraire de
 +1 idiotie, beaucoup plus frequente dans les campagnes que dans les villes.
 +
 +La statistique a ainsi justifie au point de vue le plus general les inductions que
 +j avais cru pouvoir tirer de 1 appreciation des fails connus en 1839 et qui me pa-
 +raissenl pouvoir encore etre reproduces aujourd hui comme representant assez
 +fidelemenl 1 etat de nos connaissances relativemenl a 1 influence a allribuer aux
 +progres de la civilisation sur la frequence de I alienation mentale.
 +
 +Les progres de la civilisation ont une influence complexe sur le nombre des
 +alienes, qu ils lendent a accroitre par certains de leurs elements, a diminucr par
 +d autres.
 +
 +Queserait, en definitive, la resultante de ces forces diverses, a supposer quele
 +progres de la civilisation eut conduit 1 etal social aussi pres que possible de la
 +perfection?
 +
 +Je ne doute pas que le resultat definitif ne nil une diminulion du nombre des
 +alienes, et je mefonde, en derniere analyse, sur les considerations suivantes :
 +
 +Supposer que le progres social ait atteint son terme ou au moins s en soil
 +approche, c est supposer que 1 instruction, 1 aisance et la moralite, augmentees en
 +somme dans la societe, se soient en outre repandues avec uniformite dans toutes les
 +classes.
 +
 +Des lors il faut admettre comme consequences necessaires d une telle amelio
 +ration dans 1 etat social :
 +
 +1 Que les defectuosites d organisation transmises par la generation seront plus
 +rares et que le nombre des idiols diminuera;
 +
 +2 Que les exces sensuels, les habitudes vicieuses, et notamment 1 ivrognerie,
 +lendront a disparaitre, et que le nombre des fous, surtout des fous paralytiques,
 +sera moindre ;
 +
 +5 Que dans la categorie si feconde des interels de famille, la cause si puissanle,
 +denommee chagrins domestiques, perdra en intensite lout ce que la famille aura
 +gagne en moi alit6 ;
 +
 +
 +
 +&lt;" ALIENATION (BIBMOGRAPHIE).
 +
 +4 J Quo dan&gt; la categoric des inteiets de fortune, I tlciiK nt mise-re, soulfrances a
 +propos d argent, perdradesa puissance en raison de 1 augmentation del aisance.
 +
 +On peut admettre, ce me semble, que cette influence des progres de la civili
 +sation sur les causes les plus actives de 1 alienation mentale serait suffisante pour
 +contre-balancer an moins les effets de 1 augmentation de 1 activite ceri bmle, sur-
 +tout quand on considere combien est iaible la cause represented par les exces de
 +travaux intellectuels.
 +
 +Mais on ne peut douter que 1 augmentation de 1 aisance, do 1 instruction et de
 +la moralite n ait aussi le pouvoir d attenuer 1 activite de plusieurs autres causes de
 +la folie, telles que la colere, la ihutui, 1 amour-propre blesse, etc.
 +
 +Enfm, un developpement convenable du sentiment religieux entre necessai-
 +rement dans 1 idee d une societe perfectionnee ; et qui ne voit que ce progres de la
 +civilisation aurait pour effet de diminuer simultanement le nombre des fous et des
 +suicides? car ce n est pas la religion, mais c est la superstition qui engendre la
 +loJie, et si la morale peut conduire 1 homme jusqu a regarder la vie comme sacree
 +dans les autres homines, il n y a guere que le sentiment religieux qui puisse la lui
 +faire respecter dans lui-meme. Voij. AI.IE.NES. MAX. PARCHAPPE.
 +
 +BIBLIOGRAPHIE. Historique. KRAMER Y\Y. Kritische Untersttchtmgen im Felde der
 +psychischen Krankheitslehre. In Horn s Archir fur med. Erfahr. 18-26, t. I, p. 459. TRE-
 +LAT (C.). Alienation mentale. Recherches histoi iques. In Joitrn. des Progres. l. V. p. 15$. et
 +t. VI, p. Ill, 1827. Du ME.ME. Recherches historiques sur la folie. Paris, 1859, in-8.
 +GUIACD. Prc iis historiquesur / alienation mentale. In Journ. itniv. des sc. mc d.. t. LYI. p. -j ,7
 +1829. FRIEDREICH (J. B.). Synopsis librarian de patliologia et therapia morborum psychi-
 +corum. Heidelb. el Lips., IS 50, in-8. Du MEME. Versuch einer Lilerdrgeschichte der Path -
 +logic und Therapie der psychischen Krankheiten. Wurzburg, 1850, in-8. DL- &gt;IE.ME. Syste-
 +matische Uteratur der arz-llichen nnd gerichtlichen Psychologic. Berlin. 1855. in-8. Do
 +MEME. Historisch-kritische Darstellung der Theurien iiber das Mesen urni den Si/z- der ptnchi-
 +schen Krankheiten. Leipzig, 1856, in-8. BCSCHOF.N. Historische Andeutiing uber den gegen-
 +wurtigen Zitstand der psychischen Arzneikundc .inaugural Abhandl. .. Erlangen, 1851. in-8.
 +LippiiANN N. Veterum opiniones de insania. Berolini, 1855. MICHEA. Des doctrines
 +psycfw-physiologiques, conside re es chez. les anciens dens hurs rapports avec les theories de
 +1 alienation mentale. In Ann. med.-psychol., t. I, p. 207, 1845. MOLLER (C. Ph.). Ueber den
 +gegenwartigen Zustand und die Haiiptaufgabe der Psychiatric in der Gegenwart. In Dame-
 +row s Allg. Ztschr., t. I, p. 545, 1844. LASSEGUE et MOREL. Eludes historiques sur I alie-
 +nation mentale. Origine de I Ecole psychologiqite allemande. In Ann. med.-psychol.. t. Ill,
 +p. 40; t. IY. p. 1 , 157 , 1844; t. VI, p. 29. MOREL DE G. Etudes historiques et physiologiques
 +sur I alienation. In Annal. me"d .-psycho! . l re serie, t. XI, p. 41, 181; 1848; ibid.. 2 e serie,
 +t. Ill, p 222, 550; 1851. LISLE. Rente analijtique et critique des recherches modernes sur
 +1 alienation mentale. In Arch. ge"n. de med. 4 e serie, t. VI, ji. 45i; 1844. SCHLAGER l.C.\
 +Die Psijchiatrie in Hirer Entwicklung von der altesten bis auf die neneste Zeit, historisch
 +beleuchtet mil Hindeittung, etc. In Beil. z-nr cesterr. Zeitschr. f. praktische Heilkunde,
 +1861, VI, 17. BONNET (H.). Reiue retrospectiie sur la science mentale. In Ann. me"d.-
 +psi/chol.. 4 e serie, t. I, p. 161, 555; 1865.
 +
 +Classification. PINEL (Ph . Observations sur les alie nes et leur division en especes dis-
 +tinctes. In Mem. de la Soc. med. d e"mulat., t. Ill, p. 1, 1799. HOFFBACER. Ideen z-u einer
 +Classification der Seelenkrankheiten aus dem Begriff derselben. In Reil s Archir fur die
 +Physiol., t. V, p. 448, 1802. SCHHID. Erorterung und Classification der Seelenkrankhei
 +ten. In Hufeland s Journ., t. XI. St. I, p. 7, 1800. NASSE. Benennung und vorldufige
 +Eintheilung der psychischen Krankheiten. In N ass s Ztschr. 1818, p. 17. GROHMA.VX. Ein-
 +theilung der psychischen Krankheiten. Ibid. 1S19, p. 179. LICHTE&gt;STADT. Ueber den Be
 +griff, die Benennung undBeurtheilnngderGeistes-Krankheiten. In HufelamTs Journ t. LXII1
 +Spplt. St., p. 5, 1826. FROHLICH J. B. . Ueber Begriff und Eintheilung der Psych. Krank-
 +heitszustande, In Henke s Ztschr. Ergdnzvngsb., t. X. p. 120. 1829. DIEZ. Ueber die
 +Nosologische Eintheilung der psijchischen Krankheiten. In Friedrich s Mag.. 8 Hit n. 59
 +1851 . ALLEN V M ) . Essay on the Classification of the Insane. Lond. , 1 855, in-8. BIRD Fr. \
 +Ueber die Classification und Ansgdnge der psijchischen Krankheiten, mil besonderer Tluck-
 +sicht. etc. In Henke s Ztschr., 1 Hit. 1854. RENAL-DIN L. F. E. . Considerations sur les
 +formes de I alienation mentale observers dans lasilede Stephansfeld en 1856-59. StrasLourg,
 +
 +
 +
 +A * Aisn \w~ APHIE). 4
 +
 +1841, in-8". JONHSON (H.). the Arrangement and Nomenclature of Mental Disorders.
 +A Prize Essay, etc. London, 1843. JACOBI (Max.). Die Hauptftrmen der Seelenstorungen
 +iuihrer Beziehung zur Heilktmde,etc. Leipzig:, 18 t4, in-8". FLEMJUNG. Ueber Classification
 +der Seelenstorungen nebst einem neuen Versuche derselben, mil besonderer Rucksicht,etc.
 +In Damerow s Allg. Zlschr., t. I, p. 97, 1844. JOUSSET (P.). Des formes de la folie. In
 +Archiv. gen. de me d., 4 e serie, t. VIII, p. 445. et t. IX, p. 58, 1845. KIESER (G.). Begrif f
 +und Klassiftcation der Geistes-Krankheit. In Damerow s Allg. Ztschr., t. VII, p. 234, 1850.
 +-DELASIAUVE. Des difffrentes formes de I alie nation mentale (Logons, etc.). In Gaz. des
 +hopit., 1852, 1853, et in Journal de med. ment., passim. BAILLARGEU. Essai de classification
 +des maladies meulales. In Ann. med. -psycho I., 2 e serie, t. V, 1853. -- Classification des
 +maladies mentales (Discussion a la ^oc. med.-psychol.). In Ann. med.-psychol., 5 e serie,
 +t. VII, passim, 1860. LISLE (E.). Lettres sur la folie. Essai de classification. In Vnion
 +me d., 2 e serie, t. IX, 1861, MUELLER (Otto). Ueber die physiolog. Gnuullage einer Ter-
 +minologie der Geislesstorungen. In Damerow s Allg. Zlschr., t. XX, p. 571 ; 1863. WILLE
 +(L.). Versuch einer physio-palholoyischen Begriindung und Eintheilnng der Seelenslorungen.
 +Neuwied, 1863, in-8. LLORACH (Pablo). Ne cessite d une classification rationnelle des ma
 +ladies mentales (en espagnol). In Siglo med., 1863, febr. GRIESINGER (W.). Vortrag zur
 +Erbffnung der psychiatrischen Klinik in Zurich (divisions). In Archiv der Heilk., t. IV,
 +p. 460, 1863. KAHLBAMI (K.). Die Grttppimng der psychischen Krankheiten middle Ein-
 +theilung der Seelenstorungen, Entwurf, etc. Dantzig, 1863, in-8.
 +
 +Statistique generate. DE I,A RIVE. Sur la slalistique des affections mentales. In Bibl. ttniv.
 +de Geneve (sc. et arts), t. XLIII, p. 197, 1830. PIERQUIN (Cl. Ch.). De I arithme tique poli-
 +
 +tique de la folie, on considerations sur la folie envisage e, etc. 2 e e"dit. Paris, 1831, in-8.
 +
 +MOREAU DE JONNES. Notice sur le nombre d aliene s existant en France. In Compt. rend. &lt;!,
 +Acaddmle des sc., t. XVII, p. 65, 1845. (Observations sur ce travail par M. HIUERBE
 +DE BOISMONT. Ibid., p. 134). PARCHAPPE (M.). Recherches stalisliques sur les causes de I alie
 +nation mentale. Paris, 1839, in-8. Du MEME. Rapp. sur la Statistique de I alienation men-
 +tale fait auCongres national de Statistique. In^rm. med.-psychol. 3 serie, t. II, p. 1, 1856.
 +
 +THURNAM (John). Obs. and Essays on the Statistics of Insanity ; including an Inquiry into
 +the Causes influencing the Results of Treatment in Establishments for the Insane : to which
 +are added, etc. London, 1845, in-8. RENAUDIN (E.). Observ. sur les recherches staiistiques
 +relatives a Validation mentale. In Ann. med.-psychol. 3 C serie, t. II, p. 486, 1856. Voir
 +la bibliographie de 1 article ALIENES, pour les statistiques speciales.
 +
 +Etiologie generate. BEAUSOBRE ^De). Reflexions sur la nature et les causes de la folie.
 +InColl. Acad. Part. Etr. (Acad. de Berlin), t. IX, p. 426, 436, 447, 506. Avignon, 1768,
 +in-4. HALLARAN. Inquiry into thr Causes producing the Extraordinary Addition to the
 +Number of Insane Together with Extended, etc. Lond., 1810, in-8. "WAHLSTAB. De causis
 +morborum mentalium a medicis observatis et memoratis. Rest., 1815. GROOS. Untersii-
 +chungen iiber die. moralischen und organischen Bedingungen der Irrseyns und der Laster-
 +haftitjkeit. Heidelberg, 1816, in-8. WEISS. Ueber die Ursachen der Seelenkrankheit. In
 +Basse s Ztschr., t. II, p. 509, 1819. CASPER (J. L.), Veber die Ursachen der Geistes-
 +zerrilttung, besonders nach den Resultaten aus den Irrenhdusern von Paris und London. In
 +Hufeland s Journ., &lt;t. LIV, St. 5, p. 55, 1822. HOPF. Notizen und Reflexionen uber die
 +vorwaltende Neigung zur Gemiitlhszer rutting in gewissen Zeitperioden. In Henke s Ztschr.
 +f. d. Slaatzarzn., t. VI, p. 429, 1823. OEGG. De scde et origine morborum psychicorum
 +commentatio historica. Herbipoke, 1823, in-8. VOISIN (Felix). Des causes morales et phy
 +siques des maladies mentales et de quelques autres affections nerveuses. Paris, 1826, in-8.
 +
 +DIEZ (C. Aug.). De mentis alienationum sede et causa proximo. Freib., 1828, in-8 J . -
 +HEINEJIANN. Dissert, de dispositione ad vesaniam. Bonn, 1828. HAINDORF. Die vorzuglichste
 +Ursactie der Seelenkrankheiten und worauf es bet der Heilung derselben hauptsdc/ilicfi
 +ankommt. In Abhandl. und Beobacht. der drz-tl. Gesellsch. zu Munster, t. I, 1829,
 +BRIERUE DE BOISMONT. De I influence de la civilisation sur le developpement de la folie. In
 +Ann. d hyg., l re serie, t. XXI, p. 241, 1859. MOREAU DE JONNES. Notice slatistique stir les
 +causes de I alie nation mentale en France. In Compt. rend, de I Acad. des Sc., t. XVII, p. 231
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 +morales dans la generation de la folie (Refutat. de M. Moreau de Jonnes). Ibid., p. 679 et
 +Ann. med.-psychol , l re serie, t. II, p. 558, 1843. MORRIS (B. R.). A Theory as to the
 +Proximate Cause of Insanity. In Provincial Med. Journ., 1844, Jan. WHITEMANN (R. H.).
 +The proximate Cause of Insanity. In the Lancet, 1844, t. I. SHEPPARD (J.). Observ. on the
 +Proximate Cause of Insanity. London, 1844. VORSTER (Alb.). De causis pert iirbationum
 +mentis. Dissert, inaug. Berolini, 1846, in-8. BRAUN. Zur Lehre vom Grunde psychischer
 +Slorungen. In Ver. deiitsche Ztschr. f. die Staatxarznk., t. IV, lift. 1, 1848. BELHOMME.
 +
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 +48 ALIENATION (BIBLIOGRAPHIE).
 +
 +Influence des evdnements el des commotions politiques stir le ddveloppement de la folie.
 +Paris, 1849, in-8. WEBSTER (John). Remarks on theCauses and Morbid Anatomy of Mental
 +Diseases. In Med. Chir. Transact., t. XXXII, p. 115. 1849. DAVEV. On the Nature and
 +Proximate Causes of Insanity. London, 1853. TRELAT (V.). Des causes de la folie. In Ann.
 +tne d. -psi/chol., 5 C serie, t. II, p. 7, 174, 1856. SCHLAGER (L.). Veber die AZtiologie der
 +Geistesstdrunpen. In OEslerr. Ztschr. f. Prakt. Heilk., 1860 (Beil. zu Nr. 34, 35, 56, 57).
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 +Me decine nuntale. Deuxieme e"tude. Des causes. Paris, 1860, i;i-8.
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 +Considerations generates et traites generaux. GALIEN (Cl.). De dignoscendis curandisque
 +animimorbis. Inopp. Du MEME. De dignolione atqite medela errorum in cujusque animo. Ibid.
 +AVICENNE. De morbis mentis tractatus, P. aVatterio versus. Parisiis, 1619. PARACELSE (Ch.
 +Ant. Th.). Schreiben von den Kranklieiten, so die Vernunft berauben. So da Seyn Sanct Veitz-
 +Tanz, etc. (durch A. VON BODENSTEIN.). Basil., 1567, in-4; et De lunaticis. In Opp. omn.,
 +t. II, p. 373. Genera, 1658, in-fol. LDISINUS. De compescendis animi adfeclibus per medi-
 +cinammoralem,p/iilosophiam, et medendi artem. Lib. III. Basiles, 1562, pet. in-8. JABOT
 +(Nic.), prop, et G. DENISOT, mod. An vere mania, melancholia et phrenitis faciliiis ut fiunt
 +ita et curantur. These de Paris, 1586 (mss.) BUD^US. Ars medicina adversus animi morbos.
 +Herpipolcc, 1609. PEREGRINUS. De noscendis et emendandis animi affectibus. Argentor., 1614.
 +
 +SCRIBONIUS. De animi morbis et curationilms. Antverpice, 1618. \\ EDEL. De affectibus
 +animi in genere. lente, 1705. -- STAHL prses. SCHMIDT prop. De animi morbis. Halse, 1708,
 +in-4. HEISTER. De perturbations animi. Helmstad, 1738, in-4. CORNER (G. Gottl.). De
 +insania. Erfordise, 1755, in-4. - KLOKHOF (C. Alb.). De morbis animi ab inftrmato tenore
 +medullx cerebri. Traj. ad Bhen, 1753, in-8. -- CORNACHINI. Delia Pazzia. Siena, 1758.
 +BATTIE (GulieJm). A Treatise on Madness. Lond., 1758, in-4. MONRO &gt;J.). Remarks on
 +D&lt; Battie s Treatise on Madness. Lond., 1758, in-8. NICOLAI. Gedanken von der Verwir-
 +rung des Verstandes, dem Rasen und Phantasiren. Kopenhagen, 1758. LECAMUS (Ant.).
 +Me decine de I esprit oh I on cherche : 1 le mecanisme du corps qui influe sur les foncliom
 +de I dme ; 2 les causes physiques quirendent ce mecanisme ddfectueux ou plus par fait; 3 les
 +moyens qui peuvent I entretenir dans son e tat libre et le rectifier guand il est ggne". Paris,
 +1769, in-12, 2 vol. DUFOUR (J. Fr.). Essai sur les operations de I entendement humainet
 +sur les maladies qui le derangent. Amsterdam, 1770, in-12. ARNOLD (Th.). Observ. on the
 +Nature, Kinds, Causes and Prevention of Insanity, etc., t. I. Leicester, 1782, in-8; t. \\,ibid.,
 +1786, in-8. 2" edit., Lond., 1806, 2 vol. in-8. HARPER (A,). A Treatise on the Real Cause
 +and Cure of Insanity ; in which the nature and distinction etc. London, 1789, in-8. DAQUIN
 +( Jos.) . Philosophic de la folie, ou Essai philosophique sur les personnes attaque es de folie. Cham-
 +bery, 1791, in-8. 2 edit, sous le titre : La philosophic de la folie, ou I on prouve que cette
 +maladie doit plutot fire traite e par les secours moraux que par les secours physiques, etc.
 +Chambery, 1804, in-8. PARGETER (Vi.).0bs. on Maniacal Disorders. P^ading-, 1792, in-8.
 +
 +FERRIAR (J.). Of Insanity, in Med. Histories and Reflections. Harrington, 1792, in-8".
 +2 e edit. Lond., 1810, 4 vol. CHURUGI (V.). Delia pazzia in generale ed in Spezie, trattato
 +medico-analitico, con una centurirt di osservazioni. Firenze, 1794, 5 vol. in-8". CRICHTON
 +(sir Alex.). An Inquiry into the Nature and Origin of Mental Derangement, comprehending a
 +concise System of the I hysiology and Pathology of the Human Mind. Lond., 1798, in-8, 2 vol.
 +
 +HASLAM (J.). Obs. on Insanity; with Practical Remarks on the Disease, and an Account of the
 +Appearances on Dissection. Lond., 1798, in-8. DUJIEME. Observ. on Madness and Melancholy.
 +2 e edit. Lond. ,1809, in-8. DimftME. Illustrations ofMadness; exhibiting, etc. Lond., 1810
 +in--8. WEIKABD. Von den Gebreclien der Sensationen des Verstandes und des Willens. Frank
 +furt, 1799, in-8. PINEL (Ph.). Traite medico -philosophique sur I alienation mentale ou la
 +manie. Avec fig., etc. Paris, an IX (1801), in-8; 2 e edit., 1809, in-8. RULAND. Medicinisch-
 +philosophische Reobachtungen iiber den Begriff von Gemutliskrankheiten. Wiirzbourg, 1801
 +in-8v HOFFBAUER. Untersuchungen iiber die Krankheitender Seeleund die verwandten Zv.-
 +stdnde. Halle, 1802-1803. Part. Ill, et sous le titre: Psyclwlogisc/ie Untersuchungen iiber den
 +Wahnsinn, etc. Halle, 1807. HUFELAND. Veber den Wahnsinn, seine Erkenntniss, Ursachen
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 +moyens de la gue rir. Lyon, 1807, in-8. HAINDORF. Versuch einer Pathologic und Therapie
 +der Geistes- und Gemuthskrankheiten. Heidelb., 1811, in-8. CROWTHER. Practical Remarks
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 +mentales et de la mededne morale. Paris, 1812, in-8. RUSH (Benj.). Med. Inquiries and
 +Obs. upon tl/c Diseases of the Mind. Philadelphia, 1812, iu-8. Cox (Jos. Mason). Practical
 +Observations on Insanity with Remarks on Medical Jurhprwlewe as it relate to Dis ascd Intel-
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 +ALIEINATIUIN (BIBUOGRAPHIE). 49
 +
 +lect. 3 s edit., Lond., 1813, in-8. MATTHEY (Andr.). Nouvelles recherchcs sur IBS maladies de
 +V esprit, prfcrde es, etc. Paris et Geneve, 1810, in-8. DUDUISSON (,l. P.. J.). Des vc sanies oil
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 +CAILLAU. Reflexions sur les vesanies et sur qiielques auteurs qui onl trade des affections
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 +de I homme. Paris, 1818, in-8. HALLARAN. Practical Observations on the Causes and
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 +These de Paris, 1819, n 246. -- GEORGET (Et. J.). De la folie; considerations sur cette
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 +Physical, Moral and Civil. Lond., 1820, in-8 Commentaries on the Causes, Forms, Symp
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 +psych Kra/ikheiten und Hirer Jleilarl. Leipzig, 1821, in-8. JACOBI (Max.). Sammlungen
 +fiir die Heilkunde derGeniiUhskrankheUcn. Eibwrf., 1822-58, 111-8, 3 vol. PIUCHAUD (J. C.).
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 +Du MEME. Trait^ des maladies du cerveau el de ses membranes. Maladies menlalcs. Paris, 1S 2(&gt;,
 +in-8 MORRISON (Alex.). Outlines of Lectures on Mental Diseases. 2 edit., lig. 13. l.ond.,
 +1820, in-8; 4" edit, [by his son). Enlarged. Lond., 1848, in-8. GROOS (Fr.). Untcisuc/iun-
 +gen iiber die moralischen und organischen Bedingungendes Irrseyns und Laster/ia/tigkeit, etc.
 +Heidelberg u. Leipzig, 1826, in-8. Du MEME. Ueber das Wesender Seelenslorungeii and ein
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 +teskrankheiten, In Psychiatrische Fragmente. Heidelberg und Leipzig, 1828, in-8. GUISLAIN
 +(Jos.). Traite sur I alienation mentale et sur les hospices d alienes. Amsterdam, 1X26, m-8",
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 +nation mentale. Paris, 1829, in-8. Du MEME. Considerations sur I appreciation de la folia, sa
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 +Grundlehren als Einleitung in die Seclenkunde ilberhaupt und die Seclenheikunde insbe-
 +sondere. In Friedreich s Mag. f. d. Scclenk Hit. J, p. 5, 1829. WEBER (II. B.) Handbuch
 +der psychischen Anthropolugie tnit voniiglicher Riicksicht, etc. Tubing-en, 1&lt;S29, in -8. -
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 +Lond. , 1830, in-8. ESCIIENMAYER. Grundriss der Psychiatrie in ihrein the retischen und prak-
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 +saggio medico pratico. Milano, 1850. COMDE (And.). Observations on Mental Derangement;
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 +Kritik der verschiedencn Ansichten iiber das Wesen der Geistcskrankheitcn. In Ueitrdge
 +zur Lehre von den Geisteskr. T. 1", p. 114; 1832. UWINS (David). A Treatise on those
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 +Lond., 1855, in-8. IDELER (C. W.). Grundrits der Seelenheilkunde. Berlin, 1835-38, 2 part!
 +in-8. NEVILLE (W. B.). On Insanity, its Nature. Causes and Cure. Lond., 1856, in-8.
 +LEUPOLDT (J. M.). Lehrbuch der Psychiatrie. Leipzig, 1837,in-8. DUMEME. Ueber den Begriff
 +des psychischen Krankseins im Allgcmeincn. In Damerows Allg. Zeitschr. T. IV, 1847.
 +EsQi iHOL (J. Et. D.). Des maladies mentales, conside rces sous les rapports medical, hygienique
 +cl medico-legal. PI. 27. Paris, 1838. in-8, 2 vol. (La plnpart des articles contenus dans cet
 +ouvrage avaicnt deja etc publics, particulierement dans le Diclioimairc des sciences medi-
 +:ales.} ELLIS (sir W. C.). Treatise on the Nature, Symptoms, Causes and Treatment of Insa
 +nity with Observations on Lunatic Asylums. Lond., 1858, in-8. Trad. i r. par Archambault.
 +
 +tllCT. EiNC. Ill A
 +
 +
 +
 +50 AL1ENES.
 +
 +Eimclne de notes par Esquirol. PI. 2. Paris, 1840, in-8. FHIEDREICH (.). I!.). Ai beiten /tii
 +Pathologic und Therapie der psychisclien Krankheiten. Hand buck tier Allgrmeincn Pat ho--
 +logie. 1" Band. Erlangen, I8.")9, in-8". DUTTENMIOFEH. Die kratikhnflen Ersclieinungen dcs
 +Setlenlcbetis. Fur ..erzte. Psychotoyen. etc. Mulljjart, 1840, in-8. - PARUUPPE IM. . TraM
 +theorique el pratique de la /olie. Observations et documents necroscnpiques. Paris, 1841, in-&lt;S".
 +
 +FALRET (J. P.I. Considerations generates sur les maladies mentales. Paris, 18i5, in-8. Di/
 +
 +MEME. De i enseiynement clinii/ne des maladies mentales. Paris, 1850, m-8. DUMEME. Lecons
 +clinic/lie de inedecine mentals fades a I hospice de la Salpet iere. Symploinatolngie gene-
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 +licil and Irrsein in ihren Ucbcrgangen. Berlin, 1845, in-8". SCHUBERT (G. H.). Die Krnnk-
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 +Id folie consideree sous le point de vtte pathologique, philosop/iique, historique et judiciaire,
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 +dell uomo inparticolare, con -prospelto di un corso dipatologia el di terapia clellc innlntlic
 +mentali e con tavole statist iche dfyli alienali clu- elibcro euro net I oupicio manicomialc di
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 +ladies mentales, considerees, etc. Nancy et Paris, 18.32-53, 2 vol. in-8. Traite des maladies
 +mentales, Paris, I860, grand in-8. ARNOULD (Jules). Notes pour servir a I /iistoirc de la
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 +medico-psychologiques sur la folie. Paris, 1862, in-8 . GIRAUDDE CAILLEUX (H.) Eltidts pra
 +tiques sur les maladies nerveuses et mentales. accumpngnees de tableaux statistiques, etc.
 +Paris, 1865, in-8. UAGO.ET (II.). Traite elementaire et pratique des maladies mentales,
 +suivt de considerations pratiques sur I administration des asiles dalicncs. Paris, 1N62, in-8.
 +Voyez.comine complement, la Bibliographic du mot AI.IENES et celle des mots CRETINISMS, DE-
 +MEMCE, FOLIE, IDIOTIE, IMBECILLITE, MANIE, MELASCOLIE, MONOMANIE et PARALYSIE OENERALE. E. BGD.
 +
 +On I rail era sous ce mot de la legislation, de I assistance publi-
 +
 +
 +
 +A.LIENES (LEGISLATION). 51
 +
 +que, des asiles de la me decine legale et des maladies intercurrentes des
 +alienes.
 +
 +I. Legislation Le trouble permanent de la raison, qui caracterise 1 etal
 +habituel de 1 aliiMie, enlraine des consequences speciales, qui ne se retrouvent
 +avec la meme portee dans aucun autre etat morbide.
 +
 +L aliene n a jamais exa&lt; temr&gt;nt et pleinement conscience du desordre qui existe
 +dans sa raison; generalement il ne se ci oit pas malade ; et il n accepte pas qn une
 +volonte, autie que la sienne, dirige scs actions et puisse lui imposer des absten
 +tions, des privations, des medications.
 +
 +Gette disposition habituelle cbrz 1 aliene a pour effet de rendre constamment
 +difficile el frequemment impossible, dans 1 elat libre et dans les conditions de la
 +vie ordinaire, tonte application efficace dn traitement moral et medical propre a
 +favoriser la guerison. De la. au point de vue medical, 1 indication frequente, et
 +on peut meme dire habituelle, de la soustraction de 1 aliene curable aux condi
 +tions ordinaires de la vie commune, de son assujettissement force a une direction
 +medicale, s etendant a tons les actes de sa vie et de son isolement, dans une ha
 +bitation approprieeau traitement de { alienation mentale.
 +
 +Pendant toute la duree de la maladie qui trouble sa raison, 1 aliene est d une
 +maniere permanente incapable des droits et des devoirs de la vie sociale.
 +
 +Dans les circonstances ordinaires, il suffit que 1 etat d alienatiou mentale se
 +manifests avec qnelque evidence, pour que nalurellement et par la force meme
 +des choses, il entr.iine pour 1 alieMe 1 exemption des charges et la cessation des
 +fonctions publiques, sans qu il soit necessaire de faire intervcnir la loi.
 +
 +Mais en tout ce qni se rapporte a 1 exercicc de ces droits civile, qni d une part
 +represented 1 interet personnel du citoyen danssa plushaule expression, la libre
 +disposition desa personne et de ses biens, et qni, d aulre part, enga^ent frequem
 +ment les interets des tiers et constamment les interets de la lamillo, 1 incapacite
 +naturelle de 1 aliene ne peut se traduire en fait, avec la portee sociale d un em-
 +pechement on d une annulation pour ses actes et leurs consequences, que dans
 +des con litions legalement determinees. D ou la necessite d une legislation civile
 +speciale pour les alienes.
 +
 +Le trouble de la raison dans 1 alienation menlale n entrame pas seulement
 +1 incapacite professionnelle, polit.ique et civile, il est exclusif de la liberte morale
 +et il motive une irrespons ibilite des actes personnels, que les legislations penales
 +doivent consacrer en la defmissant.
 +
 +En dehors de la conscience, raisonnee et raisonnable, du juste et de 1 injuste,
 +du licite et de 1 illicite, et c est le cas de 1 aliene, il n y a place ni pour 1 exemple,
 +ni pour le chatiment. Cen est pas par des repressions penales que la societe peut
 +se sauvegarder contre les dangers que peut lui faire courir la liberte d action chez
 +un agent depourvu de la liberte morale.
 +
 +Ce n est qu en portant atteinte a la liberte d action de 1 aliene dangereux qu il
 +est possible de prevenir, d empecher 1 abus qu il en peut faire contre Ini-meme,
 +contre les aufres, contre 1 ordre et la surete publics.
 +
 +De la pour la sociele le droit et le devoir d intervenir dans la vie de 1 aliene
 +dangereux, et meme de se saisir de sa personne pour le placer dans des condi
 +tions speciales de surveillance et d empecbement d agir.
 +
 +DC telles atteintes a la liberle individucllc ne penvout so niotiver que par la
 +justification de leur necessite, et doivent etre soumises a des conditions et a des
 +i eglements fixes par la loi.
 +
 +
 +
 +52 ALIENfiS (LEGISLATION).
 +
 +Enfin, le trouble de la raisou chez 1 aliene a pour effet de produire I inaptitiide
 +a 1 exercice de toutes les professions qui exigent I integrite des facultes intellec-
 +tuelles, et a une direction sponlanee, utile et profitable de celles meme qui con
 +sistent essentiellement en un travail manuel.
 +
 +Cette situation equivaut a une incapacile absolue de subvenir aux besoins de
 +1 existence par le produit du travail jouinalier, et pour 1 aliene, qui n a d autres
 +ressources que ce produit, elle realise fatalement le fait de 1 indigence.
 +
 +Dans 1 impuissance de la charite privee, pour conjurer ce mal, il appartient a
 +1 assistance publique de venir en aide a 1 aliene indigent, a la maniere de ce
 +qu elle fait pour les malades et pour les pimvres ordinaires. Mais la situation excep-
 +tionnf-lle qui resulte du fait, de 1 alienation mentale chez lindigent a secourir,
 +donne naissance a des motifs et a des conditions speciales d application du secours
 +de 1 assistance publique.
 +
 +Ainsi le traitement curatif de 1 alienation mentale exige la reunion de conditions
 +exceptionnelles qui ne se trouvent pas realisees dans les hopitaux ordinairrs.
 +
 +Independamment de tout interet d assistance publique par le traitement cu
 +ratif du malade ou par 1 entretien gratuit de i indigent, dans un grand nombre
 +de cas, un interet de surele publique rend indispensable la mainmise de 1 autorite
 +sur la personne de 1 aliene, et impose par suite 1 obligation sociale d iustituer
 +pour le recevoir un asile approprie, et de subvenir a son entretien par des res-
 +sources publiques.
 +
 +L incurabilite de la maladie n est pas incompatible avec une longue duree de
 +la vie, et realise de plus en plus la condition d indigence fatalement liee a 1 in
 +capacite de travail productif.
 +
 +Ainsi toutes ces consequences de 1 etat de trouble permanent de la raison chez
 +1 aliene, la difficulte. ou I impossilulite dn traitement de la maladie dans les con
 +ditions de la vie ordinaire, 1 iucapacite des devoirs et des droits de la vie sociale,
 +1 irresponsabilite des actes, le danger personnel on public, resultant de 1 etat de
 +liberte, 1 incapacite de subvenir par le travail aux besoins de la vie, posent un
 +probleme complexeet difficile dans lequel se trouvent engages, a divers titres, et
 +sous divers points de vue, 1 interet du malade, 1 inteiet de la famille, 1 interet
 +de la ^ociete.
 +
 +Ce probleme se decompose en questions multiples de medecine, de legislation
 +etde bienfaisance, qui reclament, pour leur solution pratique, le concours de la
 +science, de la loi et dc [ administration publique.
 +
 +Dans le mouvement de progres social, qui ne pouvait manquer de s etendre
 +
 +jusqu a la condition de 1 aliene, les mesures qui ont de longtemps devance toutes
 +
 +les autres sont celles qui avaient pour but de degager riuturet social, le plus
 +
 +general, le plus evident, le plus urgent, celui qui se rattache a 1 incapacite civile
 +
 +^et a 1 irresponsabilite penale de 1 aliene.
 +
 +Dans tous les pays civilises, les lois ont pourvu a la necessite de proteger 1 a
 +liene lui-meme, sa famille et les tiers contre les consequences civiles de 1 exer
 +cice de droits dont il est incapable, par des dispositions qui permeltent de consa-
 +crer gcneralement et absolument cette incapacite an moyen de J interdiction,
 +d en prevenir ou d en reprimer Irs consequences abusives les plus graves au
 +moyen du recours devant les tribunaux pour 1 annulation des conlrats, des dona
 +tions, des testaments realises dans 1 etat d insanite d esprit.
 +
 +L immunite penale, pour cause d irresponsabilite dans 1 etat d alienation men-
 +tale, se retrouve dans les lois de tous les temps et de tous les pays.
 +
 +
 +
 +ALIENES ((LEGISLATION). 55
 +
 +Lfs principes consacres, les formal! tes preserves, les formules adoptees dans
 +notrc Code Napoleon, fortifies etfecondes par la jurisprudence, pcuvenl elre con
 +sideres, malgre dc tenu raires atlaques, comme tvprescnlaiit an point de vue civil
 +et criminel une legislation aussi voisine que possible de la perfection.
 +
 +Ce n est au contraire que bien tard, et a une epoque loute moderne, que 1 en-
 +scmble de tons les interets engages dans la question de 1 etat d alienatiou mentals
 +a attire 1 attention des medecins et des philanthropes, des jurisconsultes et des
 +administrateurs.
 +
 +L interet de securite publique est le premier qu on ait songe a satisfaire.
 +
 +Par mesures de police, subordonnees ou non a des regies, on eut plus on moins
 +frequemment 1 occasion de mettre la main sur des alienes pour cause de dommages,
 +realises par eux, ou redoules de leur part, centre la suretc des personnes et des
 +proprietes et centre 1 ordre public.
 +
 +La sequestration eut le plus souvent dans ces cas, pour les moyens, pour le lieu,
 +pour les conditions de traitement de la personne, tons les caracteres de [ incarce
 +ration. 11 en fut ainsi alisolument pour les alienes sequestres par mesure de police
 +dans les prisons et les maisons de correction.
 +
 +Ge qu il y avail de plus intolerable et de plus odioux dans cette assimilation de
 +1 aliene au criminel etait evite toutes les fois que le placement des alienes seques
 +tres se faisait dans diverses institutions autrcs que les prisons propi ement diles,
 +couvents ordinaires ou de correction, hopitaux enferme s, etablissements speciaux
 +de repression pour le vagabondage et la mendicite, etablissenients mixtes de re
 +pression pour les mendiants valides," d assistance pour les mendiants inlirmes, et
 +de traitement pour certaines maladies speciales, la syphilis, la teigne, 1 epilepsie.
 +
 +Pendant longtemiiSjleprogres social ne consistaque dans la substitution dc plus
 +en plus frequente de trlles institutions a la prison pour la sequestration des alienes.
 +Mais dans ces conditions la sequestration conservait, au point de vue de la liberte
 +individuelle, la nieme absence de garanlies, et au point, de vue de la satisfaction
 +des besoins des alienes, a pen pres la meme insuftisance.
 +
 +L Angleterre avail donne, des 1774, 1 exemple d eflbits louables pour protegcr
 +par des dispositions legates les alienes conlre les sequestrations arbilraires.
 +
 +Quelques essais de i-egularisation legale de la condition des alienes ne remon-
 +tent en France qu a 1790.
 +
 +Cependanl, sous la pression des besoins de la societe, de jour en jour mieux
 +sentis, les institutions destinees a fotirnir un refuge aux alienes tendaient de toutes
 +parts a se multiplier et a se developper.
 +
 +Du fait de la reunion d un certain nombre d alienes dans ces divers lieux de re
 +fuse, et surtout dans ceux qui participaient de la nature des liopitaux, naquit la
 +pensee de faire tourner les necessiles de la sequestration au profit du traitement
 +de la maladie, et d en assurer 1 efficacite par une appropriation d u refuge lui-meme
 +a sa destination.
 +
 +Au moment ou le fachcux etat des maisons de force et de correction suscitait
 +une premiere jiensee de reforme, 1 association si frequente des alienes a la condi
 +tion malheureuse des prisonniers ne pouvait rnanquer d eveiller, en faveur de nia-
 +lades et d innocents, des sympathies encore plus vives et plus legilimes que pour
 +les malfaiteurs.
 +
 +Sous 1 influence d un mouvement general de reforme philanthropique dans les
 +hopitaux et les prisons, dont le point de depart remonle au regne de Louis XVf,
 +dontlespropagateursprincipauxontete Howard et Tenon, el anqncl la revolution
 +
 +
 +
 +54 ALIENES (LEGISLATION).
 +
 +de 1 789 imprima une nonvelle et energique impulsion, le sort des alienes devint
 +1 objet d un vif interet et d une preoccupation serieuse pour les legislateurs, les
 +adminisirateurs et les medecins.
 +
 +L iniliative de la n ionne des etablissements d alienes fut prise en France, de
 +1791 a 1792, par la Rochefoucauld, 1 adminisliation des hospices de Paris et
 +Pinel; eu Anuleterre, vers 1794, par la Societe des Amis, sous 1 impulsion da
 +
 +William Tuke.
 +
 +Ce mouvement, dontj ai retrace ailleurs avec detail les principals phases et
 +les principaux effets, depuis son commencement jusqu a. nos jours, dans les di-
 +verses conlrees du monde cnilise, et dont 1 histoire meme sommaire ne pourrait
 +trouver place ici, se manifesta d abord avec une tendance exclusivement medicale
 +et philanthropique.
 +
 +Mais bientot le probleme se posa dans toute son etendue et sous toutes ses faces,
 +et 1 utilitede recourir a une regularisation legislative do la condilion sociale des
 +alienes se lit de jour en jour cornprendre avec une plus entiere evidence.
 +
 +Les necessites privees et publiijiies de la sequestration ne pouvaient que par
 +1 intervention de la loi etre conciliees avec les garanties a assurer a la liberte in-
 +dividuelle.
 +
 +En s attribuant dans son interet le droit de priver de leur liberte des alienes
 +reputes dangereux, la societe s imposait 1 obligation de leur assurer, dans des
 +refuges appropries, un traitement convenable, et de pourvoir a 1 entretien des
 +indigents sequestres d ol lice.
 +
 +Enfin la convenance d etendre au plus grand nombre possible le bienfait du
 +traitement pour les alienes curables, et de subvenir dans un grand nombre de
 +cas, pour les incurables, a 1 impossibilite de vivre par suite d une incapacile ra-
 +dicale de travail productif et d un denument absolu de res sources, ne pouvaitetre
 +meconnue.
 +
 +Et des lors se posait pour la societe, en face de 1 indigence, le devoir moral
 +d assurer aux alienes comme aux autres malades, suivant la mesure du neces-
 +saire et du possible, la guerison et 1 existence.
 +
 +L Angleterre s engagea la premiere, en 1828, dans la solution de ce probleme
 +social par 1 intervention de la loi, et la poursuivit perseveramment par des bills suc-
 +cessifsen 1832, 1853, 1835, 1838, 1841, 1842, jusqu a la promulgation de la loi
 +du 4 aout 1845, pour la regularisation de I entretien et du traitement des alienes.
 +
 +La France se proposa un but analogue, des 1858, par la loi sur les alienes.
 +
 +Le developpoment donne a cette loi par 1 ordounance de 1839, et par les instruc
 +tions administrates successivement intervenues depuis cette epoque jusqu au
 +reglement du 20 mars 1853, et les applications qui en ont ete faites dans les di-
 +verses parties de la France, ont amene la situation actuelle de la condition des
 +alienes dans notre pays.
 +
 +Des critiques, souvent peu mesurees, n ont manque ni a lalegislation elle-meme
 +au moment ou la loi a ete discutee, ni a ses applications depuis qu elle a ete mise
 +
 +
 +
 +en vigueur.
 +
 +
 +
 +On s est frequemmeut attache a la presenter comme insuffisante ou abusive dan?
 +ses principeset ses prescriptions, au double point de vuedela liberte individuelk
 +et du traitement des alienes.
 +
 +Une appreciation complete de la valeur de la legislation francaise et de 1 effica-
 +cite des ajiplications qui en ont ete faites dans notre pays exigerait des develop-
 +pements que ne comportent pas les limites d un article de dictionnaire.
 +
 +
 +
 +ALlfiNES (LEGISLATION). 55
 +
 +Le bat qu ilme parait important d attcindre, au moins dans ce qu il a de plus
 +essentiel, c est de formuler ici un ensemble de principes et de regies qui puisseut
 +faciliter dans le present comme dans 1 avenir, une legitime et complete satislac-
 +tion des veritabl s besoms des alienes et de la societe.
 +
 +J ai pris soin deja de definir et de preciser ces besoins d apres la nature memo
 +des consequences qui resultant de 1 etat d alienalion mentale.
 +
 +II me |iarait possible de fuire ressortir ces principes et ces regies d une appre
 +ciation de la situation faite aux alienes dans notre pays, au triple point de vue du
 +droit, dela science etde I humanite.
 +
 +En soumetlant a 1 autorisation prealable et a une surveillance continue Irs eta-
 +blissements destines a recevoir les alienes, et en subordonnant pour ces etablisse-
 +ments le maintien et la sortie des alienes a des conditions delinies, laloi francaise
 +de 1838 a eu pour but de realiser un ensemble de garanlies efficaces et suffi-
 +sanles, dans 1 interet de la liberte individuelle, contre toutes chances de seques
 +tration arbitraire ou illicite.
 +
 +La loi a distingue deux sortes de placements, les placements volonlaires et les
 +placements ordonnes par I aulorite pnblique.
 +
 +Pour les p acements volontaires, elle exige la production :
 +1 D unedemandeofiicielle et circonstanciue de la part dela personnequi reclame
 +{ admission ;
 +
 +2 D un cerlificat de medecin constatant 1 etat mental de la personne a placer,
 +et indiquant les particularity s de sa maladie etla necessite de laire trailer la per
 +sonne designce dans un etablissement d alicnes et de 1 y tenir rentermi e ;
 +
 +5 D un passe-port ou de toute autre piece propre a constater 1 individualite de
 +la personne a placer.
 +
 +Le cerlificat du medecin ne pourra etre admis s il a plus de quinze jours de
 +date, s il est signe d un medecin attache a { etablissenient, ou si le medecin signa-
 +taire est parent ou allie, au second degre inclusivement, des chefs ou proprie-
 +taires de 1 etablissement ou dela personne qui i era effectuer le placement.
 +
 +Un bulletin mentionnant les pieces produites, la copie du certificat qui a motive
 +1 admission, et un certificat du medecin de 1 etablissenient, doivent elre adresses
 +dans les vingt-quatre beures, a Paris, au prefet de police, dans le? departements
 +au prefet, directement ou par 1 intermediaire des sous-prefets et des maires
 +(art. 8).
 +
 +Si le placement est fait dans un etablissement prive, le prefet, dans les trois
 +jours de la reception du bulletin, chargera un ou plusieurs hommes de 1 art de
 +visiter la personne designee dans ce bulletin, a 1 effet de constater son etat men
 +tal et d en faire rapport sur-le-cbamp (art. 9).
 +
 +Dans le memedelai, le prefet notiu era administrativement les nom, profession,
 +et domicile, taut de la personne placee que de celle qui aura demande le place
 +ment, et les causes du placement : 1 au procureur imperial de I arrondissement
 +du domicile de la personne placee ; 2 au procureur imperial de I arrondissement
 +dela situation de 1 elablissement (art. 10).
 +
 +Quinze jours apres le placement d une personne dans un etablissement public
 +ou prive, il sera adresse au prefet un nouveau certificat du medecin de 1 etablisse
 +ment; ce certificat confirmera ou rectiliera, s il y a lieu, les observations coute-
 +nues dans le premier certificat (art. H).
 +
 +La loi prescrit la tenue d un registre sur lequel doivent etre consigned lous les
 +renseignements relatifs a 1 individualite de la personne placee, et transcrits tons
 +
 +
 +
 +56 ALlfiNfiS (UGISIATION).
 +
 +les documents relatifs aux motifs de son placement et aux circonstances de son
 +sdjour dans I etablissement.
 +
 +Le medecin sera lenu de consigner sur ce registre, an moins tous les mois, les
 +chaiigements survenus dans 1 etat mental de chaque malade (art. 12).
 +
 +Toute personne placee dans un etablissement d alienes cessera d y etre retenue
 +aussitot que les medecins de 1 etablissement auront declare sur le registre enonce
 +que la guerison est oblenue (art. 13). Avant meme que Its medecins aient declare
 +la giierison, toute personne placee dans un etablissement d alienes cessera egale-
 +ment d y etre retenue des que la sortie sera reqnise par le curateur, 1 eponx ou
 +l e"|iouse; s il n y a pas d epoux ou d epouse, par les ascendants; s il n y a pa^d as
 +cendants, par les descendants, par la personne qui aura signe la demande d ad-
 +mission, par toute personne a ce autorisee.par le conseil de famille (art. 14).
 +
 +Le prefet pourra toujours ordonner la sortie immediate des personnes placees
 +volonlairementdans les etablissements d alienes (art. 16).
 +
 +Le prefet et les personnes speciulement deleguees a cet effet, par lui on par le
 +minislre de 1 interieui , le president du tribunal, le procureur imperial, le jugede
 +paix, le maire de la commune, sont charges de visiter les etablissements publics
 +ou prives consacres aux alienes. Ilsrecevront les reclamations des personnes qui y
 +seront placees, et prendront, a leur egard, tons les renseignements propres a faire
 +connaitre leur position. Les etablissements prives seront visiles a des jours inde-
 +tenmnes, une ibis au moins chaque trimestre, par le procureur imperial de 1 ar-
 +rondissement.
 +
 +Les etablissements publics le seront de la meme maniere, une Ibis au moins
 +par semestre (art. 4).
 +
 +Le registre preset it par J article 12 sera soumis anx personnes qui auront le droit
 +de visiter 1 etablissement, lorsqu elles se presenteront pour en faire la visite ; apres
 +1 avoir terminee, elles apposeront sur le registre leur visa, lear signature et leurs
 +observations, s il y a lieu (art. 12).
 +
 +Toute personne placee ou retenue dans un etubiissement d alienes, son tuteur
 +si elle est mineure, son curateur, tout parent ou ami pourront, a quelque epoque
 +que ce soit, se pourvoir devant le tribunal du lieu de la situation de 1 etablisse
 +ment, qui, apres les verifications necessaires, ordonnera, s il y a lieu, la sortie
 +immediate.
 +
 +Les personnes qui auront demande le placement, et le procureur imperial d of-
 +fice, pourront se pourvoir aux memes fins (art. 29).
 +
 +Aucunes requetes, aucunes reclamations adressees, soit a 1 autorite judiciaire,
 +soit a Taatorite administrative, ne pourront etre supprimees ou retenues par les
 +chefs d etablissement (art. 29).
 +
 +Les chefs, directeurs ou preposes responsables ne pourront, sous les peines
 +portees par 1 arlicle 120 du Code peml (six mois a deux ans d emprisonnement,
 +et 16 a 200 francs d amende), retenir une personne placee duns un etablissement
 +d alienes, des que sa sortie aura ete ordonnee par le prefet ou par le tribunal, ni
 +lorsque cette personne se trouvera dans les cas de guerison declaree par les me
 +decins, oude reclamation de sortie paries- ayauls droit, d apres 1 arlicle 14 (art. 50).
 +
 +Eufm 1 article 41 edicte, pour les contraventions aux diverses prescriptions de la
 +loi cpmmises par les chefs, directeurs on preposes responsables, et les medecins
 +des etablissements publics et prives, In peioe d un emprisoimement de cinq jours
 +a un au, et d une amende de 50 a 5,000 francs, ou de 1 unc ou de 1 autrc de ces
 +peines.
 +
 +
 +
 +(LEGISLATION], 57
 +
 +Unc appreciation approfondie de la portee de chacune de ces mesures perraet
 +de reconnaitre combien elles ontetejudicieusement combinees en vue de garantir
 +d une maniere non interrompue, par des attestations mi dicales, par un controle
 +ailininistratif et judiciairc, et par )a surveillance des tiers interesses, 1 existence et
 +la permanence d un motif legitime de sequestration, et combien, en effet, 1 observa-
 +tiou des prescriptions de la loi peutet doit etre efficace, sinon, par impossible, pour
 +prevenir absolument tout placement abusif, an moins poar faire cesser dans le plus
 +court delai toute sequestration qui ne serait pas legalement justified par 1 existence
 +actuelle d un etat d alienation mentale, ou meme qui ne serait pas suffisamment
 +motivee par undegre d alienation mentale incompatible avec la vie libre.
 +
 +Pour les cas ou 1 etat d alienation mentale comprometlrait 1 ordre public ou la
 +surete des personnes, la loi de 1838 ainvesti, a Paris, le prefet de police, et, dans
 +les departements, les prefets, du droit d ordonner d oflice le placement de la per-
 +sonne interdite ou non interdite dans un etablissement d aliene s, et leur a impose
 +1 obligation de motiver leurs ordres et d enoncer les circonstances qui les auront
 +rend us necessaires.
 +
 +L article 21 a donne aux prefets la faculte de transformer le placement volon-
 +taire en placement d oflice, pour les rnemes motifs, avec les memes formalites.
 +Aux alienes dont le placement a ete ordonne par 1 autorite publi|ue, s appliquent
 +toutes les prescriptions legales relatives aux alienes places volontairement, en cc
 +qui concerneles certificals mi dicaux de vingt-quatre heures et de quinzaine, les
 +notifications aux procureurs imperiaux et aux maires, les annotations medicates
 +mensuelles, etc. La loi impose de plus, pour cette categoric d alienes, aux prefets
 +1 obligation de rendre compte de leurs ordres au ministre de I interieur, et de
 +statuer, tons les six mois, d apres un rapport du medecin de 1 etablissement, sur
 +la maintenue ou sur la sortie de cbaque personne placee d oftice (art. 20, 21).
 +
 +Dans 1 mtervalle de ces arretes, si les medecins declarent que la sortie peut etre
 +ordonnee, les chefs sont tenus d en referer aussitot au prefet, qui statuera sans
 +delai (art. 23).
 +
 +L attribution aux prefets du pouvoir d ordonner les sequestrations d oftice a
 +ete, durant la discussion de la loi et depnis son adoption, 1 objet de vives criti (lies.
 +
 +On a soutenu que ce pouvoir serait plus convenablement et plus surement con-
 +fie a 1 autorite judiciuire dans la personne du president du tribunal civil, proce-
 +dant a k maniere de ce que notre legislation a consacre en ce qui touche la
 +detention par mesure de correction paternelle. On a pretendu que, si 1 ordre de
 +placement devait etre abandonne a 1 administration, il conviundrait de Tattriliuer
 +aux maires et non pas anx prefets, et enfin que, si les prefets en etaienl charges,
 +il serait utile de subordonner 1 exercice de leur action au concours d une com
 +mission speciale.
 +
 +Mais la sequestration d un aliene dangereux estune mesure de police qui, par
 +sa nature, appartient essentiellement a 1 autorite administrative, et qui par sonur-
 +gence ne comporte pas les lenteurs et les formalites d une instruction judiciaire.
 +
 +La loi n a pas dessaisi les maires du pouvoir de remedier au danger dans les cas
 +d urgence ; la subordination des mesures prises par les maires a une prompte con
 +firmation par 1 autorite administrative superieure est une garantie de plus donnee
 +a la legitimite de la sequestration. La parfaite competence des prefets pour ordonner
 +de lelles mesures nepeut etrecontestee. Les caracteres de la foncliondemagislra-
 +ture administrative dont les preiets sont investis olfrent des garanties reelles, et
 +n cxcluenf. pas d ailleurs une resjionsabilite qui ne pourrait peser sur un president
 +
 +
 +
 +58 ALIENES (LEGISLATION).
 +
 +de tribunal. L intervention (Tune commission dans une mesure qui est tin acte de
 +pouvoir administratifen altererait la nature, en exagereraitlaportee, endiminue-
 +rait 1 efticacite pur des hesitations el des lenteurs souvent prejudiciables a la societe
 +el a 1 aliene lui-meme, et attenuerait lesgaranties par 1 eparpillement, par le de-
 +placement &lt;!e la responsabilile.
 +
 +Les conditions d iuf ormation preamble par enquete administrative et par consta-
 +tation medicale, et de declaration des motifs, imposees par la loi aux arretes des
 +prefets, el Tobligation de notification de ces arretes aux procureurs irnperiaux et
 +aux families par 1 intervention desmaires, rSalisent Unites lesgaranties desirables
 +de legitimite dans des mesures dont la confirmation est soumise non-seulement
 +au controle de { administration elle-meme, mais encore a la surveillance de ma
 +gistrals d ordres divers, et qui peut toujours etre subordonnee a une decision des
 +tribunaux.
 +
 +Quant aux placements volontaires, on s est, depuis 1 adoption de laloiet prin-
 +cipalement depuis un certain temps, eleve centre les facilites donm es par la loi
 +aux admissions, et contre ce qu on a appele i omnipotence leg.ile des medecins.
 +
 +Si la loi de 1858 a intentionnellemenl rendu facile le placement volontaire dans
 +les elablissemenls d alienes, c esl parce qu elle n eslpas simplement et exclusive-
 +ment une loi de police.
 +
 +Elle ost une loide reforme sociale et de bienfaisance publique, destinee a assu
 +rer aux alienes la protection et les soins qui leur sont necessaires, et prinoipale-
 +ment, avec une intelligence elevee du but le plus essentiel, a favoriser par la
 +promptitude des secours la guerison de la maladie.
 +
 +Pour qu on lut en droit d incriminer celte lacilite, il faudrait qu elle cut evi-
 +demment pour elfct de compromettre les garanties reclamees par le respect du a
 +la liberte individuelle.
 +
 +Nul ne s avisera de lui reprocber d avoirdemande a une constatalion medicale de
 +1 existence de la maladie et d opportunite de traitement, la coudiiion essenlielle
 +du placement d un aliene dans un asile; mais on lui a reproehe de s etre conten-
 +tee, pourcette constatation, de intervention d un seul medecin.
 +
 +Qui ne voit qu exiger, pour la conslalalion de 1 etal maladif qui peut motiver
 +1 admission d un malade dans une maison de traitement, le concours ou meme
 +1 intervenlion separee de deux ou Irois medecins, ce serait dans beaucoup de cas
 +retarder 1 application d une mesure toujours urgente, quand la guerison esl en
 +cause, et dans tons les cas multiplier des depenses souvent si difu ciles a suppor
 +ter par les families ?
 +
 +Dans 1 immense majorite des cas, un seul medeein est parfailement en etat de
 +se prononcer sur 1 existence de 1 alienation mentale, el sur 1 opportunile du pla
 +cement dans un asile; el, au point de vue moral, le temoignage d un seul mede
 +cin a toute 1 autorite necessaire.
 +
 +En cas de doute il s absliendra, el c esl alors qu un concours de medecins se
 +trouvera molive, et sera realise sans que la loi ait a le prescrire.
 +
 +A une epoi|ue ou la mesure du placemenl d uu aliene dans une maison de sante
 +avait pour effel de reudre possible, a detaut de surveillance et de control-, une
 +deteulion arbilrairement indufinie, on commend que la legislation anglaise ait
 +cbercbe une garantie contre cette eventualite dans le concours de deux auloril.es,
 +de deux r-spon&gt;abilites medi-jales.
 +
 +Mais, en conservant celte disposition traditionnelle, la legislation anglaise a
 +demunde a d autres prescriplioas, a des prescriptions analogues ii c lies qu a for-
 +
 +
 +
 +ALIENES (LEGISLATION). 5!i
 +
 +mulees la loi de 1838, des garanties plus (ficaces, sinoii pour le moment meme
 +de I admission, au moins pour toute la duree ulterieure de la sequestration.
 +
 +La loi franchise ne considere le fait du placement volontaire, par suiie de 1 attes
 +tation d un medecin etranger a 1 etublissement, que conime nne mesure provi-
 +soire qui doit etre confirmee, dans le delai de vingt-quatre lieures une premiere
 +fois, dans le delai de quinze jours une secoude fois, par le medecin de 1 etabhs-
 +sement, et, dans le delai de trois jours, pour les etablissements prives, par un
 +medecin commis par le prefet.
 +
 +Pour cliaque placement, il y a constatation de la legitimite du placement, par
 +deux raedecins, dans les etablissements publics, par trois medecins, dans les eta
 +blissements prives.
 +
 +La legislation realise done les garanties de nombre qu on demande pour les
 +autorites medicales, dans des conditions plus efficaces que le conconrs prealable,
 +puisque sur les deux ou trois medecins dont elle exige 1 attestation, il en est au
 +moins un ou deux chez qui a 1 autorite morale, qui appartient a tons les medecins,
 +se joint 1 autorite scientifique, qui appartient surlout en pareil cas aux medecins
 +alienistes.
 +
 +Sans attacher a certaines accusations, recemment dirigees centre la legislation
 +de 1838, et les Applications que I administration en a faites dans les etablissements
 +d alienes, une importance qu elles ne meritent a aucun titre, il est ne cessaire
 +d apprecicr a sa juste valeur le reprocbe qui a ete fait a nos lois d avoir consacre,
 +en ce qui concerne les alienes, une sorte d omnipotence medicale.
 +
 +II est juste de reconnaitre que la legislation de 1838, qui s est a beaucoup d : e-
 +gards inspiree d uue pensee medicale, a temoigne generalement d une grande
 +confiance dans les medecins.
 +
 +En cela merite-t-elle le blame plutot que la iouange?
 +
 +En ce qui se rattache aux garanlie^ qu eile avail a consacrer au profit de la
 +liberte individuelle, et c est le point dont il s agit en ce moment, la loi de 1838
 +a-t-elle done eu pour les medecins une confiance excessive?
 +
 +11 est vrai que c est a des medecins qu eile a attribue le droit de motiver Tad-
 +mission, le sejour, la sortie des alienes, c est-a-dire les conditions essentielles de
 +la sequestration. Mais comment et a quel titre? En ieur donnant un droit parl ai-
 +tement couforme a leurs aptitudes et a Ieur competence, celui de constater et
 +d attester 1 existence, la prolongation, la cessation d un etat de muladie.
 +
 +Mais en chargeant les medecins de ce qu eux seuls etaient capables de fa ire, la
 +loi de 1838 n a pas neglige les precautions necessaires centre la possibilite de 1 er-
 +reur, ou meme de connivences passionnees ou coupahles.
 +
 +Elle a interdit aux medecins attaches par un interet de relations avec les eta
 +blissements, de parente avec les personnes qui demandent I admission, la faculte
 +d intervenir par un certificat dans le fait du placement,
 +
 +Elle a soumis ( allegation du medecin qui a motive I admission au controle, a
 +la verification, a 1 intirmation d autres medecins.
 +
 +Et quant au fait lui-meme de la sequestration, elle 1 a soumis a la surveillance,
 +au controle des procureurs imperiaux, des presidents rle tribunaux, des juges de
 +paix, des maires, des prefets, des membres de commissions de surveillance, des
 +delegues des prefets et du ministre de 1 interieur, iuspecteurs deparlemeutaux et
 +iuspecteurs geueraux; ellel a subordonne a la volontedes membres de la famille,
 +meme des amis, et a la decision des tribunaux.
 +
 +Devant ce controle, cette surveillance, cc pouvoir d intervenir et de decider,
 +
 +
 +
 +60 ALIENfiS (LEGISLATION).
 +
 +que clovient cette pretendue omnipotence medicale, qui nc consiste, apres tout,
 +que dans des constatations scientifiques, parfaitement susccptibles d etre discutees,
 +contredites, confirmees?
 +
 +II est vrai qu&lt;; Ires-souvent on ne les discute pas, que rarement on les contredit,
 +et que presque jamais on ne les infirme.
 +
 +Cela ne lient pas, bien qu on ait ose raffirmer sans preuves, a ce que le devoir
 +n est rempli par personne.
 +
 +Cela tient a ce qu il n y a guere que les alienes, pendant qu ils sont malades
 +et meme apres qu ils sont gueris, qui admettent couramment qu un, deux, trois
 +medecins pnissent s entendre pour les declarer fous quand ils ne le sont pas, et
 +que des administrateurs soient capables de demander a des medecins, eatables
 +de 1 accorder, une declaration mensongere, qui serait un grave delit sinon un
 +crime.
 +
 +{/experience de la loi a ete faite sur une large echelle : 8,000 alienes en
 +moyenne sonl chaque annee admis dans les etablissements publics et prives de
 +la France.
 +
 +Sur 200,000 admissions d alienes ((ui out eu lieu depnis vingt -cinq ans, comptez,
 +je vous prie, les cas d alms, consultez les annales de la justice, et meme les publi-
 +cationsquolidiennes de la prt sse. Vous n y trouverez pas une infirmation de ce que
 +je suis en position et en droit d affirmer : c est que, sous le regime de la loi dc
 +1838, en France, il n y a rien de plus rare qu une sequestration non motivee par
 +un etat reel d alienation meutale, si ce n est une prolongation de sequestration
 +non justifiee par la persistance de 1 etat de maladie.
 +
 +Pour indrmer la confiance justement accordee par la loi aux declarations des
 +medecins, on a mis en doute la valeur meme de ces declarations, et on a souvent
 +invoque les dissidences des medecins devant la justice.
 +
 +Sans insister sur 1 appreciation des circonstances qui out pu quelquefois donner
 +une grande porteeet un grand eclat a de telles dissidences, et qui ont pu fournir
 +un pretexte plus ou moins legitime aux accusations dirigees contre les medecins,
 +je crois devoir I aire remarquer que ces dissidences ne se produisent que dans des
 +cas difficiles et douteux; que, si elles peuvent indiquer parfois une insuflisance
 +daus la capacite de 1 expert, et meme dans la puissance de la science, elles attes-
 +tent, par le fait meme de leur manifestation, raccomplissement couseicncieux
 +d un devoir.
 +
 +Est-il bien etonnant que dans des questions difficiles et dedicates de science
 +medicale, le dissentiment se produisc quelquefois cntre medecins, quand devant
 +la juslice, sans qu on puisse justement incriminer la conscience ou infirmer la
 +science, il n est pas de question de fait et de droit qui ne irouve constamment
 +deux avocats pourse contredire, et souvent deux tribunuux pour se prononcer en
 +sens ccntraire 1
 +
 +S il est permis d affirmer que la legislation de 1858 ne merite pas les repro-
 +ches qui lui ont ete frequemment adresses, et qu elle atteint, dans des conditions
 +efficaces de garanlie pour la liberte individuelle, le but qu elle s est propose,
 +il n en faudrait pas conclure qu elle ait aiiui du premier coup alteint la perfec
 +tion, ni surtout qu elle ait donne la solution definitive et complete de loutes les
 +difficultes pratiques qui se rattachent a la sequestration publique et pri\ee des
 +alienes.
 +
 +
 +
 +En se bornant a regulariser les conditions du placement et du maintien
 +alienes dans des etablissements autorises a les recevoir, la loi de 1858 set
 +
 +
 +
 +des
 +semble
 +
 +
 +
 +ALIENES (LEGISLATION).
 +
 +avoir admis implicitement que les alienes no peuvent etre places ct mainlemis a
 +ce litre, en dcliors de leur domicile legal, que dans de (els etablissemeuts, et a
 +reellement laisse les alienes sans autres garanties qne celle dn droit commun,
 +contre tons les abns qui pourraient resuller de leur sequestration arbitraire et
 +non surveillee dans tout autre lieu que les etablissements autorises.
 +
 +II es( plus facile de presumer quede mesurer 1 imporlance et les consequences
 +reelles d une telle lacune dans notre legislation speciale sur les alienes.
 +
 +Ce point delicat de 1 intervention de la loi dans les rapports dcs alienes avec les
 +families n avait pas ediappe, des avant 1858, a la sollicitude des legislateursdans
 +d autres pays.
 +
 +La loi anglaise du 11 mai 1832 soumettait aux conditions de justification du
 +motif, et de notification du fait aux autoritcs competentes, exigees pour les eta
 +blissements autorises, le placement et le sejour d un aliene dans toute maison
 +particuliere ou etablissement non autorise.
 +
 +EUe n admettait d cxception pour la laculte de recevoir et de garder un aliene
 +qu en faveur du tuteur, du parent, et dans le cas d absence complete d inti ret
 +pecuniaire, ou de commission donneepar le lord chancelier.
 +
 +Elle imposait 1 obligation de justifier annuellement de ia persistence de 1 etat
 +de maladie par un certificat signe de deux medecins, pendant tout le temps que la
 +personne malade demeurait confiee a la garde de tel ou tel particulier.
 +
 +Elle attribuait au lord chancelier et au secretaire d Etat an deparfcnient do
 +I interieur le droit de faire visiter en tout temps les alienes gardes choz Jeurs pa
 +rents, ou partout ailleursque clans les etablissements autorises.
 +
 +La loi anglaise de 1845 a maintenu ces interdictions et res obligations.
 +
 +La loi mise en vigueur a Geneve, le 5 fevrier 1838, subordonne a 1 ordre ou a
 +1 autorisation du lieutenant de police le placement des alienes dans les eta
 +blissements prives comme dans les etablissements publics, et elle as-imile
 +expressement a un etablissement prive tout domicile on I aliene est retenu par
 +contrainte, et soigne, meme seul, par une personne qui n appartient pas a sa
 +famille.
 +
 +La loi beige du 10 juin 1850 a consacre en ces termes le meme principe :
 +
 +Est cousideree comme etablissement d alienes toute maison ou I aliene est
 +traile, meme seul, par une personne qui n a avec lui aucun lien do parente ou
 +d alliance, ou qui n a pas la qualite de tuteur, de curateur ou d administrateur
 +provisoire.
 +
 +Elle a de plus, conformement a 1 esprit de la loi anglaise, cherche a concilier la
 +liberte des families dans le choix du lieu de trait emeu t de 1 alient?, avec la faculte
 +d etendre a tous les cas comme a tous les lieux Ls memes garanties pour la li
 +berte individuelle, la meme protection pour I aliene.
 +
 +II arrive souvent, dit 1 expose des motifs de cette loi, que les families, les
 +corporations, les tuteurs des alienes jouissant d une certaine aisance, eprou-
 +vent de la repugnance a placer leurs parents, leurs membivs, leurs pupilles,
 +dans une maison de sunte. Cette repugnance doit etre respcctee toutes les fois
 +qu elle n est pas susceptible d entrainer des consequences defavorables pour les
 +malades.
 +
 +Mais, d autre part, il importe aussi que la sequestration a domicile ne puisse
 +entrainer des inconvenients, ct que la necessite soil en tout cas bien ",011-
 +statee.
 +
 +Conformement a ces vues, la loi beige present ce qui suit :
 +
 +
 +
 +(LEGISLATION).
 +
 +Art. 25. Nulle personne ne pent elre sequestree dans son domicile, on cclui
 +de ses parents, ou des personnes qui en tiennent lieu, si 1 etat d alienation men-
 +tale n est pas constate par deux metlecins designes, I un par la f;imille ou les per-
 +sonnts interessees, 1 autre par le juge de paix du canton, qui s assurera par lui-
 +meme de 1 elat dn malade, et renouvellera ses visiles au moins une ibis par
 +trimestre.
 +
 +Independamment des visites personnelles du juge de paix, ce magistral se
 +fera remettre trimestriellement nn certificat du medecin de la famille anssi long-
 +temps que durera la sequestration, et. fera d ailleurs visiler 1 aliene par tel mede
 +cin qu il designera chaque fois qu il le jugera necessaire.
 +
 +Une legislation speciale embrassanta tons les points de vueles interets publics
 +et prives, qui se rattachent socialement et medicalemenl aux conditions exceplion-
 +nelles d exislence dans lesquelles I liomme se trouve place par suile de 1 ttat
 +d alienation mentale, telle ebil, la tend mce necessaire du mouvement de progres
 +ipii s est propane de la iin du dernier sierle jusqu a nos jours, et lei a ete son
 +resultat principal dans les pays ou ce mouvemenl a ete le plus puissant et le plus
 +complet, en France, en Angleterre, en Belgique.
 +
 +Les lois relatives aux alienes qui ont ete promulguees dans ces divers pays
 +offrent, pour le but et pour les moyens, les plusgrandes analogies, et peuvent etre
 +considerees comme la consecration de 1 ceuvre meme realisee par le progres de-
 +puis les premieres tent;\tives de reforme.
 +
 +On retrouve en efl et dans ces legislations, sous la forme de regies et de pres
 +criptions, les prinripes juridiques qui avaient prevalu, les pratiques admini^ra-
 +livcs qui s elaienl le plus generalement accreditees, et la consecration des insti
 +tutions publiques ou privees de refuge et de traitement, qui s etaient de plus en
 +plus multipliees, durant la premiere partie du dix-neuvieme siecle, dans tous les
 +pays civilises.
 +
 +Ces legislations, aussi bien que les oenvres et les fondations qui les out prece-
 +dees ou suivies, represeutent en definitive cet ensemble fort complique d appli-
 +cations pratiques par lesquelles il appartient a 1 administratios judiciaire el poli-
 +tique, a la charite publique et privee, a la science medicale, d accornplir 1 oeuvre
 +de protection, de bienfaisance el de traitement curatif ou palliatif que reclamenl
 +les besoins des alienes.
 +
 +Ces applications, meme dans le cercle des prescriptions legales, supposent des
 +principes et des regies, et soulevent des questions qui se rattachent elroitement
 +par uu grand nombre de cotes a la science medicale, et dont 1 examen doit neces-
 +sairement trouver place dans ce dictionnaire.
 +
 +De ces questions, celles qui se rapportent plus expressement au mainlien de
 +1 ordre public, a la protection de la liberte individuelle et aux garanties a obtenir
 +pour la legitimile des sequestrations, ont pu etre sommairement discutees en
 +meme temps qu etaient exposees les solutions qui leur ont ete donnees par la
 +legislation franchise.
 +
 +Les questions de capacite et de responsnbilite ont du etre reservees pour le
 +pacagraplie specialement consacre a la medecine legale des alitjnes.
 +
 +Quant aux applications qni representent 1 acconiplissement des devoirs de 1 ad-
 +ministralion, de la science ct de la clnrile envers les alienes, et qui doivent avoir
 +pour but d assurer a tous les alienes sequestres par mesure d ordre public des
 +conditions d existence appropriees a leurs besoins, a tous les alienes cuiables des
 +moyens de traitement efficace, et a tous les alienes indigents 1 assistance el la
 +
 +
 +
 +protection qui leur sont necessaires, ellos exigent, a raison de leur importance,
 +de la niultipiicite de leurs aspects et di s graves I ontroverses dont files sout depuis
 +quelque temps 1 objet, une exposition developpce et une discussion de laillee, quc
 +ne comporlent pas les linn tes d un article de dictionnaire.
 +
 +H est loutefois indispensable de resumer ici, dans une vue d ensemblc, les re-
 +sullats obtenns et les piincipes consacres par I experience, de maniere que dia-
 +cun puisse apprecier d une maniere generate les veritables besoins de la science
 +dans leurs rapports avec ce qui a ete fait, et avec ce qui doit ou peut etre tente
 +pour leurdonner une complete satisfaction.
 +
 +C est ce qne je vais essayer de faire anssi brievement que possible en conside-
 +rant succcssivement sous deux point de vue principaux, assistance publique d.
 +traitement de 1 alienntion mentale, Jes asiles d alienes, c est-j-dire les institutions
 +sur lesquelles la science, la charite et 1 administration ont jusqu alors principa-
 +lemont compte pour remplir leurs obligations envers les alienes.
 +
 +II. Assistance publique. L indigence qui resulle du dt fanl de revnni
 +personnel, lie a 1 incapacite de truvail produclif, et de 1 impuissance de l-i I a-
 +mille a suppleer a ces insul fisances chez 1 un de ses membres, et qui est pour la
 +societe et pour 1 administration publique la condition du devoir de [ assistance, se
 +produit .chez 1 alii ne de la maniere la pins complete, la plus [acheuse et la plus
 +durable. 11 est incontestable qn aucun indigent nialade n a plus besoin d etre se-
 +courn que 1 aliene.
 +
 +La loi franchise n a attribue d une maniere absolue qu a 1 alii ne. dangereux le
 +secours de 1 assistance publique, sous la forme d entrelien gratuitdms un asile.
 +Aux autres alienes, elle n a ouvert que relativement un refuge similaire, en lais-
 +sant a 1 administration publique la faculte il etendrc ou de restivindre ce mode de
 +secours suivant les besoins et les ressources. L extension a donner a ce secoui s a
 +ete dans 1 esprit, dans les motifs, et dans le but de la legislation, principalement
 +subordonne a la necessite d assurer aux pauvres un traitement curatif dficace,
 +dont ( admission dans un asile a ete consideree comme la condition essentielle. Le
 +secours pur et simple de 1 assistance publique par 1 admission dans les asiles, ayant
 +pour motif le fait d indigence chez un alieue non dangereux et incurable, s est
 +ainsi trouve place par la loi au dernier rang pour i importance, et, suivant son
 +esprit, c est sur cette categoric d alienes seulement que peuvent porter les restric
 +tions a pportees au secours, sous la forme d entretien gratuit dans les asiles d alienes.
 +
 +En defmissant le but, en determinant les conditions de 1 admission des iudi-
 +gents alienes dans les asiles, la loi n a en realite que regularise et devcloppe ce
 +qui se pratiquait partout ou, avant son apparition, on s etait preoccupe plus ou
 +moins serieusement de la condition des alienes. En France, des 1818, 8 etablis-
 +sements speciaux et 24 hospices renfermaient 4,418 alienes, et on evaluait a 1,000
 +le nombre de ceux qui se trouvaient repartis dans les petits hospices et les pri
 +sons. En 1853, 8, 5UO alienes existaient dans les etabhssemonts hospitallers. Au
 +moment oil 1 on discutait la loi, 57 etablissements etaient specialement consacres
 +arecevoir des alienes. Le nombre des alienes en traitemeut dans les asile-; pu
 +blics ou prives, tiui etait de 10,559 en 1855, s elevait en 1858 a 11,982. L in-
 +fluence de 1 application do la loi de 1858 s est traduite par une augmentation
 +graduelle du nombre des alienes annuellemeiit entretenus dans les asiles, qui de
 +12,577 au 1" Janvier 1859 s etait. eleve le l er Janvier 1854 a 24,524, et avail at
 +teint au l er Janvier 1860 le chiftre de 28,706.
 +
 +
 +
 +. , A L 1 fi -M x -. - i -
 +
 +Des resiillats analogues se sout manifestos dans les divers Elats chiiises de
 +1 Europe et de 1 Amerique, exprimanf, par raugmentation gnduelle du nombre
 +des alienes places dans les asiles, d une maniere generale le mouvement de re-
 +forme socia e et scienlifique qui a commence avec le siecle, et d une maniere
 +speciale ( acceleration imprimee a ce mouvement, dans quelques-uns de ces Elats,
 +par 1 adoption de legislations speciales.
 +
 +L cleiidue du seconrs, en atteignant suivant les temps et les lieux des propor
 +tions fort dilferentes, est constamment demeuree de beaucoup au-dessous du
 +nombre des alienes existants, et generalement on peut admettre que ceux des
 +alienes qui out etc lapses en deliors des asiles appartenaient a la categorie des
 +incurables et des inoffensifs.
 +
 +Ce fait se ivvele expressement en ce que partout, parmi les alienes secourus,
 +les idiots ne comptent que pour une fraction tres-laible, bien que le nombre des
 +idiots soil partout considerable et atteigne ou meme depasse dans certaines con-
 +tn es (.vlui des lous. Ainsi eii Saxe, le recensement de 1861 a constate 1 existence
 +de 1,497 alienes atteints de folie, et de 4.i7 -i idiot- ou cretins, tandis que le
 +nombre des alienes admis dans les asiles ne s elevait, pour les lous, qti a 747, 49
 +sur 100, pour les idiots ou cretins qu a 851,18 ] our 100. Dans les 86 deparle-
 +ments de la France on a reconnu, en 1861, 1 existence a domicile de 14,853
 +alienes atteints de folie proprement dite, et de 52,986 idiots ou cretins. Les
 +alienes existant dans les asiles au l er Janvier 1860, au nombre de 28,706, coni-
 +prenaient approximativement 5,500 idiots ou cretins et consequemment 25, 206
 +fous, et leur proportion comparativement aux alienes a domicile s elevait pour es
 +fous, sur un total de 40,059, a 62 sur 100, pour les idiots ou cretins, sur un
 +total de 56,486, a 9 sur 100.
 +
 +Les previsions, qui, s appuyant sur des donnees statistiques fort imparfaites,
 +evaluaient a 15,0^0 le nombre des places d asile propre a satislaire aux besoins
 +du service des alienes pour la France entiere out e te en fait depassees de pres
 +du double. Et le plus sonvent, meme dans les circonscriptions territoriales pour
 +lesquelles on s etait efforce de determiner, au moyen d etudes prelimi aiies plus
 +approfondies, le nombre des places a cteer dans les asiles que Ton se proposait
 +d approprier ou de fonder, on est reste, pour les evaluations et pour les creations
 +de places, de beaucoup au-dessous du nombre d-s alienes, dont 1 entretien an-
 +nuel dans ces asiles a ete rendu necessaire ou possible par 1 applicatiou de la
 +legislation.
 +
 +De la deux consequences qui n ont pu manquer de pre occuper serieusement
 +1 administraliou ct la science, 1 aggravalion graduelle des cbarges departementales
 +qui tendait a rompre 1 cquilibre des budget?, et 1 encombrement sans cesse crois
 +sant des asiles, qui avail pour eflet de concerter I harmonie des plans les mieux
 +concus, dc porter obstacle ii 1 eflicacite du traitement curatif, de corapromeltre
 +le bieu-etre et meme la vie des alienes.
 +
 +Une telle situation ne pouvait manquer de motiver, de justifier les reclama
 +tions des medecins, et d entiainer pour les dep.irlements de nouveaux sacrifices
 +en iH-cessitant 1 agrandissement des asiles devenus a tons egards insuffisants.
 +
 +Tout en subissant dans une certaine mesure ces necessites, les administrations
 +departementales se sunt Irequemment preoccupies des moyens de limiter leurs
 +sacrifices et leurs charges.
 +
 +Ainsi s est trouvee posee la question des causes de raugmentation graduelle du
 +nombre des alienes entretenus dans les asiles, et en meme temps cello des ve ri-
 +
 +
 +
 +(ASSISTANCE). 65
 +
 +tables devoirs AQ 1 assistance publique envers les alienes. Sous ce double point
 +de vue, les appreciations les plus ordinaires et les plus accreditees ne sont rien
 +moins que fondees sur une connaissance suffisamment approfondie des fails et sur
 +une interpretation suffisamment eclairee des veritablcs besoins de la societe. Et
 +les mesures dont elles ont inspire et motive 1 adoption, dans plusieurs deparle-
 +ments, en vue de restreindre le secours, n ont que Ires-imparfaitement atteirit le
 +but qu il serait raisonnable et desirable de se proposer.
 +
 +1 Causes de I accroissement du nombre des alienes dans les asiles. II etait
 +naturel, et souvent on 1 a tait, d attribuer a 1 augmentation du nombre des alienes
 +dans la population 1 augmentation du nombre des alienes admis dans les asiles.
 +
 +Mais rien n est moins solidement etabli que le fait de I aceroissement de la pro
 +portion des alienes dans les populations.
 +
 +Pour 1 admettre on s est surtout appuye sur la comparaison de resultats de
 +recensement dans les populations ou de denombrement dans les asiles, fails a des
 +epoques plus ou moins eloignees. Mais les cbiltrcs plus considerables, generale-
 +ment fournis pour les epoques les plus recentes, n ont reellement d autre signifi
 +cation incontestable que celle d une plus grande exactitude dans les recensements.
 +Quant au fait de i augmentation du nombre des alienes cntretenus dans les asiles,
 +il peut exprimer et il exprime en effet autre cbose qu un resultat d accroissement
 +reel dans la proportion des alienes lelativemenl a la population.
 +
 +Une cause incontestable, et celle-la tres-puissante, de I augmentation du nombre
 +des alienes dans les asiles, doit etre attribute a la reforme meme qui est I o3uvre
 +du siecle en ce qui touche le traitement des alienes et expressement, en France, ii
 +1 application de la legislation de 1838.
 +
 +Cette reforme et la legislation qui 1 exprime dans notre pays, ont eu pour effels
 +simultanes et connexes de favoriser en general radmission dans les asiles, de
 +rendre plus facile la concession et plus frequente la demande du secours d admis-
 +sion gratuite pour les indigents, et d augmenler en meme temps les ressources
 +d admission par la multiplication du nombre des places disponibles, soil dans les
 +anciens asiles appropries et agrandis, soil dans des asiles nouveaux crees sur de
 +plus grandes proportions.
 +
 +On peut apprecier 1 influence de cette cause principale de I accroissement de la
 +population alienee des asiles pendant les annees qui ont suivi la promulgation de
 +la loi de 1838, aumoyen de la comparaison du chiffre annuel des admissions dans
 +la totalite des asiles publics et prives de la France, de 1835 a 1853.
 +
 +
 +
 +Enl835 3,941
 +
 +
 +
 +1836 4,215
 +
 +1837 4,441
 +
 +1838 4,910
 +
 +1839 5,536
 +
 +1840 5,433
 +
 +1841 5,851
 +
 +1842 6,686
 +
 +1843 6,798
 +
 +1844 7,435
 +
 +
 +
 +En 1845 ... 7,518
 +
 +
 +
 +1846.
 +1847.
 +1848.
 +1849.
 +1850.
 +1851.
 +1852.
 +1853.
 +
 +
 +
 +7,570
 +7,686
 +7,341
 +7,536
 +8,184
 +8,592
 +9,782
 +9,081
 +
 +
 +
 +Ces fails demontrent d abord que le mouvement de progression ascendante dans
 +le nombre des admissions annuelles s etait produit des avant la loi de 1858, et n a
 +fait depuis que se continuer, en s accelerant d une maniere un peu plus rapide, de
 +1838 a 1844, epoque a laquelle le nombre des admissions avail double relative-
 +
 +lllCT. L.NC. Ill 5
 +
 +
 +
 +66 ALIENES (ASSISTANCE).
 +
 +meat, a 1855. De 1844 a 1849 le chiffre des admissions est demeure a peu pres
 +stationnaire. A parlir de cette epoque, une nouvelle progression ascensionnelle
 +s est manifested, de maniere a produire en definitive, pour les deux annees 1852
 +et 1853, un chiffre pres de deux fois plus eleve que celui des admissions de
 +1858.
 +
 +Que cette augmentation du nombre des admissions doive etre consideree
 +comme exprimant surtout la consequence de I application de la reforme ou de
 +k legislation de 1 858 , c est ce que les chiffres eux-memes semblent imme-
 +diatement indiquer, et ce que demontrent positivement diverses donnees sta-
 +tistiques.
 +
 +Les recensements generaux, malgre leurs imperfections, montrent que le
 +nombre des alienes a domicile diminue generalement a mesure qu augmente le
 +nombre des alienes admis dans les asiles. Et le recensement de 1851 a permis en
 +outre de reconnaitre que le nombre des alienes a domicile etuit proportionnelle-
 +menl plus considerable dans les departements depourvus d asile.
 +
 +II est done certain que [ augmentation du nombre des alienes entretenus dans
 +les asiles a etc principalement due a 1 influence d une application de plus en plus
 +gcnerale et de plus en plus large de la legislation de 1858.
 +
 +Cette influence n est pas encore completement epuisee dans ce qu elle a de
 +li -ilime, et continuera a se faire sentir jusqu a ce que 1 organisation du service
 +des alienes ait ete definitivement accomplie dans toutes les circonscriptions ter-
 +ritoriales de la France.
 +
 +La realisation de cette influence inevitable etait le but essentiel que la reforme
 +poursuivait au moyen de la legislation. Si les resultats out depasse les previsions,
 +il en faut surtout accuser I insuifisance des informations prises ou possibles au
 +moment oil la loi a ete deliberee.
 +
 +En face de ces resultats on a pu, avec quelque fondement, se persuader que 1 abus
 +des facilities donnees par la loi pour le placement des alienes dans les asiles avail
 +concouru a les produire. On a admis que les families cberchaient a se debarrasser
 +de malades dont 1 etat ne justifiait pas suffisamment la sequestration, en mettant
 +la depense de leur entretien a la charge des departements, lors meme qu elles ne
 +se trouvaient pas dans les conditions d une reelle indigence. On a attribue aux
 +maires des dispositions analogues, en leur reprochant de demander le placement
 +d indigents onereux a la commune, sous pretextc d un etat souvent fort contesta-
 +ble d alienation dangereuse.
 +
 +On a considere les medecins en general comme disposes a favoriser ces regret-
 +tables tendances, par la delivrance de certiiicats motivant le placement dans les
 +asiles, soit sur un etat de danger, soit meme sur un etat d alienation mentale,
 +trop facilement admis. On a meme etendu ce reproche jusqu aux medecins des
 +asiles publics ou prives, en leur imputant plus d empressement a couVrir de leur
 +responsabilite des admissions dont la necessite n est pas evidente, qu a favoriser
 +par leur initiative des sorties dont 1 opportunite ou la possibilite seraient fort ad-
 +missibles.
 +
 +G est en vue de remedier a ces abus qu on subordonne frequemment 1 admis-
 +sion des indigents alienes dans les asiles publics a des enquetes prealables plus ou
 +moins prolongees, et meme, dans quelques departements, a un sejour dans un
 +quartier d observation ou leur etat, avant que le prefet se prononce^ est sounds a
 +1 appreciation d un medccin special ; et qu on a developpe un systeme d enquetes
 +ur les ressources de 1 aliene indigent, soit avant, soit apres son admission, dans
 +
 +
 +
 +ALlfiNES (ASSISTANCE). 67
 +
 +iequel, pour le dernier cas, on donne quelquefois aux administrateurs provi-
 +soires une participation exageree et un role qui n est nullement en rapport avet
 +celui de protecteurs et de conservateurs de 1 avoir des alienes indigents que la loi
 +leur a essentiellement assigne .
 +
 +Ce n est qu en exagerant au dela de toute vraisemblance et de toute realile
 +1 influence de ces abus, qu on pourrait par eux essayer d expliquer I accroissement
 +du nombre des alienes entretenus dans les asiles. Et les mesures adoptees, pour
 +les prevenir on les reprimer, outre les graves inconvenients qu on serait en droit
 +de leur reprocher a divers egards, auraient meme, au point de vue qui lesa inspi-
 +rees, I inconvenient capital de leur impuissancc radicale pour atteindre le but
 +cherche, c est-a-dire un obstacle au mouvemcnt d accroissement progressii du
 +nombre des alienes entretenus au compte des departements.
 +
 +Tout en tenant un juste compte d abord et principalement de 1 influence du
 +developpement graduel et non encore accompli des applications legitimes de la
 +legislation de 1858, puis accessoirement des abus auxquels ces applications peu-
 +vent donner lieu, c est a une autre source qu il faut chercher 1 une des causes
 +principales de Taccroissement progressif de la population des asiles. Et c est a
 +d autres faits et a d autres vues qu il faut demander les enseignements a 1 aide
 +desquels on peut instituer un ensemble de mesures propres a regularise! 1 , dans
 +des limites autant que possible constantes, 1 application de la legislation de 1858,
 +conformement a son esprit et a son but, qui sont reellement en parfait accord avec
 +les veritables besoins de la societe et de la science.
 +
 +Des 18^5, dans ma notice statistique sur 1 asile des alienes de la Seine-Inferieufe,
 +j ai demontre 1 existence d une cause principale de 1 accroissement graduel de la
 +population dans les asiles d alienes, et je 1 ai signalee comme &gt;&lt; 1 expression d une
 +loi, dont I executiDn de la nouvelle legislation sur une large echelle paraissait
 +destinee a faire ressortir et a generaliser les efiets.
 +
 +Les deces et les guerisons n eteignent pas annuellement un nombre d alienes
 +egal a celui des admissions, et de ce fait resulte 1 accroissement incessant de la
 +population des asiles d alienes...
 +
 +Ce fait, qui tient a la nature des choses et non a des circonstances acciden-
 +telles, exprime une loi dont il doit etre tenu compte dans les mesures d admi-
 +nistration relatives a la creation et tl la conservation des asiles d alienes.
 +
 +Bien que cette loi soit generale, ses efiets, par rapport aux deux sexes, diffe
 +rent notablement. La difference entre les extinctions et les admissions est plus
 +faible pour les hommes, chez lesquels les extinctions par deces sont plus conside
 +rables. II resulte de la que 1 accroissement annuel de a population, pour les
 +alienes hommes, est notablement plus faible que pour les femmes.
 +
 +Et ainsi s explique, par la plus grande mortalite che/ les hommes, le fait de
 +la predominance habituelle du nombre des femmes dans la population des asiles
 +d alienes.
 +
 +L influence de cette loi sur 1 augmentation graduelle du nombre des alienes
 +residant dans les asiles doit elre prise en grande consideration, lorsqu on cherche
 +a apprecier la frequence de 1 alienation mentale a diverses epoques dans le meme
 +pays. On s exposerait a de graves erreurs si Ton cherchait a 1 evaluer par la com-
 +paraison de la population d un asile a diverses epoques et meme par le fail
 +bien constate d une augmentation graduelle du chiffre de la population de cet
 +asile.
 +
 +L exactitude de ces vues a ete completement justifiee par toutes les donnees
 +
 +
 +
 +08 ALIE1NES (ASSISTANCE).
 +
 +ulterieures de la statistique, auxquelles il me suffira d empt unter quelques exem
 +pies pour demontrer 1 existence et pour faire apprecier 1 importance de I une des
 +causes principales de 1 accroissement graduel du nonibre des aliened dans les
 +
 +asiles.
 +
 +La population des asiles publics et prives de la France s elevait, au l er Janvier
 +1842, a 15,796. Le mouvement de la population dans les annees qui se sont ecou-
 +lees depuis cette epoque jusqu au l er Janvier 1853, ou la population de ces memes
 +asiles atteint le chiffre 23,795, a fourni les resultats suivants :
 +
 +
 +
 +
 +
 +
 +
 +
 +
 +DIFFERENCES
 +
 +
 +
 +
 +ANNKgS.
 +
 +
 +ADMISSIONS
 +ANN UELLES.
 +
 +
 +EXTINCTIONS
 +ANNUELLES.
 +
 +
 +- ii i "
 +DANS
 +
 +
 +_ ^^ .
 +
 +DANSLE RAPPORT
 +
 +DES
 +
 +
 +POPULATION
 +AU 31 PECEMBRE
 +
 +
 +
 +
 +
 +
 +
 +
 +LES ADMISSIONS.
 +
 +
 +ADMISSIONS
 +
 +
 +
 +
 +
 +
 +
 +
 +
 +
 +
 +
 +AUX EXTINCTIONS
 +
 +
 +
 +
 +1842
 +
 +
 +6,686
 +
 +
 +
 +
 +
 +
 +
 +
 +
 +
 +
 +15,796
 +
 +
 +1843
 +
 +
 +6,798
 +
 +
 +6.559
 +
 +
 ++ 112
 +
 +
 ++ 459
 +
 +
 +16,255
 +
 +
 +1844
 +
 +
 +7,455
 +
 +
 +6,646
 +
 +
 ++ 657
 +
 +
 ++ 789
 +
 +
 +17,089*
 +
 +
 +1845
 +
 +
 +7,518
 +
 +
 +6,594
 +
 +
 ++ 85
 +
 +
 ++ 924
 +
 +
 +13,015
 +
 +
 +1846
 +
 +
 +7,570
 +
 +
 +6,560
 +
 +
 ++ 52
 +
 +
 ++1,1110
 +
 +
 +19,025
 +
 +
 +1847
 +
 +
 +7,G86
 +
 +
 +7,159
 +
 +
 ++ 116
 +
 +
 ++ 547
 +
 +
 +19,570
 +
 +
 +1848
 +
 +
 +7,541
 +
 +
 +6,680
 +
 +
 +- 545
 +
 +
 ++ 661
 +
 +
 +20,251
 +
 +
 +4849
 +
 +
 +7,556
 +
 +
 +7,706
 +
 +
 +-f- 195
 +
 +
 +170
 +
 +
 +20,061
 +
 +
 +1850
 +
 +
 +8,184
 +
 +
 +6,892
 +
 +
 ++ 648
 +
 +
 ++1,292
 +
 +
 +11,555
 +
 +
 +1851
 +
 +
 +8,592
 +
 +
 +7,450
 +
 +
 ++ 408
 +
 +
 ++ 1,142
 +
 +
 +22.495
 +
 +
 +1852
 +
 +
 +9,742
 +
 +
 +8,442
 +
 +
 ++1,150
 +
 +
 ++1,500
 +
 +
 +25,795
 +
 +
 +
 +
 +78,402
 +
 +
 +70,448
 +
 +
 ++5,401
 +
 +
 ++8,124
 +
 +
 +25,70:&gt;
 +
 +
 +
 +
 +70,448
 +
 +
 +
 +
 +
 +545
 +
 +
 +170
 +
 +
 +15,796
 +
 +
 +
 +
 +7,954
 +
 +
 +B
 +
 +
 +5,056
 +
 +
 ++7,954
 +
 +
 +7,909
 +
 +
 +* A ajouter pour rectification d une erreur commise dans la statistique de
 +
 +
 +
 +
 +
 +
 +
 +
 +7,95i
 +
 +
 +
 +II est facile de reconnaitre que 1 augmentation de la population pour chaque
 +annee n a ete influences par le mouvement croissant des admissions que pour une
 +part constamment plus faible, et souvent beaucoup plus faible, que 1 augmentation
 +reelle. Et.relativement a 1 accroissement final de la periode, c est en fournissant
 +chaque annee des restes plus considerables, qui s ajoutent d annee en annee, que
 +le mouvement croissant des admissions exerce une influence sensible sur 1 accrois
 +sement de la population.
 +
 +Les resultats de mouvement relatifs aux annees 1845, 1846 et 1848, montrent
 +que 1 accroissement de la population s est produit lors meme que le nombre des
 +admissions n augmentait que d une maniere insignifiante ou meme diminuait
 +sensiblement. C est qu en effet, dans les conditions d un nombre d admissions
 +annuelles demeurant le meme, 1 accroissement annuel de la population resulte
 +encore necessairement de leur inegalite de nombre par rapport a celui des extinc
 +tions. Le fait est mis dans la plus entiere evidence par cet exemple emprunte a
 +1 asile de la Gote-d Or, ou les admissions sont demeurees stationaaires et n ont
 +compiis que des alienes appartenant a la circonscription meme, au service de la-
 +quelle il cst exclusiveinent consacr .
 +
 +
 +
 +ALIENES (ASSISTANCE).
 +
 +
 +
 +69
 +
 +
 +
 +
 +
 +
 +
 +
 +
 +DIFFERENCES
 +
 +
 +
 +
 +ANNEES
 +
 +
 +ADMISSIONS
 +
 +
 +EXTINCTIONS
 +
 +
 +- ii ..
 +
 +
 +- *""
 +
 +DANS IE RAPPORT
 +
 +
 +10PULATION
 +
 +
 +
 +
 +ANNUELLES.
 +
 +
 +ANNUELtES.
 +
 +
 +DANS
 +
 +
 +DES
 +
 +
 +AU 31 DECEMBRE
 +
 +
 +
 +
 +
 +
 +
 +
 +LES ADMISSIONS.
 +
 +
 +ADMISSIONS
 +
 +
 +
 +
 +
 +
 +
 +
 +
 +
 +
 +
 +AUX EXTINCTIONS
 +
 +
 +
 +
 +1845
 +
 +
 +
 +
 +
 +
 +
 +
 +B
 +
 +
 +
 +
 +
 +106
 +
 +
 +1844
 +
 +
 +95
 +
 +
 +67
 +
 +
 +
 +
 +
 ++ 28
 +
 +
 +15 i
 +
 +
 +1845
 +
 +
 +89
 +
 +
 +84
 +
 +
 +6
 +
 +
 ++ 5
 +
 +
 +15
 +
 +
 +1846
 +
 +
 +75
 +
 +
 +73
 +
 +
 +14
 +
 +
 +4- 2
 +
 +
 +141
 +
 +
 +1847
 +
 +
 +96
 +
 +
 +72
 +
 +
 +4-^1
 +
 +
 +4- 24
 +
 +
 +165
 +
 +
 +1848
 +
 +
 +95
 +
 +
 +75
 +
 +
 +1
 +
 +
 +4- 20
 +
 +
 +185
 +
 +
 +1849
 +
 +
 +98
 +
 +
 +75
 +
 +
 ++ 3
 +
 +
 +4- 23
 +
 +
 +208
 +
 +
 +1850
 +
 +
 +93
 +
 +
 +66
 +
 +
 +5
 +
 +
 ++ 27
 +
 +
 +235
 +
 +
 +1851
 +
 +
 +102
 +
 +
 +82
 +
 +
 +4-9
 +
 +
 +4- 20
 +
 +
 +255
 +
 +
 +1852
 +
 +
 +95
 +
 +
 +100
 +
 +
 +7
 +
 +
 +5
 +
 +
 +250
 +
 +
 +
 +
 +858
 +
 +
 +694
 +
 +
 +4-53
 +
 +
 +4-149
 +
 +
 +25 i
 +
 +
 +
 +
 +694
 +
 +
 +
 +
 +35
 +
 +
 +5
 +
 +
 +106
 +
 +
 +
 +
 +144
 +
 +
 +
 +
 +
 +
 +
 +144
 +
 +
 +144
 +
 +
 +
 +
 +
 +
 +i
 +
 +
 +
 +
 +
 +
 +
 +On conceit facilement que 1 accroissement annnel de la population, pour un
 +chiffre meme constant d admissions, etant subordonne a la proportion des deees et
 +des sorties par guerison ou par autres causes, c est-a-dire a deux elements de la
 +population qui varient suivant les temps, les lieux et 1 etat des malades au mo
 +ment de I admission, doive presenter dans son intensite des variations considera
 +bles. De la I utilite et meme la necessite de fonder sur 1 etude de la proportion de
 +la mortalite et des guerisons toiite appreciation approfondie de la signification des
 +aits d accroissement de population dans les asiles.
 +
 +Cen estqu apres avoir oblenu cesdonnees essentielles sur les causes transitoires,
 +accessoires ou permanentes de 1 accroissement du nombre des alienes annuelle-
 +ment entretenus dans les asiles, qu il est possible d examiner avec fruit les ques
 +tions relatives aux regies a suivre pour diriger et regulariser le service public des
 +alienes dans des circonscriptions territoriales determinees, de maniere a propor-
 +tionner les ressources aux besoins conformement aux veri tables exigences de la rai-
 +son et de la science.
 +
 +2 Regularisation de I assistance publique. II y a tout d abord lieu de remar-
 +quer d une maniere generale que le but veritable peut etre manque, soit que, ce-
 +clant aux entramements d une sympathie exageree, on aspire a etendre le secours
 +jusqu a la totalite des alienes sans exception, soit que, dominepardes considerations
 +d epargne, on tende a le restreindre aux conditions de la plus stricte necessite.
 +
 +La legislation frangaise, en consacrant absolument pour les alienes dangereux
 +et moralement pour les alienes curables, i obligalion du secours, seulement facul-
 +tatif pour les autres categories d alienes, s est placee entre les extremes, au veri
 +table point de vue.
 +
 +Et, pour formnler les regies a suivre dans 1 application, il suffit d interpreter
 +sainement etde preciser exactement ses dispositions fondamentales.
 +
 +La necessite de proteger la societe et 1 aliene lui-meme contre les suggestions
 +nuisibles du delire, le droit de disposer de la personne de 1 aliene en vue de rea-
 +liser cette protection, le devoir d ossurer a 1 aliene, prive de sa liberte et soustrait
 +aux soins de sa famille, des conditions convenables de surveillance et detraitement
 +
 +
 +
 +70 ALlfiNfiS (ASSISTANCE).
 +
 +dans un e tablissement approprie, et 1 obligation de pourvoir m\ frais de 1 entre-
 +tien de 1 aliene indigent, pendant toute la duree de son isolement, se supposcnt
 +reciproquement et impliquent, dans leur connexite, la forme du secours, qui est
 +ie placement d office dans un asile, et la condition du secours, qui est 1 existence
 +chez 1 aliene d un etat qualifie dangereux par la legislation francaise.
 +
 +II ne peut y avoir de difficultes dans 1 application qu a propos du sens de ces
 +mots aliens dangereux, que la loi n a pu rigoureusemeut defmir.
 +
 +Pour 1 interpreter sainement, il est neci ssaire de se placer au point de vue pra-
 +(ique, en se bien penetrant de 1 esprit de la loi, dans sa conformite avec les veri-
 +lables besoins de la societe. On ne peut meconnaitre que le trouble permanent de
 +la raison, chez un aliene quelconque, ne soil exclusif d une securite absolue. En
 +effet, dans cet etat, les interets de 1 aliene, de sa famille et de tous ceux avec qui il
 +peut etablir des rapports, peuvent etre a chaque instant compromis, et, sous co
 +point de vue, on pourrait admettre que, pour tous les alienes sans exception, pour
 +les idiots aussi bien que pour les fous, les conditions de la vie libre impliquent
 +des eventualites d accidents, d actes nuisibles, de dommages causes ou subis, qui
 +constituent reellement un etat permanent de danger. Mais pour que 1 autorite
 +publique puisse etre saisie dudroit de disposer de la personne d un aliene, meme
 +malgre la volontede sa famille, ce qui est le cas pour 1 aliene dangereux dans le
 +sens de la loi, il ne suffit pas de vagues eventualites ; 1 etat do danger doit repre-
 +senter quelque chose d actuel et de positif, c est-a-dire 1 imminence d un danger
 +determine, a courir pour 1 aliene ou pour la societe, au point de vue de la surete,
 +de 1 ordre et de la morale.
 +
 +C est le cas de toute espece, de toute forme, de tout degre de 1 alienation men-
 +tale, quaud le delire impiique chez 1 aliene une tendance expresse aux agressions
 +contre les personnes et les choses (suicide, homicide, blessures, coups, destruc
 +tion, vol, incendie, etc.) et aux actes propres a troubler la tranquillite publique
 +(cris, tapage nocturne, vagabondage, etc.), et aux offenses a la morale publique
 +(actes et paroles obscenes, atteintes aux mceurs, etc.).
 +
 +En toute circonstance, un tel etat peut etre positivement reconnu et caracterise,
 +d apres la nature meme du delire, au nioyen d appreciations qui sont de la compe
 +tence des medecins, et, d apres la nature meme des actes, au moyen de constatations
 +qu il appartient a 1 autorite d obtenir par voie d enquete. L etat dangereux, a son
 +plus haul degre, est signale d une maniere encore plus authentique quand les
 +actes, ayant les caracteres de delits ou de crimes, ont motive des mesures de police
 +et meme des poursuites judiciaires.
 +
 +Enfm il est a la fois rationnel et legal d admettre pour les condamnes liberes
 +1 etat dangereux dans tous les cas d alienation mentale evidemment constatee au
 +moment de la liberation.
 +
 +Le principe de la loi francaise, en ce qui concerne les alienes dangereux, saine
 +ment compris et judicieusement applique, est de nature a donner satisfaction
 +complete aux besoins de la societe en meme temps qu aux veritables interets de
 +1 aliene.
 +
 +En fait, a-t-il eu dans la pratique, depuis 1838, toute 1 efficacite desirable ? S il
 +est difficile de meconnaitre qu il arrive souvent que 1 etat dangereux soit signale
 +el motive le placement d office dans des cas d alienation mentale reellement inof
 +fensive, c est un fail dont la portee abusive est assez faible, car 1 aliene inoffensif,
 +s il est curable, et s il est completement denue de moyen? d existence, trouverait
 +legitimement place dans les asiles par 1 un ou par 1 autre de ces deux derniers
 +
 +
 +
 +(ASSISTANCE). 71
 +
 +motifs. D autre part, la frequence des catastrophes tragiques de suicide, d homicide
 +et d incendie, dont les acteurs sont des alienes, atteste que ce n est pas par exces
 +d extension que pechent les applications de la sequestration legale aux alienes
 +reellement dangereux ; ce dont on se convaincrait plus positivement encore, si
 +1 ou tenait compte de tout unordrede fails qui s accomplissent sans retentissement
 +dans les journaux, maraudage, vol, vagabondage, attentats contre les moeurs, et
 +qui ont des alienes pour auteurs.
 +
 +Pour apprecier jusqu a quel point les applications de la loi, en ce qui concerne
 +les alienes dangereux, out pu etre abusives ou insuffisantes, il faudrait avoir sur la
 +proportion des alienes dangereux relativement au nombre des alienes existant au
 +dedans et au dehors des asiles, ou meme relativement au nombre des alienes
 +annuellement admis, des donnees que la statistique ne s est pns jusqu alors appli-
 +quee a obtenir. On se ferait une idee tres-exageree de cette proportion, si on la
 +considerait comme represented par le nombre des placements d office qui, rela
 +tivement au nombre total des admissions, a fourni en 1853 la proportion de 11 sur
 +100 pour la France entiere, et de pres de 80 pour les asiles de Bicetre et de la
 +Salpetriere. En concluant de ces faits que plus des deux tiers des admissions
 +ont ete exigees par la securite publique, 1 auteur de la Statistique de la France a
 +perdu de vue que, pour la plupart des departements et expressement pour le de-
 +partement de la Seine, le chiffre total des placements d office comprend indistinc-
 +tement les alienes nort dangereux aussi bien que les dangereux.
 +
 +Le chiffre des alienes reellement dangereux ne compte certainement pas pour
 +moitie dans le nombre total des placements d office, et la proportion des alienes
 +dangereux au nombre total des admissions ne pourrait sans exageration etre eva-
 +luee a plus du tiers.
 +
 +En 1 absencede preuves decisives, fondees sur des donnees nunn riques certaines,
 +je me crois neanmoins i onde a affirmer qu en ce qui concerne le placement des
 +alienes dangereux dans les asiles, Tabus a consiste plutot dans 1 insuffisance que
 +dans 1 exces d etendue donnee au secours, qui, pour avoir toute I efficacite desi
 +rable, devrait atteindre, selon 1 esprit de la loi franchise, tout aliene reellement
 +dangereux.
 +
 +Le devoir du gouvernement ne s arrete pas la; il est des alienes dont la con
 +dition est trop deplorable, quoiqu ils ne menacent point la securite des citoyens,
 +pour que la societe ne leur vienne pas en aide ; tous ceux aussi qui sont en proie
 +au premier acces d un mal, que 1 art peut dissiper, doivent etre admis a recevoir
 +les secours de h science ; et quand, sur tous les points du territoire, deshopitaux
 +sont ouverts aux diverses maladies qui affligent 1 humanite, la plus cruelle ne
 +saurait etre privee de ce bienfait.
 +
 +Dans ces paroles du rapporteur de la loi de \ 838 devant la Chambre des deputes,
 +M. Vivien, se trouvent signalees les obligations de 1 assistance publique envers les
 +alienes non dangereux, et distinguees-les deux categories de curables et d incu-
 +rables, auxquelles le secours par le placement dans les asiles doit etre applique.
 +
 +Le principe qui doit dominer dans la pratique I application du secours est tres-
 +nettement for mule dans ce passage emprunte au meme rapport. Des mesures
 +doivent etre prises pour que tous les alienes dont la raison n est point irrevoca-
 +blement detruite obtiennent un traitement immediat et complet ; apres avoir
 +pourvu a cette necessite, les departements pourront admettre dans leurs etablisse-
 +ments les autres alienes, avec toutes les restrictions propres a empecher que
 +leur nombre ne soit un obstacle a 1 admission des malades en traitement.
 +
 +
 +
 +72 ALlfiNfiS (ASSISTANCE).
 +
 +Ge principe suppose d une part que I alienation mentale est curable et, d autre
 +part, que la condition la plus favorable a 1 efficacite du traitement curatif de cette
 +maladie est 1 isolement dans un etablissement special.
 +
 +Sur ces deux points fondamentaux, 1 accord des medecins a ete longtemps una-
 +nime. Si, atoute epoque, des doutes sur 1 importance et meme sur la realite de la
 +curabilite de la folie ont ete mis en avant par des personnes etrangeres a notre
 +art, ce n est que depuis un petit nombre d annees que des medecins alienistes ont
 +invoque, comme motif d une nouvellereforme, 1 impuissance du traitement curatif
 +dans les asiles.
 +
 +Que 1 alienation mentale en general soit susceptible de guerison, c est ce qui ne
 +pent etre serieusement mis en doute. La question est de savoir jusqu a quel degre
 +elle est curable, et jusqu a quel point le traitement dans les asiles est eflicace.
 +
 +II faut tout d abord reconnaitre que la guerison n est possible que pour certaines
 +especes, certaines formes, certains degres d alienation mentale, et qu il y a lieu
 +de considerer comme absolument incurables 1 idiotie et 1 imbecillite consecutive.
 +Ce n est que pour les alienations mentales qui doivent etre rapportees a la folie
 +proprement dite qu il faut admettre la possibilite dela guerison, et encore y a-t-il
 +lieu de considerer comme reellement incurables la folie paralytique et la folie
 +epileptique. Quanta la folie simple, sous ses nombreuses formes, on doit la consi
 +derer comme essentiellement curable, toutes les fois que la duree de la maladie
 +n a pas depasse plusieurs annees, et surtout toutes les fois qu elle n a pas pris
 +d une maniere decidee les caracteres d affaiblissement des facultes qui appartien-
 +nent a la demence confirmee.
 +
 +Ces distinctions, qui ont pour garants de leur exactitude 1 observation de tous
 +les jours et le temoignage de tous les praticiens eclaires, peuvent servir a definir
 +avec toute la precision desirable la categorie d alienes a laqudle la legislation
 +franchise a voulu assurer, par 1 admission dans les asiles, le benefice d un traite
 +ment efficace, et qui est aussi celle qui comporte une appreciation de la propor
 +tion de la curabilite de 1 alienation comparativemcnt aux autres maladies.
 +
 +Les donnees de quelque valeur qu il est possible d obtenir numeriquement sur
 +cette proportion doivent etre empruntees aux resultats de 1 observation dans les
 +asiles. En effet, les occasions de trailer medicalement 1 alienation mentale en de-
 +hors de ces etablissements se presentent tres-rarement, meme pour les medecins
 +le plus habituellement consultes; et ce qui est surtout tres-rare, ce sontles occa
 +sions de constater des guerisons medicalement obtenues en dehors des asiles. Des
 +essais de traitement a domicile ont ete le plus souvent tentes sans le moindre
 +succes et meme au detriment des malades, dans les cas de folie recente et curable
 +pour lesquels les medecins alienistes sont habituellement consultes ; eux-memes
 +savent jusqu a quel point il est difficile de realiser, en dehors des asiles, les con
 +ditions favorables au traitement de la folie, meme au prix de sacrifices d argent
 +illimites ; et je ne crains pas d etre dementi par les plus habiles et les plus expe-
 +rimentes, en affirmant que ces essais de traitement en dehors des asiles, auxquels
 +ils ont du consentir par condescendance pour d honorables sentiments de famille,
 +^ont demeures presque constamment infructueux, et ont du le plus souvent etre
 +tres-promptement abandonnes. S il en est aiusi du traitement a domicile pour les
 +riches, que penser de ce traitement pour les classes peu aisees ou pauvres, sinon
 +qu il y a reellement impossibilite meme de 1 essayer?
 +
 +Cette impossibilite d application d un traitement rationnel de la folie a domicile
 +jiotifierait la fondation de? asiles et 1 usage que la loi franchise leur a assigne
 +
 +
 +
 +(ASSISTANCE). 73
 +
 +comme moyen de traitement, lors meme que I cfficacite du traitement dans ce?
 +etablissements demeurerait au-dessous de ce qu il serait raisonnable d cn attendre.
 +Sans entrer dans la discussion detaillee des resultats fort complexes qui sont
 +fouvnis, relativement aux guerisons annuelles, par la statistique des asiles d a-
 +lienes, il est possible d en faire sortir a la fois la preuve de 1 efficacite du traite-
 +ment medical dans ces etablissements, des renseignements utiles sur la curabilite
 +de 1 alienation mentale a divers points de vue, et des indications precieuses pour
 +une direction bien entendue de 1 assistance publique.
 +
 +Des methodes d evaluation de la proportion des guerisons dans les asiles, la plus
 +generalement adoptee et aussi la plus exacts et la plus sure est celle qui consiste
 +a comparer annuellement le nombre des guerisons aux admissions.
 +
 +I/etude des donnees de la statistique, pour un grand nombre d annees et d a-
 +siles dans divers pays, permet d al tirmer que la proportion des guerisons dans les
 +asiles atteint generalement et depasse tres-frequemment le tiers du nombre des
 +admissions, sans distinction de la nature curable ou incurable de la maladie au
 +moment de I entree ; que, pour les cas d alienation mentale curable, la proportion
 +des guerisons atteint generalement et depasse souvent la moitie du nombre des
 +admissions ; enfm que la proportion des guerisons est d autant pins grande que la
 +maladie a dure moins longtemps, et etait par consequent moins ancienne au mo
 +ment de 1 admission.
 +
 +Ges resultats etaient acquis a la science des 1845. Je les ai fait ressortir, dans
 +ma notice statistique sur 1 asile de la Seine-In (erieure, de 1 etude des faits pour
 +une periode de 9 annees, de 1855 a 1845.
 +
 +Les guerisons comparees aux admissions ont fourni les proportions suivantes :
 +pour la totalite des admissions sans distinction des cas incurables, 747 guerisons
 +sur \, 715 admissions, 45,6 sur 100; pour les admissions ne compreuant que les
 +cas de folie proprement dite, 747 guerisons sur 1,652 admissions, 45,2 sur 100;
 +pour les admissions, en retrancbant les especes absolument incurables, 747 gue
 +risons sur 1,452 admissions, 52,1 sur 100; pour les admissions ne comprenant
 +que les cas de folie simple aigue (manie, melancolie, monomanie), 648 guerisons
 +sur 1,118 admissions, 58,0 sur 100. La solidite des guerisons a ete demontree par
 +ce fait : que le^ recidives ne se sont elevees durant la periode, relativement au
 +nombre des guerisons, qu a 17,1 sur 100 ; et 1 influence de la duree de la ma
 +ladie sur la diminution rapide des cbances de guerison a ete mise en evidence
 +par ce fait : que sur 100 guerisons, 85, 5 ont ete obtenues durant la premiere an-
 +annee de traitement, 7,2 durant la deuxieme annee, c est-a-dire 92,7 durant les
 +deux premieres annees de traitement.
 +
 +Ces resultats peuvent etre consideres comme exprimant les faits de guerison tels
 +qu ils se produisent dans les conditions les plus favorables, et ils ont ete generale
 +ment confirmes par les donnees statistiques obtenues sur une tres-large ecbelle en
 +France et a 1 etranger, des avant cette epoque et depuis jusqu a nos jours.
 +
 +Dans un remarquable ouvrage sur la statistique de 1 alienation mentale, public
 +en 1845, un eminent alieniste, le docteur Thurnam, a ete conduit a des resultats
 +analogues par 1 etude des faits durant un grand nombre d annees, pour un grand
 +nombre d etablissements. Dansun ensemble d asiles au nombre de 61 , appartenant
 +a la Grande-Bretagne, al Irlande, aux Etats-Unis de 1 Amerique du Nord et a divers
 +paysdu continent de 1 Europe, sur un total del 25, 771 admissions, comprenant des
 +cas d alienation mentale de toute espece, 52,947 guerisons ont ete obtenues, c est-
 +a-dire 42, 09 sur 100. La proportion des guerisons s est elevee, pour une periode
 +
 +
 +
 +74 ALIENES (ASSISTAHCE).
 +
 +de 44 anne"es, de 1796 a 1840, a un chiffre beaucoup plus eleve, 44,3 sur 100,
 +clans 1 asilede laRetraite, pres d York, sur unnombre de 615 admissions, ne com-
 +prenant presque exclusivement que des alienes atteints de folie. L influetice de
 +I espece d alienation raentale et de la duree de la maladie sur la curabilite a i t&lt;
 +raise en evidence par ces fails :
 +
 +
 +
 +
 +
 +CAS DE FOLIE
 +
 +
 +CAS DE FOLIE
 +
 +
 +CAS BE FOLIE
 +
 +
 +
 +
 +SIMPLE,
 +
 +
 +DE 1" ATTAQDE, DONT LA DOREE
 +
 +
 +RECIOIVE
 +
 +
 +
 +
 +AIGtlE, HAN1E,
 +
 +
 +N ESCEDAIT PAS
 +
 +
 +OD AVANT DDRE
 +PLUS
 +
 +
 +
 +
 +MAMIE.
 +
 +
 +3 HOIS.
 +
 +
 +12 MOIS.
 +
 +
 +DE 12 MOIS.
 +
 +
 +
 +
 +556
 +
 +
 +96
 +
 +
 +91
 +
 +
 +428
 +
 +
 +Guerisons ......
 +
 +
 +286
 +
 +
 +76
 +
 +
 +42
 +
 +
 +173
 +
 +
 +Proportions sur 1000. .
 +
 +
 +51,4
 +
 +
 +79,1
 +
 +
 +46,1
 +
 +
 +40,3
 +
 +
 +
 +11 serait possible de confirmer ces conclusions par des donnees statistiques non
 +moins prohmtes pour toute la periode de temps qui s est ecoulee depuis 1845
 +jusqu a ce jour. Je me contenterai de citer, comme preuves de 1 importance des
 +guerisons dans les asiles, des resultats obtenus dans la totalite des asiles, pour une
 +annee, en France, en Angleterre et en Ecosse.
 +
 +
 +
 +
 +
 +ADMISSIONS
 +
 +
 +GDERISONS
 +
 +
 +PROPORTIONS SDR 100
 +
 +
 +
 +
 +HOMMES.
 +
 +
 +FEMMES.
 +
 +
 +DEOX
 +SEXES.
 +
 +
 +UOMMES.
 +
 +
 +FEMMES.
 +
 +
 +DEUX
 +SEXES.
 +
 +
 +HOMMES.
 +
 +
 +FEMMES.
 +
 +
 +DEIX
 +SE.VE5.
 +
 +
 +1853 France.. . .
 +
 +
 +4790
 +
 +
 +4291
 +
 +
 +9081
 +
 +
 +1514
 +
 +
 +1257
 +
 +
 +2771
 +
 +
 +31,6
 +
 +
 +29,3
 +
 +
 +30,5
 +
 +
 +1858 Angleterre. .
 +
 +
 +4042
 +
 +
 +4104
 +
 +
 +8146
 +
 +
 +1599
 +
 +
 +1680
 +
 +
 +3079
 +
 +
 +34,6
 +
 +
 +40,9
 +
 +
 +37 : 7
 +
 +
 +1861 Ecosse. . . .
 +
 +
 +755
 +
 +
 +869
 +
 +
 +1604
 +
 +
 +282
 +
 +
 +368
 +
 +
 +650
 +
 +
 +38,3
 +
 +
 +42,3
 +
 +
 +40,5
 +
 +
 +
 +De 1 ensemble de ces donnees il est permis de conclure que 1 experience avait
 +positivement demontre 1 efficacite du traitement curatif de la folie dans les asiles,
 +avant que la legislation dans divers pays n eut fait entrer, comme motif principal,
 +dans les developpements a donner aces institutions, leur utilite, en tant que moyen
 +d assurer aux alienes indigents les chances les plus lavorables de guerison; que
 +depuis cette epoque ces etablissements ont continue a rendre, sous ce point de
 +vue, les services qu on avait le droit d en attendre ; et qu il serait possible d ob-
 +tenirde leur influence sur la guerison de la folie une efficacite encore plusgrande,
 +si les admissions etaient regularisees de maniere a les rendre aussi promptes et
 +aussi faciles que possible pour tous les alienes curables.
 +
 +Ainsi se trouve completement justifiee 1 obligation morale, consacree par la loi,
 +de 1 admission des alienes curables dans des institutions speciales, dont { existence
 +devrait etre jugee indispensable comme moyen de guerison, au moins en ce qui
 +concerne les indigents, lors meme qu elle ne serait pas imposee par la necessite
 +la plus absolue comme moyen d isolement pour tous les alienes dangereux.
 +
 +Mais est-il necessaire, est-il utile d attribuer encore a ces institutions de surete
 +
 +
 +
 +ALIENES (ASSISTANCE). 75
 +
 +publique, et de traitement medical, une autre fondion, celle d asiles de chai ite,
 +ainsi quo 1 avaiont jusqu a ces derniers temps unanimement admis les medecins et
 +ainsi que 1 ont voulu les legislations modernes, en consacrant et developpant le
 +principe do bienfaisance publique qui avail, en fait, donne depuis longtemps nais-
 +sance a de telles institutions ; 11 est incontestable que 1 etat d alienation mentale,
 +lors meme qu il n implique pas de danger et qu il ne comporte pas de guerison,
 +entraine chez 1 individu qui en est atteint des incapacites qui molivent, tout aussi
 +bieu que pour les alienes dangereux et incurables, des conditions speciales de pro
 +tection sociale. Les legislations modernes, et c est un de leurs bienfaits, ont
 +pourvu, plus etficacement que par le passe, a ce que cette protection futassuree a
 +tout aliene, meme dans la vie libre. Mais il n y a pas de raison pour que la societe
 +premie a sa cbarge des devoirs de surveillance, de soins et d entretien qui appar-
 +liennent essentiellement a la familJe, dans toutes les classes de la societe. C est
 +seulement a defaut de la famille abscnte ou impuissan e, que, vis-a-vis de 1 aliene
 +denue de ressources et incapable de subvenir a ses besoius, comm.Mice pour 1 as-
 +sislance publique le devoir de prendre a sa cbarge 1 aliene indigent. 11 etait natnrel
 +que les asiles ouverts aux alienes dangereux. et curables pour remplacer les prisons
 +et les hopitaux fussent destines a remplir pour les autres alienes, dans le cas d in-
 +digence absolue, comme pour les autres infirmites, 1 usage d hospices. Et c est en
 +effet ce que la reforme philanthropique se proposait et ce que les legislations mo
 +dernes ont rendu possible. La loi franchise, avec une grande sagesse, n a voulu a
 +ce sujet consacrer qu une faculte, subordonnee dans 1 application aux ressources
 +des administrations publiques, et, avant tout, a la necessite de conserver aux asiles
 +d alienes leur destination essentielle d hopitaux de traitement.
 +
 +1 n est pas douteux que dans la pratique on ne se soil trop souvent ecarte de ces
 +vues, en faisant, dans les admissions graluites, une part trop large a 1 alienation 1101;
 +dangereuse et incurable. II ne faudrait pas pourtant, comme on 1 a fait, allrihnrr
 +principalement a cette cause renconibrement des asiles et surtout la proportion
 +considerable d incurablcs qui s y rencontre constamment. Les incurables des asiles
 +sc remitent, pour une part notable, purnii les alienes dangereux et surtout parmi
 +les alienes curables dont la guerison n a puetre obtenue. II est dans la imlinv des
 +choses que la population d un asile d alienes se compose en grande majorite d in
 +curables. C est non pas a supprimer les incurables dans les asiles, niais A m.-iin-
 +tenir leur proportion dans des limites normales, que doit tendre une sage applica
 +tion de la legislation.
 +
 +Dans le cours de mes inspections, j ai eu frequemment 1 occasion de constater le
 +fait d un exces de predominance des incurables dans la population des asiles, d en
 +caracteriser les plus facbeux effets, d en signaler les veritables causes et d indiquer
 +les regies a suivre pour ramener et maintenir la proportion des incurables dans de
 +justes limites.
 +
 +Voici en quels termes, dans un de mes rapports, j ai insiste sur l importance et
 +la necessite d une regularisation de 1 assistance publique, d apies des principes
 +empruntes a la fois au veritable esprit de la loi franchise et aux besoins reels de
 +la societe.
 +
 +L elevation graduelle du nombre des alienes dans les asiles, pour une propor
 +tion considerable au dela du chiffre des places reelles qu ils contiennent, a pour
 +effet d y augmenter la mortalite et d y diminuer les chances de guerison. L encom-
 +brement des asiles d nne part, et 1 augmentation incessante des charges deparle-
 +montales d autre part, :.nettent obstacle a un fonctionnement normal et bienfaisaut
 +
 +
 +
 +76 ALlfiNfiS (ASSISTANCE).
 +
 +de 1 assistance publique, en motivant ou la restriction des secours en deca des
 +veritables besoins de la societe, ou la subordination de leur concession ;\ des
 +epreuves qui en compromettent la principale efficacite. Et la ou 1 assistance publi
 +que a continue a etre donnee aux alienes de la maniere la plus large, le nombre
 +des alienes secourus s est accru de maniere a amener dans les asiles un exces de
 +population qui diminue considerablement leurvaleur hygienique et tlierapeutique,
 +a rendre necessaires des agrandissements qui alterent les caracteres d appropriation
 +a un but determine que 1 art et la science leur avaient imprimes, et a faire porter
 +aux administrations departementales la peine d une generosite mal entendue, par
 +1 accroissement indefini de leurs charges annnelles. Je pensequ il serait necessaire
 +d imprimer a 1 assistauce publique une direction qui permit d atteindre plus com-
 +pletemcnt le but essentiel de la legislation de 1858, tout en evitant d imposer aux
 +departements des sacrifices excessifs dans ce qu ils auraient de disproportionne par
 +rapport aux veritables besoins et aux ressources reelles. Les principes de cette
 +direction pouwaicnt etre resumes ainsi qu il suit :
 +
 +ft 1 Determination, pour chaque circonscription territoriale, d un nombre fixe de
 +places dans un asile public, d apres la proportion constatee entre le chiffre de la
 +population et le nombre des alienes ;
 +
 +2 Regularisation de 1 emploi des places affectees au service de la circonscrip
 +tion pour la triple destination des asiles publics ;
 +
 +(i A. Sequestration, par mesure de police, de tous les alienes reellement dan-
 +gereux ;
 +
 +B. Application des moyens les plus efficaces de traitement medical a tous les
 +alienes indigents curables ;
 +
 +(i C. Concession d un refuge a ceux des alienes non dangereux et incurables
 +qui, a defaut de famille oude ressources, ne peuvent trouver dans la vie libredes
 +moyens d existence ;
 +
 +a 3 Recours a la mesure des secours a domicile pour ceux des alienes non
 +dangereux et non curables qui, etant capables de la vie libre dans leur propre
 +famille, denuee de ressources suffisantes, ne pourraient etre admis ou conserves
 +dans les asiles publics.
 +
 +L application de ces principes ne presente dans la pratique aucune difficulte
 +qu il ne soit possible de surmonter, a la condition d une preoccupation eclairee et
 +soutenue du but a atteindre et de 1 observation de quelques regies secondaires.
 +Une etude sui fisamment approfondie des donnees fournies par 1 experience d un
 +grand nombre d annees, quant au nombre des admissions annuelles, par les recen-
 +sements et par la connaissance des lois qui reglent le mouvement de la population
 +dans les asiles, permet aujourd hui d evaluer avec une suffisante exactitude le
 +nombre des places indispensables pour un bon fonctionnement du service public
 +des alienes dans chaque circonscription territoriale. La regular isation des admis
 +sions, en ce qui concerne les alienes dangereux, est facile pour les prefets, qui se
 +trouvent dans les departements saisis des attributions de police en meme temps
 +que du pouvoir de sequestration d office. II suffit, pour prevenir les abus, que,
 +conformement au vceu de la loi, les arretes de sequestration d office soient serieu
 +sement motives par des enquetes et des certifi cats de medecin.
 +
 +Toutesles fois qu il s agit d une alienation curable, il est raisonnable de ne pas
 +se montrer difficile pour admettre 1 etat dangereux.
 +
 +La constatation de la curabilite avant 1 admission presente quelques difficultes
 +qu on s est plu a exagerer. Ce n est que dans le plus petit nombre des cas qu il
 +
 +
 +
 +ALIENES (ASSISTANCE). 11
 +
 +peut y avoir doute, pour un medecin experimente, sur la curabilite de la lolie.
 +Et au point de vue pratique le doute ne presente aucuue difficulte ; car toutes les
 +fois qu il existe, la question doit etre trauchee dans le sens de la curabilitr.
 +A mesure que des notions exactes sur 1 alienation mentale se repandent da van
 +tage duns le corps medical, les certilicats dc medecins nonalienistesacquierent plus
 +d autorite. 11 serait facile d imposer, pour 1 admission immediate a litre gratuit dans
 +les asiles, la condition d un certificat attestant la curabilite de la maladie. L intei-
 +valle dn certificat de vingt-quatre heures au certificat dequinzaine est legalement
 +destine a verifier la legitimite du placement des alienes dans les asiles. Rien ne
 +s opposc a ce que, pour les alienes indigents non dangereux, le placement ne soil
 +considere que comme provisoire jusqu a la verification do la curabilite de la ma
 +ladie, dans les asiles publics par les medecins de ces etablissements, dans les
 +asiles prives par les medecins dont la visile est exigee par la loi. Dans le cas ou
 +1 incurabilite serait constatee, si le placement n etait d ailleurs motive ni par 1 etat
 +dangeieux ni par 1 indigence absolue, il y aurait lieu de ne pas rendre definitif un
 +placement qui n aurait etc autorise que provisoirement ; et c est alors qu on pour-
 +rait sans inconvenient replacer dans la vie libre, en le rendant a sa famille, un
 +aliene qui aurait du y etre laisse. G est apres un long sejour dans les asiles qu il
 +est difficile et presque impossible d en faire sortir des alienes incurables qui out
 +reellement perdu droit de domicile dans leur famille et dans leur commune.
 +
 +Quant aux alienes reconnus avant 1 admission non dangereux et incurables, 1 ad-
 +ministration ne doit se decider a mettre, par leur placement dans les asiles, leur
 +entretien a la charge des departements que dans le cas de necessite absolue.
 +
 +C est sur cette categoric que doivent porter dans toute leur rigueur les restric
 +tions admissibles du secours sous la forme de placement dans les asiles, et c est a
 +cette categoric que doivent s appliquer les mesures de secours a domicile destinees
 +non-seulement a prevenir, sans dommage pour 1 aliene, 1 alteration de la valeur
 +hygienique et therapeutique des asiles et 1 aggravation des charges publiques, mais
 +encore a developper le sentiment et a faciliter 1 accomplissement du devoir dans
 +la famille.
 +
 +Enfin c est a cette categorie exclusivement que pourrait etre rationnellement
 +appliquee la mesure du placement des alienes dans des families de cultivateurs ou
 +d artisans, chargees a prix d argent de leur surveillance et de leur entretien, a
 +1 imitation de cequi se pratique de temps immemorial en Belgique, dans la colonie
 +de Gheel.
 +
 +Bien que depuis quelques annees cette institution ait etc preconisee comme
 +1 ideal vers lequel devraient tendre la science et la bienfaisance publique pour le
 +meilleur et le plus efficace accomplissement de leurs devoirs envers les alienes,
 +je ne pense pas qu on puisse serieusement admettre qu elle soit en aucune sorte
 +applicable aux alienes dangereux.
 +
 +Quant aux alienes curables, le placement dans les families est reellement ex-
 +clusif de toute application serieuse d un traitement medical efficace. G est 1 absence
 +ou 1 insuffisance du traitement medical qui ont 6t6 constamment signalees au pre
 +mier rang parmi les critiques les plus graves de 1 institution de Gheel. S il etait
 +vrai qu on obtint la guerison de la iolie par le benefice de ce qu on appelle a Gbeel
 +la vie libre, sous le patronage familial, ce serait purement et simplement la nega
 +tion de 1 art medical dans le traitement de 1 alienation mentale.
 +
 +Mais les fails constates dans cette institution, en ce qui se rapporte a la propor
 +tion des guerisons, temoignent hauteraeut en faveur de 1 utilite du traitement
 +
 +
 +
 +78 ALIENES (ASSISTANCE).
 +
 +medical, tel qu il est applique dans ce qu on appelle les asiles fermes. La compa-
 +raison des guerisous aux admissions dans la colonie de Gheel a fourni, uvant et
 +depuis la reforme, les resultats suivants :
 +Avant la reforme :
 +
 +NOMBRE NOMBRE
 +
 +DES DES PROPORTIONS
 +
 +GUE1USOKS. ADMlbSIOJib. SUR 11)00.
 +
 +1855. ........ 5 150 "&gt;,8
 +
 +1854. 21 105 200
 +
 +
 +
 +26 235 11,0
 +
 +
 +
 +Depuis la Reforme :
 +
 +1856 29 127 22,8
 +
 +1857 22 152 14,4
 +
 +1858 . 32 127 25,1
 +
 +1859. , 17 121 14,0
 +
 +
 +
 +100 527 18,9
 +
 +
 +
 +Les resultats pour la totalite das asiles d alienes de la Belgique out ete :
 +
 +
 +
 +En 1853.
 +1854.
 +1859.
 +
 +
 +
 +NOMBRE
 +
 +
 +NOMBRE
 +
 +
 +
 +
 +DES
 +
 +
 +DES
 +
 +
 +PROPORTIONS
 +
 +
 +SUER1SONS.
 +
 +
 +ADMISSIONS.
 +
 +
 +SUR 1000.
 +
 +
 +405
 +
 +
 +1243
 +
 +
 +32,5
 +
 +
 +40-4
 +
 +
 +1309
 +
 +
 +30,7
 +
 +
 +474
 +
 +
 +1472
 +
 +
 +32,2
 +
 +
 +
 +En moyenne, pour 3 amiees. 1281 4024 51,8
 +
 +On peat done affirmer que. la colonie de Gheel presente une tres-grande inferiorite,
 +comnie institution de traitemeut curatif, non-seulement par rapport aux autres
 +elablissements beiges, mais encore generalement par rapport aux etablissements de
 +tous les autres pays. La difference est de plus de moitie relativement aux etablis
 +sements ou se trouvent realisees les conditions les plus favorables. Cette inferiorite
 +de la colonie de Gheel ne peut pas etre expliquee par des conditions exception-
 +nelles d admission, car, d apres les appreciations du medeciu sur la nature de la
 +mal die chez les 527 malades admisde 1856 a 1859, le rapport des especes incu
 +rables au nombre des admissions, 174 sur 527, c est-a-dire 35 sur 100, represents
 +la proportion ordinaire.
 +
 +Quant aux alienes incurables et inoffensifs, 1 exemple de Gheel prouve qu il est
 +possible deleur appliquer avec avantage, sous divers points de vue, la mesure du
 +placement dans des families de cultivateurs oU d artisans. Mais dans quelies con
 +ditions cette mesure peut-elle etre rationnellement appliquee? A mon avis, elle n a
 +de valeur reelle que comme mode particulier du secours a domicile. Dans tous les
 +cas ou 1 aliene, qui ne peut guevir et qui n est pas dangereux, a une famille, au
 +sein et sous la surveillance de laquelle il peut vivre dans les conditions ordinaires
 +de la vie libre, c est dans sa famille qu il faut le laisser ; et, si la famille est indi-
 +gente, c est a 1 aider dans 1 accomplissement de son devoir qu il faut employer les
 +ressources dont 1 assistance publique peut disposer. C est quand 1 aliene n a pas de
 +famille qu on peut raisonnablement chercher a lui en donner une a piix d argent,
 +et c est dans ce cas seulement que le placement d un aliene dans une famille etran-
 +^ere merite le nom de patronage familial. Mais duns ce cas y a-t-il lieu de substi-
 +ner le placement dans les families a 1 admission dans les asiles publics ? Je fle
 +saurais, pour mon eompte, I admeUre.
 +
 +
 +
 +ALIENES (ASSISTANCE). 70
 +
 +Ce qu on a dit des conditions de bonheur realisees pour les alienes confies a des
 +nourriciers dans la colonie de Gheel, comparativement au sort qui leur est fait
 +dans les asiles fermes, n est rien moins qu exact, et ne serait tout au plus appli
 +cable que dans une comparaison faite entre les families ou on traite bien les
 +alienes et les asiles ou on les traite mal. Dans les asiles de premier ordre, ceux ou
 +la constitution materielle, le traitement medical et moral, les services economi-
 +ques et 1 organisation du travail ont recu les developpements et les perfectionne-
 +ments que comporte la psychiatrie dans la plus large et la plus complete etenclue
 +du mot et de la chose, et grace a la perseverance des hommes qui ont voue leur
 +vie a la sainte cause des alienes, le nombre de ces asiles deja considerable augmente
 +de jour en jour, il y a, pour 1 aliene inoffensii et non dangereux, plus de bien-etre
 +a tons les points de vue qu il n en peut trouver au foyer des families etrangeres,
 +meme les plus morales et les plus devouees.
 +
 +Rien ne ressemble moins a une prison qu un de ces asiles, et en verite il faut ne
 +pas les connaitre pour ne pas admetlre qu ils realisent en fait toutes les conditions
 +de liberte qui sont utilement compatibles avec 1 etat d alienation mentale.
 +
 +Quelle lamille de cultivateurs ou d artisans oserait-on comparer, pour ledevoue-
 +ment eclaire, pour les soins affectueux, aux medecins, aux directeurs, aux roli-
 +gieuses de nos asiles et meme a ceux des gardiens, de jour en jour plus nombreux,
 +qui s elevent reellement par le coeur et 1 intelligence jusqu a la dignite d inlirmier?
 +Sans songer en aucune sorte a deprecier la valeur du placement a domicile, et a
 +diminuer 1 importance des garanties que peuveut offrir des families convenablement
 +choisies, je ne puis perdre de vue combien il m a fallu d efiorts pour oblenir d ad-
 +ministrateurs bienveillants, eclaires et personnellement desinteresses dans la ques
 +tion, que les sacrifices convenables fussent realises pour assurer le bien-etre des
 +alienes daus les asiles. Je ne parle pas des sacrifices considerables et souvent difli-
 +ciles qui avaient pour but 1 appropriation des asiles eux-memes a leur destination;
 +j entends parler des choses necessaires a la vie, des aliments, de la boisson, des
 +vetements, du coucher. Que d eiforts n a-t-il pas fallu pour conquerir une ration
 +suffisante de viande cinq Ibis par semaine, une faible ration de boisson fermentee
 +tous les jours, des vetements acceptables, des matelas au lieu de paille ! Que de
 +peine pour faire comprendre que donner en plus au travailleur la nourriture, pro-
 +pre a compenser une perte quotidienne de force, ce n est pas le remunerer !
 +
 +Je ne puis non plus oublier que le systeme du prix de journee paye par le depar-
 +tement a conduit necessairement les administrateurs d asiles a la preoccupation
 +d un benefice a faire au profit de 1 etablissement, et qu il est plus d une fois arrive
 +que ce benefice ait ete fait au detriment du bien-etre des alienes ; et que, sous ce
 +point de vue, la necessiteou le departement de la Seine s est trouve de placer des
 +alienes a un taux d entretien assez eleve dans un grand nombre d asilesde province
 +a suscitd une emulation de demandes ou d offres adressees a 1 assistance publique
 +de Paris, dans des vues parmi lesquelles a souvent domine une pensee de specu
 +lation.
 +
 +Si des preoccupations d epargne ou de benefice ont pu se produire de maniere
 +a porter prejudice aux alienes, quand il ne s agissait que de profits a realiser dans
 +1 interet d etablissements publics et pour une destination d utilite publique, com
 +ment admettre que la preoccupation d un benefice a faire ne sera pas, avec toutes
 +ses consequences, le mobile principal des nourriciers d alienes ?
 +
 +Ces considerations me paraissent suffisantes pour motiver la preference que,
 +sans parti pris a 1 avance, j attribue nettement et termementau placement dans les
 +
 +
 +
 +80 ^ ALIENES (ASILES).
 +
 +asiles, relativement au placement a domicile, meme pour les alienes incurables,
 +inoffensifs et denues de famille.
 +
 +Je me contenterai d ajonter que, dans unecertaine mesure, les alienes incurables
 +et inoffensifs qui constituent dans nos asiles la majorite des travailleurs productifs
 +forment un des elements indispensables a leur prosperile economique.
 +
 +En definitive, de 1 ensemble de cette discussion il me parait possible de conclure
 +avec certitude qu en France, aussi bien que dans les autres Etats civilises des deux
 +mondes, I assistance publique, en ce qui concerne les alienes, a ete engagee par le
 +mouvement de reforme, des le commencement du siecle, dans la veritable voie de
 +1 accomplissement de ses devoirs ; que, pour atteindre de plus en plus comple tement
 +le but qui lui est assigne au nom de la science et de 1 experience, cc qn clle doit
 +faire c est de regulariser son action de maniere a ne pas compromettre, par le se-
 +cours secondaire de simple charite, 1 efficacite du secours principal de traitement
 +curatif et, pour y parvenir, de donner une large part au secours a domicile, de
 +developper 1 institution du patronage a 1 imitation de ce qui a ete fait a Paris et
 +dans quelques departements pom les alienes apres leur sortie des asiles, en 1 ap-
 +pliquant aux alienes secourus a domicile, de ne recourir au placement a domicile
 +qu a defaut d autres ressources, et a titrede mesurestransitoires et exceptionnelles,
 +ttJ, enfm de perfectionner sans cesse et a tous les points de vue les institutions qui
 +out ete, quisont et qui ne cesseront pas d etre les moyens priocipaux de son action,
 +c est-a-dire les asiles publics d alienes avec leur triple destination d etablissements
 +de surete, d hopitaux de traitement et de refuges de charite.
 +
 +111. Asiles d alienes. Le developpement des asiles d alienes dans tousles
 +pays civilises, depuis le commencement du dix-neuvieme siecle, represente un en
 +semble grandiose destitutions qui, par leur nombrc et leur importance, revelent
 +la puissance de I efibrt tente pour realiser la reforme philanthropique et scienti-
 +fique nee du mouvement des idees en 89, et dont ils expriment generalcment les
 +vues fondamentales par leur destination et par les conditions essentielles de leur
 +organisation administrative et medicale.
 +
 +11 est possible d apprecier la grandeur des resultats pur quelques donnees som-
 +maires sur le nombre des etablissements et sur le cbift re des alienes traites on
 +secourus dans la plupart de ces Etats, a divers moments plus ou moins rapproches
 +de 1 epoque actuelle.
 +
 +
 +
 +
 +
 +
 +
 +NOMBRE
 +DES
 +ETABLISSEMENTS
 +PUBLICS
 +OU PR1VES.
 +
 +
 +NOMBRIi
 +DES ALIKiNES
 +TIUITES
 +OU
 +SECOUROS.
 +
 +
 +1853
 +
 +
 +
 +
 +Ill
 +
 +
 +23,795
 +
 +
 +1858
 +
 +
 +Angleterre
 +
 +
 +168
 +
 +
 +22 013
 +
 +
 +1860
 +
 +
 +Ecosse.
 +
 +
 +45
 +
 +
 +4 550
 +
 +
 +1850
 +
 +
 +Allemagne
 +
 +
 +111
 +
 +
 +11 622
 +
 +
 +1859
 +
 +
 +
 +
 +51
 +
 +
 +4,508
 +
 +
 +1856
 +
 +
 +
 +
 +12 publ.
 +
 +
 +2,070
 +
 +
 +1847
 +
 +
 +
 +
 +11 P
 +
 +
 +622
 +
 +
 +1858
 +
 +
 +Suede
 +
 +
 +10
 +
 +
 +942
 +
 +
 +
 +
 +Russie. . . ...
 +
 +
 +41
 +
 +
 +3,095
 +
 +
 +1845
 +
 +
 +Etats-Unis d Amerique
 +
 +
 +25 publ.
 +
 +
 +2,763
 +
 +
 +
 +
 +
 +
 +585
 +
 +
 +75,780
 +
 +
 +
 +ALIENES (ASILES). 81
 +
 +1 Destinationdes asiles. I/etude de ces institutions permet dc reconnaitre que,
 +malgre la diversite des legislations ct des moeurs, leur developpement a etc
 +partout subordonne a une conception fondamentalement identique et coordonnee
 +par rapport a un but commun.
 +
 +Partout on a reconnu la necessite de proteger a la fois la societe et I aliene par
 +la regularisation legale des mesures de sequestration que 1 etat dangereux impose,
 +et d excrcer a 1 egard des alienes une action de bienfaisance, en leur assurant des
 +moyens efficaces de traitement curatif et des conditions d existence appropriees a
 +leur etat. Partout on a principalement compte, pour atteindre ce triple but, sur la
 +fondation d asiles d alienes institues, pour leur organisation materielle, adminis
 +trative et meilicale, de maniere a en atteindre la plus sure et la plus complete
 +realisation. Et partout on a admis que de telles conditions pouvaient etre sin tout
 +obtenues dans des etablissements publics. Aussi est-ce par la creation et par le
 +perfectionnement incessant des etablissements publics que la relorme s est mani-
 +festee dans toute sa puissance et toute son efficacite. Quelques details sur les eta
 +blissements d alienes de la France, de 1 Angleterre, de 1 Ecosse et de 1 Allemagne
 +permettront de saisir d une vue d ensemble jusqu a quel point sont reelles cette
 +alogie dans la nature, cette identite dans la destination des asiles d alienes, et
 +cette predominance dans 1 importance des asiles publics.
 +
 +Sur les 111 etablissements existant en France en 1853, dont la population
 +totale s elevait a 23,795 alienes, 65 etaient des asiles publics et contenaient dans
 +leur ensemble 18,062 alienes. Sur les 45 asiles prives, contenant ensemble 5,753
 +alienes, 15 faisaient fonctions d asiles publics, leur population se composant, pour
 +la majorite, d alienes entretenus au compte des departements. Sur 32,876 alienes
 +traites en 1853, 23,021 etaient entretenus a la charge des depavtements, savoir :
 +18,158 dans les etablissements publics, 4,863 dans les asiles prives. Les 65 asiles
 +publics comprenaient un etablissement de 1 Etat, maison imperiale de Charenton;
 +37 asiles departementaux et 27quartiers d hopitaux et d hospices. En France, tous
 +les etablissements d alienes ont une destination mixte et sont a la fois des maisons
 +de surete pour les alienes dangereux, des hopitaux de traitement pour les curables,
 +et des refuges de charite pour les incurables. A 1 exception de la maison imperiale
 +de Charenton et d un certain nombre d asiles prives, qui ne regoivent que des pen-
 +sionnaires, les asiles frangais ont aussi une destination mixte en ce qu ils regoivent
 +a la fois des pensionnaires au compte des families et des indigents entretenus au
 +compte des departements et des communes.
 +
 +En Angleterre, le nombre des etablissements ayant un caractere public est moins
 +considerable que celui des etablissements prives ; mais 1 importance relative des
 +asiles publics est au moins aussi grande qu en France. Les 22,013 alienes, 17,420
 +indigents et 4,593 pensionnaires se repartissaient, pour 1858, ainsi qu il suit,
 +entre les 168 etablissements de 1 Angleterre :
 +
 +39 asiles de comt6.. . 15,120 alienes.. . 14,889 indigents . 231 pension.
 +
 +13 hopitaux 1,666 174 1,492
 +
 +1 hopital naval.. . . 126 126
 +
 +115 asiles prives. . . . 5,101 2,357 2,744
 +
 +168 22,013 17,420 4,593
 +
 +En Angleterre, les asiles de comte, qui, pour toutes ieurs conditions d organisa-
 +tion, ont la plus grande analogic avec les asiles de departement en France, sont
 +l elenr",i principal du service public en ce qui se rapporte -ux indigents. La part
 +
 +D1CT. ENG. 111. 3
 +
 +
 +
 +82 ALIENES (AMLES).
 +
 +prisi 1 a ce service par Irs asiles prives est moins considerable qu eu France. Et les
 +rt.ililiniK iits hospilaliers demenrcnt a peu pres etrangers a ce service, assimila-
 +bles, sur une plus large echelle, par leur destination a celle qui appai tient essen-
 +tiellement en France a la maison de Charenton. Generalement les asiles de 1 Aiv
 +gletiTre sont a la ibis raaisons de traitement et de reluge. Les hopitaux sont plus
 +particuliercment des asiles de traitement et parmi eux 1 hopital de Betlilem est en
 +partie affecte a 1 usage d etablissement special de surete pour la categoric d alienes
 +dangereux designee sous le nom d alienes criminels.
 +
 +L organisation de 1 assistance publique pour les alienes en Ecosse offre la plus
 +grande ressemblance avec celle de 1 Angleterre et de la France, quant a la destina
 +tion des asiles publics et des asiles prives ; elle en differe pourtanl Mir deux points
 +importants, la regularisation du secours donne aux alienes dans desquartiers spe-
 +ciaux dependant des maisons de pauvres, qui n existe pas en Angleterre en ce qui
 +se rapporte aux maisons de travail, ct 1 extension donnee au secours a domicile,
 +par laquelle I Ecosse differe sensiblement de 1 Angleterre et de la France. Les
 +4,550 alienes existant au l cr Janvier 1860, dans les divers etablissements de
 +1 Ecosse, se repartissaient ainsi qu il suit:
 +
 +8 asiles publics. . . . 2,652 alienes. . . . 1,859 indigents.. . . 773 pension.
 +20 quartiers de mai
 +sons de pauvres. 866 864
 +19 asiles prives. . . b52 656
 +
 +
 +
 +
 +47 4,550 3,579 971
 +
 +Les asiles publics, qui sont 1 equivalent de nos asiles de departement et des
 +asiles de comte anglais, sont aussi en Ecosse le principal moyen dont 1 assistance
 +publique dispose en faveur des indigents ; mais les asiles prives concourent a ce
 +service plus largement qu en Angleterre; et, de plus, les quartiers des maisons de
 +pauvres, qui ne peuvent pas etre exactement assimiles a nos quartiers d hospice,
 +prennent a ce service une part considerable.
 +
 +Le service d assistance publique pour les alienes indigents est complete par le
 +secours a domicile qui, a 1 epoque indiquee, s etendant a 1,846 alienes secourus,
 +au nombre de 1 ,452 dans leurs i amilles, de 554 dans des families etrangeres, et
 +de 61 a 1 etat d isolement, elevait a 5,226 le nombre des alienes indigents serou-
 +rus, et en formait un peu plus du tiers. Dans les quartiers de maisons de pauvres
 +et a domicile, le secours donne a 1 indigent ne pent consister dans la realuation
 +d un traitement curatif efficace. Les asiles publics et les asiles prives de 1 Ecosse
 +sont pour ce pays les veritables etablissements de traitement de 1 alienation men-
 +tale. Sous ce point de vue, et a raison de la proportion considerable de pension-
 +naires qui concourent a former leur population, les asiles publics de 1 Ecosse se
 +rapprochent des asiles publics d Allemagne a destination mixte.
 +
 +L Allemagne dans son ensemble, c est-a-dire en comprenant sous cette designa
 +tion 1 Autriche, la Prusse, la Baviere, le Wurtemberg, la Saxe, le Hanovre, les
 +grands-duches de Bade, de Nassau et les autres Elats de la Confederation germa-
 +nique, secourait, d apres une publication du docteur Lahr, a la date de 1852,
 +11,622 alienes dans 109 etablissements.
 +
 +Le classement de ces etablissements, d apres le caractere essentiel de leur nature
 +et la condition dominante de leur destination, permet de reconnaitre, dans une
 +organisation analogue a beaucoup d egards a celle qui a prevalu dans les autres
 +pays, des efforts pour specialiser le secours par rapport a son application aux deux
 +
 +
 +
 +ALIENES (ASHES).
 +
 +
 +
 +85
 +
 +
 +
 +categories distinctes de curables et d incurables. Sur 109 6tablissements, IK seu-
 +lement etaient des asiles prives. Les 91 autres avaicnt essentiellement les carac-
 +teres d etablissements publics, et ont ete classes ainsi qu il suit par le doctew
 +La hr.
 +
 +
 +
 +
 +
 +ASILES BE TIU1TEMENT
 +
 +
 +
 +
 +
 +
 +
 +
 +ET D ENTIIETIEN
 +
 +
 +ASILES
 +
 +
 +ASILES
 +
 +
 +
 +
 +
 +
 +A L ETAT
 +
 +
 +DE
 +
 +
 +D ENTRE-
 +
 +
 +
 +
 +A L ETAT
 +
 +
 +D ASSOCIA-
 +
 +
 +
 +
 +
 +
 +
 +
 +DE MELANGE.
 +
 +
 +TION
 +
 +
 +TRAITEMENT.
 +
 +
 +T1EN.
 +
 +
 +
 +
 +
 +
 +RELATIVE.
 +
 +
 +
 +
 +
 +
 +I. ASILES ASSOCIES A n AL TRES
 +
 +
 +
 +
 +
 +
 +
 +
 +
 +
 +ETABLISSEMENTS
 +
 +
 +
 +
 +
 +
 +
 +
 +
 +
 +1 Kon alfectes a des malades. .
 +
 +
 +2
 +
 +
 +B
 +
 +
 +
 +
 +
 +1
 +
 +
 +2 Affectes a des malades (hopit.)
 +
 +
 +
 +
 +
 +
 +
 +
 +
 +
 +a Dans des bailments non se pares
 +
 +
 +11
 +
 +
 +
 +
 +
 +J&gt;
 +
 +
 +2
 +
 +
 +I) Dans des bailments separes. .
 +5 Affectes a des infirmes (hospic")
 +
 +
 +7
 +
 +1
 +
 +
 +
 +
 +a
 +
 +
 +
 +
 +&gt;
 +
 +
 +2
 +8
 +
 +
 +
 +
 +26
 +
 +
 +9
 +
 +
 +8
 +
 +
 +14
 +
 +
 +
 +
 +
 +
 +
 +
 +
 +
 +
 +
 +47
 +
 +
 +9
 +
 +
 +8
 +
 +
 +27
 +
 +
 +
 +On retrouve les memes analogies quant a la nature et a la destination des asiles
 +d alienes dans tous les autres Etats de 1 Europe, Italic, Belgique, Hollande, Suisse,
 +Russie, et aussi dans les Etats-Unis de 1 Amerique du Nord.
 +
 +Pour donner une juste idee de la grandeur de 1 oeuvre accomplie par la reform c
 +an moyen de la creation d un si grand n ombre d institutions, et de son efiicacite
 +relativement au but qu elle a ete destinee a atteindre a tous les points de vue, il
 +laudrait entrer dans des developpements considerables.
 +
 +II suffira de signaler a 1 appreciation des esprits eclaifes, serieux et impartiaux,
 +comme specimen de ce qui a pu etre atteint par 1 association de la science medi-
 +cale a 1 art architectural et a la science administrative, I lin on 1 autre de ces nom-
 +breux etablissements de premier ordre dont peuvent a bon droit s enorgueillir les
 +diverses contrees du mondc civilise : en France la Maison imperiale de Charenton,
 +les asiles de Quatre-Mares, d Auxerre, de Marseille, de Blois, de Limoges, de Tou
 +louse, etc., auxquels devront bientot s ajouter les asiles de la Seine ; en Angleterre,
 +les asiles de Harwell, de Surrey, de Wakefield, d York, etc. ; en Ecosse, les asiles
 +de Glasgow, d Edinburgb, etc. ; en Allemagne, les asiles d lllenau, dc Halle, de
 +Vienne et d Eicbberg, etc.; en Hollande, 1 asile de Meerenberg ; en Belgique, 1 asile
 +de Gand; en Suisse, les asiles dePrefargier et deWaldau ; au.x Etats-Unis, les asiles
 +de Bloomingdale, d Utica, de Colombus, de Trenton, de Butler, etc., etc.
 +
 +C est dans les ouvrages speciaux, qui ont ete consacres a la description ct a
 +1 histoire des asiles d alienes, qu on pourra tronver les elements d une appreciation
 +plus developpee et plus approfondie de ces institutions, resultats d un demi-siecle
 +d efforts perseverants, auxquels ont concouru tant d hommes eminents par la
 +science et le devouement, dont la posterite gardera la memoire, et dont une legi-
 +time illustration a deja consacre les noms.
 +
 +Je ne puis ici que resumer tl grands traits 1 ensemble des principes dont laplu-
 +part de ces institutions nous offrent 1 application bienfaisante et feconde, tout en
 +signalant les perfectionnements que les imperfections de 1 oeuvre accomplie
 +legitimement motiver d apres les enseignements de [ experience.
 +
 +
 +
 +84 ALIENES (ASUES).
 +
 +2 Asiles speciaux pour les alienes criminels. Parmi les insuffisances qui peu-
 +vent etre legitimement reprochees a 1 oeuvre des asiles publics, ilen est une qui se
 +rapporte a leur destination la pins essenlielle, celled etablissements desurete pour
 +a sequestration des alienes dangereux que, dans la fievre de reaction centre cequ on
 +appelle les asiles fermes, on semble avoir aujourd hui completement perdue de vue,
 +et sur laquelle la connaissance des graves abus qui en resultent devrait pourtant
 +appeler plus que jamais 1 attention des alienistes et la sollicitude de 1 administration.
 +
 +L une des expressions les plus graves de cette insuffisance est 1 absence d insti-
 +tulions appropriees au traitement et a 1 entretien des alienes criminels.
 +
 +Des voeux ont ete plusieurs fois exprimes a 1 etranger et en France pour la fon-
 +dation d asiles speciaux destines a recevoir, soit les criminels alienes en general,
 +soit les criminels acquittes pour cause d alienation mentale, soit les alienes vaga
 +bonds et criminels. Pour satisfaire a ce besoin des longtemps reconnu, des essais
 +ont ete tentes avec plus ou moins de succes par la destination speciale donnee en
 +Angleterre a I hopital de Bethlem, en Ecosse a la prison centrale de Perth, par la
 +fondation en Irlande de 1 asile criminel de Dundrum, et en France meme, par la
 +creation d un quartier de force a Bicetre. La legislation beige a consacre en prin-
 +cipela reunion, dansun seul etablissement, de tous les alienes soumis a la deten
 +tion judiciaire, et 1 asile de Saint-Dominique, a Bruges, a ete affecte a cet usage.
 +Depuis quelques annees 1 Angleterre a fait un pas plus decisif dans la solution de
 +la quesliori des alienes criminels par la creation de 1 asile special de Broadmoor
 +contenant 500 places pour les deux sexes.
 +
 +J ai etudie cette question, suivant toute son etendue et sous toutes ses faces, soit
 +dans mon traite sur les principes a suivre dans la fondation et la construction des
 +asiles d alienes, soit dans divers travaux encore iriedits, se raltachant a mes
 +fonclions d inspecteur general du service des alienes et, des prisons. Je me conten-
 +terai de reproduire ici sommairement, et au point de vue pratique, les principaux
 +resultats deces etudes.
 +
 +Considered d une maniere genrale, la presence des detenus alienes dans les
 +asiles ordinaires a de graves inconvenients... Les asiles d ulienes ne peuvent etre,
 +par aucune de leurs conditions, assimiles a des prisons et ne peuvent pas sur tout
 +presenter la surete de reclusion indispensable. Les families des malades peuvent
 +etre legitimement blessees d un rapprochement qui , dans nos moeurs et nos opinions,
 +aquelque chose de fletrissant... Toutes ces raisons pour exclure des asiles ordi
 +naires les detenus alienes n ont toute leur force que quand il s agit d alienes
 +accuses, condamnes ou acquittes pour des crimes entrainant des peines infa-
 +mantes. D unautre cote, la presence des alienes dans les prisons porte atteinte
 +a la discipline, non-seulement par des desordres materiels, mais encore par la di
 +minution de 1 autorite morale que doit conserver la peine. Cette presence est une
 +source d embarras incessants pour 1 administration, et une occasion de souffrances
 +immeritees pour les malades eux-memes.
 +
 +Les accuses, les condamnes et les acquittes, en tant qu atteints d alienation
 +mentale, ne doivent pas etre retenus dans les prisons ordinaires et doivent etre
 +places dans des etablissements ou ils puissent recevoir tons les soins que reclame
 +leur etat de maladie...
 +
 +Les prevenus, les accuses doivent demeurer rapproches des tribunaux appeles
 +a prononcer sur leur sort. Les condamnes a des peines non infamantes peuvent sans
 +inconvenient etre introduits dans les asiles ; les accuses acquiltcs pour une cause
 +d alienation mentale ne different recllement des autres alienes qu en ce que les
 +
 +
 +
 +(ASILES). 85
 +
 +actes insenses auxquels ils se sont livres, qualifies crimes par la loi, out motivS
 +des poursuitesjudiciaires... II n y a veritablement utilite ou necessite d exclure
 +des asiles ordinaires que les detenus condamnes a des peines infamantes... G est
 +pour concilier vis-a-vis de cette categorie de condamnes, generalement represented
 +en fait par les alienes detenus dans les maisons centrales, les devoirs de rhuma-
 +nite avec les exigences de la surete publique, qu il est indispensable de recourir a
 +la creation destitutions specialement appropriees a ce double but, soit au contact
 +des asiles d alienes, soit dans la dependance des maisons de detention, soit enfin
 +dans des etablissements independants...
 +
 +Je ne puis reproduireicitous les resultats de 1 etude que j ai faite snr toutes les
 +particulari tes qui se rattachent aux conditions d existence des condamnes alienes,
 +au dedans et au dehors des maisons centrales, et qui sont de nature a motiverdes
 +reformes dans diverses directions. Je me bornerai a fournir les donnees qui peuvent
 +servir de bases aces reformes, en precisant le nombre des existences sur lesquelles
 +elles devraient porter, et en faisant ressortir, dans la situation facheuse qu elles
 +doivent avoir pour but de faire cesser, le point de vue qui me parait appeler, pour
 +assurer 1 efficacite de cette reforme, 1 intervention simultanee de la magistrature,
 +de Tadmiiiistration et de 1 assistancc publique.
 +
 +La population detenue des maisons centrales de la France comprend approxi-
 +mativement en moyenne 250 condamnes atteints d alienation mentale, savoir : 205
 +condamnes atteints de folie, 150 homines et 75 femmes; 45 condamnes atteints
 +d idiotie, 40 hommes et 5 femmes. Sur ce nombre, 110 atteints de folie, GO hom-
 +mes et 50 lemmes, sont entretenus aux frais de 1 Etat en dehors des maisons cen
 +trales, dans les divers asiles d alienes. Les autres condamnes alienes, c est-a-dire
 +95 atteints de folie, 70 hommes et 25 femmes, et tons les condamnes atteints
 +d idiotie, c est-a-dire 40 hommes et 5 femmes, sont maintenus a 1 etat de deten
 +tion dans les maisons centrales.
 +
 +Parmi les condamnes atteints de folie, qui sont maintenus dans les maisons cen
 +trales, ilenest, pourun certain nombre, qui ne peuvent etre considered comme in
 +curables et dont I etat reclamerait un traitement approprie. Aucune des conditions
 +propres a assurer 1 efficacite d un traitement curatif de la folie ne se trouve realisee
 +dans les maisons centrales. L isolement des alienes n y est possible que par leur
 +sequestration dans des cellules qui, pour la plupart, sont des lieux de punition.
 +
 +La plupart des condamnes alienes ne peuvent etre assujettis a la discipline des
 +prisons, et ne peuvent etre classes dans les ateliers. Ils demeurent oisifs pendant la
 +duree de leur maladie, tres-souvent egale a la duree de leur detention. II en resulte
 +qu ils ne peuvent suppleer a 1 insuffisance du regime alimentaire des prisons par
 +les resources de )a cantine, et qu au moment de leur liberation ils n ont pas de
 +pecule et n ont d autres ressources que le secours de route.
 +
 +Pour le plus grand nombre de cas de liberation, le condamne aliene, au sortir
 +des maisons centrales, sans ressources, sans profession, sans famille, est rendu a la
 +vie libre dans un etat de trouble de 1 intelligence ou d insuffisance de la raison
 +qui le rend incapable de subvenir par son travail a sesbesoins, et de diriger sa vie
 +conformement aux regies de la morale et aux prescriptions des lois. Sorti de la
 +prison, il cherche des moyens d existence dans la mendicite, qui est presque sa seule
 +ressource, dans le vagabondage et la rupture de ban, qui sont les moyens presque
 +obliges de son unique Industrie, et trop souvent aussi dans le maraudage, qui tend
 +a prendre et prend les caracteres du vol. Aussi arrive-t-il le plus souvent qu il
 +ivtombe sous la main de la justice, pour a rendre compte de ces actes que la ne-
 +
 +
 +
 +86 ALlfiNfiS (ASHES).
 +
 +cessite de vivre lui impose et que la loi condamne sous les noms de mendicite,
 +vagabondage et rupture de ban, et pour y etre frappe de nouvelles peines qui le
 +ramenent dans les prisons, encore plus fletri et plus miserable et tout aussi dcnue
 +d intelligence et de raison qu au moment ou il en etait sorti. Et pour beaucoup
 +d eatreeux ce n est pas la un malheur accideatel se produisant une fois dans le
 +cours de leur vie ; c est une situation qui se reproduit plusieurs fois, un grand
 +nombre de fois.
 +
 +II est incontestable que 1 etat de fclie est assez frequemment constate chez le
 +condamne au moment de son entree dans la maison centrale ; il n est guere dou-
 +teux que plusieurs fois il neremonte jusqu a une epoque anterieure aux actes qui
 +ont motive la condamnation. Cela est indubitable pour la presque totalite des
 +condamnes chez lesqucls on constate, dans la maison centrale, un etat d imbecillite,
 +qui a du remonter jusqu aux premiers temps de la vie.
 +
 +Ce quedemontre 1 histoire d un grand nombre, c est que leur vie se partage en
 +deux parties. Dans la vie libre, ils n ont pas de profession, ils n ont pas de domi
 +cile, ils mendient, ils vagabondent et, quand ils ont ete soumis a la surveillance,
 +ils rompent leur ban. Condamnes pour mendicite, pour vagabondage, pour rup
 +ture de ban, a des peines de plus en plus fortes a mesure que les recidives se mul-
 +tiplient, ils subissent ces peines d abord dans les prisons departementales, puis
 +dans les maisons centrales, ou ils formentun groupe a part de criminels qui n ont
 +pas la conscience de leur culpabilite, qu on ne peut assujettir a la discipline, qui
 +sont incapablesde travail, qui souffrent plus que tous les autres detenus du regime
 +des prisons, qui, durant leur detention, ont donne aux detenus veritablement
 +coupables le spectacle demoralisant de peines non justifiees et meme immeritees,
 +et qui ne se serviront de la liberte, quand on la leur aura rendue, que pour recom-
 +mencer les actes qui la leur feront de nouveau perdre.
 +
 +Cette situation, qui dure depuis longtemps, que j ai plusieurs fois signalee ou
 +de vive voix, ou dans mes ecrits, et qui a pu jusqu a un certain point motiver les
 +accusations, d ailleurs empreintes d erreur et d exageration, qui ont ete souvent
 +dirigees contre notre systeme penal et centre notre regime penitentiaire, reclame
 +imperieusement qu il y soit autant que possible porte remede.
 +
 +Jecroisquela legislation penale, au moins en ce qui se rapporte au vagabondage,
 +a la mendicite et a la rupture de ban, serait susceptible de modifications ; et qu elle
 +devrait tout au moins etre appliquee avec moins de rigueur.
 +
 +Pour le plus grand nombre des condamnes, dont j ai constate 1 etat d imbecillite
 +dans les maisons centrales, etpour un certain nombre de ceux qui y ont ete trouves
 +atteints de folie, il eut ete possible de reconnaitre des la premiere poursuite judi-
 +ciaire, mais au moins a la seconde, a la troisieme, a la quatrieme, etc., etc., que
 +1 habitude de la mendicite et du vagabondage et le fait de la rupture de ban de-
 +vaient s expliquer par un etat d infirmite mentale ; que des lors les actes incri-
 +mines elaient en efl et plus digues de pitie que de punition, et qu au lieu de s obs-
 +tiner a reprimer indefmiment ces actes par des condamnations de plus en plus
 +graves, ce qu il y aurait a faire ce serait de les prevenir en provoquant le placement,
 +dans les asiles publics, d alienes incapables de subvenir par le travail a leurs be-
 +soins et de se diriger dans la vie HLre sans violer les lois.
 +
 +Mais c est a 1 assistance publique et a la police municipale et departementale
 +qu il appartient de prevenir le plus efficacement ces abus, en pourvoyant a ce que
 +ceux des mendiants et vagabonds qui ne sont pas en pleine possession de la raison
 +par suite d un etat d imbecillite congeuiale ou consecutive, ou d un etat de folie
 +
 +
 +
 +ALlfiNES (ASHES). 87
 +
 +accidentelle, ne soient pas incarceres et mis sous la main de la justice, an lieu
 +d etre surveilles et secourus dans leur famille ctleur domicile, et d etre an besoin
 +places dans les asiles d alienes, dans les hospices oules depots de mendicite.
 +
 +Tout condamne qui, au moment de la liberation, est aliene, fou on imbecile, et
 +par suite incapable de subvcnir a ses besoins et de diriger sa vie, ne peut etre pu-
 +rement et simplement mis en liberte sans les plus graves inconvenients. S il est
 +dangereux, et c est la presomption pour un repris de justice, il doit etre place ou
 +maintenu d office dans un asile public aux frais de sa famille, oudes departements,
 +en cas d indigence.
 +
 +Si 1 intervention de 1 assistance publique, de la police administrative et de la
 +justice dans les questions de trouble, de danger, de dommage, causes par 1 etat de
 +liberte et par les actions delictueuses des mendiants et vagabonds atteints d alie
 +nation mentale, se realisait suivant les principes qui viennent d etre indiques, il
 +n est pas douteux qu on verrait diminuer dans une notable proportion le nombre
 +des condamnations pour vagabondage, mendicite et rupture de ban, le nombre des
 +recidives et par suite le nombre des condamnes alienes existant a un moment
 +donne dans les maisons centrales et les autres prisons. Mais pour les detenus alienes
 +en nombre quelconque subsisterait le devoir de 1 administration d assnrer ;m\
 +curables un traitement medical efficace, et aux incurables un traitement pulliatit
 +approprie, ce qui pour les uns et pour les autres ne peut etre realise qu en de-
 +bors des conditions d habitation etde regime qui apparliennent aux etablissements
 +ordinaires de detention.
 +
 +La solution de la question par la creation de quai tiers speciaux dans les asiles
 +d alienes serait peut-etre la plus simple et la plus facile. Elle impliquerait un
 +traite fait par 1 administration penitentiaire avec plusieurs asiles publics, geogra-
 +phiquement situes de maniere a faciliter les transferements, d apres lequel ces
 +asiles se chargeraient de creer, dans des quar tiers speciaux, un nombre de places
 +en rapport avec les besoins du service penitentiaire et soumettraient les alienes qui
 +leur seraient confies, pendant la duree de leur peine, a des conditions determinees
 +de regime et de discipline.
 +
 +Si 1 administration penitentiaire etait conduitesoit paries obstacles qu elle pour-
 +rait rencontrer dans la realisation de cette mesure, soit par la preference qu elle
 +accorderait a des mesures qui laisseraient sous sa surveillance et son autorite les
 +detenus, meme dans 1 etat d alienation mentale, il y aurait necessite de creer, dans
 +la dependance des maisons centrales, des institutions speciales pour y trailer et y
 +mairitenir, pendant toute la duree de leur maladie et de leur peiue, les detenus
 +alienes. Trois quartiers speciaux, deux pour les hommes, un pour les femmes,
 +rattaches a trois maisons centrales convenablement choisies, formant un ensemble
 +de 200 a 250 places pour une depense de 300 a 400 mille francs, suffiraient
 +pour que le but desirable put etre atteint.
 +
 +Si le but de prevenir les dangers qui peuvent resulter de 1 existence meme de
 +1 alienation mentale, sous certaines formes et dans certaines conditions, n apu etre "
 +encore parfaitement atteint dans 1 interet de la societe et des alienes eux-memes,
 +et s il est incontestable que sous ce point de vue 1 organisation des asiles publics
 +ait besoin d etre completee, il est permis d affivmer que relativernent au but non
 +moins essentiel du traitement curatif de la iolie les asiles d alienes, tels qirils
 +out etc pour la plupart realises, laissent generalement pen de chose a desirer. \
 +
 +La proportion des guerisons obtenues relativement an nombre des alienes recl-
 +li-ment curables atteint dans un grand nombre d asiles toutce qu i! est permis a la
 +
 +
 +
 +88 ALlENfiS (ASILES).
 +
 +science d esperer. Les obstacles, qui en fait s opposentaceque letraitement curatif
 +obtiennedans les asiles toute 1 efficacite possible, ne sont pas inherentsa la nature
 +de ces etablissemcnts; ils dependent principalement de I inobservation des regies
 +qui doivent presider a une bonne direction de 1 assistance publique, et ils peuvent
 +facilement disparaitre pour peu que les administrations publiques s appliquent
 +serieusement a les faire cesser.
 +
 +Loin d etre autorise a accuser d insuffisance les efforts realises dans la direction
 +du traitement curatif de 1 alienation mentale, on serait peul-elre en droit de leur
 +reprocher a certains egards, au moins en ce qui concerne 1 assistance publique,
 +une tendance a depasser le but qu il est raisonnable de se proposer.
 +
 +3 Asiles speciauxpour les idiots et les cretins. Les beureux effets de 1 applica-
 +tion ingenieuse, savante etpatiente, d un sysleme special d cducalion a des enfants
 +atteints d imbecillite congeniale ou acquise, ont fait concevoir des esperances exage-
 +rees. Certains degresdel idiotie et du cretinisme ont etc consideres comme suscep-
 +tibles de guerison. De la des tentatives de f ondations appropriees a ce but et des
 +appels faits a la charite privee et publique, pour en provoquer la propagation etle
 +developpement.
 +
 +Le decret de 1 Eropereur qui, au moment de la prise de possession de la Savoie,
 +a ordonne la creation, dans la dependance de 1 asile de Chambery, de 100 places
 +destinees aux cretins, a consacre en principe, pour 1 assistance publiqne, 1 obliga-
 +tion de preter son secours a cette grande infortune, et a motive une appreciation
 +plus approfonclie du but qu on devait se proposer dans les institutions d assistance
 +publique pour les idiots et les cretins.
 +
 +Relativement aux motifs d admission d apres la consideration de 1 etat de danger
 +on d indigence absolue, j ai resume les devoirs reels de 1 assistance publique en
 +concluant qu il n y a rien de plus a faire en faveur des cretins que de leur appli-
 +quer avec mesure et sagesse les ressources garanties a tons les idiots, en tant qu a-
 +lienes, par la legislation de i838.
 +
 +Mais ce n est pas purement et simplement a un but de charite et d ordre public
 +que tend le mouvement de bienfaisance scientifique qui a donne naissance, depuis
 +un certain nombre d annees, a des institutions specialement destinees aux cretins
 +et aux idiots. Le mouvement a commence en France, dans les asiles d alienes de
 +Bicetre et de la Salpetriere avec les premiers efforts tentes par les docteurs Ferrus,
 +Voisin etFalret,pour developper, conformement aux essais d Esquirol et d ltard,
 +par I influence d une education appropriee, les germes d aptitudes intellectuelles
 +et morales subsistant chezles enfants atteints d idiotie. Le developpement pratique
 +donne a cette pensee dans ces etablissements, auquel ont concouru d autres mede-
 +cins recommandables, notamment Leuret, et d habiles instituteurs, MM. Seguin et
 +Vallee, a permis d obtenir des resultats qui ont jusqu a un certain point justifie
 +les esperances qu on avail congues. C est cet exemple qui a inspire a 1 etranger les
 +fondateurs d institutions speciales pour les cretins et les idiots.
 +
 +Malgre le programme de son fondateur, 1 etablissement de 1 Abendberg a moins
 +ete en realite une maison de traitement medical pour le cretinisme qu une insti
 +tution d education pour des enfants cbez lesquels le developpement des facultes
 +intellectuelles et morales avail ete entrave ou par un certain degre d idiotie, dont
 +la nature cretineuse n etait pas toujours suffisamment demonlree, ou par un etat
 +de maladie de nature scrofuleuse ou rachilique. Les etablissemenls de Winterbach
 +cl de Mariaberg, dans le Wurtemberg, ne sont a proprement parler que des maisons
 +d education intellecluelle et professionnelle pour des enfanls faibles d esprit. Dans
 +
 +
 +
 +(ASUES). 89
 +
 +la visite que j ai faite de ces Stablissements je n ai constate la presence d aucun
 +enfant evidemment atteint de cretinisme. II en est de meme des etablissemcnls dc
 +la Baviere et de la Saxe. D apres 1 exposition meme des vues de lenrs fondateurs,
 +les institutions de 1 Angleterre et des Etats-Unis ont ponr but essentiel 1 edu
 +cation des idiots. L idee dominante de toutes ces institutions s est au reste parfai-
 +tement revelee dans 1 assimilation qui en a ete faite avec complaisance aux eta-
 +blissements fondes en faveur des enfants sourds, muets et aveugles.
 +
 +On ne saurait sans doute trop applaudir a la generosite et au devouement des
 +hommes de bien qui ont entrepris une telle ceuvre. Mais malgre tout ce qui a ete
 +dit des succes obtenus par 1 education donnee aux idiots, il est impossible d ad-
 +mettrequeles resultats a esperer puissent motiver I enormite des sacrifices qu im-
 +poserait a un Etat la realisation d une telle entreprise. Je suis positivement d avis
 +qu il y a lieu de se confier, pour le bien qui pent etre raisonnablement tente dans
 +cette direction, a la charite privee pour les enfants des pauvres, et a 1 industrie
 +privee pour les enfants des riches. Pour que I administration remplisse son devoir
 +en ce qui se rapporte a cette ceuvre charitable, il suffira d approprier au but vers
 +lequel elle tend 1 organisation desquartiers d enfants dans nosasiles d alienes.
 +
 +Tout en subordonnant a ce principe les propositions que j ai faites pour 1 orga
 +nisation de 1 asile de cretins a annexer a 1 asile de Basscns, j ai pense qu il ctait
 +desirable d utiliser le quartier d enfants qui doit iaire necessairement partie de
 +cette institution, pour un essai de verification des opinions qui ont ete mises en
 +avant, relativement a la curabilite du cretinisme. Bien que scientifiquement con-
 +vaincu que le cretinisme est une infirmite congeniale essentiellement incurable, il
 +m a paru qu on pouvait ne pas considerer comme a 1 abri de toute objection la
 +seule tentative de traitement du cretinisme qui ait ete effectuee par la genereuse
 +initiative de MM. Grotti et Alexandre Bich dans 1 hopital d Aoste, au milieu de
 +conditions defavorables et a pen pres exclusives du succes, et qu il serait dignc de
 +la pensee qui ouvre en France le premier asile de cretins d utiliser la realisation
 +dece bienfait pour la solution definitive d une question humanitaire et scientifique
 +d une grande importance.
 +
 +4 Projets de colonies. G est en ce qui se rapporte aux alienes non dangereux
 +et incurables qu il y a reellement eu exageration dans Implication du secours
 +d assistance publique sous la forme de 1 admission, dans les asiles. Et ce sont les
 +inconvenients de toute sorte resultant decet abus, encombrement des asiles par une
 +proportion excessive d incurables, accroissement graduel de la population de ces
 +asiles et aggravation incessante des charges publiques, qui, en frappant tous les
 +yeux, ont inspire les promoteurs de la nouvelle reforme et ont accredite des me-
 +sures et des projets que ne justifie pas la situation, malgre son incontestable gra-
 +vite, et qui dans leur ensemble represented non-seulement 1 abandon de principes
 +que la science et 1 experience ont consacres, mais encore d irrealisables utopies.
 +
 +On a vu comment de la connaissance des veritables causes du mal ressortait
 +1 indication des veritables remedes. Je n ai pas a revenir sur ce sujet. Mais il est
 +important d apprecier, dans leurs donnees fondamen tales et dans leur portee pra
 +tique, ceux de ces projets qui ne consistent pas dans les mesures deja discutees de
 +regularisation de I assistance publique par la restriction du secours d admission
 +dans les asiles, et par 1 extension du secours a domicile, a appliquer a la categoric
 +des alienes incurables et non dangereux.
 +
 +L organisation de nos asiles, au point de vue financier et economique, a pour
 +consequence de rendre possible, au moyen d une administration habile, le solde
 +
 +
 +
 +JO ALIENES (ASILES).
 +
 +annuel des budgets par un excedant de recettes. Dans ceux de ces asiles dont la
 +population depasse 500 malades, lorsque le prix d entretien pour les indigents
 +atteint ou depasse un franc, et surtout lorsque la proportion des pensionnaires au
 +compte des families est considerable, cet excjdant de recettes annuities peut s e-
 +lever jusqu a 10,000 francs, meme au dela, sans que ce benefice ait etc obtenu
 +aux depens du bien-etre des malades. C est par suite de cette condition finandere
 +qu nn grand nombre d asiles ont pu realiser des economies considerables, qui en
 +s accumulant se sont, pour plusieurs d entre eux, elevees successivement jusqu a
 +plusieurs centaines de mille francs. Pour beaucoup d etablissements ces ressources
 +out fourni les mo yens de leur appropriation, de leur agrandissement, sans que les
 +departements aient eu a concourir par des subventions a des depenses souvent
 +considerables. 11 en a ete ainsi pour les asiles de Saint-Yon, de Cadillac, de Bor-
 +tli anx, deMareville, de Blois, de Saint-Gemmes, etc.
 +
 +Ce fait atteste que quand setrouvent reunies les conditions signalees, leprix de
 +journee paye par les departements est plus que suffisant pour couvrir les depenses
 +ordinaires d entretien. Etc est parce qu il avait ete prevu comme consequence pro
 +bable, et connu comme resultat experimentalement acquis, qu on avait du admi-
 +nistrativement cherchcr a obtenir dans le developpement donne aux asiles la
 +realisation des conditions propres a le produire, et qu on avait pu fonder sur les
 +resultats d une bonne organisation du service public des alienes dans les departe
 +ments 1 esperance d unc diminution graduelle des charges departementales, par
 +une diminution graduelle du prix de journee, a partir de 1 epoque ou Torganisa-
 +tion pourrait etre consideree comme complete et definitive. C est la en effet 1 ave-
 +nir certainement reserve, pour une epoque plus ou moins rapprochee, aux
 +departements qui ont cree des asiles dans les conditions indiquees, si, comme il
 +est permis d y compter, 1 administration se decide a assurer ce resultat en impri-
 +mant a 1 assistance publique une direction convenable.
 +
 +C est sur ce fait qu on s est fonde pour considerer comme possibles des combi-
 +naisons administratives et budgetaires qui auraient pour resultat d exonerer les
 +departements de leurs charges relatives a 1 entretien des alienes indigents.
 +
 +En 1855, M. Girardde Cailleuxa developpe systematiquement cette conception
 +dans une etude qui contient des donnees inter essantes et des apercus utiles, no-
 +tamment sur lanecessite de regler les conditions de 1 admission des indigents dans
 +les asiles publics. Mais, pour se convaincre que la conception au point de vue
 +pratique est reellement denuee de base solide, il suffit de considerer que parmi
 +les conditions d ou 1 auteur de cette conception fait dependre la possibilite d ob-
 +tenir annuellement, sur un budget de 219,625 francs, un excedant de recettes de
 +55,778 fr. 53 c., equivalent a la subvention totale due par le departement pour
 +1 entretien des alienes indigenes, il en est une qui, d apres toutes les donnees de
 +1 experience, est impossible a realiser, c est-a-dire une composition de la population
 +d un asile de 350 alienes, telle que les indigents n en forment qu un peu plus de
 +la moitie, 180, et que les autres alienes, au nombre de 170, soient des pension-
 +naires entretenus au compte des families, suivant la proportion suivante : 120 3
 +420 francs, 34 a 1,200 francs, 16 a 2,400 francs. Ce n est ni en France, ni nulle
 +part ailleurs, que le nombre des alienes entretenus par les families pourra jamais
 +egaler dans les asiles le nombre des alienes que resistance publique devra conti-
 +nuer a y entretenir.
 +
 +M. Billod, qui, avant M. Girard de Cailleux, avait aussi admis la possibilite
 +d exonerer le departement de Loir-et-Cher de ses depenses d entretien, an niove. x
 +
 +
 +
 +ALIENES (ASILES). 91
 +
 +d un excedant annuel do 56,570 1 r., s etait appuye sur une condition de fait, qui
 +avail une valeur plus reelle, mais qui etait tout a fait accidentelle et propre a 1 a-
 +
 +sile de Blois.
 +
 +Cette condition, c etait 1 existence dans cet asile de 550 alienes pour lesquels le
 +departement de la Seine payait un prix de journee de \ fr. 22 c. , ladepense d en-
 +tretien ne devant s elever qu a 75 centimes, d apres une appreciation que M. Billod
 +i lui-meme depuis reconnue erronee.
 +
 +II a fallu renoncer a 1 espoir de 1 exoneration complete des departements, au
 +moyen de bonis annuels sur les budgets des asiles dans les conditions de leur or
 +ganisation actuelle.
 +
 +Mais au lieu de se resigner a poursuivre par de perseverants elforts le but rai-
 +sonnable et certain qu il est possible d atteindre par un judicieux emploi des res-
 +sources actuellement realisees ou realisables dans le systeme de nos asiles, voila
 +qu on se met de nouveau a poursuivre, sous une nouvelle forme, la chimere de
 +1 exoneration, en la demandant aux colonies agricoles.
 +
 +Ici le point de depart de 1 utopie, c est encore la realite, et une realite qui est
 +1 ceuvre de la reforme accomplie au moyen de la fondation des asiles.
 +
 +L utilite des tiavaux agricoles, demontree par 1 exemple dans I hopital de
 +Saragosse et dans la colonie de Gheel, avait conduit Pinel a exprimer le vceu qu une
 +lerme fut annexee a tout etablissement consacre au traitement de 1 alienation
 +mentale. Langermann, en Allemagne, dans I hopital de Bayreuth; Ellis, en Angle-
 +terre, dans 1 asile de Wakefield ; Ferrus, en France, a Bicetre, ont pris 1 initiative
 +de la realisation de ce voau.
 +
 +Dans la plupart des asiles d alienes actuellement existants, unte quantitc plus
 +ou moins considerable de terrain est mise en culture par les alienes. Mais c est
 +surtout la Grande-Bretagne qui a developpe dans toute son ampleur 1 organisation
 +matei ielle de 1 exploitation agricole par les alienes dans les asiles. Les fermes de
 +plusieurs etablissements anglais, celles d Hanwell et de Surrey notamment, sout
 +largement, richement installees ; les etables, les ecuries, les porcheries, etc., n y
 +laissent rien a desirer ; les laiteries y sont magniliques. Les dispositions et instal
 +lations adoptees, sur 1 avis d agriculteurs eminents, pour la constitution materielle
 +de la ferme de Quatre-Mares, sans avoir 1 ampleur et le luxe des fermes anglaises,
 +me paraissent meriter d etre proposees pour exemple.
 +
 +Depuis que j ecrivais ces lignes en 1855, le developpement des travaux agricoles
 +dans les asiles d alienes n a pas cesse de progresser pour 1 importance et pour
 +1 etendue. Et c est a 1 imitation de ce qui se pratiquait deja depuis long temps
 +dans les principaux asiles publics de la France, de 1 Angleterre et de rAllemagne,
 +qu ontete plus ou moins recemment instituees des exploitations culturales, qui ne
 +sont reellement que des fermes annexees ou detachees, bien qu on leur donne quel-
 +quefois le nom de colonies agricoles, au moment meme ou la seule colonie agri-
 +cole qui existe, cello de Gheel, repousse cette appellation presentee comme propre
 +a designer le dernier terme du progres a atteindre.
 +
 +11 est vrai que jusqu a ces derniers temps le travail agricole par les alienes avait ete
 +surtout preconise comme moyen therapeutique, et que tout en tenant compte de sa
 +valeur au point devueeconomique, onn avaitpas songe a leproclamer par excellence
 +comme preferable a tous les autres genres d occupations, ni surtout a en faire a la
 +fois le pivot de 1 organisation des asiles et la principale ressource de leurs budgets.
 +En m inspirant de 1 espritdes maitres de la science, des oeuvres qui enportaient
 +IVinpreinte en France et a 1 etranger, et des resultats de ma propre experience,
 +
 +
 +
 +92 ALlfiNfiS (ASHES).
 +
 +j avais formule en 1847, relatrvement a 1 organisation du iravail dans les asiles,
 +des regies qui me paraissent encore aujourd hui cclles qu il convicnt de suivre.
 +
 +Dans les discussions auxquelles ont ete soumises les diverses questions qui se
 +rattachent a ces regies, on a neglige une distinction fondamentale qui domine
 +toutes ces questions, la distinction de deux buts fort differents, vers lesquels doit
 +etre dirigee 1 institution du travail, suivant qu on 1 envisage comme moyen de
 +traitement pour les malades curables, ou comme moyen de bien-etre pour les in
 +curables. G est surtout 1 efficacite therapeutique du travail qu on a cue en vue,
 +quand on a preconise la superiorite des occupations agricoles, quand on a present
 +de ne pas user d autorite pour arracher les malades a 1 oisivete, quand on a insiste
 +sur 1 utilite d engager les alienes dans des occupations differentes de celles quileur
 +etaient habituelles, et meme dans les difficnltes d un apprentisage. Rien de moins
 +contestable que la justesse de ces vues generates dans 1 application du travail au
 +traitement de la folie. Seulement ilestnecessaire de reconnaitre qu a ce litre 1 em-
 +ploi du travail, comme toutes les autres ressources de la therapeutique, nepeut
 +etre soumis a des regies absolues ; qu il y a dans la direction a donner aux malades
 +grand compte a tenir de toutes les circonstances individuelles de causes, de carac-
 +teres, de formes du delire.
 +
 +C est a la sagacite du medecin, dirigeant le traitement, qu il appartient de
 +discerner, avec le tact qu une longue experience petit seule donner, quand, com
 +ment et sous quelle forme le travail peut et doit etre associe aux autres elements
 +du traitement medical. Si 1 utilite du travail dans les etablissements d alienes
 +se bornait a une influence curative, 1 importance de son emploi serait considera-
 +blement diminuee, car les malades reellement curables ne form en t qu une bien
 +faible partie de la population de ces etablissements. Mais le travail est, dans les
 +asiles d alienes, comme dans toutes les autres agglomerations humaines, une con
 +dition essentielle du maintien de 1 ordre et de la conservation des bonnes mreurs.
 +
 +Et le bien-etre des alienes meme incurables n est pas moins etroitement lie que
 +celui des autres hommes a 1 observation de la loi du travail, soit qu on le considere
 +comme un moyen hygienique, propre a entretenir la sante par le maintien de 1 e-
 +quilibre des forces, soit qu on 1 envisage comme un moyen moralisateur apte a
 +assurer la paix de 1 ame par I eloignement de la tristesse et de 1 ennui. ,.
 +
 +Ge que reclame essentiellement 1 interet des alienes incurables, ce sont des
 +occupations salubres et agreables. La salubrite et I altraitdans le Iravail n etanten
 +aucune sorte incompatibles avec sa productivity la conciliation de 1 interet des
 +malades avec 1 interet de 1 etablissement est possible.
 +
 +Et des lors le but essentiel de 1 organisation du travail dans les etablissements
 +d alienes doit etre la creation, sur une large echelle, d occupation salubres, agrea
 +bles et productives. Au point de vue de la salubrite du travail, les occupations qui
 +mettent en action tout 1 appareil locomoteur, et qui supposent 1 exercice en plein
 +air, sont celles qui doivent etre generalement preferees... Ce qui realise 1 attrait
 +dans les travaux, c est la variete des occupations, c est le changement de lieu, c est
 +la satisfaction decreer des produits, c est encore et a un haut degrela predilection
 +pour une occupation qu on avail choisie et a laquelle on esl habitue.. . Les occupa
 +tions les plus productives sont celles qui se rapportent directement et immediate-
 +ment aux besoins de 1 etablissement el par cela meme I affrancbissenl, autant que
 +possible, de tout tribut paye a des industries exterieures. Ainsi les soins domesti-
 +ques, les travaux des services generaux.la fabrication et i entretien du linge etdes
 +vetements, le blanchissage, I entretien et la creation du mobilier, I eutretien des
 +
 +
 +
 +AL1ENES (ASILES). 93
 +
 +bailments, les travaux de culture pour la production des objets de consommation
 +dc la maison, seront toujours les premieres industries a fonder dans les asilcs d a-
 +lienes. Le plus souvent ces industries peuvent suffire a occuper tous les malades
 +capables de travail, et toujours elles reunissent les conditions essentielles de salu-
 +brite, d attrait et de productivite...
 +
 +Ges regies, dont 1 application est depuis longtemps realisee avec plus ou moins
 +de perfection dans la plupart des asiles, supposent chez les medecins alienistes qui
 +les out concues, pratiquees et formulees, des vues sur le role du travail dans le
 +traitement de 1 alienation mentale beaucoup moins simples que celles des reform a-
 +teurs, qui admeltent que ce qu il y a de mieux a faire est fait des qu ayant mis un
 +outil dans la main d un aliene, on en a fait le serviteur sans gages d un cultivateur
 +ou d un artisan.
 +
 +Mais ce qui caracterise essentiellement ces regies, c est qu elles sont 1 expression
 +d une conception systematique fondee sur ceprincipe : Le travail, dans les asiles
 +d alienes, a pour destination principale le bien-etre des malades; ce n est que
 +subsidiairement qu il peut etre concu et organise comme un moyen de production
 +utile. C est en face de ce principe que se manifesto le plus evidemment la diffe
 +rence profonde qui existe entre le systeme consacre dans nos asiles et Jes divers
 +system es qu on propose de lui substituer.
 +
 +Bienquela transformation des asiles en colonies soit bypothetiquement presentee
 +comme propre a faire cesser, comme par enchantement, toutes les souffrances et
 +tous les dommages qu on attribue a 1 existence des alienes dans nos asilcs, la
 +pensee dominante de toutes les conceptions nouvelles et le but essentiel vers lequel
 +dies tendent et qu elles avouent, c est une pensee, c est un but de speculation
 +fiscale se resumant par la solution de ce probleme : utiliser le travail des alienes
 +de maniere a le rendre assez lucratif pour que son produit couvre la depense de
 +leur entretien.
 +
 +La productivite du travail de 1 aliene, qui, dans le systeme de nos asiles, n a
 +qu un role accessoire et subordonne, est au contraire 1 element dominant de la
 +base premiere du systeme des colonies. Rien de plus radical que 1 antagonisme des
 +deux principes.
 +
 +Pour en juger comparativement la valeur, il suffit de les mettre en pre
 +sence.
 +
 +Jeme contenterai de faire remarquer que, pour realiser le systeme des colonies, il
 +ne suffirait pas de transformer nos asiles en fermes, il faudrait encore transformer
 +en fermiersles medecins alienistes, qui ne conscntiraient pas facilement, jel espere,
 +a un changement aussi profond dans leur vocation.
 +
 +Mais meme au point de vue economique le systeme des colonies est loin d avoir
 +la valeur qu on lui attribue.
 +
 +Geux qui se flattent d obtenir, par 1 exploitation agricole de vastes terrains, des
 +benefices suffisants pour couvrir la depense d entretien des alienes reunis dans les
 +colonies, et qui, pour justifier lapossibilited untel resultat, n estiment pas a moins
 +de 1 5 pour \ 00 le produit net de telles exploitations, n ont sans doute pas pretendu,
 +contrairement a tous les enseignements de 1 experience, que la condition la plus
 +favorable pour tirerde la culture desterres desproduits exceptionnellement consi
 +derables, etait de substituer a 1 industrio privee la regie administrative. Non, ils
 +ont principalement compte sur deux sources de richesse productive, qui manquent
 +aux exploitations agricoles ordinaires et qui, d apres eux, seraient fournies dans
 +des proportions colossales, par le fait de la reunion des alienes en colonies d agri-
 +
 +
 +
 +9/ t ALIENES (ASILES).
 +
 +culteurs, la main-d oeuvre et les engvais. Sous ce double point de vue, rien dc
 +moins acceptable que les estimations et les calculs qui out ete faits.
 +
 +Ainsi, quant a la main-d ceuvre, on a eslime a 75 pour 100 de la population d a-
 +lienes entretenus dans les colonies, le nombre des travailleurs utiles. Sansinsister
 +surcequ il y a d exagere dans cetle estimation, il suffit, pour restreindre conside-
 +rablement la portee qui a ete attribute, dans Tele vation des produits de la culture,
 +au nombre des travailleurs dont on pourrait disposer, de reconnaitre que parmj
 +les alienes capables de travail il n en est qu un petit nombre qui puissent avec
 +avantage, au point de vue economique, etre employes aux travaux de culture,
 +meme lorsque ces travaux n exigent que de la force ; que parmi les occupations
 +d une exploitation agricole, les plus importantes, toutes celles qui exigent de 1 in-
 +telligence, des precautions, des soins, ne peuvent etre confiees a des alienes ; que
 +c est dans les exploitations restreintes, pour les cultures dites maraicheres ou sar-
 +clees, que Je travail direct de 1 homme est surtout productif, parce que rien ne
 +peut le remplacer ; tandis que dans les exploitations developpees, 1 avantage du
 +nombre des bras perd la plus grande partie de sa valeur en face de la puissance
 +des machines ; que dans toute culture, dont 1 exploitation implique 1 emploi de la
 +charrue, il n y a plus qu accessoirement place pour un travail de quelque impor
 +tance et de quelque valeur a confier a des alienes.
 +
 +II n est pas contestableque 1 agglomeration d un grand nombre d habitants dans
 +nos asiles n ait pour effet de produire des ressources d engrais dont il n est pas
 +toujours tire un parti suffisant.
 +
 +Mais cette ressource constitue-t-elle reellement le tresor ou, suivant certains
 +calculs, on pourrait retrouver plus du tiers de la depense d entretien des habitants
 +de nos asiles? On a estime a 66,000 francs la valeur utilisable et meme venale
 +des engrais produits par la population d un asile de 500 alienes, dont 1 entretien,
 +au prix de 90 centimes par jour, ne couterait en somme que 164,250 francs. On
 +peut faire sur le papier, en s appuyant sur des donnees scientifiques plus ou moins
 +rigoureuses, de tels calculs. Mais quand de la speculation on passe a la pratique, on
 +reconnait un peu tard qu aux illusions correspondent inevitablement les decep
 +tions.
 +
 +On a plus judiciensement invoque comme source de richesse a obtenir par le
 +travail des alienes au moyen de colonies 1 augmentation de la valeur du sol par
 +les defrichements, sorte de travail auquel les alienes sont en effet tres-propres, et
 +pour la realisation desquels le prix de la main-d ceuvre est en effiet un puissant
 +obstacle. Qu il soit tenu comptede cette circonstance dans le choix a faire des ter
 +rains d exploitatiou a annexer a nos asiles, c est ce que j admets parfaitement, et
 +ce que j ai plusieurs fois conseille; quant aux defrichements systematiquement
 +entrepris comme but a atteindre par 1 emploi des bras dont 1 administration peut
 +disposer, c est aux etablissements penitentiaries qu il faut, a mon avis, les laisser
 +comme role et comme ressource.
 +
 +II n est pas necessaire de se jeter dans les aventures. L experience a fait connaitre
 +ce que peut etre le benefice d une exploitation agricole dans la dependance d un
 +asile. On a les comptes pour les fermes de 1 Angleterre et pour nos asiles. La co-
 +lonie de Sainte-Anne n a pas ete non plus sans fournir des enseignements utiles.
 +Les elements de prospe rite h nanciere qu elle a parfois rencontres ont etc dus prin-
 +cipalement a la part qui revenait au travail industriel, dans 1 ensemble de son
 +organisation economique. Et quand elle a ete reduite a une exploitation agricole,
 +dans laquelle predominait pourtant 1 un des elements les plus productifs, la por-
 +
 +
 +
 +ALIENES (ASILES). M
 +
 +cherie, les benefices realises sont de nature a ne faire concevoir que des esperances
 +assez modestcs relativement au produit des i ermes administrativement regies.
 +
 +Nos etablissements sont deja et depuis longtemps engages, sous le point de vue
 +dc 1 organisation du travail, meme par 1 exploitation culturale, dans la bonne
 +voie.
 +
 +Ce qu il y a veritablement a faire, c est de donner aux asiles qui en sonl de-
 +pourvus les ressources qui leur manquent relativement a ce genre d occupa Lions
 +a la fois utiles aux malades et profitables aux etablissements ; c est de developper
 +ces ressources partout ou elles sont insuftisantes, en recourant aux fermes di ta-
 +cbees, toutes les fois que les fermes annexees feraient defaut.
 +
 +A ce point de vue, les sacrifices faits par les administrations publiques pour dotcr
 +les asiles de la possession de terrains memq, considerables, ne seront pas perdus.
 +Meme dans les conditions ordinaires de rendement, ces terres representeront un
 +revenu annuel qui attenuera annuellement 1 importance de la subvention d enliv-
 +tien. Si, comme on 1 a propose, cette dotation equivalait a un capital de 1 million
 +pour un asile de 500 alienes, il serait raisonnable d en atfendre une diminution
 +correlative dans la subvention annuelle a payer. Mais que cette diminution put
 +correspondre a un placement a 15 pour 100, c est-a-dire egaler 150,000 francs,
 +et representer pour un departement 1 exoneration de ses charges d avenir par un
 +sacrifice une fois fait du tiers du capital propre a en assurer le payement, c est ce
 +dont je conteste tres-positivement la possibilite, et je suis en outre convaincu qu il
 +y aura beaucoup a rabattre sur les benefices qu on attend des grandes exploitations
 +culturales dans la dependance des asiles d alienes.
 +
 +5 Organisation administrative et medicale des asiles. Les asiles d alienes,
 +tclsqu ils existent aujourd hui dans les divers Etats civilises, represented, paries
 +conditions de leur constitution materielle et de leur organisation administrative et
 +medicale, une ceuvre au developpement et au perfectionnement de laqnelle ont
 +concouru un grand nombre d hommes de science et de devouement. C est a 1 his-
 +loire de la psychiatrie qu il appartient de recueillir leurs noms et de caracteriser
 +pour chacun la part qui lui revieut dans 1 oeuvre commune.
 +
 +Je ne puis ici que resumer ce que 1 etude des preceptes, enseignes par les mai-
 +Ires de la science, et des institutions fondees sous leur inspiration, et ce que ma
 +propre experience, m autonsent a presenter comme les regies les plus sures.
 +
 +L organisation des asiles publics d alienes souleve tout d abord une question fort
 +controversee, celle de la constitution du pouvoirdirigeant. Dans les etablisse
 +ments hospitaliers ordinaires, 1 action medicale, bien que constituant 1 un des
 +elements essentiels de leur destination, est tellement distinctc, dans son but et
 +ses moyens, de 1 action administrative, que la separation des deux pouvoirs y est
 +a la fois necessaire et facile.
 +
 +Dans les asiles d alienes, au contraire, il y a, relativement au but a atteindre,
 +une connexion si etroite entre les moyens qui releveut de 1 action administrative
 +et ceux qui sont propres a 1 action medicale, que la reunion des deux pouvoirs a
 +ete consideree comme desirable par le plus grand nombre des alienistes ; et qu il
 +n en est aucun qui n ait ete conduit a regarder comme indispensable, ou la predo
 +minance ou au moins 1 independance absolue du pouvoir medical.
 +
 +II n est pas necessaire de developper, pour ceux qui connaissent par experience
 +les conditions d un fonctionnement aussi parfait que possible des asiles, tons les-
 +motifs quijustin ent ces opinions. Pour tousil pent suffire de les resumer en affir-
 +ttiant que dans un asile d alienes toutes les actions doivent elre subordonnees et
 +
 +
 +
 +f)6 ALIENfiS (ASILES).
 +
 +coordonnees par rapport a un but unique, la guerison et le bien-etre des alienes
 +et que 1 unite d action implique 1 unite de volonte.
 +
 +Ce ne sont pas des objections de principe qu on a opposees a la reunion du pou-
 +voir administratif an pouvoir medical dans les asiles. Onne 1 a combattue quepar
 +des considerations de difficulte ou d impossibility pratiques. On a pretendu, d une
 +part,que les aptitudes administratives font generaleinent defaut aux medecins, et,
 +d autre part, que les occupations administratives sont exclusives destravaux scien-
 +tifiques. Pour demontrer combien ces objections sont peu fondees, il pent suffire
 +d invoquer 1 ensemble des asiles ou la science marche du meme pas que 1 admi-
 +nistration, sous 1 impulsion de directeurs-medecins, que leurs aptitudes adminis
 +tratives n ont certes pas condamnes a 1 improductivite scientifique. Une objection
 +plus serieuse a etc fondee sur ce que la double tache de 1 administrateur et du
 +medecin depasserait les forces d un seul fonctionnaire, ce qui n est reellement ad
 +missible que dans certaines conditions de nombre des malades et d importance des
 +asiles, et en 1 absence d une organisation convenablement appropriee. Dans la plu-
 +part de nos asiles publics le directeur-medecin, que la loi francaise a institue, peut
 +suffire a tous les devoirs de 1 administrateur et du medecin, et realise par leur
 +accomplissement tous les avantages qui peuvent dependre de 1 unite de direction.
 +
 +L organisation des asiles francais a pourvu a ce que le directeur-medecin fut
 +efficacement seconde, dans son action administrative, par desfonctionnaires compta-
 +bles pour les finances et les services economidues, etdans son action medicale, par
 +des medecins-adjoints et des internes.
 +
 +La proportion des alienes, qui au meme moment reclament un traitement me
 +dical personnel, atteint a peine le cinquieme dela population des asiles. L institu-
 +tion des medecins-adjoints, telle qu elle a ete regularised au moyen d obligations
 +et d attributions definies, n a pas les inconvenients qu on lui a attribues, et, outre
 +I aVantage de rendre possible le maintien de 1 unite de direction, soit dans i en-
 +semble des services, soit meme dans le service medical, elle realise, dans les meil-
 +leures conditions d instruction pratique, le stage ou les jeunes medecins, prealable-
 +ment inities par quelques annees d internat a la psychiatric, peuvent acquerir les
 +connaissances et les aptitudes administratives dont ils auront plus tard a faire
 +1 application dans les fonctions de directeur-medecin.
 +
 +L institution des medecins-adjoiuts est Tun des elements necessaires de cet en
 +semble de mesures, qui par 1 augmentation et le classement des traitemenls, par
 +la fondation desretraites etpar la pratique de 1 avancement hierarcbique, out im-
 +prime aux emplois dans nos asiles les caracteres d une veritable carriere de fonc
 +tions publiques, ou la science et le devouement peuvent obtenir les encourage
 +ments dont ils sont dignes , et ou le niveau de la science psycbiatrique s est
 +considerablement eleve depuis un certain nombre d annees.
 +
 +Si des circonstances exceptionnelles, parmi lesquelles s offre au premier rang
 +une population tres-considerable et depassant par exemple le chiffre 500, peuvent
 +rendre utile ou indispensable la separation des fonctions d administrateur et de
 +medecin dans les asiles d alienes, ainsi que le fait se trouve realise pour plusieurs
 +etablissements en France, il est possible de neutraliser les inconvenients d une
 +telle organisation, ainsi qu y ont pourvu la legislation francaise et surtout le regie-
 +meat du 20 mars, par la definition exacte des attributions, et par I ensemble des
 +dispositions qui soumettent au controle d une commission de surveillance, et a
 +1 autorite des prefets et du ministre, 1 exercice des deux pouvoirs et le jugement
 +des conflits d autorite qui peuvent s y rattacher.
 +
 +
 +
 +ALlfiNES (ASILES). !)
 +
 +(Test surtout a sauvegarder 1 unile du pouvoirdans la sphere medicale que tsn-
 +dent par leurs prescriptions les lois et les reglements, et c est une mesure evidcm-
 +ment contraire a leur esprit et en mcme temps a la donnee la plus fondamentale
 +dela destination des asiles, que le partage du service medical entre plusieurs me-
 +decins, qui a pour effets necessaires non-seulement la rupture de 1 unitedans les
 +vues, mais encore 1 abaissement du pouvoir medical. Cette mesure ne peut etre, 5
 +mon avis, approuvee que quand elle peut etre motivee, comme dans les centres
 +d instruction, par des necessites exceptionnelles d enseignement public.
 +
 +C est a bon droit qu on a generalement rattache au service medical, comme une
 +de ses dependences essentielles, la direction du service de surveillance, qui, dans
 +les asiles d alienes, est par-dessus tout un moyen de traitement. Les surveillants
 +dans les asiles out par les charges de leur emploi tous les caractercs qui appartien-
 +nent aux infirmiers dans les etablissements hospitaliers ; leurs fonctions devraient
 +s elever en dignite, comme elle s eleve en fait au-dessus de la condition commune
 +aux serviteurs salaries.
 +
 +Sous ce point de vue, dans les pays catholiques, les congregations religieuses
 +realisent tout ce qn il est permis de desirer de mieux pour la surveillance des
 +quartiers de femmes dans nos asiles. Tout ce qu on peut attendre du cceur de la
 +femme en devouement affectueux et en soins compatissants, delicats, eclaires, on
 +1 obtient des religieuses dans des conditions d abnegation personnelle, et avec des
 +garanties de moralite que ne peuvent offrir au meme degrelesinfirmieres laiques.
 +La suppression complete de 1 element laique dans le personnel des femmes au ser
 +vice des asiles est a mes yeux un avantage inestimable, qui devrait etre plus gene
 +ralement et plus absolument recherche. L experience a prouve que les inconve-
 +nients des tendances a 1 envahissement du pouvoir, generalement imputees aux
 +congregations religieuses, ne se rencontrent pas dans nos asiles publics et, tout en
 +admettant que ce resultat a pu etre assure par les stipulations des traites et par
 +les prescriptions des reglements, il est juste de re&lt; onnaitre que plusieurs congre-
 +gations de femmes, qui ont fait entrer dans les destinations de leur oauvre les
 +soins a donner aux alienes, se sont constamment montrees a la hauteur de cette
 +vocation par leurs aptitudes, leur devouement et leur esprit de conduite.
 +
 +Les motifs qui justifient la preference a donner aux congregations religieuses
 +relativement aux laiques pour la surveillance dans les quartiers de femmes, n exis-
 +tent pas en ce qui se rapporte aux quartiers d hommes.
 +
 +Et la constitution d un bon personnel de surveillance dans ces quartiers, aussi
 +bien que dans les quartiers de femmes, quand les congregations religieuses font
 +defaut, represente un probleme dont on s est constamment preoct upe et dont la
 +solution n a ete par quelques alienistes congue comme possible qu a la condition de
 +la creation d institutions speciales pour la formation d infirmiers.
 +
 +La realisation de ces vues theoriques, qui presenterait des difficultes probable-
 +ment insurmontables,n est heureusement pas indispensable. L experience a prouve
 +qu il est possible d arriver a une organisation suffisante du personnel de surveil
 +lance dans les asiles par 1 observation d un certain nombre de regies dont il suffit
 +d indiquer les principales : institution d un surveillant en chef qui soil un fonc-
 +tionnaire apte, capable etdigne ; classement des infirmiers en categories, avec con
 +ditions reglees d avancement hierarchique ; gratifications de fin d annee ; adoption
 +d un costume ; reglement disciplinaire equitable et severe. A ces mesuresil serait
 +indispensable d ajouter celle qui assurerait aux bons infirmiers un avenir moms
 +chanccux que celui cle la position de reposant. f/institiiliou de caisses tie retraite
 +
 +niCT. EM. III. 7
 +
 +
 +
 +,8 ALIENES
 +
 +pour les infirmiers prescnle de grandes difficultes, muis u cst pas impossible ainsi
 +que 1 atteste ce qui se pratique dans 1 asile de Stephansfeld. Je crois qu il scrait
 +plus simple, plus expeditif et plus sur d utiliser, comme on 1 a fait dans quelques
 +departements pour les cantonniers, la caisse de la vieillesse, en y assurant pour
 +les iafirmiers, au moyen de retenues mensuelles, 1 equivalent d une retraite.
 +
 +Ce n est pas sans de grands et perseverants efforts qu on est parvenu a obtenir
 +dans les asiles que les alienes y fussent traites, pour le regime alimentaire, pour
 +1 habillement, pour le coucher, non-seulement d apresdes regies fixes, mais encore
 +conformement aux indications dela science et aux exigences de 1 hygiene.
 +
 +Sousces divers points devue, les veritables principes ont generalement prevalu,
 +et, depuis le reglcment du 20 mars qui les a consacres, leur application se realise
 +de jour en jour d une maniere plus generate et plus complete.
 +
 +En ce qui concerne 1 alienation mentale, la qualite du pain a ete amelioree, et
 +la distribution en est generalement faite a discretion, c est-a-dire pour chacun sui-
 +vant ses besoins vrais, a la difference de ce qui a lieu dans les prisons, a 1 imita-
 +lion de ce qui se pratique dans les families ; le regime gras, d exceptionnel qu il
 +etail, comme dans les etablissements penitentiaires, est devenu habituel selon les
 +usages de la vie ordinaire, et le nombre des jours gras a ete porte a cinq par se-
 +maine ; la quantite de la viande a distribuer quotidiennement a ete elevee a des
 +proportions generalement suffisantes. La boisson fermentee, en usage dans le pays,
 +s est associee pour une quantite plus ou moins notable a 1 eau qui a cesse d etre
 +considered comme la boisson normale ; le nombre des repas, le nombre etla nature
 +des mets ont ete regies et determines.
 +
 +Les alienes indigents ont du etre fournis de tous les elements d un trousseau
 +determine, de maniere que leurs vetements au moment de 1 entree, re-pares,
 +mis en etat et conserves, puisscnt leur etre remis au moment de la sortie. A la
 +paille couverte de draps, on renfermee dans une toile, ont ete substitues des ma-
 +telas, et le lit a etc constitue pour tous ses elements dans les conditions de la vie
 +ordinaire.
 +
 +Ton les les regies relatives a 1 entretien des indigents dans les asiles publics, places
 +directement sous 1 autorite des prefets, ont ete etendues aux quartiers d hospice et
 +aux asiles prives faisant fonctions d asiles publics.
 +
 +C est dans les instructions ministerielles et dans le reglement du 20 mars qu on
 +peut trouver toutes les particularities des prescriptions qui ont eu pour but et pour
 +elfet d assurer par 1 organisation administrative et medicale des asiles la realisation
 +dc leur destination.
 +
 +On peut considercr ces prescriptions comme la consecration officietle des prin
 +cipes et des regies que les alienistes ont ete successivevnent conduits a poser, a
 +formuler et a mettre en pratique d apres les enseignements de la science et de
 +1 experience.
 +
 +Ainsi. en ce qui concerne la remuneration du travail, le reglement du 20 mars a
 +fait prevaloir en principe qu on ne pouvait legitimement attribuer ce caractere ni
 +a la concession de vivres supplementaires a attribuer aux alienes employes a des
 +travaux penibles, ni a la distribution quotidienne de tabac a assurer gratuitement
 +a tout aliene indigent cbez qui 1 habitude de priser ou de turner a ete positivement
 +constatee au moment de 1 admission. II a interdit d occuper habituellement les
 +alienes a aucun des travaux qui consistent exclusivement dans 1 emploi de la force
 +musculaire et qui sont a 1 usage des animaux, tels que mise en mouvement de
 +pompes, roues, machines, etc., et de louer leurs bras a des tiers pour des travaux
 +
 +
 +
 +ALIKNUS (ASILES). 90
 +
 +quelconques. Enfm il a rendii obligatoirc pour tous les asiles publics I ciist inlilr
 +des mesures qui, a Saint-Yon des 1836, avaient fonde sur le droit de 1 alienc a
 +une remuneration pour son travail une institution de bienfaisance qui, tout en
 +ayant pour destination principnle d assnrer a tout aliene gucri, au moment de sa
 +sortie, un pecule suffisant pour faire face aux premiers bcsoins de la vie pendant
 +une ou deux semaines, donne en outre les moyens de procurer a ( aliene incurable,
 +durant son sejour dans le refuge qni lui est impose, quelques avantages de bien-etre
 +exceptionnel qu il puisse considerer comme le fruit de la recompense de son tra
 +vail, et qui soient de nature a le rattacher par le souvenir et par 1 esperance nu\
 +conditions ordinaires de la vie libre, et a lui devenir profitables pour le casmemc
 +d une sortie sur laquelle on aurait perdu le droit de compter.
 +
 +Le reglement du 20 mars, en imposant 1 obligation dela redaction d observatipns
 +individuelles pour tous les alienes entretenus dans les asiles, n a pas eu seuleme.nl
 +pour but de suppleer aux insuffisances des annotations medicales, legalement pres-
 +crites pour la justification des motifs d admission, de maintenue, de sortie et de
 +1 ournir relativement a la legitimite des sequestrations un complement utile de
 +garanties ct de moyens de controle. La redaction de ces observations, confieeprin-
 +cipalement aux meclecins-adjoints et aux internes, les oblige a developper Imr
 +instruction personnelle tout en creant des documents dont la collection ne lardera
 +pas a representer un tresor inestimable d archivcs scientifiques.
 +
 +En s etendant a tousles details dela vie des alienus dans les asiles, ct en reglanl
 +minutieust ment pour tous ceux qui ont une action quelconque a exercer sur les
 +alienes les conditions de cette action par la definition des attributions et des de
 +voirs, les prescriptions qui constituent les elements de ( organisation administra
 +tive et medicalede ces etabbssements ne se juslifientpas simplement ct isolcrnent
 +par le but particulier que chacune d elles est specialement prop re a atteindre. I .ir
 +lour ensemble elles represented une coordination systematique de moyens tendant
 +a un but general, la realisation de cette influence toute-puissante des asiles qui a
 +ete justement caracteiisee par ces paroles si souvent citees d Esquirol : 1 asile d a-
 +lienes doit etre un instrument de guerison, et dont la realisation dans toute son
 +efficacite depend de ( excellence de leur organisation administrative et medicale
 +plus encore que de la perfection de leur constitution materielle.
 +
 +Dans ma notice sur 1 asile des alienes de Saint-Yon, j ai designe sous son veri
 +table nom, traitement moral general de la folie, cette influence, dont j ai des
 +cette epoque signale le veritable caractere et les principaux moyens.
 +
 +Une grave erreur a longlemps domine les vues de la therapeutiqne et la prati
 +que en ce qui concerne les fous, Elleconsiste a croireque 1 isolement des malades,
 +si frequemment conseille comme la condition premiere d un traitement elficace,
 +doit etre entendu comme s il s agissait de soustraire le malade a tout contact hu-
 +main, a tout acte de vie sociale. On a enfin compris que s il est de premiere im
 +portance, pour la guerison de la folie, de soustraire le malade aux conditions de la
 +vie sociale, a celles dans lesquelles il a puise samaladie et a celles qu il a realisees
 +par suite de son delire, il n est pas moins important, pour ramener le calme et la
 +raison dans son ame, et pour le preparer a reprendre un jour le role qui lui ap-
 +partient dans la vie commune, de lui creer, dans 1 ordre et sous une discipline a Ja
 +fois douce et severe, des conditions d existence preferables a celles qu on Jui a liut
 +abandonner, mais pourtant analogues a celles qu il doit reprendre un jour, et qui
 +entre nt necessairement dans la destination bumaine.
 +
 +C est en ce sens que ( organisation bien entendue de 1 asile nieme ousont r
 +
 +
 +
 +100 AL1E.NES USILES).
 +
 +les alienes est un premier moyen de traitement moral dont la puissante influence
 +se traduit, a propos de malades qu on y introduit, quelquefois par une guerison
 +immediate, ordinairement par la prompte cessation de leurs manifestations les plus
 +desordonnees.
 +
 +Les habitudes d ordre, de regularite, de proprete, de soumission, de sobrit te,
 +jointes aux conditions favorables d un regime alimentaire et d une babitation salu-
 +bres, qui resultent, pour les malades, du fait de Icur introduction dans un asile
 +d alienes bien tenu, constituent deja au point de vue du traitement moral de
 +grandes et eftkaces ressources.
 +
 +On en peut realiser de plus puissantes encore, et c est en les creant que les
 +medecins de la generation actuelle se sont montres les dignes emules de leurs
 +illustres devanciers.
 +
 +Cos mo yens, dont [ ensemble constitue le traitement moral general de la folie,
 +qui etaient des cette epoque pour la plupart mis en pratique dans un certain
 +nombre d asiles, et dont la propagation et le perfectionnement ont ete le but prin
 +cipal des reglementations recentes, consistent dans 1 emploi judicieux des secours
 +de la religion, dans le developpement et 1 appropriation du travail, dans la creation
 +des raoyens de distraction par les jeux, les recreations, les promenades interieures
 +et exterieures, par les exercices intellectuels, lectures individuelles et en cora-
 +mun, enseignement primaire, cbant, messes en musique, concerts, musique in-
 +strumentale, dans la regularisation des relations de famille et d amitie, dans 1 insti-
 +tution d une discipline morale appropriee a 1 homme dans 1 etat d alienation men-
 +tale.
 +
 +(i Pour caracteriser dignement, dans la pensee qui lui a donne naissance et dans
 +la portee que la pratique peut lui assurer, ce sysleme de principes, de prescriji-
 +tions et de regies, il sulfit de rappeler qu il a ete surtout le resultat de cette con
 +viction : que la principale source de 1 influence morale, qui peut etre exercee
 +sur les alienes est dans 1 amour intelligent qu on leur porte et qu on leur te-
 +moigne.
 +
 +Pour la fondation et la construction des asiles, comme pour leur organisation
 +administrative et medicale, les principes et les regies dont il est possible de demon-
 +trer la legitimite se deduisent necessairement de la determination de la destina
 +tion a donner a ces etablissements.
 +
 +Ces principes et ces regies no sont en eflet que les moyens, indiques par la science
 +et 1 experience, d atteindre le plus surement possible, a tous les points de vue, le
 +but que ces etablissements doivent realiser.
 +
 +C est done a constituer a tous egards dans les meilleures conditions des etabb s-
 +sements de siirete pour les alienes dangereux, de traitement pour les alienes cu-
 +rables, de refuge pour les alienes incurables et non dangereux, que doit tendre
 +1 art de construire les asiles d alicnes, et c est en effet a realiser cette triple des
 +tination que se sont appliques depuis un demi-siecle les eftorts de la science et de
 +1 art.
 +
 +Je ne puis me proposer ici, ni de faire I histoire de cet immense mouvement
 +d idees etd oeuvres tendant, a diverses epoques et dans divers pays, etpar diverses
 +conceptions systematiques,a un meme but,ni de signaler et de caracteriser chacun
 +dc S:&gt;s principaux effets en les i attachant a la creation cl e ces nombreux asiles de
 +premier oidre, dont les principaux Etats de 1 Europe peuvent a bon droit s enor-
 +gueillir, ni meme d exposer 1 eusemble des regies et des principes qui peuvent etre
 +fondcs sur une appreciation judicieuse et eclairee des resultats obtenus.
 +
 +
 +
 +ALTfiNfiS (ASILES). 101
 +
 +J ai essaye ailleurs de trailer ce sujet avec tous les developpements qne com-
 +porte un traite special. Je me bornerai ici a une enumeration rapide des principales
 +conditions que la constitution materielle des asiles doit realiser pour que leur des
 +tination soit completement atteinte, en insistant toutefois avec quelques develop
 +pements sur celles de ces conditions qui, par leur importance et par leur nature
 +toute speciale, peuvent etre considerees comme les plus essentielles, et a propos
 +desquelles des dissentiments plusoumoinsprofonds subsisteut parmi les alienistes.
 +
 +Les asiles d alienes doivent avant tout reunir toutes les conditions hygieniques
 +que la science reclame en faveur de tous les etablissements ho.-pitaliers, et qui se
 +rapportent au choix de 1 emplacement, a 1 eloignement des causes d insalubrite, a
 +1 approvisionnement d eau, a la distribution des bailments d habitation dans des
 +rapports a tous egards convenables avec les dependances et les services geneiaux,
 +a une disposition des habitations de jour et de nuit appropriee, non-seulemenl a
 +la commodite des habitants et a la facilite des services, mais encore au but essentiel
 +ilu renouvellement de 1 air respirable, a 1 institution de moyens arf ificiels efficaces
 +pour lechauffage et la ventilation, et a 1 installation cpnvenable des lieux d aisances,
 +des bains, etc.
 +
 +Sous ces divers points de vue, les asiles d alienes presentent des indications
 +speciales qui se rapportent principalement a la necessite do donner un developpe-
 +ment plus grand au domaine de 1 asile, en vue d obtenir des ressources de culture
 +propres a constituer les elements d une ferme ; des assurer un approvisionnement
 +d eau considerable, motive par les besoins du service des bains, de la buanderie
 +et de 1 exploitation culturale ; d etablir dans la dependance immediate des habita
 +tions des ateliers de travail et des lavabos ; de developper, en debors des habita
 +tions, des ateliers pour les diverses industries auxquelles il est convenable d em-
 +ployer les alienes ; d adoptor pour 1 installation des lieux d aisances le systeme des
 +fosses mobiles, qui permet de mamtenir sans inconvenient au contact des habita
 +tions les cabinets d aisances, et de constituer ces cabinets de maniere qu on
 +puisse obtenir constamment une parfaite proprete dans tous les quartiers, suivant
 +la methode que j ai fait prevaloir dans les mieux tenus de nos asiles ; enfin de
 +substituer a la centralisation des bains sur un seul point, dans un batiment unique,
 +leur dissemination dans les quartiers suivant les necessites du classement par sexe
 +et par categories.
 +
 +La realisation de 1 ensemble de ces conditions pour chaque asile a fonder moti-
 +verait prealablement 1 etude approfondie d un programme administratif et medi
 +cal, d ailleurs encore plus imperieusement imposee parla complexite du probleme
 +dout la construction d un asile d alienes doit donner la solution. G est a 1 absence
 +on a 1 iusuffisance d une telle etude que doivent etre principalement attributes les
 +imperfections dont se trouvent entaches la plupart des asiles.
 +
 +En effet, malgre toute leur importance, les enseignements des traites speciaux
 +ne peuvent suftire, a raison meme de leur generalite.
 +
 +Un programme type n est pas plus possi jle, pour la fondation, qu un plan type
 +pour la construction des asiles d alienes. Le programme doit etre subordonne aux
 +conditions speciales des besoins du service comme le plan aux conditions speciales
 +de 1 emplacement.
 +
 +C estence quiserapporte au programme administratif que se manifesto avec une
 +enliere evidence cette impossibilite d une solution absoluepour des questions aux
 +quelles la diversite des situations foil perdre les caracteres de 1 identite. II en est
 +ainsi des questions relatives a la nature de la maladie, a la condition sociale, au
 +
 +
 +
 +*92 ALIENfiS (ASILES).
 +
 +&lt;-exe, a 1 age, au nombre des malades a admettre dans un memeasile. En se fon-
 +diint sur nn ensemble de considerations administrative*, medicates, econoniiques,
 +en a pu poser en principe que le nombre des malades a admettre dans unasile doit
 +depassur ,"00 et peut atteindre 500 ; qu il y a lieu de recevoir, suivant lesbesoins
 +cln service public, sans distinction de la nature de la maladie, les alienes dangereui
 +ct non dangereux, curables et incurables, sans distinction d" age, les enfants aussi
 +1 11 1 , n que les adultes ; que la reunion des deux sexes dans le memo etablissement
 +ii ofirepasd inconvenients qui ne puissent etre neutralises, et presentc au point de
 +vue economique de tres-giMiids a\anla.-es;enfin que 1 admission dans les asiles pu
 +blics, essentiellemeut destines aux indigents,de pensionnaires tmtretcnusau compte
 +des families, est non-seulement desirable dans 1 interetde la prosperity financiere de
 +ces etablissements, mais est de nature, en outre, a servir la societe, encreant pour
 +les classes moyennes, a des prix moderes, des resources de traitement qu elles ne
 +rencontreraient pas ailleurs.
 +
 +I Application deces regies, dont la plupart des asiles existantsoffre 1 exemple, est
 +in flirt de nature a donner pleine et entiere satisfaction aux besoins du service
 +public dans le plus grand nombre des cas, et a permettre en meme temps, dans
 +les meilleures conditions d efficacite, la realisation de leur destination, conforme-
 +ment a Umles les indications de la science psyclriatrique.
 +
 +.Mais pour que cette application suit possible, il faut que la circonscription tern-
 +toriale a desservir par un asile ne comporte pas, pour le nombre total des alienes
 +a secourir, un cbillre qui depasse sensiblement celui que la science et [ experience
 +ont assigne comme limite a la population normale d ir.i asile d alienes. S il en usl
 +autrement, et cela arrive dans la plupart des pays pour un certain nombre de cir-
 +conscriptions territoriales, provinces, conitrs, dr. , et en France pour plusieurs de-
 +l&gt;;trle-monts et o.\|ii-f( iiiciit pour le departement de la Seine, le programme
 +ailiumistratif du service des alienes se pose dans des condilions exclusives de 1 ap-
 +plication de ces regies, et reproduit au point de vue pratique, pour des cas excep-
 +tionnels, ces memes questions dont latbeorie avait donne la solution pour lagene-
 +ralite des cas.
 +
 +C est sous 1 influence de ces circonstances exceptionnelles que se sont developpes
 +en Angleterre et en France des asiles dont la population a depasse la limite gene-
 +ralement admise jusqu a atteindre 1,000 malades et meme davantago. Les incon-
 +venients de ces accumulations demesurees de malades, a beaucoup d egards inevi
 +tables, ont ete surtout aggraves paj 1 ce fait qu ils ont generalement represente
 +une succession d expedients auxquels on a eu recours pour faire face a des besoins
 +sans cesse croissants, au delade previsions incessamment deconcei tee&gt;. Aussi dans
 +ces institutions ne doit-on voir qu une anomalie et non une solution.
 +
 +Le probleme meriterait une elude approfondie. Je ne puis ici qu indiquer les
 +solutions les plus raisonnables, qui different necessairemeut Miivaiit la diflerence
 +des situations.
 +
 +Pour une circonscription dont le service public des alienes comporte de 1 ,000
 +a 1,500 places, la creation d asiles speciaux pour cbacun des deux sexes se presente
 +lout d abord comme le moyen le plus propre a donner satisfaction a toutes les in
 +dications. Chacun de ces asiles comporte separement 1 application de toutes les
 +regies donnees par la theorie, avec 1 avanlage de n avoir pins a tenir compte de la
 +necessitie do separor arcbitecturalemont deux elements babiluellerneiit int ganv en
 +importance, et de pouvoir appropricr plus specialement cbacun des asiles a sa des
 +tination d tiabitation pour des homines 0:1 jionrdcs fenuues.
 +
 +
 +
 +ALIENES (ASILES). 103
 +
 +Pour ne pas perdre les avantages d echange economique cle services cnl re Ics
 +leux asiles, il suffirait de les instituer a une petite distance, comme le fait ex Mr
 +pour les deux asiles de la Seine-Inferieure, ou mieux encore de les rapprocher
 +presque jusqu au contact, selon le projet etudie d apres mes indications pour ce
 +departement, il y a environ dix ans.
 +
 +Meme en 1 absence de cette condition, les avantages de la separation des sexes
 +dans des asiles distincts, pour le cas d une population totale d alienes depassant la
 +limitenormale, ont pu etre apprecies dans les circonscriptionsterritoriales ou 1 on y
 +a eu recours, dans les departements de la Seine, de la Seine-Inferieure, du Nord,
 +de la Gironde, etc.
 +
 +Cette solution serait applicable aux circonscriptions dans lesquelles le nombre
 +des alienes est encore plus considerable, et peut meme s elever jusqu a 5 ou 6,000
 +comme dans le departement de la Seine, et ou plusieurs groupes de deux asiles
 +associes pourraient suffire a tous les besoins du service, en conservant dans chaque
 +asilc et dans chaque groupc 1 ensemble des conditions qui paraissent les plus
 +propres a realiser a tous les points de vue le type juge preferable pour les asiles en
 +general.
 +
 +D autrcs solutions ontpu neanmoins etre congues etproposees, en tenant com pie
 +de considerations qui ne sont p;is applicables aux services oidinaires.
 +
 +La reunion dans un meme asile des curables et des incurables, des idiots et des
 +fous, des alienes ordinaires et des alienes epileptiques, des adultes et des enfants,
 +des indigents et des pensionnaires, presente a divers points de vue des inconve-
 +nients tout aussi bien que la reunion des deux sexes.
 +
 +Et c est la necessite de neutraliser autant que possible ces inconvenients, qui
 +multiplie pour les asiles le nombre des quartiers indispensables, et qui coiupliqiK
 +pour 1 art les donnees du probleme arcliitectural.
 +
 +Sous ce point de vue la question du programme administratif, pour un service
 +d alienes impliquant la necessite de la creation de plusieurs millicrs &lt;)&lt; |il,-icrs dans
 +des asiles, m a paru, quand je 1 ai anterieurement etudiee, et me parait encore
 +aujourd hui comporter d une mamere generalc les solutions suivantes.
 +
 +II y aurait d abord lien de nc pas compliquer le probleme, deja si difficile quand
 +on le restreint a 1 essentiel, c est-a-dire an service public pour les indigents, en
 +1 etendant jusqa aux pensionnaires a entretenir au compte des families.
 +
 +On on ouvre aux families peu aisees la ressource du placement dans les asiles
 +publics dans les conditions du regime commun, et pour un prix d entretien aussi
 +laible que possible, c est la un devoir social qui ne peut etre raisonnablement de
 +cline par les administrations publiques.
 +
 +Mais au dela de cette limite, et de plus en plus evidemment a mesure que le
 +prix d entretien devient plus eleve, c est a 1 induslrie privee qu il appartient es&lt;en-
 +tiellement de subvenir aux besoins de la societe, en instituant pour cette destina
 +tion speciale des asiles appropries.
 +
 +Sur un nombre total de plusieurs milliers d alienes, les enfants ages de moins
 +de seize ans offrent une proportion assez considerable pour motiver la creation d un
 +etablissement reunissant les deux sexes, et realisant 1 ensemble des conditions ex-
 +ceptionnelles de constitution materielle, d organisation administrative et medicale,
 +qui doivent jusqu a un certain point assimiler un refuge d enlants faibles d esprit
 +a une institution d education physique, intellectuelle, morale et profession nelle.
 +
 +La complication de 1 epilepsie avec 1 alieuation mentale impose aux asiles ordi
 +naires des necessites de separation dii ficiies a realiser. Un nofnbre d aliene s epilcp
 +
 +
 +
 +104 ALIENES (ASILES).
 +
 +tii|iics depassant plusieui s cen tallies d individus des deux sexes a secourir par
 +1 admission dans les asiles publics, motiverait d autant mieux la creation d une
 +institution speciale qu il serait possible, tout en donnant satisfaction aux exigences
 +legales relatives aux alienes, d anuexer a retablissement principal un hopital de
 +Iraiti iiient pour 1 epilepsie simple, element qui fait completement defaut dans nos
 +institutions d assistance publique.
 +
 +Les obligations du service se trooveraient ainsi restreintes a la creation du
 +noinbre des places de regime comniun a attribuer aux alienes adultes et non epi-
 +
 +leptiques.
 +
 +C esten face de telles obligations que s est posee la question de la separation des
 +curables et des incurables, qui a ete surtout en Allemagnc 1 objet d etudos appro-
 +Ibndies et d essais de diverse nature, et que 1 institution d etablisscments speciale-
 +ment appropries au traitement curatif de la folie, se trouverait parfaitement justifiee
 +lors meme qu elle ne serait pas d ailleurs reclamee par les besoins de 1 enseigne-
 +ment public dans les grands centres depopulation.
 +
 +Le complement des places necessaires pour les besoins du service serait obtenu
 +par la fondation d un nombre suffisant de groupes d asiles associes pour les deux
 +sexes, dans des conditions de constitution materielle simplifiee, quant au nombre
 +et a la nature des quartiers, et d organisation appropriee principalement au traite
 +ment palliatif de P alienation mcntale.
 +
 +Si la viriahilite des destinations, subordonnee a la diversite dans les besoins des
 +services publics, ne permet pas de soumettre a des regies absolues le programme
 +administratif, c est-a-dire de Iburnir, dans des conditions identiques, aux adminis-
 +trateurs, aux medecins et aux arcliitectes le point de depart oblige de tout projet
 +ct de tout plan d asile, it n en est pas de meme en ce qui concerne les regies
 +auxquelles doit se conformer le programme medical des etablissements de cette
 +nature.
 +
 +Quelles qu aientpu etre les conditions du programme administratif, ence qui se
 +rapporte au nombre des habitants des asiles, a leur sexe, a leur age, a leur condi
 +tion sociale et meme jusqu a un certain point a la forme et au degre de lamaladie,
 +le but medical demeure identique ; il s agit toujours de realiser pour des alienes
 +les conditions les plus favorables de traitement curatif et de traitement palliatif;
 +et a ce sujet les enseignements de la science et de 1 experience out demontre que
 +c st par la constitution de quartiers distincts, specialement appropries a des cate
 +gories determinees d alienes, que la constitution materielle des asiles peut con-
 +courir a assurer 1 efficacite du traitement medical.
 +
 +G est au classement des alienes par categories, et a 1 indication des caracteres
 +particuliers que doivent offrir les quartiers de classement, que se rapportent
 +essentiellement les regies d apres lesquelles doit etre institue tout programme me
 +dical.
 +
 +Cette donnee do tout projet et de tout plan d asile s impose necessairement a
 +Fart architectural, comme une condition qui ne peut etre subordonnee a aucune
 +consideration etrangere, et qui doit obtenir pleine et entiere satisfaction pour
 +qu un asile d alienes quelconque soit reellement mis en rapport avec sa veritable
 +destination.
 +
 +Aussi est-ce par le perfectionnement successif du classement des alienes et de
 +1 appropriation des quartiers de classement, que s exprime et se mesure le progres
 +accompli dopnis les premieres tentatives d amelioration des asiles d alienes a la
 +fin du dernier siecle jusqu aux creations les plus recentesde 1 art moderne.
 +
 +
 +
 +ALlfiNfiS (ASILES). 105
 +
 +L idee de la necessite de donner a 1 habitation de 1 aliene un caractere cxcep-
 +tionnel, en vue de reprimer ses penchants a la violence, a la turbulence, a la mal-
 +faisanceetd en neutraliser les effets par des obstacles materiels,apasse des prisons,
 +d ou la reforme laisait sortir les alienes, jusque dans les refuges qu elle leur ou-
 +vrait, s est longtemps perpetuee dans les asiles et a laisse des traces encore sub-
 +sistantes dans les principes adoptes pour le classement des malades, et dans les
 +pratiques suivies pour 1 appropriation des quartiers.
 +
 +Ainsi la cellule, avec ses murs opais,ses portes verrouillees,ses fenctresgrillees,
 +son sol dalle, son lit fixe, son siege d aisances inamovilile, c est-a-dire avec toutes
 +les conditions d un lieu de reclusion permauente, a constitue dans 1 origine 1 ele-
 +ment essentiel et unique de tout asile d alienes.
 +
 +La modification et 1 attenuation de ces caracteres de cellule d incarceration et
 +la restriction de son emploi a une proportion d alienes de plus en plus faible, ex-
 +priment 1 une des principals ameliorations apportees par les progress de 1 art d;ins
 +le regime des asiles. Et pourtant la conception primitive a etc maintenue dans la
 +constitution la plus ordinaire du quartier destine a ceux des agites qu on a con
 +tinue a appeler des 1 urieux, et on 1 a meme, sous pretexte de perfectionnement,
 +plus energiquement aceentuee par 1 addition a la cellule du promenoir individurl
 +emprunte aux etablissements penitentiaires.
 +
 +Ainsi, dans un grand nombre d etablissements, et meme dans les projets et les
 +plans les plus recents, le principe dominant du classerncnt est encore emprunte
 +a la consideration de 1 etat d agitation, motivant par son degre des quartiers
 +distincts pour les paisibles, les demi-paisibles, les agites, les furieux, classifica
 +tion qm represente 1 enfance de 1 art et qui n est applicable qu aux etablissements
 +ou n a pas etc depasse le niveau atteint depuis plus d un quart de sieclc. Parnu
 +les resultats du perlectionnement suecessif do la psychiatric dans les etablissements
 +d alienes, 1 un des plus frappants, des plus generaux, des plus considerables, est
 +I attenuation du iait de 1 agitalion chez les alienes vivant en communaute. Cette
 +attenuation qui, variable suivant le sexe, suivant la saison et surtout suivant les
 +conditions de traitement, a pu etre poussee dans certains asiles jusqu a 1 effacement
 +absolu, aeupour effet defaire reconnaitre generalement que, dans 1 ordonnance des
 +asiles d alieaes, il y a lieu de restreindre a de petites proportions les habitations
 +exceptionnellement disposees en vue d obtenir 1 apaisement de 1 agitation, ou de
 +rnettre obstacle aux effets de 1 agitation chez les alienes. A mesure que le calme
 +habituel est devenu dans nos asiles le fait normal pour la plus grande partiedo leur
 +population, la consideration de 1 etat d agitation, comme element de classement, a
 +perdu de son importance, et il y a deja longtemps qu elle n a plus les caracteres
 +d un principe general de classement, dans les asiles d alienes, si ce n est pour le
 +partagede leur population totale en deux categories : 1 une formant la plus grande
 +partie de la population sous le nom de malades tranquilles ; 1 autre iormant un
 +petit groupe d alienes chez lesquels le fait actuel de 1 agitation, ou plutot encore
 +la disposition a 1 agitation, rendent necessaires des moyens de traitement excep-
 +tionnelset, parmi ces moyens, la residence plus ou moins prolongee dans un quar
 +tier special, le quartier des agites.
 +
 +Dans 1 etat actuel de la science, voici d apres quels principes me parait devoir
 +otre institue le classement des alienes dans les asiles an moyen de la creation de
 +quartiers distincts.
 +
 +11 y a d abord lieu d appliquer aux asiles le principe general qui doit regir le
 +classement de la population dans tons les etablissements hospitallers : division de
 +
 +
 +
 +106 ALIENES (ASILES).
 +
 +I asile conimun aux deux sexes en deux grandes sections, une pour chaque sexe ;
 +subdivision de chacune de ces sections, ou division de I asile special aunseulsexe ,
 +en deux parties distinctes, le pensionnat et I asile des malades au regime commun,
 +quand 1 etablissement est destine a recevoir des pensionnaires a regime special ;
 +enfin institution de quartiers distincts pour les enfants et les adultes.
 +
 +En clehors de ces indications generates et communes a tous les etablissements
 +hospitaliers, la constitution de quartiers distincts dans les asiles d alienes doit etre
 +ibndee sur la consideration tie la convenance ou de la necessite de separer des
 +antrcs elements de la population certaines categories determinees de malades, et
 +de constituer pour ces categories des conditions d habitation appropriees a leur etat
 +et a leurs besoins.
 +
 +La raison et 1 experience demontrent la realite de cette convenance et de cette
 +necessite pour les categories d alienes epileptiques et d alienes malpropres, tout
 +aussi bien que pour les alienes agiles.
 +
 +Non-seulement ces trois categories d alienes doivent etre separees du reste de la
 +population, mais elles doivent etre separees les unes des autres : et les quartiers
 +a instituer pour cbacune d elles impliquent, a raison de 1 etat particulier des ma
 +lades, des appropriations speciales.
 +
 +Tout asile d alienes doit done contenir toujonrs et avant tout trois quartiers
 +separes et specialement appropries pour les trois categories, d agites, d epileptiques
 +et de malpropres.
 +
 +Au reste de la population appartient en commun comme caractere negatif 1 ab-
 +sence de 1 un des trois etats d agitation, d epilepsie et de malproprete, et comme
 +caractere positifla presence de 1 etat babituel de tranquillite.
 +
 +La population de tout asile d alienes offre encore, pour uncertain nombre d in-
 +dividus formant un groupe notable, des conditions qui motivent irnperieusement
 +la separation dans un quartier approprie ; ces conditions sont 1 etat de maladie
 +accidentelle et 1 existence de penchants vicieux ou dangereux, ayant pour caraclere.
 +commun de rendre utile ou indispensable une surveillance continue de jour et de
 +nuit.
 +
 +L organisation des infirmeries, en vue de cette double destination, motive done la
 +constitution dans I asile d un quatrieme quartier de classement.
 +
 +Ces quarliers speciaux etant constitutes, la distribution du reste de la population
 +peut motiver des subdivisions plus ou moins nombreuses en raison du nombre des
 +malades d apres certaines convenances, qui ne representent pas des necessities ab-
 +solucs, parmi lesquelles je signalerai un quartier pour les alienes en traitement,
 +un quartier pour les pensionnaires tranquilles, au compte des families, pour les
 +iudigents appartenant a des professions liberates et pour les convalescents ; un
 +quartier pour les vieillards ; un quartier pour les travailleurs employes aux travaux
 +exterieurs, et au besoin pour ceux qui sont specialement employes a la culture,
 +un quartier meme detache du corps de I asile.
 +
 +Mais il ne suffit pas d effectuer, par 1 institution de quartiers distincts, entre les
 +diverses categories de malades, les separations dont la convenance ou la necessite
 +ont ete reconnues ; il faut que la constitution de chacun de ces quartiers soil en
 +outre reellement appropi iee a sa destination.
 +
 +Et c est a une conception de plus en plus eclairee du but a atteindre par le clas
 +sement des malades, etdes moyens de realiser ce but par 1 appropriation des quar
 +tiers speciaux, qu on peut legitimement rapporter les principaux progres oblenus
 +ou a obtenir dans 1 art de construire les asiles d alienes.
 +
 +
 +
 +ALIENES (ASII.ES). 107
 +
 +Relativement aux imporfantes donnees ([u une tclle conception doit necess;niv-
 +ment imposer a tout programme medical pour la fondation et la construction des
 +asiles, je me bornerai a resumer sommairemeut les principcs que j ai eu plusieurs
 +ibis 1 occasion de formuler et d appliquer, et qui me paraisseut destines a prevaloir
 +jeneralement dans la (heorie et la pratique.
 +
 +Lc quavtier d agites doit etre destine a separer du reste de la population ceux
 +des alienes chez lesquels le fait de 1 agitation actuelle ou de la disposition a s agil fi
 +ne peut pas etre efface par 1 ensemble des conditions du traitement medical et
 +moral (bains, calmants, punitions, exhortations, ordre, discipline, exempleet, par-
 +dessus tout, travail), qui se trouvent generalement realisees dans I elablissement.
 +
 +Le quartier d agites doit elre approprie dans sa constitution materielle, comme
 +dans tous les autres elements de son organisation, an but essentiel de faire cesser
 +1 agitation actuelle ou la disposition a 1 agitation, et de neutraliser les eifets de 1 a-
 +gitatiou quand elle n apu etre prevenue.
 +
 +L experience faite sur une large echelle, pendant un grand uombre d annees, a
 +demonlre que le sejour permanent dans une cellule, loin d etre efficace pour aine-
 +ner 1 apaisement de 1 agitation chez les alienes, a au contraire pour efi et d ang-
 +menter et d entretenir 1 agitation.
 +
 +C est en conservant autant que possible, pour les agites et les agitables, dans le
 +(juartier qui leur est affecte, les conditions de la vie commune, par groupes moiiis
 +nomhreux dans desdortoirs, des refecloires, des ateliers, c est eu isolant quelquo-
 +uns d entre eux pour la nuit dans des cbambres particulieres et en les soumettant
 +tons a une surveillance plus assidue, a une discipline plus severe, a un traitement
 +[lallialif plus energique par les bains et les calmants, qu on peut arriver et qu ou
 +arrive en effet a faire cesser 1 agitation pour tons ou pour le phis grand nomine
 +meme clans le quartier des agites, sans avoir besoin de recourir a aucuii de ces
 +moyens de contraintc personnelle que les alienistes de tous les pays out eu dc jour
 +on jour plus de tendance a repousser, et que les alu-nislt-s anglais out 1 honneur
 +d avoir systematiquement proscrits.
 +
 +La cellule, comme habitation de jour, ne peut etre admisc que tres-exception-
 +nellement et toujours d une manicre temporaire et pour une conrte duree. Le
 +caraclere de ressource exceptionnelle et temporaire appartient encore plus abso-
 +lument aux cellules desureteet de sequestration.
 +
 +Le quartier d agites doit remplir vis-a-vis de 1 asile tout en tier lerole de la cel
 +lule dans le quartier lui-meme. Le sejour daus le quartier d agites doit etre congu
 +( iiinmc uiilaitexceptiounel,uon detinitit , temptiralrc. Le mouvement d entree dans
 +le quartier, pour les agites qui ne peuvent etre conserves dans les autres parties
 +de 1 etablissement, doit etre compense par le mouvement de sortie des aliened chez
 +lesquels le sejour dans le quartier special a eteint 1 agitation ou la disposition a
 +1 agitation.
 +
 +D apres ces vues, on peut admettre que le nombre des places a affecter aux agites
 +dans un asile d alienes peut ne pas depasser le dixieme de la population, et que le
 +uombre des cellules dans le quartier des agites peut etre restreintau tiers du nom-
 +bre de ses habitants.
 +
 +La constitution d un quartier d agites de trente places devrait compreudre les
 +Cements suivants : quatre cellules de surete et six cellules d isolemeutpourla nuit;
 +deux doitoirs de six lits, deux dortoirs de quatre lits, dout 1 im destine a servir
 +eventuellement d infirmerie ; trois refectoires servant de salles de reunion avec
 +(avoirs, un atelier, une salle de bains divisec en cabinets au nombre de trois ou
 +
 +
 +
 +108 ALlfiNflS (ASHES).
 +
 +quatre, con tenant chacun line baignoire, avec appareils pour 1 irrigation continue,
 +pour les affusions et pour la douche, tiois cours avec promenoirs couverts, une
 +tres-spacieuse, une mediocremant grande et une plus petite pour les malades a
 +isoler; logements pour les surveillants, latrines, etc.
 +
 +Les progres de la psychiatric ont considerablement diminue dans les asiles le
 +nombre des alienes actuellement malpropres, et oat eu pour effet de rendre pos
 +sible la neutralisation de la disposition a la malproprete chez la plupart de ceux
 +qui en sont atteints, de maniere a empecher qu elle ne se traduise reellement en
 +acte. Mais quelque grands que puissent etre les succes obtenus ou a obtenir dans
 +cette direction du traitement des alienes, dont la methode maternelle, pour la pre
 +miere fois systematiquement appliquee a Saint- Yon, constitue la donnee principale,
 +la disposition a la malproprete, inherente a certaines formes et a certains degres de
 +I alienation mentale, ne cessera jamais de motiver, pour les alienes qui presentent
 +cette condition, 1 institution d un quartier approprie a leur etat et a leurs besoins
 +speciaux. Meme en tenant compte de ce qu habituellement un certain nombre d a
 +lienes malpropres sont en meme temps agites, et doivent par consequent etre
 +places dans le quartier des agites, on pent evaluer la proportion des alienes a placer
 +dans le quartier des malpropres au dixieme de la population totale.
 +
 +Un quartier de trente places devrait comprendre trois dortoirs, dont un affecte
 +a 1 usage d infirmerie, trois refectoires, chauffoirs aveclavoirs, une salle de bains
 +avec tiois baignoires, des logements pour trois surveillants, une com 1 avec promenoir
 +convert. Et il y auraitlieu,en 1 instituant, de tenir compte de la necessite de placer
 +toutes les habitations au rez-de-chaussee, de leur donner des dimensions plus
 +grandes que pour les malades ordinaires, et d y rendre aussi efticaces que possible
 +les ressonrces de ventilation.
 +
 +Les motifs qui rendent necessaire 1 institution d un quartier special pour les
 +alienes epileptiques sont empruntes a des considerations dediverses natures. Celui
 +qui domine tons les autres est tire du dommage qu on porte aux alienes ordinaires
 +en leur imposant, dans une vie commune, le spectacle des scenes horribles qui se
 +produisent dans les acces epileptiques.
 +
 +On n echappe a cet inconvenient, dans les asiles ou les epileptiques sont con-
 +fondus avec d autres alienes, qu en imposant aux epileptiques eux-memes, parmi
 +lesquels il en est qui ont conserve beaucoup de raison, la communaute avec les
 +individus chez lesquels 1 idiotie ou lafolie ont amenele dernier degre de 1 abrutis-
 +sement.
 +
 +Parmi les alienes epileptiques il en est qui sont habituellement tranquilles, il
 +en est d agites et de dangereux, il en est de malpropres, il en est d atteints de
 +maladies accidentelles.
 +
 +Si 1 asile n a rien organise de special dans 1 interet de cette categoric d alienes,
 +pour peu qu il contienne une proportion notable d epileptiques, 1 epileps^e doit
 +necessairement se rencontrer dans tous les quartiers. L existence de 1 epilepsie chez
 +un aliene donne lieu a des indications speciales, non-seulement pour la surveik
 +lance et les soins, mais encore pour la disposition des habitations.
 +
 +II n est possible, dans un asile d alienes, de concilier a la fois ce qui est du aux
 +alienes en general et aux alienes epileptiques en particulier, qu au moyen de 1 in
 +stitution d un quartier special.
 +
 +En admettant la donnee de vingt places a attribuer aux alienes epileptiques, les
 +elements a introduire dans le quartier deviaient etre les suivants : un dortoir de
 +dix lits, deux dortoirs de quatre lits, un pour les malpiopres, 1 autre a 1 usage
 +
 +
 +
 +ALIENES (BIBLIOGRAPHIE). 109
 +
 +eventuel d infirmerie, trois cellules d isolement, une cellule de surete, deux refec-
 +toires, un atelier, une salle de bains avec deux baignoires, une cour avec prome-
 +noir couvert, un logernent pour deux surveillants, lavoirs, latrines. Les habitations
 +du quartier d epileptiquesdoivent etre developpees au rez-de-chaussee.
 +
 +L obligation de constituer pour 1 inlirmerie un quartier special dans des condi
 +tions qui permettent la realite et I efficacite d une surveillance continued de jour
 +et de nuit, au moyen de 1 institution d une garde permanente, conduit naturelle-
 +ment a mettre a profit ces conditions exceptionnelles de surveillance pour proteger
 +aussi efficacement que possible certains alienes centre les entrainements de leurs
 +penchants dangereux ou depraves, et pour couvrir au moins, en cas de raalheur
 +inevitable, la responsabilite du medecin et de I administration. L annexion a 1 in-
 +firmerie d un dortoir destine a recevoir, conformement a ces vues, au milieu de
 +malades choisis parmi les plus raisonnables et les plus intelligents, les alienes qui,
 +soit par feurs idees de suicide, soil par des habitudes facheuses, reclament une
 +surveillance de tous les instants, suffit pour constituer dans sa condition la plus
 +essentielle le quartier special de surveillance continue, dont 1 utilite pratique a pu
 +etre veriliee dans plusieurs etablissements, en France eten Hollande.
 +
 +I/experience m a de plus demontre qu en institnant dans la dependance de ce
 +quartier plusieurs chambres d isolement on obtient une ressource precieuse, soit
 +pour le traitement des maladies les plus graves, soit pour la separation des rna-
 +lades dont le voisinage peut etre nuisible par contagion ou par toute autre cause.
 +
 +L appropriation des quartiers speciaux a des destinations exceptionnelles ne
 +permet pas de donner aux habitations qui entrent dans leur composition des carac-
 +teres qui soient de nature a reproduire autant que possible les conditions d babi-
 +tations ordinaires ; 1 indication de s en eloigner le moins possible, qui subsiste meme
 +pour ces quartiers, est la regie principale a laquelle doivent etre snbordonnees
 +toutes les dispositions architecturales dans la constitution des quartiers destines a
 +la population tranquille dans les asiles.
 +
 +Sous ce point de vue, la chambre particuliere, qui dans tous les quartiers ofl re
 +des applications eminemment utiles, est un element d habitation qui doit etre in-
 +troduit dans toutes les subdivisions de tranquilles.
 +
 +De la juste proportion des habitations individuelles, et de la restriction des habi
 +tations communes a un nombre d inclividus, qui dans les dortoirs, les refectoires,
 +les salles dc reunion, les ateliers, les promenoirs, ne depasse pas un groupe de
 +vingt a trente personnes, depend principalement 1 elficacite dans les asiles de tous
 +les moyens dont 1 ensemble constituele traitement moral general. MAX.PARCHAPPE.
 +
 +BIBLIOGRAPHIE. Des asiles d alienes consideres en general ou compares. BRPCKSHAW. On Proo,
 +more of the Iniquities of Private madhouses. Liverpool, 1774. COI.OMBIER et DOUBLET. Instruc
 +tion sur la maniere de gouverner les insense s et de travailler it leur gue rison dans les
 +asiles qui leur sont destines (sans nom d auteur). In Joiirn. de we d., t. LXIV, p. 529,
 +1785, et (public par ordre du gouv.) Paris, 1785, in-4. HOKE (J. D. A.). Historische
 +Nachrichten und Bemerkungen uber die merkwiirdigsten Irrenanstalten, nebst Ideen, etc.
 +Regensb., 1804, in-8. GLAWNIG (E.). Momenta quxdam de instituendis rite insanorum
 +domicUiis. Erlangse, 1806, in -8. THOMANN. Skizze einer z-weckmdssigen Anlage und Ein-
 +richtung offentlicher Irrenanstallen. In Allgem. Justiz-und Poliz-eiblatt., n 118, 119
 +1809. STARK [W. M.). Remarks on the Construction of Public Hospitals for the Cure o
 +Mental Derangement, read, etc. PI. 2. Glascow, 1810, in-8. REIL (J. E.). Beitrdgc z-ur
 +Organisation der Besorgungsanstalten fur uuheilbare Irrende, als Anhang, etc. Halle, 1811,
 +jn-S". IVBESSER (G.). De Us, qux in fundando maniacorum institute requiruntur, habito
 +potissimum ad curse psychicse methodum respectu. Erlangse, 1812. TDKE (Sam.). Practica
 +Hints on the Construction and Economy of Pauper Lunatic Asylums. York, 1815, in-4.
 +HALLIDAY (sir Andr.). A Letter to Lord Binning containing some Remarks on the Slot: of
 +
 +
 +
 +110 ALIENES (BIBLIOGRAPHIE).
 +
 +Lunatic Asylums. Edinb.. 1816, in-8. Asiles pour It s alicncs (exlr. de Edinb. Review
 +Aug. 1817). In Bill. univ. de Geneve. Lilterat., t. VI, p. 2i2, 1817. HAYNER. Aiifforderung
 +anRegierungen,Obrigkeitenund Vorstelier von Irrenanstalten, zur Abstellung, etc. Leipzig,
 +1817, in-8. Du MEME. Ueber einige Mecanische Vorrichtungen welche in Irrenanstalten mil
 +Nutzen gebraucht werdenkbnnen. In Nasse s Ztschr. f. Psycli. Aerate, t. I, p. 359, 1818. -
 +GEOHGEN(B.). Privat-Heilanstalt fur Gemuths-Kranke. Wien, 1820, iu-8 . SALVERTE (Ens.).
 +hex maisons de sante destinees aux alie ne s. In Rev. encyclopedique, 1821 . - - KLOSE. Ueber die
 +Frage : ob offentliche Irrenhduser den Vorzug vor Privatanstalten verdienen. In Beilriigen
 +zur Klinik, etc. Leipzig, 1823. LEUPOLDT (J. M.). Ueber wohlfeile Irrenanstalten, ihn:
 +Beziehnng zu Straf- und Zwangsarbeits-Anstalten einerseits, und zu Medicinischen Lehr-
 +anstalten undersells. Erlang., 1824, in-8. Du MEME. Ueber Leben und Wirken und uber psy-
 +cliiatrische Klinik einer Irrenheilanstalt. Niirnberg, 1825, in-S. DESPORTES. Programme
 +d un hopital consacrr an Indtcmeiit de I alienation mentaleponr 500 malades des deux sexes,
 +propose, etc. Paris, 1824. PIENIT/ (M.). Qnxdam de nosocomii, quo animo segrotantibu/t
 +cura adhibetur, institulione optima. lena, 1825, in-4. GUISLAIN (Jos.). Traite sur I alie"-
 +nation mentale et sur les hospices d aliene s. Amsterd., 1826, in-8, 2 \ T ol. ROBENBACH (C.).
 +Considerations sur les colonies de fans. Bruxelles, 1828, in-8. NICOLT. An Inquiry into
 +the Present State of Visitation of Asylums for the Reception of the Insane : and into the
 +Modes by which such Visitation may be improved. Lend., 1828. CHARLESWORTH (E. P.).
 +Remarks on the Treatment of the Insane, and the Management of Lunatic Asylums. Lend.,
 +1828, in-8. Statistische Nachrw/iten uber Irre und Irren-Anslalten. In Friedreich s Mag.
 +furSeelenkr. lift. 5, 5. Wurzburg, 1850. JACODI (Max.). Sammliinijen fur die Heilkunde der
 +Gemuthskrankheiten. Elberfeld, 1822-25. in-8, 2 vol. T. Ill, unter dem Titel. : Beobach-
 +tunyenilber diePathol. nnd Therapie der mil Irrseyn verbundenen Krankheiten. Ibid.. 1830.
 +
 +CONOLLY (John). An Inquiry concerning the Indications of Insanity, with Suggestions for
 +t)ie Better Protection and Cure of the Insane. Lond., 1830, in-8 e . Du MEME. The Construction
 +and Governement of Lunatic Asi/lums. Lond., 1847, in-8. Du MEME. On Residences for the
 +Insane. In Joitni. of Menl. Sc., t. V, n" 29, 1859. BURROWS (Geo. Max.). Cursory Remarks
 +on the pending Bill for regulating of Madhouses, etc. Lond.. 1817, in-8. Du MEME. A Letter
 +to sir Hal fort touching son/e Points of the Evidence and Observ. of Counsel on a Commission
 +of Lunacy on Mr E.Davis. Lond., 1830, in-8. ROLLER (C. F. V.). Die Irrenanstalt nach,
 +alien ihrenBeziehungen, pi. col. 1. Karlsruhe, 1851. in-8. \\INSLOW (Forbes). Suggestions
 +for an Improved Treatment of Mental Derangement. Lond., 1852, in-8. Du MEME. Act for
 +the Regulation of the Care and Treatment of Lunatics with Explanatory Notes, etc. Lond.,
 +1845, in-8. PASQUIER (R.). Essai sur les distributions et le mode d organisation pour Kit
 +hopital d aliene s de 400 a 500 malades, pi. 1. Lyon, 1833, in-8. Fucus. Medicin. Statistik
 +der Irrenhauser, und des Irrseyns. In Friedreich s Mag. fur Seelenkr. K e F e , 5 Hft, p. 45, 1855
 +
 +BBEUNiG(Fr. G. T.). De cura publica mente captorum. Berolini, 1835, in-8. FERRUS (G.).
 +Des Alients. Considerations: 1 sur I e lat des maisons qui leur sont destinees; 2 sur le
 +regime hijgienique et moral auquel ces malades doivent 6tre soumis ; 3 sur quelques ques
 +tions dc me decine le"gale. Paris, 1834, in- 8. KBANICHFELD (W. G. K.). Bemerkungeu uber
 +psychiatr. Heilanstalten und uber das Verhalten der Aerztes zu denselben. In Hufeland s
 +Journ , t. LXXX. St. 5, p. 89, 1855. BIRD (Fr.). Bemerknngen uber Krankenhduser fiir
 +Wahnsinnige. In Henke s Ztschr. Erghft, t. XVI, p. 172, 1852. Du MEME. Ueber Einrich-
 +tinig und Zweck der Krankenhauser fur Geisteskranke, etc. Berlin, 1835, in-8. BRIERRE
 +BE BOISMONT. Mem. pour VetaUme ment d un hospice d aliene s (mem. cour. par la Soc
 +des sc. med. de Bruxelles). In Ann. d hyg., \ serie, t. XVI, p. 59, 1856 Du MEME. De la
 +necessite de crier un e"tablissement special pour les al ients vagabonds et criminels. Ibid.,
 +t. XXXV, p. 296, 1846. Du MEME. Remarques sur quelqnes etablissemenls dalie ne s de la
 +Belgique, de la Hollande et de I Angleterre. Ibid., t. XXXVII, p. 44. 275, et t. XXXVIII,
 +p. 55, 1847. -- Du MEME. De la colonisation applique e au trait ement des alie ne s. In
 +Union med., 2 serie, t. XI, p. 145, 1861. AHELUKG (F.). Bemerknngen uber die Ein-
 +nchtung von Irrenanstalten und uber die Behandlung der Irren. In Henke s Ztschr,
 +
 +854, 5 Hft., et Schmidt s Jahrb., t. IX, p. 63, 1836. PINEL (Scip.). TraM complet du
 +regime samtaire des alie ne s, ou Manuel des e tablissements qui leur sont destines. Fig. Paris,
 +1836, in-4. SCHRODER VAN DEH KOLK (J. L. C.). Oratio de debit a cura infaustorum mania-
 +cornm sortem emendandi eosque sanandi in nostra patria nimis neglecta. Traject. ad Rh.
 +ll in-8- FALBET (J. P.). Observations sur le projet de lot relatif aux alie nes. Paris,
 +1857, m-8.-DD MEME. Visile it I etablissement d alie nes d lllenau, et considerations gene-
 +rales sur les asiles Salients. Paris, 1845, in-8.- BROWNE (W. A. F.). What Asylums were.
 +are, and ought to be. Lond., 1837, in-8. - ESQU.ROL (J. Et. D.). Des maisons d aliene s. In
 +Des Maladies mentales, t. II, p. 432. Paris, 1858,-DAHERovv (H.). Ueber die relative Ver-
 +Dtnaung der Irrenheil-x. Pflege-Anstalten in historiscfckritischer sowie in moralischer,
 +etc. Bevehung. Leipzir, 1 *0, in-8, -LEURET. De la necessite de se qwstrer de bonne heurt
 +
 +
 +
 +ALIMNU& (BIBLIOGRAPHIC).
 +
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 +construction et de V organisation des e tablissements d alie ne s. Paris, 1853, in-4. ARCHAM-
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 +Insane (Prize Ess.). Lond., 1854, in-8*. UYTTEKHOEVEN (Andr.). Sur la construction el la
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 +Allg. Ztschr, t. XVII, p. 139, 1859. ARLIDGE (J. B ). On the State of Lunacy and the Legal
 +Provision of the Insane; whith Obs. on the Constr. and Organisat. of Asylums. Lond., 1859,
 +in-8". DIIMEME. The Asylums of Italy, France and Germany. InJonrn. of Psych. Med., t. XI et
 +XII, 1859. GDDDEN. ZM relativ verbundenen Irren-Heil-nnd Pflege-Anstalten. In Damerow s
 +Allg. Ztschr., t. XVI, p. 627, 1859, et Canstatt s Jahresb., 1862, t. Ill, p. 50. PALLAS (M.).
 +De la musique instrumentale dans les asiles d alie ne s; une visile a Quatre-Mares, etc. Bouen,
 +I860, in-12. PAIN (A.). De la statistiqiie en matiere a" alienation mentale; de Vhygiene morale
 +de la folie applique e dans les grands asiles d alie ne s. Re ponse, etc. Paris, 1861, in-8. DD
 +MEME. Sur les divers modes del assistance publique applique e aux alie ne s. In Ann d hyg., 2* se
 +rie, t. XXIV, p. 69, 1865. FAIRLESS (W. Dean). Suggestions concerning the Construction o,
 +Asylums for the Insane. PI. Montrose, 1861. DONKERSLOOT (N. B.). Notice sur quelques e tablis
 +sements d alie ne s en France et en Belgique, suivie ffun apercu des asiles en Hollande.
 +Dordrecht, 1861, in-8. JESSEK (W.). Ueber Irren-Colonien und andere Nothbehelfe der
 +Krankenpflege. In Damerow s Allg. Ztschr., t. XVI, p. 442, 1859, et Canstatt s Jahresb., 1862,
 +t. Ill, p. 31. SEIFERT (G.). Die Irrenheilanstalten inihren administrativen, technischen, u.
 +therapeutischen Bezielumgen , nach den Anforderungen , etc. Leipzig u. Dresden, 1862
 +gr. in-4. BERTHIER (P.). Excursions scientiflques dans les asiles d alie nes, l re serie, carte!
 +Paris, 1862, in-S. BELLOC (H.). Les asiles d alie ne s trans forme s en centres d exploitation
 +rurale ; moyens d exone rer, en tout ou en partie, les de partements des de~penses, etc. Paris,
 +1862, in-8. LEMOINE (Alb.). L Alie ne devant la morale, la philosophic et la socie"te. Paris,
 +1862, in-8. SANKEV. Sur les principes et la pratique du traitement des alie ne s par lesysteme
 +appele. en Angleterre No-Restraint. In Ann. me d.-psychol., 3 e serie, t. VIII, p. 577, 1862.
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 +ERLENMEYER (Albr.). Uebersicht der offent lichen und privaten Irren-und Idiot en-Anstalten
 +aller Europaischen Staaten. Neuwied, 1805, gr. in-8". TURCK (Leop.). L Ecole alie nisle
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 +
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 +ALIENfiS (BIBLIOGRAPHIC).
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 +francaise, Visolement des fous dans les asiles, V influence detestable de ceux-ci, insuf/isance
 +de la -protection que la lot accorde a I alie ne . Paris, WM. DiflVrents modes d assistance
 +
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 +des aliene s (discussion a la Soc. nied.-psyeliol.). In Ann. med-psychoL, 4 serie, t. V, 1805.
 +_ AUZOBY. Des fermes-asiles, on de la colonisation des alie ne s (extrait, etc.). In Ann. me d.-
 +psyclwl., 4* serie, t. IV, p. 407, 1864. MUNDY. Sur les divers modes de V assistance publique
 +applique e aux aliene s. Paris, 1865, in-4.
 +
 +France. _ Notice sur la me decine morale applique e au traitemenl des insense s a Avignon.
 +InJourn. gen. de we d., t. Ill, p. 75, an VI. GIHAUDY (Ch. Fr. S.). Mem. sur la maison
 +nationale de Charenton, exclusivement destine e au traitement des alie ne s. Paris, an XII
 +(1804), in-8. ESQUIROL (J. Et. Dom.). Des e tablissemenfs des alie ne s en France et des
 +mcyens d amtfiorer le sort de ces in for tune s (mem. presente au ministre de 1 interieur en
 +1818). Paris, 1819, in-8, et in Mai. ment., t. II, p. 399. Paris, 1838, in-8, Du MEME. Rapport
 +statistique sur la maison royale de Charenton pendant lesannees 1826, 1827 et 1828. In Ann.
 +d liyg., 1" serie, t. I, p. 101, 1829. Du MEME. Nem. hist, et statistique sur la Maison royale
 +de Charenton. In Ann. d hyg., t. XIII, p. 5, 1835, et in Mai. ment., t. II, p. 559. Paris,
 +1838, LAMARQUE (Arist. Ambr.). Essai sur I hygiene des alie ne s, precede" d me courtenolice
 +sur les alie ne s renferme"s a I hopital ge ne ral de Poitiers. These de Paris, 1820, n213.
 +DESPORTES. Rapp. au conseil ge ne ral des hospices civits de Paris sur le service des alie ne s
 +traites dans les etablissements de t administration, depuis le l cr Janvier 1801 jusqn au
 +i" Janvier 1822. Paris, 1823, in-4. Do MEME. Compte rendu, etc., sur le service des aliene s
 +traites dans les hospices de la vieillesse pendant les annees 1822, 1823 et 1824. Paris, 1826.
 +RISTEI.HUEBER (J.). Renseignements, rapports et demandes relatifs an service des alie ne s de
 +I hopital civil de Strasbourg. Strasbourg, 1825, in-8. VASTL. . Rapport statistique sur la
 +maison d alie ne s du Bon-Sauveur de Caen pendant les amides 1829 et 1850. In Ann. d hyg.,
 +1" serie, t. \ III, p. 225, 18o2. PASQCIER (Q.). Essai sur les distributions et lemode d orga-
 +nisation, d apres le systeme physiologique, d un hopital d alie ne s pour quatre d cinq cents
 +malades, precede de I expose succinct de la pratique medicale des alie ne s de I hospice de
 +I Antiquaille de Lyon. PI. 1. Lyon, 1835, in-8. Lot sur les etablissements d alie ne s en
 +France (promulguee le 6 juillet 1838). REVOLAT (F. B.). Considerations sur I hdpital des alie
 +ne s de Bordeaux. Bordeaux, 1838, in-8. Du MEME. Apercu statistique et nosographique sur
 +I asile des alie ne s de Bordeaux, en 11 tableaux, suivis, etc. Ibid.. 1846 ; in-4. DAGONET (G.).
 +Considerations me dicales et admiitistratives sur les alie ne s, me moire d I appui du projet d un
 +asile d aliene s commun a cinq dlpartements.. Chalons-sur-Marne, 1838, in-8. Do ME.ME.
 +Rapp. me d. sur I asile public d alie ne s de Stepfiansfeld pour I annee 1859. Strasbourg-, I860,
 +in-8. WOILLEZ (E. J.). Essai historique, descriptifel statistique sur la maison d alie ne s de
 +ClermoHt (Oise). PI, 1. Cle rmont, 1839, in-8. BOTTEX (Al.)- Rapport slatistique sur le
 +service des aliene s de I hospice de V Anliquaille . suivi, etc. Paris et Lyon, 1859, in-8.
 +Du MEtiE. Programme et plan pour la construction de I asile public des alie nes du Rhone.
 +1 pi. Lyon, 1847, in-8. LEFEBVRE-DURCFLE. Rapp. pre senle au conseil general du depar-
 +tement de I Eure, au nom de la commission des aliene s. 4 pi. Evreux, 1839, in-8. BOD-
 +CHET (C.). Mem. statistique sur les alie ne s du departement de la Loire- In fe rieure. In Ann.
 +d hiig., l re serie, t. XXIII, p. 270, pi. 1, 1840. RENAUDIN (L. F. E.). Notice statistique
 +sur les aliene s du departement du Bas-Rhin, d apres, etc. Strasbourg, 1841, in-8. Do
 +MEME. Etablissements dalie ne s. Obs. de"duites de la statistique des alie nes, publie es, etc.
 +Paris, 1860 (extr. des Ann. me"d.-psychol.). Du MEME. Comment aires me dico-administratifs
 +sur le service des alie ne s. Paris, 1863, in-8. PARCHAPPE (M.). Rapport sur le service me dical
 +de I asile des alie ne s de Saint-Yon pendant I annee 1840. Rouen, 1841, in-4 . PAKCHAPPE et
 +DE BODTTEVILLE. Notice statistique sur I asile des alie ne s de la Seine-lnfe rieure (Saint-Yon).
 +PI. 1, tabl. 9. Rouen, 1845, in-8. AUBANEL (H.) et THORE (A. M.). Recherches statistiques
 +sur Validation mentale, faites fr I hospice de Bicetre. Paris, 1841, in-8. TRELAT (U.).
 +Rapport sur les alienees incurables de la Salpetriere. Paris, 1842, in-4. D0 MEME. De
 +V envoi de deux cents alie nes de la Salpetriere et de BicStre dans les asiles de Saint-Venant,
 +de Lille, d Armenlie res et de Mai diiiHe. In Ann. me d.-psychol., 1" serie. t. IV, p. 250, 366,
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 +Tours, 1845, in-4. LEURET. Quelques observations sur la statislique des alie ne s en France
 +In Ann. d hyg., l r serie, t. XXXI, p. 444, 1844. GIRARD (H.). Compte administratif, statis
 +tique et moral sur le service des aliene s du departement de I llonne. Auxerre, 1846, in-8".
 +Du MEUE. Etudes pratiques sur les maladies nerveuses et mentales, accompagnees de tableaux
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 +in-8. DUCLOS. Etudes me dicales sur quelques Etablissements d alie ne s de France. PI.
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 +t. IV, p. 15, 1852. Du MEME. Deuxieme etude, etc. Ibid., t. V, p. 177, 1853. FOLLET. Consi-
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 +In Ann. me d.-psychol., 3 e serie, t. I, p. 615, 1855. Do MEME. Observations de duites de la
 +statistique des aliened, publie es par ordre de S. E. le ministre de I agric. et du comm. In
 +ibid., 5 e serie, t. VI, p. Ill, I860. Du MEME. Sur les asiles projele s de la Seine. Ibid.,
 +4 e serie, t. Ill, p. 359, 1864. NOROV. Considerations administratives sur I asile public
 +d alie ne s de Yaucluse. Avignon, 1855, in-8. DAGONET (H.). Notice statistique sur I alie -
 +nation mentale dans le de partement du Bas-R/iin. PI. I, tabl. 1. Strasbourg, 1859, in-8.
 +Rapport du directeur de I ad ministration generate de I assistance publique d M. le prdfet de
 +la Seine sur le service des alienes du departement, pour les anne es 1855 et 1856. Paris, 1*56-
 +57, in-4, 2 vol. LEGOYT. Slfttistiquc des e tal/lissements d alie ne s en France.de 1842 & 1853
 +inclusivement . Strasbourg, 1857, GAFFE. De I asile des alie ne s de Bassens (Savoie). In Aim.
 +med.-psijclwl., 5 e serie, t. VI, p. 250, 1860. Auzouy. Revue cliniqiie de I asile puli .n-
 +d alie ne s de Mareville (div. des ft.) en 1858 et 1859. Nancy, 1860, in-8 (Extr. des M tin. de
 +la Soc. de me"d. de Nancy). Du MEME. Colonie de Saint-Luc, succursale de I asile de / ,"/,
 +(extrait). In Ann. me d-psychol., 4 serie, t. II, p. 64, 1863. BILLOU (E.). De la de pense
 +des alie ne s assistes en France et de la colonisation conside re e comme moyen, pour les &lt;/&lt; -
 +partements, de s en exone rer en tout ou en partie. Paris, 1862. in-8. BONNEFOUS. De
 +I asile me dico-agricole de Leyme (Lot). In Ann. me d.-psychol., 4 serie, t. II, p. 355, 1863.
 +Plus un grand nombre de rapports annuels, medicaux ou administrates, dont plusieurs
 +ont e te reproduits ou analyses dans les Annales me dico-psychologiques.
 +
 +Pays-Bas (Hollande, Belgique et spe cialement Gheel). Hollande. BICKEK. Vertoog over
 +de oorsaeken welken de zennewziekten inons laud gemeender den vorheen maken. Rotterdam,
 +1767. Proportion des alie ne s dans les Pays-Has en 1825. In Rapp. sur I e tat des institiit.
 +de bienfaisance du royaume en 1825. Bruxelles, 1827. LOWENHAYN. Ueber die Irrenanst alien
 +in Holland. In Friedreich s Arcliiv, 1834, 2 Hft. EVEHTZ. Statistische Uebers. der in der
 +Niederldndischen Irrenheilanstalt zu Deventer udhrend der Jahre 1841-1846 behandelten
 +Irren. In Damerow s Allg. Ztschr., t. V, p. 151, 1848. FEITH (C. J.), et ScHRonER VAN D E R
 +KOLK. Geschiedkundig Overzigt der Verbeteringer, in de laaste, etc. (Apergu historique des
 +ameliorations apportees, dans ces dernieres annees, dans le traitemcnt des alienes des
 +Pays-Bas, avec des remarques, etc.). La Have, 1848, in-4. Analyse in Ann. me d.-psychol ,
 +2 e serie, t. II, p 709, 1850. Verslag over den Staat der Gestichten voor Kranhz-iitnigen, etc!
 +(Rapport sur les etablissements d alienes, avec des remarques explicatives sur les tableaux
 +statistiques des malades pendant les annees 1854, 1855 et 1856, avec de nombreux tableaux).
 +La Have, 1858, in-S Anal, in British Med.-Chir. Rev., 2= serie, t. XXV, p. 25, -I860, et
 +Schmidt s Jahrbb, t. CVII, p. 235, I860. Considerations statistiques et cliniques sur 1 a sile
 +des alienes de Dordrecht. In Nederl. 1 ij lschr. woor Geneesk, t. Ill, p. 309, et Schmidt s
 +Jalirb., t. GVIII, p. 255, 1860. Belgique. DUCPETIAUX. De I etal des alie ne s en Belgique
 +et des moyens d aineliorer leur sort. Bruxelles, 1852. GUISLAIN (J.). Expose sur I e tat actuel
 +des alienes en Belgique, et notamment dans la province de la Flandre orientate, avec Vindi
 +cation, etc. PI. 2. Gand, 1838, in-8. (Extr. des Ann. de la Soc. de mid. de Gand.) Loisur
 +le regime des alienes en Belgique (18 juin 1850). In Ann. me d.-psuchol., 2 e serie, t. 11,
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 +d alienes. Bruxelles, 1853. Deuxieme rapport. Ibid., 1854, etc. Gheel. Nachrichteniiber
 +
 +die Irren-Kolonie zu Gheel unfern Antwerpen. In Froriep s Notiz-., t. Ill, p. 55, 1822.
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 +Damerow s Allg. Ztschr, t. X, 1855 DUVAL (Jules). Gheel, ou une colonie daMnes vivant en
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 +Dir.r T.NT, HI, g
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 +114 ALIKNES (lllBLIOGR AfHJli).
 +
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 +HASLAM. Letter to the Governors of Beth/em, containing an Account of their Management
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 +the Laws relating to the Erection, Maintenance and Regulation of County Lunatic Asylums.
 +Lond., 1828. An Analitical Index to the New Lunatic Act, for regulating the Case and Treat
 +ment of Insane Persons in England. Lond., 1828. HALLIDA-Y (A.). A General View of the
 +present State of Lunatics and Lunatic Asylums in Great-Britain and Ireland and some other
 +Kingdoms. Lond., 1828, in-8. Du MEME. A Letter to Lord Rob. Seymour with a Report of
 +the number of Lunatics and Idiots in England and Wales. Lond., 1829. BERGMANN (G. H.).
 +Schilderung von Neu-Belhlem in London. InFriedr. Arch. f. Psych., 1854, Hft. 1, et Schmidt s
 +Jahrb., t. VIII, p. 131, 1835. |CRO\VTHEK (Caleb.), Obs. on the Management of Madhouses,
 +illustrated by Occurrences in the West-Biding and Middlesex Asylums. Lond., 1838, in-8.
 +-FARR (W.). On the Statistics of English Lunatic Asylums, and the Reform of their Public
 +Management. Lond. (sans date, 1858?...), in-8. THURNAM (John). Statistics of the Retreat
 +Near York consisting of a Report and Tables... from its Establissement 1790 to 1840. York
 +1840, in-8. OLIVIER (Rich.). OK Erecting a public Asylum for the Insane in Cumberland
 +and Westmoreland. Carlisle, 1842, in-8. CRAWFOP.T. Observat. on the Expediency of abolis
 +hing mechanical Restraint in the Treatment of the Insane in Lunatic Asylums. Glascow, 1842.
 +
 +HEISE (W.). Med. Report of the Connaught District Lunatic Asylum. In Dublin Med. Press.,
 +t. XIX, p. 35, 1848. SCHLEMM (Th.). Bericht ilber das Brittische Irrenwesen in Hinsicht auf
 +Einrichtungen und Ilauart der Irrenhduser, etc. PI. 2. Berlin, 1848. BILLOD (E.). Relation
 +d une visile (t tasile des idiots d Earlswood, comte de Surrey, suivie de quelques reflexions
 +sur le no-restraint. Paris, 1860, in-8". (Extr. de la Gaz. hebd.). Revision par le conseii
 +privc d Irlande du reglement pour le controle plus efficace des asiles d alie ne s de district de
 +cepa//s (anal, par le docteur Dumesnil). In Ann. me d.-psychol.. 4 C serie, t. I, p. 415, 1862.
 +On aurait une idee bien incomplete de la litterature anglaise relative aux asiles d alienes si
 +Ton s en rapportait a la bibliographie qui precede. II se public annuellement en Angleterre
 +des coraptes rendus statistiques sur tous les etablissements de ce genre qui existent dans la
 +Grande-Bretagne; il y a en outre des rapports de commissions officielles, et c est 1 impos-
 +sibilite d enumerer un si grand nombre de travaux qui nous a empeche de les mentionner
 +ici. Les rapports importants que nous signalons datent du commencement de ce siecle; on
 +les trouve mentionnes dans les divers journnux anglais, mais surtout, a partir de 1848,
 +dans le Journal of Psychological Medicine and Mental Pathology, public par le savant alieniste
 +Forbes Winslow, et dans le the Asylum Journal de Bucknill.
 +
 +Allemagne, Suisse. ANDREA. Notes uber die Irrenanstalten zu Torgau und Waldheim. In
 +Neuestes Journ. der Erftnd. , t. II, p. 195, 275, 181-2. PIENITZ (M.). Resultat der Heil- und
 +Verpflegungsanstalt auf dem Sonnenstein vom 1. Jan. 1814Z&gt;/s Ende 1816. In Basse s Ztschr.,
 +t. I, p. 117, 1818. Du MEME. Jahresbericht iiber die Irrenanstalt, etc. Ibid., p. 586.
 +P.UER (W.). Nachrichten iiber die Irrenanstalt zu Marsberg im Herzogthum Westphalen,
 +nebst Bemerkungen, etc. In Nasse s Ztschr., t. II, p. 72, 1819. Du MEME. Uebersicht uber
 +die in der Irrenanstalt z-u Marsberg im Jahre 1810 behandcltcn Kranken, nebst, etc. Ibid.,
 +t. Ill, p. 725, 1S20. Du ufisiE. Fernere TSachricht uber die Irrenanstalt zu Marsberg, Nebst
 +
 +
 +
 +ALIENES (BIBLIOGRAPHIE). 115
 +
 +etc. Ibid., t. VI, p. 441, 1823. Du MEME. Irrenstalistik der Provinz Westphalcn, mil Iliii-
 +iveisung, etc. Berlin, 1837, in-8. HAYNER. Uebersichten von dem Personate der Irren in
 +der Verpflegungsanstalt zu Waldheim in Sachsen. In Basse s Ztschr., L IV, 2 Hft., p. 124 t
 +1821. Du MEME. Ueber dieVerlegung der vorzuglich zur Aufnaltme geisteskranker Personen
 +bestimmten Kgl. Slichsisch. Landes Versorgungsanstalt zu Waldheim, et.c. Dresden, 182!),
 +in-8. ENGELKEN. Nachricht tiber die Privatanstalt ftir Gemuthskranke zu Rockwinkel im
 +Gebiete, etc. In Basse s Ztschr., t. VII, 2 lift., p. 564, 1824. MULLER (Ant.). Die Irrenanstalt
 +im Juliits-Hospitale zu Wurzburg , und dielbjahrigen artzlichen Dienstverrichtungen an
 +derselben. Wurzburg, 1824, in-8. BKUCKNER. Ueber die Unterbringung und Verpftegung
 +gemiithskranker Personen in den herzogl. gothaischen Landen, besonders, etc. Gollia, 1821.
 +AHEIUNG. Nachricht von dem Hospitals und IrrenhauseHofheimimGrossherzogllntmellessen,
 +nebst, etc. In Nasse s Ztschr., t. VII, 4 lilt., 1824. Du MEME. Summarische Vebersiclit tiber
 +den Besland der Hospitaliten im Hospital Hofheim im J. 18i4, nebst Bericht, etc. In Dame-
 +row s Allg. Ztschr., t. II, p. 250, 1845. Guoos. Einige Resultate a us der drtztl. Tabelle fur
 +das Jahr 1820 von der Irren- und Siechen-Anstalt zu Pforzheim. In Nasse s Ztschr., t. V,
 +2 Hft., p. 57, 1825. Du MEME. Elwas aus und iiber die Irrenanstalt zu Heidelberg. In Ann.
 +f. d. gesammt. Heilk. Ill Jahrg. 1 Hft., p. 51, 1827, et Kleinert s Repert., 1827, t. Ill,
 +Augt., p. 51. HIRSCH (Von). Oikographie der Irrenheilanstalt zu St-Georgen bei Beireuth. In
 +Nasse s Ztschr., t. V, 1 Hft , p. 108, 1825. HEKKE (Ad.). Die in der Zwciten hammer der
 +bayerischen Stdndeversammlung im J. 1825, tiber die Verbessernng der Irrc nhduser in Baijern
 +im Allgemeinen und tiber Errichlnng, etc. In Henke s Ztschr. f. d. Slaalsarzneik., t. XII,
 +p. 1, 18 26. Bayerische Verordnimg tiber Auftiahme der Irren in offentl. Kranken- und
 +Verwahrungsanstallen, und Hire Entlassitng, etc. In Kramer s Repert. d. Gezelze, etc., t. II.
 +p. 24. BERGMANN. Mittheilungen tiber die Heil-Anstalt im Smict Michaelixklosirr zu Hi I-
 +deslteim. In Hannovrisch. Magaz. 1829. Juli. SCIIMALZ (H. G.). Ueber die IrreuuiiKinlien
 +zuSiegburg.ln Klose sZtg. f. das gesammt e med. Wes. 1829, n os 7, 8. Ueber stddtischc
 +Irreninstitut zu Giesing bei Miinchen. In Klose s Zeitg., 1829, n 9, iQ.GLwmG.Nacliricht
 +von dem neuerbauten Irrenliause zu Brieg in Niederschlesieu. In Pyl s N. Mag., t. I, p. 4G7.
 +GBNZ. Nachricht von dem Irren- und Zuchthaiise zu Waldheim und desxeii Ehtrh-liluiig. In
 +yl s N. Mag., t. I, p. 100. JACOBI (Max.). Zur Statistik der in Preussischen Rheinprovinzen
 +befindlichen Irren. Ueber die Irrenheilanstalt zu Siegburg. In Sammlungeu fiir die Heilk. der
 +gemulhskrankheiten, etc., t. Ill, p. 67, 1850. Du MEME. Ueber die Aii/cf/iiiit/ und Eiit-
 +richlung von Irren-Heilanst alien mil ansfuhrlicher Darstellung der Irren-Hcilnnxiult ;//
 +Siegburg. PI. 15. Berlin, 1854, in-8. RIEDEL (Jos. G.). Prags Irrenanstalt und Hire Leisttin-
 +gen in den Jahren 1827-28-29, nebst den Anzeigen zur Einsendung in die offentlichc .!;/-
 +stall, etc. PI. 4. Prag-, 1830, in-8". Du MEME. Rapport der KK. Irrenanstalt zu Prag fur
 +das J. 1835-1840. In OEsterr. Med. Jahrb., t. XXXVI, p. 42, 1841. Du MEME. Ueber die
 +xrztl. Berichte, etc. Ibid., t. XXXVII, p. 202, 1841. Das Charite Irrenhaus :n Her/in. In
 +Friedreich s Mag. Hft. VII, p. 150, 1831. Ueber die Irrenanstalt zu Frankfort. In llecker s
 +Med. Zlg. Beilage zu n 7, ocl. 1832. Die Irrenheitanatalt Winnenthal. In Wiirl. Corres-
 +pondenzbl., t. Ill, 1834, et Schmidt s Jahrbb., t. VI, p. 197, 1835. J. Die Irrenanstalt in
 +Hanwell. In Gerson et Julius Mag. Mai und Juni 1835, et Schmidt s Jahrb., t. VIII, p. 134.
 +1855 NOVAK (Aloys). Notizen tiber die Prager K. K. Irrenanstalt mid die Veranderimgen
 +in derselben, etc. Frag, 1835, in-8. Du MEME. Geschichte, Verfassitng und Einrichtmig
 +der Prayer Kranken- und Versorgungsaustalten. In OEsterr. Jahrb., t. XXXVIII a L, 1842,
 +1845, 1844. Loisur /e placement et la surveillance des alie ne s d Geneve (5 fevrier 1858).
 +ROLLER (C. F. V ). Nachr ichten und Wuusche aus der badischen Landes -Irrenanstalt zu
 +Heidelberg. In Annal. der Staatsarzneik, t. VI, Hft. 3, 1841, et Schmidt s Jahrbb., t. XXXVI,
 +p. 67, 1842. FLEMNISG. Bericht tiber die Irrenheil-Anstalt Sachsenberg (Mecklenburg--
 +Schwerin), von den J. 1830 bis 1859. In Schmidt s Jahrb., t. XXXIV, p. 208, 1842. KNOR-
 +LEm(Ant.). Die K. K. Irrenanstalt zu Linz. In OEsterr. Med. Jahrb., t. XLII, p. 226, 545,
 +J845. Du MEME. Die Irren-Angelegenheit Ober-OEsterreichs. Ein Vorwort zurBegrundung
 +einer Landes-Heilanstalt fur Geistes- und Gemuthskranke. Linz, 1851. in-8. SPUHZ-
 +HEIM (Carl.). Die K. K. Irrenanstalt zu Ybbs an der Donau in Niederosterreich. In OEsterr.
 +Med.W ochenschr., 1844, p. 141. MANSFELD. Irrenstatistik des Herzogthums Braunschweig.
 +In Oppenheim s Ztschr., l&M, p. 15. ANDREA. Geschichte des Irren- und Arbeills-Haitses zu
 +Berlin. Auszug aus einer grosseren Schrift, etc. Berlin. 1844. FALRET. Visile a I e tablis-
 +sement d alie ne s d lllenau et considerations, etc. In Ann. med.-psychol., t. V, p. 419, et
 +t. VI, p. 69, 1845. VISZANIK (M.). Leistungen und Statistik der K. K. Irrenheilanstalt zu
 +Wien sell ihrer Grundung imJ. 1784 bis zum J. 1844, tabl. 13. Wien, 1845, gr. in-8.
 +WALLIS. Entwurfzum Neubau einer Provinzial-lrren-Heil- und Pflege-Anstalt fur die Kitr-
 +mark Brandenburg. Unter techn. etc. PI. 3. Berlin , 1846, in-4. LANGEMIANN. Die
 +Veranderimgen in dem bayrenther Irrenhaus betreff end. In Damerow s Allg. Ztschr., t. II,
 +1845, et Schmidt s Jahrb., t. LI, p. 215, 1846. HUNGERBUEHLER (J. M.). Ueber das offentlic/ie
 +
 +
 +
 +i
 +
 +
 +
 +ALIEiNES (BIBLIOGRAPHIE).
 +
 +Imnwesen in der Schweiz. Mil einem Antrarj, etc. PI. 5. Saint-Galles, 1847, in-8. PITSCH.
 +Amllicher Bericht uber die Irren- u. Siechen-Aufbeivahrungsanstalt fur Altpommern zn
 +Rugenwalde. In Damerow s Allg. Zlschr., t. II, 1845, et Schmidt s Jahrb., t. LH, p. 219,
 +1840. Annalen der Irrenanstalten zu Siegburg. Herausg., v. Jacobi, 1847. [Un seul vol. a
 +
 +paru.) ALBERS. (in Bonn). Die Heil- und Aufbewahrungs-Anstalt furGeistes-und Gemuths-
 +
 +Kraitke in Meur, etc. In Wochenschr. fur die gesammte Heilk., 1848, n M.Illenau,
 +die grossherzogl. Badischc Heil- und Pflege-Anstalt . Statut, Hausordnung, Krankfrncart-
 +dienst. etc. PI. 1 , 2 e ulit. Heidelberg, 1852, in-8. SCHWARTZ ^Osc.) . Beitrdge zur F&lt;.rtbildung
 +des offentlichen Irrenwesens der Provinz Westphalen. Altona, 1852, in-8. - LAHR (H.).
 +Uebcr Irrsein und Irrenanstalten, fur Aerzte u. Laien et Uebersicht uber Deutschl. Irren-
 +wesen und Irrenaiittalten. PI. col. 1 (appendice a 1 ouvrage precedent), Halle, 1852, in-8.
 +FI.EMMIVG. Slat^lili der be/den Irreninixtalten von M ecklenburg-Schwerin aus den J. 1850
 +u. 1851. In Damerow s Allg. Ztschr., t. IX, 1852, et Schmidt s Jahrbb., t. LXXVI1I, p. 252.
 +1855. MOHEAU (J). Notes sur les dtabliwHients d aliene s de Siegburg, Halle, Dresde,
 +Prague, Berlin et Vienne. In Union we d., t. VII, p. 601, 605, 615, 1855. BINS\VAXGER.
 +Amtliclier Bericht fur das Jahr 1851 uber die Thurgauer Irren-Ueil-und Pflege-Anstalt
 +Munsterlinrjen. In Schweiz. Zlschr., 1855. PI. 1. EARLE (PI.). Institutions for the Insane
 +in Prussia, Austria and Germany (examen de 49 institutions publiques d alie ney et de 8 par-
 +liculiercs en Allemagne). Utica, 1853, in-8. FISCHEL (J.). Prays K. K. Irrenanstalt undihr
 +Wirken sett ilirem Entstehcn bis incl. 1850. Pi. 4, tabl. 7. Erlangen, 1855, in-S. ZEL-
 +LEI; (0. M. R.). Statistisclter Bericht der Heilanstalt Winnenthal von 1846-54. In Wiirtemb.
 +Con: BL, 4854, n s 58, 59, et Schmidt s Jahrb., t LXXXVI, p. 05. 1855. VOPPEL. Jahm-
 +bcricht aus der Landes-Versorgungsanstalt fiir Seelengestorte Manner zu Coldit: im K. Sach-
 +scn. In Damerow s Allg. Ztschr., t. XII, 1855, et Schmidt s Jahrb., t. LXXXVIII, p. 98,
 +1855. NASSL. Stal/slH; tier Im iianstatten dcs Grossherzogthums Meklenburg-Schwerm in
 +den J. 1854 u. 1855. In Damerow s Ztschr., t. XIV, p. 4C5, 185G. KOSTER. Bericht uber
 +das Hospital zu Marsbcrg. In Damerow s All. Ztschr., t. XI, 1854, et Schmidt s Jahrb.,
 +t. LXXXVIII, p. 97, 1855. DAMEROW. Zur Geschichle des Neiibaues der Standischen Irrcn-
 +heil- und Pflege-Anslalt fur die Preuss. Provinz Sachsen bei Halle, und Bemerkungen, etc.
 +In Allg. Ztschr., t. XII, 1855. HOFFMANN (F.). Aerztl. Naclirichten von der Irren-Heil-i/iul
 +Pflege-Anstalt zn Sc/iwit:-. In Allg. Ztschr., t. XVI, p. 48, 1859, et Schmidt s Jahrbb., I. CHI,
 +p. 540, 185 J. HACK. Zur Statistik der Geisteskranken im Amslbezirke Sinslicim. In Aer;tl.
 +Mitth. aus Baden, t. XIII, p. 22, et Schmidt s Jahrb., t. CVIII, p. 255, 1860. BRI-ECKNFR
 +Mittheilungen aus der Provinzial-Irrenheil- und Pflege-Anstalt Schwitz. In Preuss. Ver. Ztg.
 +N e Folge, t. IV, 1850, et. Schmidt s Jahrb., t. CXIV, p. 85, 1862. -- GRASER. Bericht iil/cr
 +die Irrenanstalten zu Eberbach und Eichberg von 1845-1859. In Nass. Med. Jahrbb., t. XIX.
 +et XX, 1865, et Schmidt s Jahrb., t. CXX1I1, p. 88, 1864. Voir en outre les prindpaux
 +recueils sur 1 alienalion mentale publics autrefois (Jacobi, Friedreich, Nasse) et aciuellemeiit
 +en cours de publication, notamment celui de Damerow, fonde en 1844.
 +
 +Russie. KIR\LTIEZ. Note sur le mode de traitement employe a I hopilal des aliei/e s de
 +Moscoir, communique e par Esquirol. In Arch. gen. de me d., l re serie, t. Ill, p. 574, 1823.
 +REIUUNN. Bericht uber das Irrenhaits zu Moskau und die Behandhmgsiveise in Demselben;
 +In Gerson und Julius Mag., t. XVIII, p. 52, 1829, et Friedreich s Mag., 5Hft., p. 152,1850.
 +Uebersicht des Petersburg schen Irrenhauses vom 1. Jan. 1820 bis zu&gt;n \.Jan. 1850. rucksichll-
 +d. Geschlechter der Kranken, des Alters, Standes, der Krankheitsformen, etc. In Hufeland s
 +Journ., t. LXX1I. 4 St., p. 85, 1851. Das Petcrsburger Irrenhaits vom 1 Jan 1831. In
 +Petersb. Journ., 1851, 1 April. HERZOG. Jahresbericht der Sanct-Petersburger Irrenanstalt
 +von 1852, nebst., etc. In Medicinisch-praktisc.e Abliandl. von deutschen in Russland leb.
 +Aerzten, p. 265. Hamb., 1855, in-8. LASEGUE (Ch.). De quelqites etablissements d alie ne s
 +dans la Russie occidental. In Ann. ni Jd.-psychol., t. Xif, p. 54, 1848. LEIDESDORF.
 +Zweijahriger Bericht uber die Privat-Irrenanstalt zu Sanct- Petersburg. In Med. Ztg. Ritssl.,
 +1851, n tS.PsycMatmche Mittheilungen aus den russischen Gouvernements-Hospitalen.
 +In Med. Ztg. Russl, 1858, et Schmidt s Jahrbb , t. CHI. p. 347, 1859.
 +
 +Suede, Norvege, Danemark. - HAGSTROM. Tal om Danvicks Hospital Instattning . Stock
 +holm, 1788. Stand der Kranken in den Jahren, 1824-1825 im Danvicks-Irrenhause. In
 +Svenska Lakare sallkapets Handlinger, Stockholm, 1?27, t. II. et Friedreich s Magaz.
 +5 lift, p. 182, 1830. HOLST. Berelning, Betankning og Indstilling fru en til at undersoge
 +des Sendssvages Kaar i Korge g gjore For slag til deres Forbedring i Aaret 1825 Koodigst
 +nedsat kongelig Commission. Christiana, 1828. (Analyse par Esquirol). In Arch. gen. de me d.,
 +1" serie, t. XXIV, p. 290, 1830. MARCHER. Dm. inaug. sistens Nosocomii Vesanorum
 +S. Johannis in Selandia Danix delineationem. Halre, 1828. Ueber die Irrenanstalt zu
 +Bidstrupgaard. In Wendt Meddelelser om Anst., etc. Kopenhagen, 1827. p. 27, et Fnedreich s
 +Mac]. 5 lift., p. 134, 1850. ESQUIROL (J. Et. Doin.). Ef marques sur la statistique des
 +alie ne s el sur le rapport du nombre des alttnes a la population. Analyse dc la statistique
 +
 +
 +
 +ALIENGS (BIBMOGRAPHIE).
 +
 +des alie ne s de la Norveae. In Ann. d hyg., 1 serie, t. IV, p. 532, 1830. Danische Irren-
 +statistik. In Oppenheim s Zlschr., 18i4, p. 554. SONDEN (C. V). Notiz-en uber die Irren-
 +Anstalten Schwcdens. In Damerow s Allg. Ztschr., t. V, 1848, et Schmidt s Jalirb., t. LXI
 +p. 888. FLEMMING u. HOLST. Zur Statistik der Irrenin Norwegen. In Damerow s Ally. Ztsc/ir. ,
 +t. IX, p. 54, -1852. HUEBERTZ (J. R.). Statistique des maladies mentales en Danemark au
 +1" juillet 1847. In Ann. med.-psychol., 2 C serie, t. V, p. 10, 1855. SPENGLER. Bin Besucht
 +in der danischen Irrenanstalt Bidstrupgaard auf den lusel Seeland. In Deutsche Klinik,
 +t. V, p. 83, 1855.
 +
 +Iialie. GDALAXDI. Osservazioni sopra il celebre stabilimento d Aversa nelregno dl Napoli,
 +e sopra molti spedali d ltalia destinati, etc. Tabl. 2. Bologna, 1823, in-8. (Analyse in
 +Annali univ. di med., t. XXX, p. 340; 1. XXXI, p. 139 ; 1824). ESQUIBOL (J. Et. D.). Note
 +Statistique sur la maison des insenses de Malti, ft Aversa, dans le royaiime de Naples. In
 +Arch. gen. de mild., t. XII, p. 195, 1826. VALENTIN (L ). Sur V hospice des insenses
 +(la Magdalena) pres d Aversa, royaume de Naples. In Voyage me d. enltaiie (l re edit., p. 30,
 +Paris, 1822, in-S, et 2 e edit., p 60. Paris, 1826, in-8). STRONBERG. Ein Wort, uber die
 +Irrenanstalt in Aversa. In Julius ami Gerson s Mag., t. IX, p. 455, 465, 1828. RONCIII.
 +Sur I asile d Aversa. In Giornale del regno delle Dtte-Sicilie, mars 1827, et Gerson u. Julius
 +Mag., t. IX, 1828 TROMPEO (B.). Prospetto statistico del regio Manicomio di Torino nell
 +anno 1829, Torino, 1830, in-8. HORN. Italim morocomiorttm descriptio. Bcrolini, 1830.-
 +BRIEKRE DE BOISMONT (\.\ De.; Etablissem ents d alitiies en Italie. In Journ. cnnipl. i/cs sc.
 +med., t. XLIII, p. 225, 1831. Du MEHE. Des asiles d alie iie s en Italie. In Ann. me d. -psychol.,
 +4 e serie, I. I, p. 410, 1860 : et De I organisation des e tablissements d alie ne s en Italie. Ibid.,
 +t. Ill, p. 34 &gt;, 1864. Stafislique me dicale de lasile royal des alie ne s a Palerme, d aim x
 +le docteur Greco. In Voyage de Marmont, due de Ragnse, en Sicile. 3 e edit., p. 297. Paris,
 +1839, in-8. CARUIERE (Ed.). Lettre sur la maison d alie nt s d Aversa (Naples). In Ann.
 +me d -psychol., t. II. p. 157, 1843. VEUGA (Andr.). Cenni slorici sugli stabilimenti de Pa:-:-i
 +in Lombardia. In Gaz-z. med. di Milano, 1844, n os 39, 40. AUDANEL (H.). Notice sur I asile
 +des alie ne s de Naples. In Ann. med.-psychol., l re serie, t. Ill, p. 186, 184i. GIRELU (G. Fr.).
 +Prospetto med. statistico dei paz-z-i e pazz-i curati nei manicomi di Brescia negli anni lS i 2-
 +1843. In Annal. univ. dimed.,t. CXVIU, p. 285, 1846. BONACOSSA (G. SieflV). Considera-
 +zione sullo stato actuale di Pazzi in Piemonti. Torino, 1849. in-8. BIFFI (Ser.). Rendiconlo
 +dei pazzi curati nel privato manicomio delta villa Antonini prcsso San Celso in Milano,
 +durante il triennio dal Maggio 1848 al Maggio 1851. In Gaz. med. ital., 1851, n 34. MAS
 +SARI (Ces). Rapporto statistico-medico sul manicomio de Perugia, 1840-1851. Perugia, 1852.
 +GIROLAMI (G.). Ospicio di Santo Benedetto in Pesaro. Statist ica sul movimento degli alie-
 +nati dall anno della sua fundazione 1829, a tutto giugno dell anno corrente 1852. Pesaro,
 +1852, in-8. (Statistique des alitfnes dans les Etats de VEglise ]. In Gcizz. Lomb , 18f,vr. et
 +Schmidt s Jahrbb, t. CIII, p. 348, 1859. BINI (Fr.). Saggio di statistica del R. manicomio
 +di Firenze da 1850 h 1853. Firenze, 1854. BRUGNONI. (Rapp. snr I asile des alicnds d Ascino
 +it Bergame pour I annee 1857). In G;. Lombard., 1859. Anal, in Schmidt s Jahrb., t. CIII.
 +p. 548, 1859. ZURLI (G ). Consider azioni intorno all ordinamento e direzione dei mani
 +comi in Italia. Perugia, 1861. in-8. CASTIGLIONE (Ces.). (Rapport Statistique sur les alie ne s
 +en Lombardie dans I anne e 1855). In Gaz. Lomb., 1861, et Schmidt s Jahrbb., t. CXIV, p. 83,
 +1862. PONZA (G. L.). Intorno ad alcuni prospetti statistics del manicomio di Alessandria.
 +Alessandria, 1863, in-4.
 +
 +Espagne, Portugal, lies de 1 Ocean. Vom Irrenhause zu Madrid. In Hamburger poli-
 +tischen Journ., 1818. Marz. MOLIST (E. Pi y). Statistique de la division des alie ne s de
 +Barcelone pour les antte es 1856 et 1857, anal, par M. Brierre de Boismont. In Ann. d hyg.,
 +2 e serie, t. IX, p. 251, 1858. DESMAISONS. Des asiles d alie nes en Espagne, recherches
 +historiqiies et medicates. Paris, 1859, in-8. TEILLEUX. De cret royal relatifd un programme
 +d asile modele en Espagne. In Ann. me d. -psychol., 3 e serie, t. VII, p. 79, 1861. MAR-
 +CHANT (G.). Note sur fetal des alie ne s en Portugal, a Madere et a Te iie riffe. In Ann. me d.-
 +psychoi., t. Ill, p. 565, 1844. RUFZ et DE LUPPE. Me"m. sur la maison des aliene s deSaint-
 +Pieirc- Martinique. In Ann. d hyg., 2" serie, t. V, p. 169, 421, 1856.
 +
 +Amcrique duNord. JARVIS (Edw.). Insanity among the Coloured Population of the Free-
 +Stales. In the Amer. Journ. of Med. Sc., 2 e serie, t VII, p. 71, 1844. KIRKBRIDE (Th. S.).
 +Report of the Pennsylvania Hospital for the Insane for the Year 1849. Philadelphia, 1850,
 +in-8. A Brief Account of the Pennsylv. Hospital for the Insane at Philadelphia. In Amer.
 +Journ. of the Med. Sc., 2 e serie, t. XXXIX, p. 505, I860. BELL. Report of the M s Leon
 +Asiilum for Insane (Massach gen. Hospital). Boston, 1850, in-8. DUNGLISON (J.) (Statistique
 +de I alienation mentale dans les Etats-Unis de 1 Amerique du Nord] . In Amer. Med. Chir. Rev. ,
 +t. IV, p. 056, 1860, et Schmidt s Jahrbb., t. CXIV, p. 81, 1862. De I asile des alie ne s de la
 +nille de Williamsbtirg (Virginia). Traduit de 1 angl. par M. H. Bonnet. In Ann. me d -psychol.,
 +5 serie, t. VIII, p. 55, 1862. M6me remarque que pour 1 Angleterre, les rapports annuels
 +
 +
 +
 +M8 ALlfiNES (MEDECIXT LEGALE).
 +
 +sont scrupulemement analyses par beaucoup de journaux americains, et notamment par
 +1 American Journal of Med. Sciences, et par la Revue sur 1 alienation mentale qui parait a
 +Utique par cahiers trimestriels, depuis 1844, sous le titre suivant : American Journal of
 +Insanity. Pour ne pas allonger outre mesure cette bibliograpbie deja bien etendue, nous
 +avons laisse de cote les documents relatifs aux asiles d alienes en Orient.) E. BOD.
 +
 +IV. Medecine legate. La medecine legale, en ce qui coneeine la t olie, n a
 +commence, a vrai dire, que du jour ou les connaissances speciales du medecin ont
 +etc invoquees, soit en matiere civile, soil en matiere crimioelle, pour aider la
 +justice dans ses investigations ou pour 1 eclaiiei dans ses decisions.
 +
 +TEMPS ANCIESS. On chercherait vaiiK niont la trace d ime intervention de ce
 +
 +I. ms les annales ou dans les coutunir- de- peuptos anciens, meme les plus
 +
 +civilises. L&gt; s medecins et les jurisles, doat les ouvrages sont arrives jusqu a nous,
 +
 +sontmuets a cot egard. La chose, eependai.t, etait assez importance pour meriter
 +
 +an moins d etre signalee, et mil doute qu il en seiail i .nt mention dans les livres
 +
 +d Hippoeiate, de Cel-\ d Ai . UV, de (".alien, de Cceliu- Auivlianus, d Alexandre
 +
 +1 ialles, de lous ceiix enlin qui out edit sur la Iblie, ;i le minislere du medecin
 +
 +eul e!e requis alors dans les questions ou les actions judiciaiivs. Le silence de ces
 +
 +auteurs nous autorise done a assigner a la medecine legale des alieues une origine
 +
 +moins i eeul&lt; &gt; .
 +
 +li ailleins riustitution de l,i mi dccine legale psychologique (comme 1 appellent
 +les Allemand- ^upposr in res.viiii -ui^nt l e\i-leui i pi -r;d.d&gt;lr il iiii" legislation et
 +d une jurisprudence speciales pour les -i ii&lt; piives de raison. Or, s il nous est
 +perrnis de presume! qu une legislation pareille a du exister dans les societes si
 +fortement orgauisees de h Grece antique, nous ne po^edcu- aucun document qui
 +nous en donne la certitude ; c est une pure su; position fondee sur la bonne opi
 +nion que nous inspire la sagesse des legislaleurs. Au iv&gt;te, il est probable que
 +1 idee la plus generate qu on se taisait en ce temps-la de 1 oiigine et de la nature
 +de la lolie, devait placer la plupart des insenses, sinon tous, hors de la loi com
 +mune et les affranchir de toute juridiction liumame. De quel dioit aurait-ou pour-
 +smvi et condamne ces freueliques qu on croyait 1 rappes de Jupiter, possc-des
 +d \pollon ou tourmentes par les Eumenides? Quel tribunal se serait declaie com
 +petent pour juger et punir des homines soumis a des influences surnaturelles et
 +souvent victimes presumees du courroux et de la ven^rance celestes ? La t olie
 +venant des dieux, les lous ne pouvaient etre justiciables que des dieux.
 +
 +Toutefois, il yadaos cette conr.-|i!imi tlieuln-ique de la folie une particularity
 +digne d intt rtt au point de vue legal, et que nous devons noter en passant, c est la
 +reconnaissance et 1 aveu implicit es de I irresponsabilite des insenses.
 +
 +Legislation rumuine. Les Remains ont laij.se une legislation assez corapK-te
 +touchant les alienes. Le principe de la tulelle et de la curatelle etait lormellement
 +HIM ; il d:ui&gt; la loi des Donze Table^, qui remonte aux premieres annees dela repu-
 +blique (-451 av. J. C. ) : " Si luriosus esse iucipit, agnatorum, gentiliumque, in eo,
 +pecuniaque ejus potestasesto. La sollieitude de la loi s etendait non-seulement sur
 +lesfurieux, furiosi, mais encore sur les prodigues, les faibles d esprit, et meme
 +les sourds, les muets, les iutlrmes, tous ceux entin qu une maladie incurable
 +reduisait a une sorte u incapacite ; l. iir p rsonne et leurs biens etaieut mis en
 +tutdle. Ouant aux devoirs et aux attributions du tuteur et dueurateur, a la forme
 +et a la durc-e de la tutelleet dela curatelle, a leur action et a leurs suites I . s,
 +toutes ces conditions essentielles de rint-?rdiction moderne avaient etc prevues el
 +
 +- es par les decemviis. Ic-s tribuns ct b s i reteurs.
 +
 +
 +
 +ALlfiNES (MB DECINE LEGALE).
 +
 +L aliene, chez les Remains, n etait pas seulement regarde comme inhabile a
 +
 +administrer ses biens et a gouverner ses interets, il perdait aussi 1 aptitude a con-
 +
 +tracter mariage, a tester, a prendre des engagements et a stipuler des obligations.
 +
 +En matierede delit ou de crime, 1 insense n etait responsable que s il avail agi
 +
 +dans une periode lucide, en pleine liberted esprit et avec la consciencede son mefait.
 +
 +Les fous turbulents et dangereux etaient sequestres dans des lieux de detention,
 +
 +carceres, par mesure d ordre et de securite publique.
 +
 +Toutes ces dispositions legales n etaient applicables que durant la periode active
 +de la folie ; elles cessaient, ou plutot ellcs etaient suspendues pendant les inter-
 +valles lucides, intervalla , et surtout pendant les longues intermittenccs, inter-
 +valla per fectissima. Ainsi, chez les Remains, comme chez qnelqnes peuples mo-
 +dernes, la lucidite ramenait la capacite civile et la responsabilile legale; elle 1 aisait
 +rentrer 1 aliene dans le droit commun ; elle le reintegrait dans le plein exercice
 +de sa liborte.
 +
 +L usage de nommer des experts pour resoudre une question de fait etait en
 +vigueur sous le droit romain, temoin cet article de procedure : Ad quoestionem
 +facti respondent juratores; ad qusestionem juris respondent judices. -Mais, par
 +une etrange contradiction, tandis que les tribunaux prenaient des arpentenrs et
 +des jardiniers pour vider une contestation de partage ou de mitoycnnele, tandis
 +meme que les medecins etaient consulted pour les cas de reforme et d exemplion
 +du service militaire, il ne parait pas que les juges eussent recours a leurs lumieres
 +speciales pour constater 1 etat mental des furiosi , des menti capti , etc. La
 +notoriete publique tenait lieu d enquete medico-judiciaire; elle suffisait pour auto-
 +riser les magistrals a prononcer 1 incapacite, a deferer la curatelle, a renfermer les
 +fous nuisibles, a appliquer enfin toutes les mesures prescrites par les lois.
 +
 +Malgre la sagesse et la superiorite de la legislation romaine en cette maliere, ce
 +n est done pas la qu il faut esperer de trouver 1 origine de la medecine legale pro-
 +prement dite des alienes.
 +
 +MOYEN AGE. On la- chercherait plus vainement encore dans les pratiques judi-
 +ciaires des barbares qui se partagerent 1 empire romain. Ni dans les lambeaux de
 +la loi salique parvenus jusqu a nous, ni dans les debris imparfaits et gi ossiers de la
 +loi des Burgondes, ni dans les edits des Merovingiens, ni dans les fovmules de
 +Marculfe et de Sirmond, ni dans les Capitulaires, a tant d egards si remarquables,
 +de Charlemagne, de Louis le Debonnaire et de Charles le Chauve, on ne decouvre
 +de dispositions speciales concernant les alienes. L imperibction ou, pourmieux diiv,
 +1 absence de toute jurisprudence, les formes bizarres et sommaires des procedures,
 +1 oubli trop general des saines doctrines medicates, tout conspirait, a cette epoque,
 +pour que la sollicitude des legislateurs fut mediocrement eveillee sur le sort des
 +malheureux atteints de folie, du moins dans les contrees ou, comme dans la Ger-
 +manie et dans la region septentrionale des Gaules, la legislation presentait un
 +assemblage confus de coutumes barbares, de reminiscences romaines et de pres
 +criptions canoniques. Mais dans 1 Europe meridionale, en Italie surtout, oula civi
 +lisation avail pris d assez profondes racines pour resister au torrent destructeur de
 +1 invasion, le genie social, administralif et scientifique des Remains ne tarda pas a
 +prevaloir et a s imposer aux vainqueurs. Les auteurs des lois gothiques et Jom-
 +bardes, tres-superieures a la legislation franco-germ anique, se sont largement
 +inspires de 1 esprit de ces codes admirables que Theodose 11 et Justinien venaient
 +de donner a 1 empire.
 +
 +Origine de la medecine legale. Cependant il faut arriver an dou/ic-ine ot an
 +
 +
 +
 +120 ALIENES (JIEDECINE I.EGAI.G).
 +
 +Uci/ieme siecle, c est-a-dirc a 1 cpoque de la premiere renaissance des lettrcs, des
 +sciences et des arts en Europe, pour trouver, non pas encore 1 origins dela medc-
 +cine legale, mais les grands faits qui devaient en preparer 1 avenement, c est-a-dire
 +la creation des unrversites en Italic et en France, et la restauration presque simul-
 +tanee des etudes medicales et de 1 enseignement juridique. Les oeuvres d Hip-
 +pocrate et de Galien, les compilations d Ulpian et de Justinien, exhumees des
 +monasteres oa apportees par les Arabes, trouverent a Salerne et a Montpellier, a
 +Bologne et a Toulouse, a Pavie et a Poitiers, a Plaisance et a Paris, des adeptes
 +fervents, des commentateurs habiles ct d eloquents interpretes. Ce grand mou-
 +vement, auquol prirent part les hommes les plus eclaires de ce temps-la, clercs et
 +laiques, exerca la plus puissante et la plus heureuse influence sur la legislation et
 +sur 1 administration de la justice; il aboutit a 1 institutiou de la magistraturc
 +sous saint Louis et a 1 organisation des parleraents sous Philippe le Bel. Cettc
 +reforme judiciaire amena plus d unite dans les lois, plus de fixite dans la juris
 +prudence, plus de rigueur dans les enquetes, et des formes moins sommaires dans
 +les procedures. Des lors, les moyens superstitieux et cruels de la periode germa-
 +nique, encore vivaces dans les pays de droit coutumier, font place a des pratiques
 +plus humaiues dans les pays de droit ecrit. La question et la torture, d une appli
 +cation si commune avant le re&lt;;ne de saint Louis, sont restreintes, vers la fin du
 +treizieme siecle, a la recherche des crimes capitau.v ; le duel judiciaire est aboli ;
 +les epreuves corporelles perdent de leur importance au benefice des preuves testi-
 +moniales ; le jugement de Dieu cede le pas au jugement des hommes. Les diverses
 +juridictions, tant ecclesiastiques que civiles, acceptent et appliquent dans les cas
 +speciaux et obscurs le principe de 1 expertise legale, expressement formule en ces
 +termes par les jurisconsultes : Quacumque in arte peritis credendum est.
 +D apres le temoignage de Balde, juriste eminent de cette epoque, les tribunaux ont
 +recours a 1 arbitrage de medecins experimented et honnetes pour tout ce qui est
 +du re-sort de la meclecine : Recurritur ad judicium medicorum peri tie artis et
 +fidei, in his quae ad artem medicorum pertinent. Un autre jurisconsulte, Petrus
 +Jacobi, dans im livre f;mieux connu sous le nom de Practica aurea, hasarde
 +meme des theories medico-legales empreintes des bizarres prejuges du temps ;
 +enfin, un edit de Philippe le Bel consacre officiellement I mtervention des hommes
 +de 1 art dans les enquetes judiciaires, par la creation des medecins, des chirur-
 +giens et des matrones jures du Chatelet, avec charge de faire les rapports
 +ordonnes par ce presidial pour tons ceux qui y sont justiciables (13H-1527).
 +Des lettres patentes de 1350 instituerent aussi des medecins jures pres les par-
 +lements de Paris, de Rouen et de differentes autres bonnes villes du royaume.
 +La constitution criminelle de 1 empereur Charles-Quint, dont les dispositions prin-
 +cipales iurent appliquees a la France par les rois Francois I et et Henri II (1515-
 +1556), exigeaitformellement la visile et le rapport des medecins et chirurgiens en
 +fait de procedures criminelles.En 1 603, Henri IV etendit cette utile mesure a toutes
 +les juridictions royales, et Louis XIV lui donna tout son developpement par 1 edit
 +de fevrier!692, lequel portait creation de medecins et chirurgiens jures royaux,
 +dans les villes, terres et seigneuries ou il y a parlement ou autres cours, eveche,
 +archeveche, presidial, bailliage et senechaussee, pour faire, a 1 exclusion de tons
 +untres medecins et chirurgiens, des visiles et rapports en justice.
 +
 +La juridiction clericale etait entree franchement dans la meme voie. Deja depuis
 +long temps la necessite du temoignage des medecins etait admise, de droit el de
 +fait, par les canons, les decretales, les decisions des synodes ot des prelats, lors
 +
 +
 +
 +ALIENES (MEDECINE LEGALE).
 +
 +qn nn bref du pape Pie V (1565-1572) proclaim solennellemcnt la competence
 +des homines de 1 art dans 1 appreciation des faits medicaux en matiere ecclesias-
 +tique.
 +
 +Telle est 1 origine de la medecine legale, tant dansl ordre civil que dansl ordre
 +canonique. Cette science est nee au commencement du qualorzieme siecle, sous
 +Philippe le Bel, a une epoque ou la medecine et la jurisprudence etaient soeurs, et
 +ou Ics jurisconsultes etucliaient avec le meme zele Hippocrate et Justinien, comme
 +le remarque et le dit clairement Tiraqueau : Legum scientia atque medicina
 +sunt veluti quadam cognatione conjunctse, ut qui jurisperitus est idem quoque
 +sit medicus. Mais pen a pen la medecine legale sortit du domaine purenii iil
 +.juridique pour prendre sa place legitime dans les sciences medicales ; et elle
 +s aifirma dogmatiquement, au seizieme et au dix-seplieme siecle, dans les traites
 +speciaux de Bonier et de Kannegiesser, en Allemagne, de Codronchi (1580) et de
 +Zacchias (1621-1635), en Italic.
 +
 +Ce premier point eclairci, reste maintenant a savoir, afin de rentrer plus parti-
 +culierement dans notre sujet, si 1 intervention des medecins etait requise en justice
 +pourlaconstatation de la iolie. Mais d abord disons en peu de mots quelles etaient,
 +au moyen age, les opinions qui avaient cours sur 1 alienation mentale, et quellc
 +etait, a cette epoque, la situation legale des alienes. Aussi bien il regne sur cette
 +double question, voire parmi les alienistes, des idees entierement lausses qu il
 +importe de rectifier.
 +
 +Situation legale des alienes au moyen age. On se figure assez g6neralement,
 +et meme on dit et on ecrit que durant cette rude periode de dix siecles la folie
 +etait attribute exclusivement a 1 iiifluence d agents surnaturels; que tous les
 +alienes indistinctement passaient pour magiciens, sorciers ou possedes, et etaient
 +traites oujuges conibrmement a ces principes. C est la une erreur prolbnde. Sans
 +doute, 1 amour et le culte du merveilleu.v eurent une tres-grande part dans les
 +preoccupations des savants et des legislateurs du moyen age, et le demon joua un
 +role trop important dans les theories medico-psychologiques des exorcistes et des
 +inquisiteurs ; sans doute, 1 alienation mentale, trop souvent meconnue, paya un
 +large tribut aux etranges prejuges de ce temps-la, et des milliers d energumenes,
 +de somnambules, d hallucines et de lypemanes, tristes victimes de ces supersti
 +tions deplorables, expierent sur le bucher le pretendu crime de sorcellerie. Mais
 +pourtant la notion scientifique de la folie ne se perdit pas entierement dans le
 +chaos de ces aveugles croyances : elle ne fit que s obscurcir. On en retrouve des
 +traces non-seulement dans les ecrils des medecins et des jurisconsultes d alors,
 +mais encore dans les oeuvres des theologiens et des canonistes. Saint Isidore, de
 +Seville, un des hommes les plus erudits du septieme siecle, deiinit ainsi le 1 ou .
 +Stultus est qui propter stuporem non movetur; insipiens dicitur eo quod sine
 +sapore est discretionis et sensus. Saint Thomas d Aquin, la giande lumiere de
 +1 Eglise au treizieme siecle, rencherissant sur cette definition, dit : Stultitia est
 +hebetudo cordis et obtusio sensuum; fatuitas autem spiritualis sensus privatio...
 +Fatuus caret sensu judicandi, stultus autcm habet sensum, sed hebetatum. Et
 +ailleurs, examinant si la folie est un peche et si le fou doit etre responsable de scs
 +actes et de ses paroles, 1 illustre docteur repond formellement : Stultitia, qure
 +naturalis quaedam dementia est, minime peccatum est. (Somme theol.,
 +quest. XLVI, art. 1 et 2.) Voila qui est clair.
 +
 +Mais la meilleure preuve que tous lesfous n etaient pas regardes indifferemment
 +comme possedes, magiciens ou sorciers, c est qu il y avait des lois et des juri-
 +
 +
 +
 +122 ALIENES (MDECINE LEGALE).
 +
 +dictions distinctes pour les uns et pour les autres. Les possedes, victimes
 +innocentes de quelque sortilege ou de la malice du demon, etaient misericor,
 +dieusement traites par la vertu des oraisons, du jeune, de la penitence et desexor-
 +rismes. Les magiciens et les sorciers, race abominable, suppots et adorateurs
 +du diable, etaient traduits devant les tribunaux ecclesiastiques, pnis livres impi-
 +toyablement au bras seculier, comme renegats, blasphemateurs, sacrileges, ido-
 +latres, empoisonneurs et homicides. Enfm, les insenses, du moins a dater du trei-
 +zieme siecle, etaient soumis a un regime legal assez exactement caique sur la
 +legislation romaiue. Toutes les dispositions relatives a 1 interdiction, a la curatelle,
 +a Tim apacite civile des fous et des prodigues, se trouvent tres-amplement exposees
 +dans les lecons et les ouvrages des jurisconsultes du moyen age, depuis Irneriuset
 +Barthole (1 100-1525) jusqu a Aiciat et Cujas (1500-1550), en meme temps qu elles
 +etaient sanctionnees et appliquees par les cours et tribunaux de haute et de basse
 +justice. On peut s en convaincre en parcourant les vieux registres du parlement de
 +Paris, connus sous le nom A Olim. Ce curieux recueil, qui comprend les regnes
 +de saint Louis, Philippe le Hardi, Philippe le Bel, Louis le Hutin et Philippe le Long
 +(1254-1518), renferme un assez grand nombre d enquetes, de jugements et
 +d arrets prononcant ou confirmant 1 interdiction, annulant les actes et contrats de
 +personnes atteintes de differentes formes d alienation mentale et designees sous les
 +noms divers de Stulti, Fatui, Idiotx, Prodigi, Dissipatores.
 +
 +Dans ces siecles, dont on a fort exagere 1 ignorance et la barbarie, les lois ne
 +montraient pas moins de prevoyance pour les alienes en matiere criminelle qu en
 +matiere civile. Les principes de cette autre partie de la jurisprudence, soi-
 +gneusement developpes par les anciens criminalistes des ecoles italienne et iran-
 +caise, ont ete resumes par Tiraqueau (14-80-1 535), dans des termes qui meritent
 +d etre cites : Furore percitus qui crimen committit satis suo furore punitur, et
 +ilium fati infelicitas excusat; nam furiosus non intelligit quod agit, et nulla est
 +ipsius voluntas... Non solum qui ni furore deliquit non puniendus est, sed et qui,
 +dum sanae mentis esset, facinus perpetravit, postea furore correptus est, mitius
 +sane puniendus est; et sic furor superveniens poenam minuat... Si processusnon
 +sit inchoatus ante furorem, furiosus non est condemnandus ; sed si jam expedites
 +esset processus, posset puniri Si quis sua sponte eflectus est furiosus, ut quia
 +aliquid ultro comedit quod sciebat homines in furorem vertere, tune non excusetur,
 +sed levius puniatur... Plurimi prudentesque viri furiosos se atque insanos esse
 +simulaverunt ut sibi commissorum aut committendorum impunitatem compara-
 +rent... Tl est difficile de donner une formule generale plus precise et plus com
 +plete de la jurisprudence criminelle en ce qui concerne les fous. Us ont perdu leur
 +libre arbitre; ils ne sont pas responsables; ils ne doivent pas etre punis; mai&lt;,
 +afin de preserver la societe contre leurs aveugles et dangereuses impulsions, il faut
 +les sequestrer ; et, comme en ce temps-la il n y avail point d asiles, c etait a la
 +lamille qu incombait, sous peine d amende, le soin de les garder : Cautum est
 +ut parentes vel propinqui furiosum domi, quocumque modo possint, custodiant;
 +quod ni fecerint, mulctentur.
 +
 +Maintenant que nous savons quelles etaient, au moyen age, les idees regnantes
 +sur la folie, et aussi quelles etaient, pour les alienes, la legislation et la jurispru
 +dence de cette epoque, en droit canonique, civil et criminel, cherchons a deter
 +miner la part et le role des medecins dans chacune de ces juridictions.
 +
 +Xous avons dit plus haul que les theologiens et les juristes ne contbndaient pas
 +indistinctement tous les fous dans la categorie des magiciens, des sorciers et ties
 +
 +
 +
 +AL1ENES (MEDECINE LECALE). 125
 +
 +possedes. C etait surtout en vue d etablir scientifiquement cette distinction foiula-
 +mentale que les lois canoniques ordonnaient de faire appel aux lumieres et au
 +temoignage de medecins d une foi et d une science eprouvees ; car souvent, dit
 +une decretale du synode de Reims, les exorcistes sont trompes par des esprits
 +melancoliques, lunatiques ou rendus malades par des arts magiques, qui disent
 +etre possedes et tourmentes du demon et qui, dans le vrai, ont plus besoin des
 +secours de la medecine que des exorcismes. Wier ecrivait dans le memc sens, en
 +parlant des sorciers : II ne se faut pas arrester a la confession des personnes
 +melancholiques ou troublees d esprit, ni temerairement determiner dc la punition
 +selon leur confession; ains il laiit que les preuves soieut plus claires que le jour...
 +En quoy faisant, il faut preudre le conseil des celebres medecins enlendus en la
 +connoissance des vertus et facultes des choses naturelles. Lu plupart des inquisi-
 +teurs se conformaient a ces sages prescriptions ; aussi voyons-nous geiieralement,
 +el sauf de rares exceptions, des medecins, des chirurgiens ou des matrones figurer
 +dans les ceremonies d exorcisme ou dans les proces de sorcellerie ; temoiu le fait
 +raconte par Amatus Lnsitanus et relatif a uue Illyricnne, accusee d avoir jete un
 +sortsur un jeune homme et de 1 avoir rendu sourd : Ea re ad judices delata, ei me-
 +dicorum sententiam audire voluerunt. Temoin encore : le drame juridique de Jeanne
 +Dare (1451) ; 1 histoirede cettc sorciere, vertueuse femme de quatre-vingts ans, que
 +Wier cmpecha fort a propos d estre gehennee toute vive; &gt;&gt; 1 affairc des demo-
 +nolatres de Tours (1589), sauves du bucherpar un remarquable rapport de Pigray,
 +Leroy, Falaiseau et Renard ; celle du lycanthrope Jacques Roulet (1598), enferme,
 +apres enquete medicale, dans 1 hospice de Saint-Germain-des-Pres, ou Ton avait
 +coutume de mettre les fous; le cas de Marthe Drossier (1599), ou figuraii iil
 +quatorze medecins et chirurgiens, entre autres Riolan et Marescot ; la tragedie de
 +Loudun (1652-1634), ou quatre medecins dcclarerent que les clioses qu ils avaient
 +vues etaient surnaturelles et surpassaient tant leurs connaissaTices que les regies
 +ordinaires de la medecine, tandis que le chirurgien Mannoury decouvrait les
 +marques du diable sur le corps du malheureux Grandier ; 1 histoire des pretendues
 +possedeesde Toulouse (1681), cbez lesqnelles Francois Bayle et Grangeron ne
 +trouverent aucune preuve de sortilege, possession ou obsessions; enfin, 1 affairc
 +de Marie Volet (1687-1690), dont 1 etat mental fut le sujet d un remarquable
 +rapport du docteur Rhodes, de Lyon.
 +
 +Dans les faits de possession demoniaque, les medecins avaient mission d interro-
 +ger les patients, d observer le caractere des crises, d en verifier les phenomenes et
 +de se prononcer sur la nature et la signification des secretions ou des excretions
 +terminales.
 +
 +Dans les proces de sorcellerie, le mandat des medecins et des chirurgiens con-
 +sistait a chercher, a decouvrir et a constater les marques du diable, stigmata
 +diaboli, sur le corps des magiciens ou des sorciers. L intervention d un homme
 +de 1 art etait d autant plus opportune dans ces circonstanccs, que le malin esprit
 +se plaisait quelquefois a poser sa griffe sur les regions les plus imprevues et les
 +plus secretes : Subpalpebris, sub labiis, sub podice, sub uteri labellis, in aliisque
 +occultioribus locis. Ces empreintes constituaient, pour ainsi parler, la preuve
 +materielle et le corps du delit.
 +
 +S il est affligeant de voir un certain nombre de medecins et de chirurgiens,
 +imbus des funestes prejuges d alors, justifier, par 1 autorite de leur nom etde leur
 +savoir, les etranges pratiques des exorcismes et souscrire aux redoutables sentences
 +des inquisiteurs de la loi, on ne saurait oublier, a titre de dedommagement et de
 +
 +
 +
 +124 ALlfiNfiS (MEDECINE LEGALE).
 +
 +consolation, qne c est du sein du corps medical que se sont elevees les premieres
 +et les plus energiques protestations en faveur des sorciers, et que beauconp dc ces
 +malheureux ont du lenr salut a 1 habile et genereuse initiative des hommes de I art.
 +
 +Nous venons de prouver surabondamment, et par des faits authentiques, que
 +pendant le moyen age et jusqu a la fin du dix-septieme siecle 1 expertise niedico-
 +legale etait admise, comme un element de conviction, dans la jurisprudence cccle-
 +siastique, qu elle faisait partie essentielle des procedures inquisitoriales, et qu elle
 +avail le plus souvent pour but et pour resultat la constatation de 1 etat mental des
 +possedes ou des sorciers.
 +
 +En etait-il de rneme dans la juridiction civile et criminelle? On pourrait 1 ad-
 +mettre par analogic; car il n est guere probable que les tribunaux laiques se soient
 +montres a cet egard moins delicats et moins scrupuleux que les tribunaux eccle-
 +siastiques; et il serait fort extraordinaire que les parlements, qui ne manqiiaient
 +presque jamaisde s en referer a une commission medicale dans la revision des proces
 +de sorcellerie, eussent meconnu la competence des mcdecins pour fournir la de
 +monstration de la folie en matiere civile. D ailleurs, 1 institution des medecius jures
 +et 1 existence d une legislation et d une jusprudeuce speciales pour les alienes eta-
 +blissent encore de fortes presomptions en faveur de I immixtion des medecins dans
 +les enquetes judiciaires. Mais ce n est pas tout; voici des temoignages positifs qui
 +ne laissent subsisler aucun doute a cet egard, et qui ont unc valeur d autant plus
 +grandequ ils sontpuises a deux sources differentes, mais unanimes sur ce point,
 +aux ouvrages de jurisprudence et aux traites primitifs de medecine legale.
 +
 +Les plus illustres jurisconsultes du moyen age, Balde, Alexander, Tiraqueau,
 +Farinacius, Mascardi, proclament hautement la necessite de 1 mtervention medicale,
 +en justice, dans les cas de folie : De dementia a medicis requirere jurisconsulti
 +consuescant; has enim passiones soli medici cognoscunt. Et les tribunaux sui-
 +vaient, en cela, les conseils et 1 exemple des juristes : Medicos in similibus casibus
 +ad judicandum adhibent;... et ipsis solis creditur cum dubitatur an testator furio-
 +sus vel demens fuerit, necne. Prevot, conseiller au parlement de Paris et con-
 +temporain de Lamoignon (1650), dit, dans son Traite des rapports judiciaires :
 +Le delii-e et la demence donnent occasion de faire des visites et des rapports dans
 +les procedures criminelles. Un accuse a commisune action veritablemeut punissable;
 +il est de notoriete qu il etait dans un delire violent et qu il n avait aucun usage de
 +sa raison, il parait juste et meme necessaire que ceux qui sont obliges de proferer
 +un jugement sur lui soient instruits de son etat; c est ce qui a donne occasion a
 +des arrets des Cours souveraines, qui ont ordonne des visites de medecins et de
 +chirurgiens en pareil cas . Un arret du parlement de Bordeaux, du 8 avril 1703-,
 +prononca que 1 imbecillite et la demence devoient etre attestees par des mede
 +cins jures.
 +
 +Le temoignage des medecins, sur le point qui nous occupe, n est pas moins
 +forinel que celui des juriscousultes. Un medecin du seiziihne siecle (1528), trop
 +peu connu, le premier qui ait essaye de formuler d un rnaniere dogmatique les
 +principes de la medecine legale, Jean-Bap tisteCodronchi, philosophus ac medicus
 +Imolensis, dans un remarquable petit ouvrage intitule Methodus testificandi,
 +al usage des medecins experts, des jurisconsultes et des magistrals, opusculum
 +non modo neotericis medicis, sed et jurisperitis ac judicibus, plurimum ex usu,
 +nous apprend que, depuis longtemps, les loisdel Etat et les lois de 1 Eglise invo-
 +ijuent le lemoignage des medecins dans certaines questions de droit civil et de
 +droit criminel, velut in quaestionibus pubertatum, partuum, ac veneficiorum, item
 +
 +
 +
 +ALIENES (MEDF.CINE LEGALE). 125
 +
 +in quaestionibus aliquot ad matrimonium pcrtinentibus, et multis aliis in quibus
 +agituv de capitc hominis. Lcs medecins etaient requis par la justice pour donner
 +Icur avis en cas dc mort, deblessure ou de maladie, medicus a judice rcquisitus
 +de vulnere vel morbo aliquo testificari debet ; et parmi ces maladies etait comp-
 +tee la folie : Fit perscepe ut delirare nonnulli desipereque simulent, quos ex
 +pr8cc:edentibus causis, ex babitu simulantis, et ex privatione notarum delirii ac
 +melancholia?, levi negotio deprehenduntur. n Godronchi reproduit tin certain
 +nombre de rapports fails par lui en justice, deux notamment rclatifs a des cas
 +d hyslerieetde catalepsie, compliques de conceptions delirantes et d actes insenses-
 +
 +Un autre medecin italien, Paul Zacchias, acheva, un sieclc plus tard (Ki JI-
 +1655), 1 ceuvre que Codronchi n avail fait qu ebaucher. II faut lire, dans cc livrc
 +d une merveilleuse erudition, intitule Quxstiones medico-legates, le remarquable
 +chapitre De dementia ct rationis Jccsione, pour se faire une juste idee de 1 etat
 +de la palliologie menlale a cette epoque, pour bien saisir l influence des progre.
 +accomplis en cetle matiere sur [ appreciation juridique des fails imputables a la
 +folie, ct suvtout pour jnger de la valeur attribute par les magistrals d alors a I ap
 +titude speciale des medecins dans les cas de cette nature. Zacchias, d accord aver
 +plusieurs jurisconsultes eminents, dont les noms ont ete rappeles plus haul, declare
 +que les medecins sonl seuls competents pour fournir la preuve dc la maladie men
 +lale probari morbam, el pour en indiquer 1 espece, in quanam etiam insa-
 +nientium specie quis reponendns sit, an fatuus, an polius insanus, vel furiosus
 +sit. Cequi dislingue I ceuvre de Zacchias, et ce qui en fait principalement le me-
 +rite et I originalite, c est de presenter une classification plus precise et plus ration-
 +nelle des diverses formes de 1 alienation mentale, c esl de faire renlrer dans le
 +cadre nosologique de la folie propremenl dite la plupart des manifestations deli
 +rantes precedemment attributes a des causes surnaturelles et a des agenls diabo-
 +liques ; c esl enfin el surtout d avoir introduit, dans la jurisprudence des alienes,
 +des elements d une importance majeure, en debrouillant un peu le chaos de la me-
 +lancolie, eten posant nettemenl la queslion des delires parliels : Animadverten-
 +dum, dil-il, non omues dementes circa omnia errare. Quosdum enim circa omnia;
 +quosdam circa plura, alios vero circa pauca qusedam solummodo errare constat,
 +imo ex illis nonnulli sunt qui in nullare, si imam tantnm excipias, errant. Bien
 +que la monomanie, cette pretendue decouverte con tern poraine, ne soil pas denom-
 +mee dans ce passage, esl-il possible de la designer en lermes plus expres? Quant a
 +la melancolie, ce qui la distingue essentiellement, stiivaut Zacchias, c est qu elle
 +s accompagne toujours d idees de defiance et de craintc : In melancholicis repe-
 +ritur semper timor el suspicio.
 +
 +Toul ce qui a Irail a la capacile civile, a la validile des actes, a la responsabilite
 +morale et legale des alienes de toute categorie est examine, pese, discute et resolu
 +de la maniere la plus conforme au droit, a la justice, a la raison et aux saines doc
 +trines de la psychiatrie. De longs developpemenls sont consacres a 1 etude des
 +intervalles lucides et a 1 eclaircissement des doutes et des difficnltesqu ils soulevent
 +dans 1 appreciation juridique des mobiles et des fails. L auteur appelle tres-specia-
 +lemenl 1 attention des jurisconsulles, des magistrals el des medecins legistes sur
 +rinfluence des revesetdeTetat intermediate ausommeil et a la veille; sur ledelire
 +produit par 1 abus des boissons, par 1 ingestion de certaines substances toxiques ou
 +par 1 inoculation de principes virulents (rage et tarentisme); sur 1 etat mental
 +des sourds-muets; sur les troubles intellecluels associes ou conseculifs n la menin-
 +gite, a 1 apoplexie, a la congestion cerebrale, a 1 cpilepsie, a la catalepsie, u I ex-
 +
 +
 +
 +126 ALIENED (SIEDECINE LEGALE).
 +
 +tase, au somnambulisme, a la choree et aux autres nevroses convulsives. Enfin,
 +pour ne rien omettre, il s occupe des consequences legales de certaines passions, la
 +colere, la frayeur et 1 aniour, qui peuvent donner lieu a une eclipse momentanec
 +de la raison, et porter aux memes erreurs, aux memes desordres ou aux memes
 +exces que la folie.
 +
 +Cependant il etait difficile que Zacchias, prolo-medecin du pape et des Etats remains
 +s affranchit entierement des prejuges de son temps et des doctrines de son entou
 +rage. II croit aux demoniaques, mais avec beaucoup de reserve, et non sans avoir,
 +au prealable, retranche de leur societe les lunatiques, les lycanthropes, les som-
 +nambules et la plupart des convulsionnaires. II reduit ainsi le nombre des posse-
 +dcs aux seuls energumenes et engastrimytbes : encore declare-t-il que si le diable
 +tourmente ces malheureux, c est qu ils sont predisposes a ses obsessions par leur
 +temperament melancolique : In his prsecedit semper corporis dispositio quon
 +dam ex melancholia, quaj hominem ad insaniam concinnat. D ouil conclut sage-
 +ment que les possedes doivent etre traites comme des fous : Itaque demoniac!
 +furentibus et insanis sequiparandi ; et il conseille 1 emploi des secours medicaux
 +comme un utile complement et un auxiliaire efficace des exorcismes et des prieres
 +de 1 Eglise. N est-ce pas la un habile compromis entre le scepticisme du savant et
 +les scrupules du chretien? Et pourtant, par une contradiclion singuliere, que pcut
 +seule expliquer 1 influence du milieu theologique dans lequel il vivait, Zacchias
 +accepte, dans une certaine mesure, le pouvoir des malefices, des sortileges, des
 +charmeset des enchantements. On voudrait pouvoir dechirerde son livre les pages
 +ou il parle des sorciers et des magiciens infames, en termes moins dignes d un
 +medecin que d un inquisiteur, et ou il demande, au nom du salut public, qu oa
 +extermine leur race abominable : Reipublicaa interest sacerrimum hoc hominum
 +genus de terra viventium eradicare.
 +
 +A peupres vers la meme epoque (1650), un medecin de Leipsick, Job. Frider.
 +Zittmann, publiait, sous le litre de Medicina forensis, un volumineux recueil de
 +documents medico-judiciaires, dans lequel on trouve des rapports fort instructifs
 +sur divers sujets afferents a la medecine legale des alienes, entre autres sur des cas
 +curieux de monomanie homicide, de monomanie incendiaire, de fureur hyste-
 +rique, de demence epileptique, etc.
 +
 +Dans le dix-huitieme siecle, les travaux de Thomasius, Leyser, Rivinus, Heben-
 +streit, Pitschmann, Plainer, Bose et Gruner, jeterent de vives lumieres sur la
 +medecine legale des alienes, et apporterent de nouveaux arguments en 1 aveur de la
 +competence speciale des medecins dans 1 examen juridique de ces infortunes ma-
 +lades. Les jugements des tribunaux, les arrets dos cours et parlements donnaient
 +en meme temps aux principes de cette jurisprudence speciale une application pra
 +tique et une consecration solennelle dans des causes demeurees justement celebres.
 +Qu il nous suifise de rappeler la plus retentissante de toutes, le fameux proces entre
 +le prince de Conti et la duchesse de Nemours au sujet de la succession de 1 abbe
 +d Orleans, dans lequel le chancelier d Aguesseau exposa dans un beau langage et
 +developpa avec une admirable profondeur les suites legales de la demence en matiere
 +civile.
 +
 +EPOQUE ACTUELLE. La reforme legislative, qui fiit le corollaire oblige de la
 +revolution politique et sociale de 1780, fit disparaitre les parlements, les juridic-
 +lions ecclesiastiques et seigneuriales, ainsi que les derniers vestiges du droil cou-
 +tumier ; elle supprima les pratiques bizarres ou cruelles des vieilles procedures ;
 +elleabrogea les prescriptions barbareset iniques conlre les magiciens et les sorciers.
 +
 +
 +
 +ALIENES (MEDECINE LEGALE). 127
 +
 +L edit royal de 1 692 fut dechire avec le reste des institutions monarchiques. Les lois
 +nouvelles, generalement inspirecs par les sentiments d une genereuse philanthropic,
 +ne devaient pas demeurer indifferentes a la plus affligeante des inlortunes, a la folie.
 +Des lemois de mars 1790, 1 Assembled nationale decreta que les personnes dete-
 +nues pour cause de demeuce seiaient, pendant 1 espace de trois mois, interrogee?
 +par les juges, visitees par les medecins, qui s expliqueront sur la veritable situation
 +des malades, afm que, d apres la sentence qui aura statue sur leur etat, ils soient
 +elargis ou soignes dans des hopitaux indiques a cet effet. Plus tard, la Conven
 +tion, souscrivant aux vues bienfaisantes de Pinel, fit tomber leschaines des aliencs
 +ct fermer les cabanons et les cachots de Bicetre.
 +
 +Si 1 intervention des medecins etait reconnue necessaire, a cette epoque, pour
 +1 execution des mesures administrates concernant les alienes, a plus forte raison
 +devait-on la considerer comme utile dans les actions judiciaires ou il y avait alle
 +gation ou soupQou de folie. Un seul fait suffira pour nous en convaincre. Louis-
 +AugusteGuillaume, soldat au 5 e regiment des veterans, avait ete condamne, par le
 +conseilde guerre, a la peine de mort, pour avoir assassine, le 9 thermidor an Ml,
 +Joseph Landau, un de ses camarades. La Gour de cassation armula cette sentence,
 +attendu qti il resultait des pieces de la procedure et du rapport des offociers de
 +sante, que le prevenu etait atteint d epilepsie, et que cette maladie lui avait occa-
 +sionne, avant et dans le moment du crime, des transports de rage et de fureur qui
 +n etaient pas naturels.
 +
 +Ceci se passait au commencement de ce siecle, pendant que le conseil d Etat ela-
 +borait la codification de nos lois, que Pinel inaugurait dans la nosologie et la thc-
 +rapeutique de la folie I lmmortelle reforme si brillamment continuee par Esquirol,
 +ct que Fodere, posant les bases et formulant les principes de la medecine legale
 +contemporaine, defrayait, dans son admirable Traite du delire, le terrain que 1 in-
 +fatigable Georget devait etendre et feconder unpeu plus tard. Les beaux truvaux de
 +ces maitres illustres preparerent des voies nouvelles et ouvrirent de plus claires et
 +de plus larges perspectives a la jurisprudence de 1 alienation mentale; mais ils
 +n exercerent pas sensiblement d intluence immediate sur la legislation meme. Ainsi
 +les redacteurs du Code employerent, comme nous alions le voir, les memes termes
 +que leurs devanciers (demence, fureur, imbecillite) , et sans y attacher une signifi
 +cation plus precise. Quant au sort des alienes, il devait s ecouler bien des annees
 +encore avant que la loi clu 30 juin 1838 vint lui donner une situation reguliere et
 +definitive.
 +
 +LEGISLATION ET JURISPRUDENCE FRANgAisEs. - A. Droit civil. 1 Inter
 +diction. Tutelle. Conseil judiciaire. L homme entierement prive de 1 usage
 +de la raison est considere comme incapable d exercer ses droits, inhabile a admi-
 +nistrer ses biens et a diriger ses interets. La loi Tassimile a un mineur et le place
 +sous le patronage et la surveillance d un tuteur, qui prend soin de sa personne et
 +le represente dans les actes de la vie civile ; tel est 1 objet de I inter diction. : Art. 489
 +du Code civil : Le majeur qui est dans un etat habituel d imbecillite, de demence
 +ou de fureur, doit etre interdit, meme lorsque cet etat presente des intervalles
 +lucicles. 11 est superflu de faire ressortir ce qu il y aurait d imparfait et d insuf-
 +fisant dans cette formule, si les trois termes imbecillite, demence et fureur avaient
 +en jurisprudence le sens rigoureux et precis qu ils ont aujourd hui dans les nomen
 +clatures nosologiques. Mais les jurisconsultes et les magistrals, en donnant a ces mots
 +une acception plus large, admettent dans la division de 1 article 489 loutes les per
 +sonnes irappees de cet etat d incapacite notoire auquel le legislateur a voulu sub-
 +
 +
 +
 +1&lt;28 AL1E.NES (MEDECISE LEGALE).
 +
 +venir. Ainsi, d apres les redacteurs memes du Code, a I imbecillite est vine faiblesse
 +d esprit causee par 1 absence ou 1 obliteration des idees ; la demence provient, non
 +de la faiblesse de 1 e-prit, mais d un dereglement d idees qui ote 1 usage de la
 +raison ; la fureur n est qu une demence exaltee qni pousse a des actionsdangereuses.
 +Sans nou&gt; ;in eh r a ce qu il y a d iiirxact et d erroae dans Ci s dcTnii:ions, qu il nous
 +suffise de constater qu on peut aUement y faire rentier les formes principales de la
 +folie. C est la 1 essentiel. Neunmoins, la loi gagnerail en clarte et en precision si
 +sa nomenclature elait plus conforme aux class)fications scientifiqr.es generalement
 +adoptees. Un autre point qui ressort rigoureusement des interpretations juridiques
 +precitees, et qu il importei ait de no jamais perdre de vue, c est quo le K gislateur
 +a \oulu frapiier par 1 interdictiou, uon pas tons les fous indistinctement, mais
 +sculemcnt les iasenses assez demies de raison pour ne plus pouvoir, comme dit
 +D A^nessean, mener une vie commune et ordinaire, re mplir la destination humain-i
 +ni atteindre jusqu a la mediocrite des devoirs lu aeraux.
 +
 +Le Code dit encore expressement que 1 etat d imbecillite, de demence ou de fureur
 +doit 01 re 1 1 nl i) 1 1! -I. Cette condition est necessaire pour rendre recevable toute demande
 +en ini nVi- lion. Le delire aigu, les cas isoles, accidentels, rares et passagers de
 +folie sont rejetes ]&gt;ar les tribunaux comme insuffisants. Mais il n est pas besoin que
 +I aliunation mcnlalu suit continue; d apres le fexte meme de la loi, les intervales
 +hifides ne sont pas ua obstacle an succes de 1 instance.
 +
 +Les articles 490 a 498 indiqacnt les personnes admises a provoquer 1 interdic-
 +tion, lesfoimaliteb. aremplir, la niarche de la procedure, etc. Les faits de demence,
 +d imbecillite ou de fureur doivent etre articules par ecrit, attestes par des teruoui^
 +et appuyes sur des pieces justificatives. L aliene pretendu est en outre interroge
 +par les magistrals, soit dans sa demeure, soit dans lachambre du conseil; lejuge-
 +ment est rendu en audience publique. Quant a 1 examen ou au controle medical,
 +il n ea est pas question.
 +
 +A cote de ces insenses que la loi met en tutelle, il est une autre classe d indi-
 +vidus qui ne sont ni assez demies de raison jiour etre prives de 1 entier exercice de
 +leurs droits, ni assez sains d esprit pour jouir de toute la plenitude de la vie civile.
 +Us sont juges capables pour certains actes, pour se marier et pour tester, par
 +excmple ; mais la faiblesse de leur intelligence les rend inhabiles a gerer seuls
 +leurs interets, et la loi y pourvoit en leur dormant, pour les guider et les assister,
 +iin conseil judiciaire ; c est un p.irii mixte, qui n est ni I mterdiction coni[ilete, ni
 +le rejet pur et simple de I interdiction; c est, pour parler le langage des jnriscon-
 +sultes, une interdiction limitee a certains actes. Art. 499 : En reje.ant la demande
 +en interdiction, le tribunal pourra, si les circonstances 1 e agent, ordonner que
 +le defendeur ne pourra desormais plaider, transiger, emprunter, recevoir capi
 +tal mobilier, ni ea donner decharge, aliener ni grever ses biens d hypotbeques,
 +sans l assi&gt;tancL d ua conseil qui lui sera nomme par le meme jugement. Cette
 +demi-iiiteidictioii s applique aux vieillards dont la memoire est allaiblie, aux per-
 +&gt;oimes dont 1 intelligence est bornee et voisine de 1 etat d imbecillite, a celles aussi
 +doat les faculties mentales out subi quelque atteiute seiieuse sous le coup d uno
 +maladie convulsive (cboiee, epilepsie), ou d une lesion ceiebrale (meningile,
 +hemorrhagie, congestion) .
 +
 +La loi range implicitement les prodigues parmi les faibles d esprit, et 1 article 515
 +lenr applique formellement les dispositions de 1 article 499.
 +
 +Les articles 501 a 513 reglent la publicite de 1 arret d interdiction, ses effets
 +It gaux dans 1 avenii et dans le passe, le cboix, la nomination et les devoirs du
 +
 +
 +
 +AL1ENES (MIJDECINE LEGALE). 120
 +
 +tuteur, la duree et la mainlevee du jugement. Bien que 1 article 502, confirme
 +parl article 505, declare nuls de droit tous les actes passes par 1 interdit; et
 +bien que 1 article 459 maintienne forraellement les effets de 1 interdiction
 +nonobstant les intervalles lucidos, neanmoins beaucoup de magistrals et de juris -
 +consultes, donnant a la loi 1 interpretation la plus large et le sens le plus liberal,
 +prol essent que 1 interdit conserve tous les droits dont 1 exercice est exclusivemcut
 +personnel, et qu il peut faire valablement, dans les intervalles lucides, tous les
 +actes qu un tuteur ni personne ne peuvent remplir a sa place, tels que tester, se
 +marier, reconnaitre un enfant naturel, etc. Faute de cette condition, ajoute
 +M. Demolombe, 1 interdiction ne serait plus une mesure de protection, mais une
 +atteinle pleine de durete et d inhumanite aux droits les plus precieux des citoyens ;
 +elle serait une tyrannic egalement condamnable par la raison, la science et 1 hu-
 +manite. Cette doctrine a etc consacree generalement par la pratique des tribu-
 +naux, ainsi qu on le verra bientot.
 +
 +Par une disposition pleine de prevoyance et de sagesse, la loi exige (article 510)
 +que les revenus d un interdit soient essentiellement employes a adoucir son sort et
 +a hater sa guerison. La loi ajoute : Selon les caracteres de sa maladie et 1 etat
 +de sa fortune, le conseil de famille le fera traiter dans son domicile, dans une
 +maison de sante ou dans un hospice.
 +
 +L interdiction cesseavec les causes qui 1 ont determines; neanmoins, il faut un
 +jugement de mainlevee pour restituer a 1 interdit sa capacite civile et pour lui
 +rendre 1 exercice de tous ses droits legaux (article 512).
 +
 +2 Du manage. Oppositions. Demandes en nullite. Separation de corps et
 +de biens. L article 146 du Code civil porte : II n y a point de mariage lorsqu il
 +n y a point de consentement. Aux yeux de la loi, le mariage est un contrat civil.
 +Or, tout contrat n est valable que par le consentement, libre et exempt d erreur,
 +des parties contractantes (article 1108 et 1109). Ces conditions supposent neces-
 +sairement chez celui qui s* engage le discernemerit de ses obligations, la connais-
 +sance de ses droits et de ses devoirs, une determination consciente et reflechie dela
 +volonte. Hors de la, le consentement est vicie ; et le contrat est nul ou annulable.
 +
 +Lafolie devrait done entrainer necessairement la nullite du mariage, si elle
 +existait au moment ou il a etc celebre. Lors de la discussion du Code civil, le tri
 +bunal avait demande en effet que 1 interdiction fut consideree comme une cause
 +dirimante, de telle sorte que le mariage de 1 interdit dut etre annulable alors rneme
 +qu il aurait etc contracts dans une periocle de lucidite. Cetfe demande ayant etc
 +repoussee, 1 arlicle 146 est, suivant la plupart des jurisconsultes, le seul sur lequel
 +onpuisse s appuyer pour faire annuler le mariage d un interdit. En consequence,
 +il faudra, pour que 1 annulation soit prononcee, qu on etablisse qu au temps de la
 +celebration du mariage 1 interdit, a raison de son etat d alienation mentale, n etait
 +capable ni de manifester sciemment et librement sa volonte, ni de comprendre la
 +nature et la portee de 1 engagernent qu il prenait.
 +
 +Conformement aux memes principes, le mariage d un aliene non interdit est
 +valable s il a ete manifestement celebre pendant un intervalle lucide et consenti a
 +bon escient; il est annulable s il a ete contracte sans discernement, au milieu des
 +egarements de la fureur ou des aveuglements de la demence.
 +
 +Si 1 interdiction n est pas par elle-meme un cas de nullite du mariage, elle a ete
 +rangee du moins par le legislateur au nombre des causes d oppositions (art. 174).
 +
 +La nomination d un conseil judiciaire n entraine aucune incapacite quant au droit
 +de oonlracter mariage
 +
 +DICT. ENC, III. 1)
 +
 +
 +
 +130 ALIENES (MEDECINE LEGALE).
 +
 +La folie peut-elle devenir un cas de separation de corps ou de biens? Nos codes
 +sont muets a cet egard ; mais il est clair que 1 alienation mentale elant sou vent
 +soil une cause de malversation ou de prodigalite ruineuse, soil 1 origine meconnue
 +d exces, de sevices et d injures graves entre epoux, doit devenir ainsi, plus
 +d une Ibis, la source indirecte et lointaine de ces sortes d instances.
 +
 +3 Puissance paternelle. - - L etat habituel et notoire de folie, qui empeche
 +1 aliene de contractor un mariage valable, le prive aussi du droit de consentir au
 +manage de ses enfants (art. 149). [/alienation doit meme, tant qu elle existe,
 +entrainer la perte de la puissance paternelle.
 +
 +4 L aliene frappe d interdiction ne peut, d apres la declaration expresse de
 +1 article 442, etre ni tuteur, ni membre d un conseil de famille.
 +
 +5 Du temoignage des alienes en justice, et de leur inaptitude a remplir les
 +fonclions de jure. II serait contraire a I esprit de la loi de tenir pour recevable
 +la deposition d un individu completement prive de 1 usage de sa raison. Ou pren-
 +tlrait-il la liberte necessaire pour preterle serment qu onexige de lui, et le discer-
 +nement voulu pour apprecier la poilee des questions qu on lui adresse et 1 exacti-
 +tude des reponses qu il fait? D ailleurs, n y aurait-il pas a craindre, comme
 +autrefois dans les proces de sorcellerie, que le malheurcux insense nepresentatpour
 +des realit^s les erreurs de son faux jugement, les fantomes de son imagination ma-
 +lade et les illusions de ses sens abuses? Aussi les magistrals recusenl-ils, en gene
 +ral, de pareils temoignages, plus propres a egarer leur conscience qu a 1 eclairer.
 +Mais quelquefois ils acceptent, sous forme de simples renseignements, les declara
 +tions d individus lucides ou faibles d esprit, au meme litre que les aveux d enfants
 +au-dessous de quinze ans.
 +
 +Si la folie est incompatible avec 1 office de temoin, a plus forte raison doit-elle
 +mal se concilier avec les fonctions autrement graves de jure. L aliene iuterdit, ne
 +jouissant pas de sa capacite civile, est exclu, par cela meme, du jury en vertu de
 +1 article 381 du Code d instruction criminelle. Quant a 1 aliene non interdit, son
 +insanite d esprit, lorsqu elle est manifeste, devient un motif formel de recu-
 +sation.
 +
 +6 L alienation mentale, quand elle est suffisante pour provoquer 1 interdiction,
 +constilue un cas d exemplion et de reforme pour le service militaire. 11 est evident
 +que la patrie et la societe ne pcuvenl pas confier le soin de leur defense a des
 +insenses incapables de se proteger eux-memes, ni leur livrer des armes qui seraient
 +entre leurs mains ou des fardeaui inutiles, ou des engins dangereux.
 +
 +7 Donations Testaments. Auxtermes de 1 article 901 du Code civil, pour
 +faire une donation entre-vils ou un testament, il faut etre sain d esprit. Rien de
 +plus net et plus clair que cette formule; el cependanl, il est peu de textes de loi
 +qui aient donne lieu a plusde controverses et a plus de jugements contradictoires.
 +Peu ou point de difficulles quand un arret d interdiction anterieur a 1 acte de libe-
 +ralite pese deja sur le donateur ou le testateur ; assez generalement, dans ce cas,
 +1 annulation est prononcee de piano, conlormement a 1 article 504 ainsi congu :
 +Apres la mort d un individu, les actes par lui fails ne pourront elre attaques
 +pour cause de demencequ autant que son interdiction aurait ete prononcee ou pro-
 +voquee avant son deces ; a moins que la preuve de la demence ne resulte de 1 acte
 +meme qui est attaque. II peut arriver neanmoins que la circonstance prejudicielle
 +d un intervalle lucide, invoquee par les defendeurs, ne vienne soulever les scrupules
 +du tribunal. Ce fait est surtout pris en serieuse consideration au cas ou les dispo
 +sitions de 1 acte sont raisonnables et sages, et ou la trcve a ete assez franche et
 +
 +
 +
 +(MDECINE LEGALE). 151
 +
 +d assez longue duree pour mettre a 1 abri de tout soupc.on le discernement de
 +1 auteur.
 +
 +De plus grands embarras et de plus profondes obscurites surgissent lorsque le
 +donateur ou le testateur est mort sans etre interdit, on lorsque son interdiction a etc
 +posterieure au testament ou a la donation ; car alors on est oblige d etablir la
 +demonstration posthume de son etat mental au moment de la confection de 1 acte.
 +L acte est declare valable si la Cour decide que 1 auteur etait sain d esprit a 1 epoque
 +ou ses dispositions ont ete prises, quelque signe de folie qu il ait pu donner avant
 +ou apres. Gertaines bizarreiies d humeur, des excentricites de gouts, des travers dc
 +conduite, et meme la simple faiblesse d esprit. ou 1 alteration de la memoire, telle
 +qu on 1 observe chez les vieillards, ne suifisent pas pour rendre rece\able une
 +demande d annulation ; il faut que les fails articules soient assez precis pour carac-
 +teriser la demence et pour donner une demonstration complete dc 1 alienation men-
 +tale. Cependant, la nullite d un testament ou d une donation pent etre prononcee
 +dans le cas ou divers moyens de captation, intrigues, supercheries, pressions, inti
 +midations, et autres influences pernicieuses, onL ete mis en jeu pour abuser dela fai
 +blesse d esprit du donateur. Ces artificieuses et coupables obsessions ne sont que
 +aop souvent employees au milieu des defaillances ou des terrenrs de 1 agonie.
 +
 +L ivresse et les passions violentes ne sont recue? comme motifs d annulation que
 +&gt;i la raison et la volonte du testateur ont ete evidemment doniinees par des impnl-
 +lons extravagantes, ou egarees par les transports aveuglesd un delire momentane.
 +uette deniiere circonstance est necessaire ; a son defaut, les jurisconsultes sont
 +unanimes aujourd hui pour repousser 1 action ab irato, que notre ancien droit
 +avait admise et qui n etait autre chose qu une demande en nullite fondee sur ce
 +que 1 acte attaque etait le fruit soit de la colere violente et impetueuse, soit dc
 +la haine froide et reflechie contre les heritiers du disposant. Le suicide est grne-
 +ralement pris en consideration comme pouvant etablir une presomption de folie
 +mais pourtant il ne constitue pas par lui-meme une preuve d insanite d espril
 +sulfisante pour annuler un testament.
 +
 +Au demeurant, la seule question a resoudre est celle-ci : le donateur ou le testa
 +teur etait-il sain d esprit au moment ou la disposition a ete prise? Pen importe-la
 +cause qui a amene le derangement des faculles mentales : il suffit qu il ait mani-
 +festement existe au temps de la redaction de 1 acte, pour que celui-ci soit declare mil .
 +
 +Les individus pourvus d un conseil judiciaire sont incapables de faire une dona
 +tions entre-vifs; mais ils peuvent disposer valablement de leurs biens par testament
 +
 +Les articles 953 et 955 du Code civil portent que la donation entre-vifs pourra
 +etre revoquee pour cause d ingratitude, c est-a-dire sevices, delits, injures graves ou
 +attentats a la vie du donataire. Cette disposition de la loi ne saurait touiours
 +s appliquer aux alienes, trop facilement enclins par des aversions injustes, par des
 +haines sans motit et par les illusions de leur esprit, soit a accuser faussement
 +d ingratitude les personnes qui les cherissent le plus, soit a se porter aux derniers
 +exces envers leurs propres bienfaiteurs.
 +
 +En resume, les lois et la jurisprudence que nous venons d exposer creent pour
 +les alienes un droit exceptional ; elles moditient a leur egard les conditions
 +ordinaires et eommunes des relations sociales et de la vie civile. Elles ont pour !iut
 +et pour effet de suppleer, dans une certaine mesure, a 1 insuffisance de leur raison
 +et a 1 impuissance de leur volonte. Elles protegent leurs personnes et leurs biens
 +contre les suggestions insensees et les entreprises aventureuses d un esprit en delire ;
 +ellcs les mettent a 1 abri des surprises de la captation, des pieges de la cuuidileel
 +
 +
 +
 +132 ALlENfiS (MEDECINE LEGALE).
 +
 +des abus de 1 arbitraire. Par une juste reciprocity non moins soucieuses des
 +interets des citoyens raisonnables, ces memes lois garantissent les droits et les
 +proprietes des particuliers, sauvegardent 1 honneur et la fortune des families
 +centre les caprices bizarres, les conceptions extravagantes, les prqjets audacieux,
 +les folles tentatives, les engagements temeraires et les actes compromettants de la
 +folie.
 +
 +Tel est certainement 1 esprit de la loi, et telles ont ete, a n en pas douter, les
 +genereuses intentions du legislateur. Mais une application a 1 abri de tout reprochc
 +et des resultats toujours satisfaisants sont-ils venus prouver que ce but louable ait
 +ete atteint ? Malheureusement non ; et de graves erreurs ou de nombreux abus ne
 +justifient que trop les critiques severes dont la loi sur [ interdiction a ete 1 objet.
 +Divisions incompletes et definitions erronees, interrogatoire defectueux, enquete
 +insuffisante, lenteurs de la procedure, jurisprudence incertaine et confuse, inter
 +pretations flottantes et contradictoires, d ou 1 anarchie des doctrines et la diversite
 +des jugements : voilales imperfections radicales signalees par de savants medecins,
 +notammentparMM.BrierredeBoismontetH.de Castelnau etavouees aujourd hui
 +par les jurisconsultes les plus consommes et les magistrats les plus eminents. Sans
 +doute, il faut bien reconnaitre avec M. de Castelnau, que 1 interdiction a quelque-
 +fois inflige 1 humiliation de la tutelle et de la decheance civile a des pauvres
 +d csprit qui avaient encore assez de sens et de raison pour diriger leur personne
 +et gouverner sagement leurs interets ; qu elle a plus d une Ibis aussi frappe des
 +alienes regardes a tort comme incurables, et qui, revenus bientot a la sante et
 +rendus a 1 exercice de leurs droits, ont eu 1 immense douleur de trouver leur
 +fortune divisee, leurs biens vendus ou partages, sans qu il leur restat a peine un
 +coin de terre ou reposer leur tete. Mais de ce que 1 interdiction a ete 1 origine
 +indirecte de plus d un attentat a la liberte individuelle et une prime a de cou-
 +pables convoitises, de ce qu elle est devenue entre les mains de parents indignes
 +et cupides un instrument de haine, de vengeance, ou de spoliation, iaut-il dire,
 +avec M. de Castelnau, qu au lieu de proteger les alienes elle les a sacrifies sur
 +tous les points? faut-il surtout en conclure que 1 interdiction devrait etre bannie
 +du code de la civilisation? Nous ne le croyons pas; nous pensons plutot, avec
 +beaucoup d autres alienistes competents, que 1 interdiction bien comprise et sage
 +ment appliquee est en principe une mesure utile, une institution tutelaire qui
 +merite d etre maintenue. Mais nous nous associons volontiers a M. Brierre de Bois-
 +mont pour demander une reforme qui mette sur ce point les dispositions de la loi
 +plus en harmonie avec les progres de la science mentale et avec les tendances de
 +notre epoque ; qui ouvre une porte moins large aux criminelles tentatives de la
 +cupidite ; qui offre des garanties plus eflicaces aux interets reels de 1 intei dit, lui
 +conserve ses biens et 1 entiere jouissance de ses revenus, lui assure la satisfaction
 +de ses desirs k gitimes, tout en I empechant de compromettre sa sante et sa fortune
 +par les actes d une vie desordonnee, et contribue enfm a adoucir sa triste situa
 +tion, a calmer ses souffrances et a accelerer sa guerison. Restreindre 1 interdiction
 +aux seuls cas ou son urgence ressort de la nature meme de 1 alienation mentale, et
 +ou des interets majeurs en exigent imperieusemeut 1 application ; accueillir les
 +demandes de ce genre avec une circonspection extreme ; proceder a 1 enquete avec
 +une grande rigueur ; montrer une inflexible severite pour le choix des preuves et
 +1 admission des temoignages ; laire appel aux lumieres speciales d un ou de plu-
 +sieurs medecins eclaires, consciencieux et digues de ce mandat : telles sont les
 +precautions a 1 aide desquelles les tribunaux pourront, dans la pratique, suppleer
 +
 +
 +
 +ALIENES (MEDECINE LEGALE), 133
 +
 +aux defauts evidents de la legislation, et, en attendant une salutaire reforme,
 +eviter les abus criauts qu a devoiles une critique imparliale et bien tondee.
 +
 +Quant a 1 expert, qu il prenne bien garde, dans ces sortes de causes, de preter
 +trop facilement la main a des manoeuvres coupables et a d infames complots de
 +lamille; qu il ne devienne point par son inexperience, par son inaptitude, par
 +1 insuftisance de son exploration, par la legerete de ses appreciations et la precipi
 +tation de son jugement, le complice involontahe d une interdiction immeritee !
 +
 +B. Droit criminel. S il est quelquefois utile que la loi depouille 1 aliene de
 +ses droits civils, il n est pas moins conforme a la stricte equite qu elle le decharge
 +de la responsabilite de ses actes. Tout crime ou delit se compose, dit le legislateur,
 +du fait et de 1 intention ; or nulle intention criminelle ne peut exister chez un
 +prevenu qui ne jouit pas de ses facultes morales ; et 1 impunite doit etre acqnise a
 +lout homme dont la maladie a enerve rintelligence, obscurci le jugement, fausse
 +la conscience, egare la raison et subjugue la liberate. Un seul article du Code penal
 +consacre, en termes concis et energiques, ces principcs eternels do justice morale,
 +et preserve le fou des rigueurs reservees aux criminels : Article 64. II n y a ni
 +crime ni delit lorsquele prevenu etait en etat de demence au temps de 1 action, ou
 +loisqu il a ete contraint par une force a laquelle il n a pu resister. Demence et
 +contraintc, voila done les causes uniques de justification admises par la loi. Et,
 +suivant certains jurisconsultes, ce n est pas sans motif que le legislateur aurait rap-
 +proche ces deux causes et les aurait renfermees dans une meme formule, vonlaut
 +ainsi completer le premier terme par le second, et reconnaitrc implicitement 1 in
 +fluence d une contrainte morale dans les impulsions aveugles et souvent irresis-
 +tiblesde la folie. Que telle ait ete ou non l intentiori du legislateur, peu importe;
 +ce qu il y a d cssenliel, c est que telle soit, dans la pratique, la jurisprudence des
 +tribunaux. Oril n est pas permis aujourd hui de conserver aucundoutea cetegard;
 +et des fails sans nombre et de toutc nature sont la pour prouver que 1 article 64 a
 +definitivement recu, dans tous les degres de la juridiction criminelle, 1 interpre-
 +tation la plus large, la plus rationnelle et la plus favorable aux legitimes immunites
 +de la folie. A une epoque encore peu eloignee de nous, il s est produit des hesi
 +tations facbeuses et meme des incredulites et des resistances regrettables dans
 +1 esprit des magistrals. 11 repugnait a leur conscience de juges et de gardiens de la
 +securite individuelle et de 1 ordre social d adrnettre trop aisement la doctrine des
 +delires partiels, des folies instinctives et des alienations transitoires. Mais depuis
 +que des fails inconleslables el rigoureusemenl observes sont venus Jeter une pleine
 +lumiere snr ces questions delicates, les scrupules de la magistrature se sont evanouis
 +devant les demonslralions scientifiques et les claries de I evidence. Tout le monde,
 +inaintenanl s accorde a proclamer la sagesse de la loi qui, en empruntant a la
 +vieille terminologie juridique 1 expression alors vague et generale de demence (ge-
 +nericumnomen, ditZacchias, comprehendens sub se omnes affectusinquibusmeris
 +vel errat, vel debiliter operacur) , a pris a tache de ne rien specifier, afin de ne
 +point circonscrire les appreciations du juge dans le cercle etroit et infranchissable
 +d une defmilion limitative, mais de laisser a sa conscience toute latitude de pro-
 +noncer suivant les circonstances principales et accessoires du fait. Par demence,
 +disent MM. Adolphe Chauveau et Faustin Helie, on doil entendre, puisque aucun
 +texte n en a restraint le sens, toutes les maladies de 1 intelligence, 1 idiotisme et
 +la demence proprement dite, la manie delirante et la manie sans delire (c est-a-dire
 +la manie affective), meme par tielle. TouLes les varietes de Inflection mentale,
 +qnellesque soient les denominations que leur applique la science, quelque classifi-
 +
 +
 +
 +134 ALlfiNES (MDECINE LEGALE).
 +
 +cation qu elles aient rec,ue, revetent la puissance de 1 excuse etjustifie.nl 1 accuse,
 +potirvuque letir influence sur la perpetration de 1 acte puisseetre presumee. Ainsi,
 +il importe pen que 1 egarement ou la perte de la raison soient absolus ou incom-
 +plets, que la folie soil permanente ou passagere, generate ou partielle. Ce que la loi
 +exige, pour degager 1 agent de sa responsabilite, c est qu il soit atteint d une mala-
 +die mentale quelconque, sans distinction de nature, de forme, ni de duree ; c est
 +que cette maladie ait ete assez puissante pour suspendre ou aveugler son discerne-
 +ment, enchainer son libre arbitre et exercer sur sa volonte une contrainte a laquelle
 +il n a pu resister. A cet egard, la loi est formelle, et elle doit innocenter aussi bien
 +le monomane le plus systematique que le maniaque le plus incoherent. Elle a
 +voulu exonerer aussi les faibles d esprit, les demi-imbeciles, les pesants, comme
 +les nommait Ferrus, s il resulte des circonstances qui ont accompagne et suivi
 +1 acte incrimine que 1 agent n a pas eu la conscience de son immoralite. Le bene
 +fice de I irresponsabilite s etend meme aux actes commis, soit pendant un acces
 +de somnambulisme naturel, soit dans cet etat mixte que les physiologistes appel-
 +lent qtat intermediate a la veille et au sommeil. Les anciens jurisconsultes assiaii-
 +laient 1 action d un homme qui reve a 1 action d un insense : dormiens furioso
 +sequiparatur; la loi actuelle ne permet plus cette assimilation ; neanmoins ses
 +mandataires absolvent, al egal d un frenetique, 1 individu qui, dans les egarements
 +ou dans les terreurs d un songe, s arme contre des malfaiteurs imaginaires et mas
 +sacre involontairement sa femme ou son enfant couches pres de lui.
 +
 +Mais quel que soit le genre de trouble intellectual invoque comme excuse, il
 +faut, pour qu il acquiere toute la puissance d une justification legale, qu il ait
 +existe au moment de la perpetration du delit ou du crime. Cette condition est es-
 +sentielle, fondamentale, necessaire ; et c est autour d elle que roulent la plupart
 +des difficultes de 1 enquete medico-judiciaire.
 +
 +Ici vient se poser naturellement la question legale des intervalles lucides et de
 +leur influence sur 1 imputabilite des actes aecomplis par des alienes. Certains crimi-
 +nalistes, interpretes rigoureux de 1 article 64, veulentque, dans la folie periodique,
 +1 interruption du delire ramene la plenitude de la responsabilite, et livre impi-
 +toyablement le fou a la rigueurdes lois. D autres, sefaisant les echos des tendances
 +et des convictions medicales, sans nier que les criminels soient moralement res-
 +ponsables pendant une intermittence plus on moins longue de la maladie mentale,
 +declarent sagement que cette responsabilite puise dans les antecedents morbides
 +du prevenu des motifs serieux d attenuation, etqu elle ne doit pas entrainer tons
 +les efiets legaux de la responsabilite vulgaire. Et d ailleurs, comme le font judi-
 +cieusement observer MM. Helie et Chauveau, d apres quels signes certains pourra
 +t-an constater la parfaite lucidite d une raison longtemps eteinte ou longtemps op-
 +primee? Etqui oserait affirmer que 1 etat liabituel de demence n a point reagi sur
 +la determination de 1 agent, alors meme que nul symptome n en trahit la persis-
 +tance ou le relour ? Aussi, au milieu des incertitudes et des scrupules que souleve
 +la question des intervalles lucides, les juges , basant le plus souvent leur verdict sur
 +la presomption de folie, prononcent, suivant les circonstances du fait, soit le mini
 +mum de la penalite, soit meme I acquittement pur et simple.
 +
 +En presence de la folie confirmee, la prevention tombe d elle-meme, les pour-
 +suites s arretent, et la cliaml&gt;re des raises en accusation rend une ordonnance de
 +non-lieu. Mais si la maladie mentale est douteuse, son appreciation n appartient
 +plus aux premiers juges ; le prevenu doit etre traduit devant les assises ou de-
 +le Iribunal correctionnel ; et c est la que la question de demence se presente
 +
 +
 +
 +ALIENfiS (MDECINE LECALE). 135
 +
 +dans toute sa gravite, joignant a ses difficultes intrinseques les complications im-
 +prevues d un debat contradictoire et d une discussion solennelle.
 +
 +La question de demence se trouvant implicitement renfermee dans la formule
 +sacramentelle : un tel est-il coupable? , la Cour n est plus obligee, comme au-
 +trefois, sous la loi de bruraaire, d en faire au jury 1 objct d une demande speciale.
 +Cependant les magistrals, en vertu de leur pouvoir discretionnaire, posent quel-
 +quefois cette question, surtout s ils ont lieu de craindre que les jures, se meprenant
 +sur la signification legale du mot coupable, ne sentent pas clairement c|ue la 1 olie
 +est exclusive de la culpabilite. Et ce qui demontre bien la sagesse et 1 opportunite
 +d une telle precaution, c est qu il est arrive, dans plus d une cause, que le jury a
 +repondu affirmativement a ces deux questions, dont les termes sont legalement
 +inconciliables, et declare un individu coupable, tout en admettant 1 ex.ception dc
 +la demence. Bans ce cas, le verdict est entierement favorable au prevenu. La de
 +mence aneantit la criminalite et entraine de plein droit 1 acquittement.
 +
 +Quand la folie, au lieu d eclater au temps de 1 action, ne se manifesto qu apres
 +le crime, pendant 1 instruction ou pendant les debats, le cours de la justice est
 +suspendu, et il est sursis au jugement. L inculpe est traite comme un malade, et
 +confie aux soins et a 1 observation des hommes de Tart. Les intervalles lucidcs ne
 +suffisent pas pour justifier la reprise des poursuites; il f;iut plus qu une simple re-
 +mittence, il faut un franc retour alaraison, qui rendc au prevenu le discernement
 +de sa situation et la liberte desa defense. L alienation mentalc qui siirvient durant
 +le jugement, etant une circonstance etrangere au crime, ou du moins n ayantpas
 +avec lui des connexions encore evidentes, n est point de la competence du jury ;
 +c est a la Cour qu il appartient d en decider.
 +
 +La folie peut ne survenir qu apres la condamnation. Alors, s il s agit d une peine
 +afflictive ou infamante, 1 execution est ajournee jusqu a la guerison complete du
 +condamne. II n en est pas de meme pour les peines pecuniaires : une amende ne
 +frappant que les biens du coupable sans toucher a sa personne, un acces de demence
 +postcrieur au jugement ne saurait justifier un delai.
 +
 +Quant a la prescription, malgre un arret affirmatif de la Cour de cassation et
 +en depit de la maxime contra non valentem agere non currit prxscriptio, la
 +plupart des jurisconsultes decident qu elle n est pas interrompue par 1 alienation
 +mentale.
 +
 +L article 1382 du Code Napoleon, concernant la reparation civile des dommages
 +occasionnes a autrui, est-il applicable aux alienes? La jurisprudence est encore
 +hesitante et mal posee sur cette matiere. Tandis que maints arrets ont juge equi
 +table de faire peser sur les biens des fous nuisibles la responsabilite du prejudice
 +cause par eux, d autres ont repousse d une maniere non moins formelle, dans 1 es-
 +pece, toute action directe et personnelle en dommages-interets. Ce dernier systeme
 +nous semble plus conforme a 1 esprit de la loi, qui tres-probablement a voulu, meme
 +sur ce point, exonerer 1 insense, en declarant civilement responsables les personnes
 +tenues de le surveiller et de le garder (art. 1584 du C. civ., et 479 du C. pen.).
 +
 +L ivresse et le delire artificiel, produits par 1 ingestion d une substance stupefiante
 +ou narcotique, ne revetent pas strictement aux yeux de la loi les caracteres de
 +1 excuse et de la justification, au meme titre que la folie proprement dite et de
 +cause organique. Mais ces etats anormaux comportent generalement le benefice des
 +circonstances attenuantes. Quelqnefois cependant les juges n hesitent pas dans
 +1 espece a declarer le prevenu non coupable, surtout si 1 ivresse, de quelque nature
 +qu elle soit, n a pas ete premeditee, si elie est le resultat de la surprise, de 1 igno-
 +
 +
 +
 +J36 ALIENfiS (MEDECINE LEGALE).
 +
 +ranee, de 1 entrainement oudela contrainte, et si elle a jete le malheureux Jans
 +une telle perturbation des sens et de la raison, qu il n ait pu ni reflechir a la portee
 +de son action, ni en comprendre la valeur morale.
 +
 +Quant aux passions et aux vives emotions de Tame, la jurisprudence francaise
 +repousse comme erroneeet dangereusela doctrine qui tend a les couvrir des monies
 +immunites que la folie, en confondant leur f ougne impetueuse avec la provocation
 +irresistible et soudaine d un acces de monomanie instantanee. Tout ce qu elle
 +accorde en faveur de ceux que les transports de la vengeance, de la haine, de la
 +jalousie, de la colere, de la douleur, du desespoir, poussent au crime, c est 1 a-
 +moindrissement de la culpabilite et 1 abaissement de la peine.
 +
 +De la sequestration des alienes. -- Cesujet, qui a ete loriguement eludie tu ja
 +sous le rapport administrate et therapeutique, dans le paragraphe precedent, ne
 +doit nous occuper ici qu au point de vue plus etroit de ses applications medico-
 +legales.
 +
 +L aliene malfaisant, que I infivmite de son esprit ou le bouleversement de sa
 +raison soustraient a la vengeance des lois, n est pas seulement un malheureux qu il
 +faut plaindre et un malade qu il faut soigner ; c est aussi nn etre dangereux et nui-
 +sible qu il importe, pendant tout le temps que dure son delire, de reduirea 1 im-
 +pnissance de commettre de nouveaux attentats. L interet de sa sante, aussi bien
 +que 1 ordre public et la securite sociale exigent done qu il soit place dans un eta-
 +blissement special on il piusse etre a la fois 1 objet d une surveillance active et de
 +soins eclaires. Tel est le double but de la sequestration. Cette mesure ne saurait
 +en aucun cas revetir les caracteres d une peine. L asile, son nomle ditassez, n est
 +pas une prison ; c est un lieu d isolement et de repos, ou le fou trouveles conditions
 +les plus favorables a sa guerison, les sympathies et les egards dus a son infortune.
 +Et c est afin d oter a la sequestration jusqu aux apparences d une condamnation et
 +d un chatiment, que la loi n a pas voulu 1 abandonner a la discretion des tribunaux;
 +elle en a fait une mesure purement administrative. Aussi, quelque grandes que.
 +soient I etendue du delit ou la gravite de 1 attentat commis par un insense, le mi-
 +nistere public n a pas le droit d ordonner ni de poursuivre son placement dans un
 +asile. Tout ce qn il pent faire, c est de signaler 1 agent a 1 autorite competente
 +et d appeler 1 attention de celle-ci sur les inconvenients ou les perils qui pourraient
 +resulter encore desa divagation. Alors, en vertu de 1 article 18 de la loi de juin -1858,
 +1 administration, s il y a lieu, prescrit d office la sequestration de 1 aliene dans
 +un etablissement hospitalier. Dans aucun cas, ajoute la loi, les alienes ne
 +pourront ni etre conduits avec les condamnes ou les prevenus, ni deposes dans
 +une prison.
 +
 +II n est pas necessaire que I imminence du danger et 1 urgence de la sequestra
 +tion soient etablies par des poursuites judiciaires ou par les debats d un proces. La
 +loi, par une sage prevoyance, et afin d eviter d horribles catastiophes ou de con
 +jurer des malheurs souvent irreparables, contere a 1 autorite administrative le
 +pouvoir d ordonner preventivement le placement d office, dans une maisond alienes,
 +de tout individu dont 1 etat d alienation compromettrait 1 ordre public ou la
 +surete des personnes. Mais pourtant, quelque notoire que puisse etre la iblie, el
 +qnelque opportune que soit la sequestration, le legislateur a voulu, pour prevenir
 +toute surprise et tout abus, que la decision adminislrative fut justifiee par une
 +attestation medicale et soumise au controle de 1 autorite judiciaire. Autrefois la
 +sequestration d oifice devait etre precedee d un jugement d interdiction. Aujour-
 +d bui, sous le regime de la loi de 1858, cette fonnalite prealable n est plus neces-
 +
 +
 +
 +ALIENES
 +
 +
 +
 +
 +
 +
 +saire. Lanotoriete publique, un certificat du medecin, et un ordre du prefet sui-
 +fisent pour operer le placement. Les magistrals sont charges de visiter regulierement
 +les asiles publics et prives, afin de recevoir les reclamations cles personnes qui
 +y sont placess, et prendre a leur egard tons les renseignements propres a faire con-
 +naitre leur position. Dans le premier mois dechaquesemestre, un rapport redige
 +par le medecin de 1 etablissement sur 1 etat de chaque malade, sur la nature de
 +son alienation et les resultats du traitement, est envoye au prefet. Enfin, tous ies
 +alienes sont autorises a adresser des requetes a 1 autorite, ou a se pouryoir devant
 +les tribunaux centre la mesure dont ils sont 1 objet. Tandis que les inoffensifs,
 +places volontairement dans les asiles, peuvent en sortir sur la demande de leurs
 +parents, de leurs tuteurs, paribis memede leurs amis, les alienes dangereux et vio-
 +lents, sequestres d office, ne doivent etre rendus a la liberte que sur un ordre ad-
 +ministratif, ou sur un arret judiciaire, apres une enquete medicale attestant leur
 +complete guerison.
 +
 +Des medecins profbndement verses dans la connaissance de la folie ont propose
 +1 erection d un asile central, ou 1 institution, dans chaque asile ordinaire, d une
 +section speeiale pour les diverses categories de fous que la nature malfaisante ou
 +dangereuse de leurs actes amene si souvent devant la justice. Des etablissements de
 +ce genre existent depuis longtemps en Angleterre, et on n y rcnferme que les alie
 +nes improprement appeles delinquants ou criminels. II y a un depot analogue a
 +1 hospice de Bicetre, qu on nomme le quartier de surcte, mais qu il laudrait bien
 +se garder de prendre pour modele; son organisation est tellement vicieuse, son
 +installation repond si mal aux exigences de la science et aux principes de philan
 +thropic qui prevalent aujourd hui dans toutes nos institutions de bienfaisance,
 +que les medecins et I administration attenuent journellement, dans 1 application,
 +la rigueur de ce regime exceptionnel, et font passer la plupart des malheureux qui
 +y sont soumis dans des quartiers moins severes. Bcaucoup d alienistes d un savoir
 +et d une experience consommes reprouvent ce systeme, qui ne serait, a leurs yeux,
 +qu un mode de reclusion penale plus ou moins deguist!, et, par consequent, la ne
 +gation des progres accomplis, I abandon du droit des alienes, une atteinte al ffiu-
 +vre genereuse de Pineletd Esquirol, un renoncement au terrain si laborieusement
 +conquis en medecine legale par les perseverants efforts de Fodere, de Georget, de
 +Marc et de Ferrus, un retour indirect vers les barbares institutions du passe, un
 +dementi aux tendances philantbropiques de notre epoque, et meme, qui pis est,
 +une derogation flagrante aux dispositions si equitables et si bienveillantes de la loi.
 +Cette detention mixte, moitie correctionnelle, moitie hospitaliere, destinee, en
 +Angleterre, aux criminal lunatics, est le produit ou, si on le prefere, le corollaire
 +oblige d une theorie medico-legale fort contestable, celle de la responsabilite par-
 +tielle des alienes, dont il sera parle sommairement un peu plus bas. Mais jusqu a
 +present theorie et systeme qui en decoule ne paraissent devoir reunir en France
 +ni les suffrages unanimes des alienistes, ni les preferences de I administration.
 +
 +La sequestration entraine pour les alienes a peu pres les memes effets legaux
 +que 1 interdiction. Aux termes de Tarticle 39 de la loi de \ 858, les actes faits par
 +une personne placee dans une maison d alienes, pendant le temps qu elle y aura etc
 +relenue, sans que son interdiction ait ete prononcee ni provoquee, pourront etre
 +attaques pour cause de demence.
 +
 +Nous n avons pas a defendre ici la loi de 1838 contre les attaques passionnees
 +et les critiques ardentes dont elle a ete recemment 1 objet. Ses adversaires lui ont
 +durcmcnt reproche de ne pas prendre suffisamment souci de la dignite humaine
 +
 +
 +
 +138 ALIENES (MEDECINE I.ECALE).
 +
 +ni de la liberte individuelle, et d ouvrir largement la porte aux abus les plus con-
 +damnables. Que les formalites requises pour 1 enlree et la sortie des malades, que
 +les certificats et les bulletins medicaux, les visiles des magistrals, la surveillance
 +de 1 aulorile, le controle des tribunaux, le droil de reclamation et de requete, la
 +faculte d intervenir octroyee aux families, que loutes ces precautions constituent,
 +oui ou non, des garanties suffisantes et efficaces centre 1 arbitraire, c est une
 +affaire depreciation sur laquelle les avis peuvent etre partages ; mais lorsque a
 +toutes ces mesures tutelaires vient s ajouter encore la menace del emprisonnement
 +et de 1 amende centre les fauteurs ou les complices d une sequestration immeritee
 +(art 41), peul-on dire, sans quelque exageration, que le legislateur ait manque
 +de prevoyance et de sagesse ?
 +
 +La presse politique s est dechainee principalemenl sur les placemenls d office el
 +les sequeslrations preventives. Et c est precisemenl dans celte disposition que se
 +manifeste au plus haul degre la vigilante sollicitude de la loi pour les inlerels in-
 +dividuels el sociaux donl eile est la gardienne. Si les journaux eiaienl plus atlen-
 +tifs a ce qu ils ecrivenl, ils auraient Irouve dans leurs propres colonnes, soil aux
 +laits divers, soil aux comptes rendus judiciaires, la plus eclatanle refutation des
 +doctrines ultraphilanthropiques pompeusement etalees sur la premiere page. II
 +ne se passe guere de semaine en effet, sans que le lecteur ne soil attriste par le
 +recit d un drame sanglant ou d un horrible attentat, meurtre, suicide, incendieou
 +viol, commis dans un acces de delire, par un individu qui donnait depuis quel
 +que temps des signes de derangement d esprit, selon le style consacre. Groit-on
 +de bonne foi que 1 isolement premature de ces fous malfaisants n eut pas ete
 +une mesure prudente et salulaire, eminemmenl propre a empecher de pareilles
 +calastrophes ? C esl ce qu a forl bien demontre M. le docteur Rousselin, dans un
 +excellenl memoire concernanl Tulilite de la sequestration au debut des maladies
 +menlales. Sur quatre-vingt-dix exemples cites dans ce Iravail et emprunles a des-
 +sein aux feuilles periodiques, quaranle-huil fois, c est-a-dire danspres de la moitie
 +des cas, les accidenls avaienl eu lieu, soit a 1 origine, soil a une epoque tres-rap-
 +procheede 1 invasion de la folie. De tels fails n ont pas besoin de commentaires, et
 +suffisenl a delendre la loi contre des agressions aveugles et des oppositions intem-
 +pestives.
 +
 +LEGISLATIONS ETRANGERES. Code prussien. Celui qui n a pas la faculte d agir
 +librement n est pas engage par les lois. - - Lorsqu une action a ete commise
 +par quelqu un sain d esprit, celui-ci est responsable des suites immediates de
 +son action el de ses suites mediates, autanl qu il a pu les prevoir. Ceux qui
 +sonl prives complelemenl de 1 usage de leur raison sonl nornmes en sens legal :
 +furioux ou demenls. Ceux qui sonl prives de la faculle de reflechir sur les con
 +sequences de leurs actions sont nommes en sens legal : imbeciles. Quant aux
 +droits dependant de 1 age, les furieux et les dements sont regardes ccmme des en-
 +fants au-dessous de sept ans accomplis, les imbeciles comme des mineurs ages de
 +moins de qualorze ans. Les furieux ou dements, qui ne sont pas sous la surveil
 +lance d un pere ou d un mari, doivenl etre places sous lutelle. Les furieux ou
 +dements, ou imbeciles, doivent etre mis sous une surveillance continuelle, afin
 +qu ils ne puissent faire aucun dommage ni a eux-memes, nia autrui. -- L etat de
 +demence du futur epoux peut e"tre invoque couime obstacle au manage devant les
 +tribunaux. - - Tout individu mis sous tutelle a cause defureur, demence ou imbe-
 +cillite, est incapable de contractor par testament pendant la duree de la tulelle. -
 +Les personnes qui sont atteintes d une maladie mentale a certains intervalles de-
 +
 +
 +
 +AL1ENES (MEDECINE LEGALE). 139
 +
 +vront etre mises sous tutelle ; mais elles pourroat disposer par testament dans les
 +intervalles lucides. -- Lorsqu il est avere que le testateur souH rait, a certains in-
 +tervalles, d une maladie mentale, le juge devra rechercher si le Lestateur etait sain
 +d esprit au moment on il a teste. -- La tutelle imposee aux furieux, dements, im
 +beciles, doit etre levee, s ils parviennent a recouvrer 1 usage complet de leur
 +esprit.
 +
 +II n ya ni crime ni delit lorsquele prevenu etait en etat de demence, imbecillite
 +ou fureur au temps de 1 action, ou lorsqu il a ete contraint par une force ou par
 +des menaces auxquelles il n a pu resister.
 +
 +Les personnes qui, soil par frayeur, soit par colere, soit par I influence d une
 +autre passion violente, sont mises dans un etat ou ellcs n ont plus le libre usage de
 +leur raison, seront regardees comme en etat de demence.
 +
 +Pour constater qu un individu est furieux, dement ou imbecile, il faut une ex
 +ploration medicale, faite par des experts en presence d un juge. En matierc cri-
 +minelle, le juge doit sans cesse avoir egard a 1 etat de 1 espril d un prevenu, et
 +regarder specialement si le criminel a agi avec pleine conscience. S il trouve les
 +indices d une alienation ou d une faiblesse d esprit, il doit avoir soin d explorer
 +avec 1 assistance d un expert 1 etat mental du prevenu. Ce sera la mission de 1 ex-
 +pert de donner son avis sur la cause du derangement mental et sur son origine
 +probable. En matiere civile, le juge ordonnera une exploration de 1 etat dc la
 +personne dont 1 interdiction est demandee ; cette exploration devra etre fuite par
 +deux experts, designes, 1 un par le curateur, 1 autre par les parents. Si les deux
 +experts ne sont pas d accord, le juge choisira un troisieme expert et fera repeter
 +1 exploration, ou bien il demandera a chaque expert un rapport ecrit et motive, et
 +il recourra a 1 intervention des deux jundictions medico-legales superieures : le
 +college medical et la deputation scientifique, charges de juger en dernier ressort.
 +
 +Une ordonnance ministerielle du 14 novembre 1841 indique les regies a suivre
 +par les medecins legistes dans leurs explorations et leurs rapports sur les cas dou-
 +teux d alienation mentale. (Extrait du Traite de medecine legale de Casper.)
 +
 +La legislation autrichienne presente la plus grande conformite avec les pres
 +criptions du code prussien. - - Elle accorde aussi une part importante a 1 expertise
 +medico-legale.
 +
 +Legislation suedoise et norvegienne. Quiconque par insanite d esprit, par
 +prodigalite ou autre raison, est juge incapable d administrer ses biens et de
 +prendre soin de ses interets, sera mis en curatelle. Celui qui n est pas sain d es
 +prit ne peut pas remplir les fonctions de curateur. - - II est deiendu de faire ou
 +d accepter des conventions ou contra ts de vente, d achat et do partage avec un
 +mineur, unevierge ou un aliene. Toute transaction de cette nature est nulle de
 +plein droit. - - L alienation mentale constitue un cas de divorce, mais a la condi
 +tion expresse qu il sera etabli par des temoignages positifs que la Iblie a persiste
 +sans interruption pendant trois annees entieres, et qu il sera certifie par un me-
 +decin competent qu il n existe pas d esperance possible de guerison. Le tribunal
 +devra rechercher en outre avec le soin le plus scrupuleux si la folie de 1 un des
 +epoux n aurait pas ete causee, provoquee ou aggravee par la faute de 1 autre epoux,
 +auquel cas il n y aurait pas lieu de prononcer le divorce. - - Le testament d un
 +individu presume aliene n est valable qu autant que deux temoins peuvent alfir-
 +mer que le testateur etait sain d esprit et jouissait de la plenitude de sa volonte
 +au moment de la redaction de 1 acte. Le temoignage d un aliene n est pas admis
 +en justice.
 +
 +
 +
 +140 ALlfiNfiS (M&DECINE LOCALE).
 +
 +Lauteur d un delit ou d un crime doit etre acquitte, s il etait ou s il est pre
 +sume s etre trouve en etat de folie au temps de 1 action . -- Les personnes cbargees
 +de garder ou de surveiller un aliene sont civilement responsables des dommages
 +causes par ce dernier.
 +
 +La loi suedoise present aux tribunaux de recourir a 1 assistance d un medecin
 +competent, quand il est necessaire d apprecier 1 etat mental d un individu. Le rap
 +port de 1 expert et tous les documents de 1 instruction sont soumis a 1 examen du
 +college sanitaire royal, et les juges ne statuent que sur son avis. Si 1 inculpe est
 +reconnu aliene, 1 autorite doit prendre a son egard les mesures que reclamentsa
 +propre surete et la securite publique, conformement a la loi du 5 mars 1858.
 +(Nous devons ces renseignements a 1 obligeance de M. le docteur Salomon, mede-
 +cin-directeur de 1 asiie public de Malmo) .
 +
 +Les legislations A ltalie, ifEspagne, de Belgique, de Wurtemberg, de West-
 +phalie, de Saxe, de Hollande,de Baviere, de la Prusse Rhenane, et de la plu-
 +part de pays naguere soumis par Napoleon a la domination francaise, sont calquees
 +sur notre Code civil, et en reproduisent sensiblement les principes et les disposi
 +tions en ce qui concerne les alienes.
 +
 +Le Code badois renferme une clause qui merite d etre mentionnee, et par la-
 +quelle les medecins sont tenus de faire leur declaration devant 1 administration
 +sur 1 etat des personnes qu ils croient devoir etre interdites.
 +
 +Le Code russe, promulgue par 1 empereur Nicolas, ne differe pas essentielle-
 +ment du Code francais pour la question qui nous occupe.
 +
 +L Angleterre ne possede point de code, et 1 unite legislative n existe pas encore
 +dans ce grand pays. Les statuts qui regissent la matiere sont extremement nom-
 +breux, et appartiennent a des epoques tres-differentes. On sait aussi que dans le
 +Royaume-Uni une loi nouvelle n abrogc pas les lois anciennes ; et celles-ci conser-
 +vant toute leur vigueur, il en resulte une sorte de legislation exuberante. variant
 +suivant les temps, les contrees, les villes, les tribunaux, produisant des juridictions
 +tres-cli verses, une jurisprudence vague et contuse, et donnant lieu a des jugements
 +contradictoires et a d interminables proces.
 +
 +Les lois anglaises s accordent a distinguer deux classes d alienes : les idiots etles
 +fous, lunatics. Le jurisconsulte Blackslone definit 1 idiotisme une alienation
 +men tale naturelle, ou venant de naissance, causee par un vice primitif d organisa-
 +tion ; la folie est 1 etat d un hommequi a perdu accidentellement 1 usage de la raison
 +par suite d une maladic, d une commotion morale, ou de toute autre cause capable
 +de jeler le trouble dansl esprit.
 +
 +Leprincipedel interdiction existedans les statuts d Angleterre, mais onn y trouve
 +aucun mot special qui reponde a ce terme de la loi francaise. Le souverain est le
 +protecteur et le tuteur ne, guardian tutor, des idiots et des fous ; leurs biens
 +sont places sous sa sauvegarde. Cette prerogative de 1 autorite royale a etc deleguee
 +an lord chancelier, qui est pour ainsi dire le bras droit de la couronne en An-
 +gleterre. Cependant le lord chancelier pent a son tour se decharger de 1 admi-
 +nistration des biens d un aliene sur un curateur cboisi parmi les parents , les
 +allies ou les amis de 1 interdit. Les poursuites en interdiction ne sont pas receva-
 +bles contreles prodigues, a moins qu il ne soil formellement prouve que leur pro-
 +digalite vient d une veritable insanite d esprit unsoudness of mind, auquelcas
 +ils rentrent dans la categoric des lunatics. Les actes des idiots sont mils de
 +plein droit. Ceux des lunatics sont valables, s il est demon Ire qu ils ont ete
 +faits dans un inter valle lucide.
 +
 +
 +
 +ALIENES (MDECINE LEGALE). 141
 +
 +En matiere criminelle, la jurisprudence anglaise parait encore un peu trop em-
 +preinte des doctrines de lord Hale, qui repousse 1 irresponsabilite dans les cas de
 +folie partielle, et ne reserve Vimpunite que pour les individus completement prives
 +de raison et de memoire. Les ibus criminels criminal lunatics, comme les
 +appelle la loi, sont 1 objet de mesures speciales, sequestres duns des lieux purticu-
 +lierement consacres a cet usage.
 +
 +La plus grande latitude est laissee aux juges pour 1 appreciation des cas de
 +folie. Les magistrals s en referent le plus souvent au temoignage d experts choisis
 +parmi les medecins les plus competents, et confient habituellement les soins
 +del enquete a la commission pour 1 alienation mentale, Commission of lunacy .
 +
 +La legislation des Etats-Unis offre la plus grande analogic avec la legislation
 +anglaise.
 +
 +En Suisse chaque canton a une legislation differente, et il n existe nulk part
 +un code special pour les alienes. Les prescriptions legales dans tous les cantons
 +representent toutes les phases de cette matiere, depuis les errements du moyen
 +age jusqu aux idees les plus modernes. (Communication de M. le docteur Grie-
 +singer.)
 +
 +Si maintenant on jette un coup d ceil comparatif sur les legislations diverses
 +applicables a 1 alienation mentale, il est facile de constater qu elles sont aniimrs
 +du meme esprit, qu elles reposeut sur les memcs bases, et que toutes, avec des
 +nuances a peine sensibles, s accordent a proclamer 1 incapacite civile et 1 irrespon-
 +sabilite penale des gens atteints et convaincus de folie. Si, poussant plus avant le
 +parallele, on cherche a etablir entre les codes des nations civilisees une sorte de
 +superiorite fondee sur la sagesse, la prevoyance et la precision des dispositions le
 +gales, on n hesitera pas a reconnaitrc quo ces qualites precieuses se trouvent reu-
 +nies au plus degre dans le Code prussien, plus clair ct plus complet dans 1 espece
 +que le Code francos, plus categorique en ce qui concerne les intervalles lucides,
 +et surtont beaucoup plus explicite et beaucoup plus scrupuleux pour la recherche
 +et la constatation dela folie, genre d enquetequ il n abandonne pas a la discretion
 +et a 1 arbitraire des magistrats, mais qu il commet expressement a des medecins
 +speciaux. Enfin la loi prussienne entoure 1 expertise degaranties plus serieuses, en
 +y faisant cooperer plusieurs medecins, et en la soumettant au controle supreme
 +d une commission medicale superieure. La vie et la liberte humaines valenl bien
 +que la justice prenne de telles precautions.
 +
 +DE LA. COMPETENCE MEDICALE DANS LES QUESTIONS JDDICIAIRES RELATIVES A LA
 +
 +FOLIE On a vu precedemment que la competence des medecins, touchant la recberche
 +et la constatation legale de la folie, avail etc proclamee en principe par les anciens
 +jurisconsultes, admise en droit par les ordonnances royales, les arrets des parle-
 +ments et les decisions canoniques, reconnueet consacree en fait par les procedures
 +et les tribunaux de toute juridiction. Plus tard, cette sorte de privilege scientilique
 +futvivement dispute aux medecins. Kantle revendiqua en faveur des psychologues
 +de profession, et demanda formellement que 1 examen de 1 etat intellectuel et moral
 +des gens prevenus de deoaence appartint aux ecoles de philosophic . Un de ses sa
 +vants compatriotes, Metzger, combattit avec succes ces pretentious exorbitantes, et
 +reussit a demontrer qu une pareille appreciation etait uniquement du ressort de
 +la medecine. Hoftbauer, profond philosophe autant que juriscoasulte eminent, par-
 +tagea 1 opinion de Metzger, et, dans un ouvrage que les hommes speciaux consul-
 +tent encore aujourd hui avec fruit, il affirma hautement la legitimite des droits
 +medicaux sur cet objet. De nos jours, un medecin, M. Urbain Coste, et un avocat,
 +
 +
 +
 +ALlfiN^S (MEDECINE LEGALE).
 +
 +M. Elias Regnault, ontrepris, en I amplifiant, la these de Kant. Ces auteurs, dans
 +des ecrits retentissants, ont reclame non-seulement pour les philosophes, mais
 +encore pour tout le monde, 1 aptitude a reconnaitre et a constater juridiquement
 +la folie. Si laloi, dit M. Coste, veutque les medecins soient consulted sur lafolie,
 +c est sans doute par respect pour 1 usage ; et rien ne serait plus gratuit que la
 +presomption de la capacite speciale des medecins en pareille matiere. De bonne
 +foi, il n est aucun homme d un jugement sainqui n y soit aussi competent quc
 +M. Ptjiel et M. Esquirol, et qui n ait encore sur eux 1 avantage d etre etranger a
 +toute prevention scientifique. Et M. Elias Regnault, fort de cet appui, declare
 +que les medecins n ont que des idees obscures, des notions incertaines sur la
 +folie ; et que, pour etre au niveau des connaissances actuelles de cette branche de
 +la science liumaine, il suffit du simple bon sens...; done, ajoute-t-il en con-
 +cluant, les medecins ne sorit pas plus competents que les premiers venuspour juger
 +les questions qui y sont relatives. Ehquoi ! les caracteres de lafolie sont parlbis si
 +equivoques, les nuances qui la separent dela raison peuvent etre tellement variees,
 +indccises et confuses, qu elles echappent meme aux yeux des psychologues les plus
 +proi onds, des observateurs les plus clairvoyants, des praticiens les plus attentifs,
 +et vous voudriez que le premier venu, un ignorant, un rustre, n eprouvat aucun
 +embarras a les discerner? Mais vous -meme, qui avez, dites-vous, medile les ecrits
 +des medecins sur la folie, vous vous faites sur cette maladie les idees les plus
 +defectueuses qu on puisse imaginer ; vous partagez les erreurs et les prejuges du
 +vulgaire sur sa nature et sur ses formes ; vous n admettez pas d alienation mentale
 +en deliors de la demence ou de la fureur, c est-a-dire en dehors de ses limites
 +extremes, privation complete ou desordre absolu de la raison, sans egardpour les
 +varietes intermediaires ; vous rattachez exclusivement la folie a un trouble dyna-
 +nnque et primitif de 1 intelligence, tandis qu elle provient si souvent d une lesion
 +materielle et appreciable del organisme! Et c est sur cette theorie essentiellement
 +irivole et radicalement fausse que vous pretendez edifier un nouveau systeme de
 +jurisprudence ?
 +
 +Les allures evidemment paradoxales de cette doctrine auraient suffi pour la con-
 +damner, si elle n eut etc soutenue avec moins de talent, et si elle n eut eu Tin-
 +signe honneur de rallier a elle, du moins momentanement, beaucoup de membres
 +distingues de la magistrature etdu barreau. Georget,enleve par une mort prema-
 +turee, n etaitplus la pour defendre son oeuvre ; mais d autres alienistes se cliar-
 +gerent de ce soin, notamment Leuret et Hipp. Royer-Collard. La cause des alienes
 +sortit encore une fois victorieuse de la lutte. G est a la science, declarent formel-
 +/ement MM. Helie et Cbauveau, que la justice doit demander des lumieres pour
 +ne pas egarer ses decisions ; et ailleurs : Les visiles, les interrogatoires, les
 +rapports des gens de lart, sont les plus surs moyens d apprecier la veritable
 +situation morale dc 1 inculpe. Toutefois la veritedeces priacipes n apas tellement
 +prevalu qu il ne se rencontre de temps en temps, au Palais et dans le public, des
 +esprits recalcitrants ou prevenus a 1 egard de lacapacite speciale des medecins en
 +matiere de folie. De la encore des reserves, des restrictions, des defiances meme
 +de la part de quelques magistrals ; de la des divergences d idees, des conflits
 +d opinion, des appreciations contradictoires entre les juges et les experts. Et cepen-
 +daut, si la loi et la jurisprudence admettent (ce qui n est pas douteux) que la
 +folie cst une maladie et le fou un malade, qui pourra presenter plus de garanties
 +d aptitude et de discernement que le medecin? Pourquoi ne pas s en referer plev
 +nement a lui? Pourquoi ne pas accepter franchement et dans tous les cas son to-
 +
 +
 +
 +ALIENES (MEDECINB LECALE). 14Z
 +
 +moignage? On fait appel a ses lumieres dans des circonstances bienmoins difficiles
 +
 +et bien moiiis obscures que celles ou s agite la question de demence. Un assassinat
 +
 +vient d etre decouvert ; la justice a mis la main sur lecoupable; lespreuves sontma-
 +
 +nifestes et les temoignages accablants ; il y a la une plaie beante, un couteau ensan-
 +
 +glante ; le corps du delit est sous les yeux du jury dans toute son effroyable realite ;
 +
 +et, malgre cette evidence qui frappe tous les regards, un homme de Tartest requis
 +
 +pour decider sur la cause de lamort, sur la nature et 1 origine de la lesion tr;iuma-
 +
 +tique, afm de corroborer par le controle de la science les allegations de 1 arcusation :
 +
 +tant la justice est soucieuse de ne pas laisser planer 1 ombre d un doute ou d un
 +
 +soupcon sur 1 opportunite, on pourrait dire 1 infaillibilite de ses arrets ! Pourquoi
 +
 +done montrerait-elle moins de scrupules lorsqu il s agit dejugerles fails autrement
 +
 +delicats, compliques et embarrassants, ou la folie est en question? Sans doule,
 +
 +quand le desordre de 1 esprit ou 1 abaissement des facultes intellectuelles se mani-
 +
 +festent par la fureur la plus extravagante, le delire le plus incoherent ou la de-
 +
 +cheance la plus profonde, il n est pas besoin de lumieres speciales pour reconnaitre
 +
 +1 alienation mentale. Mais dans les cas non moins communs ou elle ne se revele
 +
 +point par des signes eclatants, ou elle ne se trahit que par des indices legers et meme
 +
 +equivoques, ne faut-il pas un ceil plus exerceque celui d un jure ou d un magistral
 +
 +pour decouvrir les traces de 1 infirmite morale, et pour les apprecier sainemcut?
 +
 +D ailleurs, en face d un adroit et ruse scelerat, qui simule a s y mepvendre la
 +
 +violence de la manie, la stupeur melancolique, les terreurs d un hallucine ou 1 ineptie
 +
 +de 1 imbecillile, quel est rhomme de bon sens, de quelque perspicucile qu il soit
 +
 +doue, qui oserait se flatter de demasquer la fraude et de dejouer 1 imposture ?
 +
 +CeiiK qui contesteut la competence des medecins dans ces graves matieres se
 +sonl abrites derriere une erreur enorme qu il importe de ne pas laisser debotit. Us
 +ont avance qu il n y avait, nf dans les causes ni dans les phenomenes de la folie,
 +aucun element morbide de nature organique qui put justifier la oecessite d une
 +intervention medicale. La classe si importante et si nombreuse des alienations
 +sympathiques et symptomatiques proteste hautement coutre une assertion pareille.
 +Un individu est accuse de vols ou de detournements considerables : sa naissance,
 +son education, sa position sociale, son integrite hien connue , forment avec des actes
 +sireprebensibles un contraste qui etonne les juges et le public. Cependant on ne de-
 +couvre aucune modification saillante dans son caractere, ni aucun trouble sensible
 +dans la tournure de ses idees, si ce n est peut-etre un certain degre insolite de
 +jactance et d ambition. Mais ya-t-il la un motif suffisant pour admettre 1 exception
 +de la folie? Les juges hesitent ou penchent pour la negative. On interroge le me-
 +decin; et lui, qui a porte une investigation scrupuleuse sur le prevenu, qui a
 +remarque la dilatation inegale des pupilles, les fremissements spasmodiques,
 +les tressaillements vermiculaires des muscles de la face, 1 hesitation de la parole,
 +1 embarras encore tres-leger de la prononciation, le tremblement a peine appre
 +ciable des doigts, lui, declare formellement que 1 inculpe est atteint d une des
 +formes les plus fatales et les plus graves de 1 alienation mentale, d un commence
 +ment de folie paralytique.
 +
 +Une autre fois, c est un homme qui a commis un assassinat dans un acces de
 +fureur soudaine. Nul signe evident de folie, ni avant ni apres le crime. L excuse
 +de la demence, invoqueepar le defenseur, est vivement contestee par 1 accusation-
 +elle reste douteuse pour le jury. Un expert est appele. tl examine attentivement
 +1 inculpe, et il apercoit sur ses mains et sur ses avant-bras une modification carac-
 +teristique de la peau et des laches erythemateuses d une nuance particuliere ; il
 +
 +
 +
 +Ill ALIENES (MEDECISE LF.GALE).
 +
 +reconnait la pellagre ; il pent presumer alors qu on a affaire a un aliene, probable-
 +ment pousse au meurtre dans un paroxysme de folie pellagreu-e.
 +
 +Dans une autre circonstance, il s agil d un homicide commis an milieu de la
 +nmt, dans les tenebres. L accuse porte sur la tele des contusions et des blessures,
 +que les magistrals regardent comme des preuves de conviction, comme les traces
 +non equivoques d une lutte avec la victime. Le medecin pous&gt;e plus loin ses inves
 +tigations; il decouvre sur le crane ou sur la face des cicatrices nombreuses, de
 +dates di verses, mais occupant toutes la merne region ; il regarde la langue, elle
 +e.-t &gt;ui&lt;si couturee de cicatrices, et merae elle porte 1 empreinte d une moisure
 +recente ; il en conclut que le meurtrier est un epileptique, sujet a des attaques
 +noct irnes meconnues, et que, dans un de ces acces de I renesie assez frequents
 +qui precedent ou qui suivent les crises, il a frappe, d une maniere involontaire et
 +comme automatique, la personne placee a la portee de ses coups.
 +
 +A ces exemples nous pourrions facilement en ajouter d autres, et emprunter
 +aux annales judiciaires des attentats ou desdelits impu tables a des troubles intel
 +lectuals snrvenus sous 1 influence, soit d une nevrose (choree, hysterie, somnara-
 +bulisme, etc.) ; soit d une fonction accidentelle de 1 economie (grossesse, allaite-
 +ment) ; soit du derangement ou de la suppression d une evacuation periodique
 +(menstruation, heruorrhoides, epistaxis, etc.).
 +
 +Hi 1 , ces relations etroites entre la modification organique et la perturbation
 +mentale, ces affinites intimes entre la cause materielle et 1 elYet dynamique, est-ce
 +un magistral, est-ce un jure qui pourra les deceler surement, en apprecier la
 +valeur, en mesurer la portee, en deduire toutes les consequences medico-legales ?
 +Non, certainement.
 +
 +On est done force, de quelque cote qu on 1 envisage, de resoudre, dans 1 espece,
 +la question de competence en t aveur des medecins.
 +
 +Xous allons meme plus loin, et nous pretendons que Sous les medecins iadis-
 +tinctement ne sont pas aptes a remplir la mission d experts dans ces sortes d af
 +faires. Pour bien connaitre une maladie, sa marche, ses symptomes, ses caracteres
 +propres et ses signes differentiels, il est indispensable de 1 avoir longuement
 +etudiee, non pas dans les livres, mais sur le malade. Quel degre de confiance me-
 +riterait un soi-disant praticien qui n aurait appris la medecine et la chirurgie que
 +d une maniere theorique? Quelle lumiere pourrait-il jeter sur un probleme obscur
 +de medecine legate? Les maladies mentales, plus encore que les maladies soma-
 +tiqnes, rt-clament une application et des connaissances speciales. Rien ici ne sau-
 +rait remplacer 1 experieno 1 acquise par une saine observation. La folie est une
 +affection essentiellement proteiiorme, aussi variable i ans ses manifestations que
 +dans ses degres, aussi obscure dans ses engines que bizarre dans sou evolution.
 +Les lenteurs de son incubation, la marche insidieuse de ses symptomes en rendent
 +quelquetbis le diagnostic difficile meme aux yeux les plus exerces. Comment pre-
 +tendre la connaitre quand on n en a pas fail 1 objet constant et privilegie de ses
 +recherches et de ses meditations ? Comment disceruer la folie reelle de la lolie
 +simulee ou de la folie faussement imputee? Comment prononcer une opinion pre
 +cise sur le cas particulier soumis a votre examen, sur sa determination nosologique,
 +sur son pronostic, sa duree, sa terminaison, ses chances de curabilite, si janiais
 +vous n avez ete temoin de fails analogues ? Pour bien connaitre les fous, et pour
 +estimer la valeur legale de leurs actes, il faut avoir vecu au milieu d eux ; il faut
 +avoir obsen-e longtemps et minulieusement etudie leurs moeurs, leuvs habitudes,
 +leurs allures, leurs traits , leur physionomie , leurs tendances et leurs caprices ,
 +
 +
 +
 +ALIENES (MEDECINE LEGALE).
 +
 +leurs idces et leurs fantaisies, leurs sentiments et leurs instincts, lenrs ecrits et
 +leur langage, non-seulement dans une des periodes de la maladie, mais encore
 +dans toutes les phases de son evolution.
 +
 +L expert que la justice appelle pour donner la preuve de la folie ne doit pas
 +oublier qu il tient entre ses mains les interets et 1 honneur d une famille, les
 +droits les plus sacres d un citoyen, la fortune, la liberte, souvent meme la vie
 +d un de ses semblables. Quel est le medecin quioserait accepter un mandat aussi
 +redoutable, si sa conscience lui reprochait de n en etre pas entierement digue !
 +
 +Un eminent medecin legiste, Mittermayer, n hesite point a declarer qu un grand
 +nombre d alienes sont tombes iniquement sous le coup de la loi par 1 insuffisance
 +ou 1 incapacite des experts. 11 cite un proces reccmment plaide en Prusse, et a
 +propos duquel les medecins sont restes pendant onze ans divises sur la question
 +de savoir si un accuse simulaitou nonla demence, ou si, au moment de son crime,
 +il etait atteint d alienation mentale. La comparaison des vingt rapports fournis
 +dans cette affaire, ajoute le savant professeur de Heidelberg, demontre clairement
 +que la plupart des experts ont donne leur avis dans une ignorance inconcevable des
 +signes de 1 alienation. Une autre affaire qui a eu, dans ces dernieres annees, un
 +immense retentissement en Espagne, 1 affaire Sagrera, prouve d une maniere plus
 +saisissante encore quelles peuvent etre les funestes consequences de 1 incapacite
 +des experts dans les enquetes medico-legales relatives a la folie.
 +
 +Du ROLE DU MEDECIN ALIENISTS DEVANT LES TRIBUNAUX. LorsqUC, dans Un prOCBS
 +
 +criminel ou civil, se debat la question de demence, les hommes de 1 art sont
 +generalement appeles, soil par les juges, soit par les parties, tantot pour etablir,
 +tantot pour repousser la presomption ou 1 allegation de folie. Si le medecin agit
 +en vertu d une delegation de 1 autorite judiciaire, il prend proprement le litre
 +d expert; si la delegation, au lieu d emaner de la justice, est amiable etdu fait des
 +parties, le medecin n est que simple mandataire, non soumis aux dispositions du
 +Code de procedure. Dans le premier cas, le resultat ecrit de ses investigations se
 +nommc un rapport; dans le second cas, une consultation. Quoi qu il en soit, et
 +bien que procedant d une origine differente, au fond sa mission est la meme ; elle
 +tend au meme but, elle lui impose les memes devoirs. Aussi, et sous la reserve
 +de cette explication, confondrons-nous, pour plus de simplicite, les deux attribu
 +tions sous les denominations communement adoptees ft expertise et d expert.
 +
 +Que ce soit done a 1 accusation ou a la defense, au demandeur ou au deTendeur,
 +que le medecin alieniste doive preter son concours, il importe avant tout qu il
 +se penetre bien du caractere et de 1 etendue de son mandat, afin de ne pas en
 +alterer la signification et d eviter avec le merne soin ces deux alternatives ega-
 +lement facheuses : ou de rester trop humblement au-dessous de sa tache ou d en
 +franchir temerairement les bornes.
 +
 +Or, qu est-ce qu une expertise, et qu est un expert aux yeux de la loi et dans le
 +sens de la jurisprudence?
 +
 +L expertise est une voie d instruction ; son but est d eclairer les juges dans les
 +cas difficiles, douteux ou obscurs, et de suppleer aux connaissances speciales qui
 +leur manquent pour resoudre une question et pour porter un jugement decisif.
 +
 +L expert est 1 homme de 1 art charge de fournir ces elements d appreciation.
 +
 +En Prusse, et dans quelques autres pays encore, la loi fait un devoir aux tribu-
 +naux de s aider de 1 assistance d un medecin legiste pour constater 1 etat mental
 +d unindividu. En France, il est facultatif aux magistrals d ordonner une expertise,
 +soit d office, soit sur la dcmande des parties ; ils sont les appreciateurs souverains
 +
 +DIG. GNR, III.
 +
 +
 +
 +146 ALIENES (MEHECIWE
 +
 +de I opportunitedecctte mesure. L obligalion de recourir al expertise n cst imposes
 +aux tribiinaux que dans quelques matieres speciales, designees par la loi, et au
 +nombve desquelles on regrettc de nepas voir figurer, comme en Prusse, 1 alienation
 +mentale.
 +
 +I/expertise suppose necessairementde la part du juge une ou plusieurs questions
 +precises adiessees a 1 homme de 1 art; et de la part de celui-ci uue reponse, un
 +avis personnel et motive.
 +
 +Voila done le role d expert dans toute sa simplicite, et nettement defini.
 +L expert cst moins qu un arbitrc, il est plus qu un temoin ; il differe du premier
 +en ce que sa decision n a rien d imperatif , et du second par 1 etendue, Fimpontance
 +et le caractere scientillque de son temoignage. Dans aucun cas, le medecin expert
 +ne doit sorlir du cercle de ses attributions pour usurper le role d avocat, encore
 +moins celui de juge. 11 ne saurait pretendre a interpreter ou a appliquer la loi;
 +c estla prerogative des magistrals, et il Icur estinterdit deTabdiquer entreles mains
 +dequique ce soil. Certains experts, notammcnt en matiere de fblie, comprenant mal
 +leur mission, se laissexit aller a ces dangereux empietements. Emportes par un
 +zele excessif, ils critiquent le Code ou le commentent a leur maniere; ils deve-
 +loppent les genereuses theories d une jurisprudence personnelle, ct quelquefois
 +meme vont rencherissant sur les exagerationspatbetiques de la defense. Ilfaut bien
 +se garde r dc ces entrainements, surtout dans le sujet delicat qui nous occupe.
 +L esprit de systemc on les vaines declamations sieent mal dans la boucbe d un
 +homme qui doit parler exclusivement au nom de la science et de la verite. Son
 +langage doit clre severe, froid, calme, depouille de tout, artifice, degage dc tout
 +interet et de toute prevention. II ne doit tendre qu a unc fin : eclairer la con
 +science des juges ct preparer les decisions impartiales de la cour.
 +
 +Si cettc lachc est souvent rendue laborieuse et penible par les obscurites ou les
 +complications du sujet, quelquefois aussi elle est simplifiee par les questions pre
 +cises que posent les magistrals, soit au nom meme de la loi, soit en vertu de leur
 +pouvoir discretionnaire.
 +
 +En matiere criminelle, la premiere et generalement la seule question a laquelle
 +1 expert ait a repondre est celle-ci : L inculpe etait-il en etat de demence ou sain
 +d esprit au moment ou il a accompli 1 acte qui lui est reproche?
 +
 +En matiere civile : Le defendeur est-il ou etait-il (car il peut etre mort ou
 +absent) dans un etat d imbecillite, de demence ou de fureur, qui puisse ou qui
 +ait pu le rendre incapable des actes de la vie civile, et justifier centre lui soit une
 +demande en interdiction, soit une instance en nullite de contrats, de donations,
 +de testaments, etc. ?
 +
 +Tout se reduit done essentiellement a une question de diagnostic.
 +
 +DC DIAGNOSTIC DES MALADIES MENTALES AU POINT DE VUE MEDICO-LEGAL. NflUS
 +
 +avons dcja dit qu il ne iaut pas se preoccuper des termes employes par la loi
 +pour qualifier les desordres morbides de 1 intelligence ; que les mots demence,
 +fureur et imbecillite n impliquent aucune restriction nosologique, mais qu ils
 +embrassent dans leur comprehension juiidique les formes variables et nom-
 +breuses de 1 alienation mentale. En general, tout ce qi^e reclame le juge, c est la
 +preuve scientifique de la maladie. Quelque(ois cependant, et surtout dans les
 +affaires civiles, 1 expert peut etre interroge sur 1 espece meme de la folie et sur
 +son degre, sur son pronostic , sur sa duree probable et sur sa terminaison pos^
 +sible. On comprend en effet tout 1 inter^t qui s attache a la solution de ces diffe*
 +rents sujets, quand il s agit de prononcer une interdiction ou d en oruonnti 1 1^
 +
 +
 +
 +ALIENES (MEDECINE LEGALE). 141
 +
 +mainlevee, d apprecier la valeur legale d un contrat ou do frapperun acte ile nul-
 +lite. Mais de pareilles questions, tout en compliquant les recherches de 1 expert,
 +n en modificnl ni la nature, ni le but; c est toujoursun probleme de diagnostic
 +que les tribunaux proposent au medecin, et dout celui-ci doit Iburuir Ja demon
 +stration aux yeux des juges.
 +
 +Nous n avons pas a nous occuper ici des cas afferents a chaque varietc d aliena-
 +tion mentale ; ces cas speciaux seront traites successivement et dans autant de
 +paragraphes distincts. Nous devons nous borner, dans cet article, a des donnees
 +purement synthetiques, a des indications generales sur les procedcs d investigation
 +medico-legale applicables a la folie, sur certaines causes d erreur etsur les moyens
 +de les prevenir ou de les eloigner.
 +
 +Avant tout, il faut que 1 expert n oublie pas que, de 1 aveu de tous les mede-
 +cins legistes, il n est point de matiere plus delicate et plus controversable que
 +1 appreciation de 1 etat mental d un individu : temoin ces interminables pioces
 +auxquels donnent lieu les poursuites en interdiction ou en nullile pour cause de
 +demence; temoin 1 aflaire Townley, qui a si vivement emu 1 opinion publique en
 +Angleterre, et dans laquelle les hommes les plus eminents de la specialitc sont
 +restes divises sur la situation intellectuelle du sombre meurtrier de miss Goodwin.
 +Dans le proces de Rainer-Stockausen, .lacobi de Segbourg, un des medecins alir-
 +nistes les plus experimentes de rAllemagne, avoua, apres un long examen, qu il
 +n osait pas encore affirmer si le prevenu etait alteint d alienation mentale, ou s il
 +ne laisait que la simuler. Ce ne fut que plus tard qu il reconnut la realite dc la folie.
 +
 +Afin de remplir son mandat a la satisfaction de la justice, le medecin , dans ces
 +graves circonstances, doit sefaireune loi denerien laisser a I impivvii, de, n aven-
 +turer aucune resolution temeraire ou precipitee, de ne repliquer qu a bon escient
 +aux interpellations du juge ou de 1 avocat, de se retrancber derriere unc prudentc
 +reserve ou de demander un delai, plutot que de compromettrc son credit sciunli-
 +fique et les interets qu d tienl, en main par des reponses irreflechies ou intcmpc&gt;-
 +tives. Creusez le sujet a fond, explorez-le sous toutes ses faces; ne negligez aucun
 +moyen de recherche, et ne dcdaignez aucune voie d information.
 +
 +Existe-il un criterium pour servir au diagnostic medico-legal de la folie? Dans
 +les cas extremes, 1 insanite d esprit porte pour ainsi dire avec elle son propre
 +signalement. Mais dans les cas mixtes, dans les faits limitrophes, ou la ligne de
 +demarcation entre la raison et la folie est a peine sensible, les psychologues et avec
 +eux un certain nombre de medecins out desespere de trouver une marque distinc
 +tive, une signe diflerentiel a 1 abri de toute contestation. M. le docteur Michea, apres
 +avoir longuement discute cette question et ecarte tour a tour les diverses solutions
 +proposees avant lui, s est arrete a cette conclusion : que la suspension de la liberte
 +morale, qui s exprime par la conviction de ne plus etre le maitre de vouloir ou
 +d agir autrement qu on a voulu ou agi, est le seul caractere constant, le seul ele
 +ment irreductible de la folie. Sans doute c est la un criterium precieux que le
 +medecin legiste doit toujours s efforcer d atteindre. Mais souvent le libre arbitre
 +est entoure d obscurites qui le rendent insaisissable, et sa recherche se complique
 +parfois de difficultes insurmontables qui ne peimettent guere d en i aire, dans tous
 +les cas, le but exclusif des investigations medico-legales concernant la folie. Aussi
 +croyons-nous avec MM. Parchappe, Calmeil et Falret, qu il est plus simple, plus
 +pratique et plus sur de placer sous les yeux de la justice le criterium de la ma-
 +ladie, qui est le criterium meme de la loi.
 +
 +Ainsi pose sur le terrain de la pathologic et de 1 observation medicule, le pro-
 +
 +
 +
 +148 ALIENES ^HBDECINU LEGALE).
 +
 +bleme medico-legal de la folic se simplifie, se degage de ses incertitudes metaphy-
 +siques, et se reduit a deux termes correlates, solidaires et inseparables, sur
 +lesquels doit porter egalement I examen de 1 expert : 1 etat morbide et le sujet,
 +c est-a-dire le fait et son agent, I acte et son auteur.
 +
 +1 RECHERCHES RELATIVES -\u FAIT ou A i/ACTE. L analyse morale du fait, la consi
 +deration descirconstances qui 1 oat precede, accompagne et suivi, 1 etudedes motifs
 +et des mobiles, peuvent assurement fournir des resultats utiles et jeter quelque
 +lumiere sur sa nature, sa valeur ou son imputabilite. Aucriminel, les magistrals se
 +livrcnt a cet egardaux investigations les plus minutieuses; ils recherchent soigneuse-
 +mcnt si I acte incrimine a etc execute sans motif et sans interet, s il aeteinstantane
 +ou prcmedite, si celui qui 1 a commis en a garde le souvenir, s il s en vante ou s il
 +en -a honte, s il en eprouve de 1 indifference ou desremords, s il s est denonce lui-
 +meme ou s il a clicrche a se soustraire aux poursuites de la justice. Casper accorde
 +aussi une grande valeur aux circonstances concomitantes du fait pour le dia
 +gnostic psychologique de 1 accuse. 11 veut que 1 expert examine si le crime est un
 +acte isole dans la vie du prevenu, s il a ete commis avec ou sans motif, sous 1 in-
 +lluence d un mobile puissant ou d un mobile frivole, d une maniere aveugle et
 +brutale, ou suivant un certain plan et d apres une combinaison calculee, etc., etc.
 +Sans doute, ces conditions diverses sont d un poids considerable aux yeux des
 +magistrals, qui ont pour principe de juger I acte en lui-meme et dans ses details,
 +ct de baser sur cette donnec la mesure et le degre des applications de la loi. Mais,
 +a vrai dire, ce sont la des elements depreciation morale dont la solution releve
 +cssentiellement de la raison commune et qui ne sauraient, au moins dans tous
 +les cas, avoir une preponderance absolue aux yeux des medecins. En effet, si
 +certains alienes, tels que les maniaques, les idiots et les dements agissent sans mo
 +tif et sans premeditation, d autres, tels que la plupart des monomanes, agissent
 +sous I influence de mobiles parfaitement determines, preparent et organisent leur
 +mefait de longue main, avec une patience, une opiniatrete, une adresse, un esprit
 +de suite, un talent dc combinaison, un luxe de precautions, de ruses ou decalculs,
 +capable de derouter les gens les plus habiles et les plus clairvoyants. A cote de ce
 +monomaniaque impassible et froid qui ne temoigne aucune surprise, aucune emo
 +tion, a 1 aspect de sa victime, ne voyez-vous pas ce lypemane qui se desole, se la-
 +mente et se livre au plus dechirant desespoir pour des crimes imaginaires?
 +
 +Sauf certains cas ou la conception et 1 execution de I acte portent visiblement
 +1 cmpreinte de Talienation mentale, il ne faut accorder a cet element d expertise
 +pris isolement qu une portee secondaire et pour ainsi dire accessoire ; il merite
 +assurement d etre pris en consideration par le medecin legiste ; mais il doit, pour
 +acquerir tout son relief et toute sa valeur medico-legale, ne pas etre envisage d une
 +maniere abstraite et ne jamais etre separe de 1 agent. L etude trap exclusivement
 +morale du fait ne pourrait qu egarer les recherches de 1 expert, lui fournir des
 +notions insuffisantes et le conduire a des interpretations hasardeuses ou erronees.
 +C est principalement a son 6tude pathologique et a la determination exacte de ses
 +conditions morbides que le medecin legiste doit s attacher.
 +
 +L appreciation du fait en lui-meme a souvent plus d importance dans les affaires
 +civiles que dans les proces criminels, notamraent s il s agit de prononcer sur la
 +valeur d un acte en 1 absence ou apres le deces de 1 agent. Dans ces occurrences dif-
 +liciles serait-il toujours prudent de s en rapporter sans reserve aux assertions
 +et aux renseignements des interests? Leur temoignage presente-t-il toutes les
 +garantics de sincerite desirables? 11 importe done d examiner I acte clans sa teneuf
 +
 +
 +
 +ALIENES (MEDECINE LEGATE).
 +
 +el dans scs diverses clauses, dans son ensemble et dans ses details, de chercher
 +enfin dans sa forme ou dans ses stipulations la prenve d une lesion intellectuelle
 +chez celui qui en est 1 auteur. Des clauses immorales ou extravagantes, inspirees
 +par des idecs fausses, par des conceptions delirantes oudes preventions immeritees ;
 +des dispositions trop contraires au bon sens ou a la situation personnellc du tes-
 +tateur ; des contradictions ou des lacunes, co incidant surtout avec une redaction
 +ncorrecte et une ecriture mal assuree, constituent des signes serieux d alienation
 +mentale. Ces preuves emprunteront encore un surcroit de force a 1 existencc de
 +certains documents authentiques, tels que proces-verbaux d enquete, rapports, cer-
 +tificats, consultations de medecins, etc.
 +
 +2 RECHERCHES RELATIVES A L INDIVIDU. L homme malade, dans ses antecedents,
 +dans ses dispositions d esprit au moment de 1 action et dans sa disposition mentale
 +ultcrieure, tel doit etre, dit notre distingue collaborateur, M. Jules Falret, 1 objet
 +principal de 1 investigalion du medecin.... Qu il se pose en observatcur devant
 +i aliene!.... Qu il cherche a reconstituer, a 1 aide de son observation dirccte ct des
 +documents qui lui sontfournis, 1 bistoire complete dc la maladie, et qu il tacbc de
 +mettre le fait en litige a la place qui lui appartient dans cette histoire generalc!...
 +Qu il envisage Ja totalite de 1 etat maladif, et qu il compare le cas actuel a lous
 +les cas analogues deja observes anterieuremerit !... Alors il pent etrc assure de
 +trouver de nombreux arguments pour porter la conviction dans IVsprit des ma
 +gistrals, de ne voir jamais contcster sa competence, d etre inexpugnable dans le
 +domaineou il s cst retranche, sur le terrain solidc de ses connaissances speciales.
 +
 +Et pour que cette notion de la maladie et du malade soit entiere, 1 expcrt doit
 +porter son investigation non-seulement sur les phenomenes psychologiques , mais
 +encore sur 1 habitude exterieure et sur 1 ensemble de 1 organisme; non-seulement
 +sur 1 etat actuel et sur les phenomenes presents, mais aussi sur la conduite passee
 +du sujet, sur ses antecedents, sur ses actes anterieurs.
 +
 +a. Etat somatique. Les signes corporels appreciates de 1 alienation menlale,
 +dit Casper, ne peuvent etre que des aides pi ecurseurs dans le diagnostic , et ne
 +peuvent avoir que le litre de pvobabilites ; car il n en est pas dont la presence entraine
 +nccessairement 1 exislence de cette maladie. Ce sont la de sages paroles, mais
 +dont il ne laudrait pas exagerer le sens, au point de meconnaitre la valeur relative
 +des indications organiques dans 1 etude medico-legale des alienes. 11 importe done
 +que 1 expert en tienne compte, parce que ces indices, combines entre eux oureunis
 +u d autres phenomenes appartenant plus directement a la folie, peuvent former de
 +precieux elements d apprecialion.
 +
 +L age et le sexe exercent une influence trop manifeste sur le developpement des
 +maladies mentales, et particulieiement sur la nature du delire et la forme de la
 +lesion, sa marche, sa duree, son mode de terminaison, pour ne pas meriter toute
 +1 attention du medecin legiste. En ce qui concerne les femmes surtout, on ne
 +saurait, depuis les beaux travaux de Marce, ne pas avoir egard a la menstruation,
 +a la grossesse, a 1 etat puerperal et a 1 allaitement, sans s exposer a de facheux
 +mecomptes.
 +
 +Le temperament et la constitution ne doivent pas etre negliges, principalement
 +chez lessujets ou predomine 1 idiosyncrasie nerveuse.
 +
 +Le maintien, 1 attitude, la demarche, lesgestes, la tenue des vetements, la mal
 +formation du crane, la physionomie, 1 expression du regard, les details et L en-
 +semble des traits du visage et de 1 habitude exlericurc, laissent percer plus d une
 +Ibis, aux yeux d un observateur exerce, la marque non equivoque de la 1 olie.
 +
 +
 +
 +150 ALlfiNES (MEDECINE LEGALE).
 +
 +L efat du pouls et celui des fonctions digestives, la presence ou 1* absence de
 +certains phenomenes generaux, aideront a discerner un acces de manie simple
 +avec les transports du dclire febrile.
 +
 +La circulation du sang et la temperature du corps, diminuees dans 1 engourdis-
 +sement melancolique et augmemees dans 1 agitation maniaque ; la sensibilite
 +generate exaltee ou pervertie chez les nosomanes, emoussee jusqu a 1 analgesie
 +dans lastupeur lypemaniaque ; les spasmes, les tressaillements et les soubresauts
 +musculaires, les paralysies partielles du sentiment et de la motilite, indices de
 +quelque alteration grave des centres nerveux ; 1 embarras de la parole, la dilata
 +tion inegale des pupilles, la deviation permanente de la luette, I incertitude et
 +1 ataxie des mouvements, symptornes habiluels de la folie paralytique ; les crises
 +convulsives, les vertiges, les eblouissements, les bourdonnements d oreilles , la
 +cephalalgie fronto-temporale persistante ; la surdi-mutite, compagne assidue de
 +1 idiotic et de I imbeeillite ; les nevralgies rebelles, et toutes les autres manifesta
 +tions nevropathiques ; I erytlieme des mains et la lesion de la peau caracteristiques
 +de la pellagte; les morsures profondes et multipliers de la langue, stigmates
 +funestes de 1 epilepsie ; les cicatrices dans certains lieux de predilection, notamment
 +a la tele, au cou et dans la region precordiale, temoignages accusateurs d une ou
 +de plusieurs tentatives de suicide : tous ces signes, fournis par une exploration
 +attentive de 1 etat pbysique du malade, ne sont pas faits assurement pour etre
 +dedaignes dans une expertise conscicnciense. 11s contribueront quelquefois a eclair-
 +cir des cas douteux ; et ils mettront souvent sur la voie du diagnostic quand on
 +aura affaire a des folies symptomatiques on u des folies sympathiques , si bien
 +decrites par M. le docteur Loiseau. Neanmoins, meme dans ces circonstances, il
 +ne convient de leur attribucr qu une valeur secondaire, en les subordonnant tou-
 +jours a la coexistence des troubles morbides de 1 entendement.
 +
 +b. Etat mental. L examen psycho-medical d un individu presume aliene reclame
 +toute la sollicitude, toute 1 application ettoute la sagacitedel expert. 11 ne doit pas
 +se bonier uniquement a porter ses investigations sur un ou plusieurs des elements
 +du dynamisme mental ; mais il doit les diriger avec lememe soin sur le cote affectif
 +et sur le cote intellectuel ; interroger les instincts et les sentiments, les percep
 +tions et les pensees. II doit soumettre a une exploration approfondie chacune des
 +manifestations de 1 entendeinent , et chercher a decouvrir ou est la lacune,
 +l insuffisance, la perversion ou le desordre. \ 7 ous aurez done a verifier jusqu a quel
 +point lesidees sontjustes ouiausses, lucidesou confuses, associees ou incoberenles ;
 +si 1 atteution est distraite ou soutenue ; la memoire integre ou amoiudrie ; 1 imagi-
 +nation sain-i ou dereglee ; le discernement net ou obscurci ; le jugement droit on
 +incorrect ; la conscience eteinte ou Inmineuse ; les affections normales ou perver-
 +ties. Vous exercerez uu contrule minutieux et severe sur les fonctions sensoriales,
 +et vous vous assurerez si les errenrs ou les troubles de 1 esprit ne sont pns provo-
 +ques ou entretenus par des illusions maladives ou des hallucinations opiniatres.
 +
 +II importe attssi, pour 1 eclaircissement de 1 expertise, de remonter autant qu ou
 +le peut a 1 originede la folie, et de tenir compte de ses conditions etiologiques, soil
 +pour confirmer le diagnostic, soit afin de pouvoir mieux edifier les juges sur la
 +nature, sur la gravite et sur Tissue du cas special soumis a 1 examen. On en cher-
 +chera le point de depart, tantot dans 1 individu lui-meme, tantot hors de lui, tantdt
 +dans 1 ordre des agents materiels, tantot dans 1 ordre des agents nioraux. Parmi
 +les causes, la pins importnnte, sans rontredit, et la plus significative sous le rap-
 +por!; medico-legal, c cst 1 heredite.
 +
 +
 +
 +ALlfiNfiS (MEDECINE LI GH.E).
 +
 +VOTES ET MOYENS D rM&gt;LOUATION ET DE DIAGNOSTIC MEDICO-PSYCHOIOGTQUES. Ces
 +
 +precedes sont au nombre de trois : 1 enquete, 1 interrogatoire, 1 observation directe
 +et suivie.
 +
 +a. Enquete. Elle consiste a prendre tous les renseignements susceptibles d e-
 +clairer 1 expert sur 1 etat del alieue et sur la nature de son delire ; a s enquerir de
 +ses predispositions hereditaires et de ses antecedents morbides, de ses gouts, de ses
 +penchants, de ses habitudes, de son genre de vie, avant et apres Implosion de la
 +folie, des causes certaines ou presumees de celle-ci, de la date dc son debut, de
 +son mode d invasion et de developpement, de ses phenomenes les plus saillants, et
 +de ses symptomes les plus caracteristiques, enfin des circonstances et des details
 +particuliers de 1 acte impute.
 +
 +Ces renseiguements peuvent etre puises a des sources diverses : aupres des
 +parents, des amis et des voisins de 1 aliene ; dans la visile des lieux qu il a
 +habites et dans 1 examen de ses ecrits ; dans les dires, les attestations et les certi-
 +ficats des medecins ; dans le dossier judiciaire.
 +
 +Les pieces judiciaires et les temoignages medicaux presentent un caractere spe
 +cial d authenticite qui leur donne aux yeux de 1 expert une valeur exceptionuelle.
 +
 +II n en est pas toujours ainsi des renseignements fournis par les procbes on par
 +les amis. Ceux-ci, en general, sont enclins, soit par ignorance, soil par interet,
 +a de Mturer les faits, a les exageier ou a les amoindrir, a les dissimuler ou a les
 +nier. L expert ne saurait trop se mettre en garde centre les recits byperboliques
 +et les interpretations erronees des uns, ou les reticences calculees et les assertions
 +systematiques des autres. 11 doit, suivant le judicieux conseil de Marc, pour asseoir
 +son jugement sur des bases solides, s enquerir avec beaucoup dc soin de la valeur
 +des documents et des temoignages qu on lui presente ; et lorsqu ils ne sont pro-
 +duits que par des personnes qui ont un interet evident a les lui f aire adopter, il
 +ne devra donner qu une decision conditionnelle, c est-a-dire qu il ne devra conclure
 +que dans la supposition de 1 exactitude des circonstances dans lesquellcs il aura
 +puise sa conviction et exprimer cette reserve dans son rapport ou dans sa consul
 +tation.
 +
 +Nous ne saurions trop recommander la visite et 1 inspection du domicile de
 +1 aliene, danslamesure des convenances et sous 1 expresse reserve dela discretion.
 +C est un tres-bon moyen d euquete, surtout a 1 egard des hallucines, des mono-
 +manes raisonnants et des fous nommes lucides par M. Trelat, si habiles a dissi
 +muler. Chez les uns, on trouvera des portes clouees, des fenetres barrees, des
 +serrures bourrees de papier, des cheminees hermetiquemeut obstruees ; chez les
 +autres, des objets disperses ou brises, des meubles bouleverses, etrangement
 +arranges, tournes a 1 envers ou poses sens dessus dessous; on verra sur les murs
 +des inscriptions de tout genre et des peintures extravagantes ; ici, une glace bar-
 +bouillee de noir; la, des fils pretendus magnetises qui traversent la cbambre.
 +M. Trelat rapporte 1 histoire d une dame de tres-belles mauieres et du meillour
 +monde qui avait passe dix aus de sa vie a emmagasiner, classer, etiqueter et cata
 +loguer dans sesarmoires toutes sortesde dejections et de detritus corporels; enfnt,
 +on pourra decouvrir deslettres, des cahiers, desmemoires ecrits de la main meme
 +des alieues, mine precieuse de revelations.
 +
 +En effet, les ecrits des alienes meritent de fixer toute 1 attention de 1 expert ;
 +ils portent souvent la marque directe, 1 empreinte caracteristique du trouble des
 +facultes infellectuelles, afl ectives et motrices, ce qui leur donne en medecine
 +legale une valour semeiologiquc de premier ordre. Ces autographes doivent ctre
 +
 +
 +
 +152 ALIENES (MEDECINE LEGALE).
 +
 +envisages sous le double aspect de la forme, comme representation graphique, et
 +du fond, comme mode d expre.-sion des idees delirantes.
 +
 +Des omissions graves et des lacunes inattendues; des mots passes ou tronqm s;
 +des syllabes oublices; des leltres repetees, mal dessinees, incompletement formees;
 +des jambages trembles, anguleux, heurtes et en zigzag; des ratures multipliees;
 +un abus incroyable de majuscules et de soulignements ; des fautes d orthographe
 +inaccoutumees ; une ponctuation nulle ou defectueuse; un melange bizarre de
 +leltres et de chiffres ; des mots inventes et constituant un idiome grotesque ; des
 +barres et des batons substilues aux lettres, des lignes singulierement disposees,
 +obliques, tortueuses, ou chevauclumt les unes sur les autres et jetees pele-mele;
 +des barbouillages indechiffrables : tels sont les cbangements les plus ordinaires
 +qu on observe parmi les modifications infmies que I alienation mentale pent
 +imprimer a 1 ecriture. Ces manuscrits sont assez frequemment converts de pales
 +d encre, ou enjolives de figures etranges, de signes indefinissables, de veritables
 +hieroglyphes, de symboles mysterieux etde dessins emblemaliques en rapport avec
 +la nature du delire.
 +
 +La redaction n est pas moins significative, soit qu elle frappe par son incor-
 +rection choquante, soit qu elle etonne par sa parfaite nettete. A cote des phrases
 +mal construites, des tournures embrouillees, desredites frequentes, des construc
 +tions grammaticales vicieuses, des expressions incoherentes, de la contusion ct
 +du chaos qui caracterisent hi manierc des maniaques et des dements, on trouve
 +le style souveiit methodique et precis des monomanes et de tonte la categorie des
 +fous raisonnants. Mais ce qui manque rarement de trahir ces derniers, c est que
 +leur plume, moins discrete que leur langue, laisse echapper, soit ouvertement,
 +soit a mots converts, des confidences qui mettent a nu le fond de leur pensir;
 +leurs ecrits offrent alors la peinture stereotypee du desordre de leurs idees ou de
 +la perversion de leurs sentiments.
 +
 +Lorsqu il s agit de lettres par ticulierement, tout a sa signification et sa valeur,
 +depuis la suscription, qui s adresse assez souvent a des monarques, a des princes,
 +a de hauls personnages completemerit inconnus dumalade; jusqu a la signature,
 +qui porte presque toujours desnoms celebres ou mystiques empruntes a 1 histoire,
 +a la religion, a la mythologie.
 +
 +Mais pour bien apprecier ces documents et pour en tirer un parti profitable, il
 +importe, aiusi que le fait judicieusement observer Marce, de coanailre les habitudes
 +normales du sujet, son degre d instruction, son ecriture physiologique. Les
 +resultats obtenus sont d autant plus nets et plus probants qu on a affaire a des
 +malades dont 1 education est plus complete et plus elevee : les nuances du style,
 +les fautes d orthographe, la configuration vicieuse des lettres, qui sont chez les
 +gens instruits des signes irrecusables de compromission mentale, perdent singu
 +lierement de leur importance chez les ignorants. Dans tous les cas, d ailleurs,
 +la comparaisoii des autographies avant et pendant 1 etat de maladie est un moyeu
 +de conlrole qui ne doit jamais etre neglige.
 +
 +G est surtout dans les contestations de testaments attaques pour cause de de-
 +mence, que 1 examen des ecrits du testateur pent jetc-r de vives lumieres, et menu
 +quelquefois sul fire a fortifier une conviction douteusc. Mais 1 expert ne doit
 +jamais oublier que siun autographe extravagant ou insense est la marque certaine
 +d une alienation mentale, la proposition inverse n est pas toujours exacte; car il
 +est possible qu un fou, dans un moment lucide, redige un acte plein de sens
 +et de raison
 +
 +
 +
 +(MEDECINE LEGALE). 153
 +
 +b. liitcrrogatoire. II y a, croyons-nous, un avantagc reel a no rrcourir n ce pro-
 +cede d exploration qu apres 1 enquete, c est-a-dire lorsque deja des ronseignemenls
 +nombreux et precis ont fait connaitre les idees habituelles et dominantes de 1 alii iu ,
 +permis de soupconner son genre de maladie et montre la meilleure voie a snivre
 +pour ie questionner. On evite ainsi bien des tatonnements, on s epargne d inutiles
 +longueurs, et on possede les donnees necessaires pour imprimer a 1 interrogatoire
 +une direction plus methodique et plus efficace.
 +
 +11 faut, en presence de 1 aliene, bannir tout appareil, toute solennite ou toute
 +apparence de rigueur. L attitude de 1 expert doit etre celle d un medecin et non
 +celle d un juge d instruction. Tous ses efforts doivcnt lendre ii dissiper les defiances
 +on les craintes du malade, a gagner son entiere confiance, a fixer son esprit distrait
 +ou preoccupe. De la precision et de la clarte dans les questions, de la simplicite
 +dans le langage, de la bienveillance et de la douceur dans les paroles et dans les
 +manieres, beaucoup d habilete, de tact et de finesse, de la fermete au besoin ; dans
 +descas rares et exceptionnels, 1 intimidation et la menace : telles sont les qualites
 +et les dispositions qu il convient a un expert d apporter dans 1 interrogatoire medico-
 +legal des alienes.
 +
 +Les questions rouleront sur les choses ordinaires de la vie et familieres au malade,
 +de fagon a 1 amener adroitement vcrs 1 objet de son delire : c est asscz dire qu elles
 +varieront suivant les individus et suivant les circonstances, et qu elles devront le
 +[ilus possible etre en rapport avec le caractere, les habitudes et 1 educatiou du
 +sujet.
 +
 +Gardez-vous de fatiguer son attention ; suspendez pluto t 1 examen et remeltez-le,
 +s il le faut, au lendemain.
 +
 +Dans les formes periodiques, remittentes ou transitoires de la folie, le sujet pent
 +avoir recouvre sa raison au moment de 1 exploration. Une telle epreuve n aurait
 +alors aucune valeur, et meme elle risquerait fort d entrainer a des conclusions
 +erronees. II ne faut pas perdre de vue que souvent, chez les maniaques dangereux,
 +chez les monomanes maltaisants, et dans les paroxysmes des folies impulsives, le
 +delire s affaisse d une maniere rapide ou tombe subitement, lorsque les transports
 +de cette fureur maladive sont pour ainsi dire assouvis. Mais alors il n est pas rare
 +qu un nouvel acces eclate pendant ou apres le jugement, et vienne ainsi confirmer
 +1 autbenticite du premier. De la pour 1 expert le precepte de proceder a 1 interro
 +gatoire, autant que possible, pendant la periode active de la folie.
 +
 +Si a cette premiere difficulte on ajoute la part de la dissimulation et d aulres
 +causes d erreur qui vont etre signalees plus bas, on reste convaincu que si 1 inter
 +rogatoire medico-legal des alienes aboutit quelquefois a des resultats decisil s, il est
 +loin de constituer dans loutesles circonstances un moyen infaillible d appreciation.
 +
 +c. Observation directe et suivie. Toutes les fois que 1 enquete et 1 interrogatoirc
 +n ont pas suffi pour dissiper les doutes de 1 expert etpour fixer son jugement, il y
 +a en quelque sorte force majeure d y suppleer par 1 observation persoimelle. Beau-
 +coup d alienes ont assez d empire sur leur esprit pour en imposer au public ct se
 +contenir devant les magistrals et les medecins. Mais livres a eux-memes, ils jettent
 +le masque et lacbent la bride a toutes leurs conceptions extravagantes. A 1 aide d une
 +surveillance assidue, perseverante, habilement conduite et pratiquee a leur insu, on
 +pent parvenir a les prendre sur le fait et comme en flagrant clelit d alienation
 +mentale.
 +
 +DlFflCULTES DU DIAGNOSTIC MEDICO-LEGAL DE LA FOLIE. CAUSES D EP.P.EUR. En
 +
 +depit d une connaissance profonde du sujet et du concours des precedes de reclicr-
 +
 +
 +
 +154 Al.IKNES (M^PECINE LEGALE).
 +
 +clic qui viemicnt d etre exposes, la constatation medico-legale de la folie presente
 +ile serieux embarras dans certains cas qu il nous reste a determiner.
 +
 +a. Periods d incubation. Souvent la folie, avant de se traduire par des mani
 +festations eclatantes, couve sourdement et se developpe d une maniere insidieuse,
 +a 1 insu du malade et de ses proches. On ne saurait croire combien de mines sont
 +consommees, combien d actes insenses sont accomplis, combien d attentats, com
 +bien d actions reputees delictueuses ou crirninelles sont commises pendant cette
 +periode prodromique generalement meconnue, et qui se traduitpar des nuances a
 +peine sensibles, par des caprices, des bizarreries, des excentricites inaccoutumees,
 +des modifications legeres dans le caractere et dans les sentiments affectifs, un peu
 +d insomnie et une suractivite d esprit extraordinaire, ou, au contraire, une certaine
 +inaptitude au travail et fomme une obnubilation intellectuelle, une tendance inso-
 +lite a 1 affaissement et a 1 indolence. Que de malheureux out subi longtemps dans
 +les fers 1 expiation immerilee d une de ces folies latentes ou larvees, dont une
 +explosion subite venait tardivement reveler 1 existence ! Ce sujet est tres-digne
 +assurement de toute la sollicitude et des preoccupations conslantes du medecin
 +investi de la confiance de la justice.
 +
 +b. Folie transitoire, impulsive ou instinctive. Certains alienes sont sollicites
 +au vol, au meurtre ou a 1 incendie par des hallucinations opiniatres, par des voix
 +mysterieuses qui les persecutent sans relache, et auxquellcs la volonte finit par ceder.
 +lei, grace au trouble sensorial, la Iblie se presente avec des caracteres d incontes-
 +table evidence ; il ne reste plus qu a etablir la realite de 1 etat hallucinatoire. Mais,
 +dans d autres cas, rhallucination fait deiaut, le delire manque ; 1 agent a ete pousse
 +par une puissance irresistible, par une forte inconnue et indefinissable qui a trouble
 +momentanement sa raison , enchaine son libre arbitre et contraint sa volonte.
 +Beaucoup de medecins pensent que ces actes insenses se produisent instantane-
 +ment et sans cause determinante. C est une erreur qui provient d une observa
 +tion trop superficielle. Etudiez a fond ces alienes, examinez leurs antecedents, pro-
 +cedez a une exploration meticuleuse, et vous linirez par decouvrir 1 explication
 +patbologique de ces inconcevables attentats, dans une predisposition heretlitaire,
 +une nevrose, une epilepsie nocturne ou larvee, des vertiges, un etat passager de
 +congestion encephalique, une suppression menstruelle, etc. Vous constaterez aussi
 +que cette impulsion elite instinctive remonte plus ou moins loin dansle passe, soit
 +qu elle ait persevere sans reluche, mais a des degres divers d intensite, soit qu elle
 +se soit reproduite pei iodiquement avec la cause qni la provoque : et, en effet, le
 +prevenu vous declarera presque toujours qu il a longuement lutte contreces sugges
 +tions atroces, jusqu a ce que, devenues plus puissantes que sa volonte, elles aient
 +rendu toute resistance impossible. Apres ce mur examen, vous pourrez donner a
 +1 acte incrimine un caractere morbide et 1 excuse de la demence, sans etre oblige
 +du fa ire reposer vos preuves exclusivement sur la nature insolite du fait et sur
 +1 analyse morale de ses circonstances.
 +
 +c. Folie dissimulee. En general les personnes etrangeres a 1 etude de la spe-
 +cialite croient que les fous n ont aucune conscience de leur etat mental, que c est
 +meme a ce signe qu on reconnait la veritable folie, et qu un aliene ccsse de 1 etre
 +quand il cesse de s ignorer lui-meme. Si cette opinion est exacte pour les formes
 +generales de 1 alienation menlale, telles que 1 idiotie, la demence, la stupeur me-
 +lancolique, la manie delirante et furieuse, elle est completement fausse pour la
 +plupart des folies partielles, dans lesquelles un grand nombre demalades consorvent
 +la faculte de controler leurs idee?, leurs paroles et lenrs actes. Ces fous de toute
 +
 +
 +
 +AL1ENES (MEDECINE LECALE). 155
 +
 +categorie,derni-imbeciles, monomanes, prodigucs etpervers, quicourent le monde
 +sans que leur etat mental souleve publiquement le moindre soupcon, out ete si-
 +gnales et decrits par M. Trelat sous le nom de fons lucides, groupe artificiel,
 +sans caractere nosologique, niais plein d interet au point de vue medico-judiciaire.
 +Etres moralcment incomplets, chez lesquels les facultcs intellcctuelles et afi ectives
 +sont mal ponderees et manquent d equilibre ; esclaves de leurs instincts ou victimes
 +de la faiblesse de leuv esprit, des illusions de leurs sens, de la faussete de leurs
 +conceptions ou de 1 erreur de leur jugement; souvent capables dediscerner le mal,
 +mais impuissants a faire le bien ; entraines irresistiblement par les appetits de leur
 +nature defectueuse ou malsaine, ou cedant aveuglement aux sollicitations de
 +1 exemple et des mauvaises influences, les fous lucides sont un grand sujet d em-
 +barras en medecine legale. Us ont toutes les apparcnces de la raison, encore bien
 +que leur \ie ne soit qu une folie perpetuelle. Certains d entre eux, les monomanes
 +raisonnants, sont doues d une puissance de dissimulation surprenante, dout ils
 +savent tres habilcment user, soit pour echapper a un jugement d interdiction, soit
 +pour se soustraire a des mesures administratives. Ils composent avec art leur per-
 +sonne et leurs discours; ils affectent une contenance pleine de calme, de conve-
 +nance et de reserve ; ils protestent, et souvent des amis malavises pr,otcstent avec
 +eux, contre la maladie qui leur est imputee; et telle est la luciditc de leurs con
 +ceptions, la souplesse de leur langage, la vigueur de leur logique, leur babilete a
 +expliquer leur conduitc, leur art a manier la ruse et le mensonge, qu ils reussis-
 +sent a en imposer completement aux gens du monde, aux magistrals et meme
 +aux medecins peu familiarises avec 1 etude clinique de la folie, jusqu a ce qu une
 +catastrophe imprevue, venant jeter la mine, le scandale, le desespoir ou le deuil
 +dans une famille, dessille enfin tous les yeux et revele aux incredules la triste
 +realite.
 +
 +L expert ne doit pas se borner a interroger ces insenses. Ce mode de recberclie
 +ne pourrait amener, dans 1 espece, que des resultats insuffisants ou trompeurs. II
 +faut les soumettre a 1 epreuve d une observation personnelle et soufenue; scruter
 +leurs sentiments et leurs instincts ; porter sur leurs actes un controle attentif et
 +une surveillance scrupuleuse; faire, s il est possible, 1 inventaire de leur vie; des-
 +cendre par une enquete a la fois minutieuse et discrete jusque dans le fond de leur
 +existence intime; questionner la femme, les enfants et les proches, c est-a-dire les
 +temoins habituels et les victimes ignorees de leurs extravagances ou de leurs fu-
 +reurs !
 +
 +Certains individus francbement alifines, et n ayant d ailleurs aucun motif pour
 +dissimuler leur etat mental, protestent avec une energie et une persistauce in-
 +croyables contre I imputation de folie, alors meme que leur alienation est mani-
 +feste et qu ils ont le plus grand interet, afm de sauver leur bonneur ou leur vie,
 +a maintenir cette excuse.
 +
 +Bon nombre de lypemaniaques, poussant plus loin 1 exageration de cette ten
 +dance maladive, non-seulement ne se regardent pas comme insenses, mais encore
 +ils confessent, avec toutes les demonstrations du remords et du desespoir, qu ils
 +sont les plus grands criminels de la terre ; non-seulement ils conviennent de 1 ac-
 +tion qui leur est reprochee, mais ils s accusent en outre de toutes sortes d atten-
 +tats cbimeriques et de forfaits imaginaires.
 +
 +Cc sont la deux particularites del histoire medico-legale de la folie qu un expert
 +ne doit jamais perdre de vue en justice criminelle.
 +
 +d. Folie simulee. Un prevenu on un jeune consent se presente avec les symp-
 +
 +
 +
 +i56 ALlfiNfiS (MDECINE LOCALE).
 +
 +tomes apparents de la folie : tous deux ont un cgal inlcret a se faire passci 1 pour
 +alienes, 1 un dans 1 espoir de conquerir rimpunite, 1 autre dans le but d echapper
 +an service militaire. La folie est-clle feinle on reelle? Tclle cst, clans ccs circon-
 +stances et autres semblables, la question que doit se poser toujouis uu medecin
 +legiste.
 +
 +Je ne crois pas, dit George t, qu un individu, qui n aurait point etudie les
 +ibus, put simuler la folie au point de tromper un medecin qui connaitrait bien
 +cette maladie. En effet, rien n est plus difficile a contrefaire que 1 alienation men-
 +tale. Imbus de cette opinion vulgaire que tous les actes des ibus sont extravagants,
 +que tous leurs discours sont insenses, les gens qui empruntent le masque de la
 +folie se livrent a des gesticulations immoderees, a des actions ridicules, a des diva
 +gations incoherentes. Aux questions qu on leur adresse, ils font invariablement
 +des reponses niaises et absurdes, sans suite et sans lien, dans lesquelles ils pren-
 +nent le contre-pied detout ce qu on leur demande. Mais ces inconsequences et ces
 +contradictions systematiques s accommodcnt mal avec. la forme et la mavche habi-
 +tuelles du delire qu ils affectent, si bien qu au lieu de 1 image et du tableau fidele
 +de la folie ils n en donnent que le travestissement burlesque et la grossiere
 +parodie. Un expert sans experience peut s y loisser prendre; niais un alieniste ex-
 +perimente ne tardera pas a decouvrir 1 imposture et a demasquer la contrefacon.
 +
 +Gependant un individu que la vue ou 1 etude des alienes aurait savamment
 +prepare a ce role, ct qui trop bien avise pour feinclre les alienations difficiles,
 +telles que la manie, la monomanie et la demence, viendrait a simuler une idee
 +delirante, une hallucination, la torpeur et 1 immobilitc melancoliques, un tel
 +individu assurement pourrait crecr de serieux embarras, meme a 1 expert le plus
 +bnbilc. Comment en effet constater la verite des assertions d un honime se
 +disant tourmente par des ennemis invisibles, ou poussc au meurtre par des voix
 +imaginaires? Que dire d un sujet qui se renferme pendant des mois entiers dans
 +un silence obstine, avec toutes les allures de la taciturnite lypemaniaque? Si le
 +probleme n est pas absolument insoluble, il est pour le moins entoure d une
 +grande obscurite. C est ici suitout qu il importe de s enquerir des antecedents
 +hcreditaires, des phenomenes precurseurs, des manifestations prodromiques, de
 +toules les circonstances capables d eclairer sur 1 origine et le developpement de
 +1 alienation presumee, ainsi que des motifs et des conditions concomitantes de
 +I acte incrimine. Des interrogatoires multiplies et bien conduits; une observation
 +rigoureuse dans un asile ; une surveillance sans treve, exercee jour et nuit, et a
 +1 insu de 1 interesse ; des moyens habilement menages pour endormir sa defiance ;
 +des pieges adroitement tendus pour provoquer des paroles inconsiderees, de?
 +ecrits imprudents ou des actions compromettantes : rien ne doit etre neglige pour
 +mener a bonne fin cetle penible investigation.
 +
 +Si certains phenomenes de la folie peuvent etre contrefaits avec succes, il en
 +est d autres que 1 art des simulateurs les plus audacieux parvient plus diffici-
 +lement a feindre, c est : I insomnie, a laquelle les pseudo-alienes ne songent
 +guere, et 1 analgesie, si frequente chez les veritables 1 ous et si rare cbez les gens
 +doues de 1 integrite de leurs tbnctions cerebrales. Aussi 1 emploi de quelque vi-
 +goureux precede de repression doit-il etre, dans les cas extremes, la derniere et
 +la plus efficace ressource d exploration. Des vesicatoires, des moxas, des ven-
 +touses scarifiees, des cauterisations au fer rouge, des douches energiques inter
 +rompues par un interrogatoire pressant, le sejour prolonge dans un quartin
 +il agites, ont amene plus d une fois 1 aveu force d une simulation opiniatre.
 +
 +
 +
 +ALlfiNES (MEDECINE LEGALE). 157
 +
 +e. Folie alleguee. Un delit ou un crime vient d etre commis ; le prevenu esl
 +entre les mains de la justice; il ne simule pas actuellement la fblie; mais il
 +protesle, soit personnellement, soit par la bouche dc son defenseur, que ses sens
 +se sont egares soudainement, que sa raison s est obscurcie tout a coup, au moment
 +de 1 action, et que c est sous { influence irresistible de ce delirc momentanc, rcvc
 +ou hallucination, qu il a accompli son attentat. Sans doute, dans les cas de cette
 +nature, 1 analyse minutieuse des circonstances qui out precede, accompagne ou
 +ou suivi 1 acte incrimine, peut lournir de tres-utiles indications; cependant
 +1 expert doit se souvenir expressement que les fails de folie soudaine et transitoirc
 +s obscrvent rarement, pour nc pas dire jamais, chez des personnes absolument
 +saines desprit et de corps, mais que ces fails sont en general 1 indicc ou le
 +resultat d une predisposition hereditaire ignoree, de vertiges mecormus, d une
 +meningo-encephalite imminente, d une alienation mentale larvee ou a la periode
 +d incubation. II est done indispensable de diriger toujours les recberches en vertu
 +de ces considerations.
 +
 +L Folie imputee. II n est pas rare que 1 imputation de folie soit indument
 +portea devant les tribunaux, tantot par des parents cupides, afin d obtenir a leur
 +profit un jugement d interdiction contre un des leurs; tantot par des heriliers
 +dechus d une succession, pour provoquer 1 annulation d une donation ou d un
 +testament. Plus rarement la folie est imputee a faux pour opposition ou nullite de
 +mariage.
 +
 +Pour les questions d interdiction et de mariage, il est en general assez facile
 +de verifier les assertions des demandeurs, puisque le defendeur, etant presque
 +toujours present, peut etre soumis a 1 examen des hommes de 1 art et des ma
 +gistrals. Mais la dilficulte devient plus grande pour les affaires de donations ou
 +testaments, ou il s agit de porter un jugement sur 1 etat mental d une personnc
 +absente ou defunte. Tout en se conformant aux regies generales d expertise que
 +nous avons exposees precedemment , le medecin legiste , dans ces matieres
 +dedicates, subordonnera ses moyens d enquete aux particularites du cas special
 +soumis a son appreciation.
 +
 +g. Intervalles lucides, remissions, intermittences. Nous avons expose, che-
 +min faisant, quelles sont, en jurisprudence, la valeur et la signification des inter-
 +valles lucides. C est un des sujets les plus importants et les plus dignes d attcntion
 +dans 1 examen medico-legal des alienes. Le medecin legiste doit en tenir grand
 +compte, non-seulement dans le cours de 1 interrogatoirc, mais aussi dans les resul-
 +tats de son expertise et dans les conclusions de son rapport. Qu il se garde bien de
 +confondre les simples remissions, qui ne sont qu un apaisement du delire, une
 +ombre de repos, une apparence de tranquillite, une treve infidele et trompeuse de
 +la folie, un simulacre de lucidite, avecles intermittences qui marquent un franc
 +retour a la raison, une periode dc calme et de serenite plus ou moins prolon^ee
 +entre deux acces.
 +
 +Pendant les remittances, 1 aliene prdsente encore des traces trop saisissables de
 +desordre mental pour qu on puisse revoquer en doute 1 irresponsabilite de ses actes
 +en matiere penale, ou leur nullite en matierc civile.
 +
 +Mais il n en est pas de memedes intermittences : leur valeur legale est fort sujettc
 +a discussion parmiles jurisconsultes, commeona 1 a vu plus haul (p. 154) ; au*si
 +1 expert ne saurait apportar trop de sagesse, de prudence et de reserve dans son
 +appreciation, en cette delicate matiere. II est impossible dc formuler a cet e^ard
 +des regies generales, invariables, positives et applicables a toules les circonstances.
 +
 +
 +
 +158 ALIENES (MEDECINE LEGALE).
 +
 +Cette question, d ailleurs, devant etre traitee plus longucment dans un paragraphe
 +special, nous nous bornerons a dire ici que le medecin, avant de se prononcer
 +d une maniere definitive, doit s enquerir soigneusement du debut de 1 intervalle
 +lucide et de sa duree, de la nature de 1 acces anterieur et de ses rapports avec 1 acte
 +impute; il est necessaire aussi de rechercher s il y a eu precedemmcnt d autres
 +inter mittences, et quels ont etc, pendant ces diverses periodes de lucidite, les
 +habitudes, les penchants et la conduite de 1 aliene.
 +
 +h. Delire aigu, delires toxiques. Les acces qui surviennent , soil au debut
 +d une meningite, soil pendant la periode prodromique de certaines fievres graves,
 +ceuxque determine 1 ingestion des substances stupefiantes on narcotiques, peuvent
 +etre et ont ete c onfondus quelquefois avec la folie. Un medecin attentii et experi
 +ments ne commettra pas cette faute, qui pourrait avoir en medecine legale de
 +facheuses consequences.
 +
 +i. Passions. On a vuque le code penal prussien assimile a la demence les pas
 +sions violentes et les vives emotions, telles que la frayeur ; et qu il exonere dans ce
 +cas les prevenus commc n ayant pas agi avec le libre usage de leur raison. Les
 +lois frangaises n admettent point cette assimilation; cependant notre jurisprudence
 +tient un conipte serieux des impulsions passionnelles, et les regarde, sinon comme
 +des motifs d excuse et de justification, du moins comme des causes puissantes d : at
 +tenuation. II importc done que le medecin legiste ne confonde pas deux genres
 +d influences, qui presentent souvent entre elles de trompeuses analogies, maisdont
 +les suites legates sont si differentes, 1 alienation mentale impliquant 1 irrespon-
 +sabilite, les passions entrainant aucontraire 1 imputabilitei. C est ici surtout qu ap-
 +parait 1 insuffisance du criterium fonde sur la constatation de la liberte morale, et
 +qu il est necessaire de se retrancher autant que possible dans le criterium de la
 +maladie. A ce point de vue, ce qui differencie profondement la passion de la folie,
 +c est qu on ne saurait decouvrir dans la premiere, dans son origine, ses causes,
 +son developpement, ses manifestations et ses effets, les signes caracteristiques d une
 +compromission morbide de 1 entendement, qui constituent 1 essence et le fond
 +meme de la seconde. II y a bien, dit Georget, un grand trouble dans 1 esprit lors-
 +qu il est agite par la colere, tourmente par un amour malhcureux, egare par la
 +jalousie, accableparledesespoir, aneantipar la terreur, perverti par le desir impe-
 +rieux de la vengeance, aveugle par le fanatisme. Mais, dans tous ces cas, I homme
 +ne perd point la connaissance des rapports reels des choses, ni la perceplion du
 +bien et du mal, ni la notion morale des acles auxqucls il se livre. Son jugement
 +est momentanement obscurci, et sa volonte emportee a des resolutions extremes ;
 +mais sa conscience n est trompee ni par de fausses perceptions, ni par des cbimeres,
 +ni par des illusions sensoriales, ni par une lesion de la faculte syllogistique. L homme
 +passjonne subit sciemmeut le joug de ses penchants, cede librement a 1 entraine-
 +ment de ses desirs, et prete une oreille docile a la voix ego iste de ses interets ; en
 +un mot, il agit volontairement, et il puise le mobile ordinaire de ses actes dans des
 +suggestions mauvaises dont il a accepte de propos delibere la domination. Un
 +autre caractere des passions, c est d etre subordonnees a la cause qui les a fait
 +naitre et de cesser avec elle : la jalousie disparait avec 1 objet qui la provoque ;
 +la colere dure a peine quelques instants en 1 absence de celui qui 1 a soulevee par
 +vme injure grave, le desir de la vengeance ne subsiste qu autant qu il peut etre
 +satisfait, etc. (Georget).
 +
 +DES DIVERS DEGRES DE CAPACITE ET DE RESPONSAB1LITE DES ALIENES. Les alidnistCS
 +
 +s accordent a reconnaitre avec les jurisconsultes que tous les alienes ne sont pas
 +
 +
 +
 +ALIENES (MEDEciNii LEGALE).
 +
 +egaux en capacite civile. II est evident qu entre 1 idiotic et la demcrice pro-
 +fonde, caracterisees par 1 absence ou la perte absolue de la raison, et la faiblesse
 +d esprit et le delire partiel dans lesquels les facultes mentales ou affectives peuvent
 +n etre quc mediocrement atteintes, il existe des nuances intermediaires,, ou les
 +malades conservent assez de discernement et dc raison pour accomplir les actes
 +ordinaires et communs de la vie sociale. Cette particularite, d ailleurs, n a pas
 +echappe aulegislateur, qui a etabli, comme on sait, deux degres d allegeance pour
 +les alienes : la tutelle et le conseil judiciaire. Sur ce point, la question ne fait done
 +pas de doute ; et si le mcdecin expert est interroge, ainsi qu il arrive souvent, sur
 +le degre de capacite de 1 individu soumis a son examen, il basera sa reponse sur la
 +nature, la forme, la duree probable, et le plus ou moins d intensite de la compro-
 +mission intellectuelle.
 +
 +Quant a la responsabilite penale, elle a ete depuis longtemps et elle est encore,
 +parmi les hommes competents, le sujet des plus vives controvcrscs et des plus pro-
 +fondes dissidences. Tandis que certains alienistes voudraient, avec les magistrals
 +et les jurisconsultes, une responsabilite relative, appelee partielle par M. Celloc,
 +proportionnelle par M. Legrand du Saulle, conditionnelle par M. Michea, res
 +ponsabilite graduee a laquelle correspondrait une ecbcllc dc pcnalilu ; d autres,
 +n acceptant pas une transaction qui leur parait comprometlante pour la cause des
 +alienes devant la justice, maintiennerit etdefendent avec energie 1 irresponsabilite
 +absolue de la folie en maliere de delit et de crime. On ne s imaginc pas assez,
 +dit M. Jules Falret, les difficultes insurmontables que Ton rencontrerait dans la
 +pratique si on laissait echapper ce principe fondamental pour lui substituer celui
 +de la responsabilite partielle. Un inculpe est fou ou ne Test pas. Si, en 1 observant
 +attentivement, on arrive a se convaincre qu il presente les caracteres de 1 etat de
 +raison, quel qu ait ete d ailleurs chez lui 1 eritrainement de la passion ou des
 +circonstances, on doit admettre qu il etait libre, qu il aurait pu resister ; par con
 +sequent qu il est coupable et condamnable pour 1 acte auquel il s est livre. Tout
 +ce qu on peut demander pour lui, c est le bienlait des circonstances attenuantes.
 +Dans le cas oppose au contraire, si le medecin expert arrive a constater 1 etat de
 +folie du sujet confie a son examen, quels que soient la forme ou le degre de cette
 +folie, quelque apparence de raison et de liberte morale que cet individu.ait con-
 +servee, il doit etre considere comme irresponsable ; on doit 1 absoudre comme
 +malade. En dehors de ce criterium net et positif, on ne peut rencontrer dans la
 +medecine legale que contradictions, obstacles insurmontables et situations insolu-
 +bles. Renoncer a considerer 1 irresponsabilite absolue comme liee necessairement
 +a 1 etat de folie, c est ovrvrir la porte a toutes les discussions et a toutes les contes
 +tations possibles, c est livrer la solution du probleme medico-legal au hasard et a
 +1 arbitraire des appreciations individuelles, variables selon les moments et selon
 +les cii Constances.
 +
 +M. Dally, poussant jusqu a leurs limites extremes 1 interpretation rigoui-euse et
 +les consequences logiques du systeme de la responsabilile graduee, s est charge
 +de prouver, avec un rare talent, que cette doctrine aboutissait fatalement a 1 assi-
 +milalion du crime et de la folie, a la suppression de toute responsabilile legale, au
 +bouleversement de notre jurisprudence criminelle, a 1 abolition du Code penal, en
 +un mot a Pegalite du fou et du coupable devant la loi.
 +
 +En these generale, rexpert-medecin doit eviter avec soin de s engager de son
 +propre mouvement dans celte delicale queslion de la responsabilile. Ce n est pas
 +a lui, c est aux magistrals ou au jury qu incombe le devoir de la resoudre. II ne la
 +
 +
 +
 +160 ALiENES (MEDECINE LOCALE).
 +
 +touchera done que s il y cst contraint par les necessites du sujet, ou par unc de-
 +niaiide formellc de 1 accusation on de la defense ; encore devra-t-il ne le faire
 +qu avec une grande circonspection et une extreme reserve. Ce que nous disons de
 +la responsabilite s applique aussi bien au libre arbitre. C est encore la un probleme
 +dont la solution est trop subordonnee aux caprices des opinions personnelles,
 +pour que 1 expert ait un avantage quelconque a le soulcver, sans y etre absolu-
 +ment-entraine par les exigences de la situation.
 +
 +RESUME ET COKCLUSIOJNS PRATIQUES. Quand le medecin legiste, apres une inves
 +tigation scrupuleuse, est parvenu a reunir tous les materiaux de son expertise et
 +tons ses elements de conviction, il lui reste a exprimer dans un rapport ou dans
 +une consultation les resullats de son enquete. Son premier soin, s il est requis
 +d office, doit etre de repondre aux questions qui lui sont posees par le ministere
 +public, et qui, suivant la juste expression de Casper, forment la base et pour
 +ainsi dire le squclette de son rapport. Le meilleur moyen de satisfaire a cette obli
 +gation primordiale , c est de se retrancher invariablement dans son role d ex-
 +pert, de ne jamais perdre de vue la portee purement medicale de son mandat, de
 +donner a son argumentation une base fortement scientifique, de se presenter de-
 +vant les juges les mains pleines de faits, de fails choisis avec discernement, classes
 +avec ordre, exposes avec precision. Encore une fois, il faut etre sobre de conside
 +rations speculatives, et n y recourir qu autant qu elles peuvent etre de nature a
 +jetcr quelque lumiere suj 1 le sujet. Dans ce cas, il y aurait temerite a s aventurer
 +dans des theories personnelles, d ou pourraient resulter des contestations capables
 +de compromeUre le credit de 1 auteur, d ebranler la coniiance des juges, et de
 +faire douter de la competence de 1 expert. 11 est plus sage de s abriter modestement
 +derriere les doctrines geneialement rec,ues et ayant deja cours dans la science.
 +
 +Apres 1 expose methodique des faits etla discussion approfondie des documents,
 +il est toujours utile de les resumer dans une formule nette et comprehensive, des-
 +tinee a rendre plus saisissantes les consequences qui s en deduisent.
 +
 +Les conclusions doivent etre le corollaire exact et logique des preuves produites
 +et des arguments invoques. Autant que possible elles renfermeront une reponse
 +claiie et formelle aux questions adressees par les magistrals. Si cependant la
 +lumiere ne s est pas entierement faite dans 1 esprit de 1 expert, c est pour lui un
 +devoir rigoureux d avouer ses incertitudes, de faire part de ses hesitations et de
 +ses doutes. Quand il ne peut pas eclairer la conscience des juges, qu il mette tous
 +ses scrupules a ne point les induire en erreur ; et qu il s ef force moins encore de
 +les eblouir par 1 etendue et la profondeur de ses connaissances, que de les edifier
 +par la sagesse de ses appreciations et la loyale franchise de ses aveux.
 +
 +Tels sont les principes consacres par 1 autorite des maitres d autrefois, Zacchias,
 +Pinel, Fodere, Georget, Esquirol, Marc, Adelon, Ferrus ; et sanctionnes par 1 ex-
 +perience des maitres d aujourd hui, MM. Parchappe, Calmeil, Falret, Trelat, Fo-
 +ville, Brierre de Boismont, Baillarger, Devergie, Tardieu, Delasiauve, Cerise, La-
 +segue, Guislain, Casper, Griesinger, Mittermaier, Forbes-Winslow, Roller et
 +d autres qui soutiennent, soit en France , soit a 1 etranger, 1 honneur et 1 eclat
 +de la psychiatrie et de la medecine legale.
 +
 +Nous avons du, dans cet article, nous en tenir aux generalites du sujet, qui pour
 +les details trouvera son complement aux mots : DELIRE, DEMEKCE, DEMONOMAME,
 +EFILEPSIE, FOLIE, HYPOCHONDRIE, HYSTERIE, IDIOTIE, IMBECILLII E, IJNTERVALLES LU-
 +
 +C1DES, LVPEMANIE, MANIE, MfiLANCOLIE, MoNOMXNIE, NfiVROSES, P^RAUSIE GENEIULE,
 +
 +UESPOISSABIUTE, SIUPIDITE, etc. A. LINAS.
 +
 +
 +
 +ALJENfiS (IUBUOGHAPHIE). " 1
 +
 +BJBUOGRAPHIE. Jurisprudence. On trouvera des renseignements et des indicatii iis uliles
 +sur L origine de la legislation des alienes et la jurisprudence speciale qui les concerne dans
 +les compilations d Ulpien, de Justinien et de Tribonien; dans les oeuvres des jurisconsultes
 +du moyen age et des temps modernes: Irnerius, Liarthole, Balde, Tiraqueau, Mascardi,
 +Farinaccius, Uijas, d Aguesseau, Merlin, Dalloz, Demolombe, Troplong, Chauveau et Faustin
 +He lie, Sacasse, etc.
 +
 +Documents historiques. VERDIER. De la jurisprudence de la medecine en France. Alencon,
 +1763, 2 vol. in-12. BONFILS. Essai sur la jurisprudence medicate. Paris, 1S26. CALMEIL.
 +De la folie consideree sous le point de vue pathologique. philusophique, historique cl judi-
 +ciaire. Paris, 1845, 2 vol. in-8".
 +
 +Medecine legate. Traites generaux. (Italic). ConnoNcni (tiaptista). Methodus tesli/i-
 +candi. in quibusvis casibus oblatis, etc. Francfort, 1597, in-12. ZACCHIAS (Paulus). Ques-
 +tiones medico-legales. Editio nova, cura Jokannis Danielis Horslii aucta. Lugduni. 1701,
 +in-fol. BONNUCCI (F.). Medicina legate delle alienazioni mentali. Perouse, 1863.
 +
 +(France). PINEL. Resultals d observations pour servir de base aux rapports juridiqiics
 +dans les cas d" alienation mentale. In Mem. de la Soc. med. d Emul., t. VIII, p. 675, 1X17.
 +FODERE. Traitc de medecine legale, 2 e edit. Paris, 1815. Du MEME. Trailc du del ire applique
 +a la medecine, a la morale et a la legislation. Paris, 1827. GEORGKT. Des maladies men-
 +tales considerees dans lew rapports avec la legislation civile et criminelle. Paris, 1X27.
 +Du MEME. Discussion medico- legale sur la folie. Paris, 1856. ESQUIROL. Memoires sur I alid-
 +nation mentale consideree sous le rapport medico- legal. In Traite des maladiex mentales,
 +t, II. Paris, 1838, in-8. MARC. De la folie consideree dans ses rapports avec les questions
 +medico-judiciaires. Paris, 1840, 2vol. in-8. PARIGOT. Tableau analijtique des maladies
 +mentales a I usage des jurisconsulles et des medecins. Gand, 1854, iu-i". MARGE. Traitd
 +pratique des maladies mentales, et applications medico-legales. Paris, 1862, in-8.
 +LEMOINE ^Albert). Valient devant la philosophic, la morale ct la socie te . Paris, 1862, in-8.
 +LEGRAND DU SAULLE. La folie devant les tribunaux. Paris, 1864, in-8. Voir aussi les
 +chapitres consacres a I etude medico-judiciaire de la folie dans les Traites de medecine legale
 +deMM. Orfila, Devergie, Briand et Chaude, etc.
 +
 +(Allemagne). ZITTMANN (Joh. Fricler). Medicina forensis. Leipzick, 1650. PLAINER.
 +Qucesliones medicines forensis Leipzig, 1787-1811. Et Opuscula academica, edidit Neumann.
 +Berlin, 1824. HEIMROTH. System der psychisch-gerichtlichen Medium, oder theorelisck-
 +prakt. Anweisung zur wissenschtl. Erkenntnisx und gutachtlichen Darstellunrj dcr krank-
 +haften persdnlichen Zustdnde, welche vor Gericht in betracht kammen. Leipzig, 1825.
 +HOFFBADER. Die Psychologic in Hirer llauptanwendung auf die Rcchtspflege, nach den allge-
 +meinen Gesichtspunkten der Gesetzgcbung, oder, etc. Halle, 180S; 2 e edit.; Ibid., 1823, 111-8.
 +Traduct. irang. par A. M. Chambeyron sous ce titre : Medecine legate relative aux alienes
 +et aux sourds-muets, ou des lois appliquees aux desordres de Vintelligence, ;ivec notes par
 +Esquirol et Hard. Paris, 1827, in-8. GROSS (Fr.). Ideen zur Begriinditni/ dues obcrsten
 +Princips fiir die psychische Legal-Medicin. Heidelberg, 1S 29, in-8. CASPER (J. L.). Prak-
 +tischcs Handbuch der gerichtlic/ien Medizin nach einigen Erfahrungen bearbeitet. Berlin,
 +1860, in-8, 2 vol., et trad. fr. par Gustave Germer-Bailliere. Paris, 1802, 2 vol. in-8.
 +
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 +Jurisprudence, as it relate to Isanity, according to the Law of England. Lond., 1817.
 +I RICHARU. On the Different Forms of Insanity in Relation to Jurisprudence, designed for the
 +Use of Persons concerned in Legal Questions, etc. London, 1847, in-12.
 +
 +Legislation relative aux alienes. (Allemagne) THOMASHJS. Dissertatio de prcesumptione
 +furoris et dementia;. Halle, 17 22, in-4. GAMERARICS. Annotationes ad hanc Thomasii dis-
 +putalionem. Tubingne, 1750. HEBENSTREJT. Dissertatio de homicida deliranle, ej usque cri-
 +teriis et pcena. Leipzig, 1725, in-4. LEVSEH. Resp. LEUPOLDT. Quousque imbecillitas mentis
 +homicidam excuset. Wittemberg, 1757. in-4. RIVINOS. Programma de homicidio qualenus
 +a furioso commisso poena capitali puniendo. Leipzig, 1740. PITCHMANN, prozs. Stolze. Deeo
 +quod justumest in defensioneinquisiti ex capile, imbecillitate mentis, et qucestiones quousque
 +excuset, etc. Leipzig, 1743. BOZE. Resp. DEUTRICH. Diss. de morbis mentis delicta excu-
 +santibus. Leipzig, 1774, Recus. in Franck. Delict, cpusc. med., t. IX. GRUNER. Program,
 +de fonlibus melancholias et mania; forcnsibus. lena, 1784. SCHAUMANN. Ideen JM einer
 +Criminalpsychologie. Halle, 1792. MITTERMAIER. Disquisilio de alienalionibus mentis, qua-
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 +Zeitschrift fiir Staalsarznrikunde, Erganzungs/ieft, t. X, p. 120, 1829. HENKE. Von den
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 +&gt;iwd. Erfahrung., etc., 1M8.
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 +
 +D1CT. ENC III. 11
 +
 +
 +
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 +
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 +1840, in-8. BRIERRE DE BoisaoNT. Considerations medico-legates sur I inter diction des
 +alienes. In Comptes rendus de I Acad. des sc., 1850, et separement. CASTEMJAU (H. de).
 +DC 1 intcrdictio.n des alienes (Mem. lu a I Acad. de rped. le 12 juillet et le 23 avril 1859).
 +Paris, 1801), gr. in-8. Sur Vopporlunilc de I isolement et de \a sequestration an point de
 +vue medico-legal. Discussion de la Soc. medico-psychol. de Paris (MM. Brierre de Boismoiit,
 +Moreau (de Tours), Lunier, Baillarger, Parcbappe, Delasiauve, B.ousselin, Jules Falrct. Ach.
 +Foville, Brlloc, Motel, Labitte, Dally, Morel, Billod. Legnmd du-Saulle, Baume, Arlliaud,
 +Mundy, Unmet, Linus). In Ann. med.-psychol. , 4 e serie, t. V et VI, 1865.
 +
 +Sur la competence des medccins dans les questions judiciaires relatives aux alienes.
 +(Allemagne) PLATNER. Proyr. quo ostenditur medicos de insanis et furiosis audicndos csse.
 +Leipzig, 1740. Rccus. in Schlegcl Syllog. opusc. ad med. Ich. spcct., t. II. METZGER.
 +Bewcis dass es den Aerzlen allein zuliommt, iibcr Wahnsinn und Verstandeswriitlutifj zu
 +urtlteileii. In Melzger Neue vermischte medicin. Scliriftcn, t. 1, 1800. HEIMIOTH. Qucvstio
 +m,edicince forensis, de fascinore aperto ad mediconim judicium non deferendo. Leipzig, J850.
 +NASSE. Sollen iibcr zweifelhafle Gemutliszustiindc von Angeklagtcn die Hlchtcr zu entschci-
 +ilcn Itabcn, odcr die Acrzte? I in Anhange zu Bourcl s Ucbers. von Regnault. Coin., 1850, in-8.
 +Voy. aussi ELVEKT, in Ueber aerz.ll. Unters., etc.; et CLARUS, in Beitraycn zt/r Erkettnln.,elc.,
 +cites plus has.
 +
 +(Belgique et France). BREDART. De compctcncia medicorum id solvendis qwcstionibus
 +jiidiciariis ad alicnationem tnentalem spectantibus. Gand, 1850. BEONAULT (E)ias). Du itcgre
 +de competence elrx mrdccins dans les questions judiciaires relatives aux alienations men-
 +tales, etc. Paris 1S2S, in-8. Du IIEJIE. Xouvelles. reflexion* sur le dcgre de competence
 +des medecins dans les questions judiciaii-cs. 1 aris, 18-0. Ucl iitalions dans les journatu
 +du temps, par Leurct, liippolyte Royer-Collard, Haiye-Delorme, elc.
 +
 +Sur 1 exanien medico-legal des alienes. (Allemagne). CREIL (C. L.). De probationibus
 +snnce mentis. Wittembei g, 1757. ALBERTI. Diss. de melancholia vera et simulata. Halle,
 +1743,,in-4 . GRUNER. De fontibus melancholies et manice forcnsibus. lena, 1784. PLATSER.
 +De inanibus amentice probandce aryumeniis ad defensores. Leipzig, 1798. Da JIEME. De
 +amentia occulta. Leipzig, 1797. FIEUZ. Diss. dc exploranda dubia mentis alienatione in
 +hominibus [acinorosis. WiUemberg, 1805, in-4. ELFERT. (E. Gottl.). Ueber arztlicheUnlcr-
 +suchung der Gemitthzustandes. Tubingen, 1810, in-8". HENKE. Ueber die gerichlarzlliche
 +Beurtheiluug der psijchischen Kran/cheitszustandc zum Bc/iufe, etc. In seinen Abhundl. aus
 +dem Gebiete der gerichtl. Med. Bamberg, t. II, p. 165, 1816. KAUSCH. Ueber die Unter-
 +suchuny des Gemiithzustandes, etc. In Kauscfis Memorabilicn, etc. T. II, 1818. KASSE.
 +Ueber die richtcrliche Fragstellung an den Arzt zur Beurlheilunij psychischer Zustande. In
 +Nasse s Zeitschrift fur psychische Aerlzte, 1826. CLARUS. Bt itrdye zur Erkennlniss und
 +Beurtheiiung zweifelhafter Seelenzustdnde. Leipzig, 1828. WILDBEKG. Einige praktische
 +Erinncrungen, die gericlttantlichcn Unlersuchuntjcn zwcifelhafterScelcnzustaude beti cff cud.
 +In Wildberg sMagazin fur gerichtl. ArMciwisscnschaft. 1851, t. I, p. 165. LINK (H. F.).
 +Einige Bemerkunyvn iibcr Zurechnung aus arztlichcn Griinden in Riicksicltt auf Hotf bauer s
 +Psychologic in Anwendiiny an/ Ilcchlspllcyc. In llufcland s Journ., t. LXV1I, St. I, p. 03,
 +1818. Extr. ettraduct. dans la liibliollii quc medicate, t. LXIY, p. 581.
 +
 +(Angleterre). BURROW (George Man.). An Inquiry into Certain Errors relative to Insanity
 +and their Consequences Physical, Moral, and Civil. Lond., 1820, in-8. WINSLOW (Forbes) .
 +On obscure Diseas.cs of the Brain and Disorders of the Mind. 3 edit., 1863, in-S".
 +
 +
 +
 +(France). MITTERMAIER (trad, par Dag-onet). Les expertises medico-leg ales en
 +d 1 alienation mentale. In Ann. med.-psychol., mars 180o. MAKCIJ. De la valeur dcs cents
 +des alienes au point de vue de la semieologie et de la medecine legate. In Ann d hyg. publ.
 +et denied, leg., 2 e serie, t. XXI, 1804. BRIERRE DE BOISMOHT. Meme su.jet. In Ann. med.-
 +psychol. , 4 e serie, t. Ill, p. 257, 1864. BOURNEVILLE et TEINTURIER. Du diagnostic de la folie
 +au point de vue legal, a 1 occasion du proces de G. V. Townley. In Journal de medecine
 +mentale, Avril, 1865.
 +
 +Liberte morale, responsabililc des aliciics. (Allemagne). - CIIOTT. Diss. de momenta
 +
 +
 +
 +(BULA.DIES INTERCURRENTES). 1C5
 +
 +libertatis r.t wtpuialionis. Tubingue, 1705. GROOS. Uebcr Spontancitiit, vioralisclic Frci licit
 +und Xotliwendiglieit. In Nass s Zcitschrift, etc., 1824, p. 25. Ihi MUMK. HIT Sl.ciilicinmx ii.
 +der Freiheitslc/ui in Beziehung sur strafrechtlichen T/tcorie der Zurec/inuiig. Heidelberg,
 +1850. LUTHEII. Ueber die Zurcchnungsffili ujlicit bei gesefewidrigen Ilandlnngcn iUicr//ri/i/&gt;t,
 +und besondcrs in Beiichung an/ die ncuern Grundscitic in der gericltlliclicii A
 +schaft. Eiscnacb, J824. VOGEL. Ein Beitray zur geiichliintitchcn l.rlirc run der
 +nugsfdkigkeit. Zuin Gebrauche far Rechtsgelelirie und Aerate. 2 edit. Stendal, 1825.
 +Gnoos (Fried.) Untersuchungen ubcr die moralischen und organise/ten Bcdingungcn des
 +Irrseyns und der Lasterliaftigkcit. Heidelberg, 1825, in-8.
 +
 +(France). GEORGET. Rcmarqucs me dico-legales sur la libertf morale. In Arch. gen. dc
 +med., l ro scrie, t. VIII, p. 517, 1825. GOULABD DE MAHTIGNY. Questions dc jurisprudence
 +medico-legale..., etc.; la monoinanic homicide et la libcrlc morale ; la pffjtqnsabilitjl
 +legate des medecins. Paris, 1828, in-8. Discussion sur la libc-rtu morale el .-ur la res-
 +ponsabilite des alienes (Brierre de Boismont, Jules Falret, Legrand du Saulle, Uelasiauve,
 +Morel, Dally, Janet, Maury, Micliea, Fournet, Cerise). In Ann. med.-psychol., 4 C serie, t. II,
 +1865; et t. Ill etIV, 1804.
 +
 +Les Recueils spe ciaux: Annales d hygiene publique et de mtdecinc legcile; Annnlcs medico-
 +psychologiques; Journal de mcdecine tiienlalc (M. IJelasiauve, fondatcur el iv&lt;l;u:lriir en clirl)
 +renferment divers memoires et travaux sur la matiere, et un grand nombiv dc i^|iporis et
 +de consultations soil sur des affaires civiles, soil sur des cas criminels, par Esquirol,
 +Georget, Marc, Adelon, Ferrus, Ghambeyron ; ct MM. Cahneil, Parchappo, Foville, Jliii\i&lt; ,
 +Falret, Tivlat, Baillarger, Cerise, Woreau (de Tours). Pelasiauu 1 . lic\ei^ic, T;inlnMi, Tonrdej ,
 +Voisin, Aubqnel, Renaudin, Etoc-Demazy, Belloc, Marchand, Lunier, Morel, iJilkul, Ifhinclie,
 +Dagonet, Rousselin, Dumesnil, Auzouy, Teilleux, Arthaud, etc...)- A. L,
 +
 +
 +
 +iy. Maladies intercurrentes des alienes. I. Les maladies qui SOllt SUSCepti-
 +
 +bles de se manifester pendautla duree, les diverses phases de la lolic, ci en general
 +tous Jes derangements foiictiouuels pu^remetit physiques qu on csl cxjios - ; i reu-
 +contrer sur uue population d alienes un pen nombrcuse, n ont point clr. t indi . s
 +avec le spin que comporte nn sujet d une pareille importance. En J 855, lors dc la
 +publication du second tome du Dictionnaire de me decine en 50 volumes, jc
 +tentai d esquisser, d une maniere rapide, le tableau des maladies iucidcntes qui
 +s observent le plus ordinairemeut dans les asiles d alienes. En 1844, M. le docteur
 +Tborc revint de nouveau surcet interessant sujet, rassembla des fails nombreux
 +observes avec soin, etpublia, dans \esAnnalesmedico-psyckologiques, un excel
 +lent travail sur la matiere qui nousoccupe presentement. Toutefois, lesdonnees
 +que nous venous de passer en revue suffisent a peine pour combler les principaux
 +vides qui se faisaient remarquer, et il ne landrail pas moins de plusienrs annees
 +d un travail assklu pour eclaircir completement cette partie de la pathologic des
 +alienes. Nous n ignorons pas qu on pourrait trquver dans plusieurs des statistiques
 +qui ont ete publiees depuis quelques annees, dajis lesrecueils de journaux el sur-
 +tout, dans les observations nombreuses qui se rencontrent dans les ouvrages ela-
 +hores par nos priucipaux manigraphes, des documents dont on pourrait tirer
 +parti ; mais lorsqu on a consacre un temps precieux aux depouillements qu exi^cul
 +de pareilles recherches, Ton n est pas sur d arriver a la precision qu on avail er
 +vue, et, fmalement, on reste convaincu que c est dans des salles de malades qn il
 +faul recommencer a etudier paliemment et melhodiquement les maladies inler-
 +currentes et les maladies physiques concomitantes qui peuvent aggraver 1 elat
 +de demence ou de folie.
 +
 +Les s.ujets qui contribuent a former le principal noyau de la population, dans
 +,es asiles d alienes de noire pays et des pays limitropb.es, appartiennent a des
 +types morbides qui ne component que des trails de ressemblance tres-eloignes.
 +Ici, un ni.alade en proie a une violente surexcilalion nerveuse causee par une ence-
 +
 +
 +
 +164 ALIfiNfi? (MALADIES IXTERCURRENTES).
 +
 +phalite aigue a formes imidieuses, est confondu avec des maniaques dont le delire
 +ancieu et chrjnique ne pent etre rattache a une veritable cause denature iiiflam-
 +raatoire. Ces maniaques eux-memes sont achaque inslantcoudoyes par des melan-
 +coliques qu on cherche vainement a retirer de leur immobilite etde leur apathie;
 +par des hallucines qui parlent seuls et quisouvents indignent centre Irs pretendus
 +perst diteurs qui, scion eux , causent toutes leurs souffraaces ; par des imbeciles ou
 +des idiots dont les lobes cerebraux, incompletement developpes ou mutiles de
 +bonne heure par des phlegmasies meconnues, n ont jamais pu s clever au degre
 +d intelligence que comporte la nature humaine; par des dements qui ont perdu la
 +memoire, 1 energie cei ebrale qui est necessaire a la manifestation des conceptions
 +de 1 intelligence, et qui sont cundamnes a une vie toute materielle pendant que
 +durera leur chetive existence ; par des dements affectes de paralysie musculaire,
 +dont la peripherie des hemispheres cerebraux e&lt;t depuis longtemps sillonnee par
 +les ravages d une cruelle phlegmasie chronique, et que la mort moissonnera en
 +grand norabre aussitot que I abaissement ou I elevation de la temperature attein-
 +dront a une limite qui manque rarement de leur etre fatale. On n aura pas de
 +peine a croire que les maladies intercurrentes doivent presenter des variations
 +sans nombre sur des categories d alienes aussi heterogenes. La science aurait
 +interet a connaitre les maladies intercurrentes qui predominent dans chacune de
 +ces categories ; mais les efforts que nous avons tentes pour tradnire en chiifres la
 +iVoquence relative de chaque maladie incidente, soil sur les monomaniaques, soil
 +sur les maniaques, soit sur les paralytiques et les dements, n ont abouti encore
 +qu a des donnees approximatives.
 +
 +I.i s porsonnes etrangeres a 1 etude des maladies mentales se figurent presque
 +toutes que le delire est I unique maladie que les alienes presentent a combattre.
 +Un certain nombre de medecins, d aillcurs tres-eclaires, n ont que des idees peu
 +t. xactes ou peu arretees sur les conditions habituellesdes fonctionsgenerales pen
 +dant les diverses phases des maladies morales et intellectuelles. Quelquefois, au
 +debut d un acces de folie, on voit cesser, disparaitre totalement une affection chro
 +nique des poumons, de Testomac. de 1 utt-nis ; quelques etablissements d alienes
 +sont t pargnes pendant la diiree d une epidemic meurtriere ; on rencontre des ma
 +niaques qui bravent rintemperie des saisons, la faim, la soif; la privation de som-
 +meil ; on voit des alienes qui vivent jusqu a quatre-vingts ans et plus, tandis que
 +d autres succombent peu de semaines ou peu de mois apresl explosiondu delire;
 +faut-il, commc ou 1 a fait plus d une fois, conclure de ce qui vient d etre mis en
 +avaut que la folie peut mettre un terme aux affections physiques les plus graves ;
 +qn elle preserve des maladies infectieuses ou epidemiques; que les fous peuvent
 +resister aux influences qui detruisent la sante des autres hommes ; qu il sont
 +assures de pousser leurs jours tres-loinou menaces d une mort rapide? &gt;"on:assu-
 +rement, si on tient a rester dans le vrai. Les deductions qu on sehatede tirer d uu
 +petit nombre defaits plus ou moins exacts, en les generalisant, ne peuvent con-
 +duire qu a des opinions fausses ou ridicules. Sans doute, une exaltation maniaque
 +excessive peut soutenir pendant plusieurs mois 1 activite musculaire d un aliene,
 +ou epuiser ses forces dans 1 espace de quelques jours ; sans doute la concentration
 +de 1 excitation dans le cerveau des alienes est susceptible d operer une revulsion
 +energique sur les appareils non cerebraux, et defaire disparaitre avec promptitude
 +quelques anciennes affections purement physiques; sans doute 1 abolitionde toute
 +sensibilite morale sur les dements, qui sont d ailleurs entoures de tous les soins
 +de conservation possibles, pourra contribuer a procurer a ces pauvres insenses uuc
 +
 +
 +
 +ALlfiNES (MALADIES INTERCURHENTES). 165
 +
 +veritable longevite, mais il u en est pas moins certain qu en general les alterations
 +cerebrales qui correspondent a beaucoup de types do delire, aux principaux t\pes
 +de la demence, exercent une action defavorable sur 1 ensemble de 1 organisme, et
 +que la perte de la raison abrege dans une infinite de cas 1 existence des alienes.
 +Les influences infmiment variees, infinirnent noinbreuses qui nienacent de
 +rompre 1 harraonie fonctionnelle sur les sujets affectes de delire ou de nullite
 +intellectuelle, se trouveront conjurees ou deviendront moins actives au fur et a
 +mesure qu on perfectionnera le personnel des asiles publics ; qu on s efforcera de
 +remedier aux conditions insalubres des vieux batiments; qu on redoublera d efforts
 +pour procurer aux alienes du linge, des chaussures, de bons vetements, une uour-
 +riture suffisante et salubre, et qu on les entourera de la surveillance, de toutes
 +les precautions indispensables a lour conservation.
 +
 +Les maniaques contractent des maladies incidtntes, parce qn ils se decouvrent
 +sans tenir compte des. conditions de la temperature exterieure, parce qu ils se
 +complaisent a marcher nu-pieds dans la boue ou sur des dalles humides ; parce
 +qu ils restent quelquefois des heures entieres hors de leurs lits avant qu on soil
 +arrive en force pour les contraindre a se reconciler; parce qu ils se donnent des
 +inflammations de poitrine a force de crier, de chanter, de vocifcrer; parce qu ils
 +se blessent entre eux dans les emportements de leur fui eur ou qu il leur arrive de
 +se faire des ecchymo^es profondes en se heurtant centre le metal des baignoires,
 +centre le fer des lits, contre les parois des murailles ; parce qu ils sont souvent
 +fixes trop al etroit sur leurs miserables couches, et que les efforts auxquels ils se
 +livrent pour degager leurs membres leur causent, des eschares profondes, des
 +phlebites, des phlegmons, des abces aux coudes : une partie de ces accidents pour-
 +rait etre prevenue par une combinaison de soins inlelligents.
 +
 +Les monomaniaques contractent des maladies intercurrentes, parce qu ils s obsl i-
 +nent, par un motif ou par un autre, a ne prendre qu une nourriture incapable tie
 +les soutenir; parce qu ils restent des jours, des semaines, des mois entiers sans
 +faire d exercice, ou debout ou accroupis, immobiles, transis de froid, mouilles par
 +leur urine; parce qu ils se livrent avec fureur a 1 onanisme; parce qu on n est
 +jamais prevenu a temps de leurs indispositions et que leurs maladies s aggraveut
 +et deviennent serieuses avaut d avoir ete soupconnees. Les sujets affectes de de
 +mence simple resistent en general assez bien a rinfluence des causes qui contri-
 +buent a deranger la sante des autres alienes, mais il n en est pas de meme des
 +dements arrives a une periode avancee de la paralysie generate ; ces malheureux
 +sont accessibles a toutes les variations qui s accomplissent dans 1 etat atmosphe-
 +rique : 1 exces de la chaleur ou du froid occasionne chez eux des congestions ce
 +rebrales subites, des fluxions de poitrine, des pleuresies, des ententes graves; le
 +contact de leurs dejections ne tarde pas a faire apparaitre sur diflerentes regions
 +des eschares, des erythemes, de vastes excoriations, des foyers gangreneux qui
 +gagnent vite en etendue et en profondeur; 1 incertilude de leur demarche les
 +expose a des chutes, a des fractures, a des contusions qui degenerent vite en abces
 +phlegmoneux : les alienes de cette categorie sont done en butte a toutes les causes
 +de destruction.
 +
 +En general, les maladies physiques qui atteignent les alienes ressemblent, quant
 +a leurs sieges, quant a leur nature, quant a leurs manifestations fouctionnelles,
 +a celles qui s observent sur les personnes jouissant de 1 integrite de lenrs facultes
 +iutellectuelles, mais la nature de 1 alienation apporte de temps a autre des modifi
 +cations dans la maniere dont les maladies incidentes des alienes debutent, dont les
 +
 +
 +
 +106 ALIENES (MALADIES INTERCURRENTES).
 +
 +principaux symptomes se groupent, s enchaincnt et se terminent. On doit dire
 +m anrnoins que sur plusieurs categories d alienes, les phlegmasics de la poitrine
 +surtout peuvent demeurer un certain temps a 1 etat latent. Les sujets qui sont
 +affectes de ces maladies iatlainraatoires ne se plaiguent aucunement; ils ne eessent
 +pas de se lever, de parler, d agir, de prendre leurs repas com me de coutume, et
 +on est tout etonne, lorsqu on est conduit a les soumettre a une exploration regu-
 +liere, de I etendue des desordres qui affectent soit le pericarde, soil les plevres,
 +Soit les autres organes contenus dans la poitrine.
 +
 +II est encore Un genre de diffictilte qui se presente souvent dans 1 etude des
 +maladies physiques des alienes et qu oii ne doit pus omettre de rappeler : il s agit
 +de 1 embarras qu on eprouve de temps a autre pour decider si les maladies physi
 +ques qui compliquent la iblie demandent a etre classees parmi les maladies ante-
 +cedentes, concomitautes on intercurrentes de I alienation ; et dans plus d un cas
 +on ne peut resoudre aucune de ces questions. Un jour on se trouve en presence
 +d une jeune iemme maniaque qui a etc traitee a domicile pendant quelques se-
 +hiaines; oil attend avec impatience le retour d une epoque menstrnelle; cette epo-
 +qiie et plusieurs autres se passent sans ecoulement sanguin : on a presque tou-
 +jours de la peine a decouvrir alors si 1 amenorrhee a precede ou suivi 1 explosion
 +dU delire mahiaque. II est question, dans une autre circonstance, d un aliene, pa-
 +ralytique recemrnent sequestre, fnais qu on garddit a vue dans sa famille depuis
 +qndque temps. Ce malade a la langue rouge; sa physionomie est deja alteree; il
 +est tourmente par uh flux diarrheique qui annonce qUe son canal digestif est le
 +siege d un etat inllammatoire : il est difficile de iixer 1 epoque on ce dernier etat
 +rtialadif acommene. Ces reflexions sont applicables a des alienes affectes dc. plcu-
 +IVMC chronique, de tubercules pulmonaiies et d une foule d autres affections a
 +marche lente; on vient pourtant a hout dans quelques cas de distinguer les ma
 +ladies concomitantes d avec les intercurrrentes.
 +
 +II. On constate de temps a autre, sur certains alienes, une serie d accidents^
 +dc phenomenes qui semblent indiquer ou que leurs liquides sont susceptibles de
 +s alterer, ou que plusieurs points de 1 organisme sont disposes acontracter, tautot
 +simultanement, tantot d une maniere successive, mais a des intervalles peu eloi*
 +gn6s, des affections morbides de la derniere iiravite. II n est pas rare, sur les de;
 +ments paralyliques dont les teguments du sacrum sont en suppuration, de voir
 +des collections de pus se former soit dans 1 epaisseur des masses musculaires^soit
 +au scin des organes parenchymateux ; de voir des abces apparaitre successivement
 +stir trois ou quatre regions plus ou moins eloignees du foyer primitif. Sur line
 +jeune fille alienee, nous avons observe, dans 1 espace de quelques semainesj des
 +abces aux deux pieds, aux deux jambes, aux deux bras, an sein, a la maelloire,
 +;MI- 1 omoplate gauche. Chez une autre jeune fille, la gangrene s empara, dans un
 +intervalle de vingt-quatre heures, des teguments du siege, des dix doigts de piedj
 +il se forma des eschares gangreiieuses sur des piqures de saiigsues a la jambej ries
 +phlyctenes sur 1 une des cuisses : a 1 autopsiej les deux poumons offrirent une
 +multitude de cavernes et de foyers gangreneux;
 +
 +De 1 aveu de tous les anciens manigraphes, les affections scorbutiques faisaient
 +des ravages considerables parmi les populations d alienes d autrefois. II cut etc
 +liflicilequ il en Kit aUtrernent a 1 epoque, encore peu eloignee, ou beaucdup d alte-
 +JK I elaiont condamnes fl subir le regime ties prisons les plus malsaiiies; ou on les
 +eiifermaitdans descabanons priv^s d airet de luitiiere, sans vetementsj sans Huge,
 +sans chaussurej pour se defeadre conlre les intemperies des saisons; ou on les
 +
 +
 +
 +ALIENES (MALADIES iNTERCURRErtrfis). 1C7
 +
 +nourrissjlittiti pftiii el & 1 edu sans daigner surveiller I emploi des chetifs aliments
 +qu on leur aecordait comme a re-ret; Ou on les callenlrait en grand nnmlm- dans
 +des especes de chaui foirs oil le sbleil ne peneliait jamais, on ratnios|i|iere, viciee
 +parl odeur des dejections, par la respiration el les Emanations des prisonniers et
 +des malades, n elail que rarement renouvelee. Mais les alii IK S qu on recueillait
 +dans quelques fares eldblissenlents destines a leiir sequeslratioii plutot qu appro-
 +pries a leurs besoins et a leur conservation, retrouvaient dans ees especes d hos-
 +pices une pai tie des influences et des inconvenients qui conlribuaienl a rendre le
 +sejour et le regime des prisons si meurtriers ; et le scorbut ne les epargnait pas
 +plus dans les cabanons de Bicetre, de Gliareliton, de la Salpetriere, de Betldem,
 +que dans les cabanons destines aux malfaiteurs et aux prisonniers ordinaires;
 +
 +Les al i ectiohs scorbntiques, les symptomes scorbuliques sont signales nenffois
 +par Prost; qui n a publie que quelques fdits die rtianie (observ. 78, 82, 83, 84, 86,
 +87, 90, 91, 92). Les accidents decrits par Prost sont loin d ol IVir la gravite de
 +ceux dont on tronve la description dans les relations des grandes epide mies scur-
 +butiques, et de ee ux dont Broussais fat tertioin a Saint-Malo an debut dr sa ear-
 +here medicale ; les alterations que Pfost relate se resunieiit le plus souveul par
 +des suffusions violacees, des laches ecchymotiques^ des prlerliics plus on moins
 +nombreuses, reparties le plus souvent sur les teguments des nicmbres inlrnriirs ;
 +ell geil^ral, les gencives des malades sont.prdeset retraclees plulotqnc sai^iiantcs
 +et fongueuses. Snr le maniaque cite paye o 2G : La peau, bletne ct inolle, el a it.
 +couverle de pelediies. On voyait sur les cuisses et snr les jambes des tacbes vio-
 +leltes plus ou nmins allongees : en les indsant, il en decoulait des serosites sail-
 +guinolenles et noires ; le tissu cellulaire sous-jacent, etlneme les muscles, etaient
 +livides, faciles a lacerer et infiltres de serosites sanglantes, brnnes, sans odeur de
 +iiangrene. Des incisions faites atix cuisses, sur des parties ou lapeaii n offrait pas
 +la couleur livide, laissaienlapercevoir les muscles sous-jacenls ; ils eutieut violets
 +et infiltre s de serosite peu abondante, sanglante. (La Med. eclaireei etc., t. II,
 +p. 328.) Dans ce cas, lacacbexie scorbuliqne avail fait des progies pins marques
 +que sur les antres inaniaques observes par Prost.
 +
 +Esquirol insiste souvent, dans divers passages de ses ecrils, sur la frequence des
 +affections scorbuliques dans les asiles d alienes pauvres ; onlil dans ses generalites
 +sur la folie (des Mai. mentales, t. I, p. 106) : Le scorbut est encore une des
 +complications les plus frequenles de I alii nalion mentale ; il esl souvent une suite
 +de la folie, de 1 insalubrile des babilalions, du defaul d exercice, du raanvais n ^ime
 +desalienes. Les alienes scorbuliques sonl ou lypemaniaques, on dans la dehienee,
 +et Ires-sou ventparalyliques. II semanifeste alors des ladies jaunes, brunes, noires
 +sUr les membres; les gencives sonl fongueuses. Ces malades sonl pris de devoie-
 +rhent sereux, quelqnefois sanguinolenl 5 les membres s oedemalienl; il survient des
 +douleurs el des liraillemenls d estomac ; la face est pale el bouffie. Les eschares
 +au sacrum, aux lalons, aUx malleoles, aux trochanters, aux coudes ; les dejections
 +imolontaires el sereuses, les syncopes, presagenl une morl procbaine.
 +
 +A Particle Lypemanie (t. I, p. 442). Esquirol, revenanl sur le scorbut, ajoute :
 +Le scorbul el la gangrene consecutive causent la moii d un grand nombre de
 +lypeinaniaqnes. Sur 176 cas de lypemanie termines par la mort, la terminaisod
 +iunesle esl attribute 26 fois a rintltience du scorbul.
 +
 +Georget, qui composail son Traite de la folie peu de temps apres son internal
 +dans les divisions des loges a la Salpetriere, impiime a la page 472 dc son
 +oiiTWge : Lorsque 1 hiver a ete ties rigoureux et long et qiie le printemps est
 +
 +
 +
 +468 ALlfiNfiS (MALADIES INTERCURRENTES).
 +
 +humide, Ic scorbul fait souvent de grands ravages dans la division des alienes. II
 +s aimonce par une langneur generale, le gonflement et le saignementdes gencives,
 +la palcur de la face, la diminution ou la perte de 1 appetit; plus tarcl il se mani-
 +feste des laches plus ou moins larges, de couleur lie de vin, violacees ou livides,
 +principalement sur les jambes et aux pieds. Si la maladie fait des progresses gen
 +cives se tumefient, se ramollissent et sont rendues par lambeaux ; des hemorrhagies
 +passives, nasales, buccalesou pulmonaires, undevoiementcolliqualitif, terminent
 +la vie des malades. Si le scorbut n a point une marche aussi rapide, s il survient
 +chez une alienee non encore affaiblie, par des moyens convenables on le fait dis-
 +paraitro : la belle saison est un excellent remede pour cela.
 +
 +Je n insisterai pas, apres les citations que je viens de produire, sur les cas de
 +scorbut que j ai etc a meme de constater soil sur les aliem es dc la Salpetriere, soil
 +sur ceux de Charenton, et qui offraient les memes caracteres que ceux signales
 +par Prost, Esquirol et Georget. J ajouterai seulement a ce qui precede que 1 alie-
 +nation mentale ne contribue a faire naitre le scorbut qu autant qu elle agit sur la
 +volonte des malades pour les determiner a se priver de nourriture et a enfreindre
 +toutes les regies de 1 hygiene. On previent la manifestation du scorbut en forcant
 +les alienes a manger regulierement, a se vetir, a faire de 1 exercice, a se tenir
 +cbaudement.
 +
 +La puissance des conditions hygieniqucs pour faire naitre comme pour faire
 +disparaitre les affections scorbutiquesdans les etablissements d alienes est prouvee
 +par des chiffres recueillis parM. Falret. Lorsquece savant medecin prit possession
 +du service dit des Petites Loges, a la Salpetriere, il notadans le cours d uneseule
 +annee 153 cas de scorbut sur une population de 473 femmes (560 alienees et
 +115 idiotes) ; bientot les ameliorations qui furent provoquees et accomplies dans
 +1 ensemble des conditions hygieniquesreduisirent les cas de scorbut, en moyenne,
 +adeuxoutrois par annee. (Annales me d.-psych., t. V, p. 444.)
 +
 +M. le docteur Thoreavance avecraison qu on n observe plus que des cas isolesde
 +scorbnt dans les asiles d alienes. A Bicetre, a peine en a-t-il note une vingtainede
 +cas pendant toute 1 annee 1839 ; la plupart efficient peu de gravite, etcette annee
 +le scorbut n a cause la mort que six fois. (Annales me d.-psych.^ t. VIII, p. 589.)
 +
 +Aujourd hui, on n est pas toujours sur de s enlendre quand on parle d acces
 +de fievre, neanmoins on peut esperer de se trouver d accord quand il s agit d acces
 +de fievre intermittente. Nous ignorons si ces fievres sont ou non communes dans
 +les asiles d alienes qui setrouvent places dans le rayon des contrees marecageuses.
 +II semble, d apres le temoignage de Guislain, qu elles ne sont pas rares eu Hol-
 +lande. M. Navare en a observe un fait a 1 asile de la Rochelle sur un maniaque
 +qu on avaitete oblige de placer dans un quartier humide, et qni setrouva debar-
 +rasse de sa fievre intermittente lorsqu on put le placer dans un milieu plus salubre.
 +Pendant un laps de temps considerable, nous n avons note a Gharenton aucun
 +exemple de fievre intermittente; ; depuis deux ans, nous en avons note trois cas,
 +mais ils ont ete observes sur des alienes qui avaient eu des aeces de fievre inter
 +mittente avant le debut de la folie; ces nouveaux acces out cede a 1 iisage des
 +preparations de quinine. Selon Guislain, la manie et la melancolie sont les aliena
 +tions menlales dans lesquelles on voit le plus frequemment les lievres intermit-
 +tentes, et particulierement les quartes, produire des effets favorables. II cite le fait
 +d uu batelier, nomme Maas, affecte de manie et traite depuis deux ans a 1 hopital
 +de Gand ; cet aliene fut tout a coup aLteint de fievre intermittente a type quoti-
 +dii ii : an bout de deux mois la fievre diminua, devint irreguliere et disparut;
 +
 +
 +
 +(MALADIES INTERCURRENTES).
 +
 +1 et.at moral de Mnas s ameliora sensibleraent (Traits sur T Alienation mentale,
 +t. II, p. 295). D autres fails sont parvenus a notre connaissance ; ils nenous out
 +pas paru assez concluants pour etre cites.
 +
 +Les opinions des medecins concernant les maladies infectieuses,certaines fievres
 +reputees eontagieuses en pariiculier, sont quelquefois tres-difliciles a discuter et a
 +concilier; le fait suivant, rapporte par Guislain, semble indiquer que les alienes
 +n echappent pas toujours au typhus contagieux. Un soldat prussien tut atteint
 +d alienation mentale apres avoir recu des coups de baton a litre de punition. Ayanl
 +ete transfers dans 1 hopital militaire de Gand, on le crut affecte de demence. II
 +passa dix-huit mois sans donner aucun signe d intelligence. Le typhus commenga
 +a regner dans 1 hopital, et ce soldal ful au nombre de ceux qui en furent atteints.
 +La periode d irritation fut courte et rapidement remplacee par une prostration
 +extreme des forces ; 1 aspect noir de la langue et des gencives, la lividite de la
 +face, des dejections involonlaires avec meteorisme, une revasserie continuelle et
 +d autres symptomes de meme nature, caracteriserent le fort de la maladie. Vers le
 +vingtieme jour de 1 affection typhoide, la convalescence se declara, et au bout de
 +quelques semaines, cet homme, ne presentant plus aucun symptoms d alienation
 +mentale, fut rendu a la liberte. (Traite sur I Alien, ment., t. II, p. 297.)
 +
 +On se demandait en 1832, au moment ou le cholera- morbus asiatique faisait
 +irruption sur Paris, si les asiles d alienes seraient ou non epargnes par ce terrible
 +fleau. Le cholera ne tarda pas a faire des victimes parmi les alienes de Bicetre et
 +parmi les femmes de la Salpetriere. Un seul malade futalors emporte a Gharenton,
 +bien que les bailments n eussent point encore ete recon&gt;lruits comme ils 1 ont ete
 +depuis; mais la cholerine atteignit alors dans ce meme c lablissemenl des propor
 +tions inquietantes, et le personnel du service medical etait tres-embarrasse pour
 +secourir a propos les alienes de 1 unou 1 autre sexe,qui etaient tout a coup comme
 +inondes par 1 abondance de leurs dejections alvines : ces cholerines cessaient et
 +disparaissaient neanmoins d une maniere assez rapide.
 +
 +Pendant 1 epidemie du cholera de 1849, les femmes de Charenton furent com-
 +plelemenl epargnees, mais quelques hommes paralyliques et quelques sujets af-
 +fectes de demence chronique succomberent au cholera.
 +
 +La population de 1 asile de Clermonl (Oise), les malheureuses alienees de la
 +Salpetriere furent alors atteintes dans des proportions considerables par le cholera
 +algide, ainsi que le prouve 1 un des releves qu on va lire. II succomba dans les
 +sections consacrees aux alienees et aux epileptiques : 47 malades du 20 mars au
 +l er avril; 121 pendant le mois d avril; 50 pendant le mois de mai; 88 pendant le
 +mois de juin. Les femmes affectees de paralysies ne furent point frappees. (Ann.
 +medico-psych., t. I, 2 e serie, p. 315.)
 +
 +Pendant 1 epidemie de 1854, le quartier des hommes n eut presque point a
 +souffrir des alteintes du cholera, a Gharenton; mais le quartier des femmes fut
 +envahi d une maniere subite, et dans 1 espace de dix a douze jours, 11 alienees
 +perirent du cholera. Ces details sont suffisants pour donner une idee de la ma
 +niere dont les influences epidemiques peuvent se comporter a 1 egard des alienes.
 +(Voir aussi une note surle cholera parmi les alienes d Allemagne, in Ann. medico-
 +psych., aim. 1857, p. 91.)
 +
 +On est a rneme de noter sur les alienes des exemples de phlegmasies cutanees
 +dans le mode aigu ou dans le mode chronique, eontagieuses ou non eontagieuses;
 +d observer dans le tissu adipeux, dans le tissu cellulaire sous-cutane, soit de vo-
 +lumineux furoncles, soit des anthrax, soit des abces phlegmoneux.
 +
 +
 +
 +170 ALIENKS (MALADIES IMERCURRENTES).
 +
 +J ai observe autreloi- uuatre c;is de roiipeole sur des alienesde differents Apes
 +pendant une double epidemic de cette pblegmasie ; I eruption fut tres-abondante
 +sur tons les sujets, niais elle se termina vite et sans entrainer aucun accident di-
 +gne d etre ivhte.
 +
 +La variole. atteignait quelquefois Irs alii m s a l e"poque oil il etait d usage de
 +trailer 1 alienation mentale a 1 HoteI-Dieu de Paris (Piuel). II parnit qu alors la
 +variole causait meme un certain nombre de deces. Tout recemment, a Charenton,
 +une dizaine d alienes, vaccines ou non vaccines, ont etc affectes de varioloide pen
 +dant 1 ete. Sur qualre malades, les pustules ont ete larges et assez rapprochees
 +sur le visage, sur les bras, sur la poitrine et le bas-ventre; niais elles s all uissaient
 +vite; leur manifestation etait prccedee de malaise, d uu etut febrile et d une ru-
 +betuction caracteristique des teguments; la fievre ne s exnspentit pas, pour aiusi
 +dire, a 1 e poque de la formation du pus ; la convaleslence etait rapide ; les parties
 +qui avaient ele envahies par 1 eruplion ne conservaient bientot qu une faible trace
 +de la phlegmasie locale.
 +
 +Sur les dements, 1 eruption ne produisit qu un certain nombre de pustules tiv&lt;-
 +(lissemiuees; ces pustules se dessiuaient sur le visage et sur la poitrine avaiit d avoir
 +eh annoiieees |ar un cliangement appreciable dans 1 etat ^eiieial. Sur un infir-
 +mier, les pustules prirent 1 aspect et la marche d une variole conduente; ce nial-
 +heui eux siieenmha mal-re tnus |es elibrts d une medeciiu- acti\e.
 +
 +On note chaipie aunee, dans le service de Charenton, quelques cas d erysipeles
 +isoles, qui semblent tenir a des dispositions particulieres des alie nes atteinls.
 +Qnatre, six mois s ecoulent quelquefois sans qu un nouveau cas d erysipele se
 +numileste soil sur la population des femmes, soit dans les divisions des homines;
 +assez souveiit ce sont les memes sujets dont le visage, le nez ou le JHIUI lour des
 +oreilles, les teguments du front sont tout a coup envahis, a des intenalles varia
 +bles, par des erysipeles plus on moins etendus ; tn general, les erysipeles de eette
 +categorie se terminent d une raaniere favorable et rapide.
 +
 +Mais nous avons ohsei vi ; cinq ou si^; fois, sur les deuxpopulationsde Charenton,
 +de veritables epiileinies d erysipeles. Pendant une duree de deuxatrois inoi?, les
 +cas d erysipeles se multipliaient et se succedaient presque sans iuterruplion d.ms
 +les differents quartiers de 1 etablissement. Ces phlegmasies debutaient quelque
 +fois par les teguments de la face, du dos, du siege, et il etait difficile de s opposer
 +a leur envahissement. Les erysipeles de cetle categorie se sont montres eu general
 +bien plus dangereux que les erysipeles sporadiqucs, taut a cause de leur lougue
 +duree, des abces pblegmoueux qui peuveut les accanipaguer, qu a cause des foyers
 +iuflummatoires localises qui sout alors susceptibles de se foimer soit dans le cer-
 +veau, soit dans les principaux visceres des malades. Finalement, ces erysipeles
 +entrdlnent la perte de quelques maniaques et de quelques dements; ceux qui
 +survivent sont exposes a des convalescences longues et difficiles a mener a bien.
 +
 +Ge que nous venous de constater sur les prineipaux modes de manifestation des
 +erysipeles parmi les alie nes est applicable aux inflammations furonculeuses et aux
 +anthrax auxquels les alienes sont sujets.
 +
 +Les furoncles isoles, plus ou moins volumineux, sont loin d etre rares sur les
 +maniaques exaltes, qu il n est pas toujours facile de maintenir propres ; il eu e&lt;t
 +de meme sur les dements livres a ronanisme, sur les melancoliques livres i uu
 +certain degre d aneim e; ces furoncles ont une grande tendance a se reproduire
 +sur diflerenles regions du corps, mais ils linissent par disparaitre.
 +
 +Certaiues annees, les depots luionculeux se mamfestent tout a coup sur un
 +
 +
 +
 +ALIENES (MALADIES INTERCURRENTES). 171
 +
 +nombre considerable de dements ou d alienes ; on est presque sur, a chaque nou-
 +vi. l lc visite, de rencontrer de nouveaux; cas de furoncles soil aux cuisses, soit aux
 +mains, soit au visage; mais passe un certain delai, le nombre de ces foyers infiam-
 +matoires devient plus restreint, et bientot on ne note plus ijue d s furoncles isoles.
 +Les anthrax furonculeux isoles constituent souvent, sur les dements paralytiques,
 +des maladies de la derniere gravite. Lorsqu ils se devcloppent dans 1 epaisseur des
 +fesses, des cuisses, du dos, a la nuque, ils sont circonscrits par une rougeur des
 +plus douloureuses, creusent a une grande profondeur, entrainent des delabrements
 +et des pertes de substance considerables. Quand ces anthrax sont incises de bonne
 +beure, et soignes d une maniere reguliere, lenr cicatrisation n est nnllement im
 +possible. La guerison des malades est moins certaine dans les cas ou il se forme
 +des anthrax sur quelques nouveaux points du corps,
 +
 +Les anthrax sont susceptibles de se manifester presque simultanement a la meme
 +epoque de 1 annee sur un certain nombre d alienes; on doit s attendre alors a des
 +suppurations suivies de mort.
 +
 +Les phlegmons spontanes sont moins communs chez les alii nes que les anthrax
 +et les erysipeles; lorsqa ils se manifestent an cou, sous les aisselles, aux seins, on
 +lesconsidere quelquefois comme des accidents heureux, et dont la manifestation
 +peut faire cesser In folie; Les cas de phlegmons, attribuables a des chutes, aux
 +coups que les maniaques se donnent en se heurtant, pendant lenrs acces de furciir,
 +sont bien plus frequents que les autres. On doit surveiller avec soin 1 application
 +des entraves, des camisoles, les endroits ou Ton vient de pratiquer la saignee, sur
 +les maniaques; sur plusieurs de ces alienes, on voit apparailre, sur les membres
 +qui out ete violentes, de vastes foyers inflammatoires et des collections de pus
 +prolbndes. A J aide d antiphlogistiques promptement et energiquement employes,
 +a 1 aide d incisions multipliers, on ue doit pas desesperer d obtenir la cicatrisation
 +de quelques-uns de ces foyers phlegmoneux, mais la constitution des alienes qni
 +out eu des phlegmons se ressent eii general longtemps de la gravite de pareilles
 +phlegm asies.
 +
 +Presque tous les dements paralytiques, qui trainent leur existence jusqu a la
 +periode la plus avancee de la paralysie generale, finissent par etre affectes d eschares
 +qui ne peuveiit qu accelerer le terme de leur miserable vie. Quelques-unes de ces
 +plaies Out le caractere gangreneux, et detruisent quelquefois jusqu au sacrum et
 +jusqu au tissu des vertebres, d autres sont plus superficielles et purement inflam-
 +iliatoireSi Mais souvent du pus se formes, s infiltre, et on voit survenir vers les re
 +gions du sacrum, sur differents points da dos, des decollements considerables. 11
 +est a peu pres impossible de prevenir completement la manifestation de certaines
 +eschares; on peut neahmoins en retarder la formation en i aisant changer a propos
 +les malades de jiosition. On nedoitjamais perdre de vue cette derniere indication
 +dans les cas de folie aigue, car les eschares se manifested vite sur les sujets qu on
 +fixe dans leurs lits.
 +
 +Nous avons note sur des femmes alienees quelques cas de couperose. Chez les
 +hommes 1 acne du menton et 1 herpes circine se manifestent tout a coup pendant
 +quelques mois sur un certain nombre de dements; les cas de zona sont moins
 +communs, mais nous avons observe deux exemples de zona pendant le cours d un
 +uleme hiver : toutes ces affections sont en general sans aucune gravite.
 +
 +On est fonde a croire, d apres des traditions historiques certaines, qae la lepre,
 +a 1 epoque ou elle regnait dans les contfees oriental es^ compliquait souvent les
 +affections mentales. Pendant 1 epidemie de di^lire chronique, qui atteignit tres-an-
 +
 +
 +
 +172 ALIENES (MALADIES INTERCURRENTES).
 +
 +ciennement les femmes d Argos, on constata, dit-on, 1 existence de la lepre sur les
 +filles de Proetus. Plus tard on constata les symptomes de la meme ai i ection sur
 +Oreste, lorsqu il etait en proie a ses hallucinations et a ses acces de fureur.
 +
 +Dans la Sardaigne, lo Milanais, la Ye ne tie, contrees ou les classes peu aisees
 +vivent d une claire bouillie de farine de mais, se lavent rarement, manquent de
 +linge, supportent les ardeurs brulantes du soleil, les asiles d alienes presentenl de
 +nombreux cas de pellagre. Cette affection grave atteintsurtout les melancoliques.
 +La taciturnite, la prostration et 1 e decouragement moral s accompagnent bientot,
 +die/ plusienrs d entre enx, d une rongeur indolente des teguments de la face dor-
 +sale des mains, d une alteration des ecailles de 1 epiderme, d une turgescence locale
 +assez limitee; des plaques de meme nature peuvent se former aussi, soit a la poi-
 +trine, soit sur les pommetles des joues, soit sur quelque autre region decouverte;
 +cette affection disparait, revient, mine la constitution, et finalement entraine les
 +consequences les plus funestes : quelques observateurs out ete portes a se demander
 +si ce n etaient point les conditions cerebrales des lype maniaques qui contribuaient
 +a produire la pellagre.
 +
 +On s est empresse, dans le but de resoudre cette importante question, de sou-
 +mettre les populations de nos asiles d alienes a une exjjloration minutieuse; et
 +quelques-uns de nos savants compatriotes out cru retrouver dans plusienrs asiles,
 +meme dans les local ill s ou 1 usage du mais est rare ou inconnu, des cas assez
 +nombreux de pellauiv. A uueepoqueou les conditions hygieniqueset la surveillance
 +des populations d alienes laissaient beaucoup a desirer, les melancoliques, les
 +dements qui salissaient, qu on laissait exposes au soleil ademi vetus,qui restaient
 +la des henres entieres sans changer de position, presentaient de temps a autre sur
 +les mains, les joues, les parties decouvertes de la poitrine, des plaques cuivrees,
 +des desquamations epidermiques; lorsque ces malades etaieut en meme temps
 +cachectiques et aflectes de diarrhee cbronique, ils presentaient quelques traits de
 +ressemblance avec les veritables pellagreux. Mais les affections locales dont nous
 +venons de parler sont faciles a prevenir; elles disparaissent vite lorsqu on n a pas
 +evite d abord leur manifestation ; on ne les rencontre plus ou presque plus dans
 +les asiles oil le regime alirnentaire, la surveillance, les soins de proprete nelaisseut
 +plus rien a desirer; il n en serait pas ainsi si les conditions cerebrales des alienes
 +suffisaient a elles seules pour faire apparaitie sur differentes regions du corps des
 +erythemes pellagreux bien caractenses MIOUS esperons done que la vraie folie pel-
 +lagreuse, telle qu on 1 observe dans les salles de la Senavra et du grand hopital
 +de Milan, ne se rencontrera que rarement parmi les populations d alienes de notre
 +pays.
 +
 +On n est pas toujours certain de mettre en evidence, a 1 aide de nos precedes
 +d inves.igation habituels, les differentes lesions materielles qui doivent exister au
 +sein des hemispheres cerebraux, chaque fois que les manifestations propres aux
 +differents types de delire attirent uotre attention; mais des arguments sans replique,
 +dont personne n oserait aujourd hui contredire la valeur, n en obligent pas moins
 +les pathologistes a admettre 1 existence de ces alterations et a inscrire la folie dans
 +le cadre des maladies de 1 encephale. C est vraisemblablement parce que les grands
 +centres nerveux sont leses dans la folie, que les congestions cerebrales, les attaques
 +de convulsions, les hemonhagies cerebrales, les encephalites intercurrentes sont
 +si frequentes pendant les diverses periodes des affections mentales.
 +
 +Une accumulation subite et considerable de sang dans le reseau capillaire de la
 +pie-mere cerebrale, dans les petits lubes qui se ramifieat pour distribuer le sang
 +
 +
 +
 +(MALADIES INTERCUIUENTES). 175
 +
 +au sein de la masse nerveuse qui constitue 1 cncephale, entraine de temps a aulrc
 +sur les alienes, soil dans les premiers temp:, de la folie, soil sur les dements dont
 +la prononciation est deja embarrassee, des accidents a forme apoplectique de la
 +derniere gravite. Ces sortes ft attaques, qu on designe generalement dans le Ian-
 +gage medical sous le nom ft attaques congestives du cervean, de congestions ence-
 +pkaliques, s annoncent d habitude par la manifestation subite d un etat comaleux,
 +avec abolition de 1 exercice sensorial, de 1 intelligence et du mouvement; mais elles
 +ne sont pas toujours portees a un pareil degre dc violence. Gependant, comme elles
 +sont susceptibles d entrainer, et qu elles entrainent souvent une issue funesle, on
 +doit toujours se tenir en eveil pour en prevenir la manifestation et pour les com-
 +battre sans delai des qu elles eclatent. (Voir p. 23 et 37, t. I er , de notre Traite
 +des mal. inflamm. du cerveau.)
 +
 +Mais c est surtout chez les alienes et chez les dements affectes de paralysie
 +generale, ou mieux de periencephalite cbronique diffuse, que les congestions, les
 +fluxions encephaliques a forme apoplectique et comateuse sont a rcdouter. Le
 +froid, le chaud, J etat de repletion de 1 estomac suffisent pour les determiner. Je
 +n insisterai pas ici sur la peinture de ces congestions incidentes de la paralysie
 +generale, dont il sera longuement question dans un autre article. (Voir noire
 +ouvrage deja cite, 1. 1, p. 113, et ch. iv, fails portant les numeros : 1, 2, 5, 4, 5,
 +6, 8, 9, 11, etc.)
 +
 +II est un autre ordre de fails morbides inlercurrents dont la manifestation
 +devient dans certaines saisons presque journaliere chez les paralytiques : nous
 +voulons parler des attaques convulsives a forme ejiilectique. Ces attaques se ratta-
 +chent generalement aussi a des fluxions congestives del encephale. Mais dans les
 +cas de cette nature la partie posterieure de la moelle allongee est violemment
 +stimulee ; elle reagit a son tour sur les cordons anterieurs affectes a 1 accomplis-
 +sement des contractions musculaires, et les alienes, les dements paralytiques, qui
 +subissentles consequences de pareilles lesions, de pareilles manifestations eclamp-
 +tiques, sont exposes a une mort rapide. Tous ne succombent pas neanmoins, mais
 +les attaques ; i forme tetanique, epileptique, ou simplement spasmodique, deman-
 +dent a etre combattues par une medication aussi prompte qu energiqne. (Voir mon
 +ouvrage deja cite, t. I. p. 47; Bayle, Traite des mal. du cerveau, Paris, 1826,
 +p. 15, 22, 75, 146, 168, etc.; Thore, travail deja cite, Ann. medico-psych.,
 +t. VIII, p. 56 et suiv.)
 +
 +L hemorrhagie cerebrale interstitielle, recente ou ancienne, a ete observee dans
 +toutes lesespeces de folie, dans toutes les varietes de la demence. El!e se renrontre
 +dans un emplacement limite de la masse encephalique, a droite ou a gauche, ou
 +elle interesse en meme temps les deux hemispheres cerebraux. Ses foyers sont
 +quelquefois repartis en assez grand r.ombre dans les corps stries, les couches opti-
 +ques, la protuberance annulaire, le cervelet, la partie centrale du cerveau ; ils
 +varient beaucoup aussi par I importance de leurs dimensions. Dans queli]ues cas,
 +le sang, apres avoir penetre abondamment dans 1 un des deux ventricules, ne
 +tarde pas a rompre la cloison ventriculaire et a s insinuer dans le ventricule oppose,
 +et meme dans le ventricule cerebelleux : toutes ces differences dans le siege, le
 +nombre, les dimensions des foyers hemorrhagiques influent necessairement sur le
 +mode d expression des phenomenes fonctionnels de I liemorrhagie.
 +
 +Parmi les fails que nous avons inseres dans notre travail sur les inflammations
 +dn cerveau, douze se rapportent it des hemorrhagies eiicephaliques recentes qui
 +sont survenues pendant le cours de la folie.
 +
 +
 +
 +174 ALIENES (MALADUCS INTERCTJRRENTES).
 +
 +Six des alienes frappes d hemorrhagie avaienl presente" des idees fixes avec ou
 +sans propension au suicide. Plusieurs d entre eux avaient accuse aussi des hallu
 +cinations tres-actives; les six alienes se classaient parmi les maniaques.
 +
 +Deux alienes avaient die sujets a des acces de cephalalgie ; deux avaient eprouve"
 +par moments des tressaillements inusculaires vers les epaules et le visage; trois
 +avaient eprouve par instants de 1 embarras dans la prononciation ou des eblouisse-
 +ments passagers de la vue.
 +
 +I/extravasation hemorrhagique avait et^ annoncee par une perte de connais-
 +sance absolue dans nouf cas ; la connaissauce etait en partie conservee dans les
 +autres cas. Dans deux cas, les alienes souffraient beaucoup de la tete.
 +
 +La paralysie atteignit simultanement les deux cotes du corps dans neuf cas; le
 +cote droit seul dans deux; le cote gauche seul une fois. Sur un malade, les mou-
 +ve:nents n etaient qu afl aiblis ; deux fois la lesion du mouvement n a pas ete
 +diagnostiquee. On a note des signes de contracture sur deux sujets; de la difficulte
 +a articuler sur trois ; la nr-ononciation etait abolie dans six cas. Au moment de
 +1 invasion, 1 exercice de I intelligence a presque toujours ete aboli, ainsi que
 +1 excrcice de la sensibilite cutanee. 11 est survenu un delire actif peu de temps
 +a prcs 1 aceident sur plusieurs alienes. (Voir Traite des mat. infl. du cerveau,
 +t. II, ch. vn, p. 551.)
 +
 +L hemorrhagie cerebrale iiitercurretite est susceptible de se former sur les
 +femines alienees comme sur les sujets alienes de 1 autre sexe. Dans les douze fails
 +que nous ayons ciles, et qui avaient ete suivis de mort, la terminaison funeste
 +avait eu lieu tantot dans 1 espace de douze a quinze heures, ta.ntot apres un cer
 +tain nombre de jours de coma : la gravite et le siege des epanchements expli-
 +quaient suffisamment la promptitude de la mort. C est surtout lorsque le cervelet
 +ou la protuberance annulaire sont largement atteints que les alienes sont exposes
 +a succomber d unc maniere rapide.
 +
 +Beaucoup d alienes survivent a la formation des foyers hemorrhagiques du cer
 +veau ; la resorption du caillot peut s operer d une maniere graduelle et 1 exercice
 +du monvement se retablir; mais plusieurs alienes restent en partie paralyses soit
 +d un cote, soit des denx cotes du corps, et il arrive souvent dans les cas de cette
 +categoric que la paralysie provenant d un ancien epanchement encephahque est
 +confondue plus tard avec les accidents musculaires propres a la periencephalite
 +chronique diffuse. (Ouvr. deja cite, t. II, ch. vm, p. 555; voir aussi Thore, Ann.
 +medico-psych., t. VII, p. 181.)
 +
 +L enccphalite inters titielle aigue, sans caillot sanguin, figure au nombre des
 +maladies incidentes des alienes; elle est parfois designee sous le nom de ramollis-
 +sement cerebral recent, de suppuration du cerveau. Elle peut occuper tout un
 +lobe, tout un lobule cerebral; mais dans les cas les plus ordiuaires elle siege dans
 +une circonvolution, dans 1 cpaisseur d une couche optique, au sein d un des deux
 +corps stries, ou dans tout autre espace limile de la masse encephalique. Elle peut
 +se former en meme temps dans 1 epaisseur des deux hemispheres cerebraux.
 +
 +L encephalite interstitielle aigue a ete notee sur des alienes des deux sexes,
 +sur des dements, des melancoliques et des maniaques; les alienes ages, ceuxqui
 +portent dans une region quelconque du cerveau des cicatrices celluleuses anciennes,
 +y sont surlout exposes; elle se manifesto aussi a la suite des erysipeles de la face,
 +des suppurations du conduit auditif.
 +
 +Sa formation peut etre annoncee par une attaque a forme comateuse, suivie
 +bientotde symptomes de paralysie musculaire tendaiitase localiser; mais lorsque
 +
 +
 +
 +AL1ENES (MALADIES INTI;HCURRENTES). 1&lt;
 +
 +le foyer inflammatoire reste a 1 etat do couleur amarante, que le ramollissemcnt
 +moleculaire ou 1ft pus n ont pas le temps de se former, les symptomes de paru-
 +Jysic peuvent faire defaut; ils peuvent etre remplaces alors par une exaltatiou
 +comme frenetique.
 +
 +Lorsque reuucphaHte locale aigue aboutit a la formation d un ramollissemcnt
 +ou d un abces, on doit s attendre avoir survenir un alfaiblissement leutet graduel
 +du mouvement, des spasmes convulsifs, de la contracture, de la somnolence,
 +1 obliteration de la sensibilite cutanee et des phenomenes generaux plus ou moins
 +graves, selon 1 importance de 1 encephalite interstilielle. Dans un ton nombre de
 +cas, cette phlegmasie entraine la moil; quelquefois e.lle passe au mode cbronique,
 +et la mort est retardee. (Yoir nofre Traite des ma 1. infl., t. II, ch. v, p. 116 et
 +suiv.; fhore,Ann. medico-psych., t. VII, p. 181.)
 +
 +L encephalite chronique interstitielle, localisee sous differents aspects, est sin-
 +gulierement frequente dans les infirmeries con,sacrees aux dements paralytiques.
 +Tous les foyers iaflammatoires anciens que Ton decouvre sur les dements au mo
 +ment de 1 autopsie n ont pas pris naissance apres la manifestation de Tal lcction
 +mentale; dans un certain nombre de cas, c est meme 1 evolution de 1 cuccphalite
 +chronique interstitielle qui a entraine 1 obliteration ou le derangement des facultes
 +intellectuelles; mais on assiste quelquefois a toutes les phases de cette evolution
 +sur des alienes dont 1 intelligcnce avail etc lesee seule au debut de leur maladie :
 +1 encephalite merite bien alors la qualification d intercurrente.
 +
 +Les alienes out fourni des cxemjiles d encephalites interstitielles, superficielles
 +ou profondes, simples ou doubles; des exemples de foyers inflammatoires a 1 etat
 +de ramollissement gommeux, a 1 etat de i amollissement avec formation soit de
 +brides celluleuses, soit de fausscs membranes, soit de pus, soit de cicatrices :
 +1 expression des principaux phenomenes fonctionnels est susceptible de varier
 +dans la plupart de ces formes de la phlegmasie encephalique incidente : cette der-
 +niere circonstanpe rend en gtiiieral le diagnostic de I encephalite locale chronique
 +interstitielle assez obscur.
 +
 +II nous est interdit d exposer ici le tableau des symp omes qui correspondent a
 +toutes les varietusde I encephalite locale chronique ; cette description exigeraitdes
 +pages nombrcuses; majs on sera amene a soupconner qu un foyer intlammatoire
 +du mode chronique se forme dans le cerveau d un aliene, lorsqu il se plaindra de
 +douleurs que scs enuemis lui suscitent dans un bras, dans uu pied, dans tout un
 +cote du corps; lorsque ce membre ou ces membres semblent menaces dc roidcur,
 +de faiblesse, et qu apres plusieurs semaines, plusieurs mois d afiaiblissement, un
 +etat complet QU a pen pres complet de paralysie tinira par s etablir. Dans les cas ou il
 +existe un foyer interstitiel au sein de chaque hemisphere cerebral, les symptomes
 +de paralysie sont doubles et tres-difficiles a distinguer de ceux de la peYi-encepha-
 +lite chronique diffuse. (Yoir notre Traite des mal. infl., 1. II, p. 251 et suiv.)
 +
 +La melyte, soit aigue, soit chronique, doit prendre rang parmi les maladies
 +incidentes des alienes. J ai recueilli et iiublie, en 1828 (Journal desprogres, etc.,
 +t. II), plusieurs exemples de ramollissement local dela moelle spinale. M. Sc. Pinel
 +avail communique a M. Rostan un e\emple de ramollissement spinal recueilli sur
 +tine fern me alienee ; Royer-Cpllard avail constate le ramollissement des faisceaux
 +spinaux anterieurs sur un lyperaaniaque; Ces cas de melyte surviennent souvent
 +sur des dements deja paralyses, deja prives de 1 exerciee du mouvement, et qui
 +n accusent aucune sensation de douleur dans les membres; ils sont done ou dif-
 +ficiles ou impossibles a diapnostiquer pendant la vie des rnaladcs.
 +
 +
 +
 +170 ALlfiNfiS (MALADIES IIUEKCUIUIENTES).
 +
 +Les cas de niort par asphyxieaccidentelle sont frequents dans tous les asiles ou
 +les alienes paralytiques se succedent en grand nombre. 11s sont tres-rares dans les
 +etablis^ements ou les paralytiques existent a peine; dans ces etablissements, ils
 +survieiment sur des alienes e|&gt;ileptiques. On a public un grand nombre d exemples
 +de deces causes par 1 asphyxie accidentclle, on en trouvera les details dans les
 +ecrits d Esquirol, de Bayle, dans mon Traite de la paraiysie des alienes, dans
 +les etudes de M. Tliore sur les affections incidentes des alienes. Tous les medecins
 +alienistes savent done conibien on doit se tenir en garde contre les causes qui
 +peuvent entrainer une aspbyxie spontanee, et combien leur intervention doit etre
 +promptc s ils veulent prevenir line terminaison funeste.
 +
 +Tout est prepare chez les dements paralytiques pour amener la deviation du bol
 +alimentaire : ces malades mangent sans discernement; chez eux, la sensibilite
 +buccale et pharyngienne est emoussee ou eleinle ; le pharynx n execute plus que
 +des contractions impuissantes ou spasmodiques ; 1 epiglotte, en partie paralysed,
 +remplit mal le jeu de ses fonctions : il n est done pas etonnant que ces dements
 +soient exposes a 1 asphyxie.
 +
 +Ge genre d accident arrive d habitude au moment du repas ou peu de temps
 +;i|ues le repas; je 1 ai vu se produire de trois manieres differentes. Dans une
 +premiere categoric de fails, les dements paralytiques avaient ete asphyxies parce
 +qu ils avaient accumule, a 1 insu de tout le monde, une immense quantite d nli-
 +ments macbes dans leur bouche, el que cette sorle de gateau plastique avail fini
 +par masquer jusqu a 1 enlree du larynx. Dans les exemples du second genre,
 +1 entree des voies aeriennes avail ete bouchee par un seul morceau de viande ou
 +par un morceau de tendon. Dans les exemples de la troisieme categoric, c etaient
 +des fecules liquides qui s etaient insinuees dans le larynx, dans la trachee-artere
 +et jusque dans les ramifications les plus tenues des bronches. Esquirol etait con-
 +vaincu q\ie certains aliments, tels que la tete de veau, peuvent produire 1 oblite-
 +ralion de la glotte plus souvent que d autres; on doit done s appliquer a choisir
 +la nourriture des dements paralytiques avec le plus grand soin.
 +
 +J ai vu 1 asphyxie et la mort survemr instanlanemenl sur un epilejitique, qui
 +fut surpris par une violente attaque convulsive dans un moment ou il avail la
 +boucbe remplie d aliments maches; une partie de ces aliments s etait introduile
 +dans le larynx pendant la duree des phenomenes convulsifs.
 +
 +On a propose divers moyens pour faire cesser 1 asphyxie causeepar la deviation
 +du bol alimentaire, d une portion de viande ou de tout autre corps etranger volu-
 +mineux, menacant 1 existence des alienes par leur presence a 1 entree delaglotle;
 +les indications, dans les accidents de ce genre, sont tellement positives et pres-
 +santes qu on doit s en rapporter a la sollicitude des medecins qui accourent aupres
 +des malades pour tirer parti de toutes les ressources qu ils out a leur disposition;
 +mais souvent les alienes ont deja cesse de vivre lorsqu on arrive pour leur admi-
 +nistrer des secours.
 +
 +Les varialions qui s operent dans 1 etat hygrometrique de leurs habitations et
 +dans Ja temperature exposent les alienes, ainsi que les autres hommes, a des la-
 +ryngites, a des tracbeiles, a des bronchites plus ou moins intenses; mais ces in
 +flammations n offrent presque jamais assez de gravite pour reclamer de la part
 +des medecins une attention serieuse.
 +
 +M. Thore considere la pneumonie comme la maladie intercurreule qui survient
 +le plus frequemment dans lecours de 1 aiienation mentale; comme celle qui exerce
 +1 influence la plus notable sur la mortalite; il s etonne avec raison qu unc plileg-
 +
 +
 +
 +ALIENES (MALADIES INTERCURRENTES). 177
 +
 +masie de cette importance ait ete entierement laissee sous silence par des ecrivains
 +qui avaient passe une partie de leur vie dans des services d alienes. J ai calcule
 +autrefois que sur 100 alienes, pris au hasard dans les asiles publics, 60 avaient
 +presente ou des signes d hepatisation ou des signes de phthisic pulmonaire ; que
 +1 hepatisation seule s observait a divers degres sur un cinquiemc des alienes dont
 +on pratique 1 autopsie cadaverique (Diction, de med. en 50 vol., t. II) ; mes
 +releves prouvaient aussi, resultat confirme par M. Thore, que le poumon gauche
 +des alienes s enflamme plus souvent que le droit; qiie les deux poumons s enflam-
 +inent bien plus souvent qu un poumon isole.
 +
 +Bouchet, qui a fait ses rccberches dansl asile des alienes de Nantes, compte les
 +cas de pneumonic pour 24 dans un releve qui comprend 106 deces. (Ann, d hyg.,
 +l e serie, t. XXIII, p. 571, 1840.)
 +
 +M. Webster, dans sa Statistique de Bethlem, compte 25 cas d induration et
 +d hepatisation des poumons sur un total de 72 autopsies pratiquees par le docteur
 +Lawrence. (Ann. medico-psych., l te serie, t. Ill, p. 446, 1844.)
 +
 +Aubanel a attribue la mort a I influencc de la pneumonie dans 15 cas; les deco
 +des etaient au nombre de 105 et affectes de demence.
 +
 +Sur 76 alienes qui ont succombe a des maladies incidentes, M. Thorc a note
 +11 cas de pneumonie ; la phlegmasie thoracique, selon lui, avait entraine Tissue
 +funeste dans toutes ces pneumonies.
 +
 +Au demeurant, la pneumonie tient 1 un des premiers rangs parmi les affections
 +intercurrentes de 1 alienation mentale. On la rencontre tantot simple, tantot
 +double, generate ou partielle, variant en profondeur et en etendue. Elle debute
 +quelquefois d une maniere isolee, atteignant a des intervalles variables quelques
 +malades que leur etat d exaltation, la nature de leur delire melancohque oul affai-
 +blissement de leur intelligence exposent a des refroidissements ; ou bien elle se
 +manifeste comme epidemiquement, atteignant, dans une periode de quelques
 +semaines, 20 a 25 alienes sur une population dc 500 ; j ai ete temoin cinq a six.
 +fois de ces sortes d epidemies qui se sont produitcs soit a 1 automne, soit au prin-
 +temps, sous 1 influence d un vent d est rapide et frais.
 +
 +Les pneumonies franches des alienes sont annoncees par la manifestation de la
 +fievre, de la dyspnee, des crachats rouilles ; la matitedu thorax, la bronchophonie,
 +la respiration bronchique, des rales sous-crepitants, crepitants ou humides, se
 +joignent aux autres phenomenes fonctionnels, et il ne peut rester, dans le cas de
 +cette categorie, aucun doute sur le diagnostic anatomique et sur la nature de la
 +maladie incidente a laquelle on a affaire.
 +
 +Mais les pneumonies des alienes existent souvent sous une forme plus ou moins
 +insidieuse et latente, et, comme 1 a fait remarquer Chomel, il faut recouvir pour
 +les reconnaitre a 1 auscultation et a la percussion Quelques alienes continuent a
 +parler, a se debattre, a courir, a manger, bien qu_ ils aient tout un lobe pulmo
 +naire, tout un poumon envahi par 1 inflammation ; il est impossible de deviner
 +1 existence de pareils desordres si Ton ne s empresse de recourir a 1 exploration
 +thoracique. M. Thore, qui a recueilli avec soin un certain nombre d observations
 +de pneumonie sur des alienes, s est assure que la douleur, la toux, 1 expectoration
 +manquaient dans un bon nombre de cas ; mais alors, les signes fournis par 1 auscul
 +tation et la percussion permettaient de reconnaitre Tetat inflammatoire ; dans une
 +autre categorie de faits, on manquait a peu pres completement de signes pour
 +asseoir son jugcment, et la phlegmasie etait veritablement latente. (Ann. medico-
 +psych., l vo seiie, t. IV, p. 15, 1844.)
 +
 +DJCT. ESC. III. 12
 +
 +
 +
 +178 ALIENES (MALADIES
 +
 +II se forme souveut en arriere, chez les paralytiques qui vivent quelqucs jours
 +dans le coma, dcs engorgements comme hypostatiques, avec accumulation de
 +sang et de scrosite spumcusc dans le parenchyme pulmonaire ; M. Ferrus hesitait a
 +considerer ccs alterations comme inflammatoires : cette hesitation nous semble
 +fondee. L examen microscopique des produits morbides apprendrait si, dans cette
 +circonstance, le tissu pulmonaire est ou n est pas enflamme.
 +
 +La phthisic pulmonaire a ete signalee de bonne heure comme une maladie fre-
 +quentc chez les sujets affectes d alicnation mentale. Mead, Cox, Lorry, Reil ont
 +cite des exemplcs de phthisic recueillis sur des alienes ; mais il nc faut pas perdre
 +de vue que plusieurs de ces faits peuvcnt tout aussi bien se rapporter a des bron-
 +chitcs chroniques, aggravees par des symptomes de fievre hectique et par la diar-
 +rhee, qu a une veritable tuberculisation pulmonaire.
 +
 +Esquirol compte 28 cas de phthisie sur 277 cas d alienation meutale, dans son
 +article general sur la folie. A 1 article Lypemanie, il compte 62 cas de pleuresie
 +chronique ou de phthisie, sur un total de 176 Jypemaniaques. (T. I, p. HO, 445.)
 +
 +Selon Georget, la phthisie fait perir plus de la moitie des alienees de la Salpe-
 +triere. La phthisie est certaincment plus frequente chez les alienees de la classe du
 +peuple que sur celles qui n ont jamais subi les privations et les autres souifrances
 +inseparables de 1 indigence; cependant 1 asserlion de Georget. me parait exageree.
 +
 +Bayle, qui a inscre un grand nombre d observations recueillies a Charenton dans
 +1 ouvragc qu il publia en 1826, dit : J ai Irouve sur trois cadavres des excava
 +tions tuberculeuses et des tubercules a dii ferents degres, dont 1 existence avail a
 +peine ete soupconnee pendant la vie; chez un autre, les poumons etaient creuses
 +de plusieurs cavites ulcereuses... (p. 482). J ai depouille moi-meme 25 des
 +autopsies redigees par M. Bayle : la presence des tubercules pulmonaires n est
 +notee que sur 3 alienes. (Bayle, Traite des mill, du cerveau.)
 +
 +J ai relu 38 autopsies decrites par moi avant 1826; les tubercules pulmonaires
 +existent sur 15 alienes.
 +
 +J ai depouille 60 des faits inseres en 1859 dans mon ouvrage sur les inflamma
 +tions du cerveau; les tubercules pulmonaires existaient snr 15 des decedes. Ces
 +fails suffisent pour etablir la frequence des tubercules dans les asiles d alienes.
 +
 +Les tubercules qu on decouvre dans les poumons des alienes au moment de la
 +mort s y trouvaient deja, dans un bon nombre de cas, avant 1 invasion de la folie.
 +Cette verite a ete notee par tous les manigraphes, et quelques ecrivains ont fait
 +remarquer que le developpemcnt de la phthisie etait parfois alors enraye par la
 +maladie du cerveau : ces faits sont interessants, mais exceptionnels. J ai rencontre
 +des tubercules sur des alienes ages de cinquante, de soixante, de soixante-dix ans;
 +personne n avait soupconne 1 existence de ces productions morbides. La phthisie
 +des alienes, suivant la remarque de Georget, n est jamais aigue; souvent meme
 +elle est tellement latente qu on ne la decouvre qu a 1 ouverture des corps. Dans ces
 +tas, il n existc pas le moindre signe d irritation pulmonaire, le malade ue tousse
 +ni ne crache, ne se plaint nullement; il maigrit, s affaiblit, est pris de devoiement
 +ou de constipation et meurt ; mais ces phenomenes se succedent tres-lentement.
 +Une chose assez remarquable, c est qu il n y a presque jamais d expectoration,
 +quoique, apres la mort, on trouve des foyers et des cavernes qui ont dufournir dela
 +matiere muqueuse et puriforme. Les malades, au lieu de cracher, les ingerent
 +peut-etre dans 1 estomac, ou bien elles peuvent etre resorbees. (De la, Folie,
 +p. 474.)
 +
 +Cette pcintnre rappelle tout le talent d observation de Georget. II est certain que
 +
 +
 +
 +ALIENES (MALADIES INTERCURRENTES). 179
 +
 +les affections tuberculeuses des alienes sont difiiciles a diagnostiquer; on Ics dia-
 +gnostique par les procedes de 1 auscultation lorsqu on a lieu de craindre leur
 +existence, mais le plus souvent on ne les decouvre qu apres la mort,
 +
 +D apres ce qu on vient de lire, il faut bien recohnaitre qu il est impossible dc
 +fixer le nombre des cas ou les tubercules ne se sont developpes que pendant le
 +cours de la folie. Pour notre compte, nous inclinons a croire quc les tubercules
 +restent generalement plus longtemps a 1 etat stationnaire sur les alienes que sur
 +les sujets sains d esprit.
 +
 +Les alienes sont tres-exposes a 1 etat inflammatoire des plevres. Lorsqu on decouvre
 +qu un aliene souffre dans un cote de la poitrinc et qu on s empresse de le soumettre
 +a une exploration reguliere et vepetee, la pleurite ne passe point inapercue; mais
 +il arrive assez souvent qu on ne decouvre qu a 1 amphitheatre 1 existence de pleu
 +resies tres-etendues, etdejaanciennes. Beaucoup demaniaques, de lypemaniaques,
 +de dements affectes de paralysie musculaire, supportent 1 infl animation des plevres
 +sans se plaindre, sans manifester le desir de rester au lit, sans rien clianger a leurs
 +habitudes; ce qui semble supposer, metne au debut, une forme peu active; car
 +lorsque la phlegmasie s annonce par des perturbations violentes, elle appclle 1 at-
 +tention sur ceux dont 1 etat fonctionnel parait derange, et 1 cxamen auquel on s ap-
 +plique conduit alors a un prompt diagnostic ; encore une fois, beaucoup de pleurites
 +ne sont pas d abord soupconnees, ou ne sont jamais reconnues pendant la vie.
 +
 +Un huitieme des alienes ouverts par Bayle lui ont offert des traces de pleuresie
 +chronique; la pleurite avait etc plus on moins latente chez la plupart d entre eux.
 +(Ouvrage deja cite, p. 481.)
 +
 +Esquirol ne compte que 12 cas de pleurite capables de causer la mort sur 277
 +cas de folie suivis de deces. (Tom. I er , p. 110.)
 +
 +M. Lawrence a trouve, sur des alienes morts a Betblem, des adherences pleure-
 +tiques de formation recente, 10 fois; de formation ancienne, 42 fois, c est-a-dire
 +52 pleuresies sur 72 autopsies. (Ann. medico-psych., l fe serie, t. Ill, p. 446, 1844.)
 +
 +Les pleuresies intercurrentes des alienes se trouvent parfois associees a des pncu-
 +nionies; la pleurite corapliquait la pneumonie dans la moitie des faits de pneumo-
 +nierecucillissurdes alienes parM. ledocteurThore. (Ann. medico-psych., l re serie.
 +t. IV, p. 44, 1844.)
 +
 +Certaines annees, la periencephalite a formes insidieuses, ou le delire aign qu on
 +confond tres-souvent avec la manie, est aggravee par 1 etat inflammatoire des plevres.
 +L auscultation de la poitrine sur cette classe de malades permet de percevoir, dans
 +certaines regions du thorax, un son mat, parfois le frottement pleural, parfois du
 +souffle broncbique avec ou sans cbevrotement, et la respiration vesiculeusen est
 +plus percue. Si les delimits qui presentent ces phenomencs viennent a succomber,
 +on trouve a 1 autopsic la plevre, ou une portion de plevre, d un rouge erysipelateux,
 +quelquefois bourgeonnee, comme revetue par une pellicule ou par une couche de
 +matiere plastique grisatre; on apercoit en meme temps, dans la cavite thoracique,
 +une certaine quantite d un liquide trouble ou purulent ; mais I encephalite aigui
 +a formes insidieuses existe souvent aussi sans pleuresie.
 +
 +Les pleuresies qui ont persiste longtemps a 1 etat latent, et dont 1 existence ne
 +s est revelee qu apres la mort des alienes, sont accompagnees, dans beaucoup de cas,
 +d alterations considerables. Nous avons rencontre dans des cas de cette categoric
 +clesfausses membranes d une epaisseur de plusieurs millimetres, deskystes remplis
 +de serosite purulente; des perforations de la poitrine avec formation de pus dans
 +I tpaisseur des muscles; on conoit difficilement que certains alienes puissent con-
 +
 +
 +
 +180 ALIENfiS (MALADIES INTERCURRENTES).
 +
 +tinner a agir et a vivie lorsqu ils sont affectes de pareilles phlegmasies, de sem-
 +blables desordres dans leurs tissus.
 +
 +Jusqu a present I inflammation du pericarde n a point ete etudiee avec assez de
 +soin sur les alienus; ce que 1 on sail relativement a cette phlegraasie, c est qu clle
 +pent exister chez les personnes affectees de folie, et a 1 etat aigu et a 1 etat chro-
 +nique; ma is la pericardite chroniqne est beau coup moins rare que 1 aigue. J ai
 +rencontre antrefois, a 1 exterieur du coenr, des concretions pseudo-membraneuses
 +saignanles; Ie tissu de 1 organe etait mou, sa surface d un rouge vif et comme
 +creusee d enibncements alveolaires ; le pericarde me parut enflamme a un degre
 +tres-marque. J ai calcule, d apres des autopsies faites avant 1850, que la pericardite
 +aigue on chroniquc existait surun quinzieme des alienes qui succombent. Je viens
 +de depouiller 100 nouvelles autopsies d alienes faites avec soin; la pericardite
 +chronique s y trouve no tec 2 fois settlement. Dans 1 observation dixieme de mon
 +Traite de la paralysie des alienes, une pericardile ancienne a fait disparaitre la
 +cavile du pericarde; une fausse membrane, d apparence fibreuse, est soudee a la
 +surface du cceur; elleenvoiedes prolongements bndules a une production osseuse,
 +large de plus de deux travers de doigt, qui circonscrit le coeur a la reunion de
 +chaque oreillelte avec son ventricule (p. 57). Bayle a vu sur deux alienes la surface
 +liliiv, tin pOrii ai de cntierement soudee a sa face viscerale; sur un troisieme alieue,
 +la cavile du pericarde elait tapissee par une fausse membrane (p. 481 ) . M. Lawrence
 +a nolt la pmcardile 6 fois, sur 72 autopsies d alienes; M. Thore 1 a notee 6 fois
 +sur 50 ouvertures de corps.
 +
 +Jusqu a present, tous lescas d inflammation dont il vient d etre question n avaient
 +pas ete soupconnes du vivant des alienes qui en etaient affecles. Dans plus d un
 +cas, la pericardite avail bien pu preexister a la manifestation de la lolie : ce sujet
 +reclame de nouvelles etudes.
 +
 +Les maladies qui peuvent affecter les cavites du coeur n ont pour ainsi dire
 +point ete etudiees sur les sujels affectes d alienation mentale; il en est de meme
 +des conditions des valvules aurico-venlriculaires. Les affections du creur, dit
 +M. Thore, meme celles qui out une marclie lente, ne se sont point presentees fre-
 +quemment a notre observation ; quelquelbis elles se sont manil estees par des sym-
 +ptomes bien tranches et ont ete reconnues pendant la vie. Le pins souvent c est
 +1 autopsie qui a revele leur existence : cet enonce est conforme a tout ce que nous
 +avonsete a meme deconstater. (Ann. medico-psych., l re serie, t. IV, p. 209, 1844.)
 +
 +L observateur que nous venons de citer a note 1 hypertroplue generale du cffiur
 +4 fois; I hyperlropbie du ventricule gauche 5 lois (sur 50 autopsies).
 +
 +Bayle a rencontre 1 hypertrophie du ventricule gauche du coeur sur le sixieme
 +des alienes qu il a disseques ; elle existait 1 fois sur 7 autopsies, dans mes anciens
 +releves.
 +
 +J ai rencontre 5 fois, au moment de 1 autopsie, des perforations du ventricule
 +gauche du cceur, avec effusion d une certaine quantite de sang dans la cavite du
 +pericarde. Des concretions fibrineuses obliteraient, dans deux cas, 1 espece de fissure
 +qui etablissait une communication entre la cavite ventriculaire et le pericarde;
 +la mort avail ete rapide sur tons les alienes dont il est ici question.
 +
 +Les maladies abdominales, les phlegmasies, soil aigue s, soil chrom ques, des
 +differentes regions des voies digestives, 1 aisaient des ravages considerables parmi la
 +population des anciens asiles d alienes ; cette verite est attestee par les fails les
 +plus positifs et les plus nombreux. Cette reunion de temoignages ne seinble point
 +avoir modifie les coin irlious ilu savant docteur Thore, auquel nous empruntons le
 +
 +
 +
 +ALIENES (MALADIES INTERCUERENTES). 181
 +
 +passage qu on va lire : On a dit que 1 inflammation dc I intoslin eta.it 1 affection
 +la plus frequente chez les alienes ; M. Calmeil cst de cet a\ is. Bouchet, de NaiuVs
 +dans un memoire sur la statistique des alienes de la Loire-Infer ieure, a trouve
 +159 maladies aigues de 1 aljdomen pour 36 maladies du cerveau et 95 des pou-
 +mons. M. Parchappe a cite 57 observations d enterite sur 516 (deces). Sans nier
 +la frequence de 1 enterite, nous sommes porte a penser qu elle a ete cxageree.
 +(Ann. medico-psych., 1 serie, t.V,p.555, 1845.) Nous maintenons que, presen-
 +tement encore, les phlegmasies du canal alimentaire figurcnt au premier rang de
 +frequence dans les etablisscments les plus salubres et les micux tcnus.
 +
 +L inflammation de la muqueuse gastrique est loin d etre rare sur certains types
 +d alienes ; on la rencontre principalement sur les maniaques dont Ic delirc debute
 +avec violence ; sur les melancoliques qui eprouvent des fausses sensations de L odorat
 +et du gout, dont 1 haleine est fetide, qui vefusont d avaler leur tisane et leurs
 +aliments; sur les monomaniaques qui ont un appetit capricieux, qui mangent de
 +preference les debris d aliments qu on abandonne aux ordures et qui sont parfois
 +avaries ou corrompus. La secheresse et la rougeur de la langue, les efforts de
 +vomissement, le besoin de boire a la derobee, 1 impatience et la surprise que
 +temoigne 1 aliene lorsqu on pose la main sur la region epigastrique, tels sont les
 +principauxsymptomes qui denotentl existence d un etat inflammatoire del estomac,
 +pendant le cours des affections mentales.
 +
 +II faut bien se garder de nourrir indistinctement a la sonde tons les lypema-
 +niaques qui refusent de manger. Lorsque leur langue est fendiHee, tachee de rouge,
 +qu ils poussent des soupirs au moindre attoucbement du ventre, que leur physio-
 +nomie alteree exprime la souffrance ; que leur peau est seche et leur pouls acce-
 +lere, bien que petit, on doit craindre un etat inflammatoire vers quelques regions
 +de la muqueuse gastrique et prescrire 1 usage des boissons mucilagineuses. Sous
 +1 influence de ces prescriptions, on voit renaiti e 1 appelit et la confiance des alienes.
 +Mais quand 1 estomac est juge sain, on doit contraindre les melancoliques a
 +prendre une nourriture reguliere, et si Ton n agit pas de la sorte, il se forme des
 +plaques violacees dans 1 interieur de 1 estomac.
 +
 +L etat inflammatoire se developpe frequemment dans les diverses portions des
 +/ntestins greles. C est au printemps, & 1 automne et pendant 1 biver que les infir-
 +meries se peuplent d alienes qui ont des ententes a tons les degres d intensite. La
 +plupart de ces ententes se terminent par resolution, mais le meme dement eprouve
 +parfois cinq ou six rechutes dans un intervalle de quelques mois, parce qu il cesse
 +trop tot de s astreindre a la continuite du regime et des soins indispensables en
 +pareil cas. Beaucoup de phlegmasies de cette categorie fmissent par devenir defi-
 +nitivement chroniques et ne guerissent plus : finalement, les malades tombent
 +dans un veritable epuisement diarrheique, et ils succombent dans un etat d ana-
 +sarque.
 +
 +Sur 100 alienes dont on examine le canal digestif, pres de 50 offrent des ulce-
 +rations ou d autres alterations de nature inflammatoire dans les gros intestins. Cet
 +apercu suffirait a lui tout seul pour prouver aux medecins qui se vouent a la pra
 +tique des alienes combien ils doivent s appliquer soigneusement a 1 exploration des
 +gros intestins. La membrane interne des gros intestins peut s enflammer dans un
 +espace circonscrit, dans le coecum, une region du colon, ou dans le rectum ; elle
 +peut s enflammer simultanement dans presque toute la longueur du coecum, du
 +colon et du rectum; ces dernieres phlegmasies sont des plus graves. Lorsque les
 +gros intestins sont affectes d inflammafion, les alienesretiennent clil ficileinent leurs
 +
 +
 +
 +182 ALIJSNfiS (MALADIES INTERCURRENTES).
 +
 +matieres alvines ; leur langue rougit, ils ressentcnt de la douleur dans la region
 +iliaquc droite, dans la region ombilicale; ils boivent beaucoup, ont 1 air abattu,
 +man gent avec repugnance et sont obliges de garder le lit. Les phlegmasies que
 +nous venous de signaler cedent, dans plus d un cas, a une medication rationnelle ;
 +lles peuvent aussi passer a 1 etat chronique et durer alors plus ou moins longtemps
 +sans epuiser la constitution ; mais a la longue les colites chroniques donnent lieu
 +a une terminaison fatale.
 +
 +La dysenteric se manifeste a des intervalles variables dans beaucoup d asiles
 +d alienes. En 1795, elle fit de nombreuses victimes a. Bicetre (Pinel). Nous avons
 +YU la dysenteric regner a differentes reprises dans les differents quar tiers de Cha-
 +n-nlon. Lorsqu cllc se montre comme accidcntellcment sur des alienes isoles, et a
 +de longs intervalles, on est porle a la confondro avec les autres nuances de la
 +colite ; mais quand elle prend une forme epidemique, qu elle atteint chaquc jour
 +un certain nombre de nouveaux alienes, elle contribue a grossir Ires-vile le cliiffre
 +de la mortalite. Nous n insisterons point sur les signes d une maladie aussi bien
 +Kiiiuue, si facile a cai acteriser ; nous nous contenterons d ajouter que les rechcr-
 +ches necroscopiques auxquelles nous nous sommes livre nous ont permis de
 +constater sur la membrane muqneuse des alienes qui avaient succombe a la dysen
 +teric les ulcerations les plus vastes, les plus nombreuses, les plus variables par
 +Inns formes, ct du caractere le plus grave.
 +
 +L enlerile folliculeuse est certainement une maladie des plus rares chez les
 +sujets alienes d ancienne date. En 1833, nous imprimions le passage qu onva lire:
 +Les alienes ne sont point exempts de fievres typhoi des (Pinel, Esquirol). Nous
 +possedons plusieurs exemples de dothinenterie observes dans les infirmeries de
 +Cbarenlon : il ne manquait rien a I easenible des symptomes, qui ont offert diverses
 +nuances, diflerents degres d intensite. Toujours ces affections se sont manifestees
 +snr des sujets jeunes ; elles ont ete rares sur les femmes ; le delire qui existait
 +avant le debut de 1 affection typhoide a quelquefois ete modifie et il a pris un aspect
 +nouveau qui lui a donne quelque ressemblance avec le delire vague des maladies
 +aigue s. Quelques alienes ont succombe ; quelques-uns sont restes fous apres et
 +depuis leur convalescence ; d autres sont gueris sans qu il ait etc possible d appre-
 +der au juste si 1 affection typhoide a contribue ou non a cette guerison. (Dictionn,
 +demed., t. II, p. 187.)
 +
 +On aurait tort de conclnre de cette citation que 1 entente folliculeuse figure
 +Irequemment au nombre des maladies intercurrentcs des alienes. A la verite,
 +Pinel, Esquirol, Prost, Georget insistent continuellement clans leurs ecritssurla
 +frequence de la fievre adynamique dans les maisons d alienes. Esquirol, dans son
 +article Folie, avance que la fievre adynamique a ete nolee par lui 52 fois, etla
 +fievre ataxique 14, parmi les causes qui ont entraine la mort, sur un total de
 +277 alienes decedes. (Des Mai. ment., t. I, p. 110.)
 +
 +Mais Pinel ct Esquirol faisaient intcrvenir 1 adynamie ct 1 ataxie toutes les fois
 +qu ils constataient pendant quelques jours soit la chute des forces, l alteration des
 +traits du visage, 1 etat luligineux des dents et de la langue ; soit de 1 agitation et
 +un certain degre de petulance musculaire. La manifestation de pareils symptomes
 +11 A riei; de commuu avec le tableau des accidents qui caracterisent l enterite
 +folliculeuse telle que nous la conccvons aujourd hui. Prost, dans son important
 +ouvrage intitule : La Medecine eclairce par ^observation et I ouverture des
 +corps, a public 27 observations dc manie suivics de details necroscopiques minu-
 +Licux, Dans plusieurs de ccs fails (p. 521, 545, 554, 455), la maladie qui a pro-
 +
 +
 +
 +ALIENES (MALADIES INTERCURRENTES). 485
 +
 +cede la mort est intitule soil fi&vregastro-adynamique, soit/iewe ataxique,sv\t
 +ftevre ataxo-adijnamique ; or, les troubles fonctionnels signales et decrits par
 +Prost sur tous les maniaques qu il a observes ne se rapportent aucunement a
 +1 enterite folliculeuse, et ses ouvertures de corps demontrent jusqu a la dcrniere
 +evidence que ses fievres adynamiques, ulaxiques, ataxo-adijnamiques correspoii
 +daient a des phlegmasies graves d une portion ou de plusieurs regions du canal
 +alimentaire. Quand on a lu attentivement les observations de Prost, on sait a quoi
 +s en tenir sur la signification de 1 etat adynamique et ataxique dans les ecrits de
 +Pinel, d Esquirol, de Georget et de beaucoup d antres manigrapbes : ces etats ne
 +se rapportent presque jamais a 1 etat inflammatoire dcs follicules de Brunner et
 +de Peyer, mais a des phlegmasies intestinales diffuses.
 +
 +Quant aux cas de fievre dite typhoi de, observes par nous dans les infirmeries de
 +Charenton, il a ete bien constate, par 1 inspection des follicules de Brunner et de
 +Peyer, qu ils se rapportaient d une maniere positive a 1 enteritc folliculeuse; mais
 +en etudiant de nouveau ces exemples, nous venons de constater que presque tous
 +ont ete recueillis sur des sujets recemment entres dans 1 etablissement et dont
 +1 alienation mentale avait ete vraisemblablement provoquee par 1 invasion de la
 +pblegmasie intestinale. Dans la plupart de ces cas, 1 enterite folliculeuse devait
 +done etre inscrite parmi les maladies antecedentes plutot que parmi les maladies
 +intercurrentes susceptibles d afi ecter les sujets alienes ou en delire. Des publica
 +tions interessantes ont deja appele 1 attention des medecins sur les cas de fievre
 +typhoi de qui simulent 1 alienation ; il est tres-faeile en effet dans certaines formes
 +d exaltation de meconnaitre 1 etat inflammatoire des follicules intestinaux.
 +
 +D apres nos anciens calculs, le cancer de 1 estomac se rencontre sur un vingtieme
 +des alienes : de nouveaux releves nous prouvent que ce cbiffre est trop eleve. J ai
 +observe trois exemples de tumeurs fibreuses developpees dans 1 epaisscur de 1 an-
 +neau pylorique; deux exemples de tumeurs encephaloides a 1 etat de ramollis-
 +sement, et implantees sur la muqueuse qui tapisse la graudc courbure de 1 estomac.
 +On trouve dans les fails publics par les manigraphes, et notammeut par Esquirol,
 +des exemples de tumeurs siegeant egalement dans des regions variables de 1 esto
 +mac. M. Thore a recueilli, sur les alienes de Bicetre, deux exemples de cancer du
 +colon pendant le cours de 1839. Nous conservons dans nos notes la description
 +d une degenerescence cancereuse d une portion de 1 S iliaque du colon et du
 +rectum; dans ce cas, d affreux dcsordres avaient entraine la perforation des parois
 +intestinales, et des matieres excrementitielles se trouvaient amoncelees derricre la
 +vessie et retenues la par des productions pseudo-raembraneuses.
 +
 +Pendant plus d un siecle, les pathologistes s accordaient a faire jouer a 1 appareil
 +biliaire, et a la bile en particulier, un role considerable dans 1 etiologie du delire
 +triste et des autres affections mentales. Nous n avons point a examiner et a discuter
 +leurs theories, dont Tobservation et le temps ont fait justice, mais la science a
 +interet a savoir si le foie est ou non sujet a participer aux maladies intercurrentes
 +des alienes. II n est pas douteux que le foie, la vesicule biliaire et les conduits
 +excreteurs de la bile s eloignent souvent de 1 etat normal sur les alienes. Nous
 +avons constate bien des fois sur des alienes 1 etat graisseux du foie. Nous possedons
 +aussi dix ou douze exemples d obliteration de la vesiculc biliaire et de ses conduits
 +par de nombreux calculs. Bayle a rapporte des fails semblables. Esquirol a note
 +55 fois des lesions du foie sur un total de 277 autopsies. M. Thore a rapporte
 +histoire d un maniaque qui offrait un abces considerable dans le parcnchyme du
 +foie. Nous avons note six fois dans 1 epaisseur de cct organc dc voluniiaeux tarn-
 +
 +
 +
 +184 ALIENES (MALADIES INTERCURRENTES).
 +
 +pons d un tissu lardace homogene que nous avons cru devoir comparer a des
 +depots de matiere encephaloi de. Le foie adhere souvent par sa face concave a la
 +portion pylorique de 1 estomac on du duodenum. Toutes les alterations que nous
 +venons de passer en revue ne sont presque jamais diagnostiquees avant le deces des
 +alienes sur lesquels on les observe ; mais il etait indispensable de signaler leur
 +frequence a 1 attention des medecins qui se vouent a 1 etude des affections dites
 +mentales.
 +
 +Vers les derniers temps de la paralysie generate, la vessie urinaire se trouve
 +ouvent frappee d inertie, et 1 accumulation de 1 urine dans ce reservoir est une
 +cause frequente de cystite chronique. On trouve 7 fois sur 100 autopsies d alienes
 +la membrane muqueuse vesicale brune, racornie et epaisse.
 +
 +J ai note dans 2 cas du pus dans le tissu des reins; 4 fois ce meme tissu etait
 +rouge et fortement iniecte. M. Charcellay estime que la nephrite albumineuse
 +doit ctre frequente chez certains alienes ; il a recueilli des exemples de cette ma-
 +ladie sur des alienes de 1 un ou de 1 autre sexe, et en a constate 15 cas dansun
 +service peu nombreux.
 +
 +En 1853, nous avons imprime le passage suivant (Diet, de med. en 30 vol.,
 +p. 195) : Nous considerons la peritonite comme une affection peu commune
 +chez les fous. Sur 100 ouvertures de corps, nous trouvons 2 cas de peritonites
 +excessivement violcntes, avec des productions accidentelles dans toute la cavite
 +abdominale, et trois ou quatre pc ritonites partielles occupant a peine un ou deux
 +pouces d etcndue. Les phlegmasies du peiitoine que nous signalons ici out cu
 +pour symptomes : la douleur et I empatement du ventre, 1 alteration des traits de
 +la face, 1 cedeme des jambes, la irequence et la petitesse du pouls. D abord la
 +reaction a ete vive dans deux cas ; toutes ont dure longtemps , deux seulement
 +ont semble contribuer a determiner la mort. &gt;&gt; Tout nous porte a croire presente-
 +ment que rinflammation du peritoine estmoins rare que nous le supposions ; sui
 +vant la remarque de M. Thore, Esquiiol a trouve des adherences et de la suppu
 +ration du peritoine chez 5 lypemaniaques sur 168 autopsies ; il a aussi note, dons
 +un autre releve, 13 cas de peritonite latente sur un chiffre de 277 decedes...
 +Lawrence a rencontre cette phlegmasie, a Bethlem, 4 fois sur 72 autopsies;
 +M. Parchappe 1 a notee 9 fois sur 516 ouvertures de corps. (Ann. medico-psych.,
 +l re serie, t. V, p. 365, 1845).
 +
 +Depuis quelques annees, nous avons observe rinflammation du peritoine sur des
 +alienes qui avaient des ulcerations ct de la maticre tuberculeuse dans les glandes de
 +Brunner et de Peyer ; sur un aliene qui etait affecte de cancer du colon ; sur des
 +alienes qui presentaient des invaginations de diverses portions de 1 intestin grele.
 +
 +Ces derniers malades paraissaient avoir succombe a des ententes chroniques :
 +le jejunum et 1 ileon etaient remplis de matieres liquides ; des portions assez consi
 +derables d intestins s etaicnt invaginees dans une anse intestinale declive ; le peri
 +toine, qui se trouvait dans 1 invagination, etait rouge et commencait a se couvrir
 +d une couche humide de liquide fibrineux.
 +
 +Somme toute, les peritonites intercurrentes des alienes sont souvent consecutives
 +a une autre affection abdominale.
 +
 +M. Thore, en rapportant un seul exemple de rhumatisme articulaire, s etomie
 +de la rarete de cette affection sur les alienes ; cette rarete n est qu apparente, et
 +nous avons recueilli, en moms de deux ans, 7 cas d arthrite rhumatismale sur une
 +population de 550 alienes. Sur 2 femmes et sur 1 dement, 1 arthrite rhumatismale
 +a presente un caractere aigu; elle etait accompagnee de fievre, de chaleur a la
 +
 +
 +
 +ALIENfiS (MALADJES INTERCURRENTES). 185
 +
 +peau, de douleursqui s exasperaient par lemoindrc mouvement, et plusieurs arti
 +culations, tant des membres inferieurs que des membres superieurs, offraient dcs
 +traces de rougeur et de gonflement : ces arthrites ont cede a 1 emploi des moyens
 +antiphlogistiques, etsurtout a 1 emploi des fumigations emollientes. Sur drux niono-
 +maniaques, 1 arthrite articulaire s est manifestee vers I articulation du gcnou; ellc
 +a ete accompagnee de gonflement, d empatement, d extravasation sero-fibrineuse,
 +et elle a exige un traitement local des plus energiques et des plus actifs. Ces mono-
 +maniaques ont quitte maintenant les lits qu ils occupaient a I infirmerie, mais ils
 +conservent un reste de tumefaction autour de 1 articulation qui avait ete envahie
 +par 1 inflammation, et leur demarche est encore genee.
 +
 +Sur deux melancoliques qui ont eprouve des atteintcs repetees d arthrite chro-
 +nique, les doigts des mains ont fini par se deformer, et des concretions tophacees
 +assez volumineuses se laissent apercevoir dans 1 intervalle des os metacarpiens et
 +des phalanges : la goutte n epargne done point d une maniere absolue les sujets
 +aftectes d alienation men tale.
 +
 +Nous avons constate plusieurs exemples de tumeurs du sein chez des femmes
 +alienees, Quelques malades ont consenti a laisser extirper les tumeurs qui avaient
 +attire 1 attention sur elles : le succes des operations a ete variable ; quelques alie
 +nees ont etc gueries par 1 operation.
 +
 +L amenorrhee complete, ou a peu pres complete, a lieu sur le tiers aumoins des
 +jeunes filles et des jeunes femmes dont 1 alienation mentale ne remonte encore
 +qu a une date recente. Quelques-unes de ces alienees sont chlorotiques, mais chez
 +les autres 1 hematose ne laisse rien a desirer. Le flux menstruel finit presque tou-
 +jours par se rctablir sur les femmes qui recouvrent la raison; il se retablit aussi le
 +phis souvent sur celles qui ont le malheur de r ester pour toujours alienees :
 +1 amenorrhee n est done frequente que dans les premiers mois de la folie. Elle
 +demande a etre surveillee et combattue avec le plus grand soin : 1 usage des bains
 +de siege chauds, des lavements salins, 1 application reiteree d un petit nombre de
 +sangsues placees au perinee, les fumigations locales, contrihuent a retablir Tecou-
 +lement menstruel sur les personnes fortes ; les ferrugineux, une nourriture forti-
 +fiante et un regime tonique doivent etre presents, au contraire, aux lypema-
 +niaques anemiques on chlorotiques.
 +
 +Sur une femme livree a 1 onanisme le plus imperieux, mais dont cependant
 +1 hymen etait reste intact, le museau de lanche et une partie du col de 1 uterus
 +nous ont offert une rougeur violacee, tin ramollissement notable et une ulceration
 +de six lignes de diametre. Une autre alienee nous a egalement offert les principaux
 +caracteres dela metrite, mais sans disorganisation dutissude 1 uterus. En general,
 +les alienees qui se plaignent d etre violees par des etres invisibles, dont toutes les
 +conceptions delirantes se rapportent a des sensations uterines, sont menacees de
 +maladies du col de la matrice. Les descentes et les retroversions de matrice sont
 +tres-communes chez les anciennes maniaques ; il est difficile de remedier a ces
 +deplacements.
 +
 +Les productions fibreuses, soit a 1 etat de tumeurs, soit a Tetat de petrifications
 +se rencontrent sur un huitieme des femmes alienees que Ton soumet a 1 autopsie.
 +
 +L ascaride lombrico ide, qui se rencontre quelquefois aux Antilles au nombre de
 +plusieurs centaines dans 1 intestin d un seul habitant, est considere comme rare
 +sous le climat de Paris, comme tres-commun en Alsace et en Bourgogne (Davaine,
 +p. 123). A 1 epoque ou les alienes etaient nourris surtout avec des matieres vege-
 +tales feculentes, ou on ne leur accordait, a de rares intervalles, qu un peu de
 +
 +
 +
 +186 ALIENES (MALADIES INTERCURRENTESJ.
 +
 +viande de basse qualite, on rcncontrait des ascarides lombrico ides dans les intes-
 +tins greles de la plupart des alienes qu on etait a meme de dissequer. La presence
 +des lombrico ides est signalee par Prost chez plusieurs des maniaques dont il a
 +recucilli les observations. Sur le maniaque cite a la page 518, t. II, lecoecum dilate
 +clait rempli de matieres liqaides, claires, d ungris terreux et sale, des vers trichu-
 +rides et ascarides leur etaient meles en nombre prodigieux... Entre la valvule de
 +Baubin et 1 appendice on trouvait une espece de cul-de-sac rempli d ulcerations
 +dans lesquelles etaient reimis des vers ascarides... Le colon, passablement dilate
 +renfermait dans toute son etendue des matieres semblables a celles du ccecum ; des
 +vers triclmridcs, des ascarides leur etaient meles ou appliques contre les parois
 +internes de cetintestin; on voyait encore un petit nombre de vers dans le rectum.
 +
 +Sur le maniaque qui fait le sujet de 1 observation 90 (t. II, p. 545), le coecum
 +etait rempli de matieres de diverses natures dans lesquelles on trouvait des vers
 +trichurides et ascarides d un volume comme Prost n en avail jamais observe; leur
 +nombre etait considerable.. . Les matieres accumulees dans les portions ascendantes
 +ct transverses du colon contenaient un nombre prodigieux de vers, surtout des
 +tricburides. L existcnce des ascarides lombrico ides est encore relatee sur les alienes
 +cites aux pages 357, 369, 576 du meme ecrivain.
 +
 +Le trichocephale, si souvent designe dans les livres de pathologie sous le nom de
 +tricburide, passe pour plus cotnmun partout que 1 ascaride lombricoide. Prost a
 +constate la presence de ce vers dans le coecum, et parfois dans le colon, de beau-
 +coup d alienes ; les gros intestins en contenaient en nombre variable sur les sujets
 +cites pages 296, 507, 318, 524, 341, 547, 357, 569, 576. Les trichocephales se
 +rencontraient parfois seuls au milieu des mucosites qui tapissaient les plis des gros
 +intestins; dans d autres circonstances, ils se trouvaient meles, comme on 1 a note
 +a 1 instant, a un nombre plus on moins considerable d ascarides lombricoides.
 +
 +J ai ete frappe, dans les premiers temps de mon sejour a Charenton, de la fre
 +quence des vers intestinaux sur les alienes de ce grand etablissement. Nous avons
 +rencontre des lombricoides jusque dans 1 estomac et dans I o3sophage de certains
 +dements ; mais le jejunum et 1 ileon etaient dans plus d un cas comme obliteres
 +par 1 accumulation de paquets d ascarides dont on n avait presque jamais soupconne
 +1 existence du vivant des alienes chez lesquels on les rencontrait. Aujourd hui, les
 +lombricoides sont devenus presque rares dans les intestins de nos alienes ; leurs
 +gros intestins recelent assez souvent encore quelques trichocephales, mais ces petits
 +vers y pullulent moins qu autrefois.
 +
 +Les anciens manigraphes tenaient beaucoup a debarrasser les voies digestives des
 +alienes des ascarides et des tricbocephales qui s y trouvaient si souvent loges ;
 +1 expulsion de ces vers sutfisait quelquefois, suivant eux, pour amener laguerison
 +de la folie.
 +
 +Des cysticerques plus ou moins nombreux ont ete observes, un assez grand nombre
 +de fois, soit dans les circonvomtions cerebrales, soit dans 1 epaisseur meme du
 +cerveau, tant sur des alienes epileptiques que sur des dements ou sur des sujets
 +affectes d un delire vague ; on ignore 1 epoque ou le developpement de ces parasites
 +ivait commence. (Davaine, ouvr. deja cite, p. 656 et suiv.)
 +
 +Sur les dements paralytiques, sur les maniaques dont la prononciation est deja
 +embarrassee, il se forme frequemment, cntre le fibro-cartilage qui correspond a la
 +partie concave du pavilion de 1 oreille et les teguments qui le recouvrent, des
 +epanchements soit sero-plastiques, soit sanguins, qui ne tardent pas a faire saillie
 +a I exterieur sous la forme de petites tumeurs. Ces collections de liquides sont
 +
 +
 +
 +(MALADIES INTERCURRENTES). 187
 +
 +quelquefois precedees d un etat inflammatoirc du tissu cellulairc ; cllcs ressemblent
 +quelquefois a des extravasations sanguines localisees. Bret, Ics liquidcs enfermes
 +clans ccs especes de pocbes sont susceptiblos de subir des transformations, ct la
 +dissection de ces tumeurs donne raremcnt Ics memes resultats. Ferrus, M. l)i 1-
 +liommc, M. Merlin et plusieurs autres patbologistes ont donne des descriptions
 +etendues des tumeurs auriculaives des alienes ; nous n insisterons pas davantage
 +sur xme maladic toute locale et qui se montre en general sans gravite.
 +
 +La frequence des maladies incidentes chez les alieues ne peut que contribuer a
 +1 elevation du chiffre de la mortalite dans les asiles destines au traitement do la
 +folie; cependant, dans la manio furieuse, dans le delirc aigu, dans certaincs formes
 +de la paralysie generalc, un certain nombre de deces est occasionne uniqucment
 +par la violence des alterations qui portent le trouble dans les fonctions de 1 intel-
 +ligence. Finalement, le chiffre des deces est toujours considerable dans les etablis-
 +sements d alienes situes dans le voisinage des grandes villes, et ou les cas de para
 +lysie generate tigurent dans des proportions enormes sur le rcleve des admissions.
 +A Charenton, la mort frappc en moyenne un septieme de la population totale.
 +D apres les calculs de M. Thore, les deces ne represented pas tout a fait a Bicetro le
 +huitieme du chiffre de la population.
 +
 +En parcourant un grand nombre de statistiques d alienes, on est frappe des
 +differences qui existent dans les proportions des deces ; d apres quelqucs-nnes de
 +ces statistiqnes, il sembleroit que 1 alienation mentale nc contribuc pour ainsi dire
 +pas a abreger la duree de 1 existence sur ceux qui en sont atteints. Mais on n est
 +plus tente d adopter une pareille manic-re de voir lorsqu on opere sur des chiffres
 +puises dans un grand nombre de localites, de pays differcnts, et on constate tout de
 +suite, en operant de la sorte, que la rarete des deces, dans certains hopitaux
 +d alienes, tient a 1 absence des paralytiques et des idiots. On arrive partout i
 +etablir par le calcul que plus de la moitie des sujets qui presentent des signcs de
 +paralysie generale succombent avant la fin de 1 annee ou ils ont ete sequestres. Or,
 +comme les paralytiques affluent dans les asiles de Paris, de Rouen, dc Marseille,
 +de Londres, les efforts de la science sont impuissants pour prevenir Ics elfets d une
 +mortalite qui n est depassee que par celle des liopitaux ordinaires, tels que I llotel-
 +Dieu ou la Cbarite a Paris.
 +
 +Lorsqu on cherche a evaluer les causes de la mort chez les alienes, la part qu il
 +convicnt d accorder, dans cette evaluation, aux diflerentes maladies incidentes est
 +souvcnt difficile a determiner eta etablir. Chaque fois qu unaliene succombe apres
 +avoir ete renverse subitement par une hemorrhagie cerebrale, par une congestion
 +encephalique avec phenomenes ou comateux ou convulsifs, apres avoir presente
 +les signes d une double pneumonie ou d une violente dysenteric, il ne peut pas y
 +avoir de dissidence parmi les medecins sur les causes qui ont produit la cessation
 +de la vie. II n en est plus ainsi lorsqu il s agit de la mort d un dement paralylique
 +qui portc depuis longtemps des disorganisations considerables dans le cerveau ;
 +qui est convert d escharcs, epuise par une entente chrpnique et dont les poumons
 +et les plevres sont tapisses par d anciennes productions pseudo-membraneuses :
 +ilans les cas de ce genre, on a beaucoup de peine a s entendrc sur les lesions qui
 +ont entraine Tissue funeste ; tel medecin atti ibue la perte du malade qui lui
 +echappe a 1 inftuence de la suppuration ; tel autre a 1 inlluence de la phlegmasie
 +^erebi ale ou a celle de la maladie intestinale ; et les resultats exprimes dans les
 +slatistiques annuelles qu on dresse a present dans tous les etablissements d alienes
 +demontrent que les chefs de service n envisagent presque imlle part les causes qui
 +
 +
 +
 +ALIMENTATION (HYGIENE PUBMQUE).
 +
 +prodnisent la mort d un meme point de vue. On conroit bien d ailleurs que les
 +maladies incidcntos et les causes de mort soicnt susceptiblrs d oii rir les phis
 +grandes variations, suivant les annees, le sexe, la situation des asiles d alicnes,
 +lenrs conditions hygieniques, le melange de leurs elements de population ; mais
 +les relevcs qui constatent les alterations jusqu ici notees dans les differentes eavites
 +splanchniques et dans les differ ents organes des alienes sont bien plus propres a
 +indiquer la frequence relative de ces memes alterations qu a mettre en evidence la
 +veritable cause determinante de la mort. CALMEIL,
 +
 +BIDLIOGRAPHIE. Les annales de la science renferment un nombre tres-considerable de
 +fails particuliers relatifs a la complication des maladies inentales avec diverses affections
 +speciales et avec des Epidemics de dysenteric, de scorbut, etc., etc.; certains auteurs ont
 +egalcment rassemble beaucoup d observations pour elablir une relation de cause a effet entre
 +telle ou telle lesion viscerale et la folie, mais les travaux d ensemble sur la question des maladies
 +intercurrentes sont excessivement rnres. Nous citerons cependant les suivants : CROWTHER
 +(Bryon). Practical Remarks on Insanity, etc.. With some Account of Disease incident to the
 +Insane. Lond., 1811, in-8. CALMEIL. klttnts (maladies des). In Diet, de we d, en 30 vol.,
 +t. II, 1835. GERMAIN et BOUCHET. Eludes pour servir a I histoire de I influence de la folie
 +sur les fonctions et les maladies du corps humain et re c/proquenient. In Ann. we d. -psychol.,
 +1 serie, t. IV, p. 557, 1844 et t. V, p. 181, 1845. THORE. Etudes sur les maladies in-
 +cidentesdes alie ne s. In Ann. me d. -psychol, 1" serie, t. 111,1V, V, VII, VIII et IX, 1844-1847.
 +DEGUISE. Quelgues maladies du domuine de la chiruryie chez les alie ne s. In Me m. de la Soc.
 +de chir. de Paris, t. Ill, p. 147, 1853. GOULDEX {1 h. H.}. De la mortality chez les alienes,
 +et des affections incu/entes dans I alie nation mentale. These de Strasbourg, 1857, n 583
{{GFDL}} {{GFDL}}

Revision as of 21:39, 4 February 2012

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("furiosum fati infelicitas excusat, satis furore ipso punitur") (Lenckner 1972).

Le droit romain lui-même n'offrait pas de doctrine com- plète et généralement formulée; cependant un grand nombre de textes empruntés soit aux matières civiles, soit aux actions pé- nales privées, ou véritablement relatifs à la punition de cer- tains crimes, mettaient hors de doute le principe que l'insensé (nommé en droit romaim furiosus) devait être à l'abri de la peine. Mais les motifs tirés de quelques-uns de ces textes : « Fati infé- licitas excusât (1), w — « Satis furore ipso punitur; sufficit furore ipso eum puniri (2) , ^^ que les criminalistes ont répétés depuis à satiété et sur lesquels ils ont appuyé diverses consé- quences qu'ils en ont déduites, ne doivent être considérés que comme une phraséologie peu rationnelle. Nous savons, en effet, que ce n'est point en considération du malheur de sa destinée, ni parce que sa folie serait pour lui une peine sufGsante, que l'in- sensé n'est pas punissable ; c'est parce qu'il n'offre pas en sa per- sonne les éléments voulus pour l'imputabilité. Au lieu de ces phrases sans fondement, on aurait pu s'arrêter, dans le droit romain, à cet autre motif donné par Ulpien et bien plus près de la vérité : « Quœ enim in eo culpa sit, cum suœ mentis non sit (3) ? — ce Namqiie hi pati injuriam soient , non facere : cum enim injuria ex affectu facientis consistât [k). »


t Lii:\tTio\. I. DEFINITION, [/alienation est un terme de jurisprudence qui exprime le fait de la transmission de la propriete d une chose a autrui et qui implique 1 idee de la privation de la chose transmise. De la sans doute, et par ana logic, 1 application des mots alienation mentale au fait de privation de la raison qui constitue pour I homme une sorte de depossession.

Frequemment employes dans ce sens general par les jurisconsultes et les mede- cins de tous les temps, les mots alienation mentale et alienes sont entres, dcpuis la promulgation de la loi de 1858 en France, avec un sens special, dans la langue dudroit et de 1 administration.

II est desormais indispensable que la science medicale, qui a exerce sur ce ( fait considerable une legitime et puissante influence, le consacre dans sa langue usuelle, de maniere a obtenir, en ce qui se rapporte a la signification des mots alienation mentale et alienes, 1 accord pari ait de la medecine avec le droit et 1 administration.

Les termcs juridiquement employes pour designer les divers etats de la de- possession de la raison, actuellement compris dans la legislation francaise sous le


12 ALIENATION (DEFINITION).

nom commun d alienation mentale, n out pas toujours etc los memes. Lour sens, rarement deiini avec rigueur, a souvent varie; et, a toules epoques, il a ele ne- ,:essaire, clans les questions judiciaires, de degager pour ces temies leur sens K . .1 des significations qui leur etaient attributes dans la langue usuelle, uu pluloso- pliique ou medicale.

Ainsi disparait, relativement au sens legal a donner au mot fureur, toute equivo que nee de ses acceptions diverses dans la langue usuelle et medicale, et par suite toute imputation legitime d impropriete contre 1 admission qui en a etc faite dans

le Code civil.

Le mot demence, ainsi que celui $ amentia, le plus habituellement employe comme sonsynonyme, etait primitivement destine a exprimer le fait cl une affec tion de 1 ame, antrainant la privation de la lumiere de la raison.

Introduit dans la langue du droit, le mot demence y a toujours conserve un sens tres-etendu.

Toutefois des 1 origine il a ete restraint dans 1 application par les jurisconsultes i la depossession de la raison dependante d un etat morbide.

Pour faire cesser la confusion, qui existait dans la langue des jurisconsultes et lies medecins, par une definition exacte des divers noms donnes aux divers troubles morbides de la raison, Zacchias essay a de fixer, confer mement a 1 opinion la plus ge- nerale des medecins, lesens du mot demence, en lui attribuant la valeur du terme generique le plus general, ap plicable a toutes les affections morbides dans lesquelles, d une maniere etpar une cause quelconques, 1 homme est partiellement ou totale- ment prive de la raison, c est-a-dire de 1 attribut qui le distingue des animaux.

Puis, prenant pour point de depart la doctrine de Galien sur les trois mods essentiels d alteration dont la raison est susceptible, diminution, depravation et deperdition, Zacchias rattacha au genre demence, dementias ou amentix, trois sous-genres earacterises par 1 existence de 1 un de ces modes d alteration de la raison: I imbecillite, fatuitas, par la diminution , le delire, delirium, par la de pravation; la folie, insania, par la deperdition.

Enlin, a chacun de ces sous-genres il rapporta, comme especes principals : a rimbecillite, 1 imbecillite proprement dite, fatuitas, la stupiclite, stoliditas, la faiblesse d esprit, ignorantia, 1 amnesie, oblivio, etc., etc. ; au delire, delirium, la phrenesie et la parapbrenesie ; a la folie, la manie, la melancolie, la fureur, la lycanthropie, 1 amour insense, la melancolie fiypocbondriaque, etc.

La signification donnee par Zacchias au mot demence depasse pour son etendue celle qui lui avail ete anterieurement attribuee et celle qui lui a ete ulterieurement conserves.

Sa distinction lumineuse entre 1 imbecillite, le delire et la tolie, fortilieepar les progres de la science, a tendu de plus en plus a prevaloir.

Mais le mot demence, dans la langue du droit, s est restreint par 1 usage le |ilu s general a la designation des etats par lui rapportes au sous-genre insania, equi valent a notre terme generique de folie ; et c est en ce sens qu il a ete employe dans le Code civil au sujet des conditions legales de 1 interdiction.

En effet, 1 article 489 distingue rimbecillite, synonyme de fatuitas dans la langue juridique, de la demence et de la fureur.

Et la discussion du Code prouve que les legislateurs out entendu appliquer le mot demence a un etat de maladie ayant pour effet d oter, d une maniere perma- nente, a celui qui en est atteint, 1 usage de sa raison, de donner a ses actes les caracteres qui appartiennent evidemment a la folie, de le rendre incapable d agir,


ALlL:> Aiiun \DKHNITION). 13

de parler en vertu d une volonte eclairee par la raison, etat dont la fureur expnme le plus haul degre, ayant pour caractere special une impulsion du i urieux a des mouvements dangereux pour lui-meme et pour les autres.

G cst a dessein que dans 1 article 901 , qui declare que, pour fuire une doiidtio;i entre-vifs ou un testament, il faut etre sain d esprit, on n a pas employe Icstermes consacres pour designer les etats qui peuvent motiver 1 interdiction, etou a ndoptc une fornnile qui exprirne un etat qu il appartient aux magistrals d apprecier sui- vant les circonstances de fait.

La portee de 1 insaiiite d esprit est plus etendue que celle des termes imbecillid , demence et fureur ; elle s applique a 1 etat de delire et meme a 1 etat de passion, exdusif de la liberte morale.

II y a lieu de remarqner que, dans la discussion de 1 article 901 , on a donne an mot demence un sens plus large que celui de 1 article 504-. En elfet, on s est appuye sur ce que la demence est la privation liabituelle de la raison, definition qui s applique a 1 imbecillite aussi bien qu a la folie, pour admettre que la priva tion momentanee de la raison, comme dans le delire, est exclusive de 1 etat sain d esprit, condition legale de la capacite de tester.

Enfin, le Code penal, en determinant la limile legale apportec a la responsa- bilite penale par cette formule de 1 article 64 : II n y a ni crime, ni delit lorsque (( le prevenu etait en etat de demence au temps de 1 action, a donne an mot demence une signification beaucoup plus etendue que ne 1 a fait le Code civil.

Les auteurs de la theorie du Code penal resument ainsi leur judicicuse discus sion sur ce point de droit : Par demence, on doit entendre, puisque aucun textc n en a restreint le sens, toutes les maladies de 1 intelligence : 1 idiotisme et la demence proprement dite, la manie delirante et la manie sans delire, meme partielle. Toutes les varietes de 1 aifection mentale, quelles que soient les deno- minations que leur applique la science, quelque classification qu elles aient regue, revetent la puissance de 1 excuse et justifient 1 accuse, pourvu que leur existence au temps de 1 action soit certaine, pourvu que leur influence sar sa perpetration puisse etre presumee. Ici le sens du mot demence atteint la por tee qui lui a ete donnee par Zacchias, en comprenant les trois sous-genres qu il y a rattaches, l imbecillite, le delire et la folie, avec toutes leurs especes secondaires, et d6passe celle qui doit etre attribute a 1 alienation mentale.

Jusqu a la promulgation de la loi de 1838, les mots alieneset alienation mentale n avaient ete employes dans la langue du droit qn accessoirement, a titre d expres- sions propres a caracteriser le fait de la dispossession de la raison. Avec cette loi, les termes alienation mentale et aliene passerent de la langue medicale dans la langue du droit avec le sens qui leur avait ete generalement attribue depuis que Pinel, suivi par Esquirol et par la plupart des medecins francais, avait compris sous le nom generique d alienation mentale les diverses especes de troubles mor- bides de la raison qui peuvent etre rattaches a rimbecillite et a la folie.

Bien que cette loi, qui dans son caractere complexe embrasse des mesures de police et d assistance publique, des dispositions protectrices de la liberte indivi- dtielle et des regies sur les droits civils des alienes, ait etc principalement congue et discutee en vue des individus prives de la raison par suite d un etat de folie, il n en est pas moins incontestable que, dans 1 esprit des legislateurs, le sens du mot alienation mentale n ait ete entendu de maniere a embrasser aussi 1 etat d imbe- cillite, et que, dans les termes de la loi, ses diverses prescriptions ne soient reelle- nient applicables :.ux imbeciles tout aussi bien qu aux fous.


14 ALIENATION (DEFINITION).

C est ainsi que Ics ternics imbecillite, demence et furcur, quc le Code Napoleon a consacres, ont cu dans le passe des acceptions fort variables, et ont besoin au- jourd hui encore d etre interpretes pour etre mis en rapport avec Fetal de la science medicale.

Le mot fureur avail primitivemcnl dans le droit remain vine signification plus arge que cclle qui lui a cte attribute par le Code Napoleon.

L interdiction n etait admise par la loi des Douze Tables que pour les furieux.

Ciceron, en citant le fait, 1 explique et le justifie par des definitions qui ont laisse leurs traces dans la langue du droit.

L etatdc furcur, qui cquivant a un aveuglement general de la raison, differe de celui auquel correspond le mot insania, qui pour Ciceron exprime la privation de la sante de Fame par perturbation ou maladie, a peu pres dans le sens dorme par les jurisconsultes modernes au mot insanite. Si les anciens ont restreint aux inseii- ses furieux 1 application de 1 interdiction, c est parce qu ils ont pense que Finsa- nile n exclut pasl accomplissement des devoirs les plus simples et la conservation des habitudes les plus ordinaires de la vie commune.

Le Digeste a defini la fureur, a peu pres dans le meme sens, une alienation men- tale continue, entrainant la privation absolue de la raison.

Le sens du mot furieux, qui semble ainsi avoir exprime a 1 origine le plus haul degre de 1 alienation menlale, s est graduellement restreint a des categories de moins en moins lorges d individus prives de la raison, a mesure que 1 usage des mots demence et imbecillite est devenu plus frequent et qu une signification plus generale et mienx clefinie leur a ete attribute dans la langue du droit.

L emprunt fait o la langue grecque des mots manie et melancolie pour designer les principals formes du delirc dans 1 alienation mentale, en introduisant dans les donnees de 1 interpretation la consideration de la cause morbide presumee, en- traina pour un long temps une grande confusion dans les idees et le langage. Suivant Ciceron, les Latins appelaient fureur ce que les Grecs, d apres la cause, designaient sous le nom de melancolie.

Un element d interpretation moins arbitraire, eniprunte a une consideration de fait, 1 ctat d agitation on de calme, ne tarda pas a prevaloir parmi les jurisconsullcs et les medecins.

L etat d agitation fut admis comme Fun des caracteres essentiels de la manie. Suivant le temoignage de Zacchias, les jurisconsultes attribuerent exclusivement le nom de furieux aux maniaques et se servirent des mots, mente capti, pour desi gner les melancoliques ; assimilation de la fureur a la manie, qie justifie 1 ety- mologie et quc Zacchias a admise comme conforme a son opinion et a celle de la plupart des medecins.

Dans le Code Napoleon, ou le mot fureur a ete conserve en vue d un interet public, son sens est restreint a designer expressement et exclusivement ceux des individus prives de la raison dont les exces menacent le repos et la siirete publics.

A cet etat de fureur, qui, d apres leCode Napoleon, impose a la magistrature le devoir de poursuivre d office 1 interdiction des alienes dangereux, correspond dans la loi de 1858 le droit, attribue a 1 autorite publique, d ordonner d office leur sequestration.

Oucls que soient les termes employes, il y a unite de vues dans les deux legislations qui ont pour but commun de sauvegarder le repos et la s6curite pu blics centre les exces d uue meme categorie d individus prives de la raison, les alienes dangereux.


ALIENATION (DEFINITION). la

G est ce que prouve la concordance de ses prescriptions relatives a la sequestra tion et a 1 administration provisoire, facultatives on obligatoires, avec les disposi tions dn Code civil relatives a 1 interdiction, concordance qui implique dans le snjet auquel ces prescriptions sont applicables les memes conditions, c est-a-dire 1 etat habituel d imbecillite, de demence ou de fureur. Tel a etc en efiet, depuis la loi de 1858, pour les jurisconsultes, pour les administrateurs et pour la plupart des medecins, le sens du mot alienation mentale.

L aliene dangereux de la loi de 1858, le furieux du Code civil pent &re un imbecile, un idiot aussi bien qu un fou.

Tous nos asiles contiennent, en vertu de I application de la loi de 1838, sous le nom commun d alienes, des imbeciles et des Ibtis.

Les questions posees par les magistrals et par les tribunaux relativcment a la sequestration, a la capacite civile, a la responsabilite penale, emploient de plus en plus frequemment les mots alienation mentale et aliene, leur donnent le sens d uu terme generique applicable a 1 imbecillite aussi bien qu a la folie.

Les opinions des jurisconsultes peuvent etre considerees comme se resumant dans la doctrine exposee et dans les formules adoptees par M. Troplong, qui athnet que clans la nomenclature du droit 1 alienation mentale comprend trois especes 1 imbecillite, la demence, la fureur, et qu il y a concordance cntrc cettc classifi cation du Code et celle des medecins qui out rapporte a 1 alienation mentale quatre especes, la manic, la melancolie ou monomanie, la demence et 1 idiotisme.

Les differences ne porleut que sur les mots.

Voici les definitions legales des especes de 1 alienation mentale d apres 1 erainent jurisconsulte.

L imbecillite est un affaiblissement de 1 esprit qui rapproche le malade de 1 cnfance ou de 1 extreme decrepitude. La demence est 1 expression gcncriqur qui designc toutes les varietes de la folie ; c est la privation dc la raison avec ses accidents et ses plienomenes divers. Folie continue ou intermittente, folie totale ou partielle, folie tranquille ou orageuse et delirante, la demence (dementia, (( privation de 1 esprit) exprime tout cela.

Mais quand la demence est menac,ante pour la vie des autres, quand elle se repand en mouvements forcenes, en actes de ferocite sauvage, en tentalivcs san- (( guinaires, elle prend plus particulierement le nom de fureur. La surete publique prescrit en paveil cas des mesures de precaution. La fureur est 1 espece, la demence est le genre.

Toutes les especes de demences ont pour principe une malndie essenticlle de la raison, et par consequent 1 absence de deliberation, de volonte, de responsa- bilite ; il en est de meme de 1 imbecillite.

A la condition de cette interpretation des termes legaax, imbecillite, demence et fureur, qne les medecins doivent d autant mieux accepter qu ils en ont enx- memes fourni les principales donnees, la signification du mot alienation mentale se trouve defmitivement ^tre au point de vue legal la meme qu au point de vue administratif et medical, celle d un terme generique embrassant tous les etats de deposscssion de la raisou qui sont prodiiits par les diverses formes et les divers degres de 1 imbecillile et de la folie.

II est important de remarquer que cettc interpretation Jaisse en clchors de la portee des mots alienation mentale et aliene les divers troubles de la raison qui peuvent etrc prodiiits par des causes autres que Timbecillite et la folie, soil dans 1 etat pathologique, comme dans les delires febriles, sjmpathiques ou toxiquesj


j ALIENATION (CLASSIFICATION).

soil dans 1 etat physiologique, comme dans les aberrations mentales liees a la surexcitation nerveuse et aux paroxysmes des passions.

Or, parmi ces troubles de la raison, ceux qui dependent d un etat pathologiquc, bien qu ils ne puissent etre rapportes a 1 alienation mentale et qu ils ne puissent motiver ni la sequestration, ni 1 interdiction, doivent pourtant etre consideres comme exclusifs de la capacite civile et de la responsabilite penalc au moment oil ils existent. Sous ce point de vue, ils se rattachent a 1 insanite d esprit du Code civil et a la demence du Code penal.

Enfin, tout en reconnaissant que les lois n ont pu emprunter les termes intro- duits dans leurs textes qu a la langue usuelle des temps ou elles ont ete faites, qu il suffit, pour qti elles puissent etre sagement et surement appliquees, quc Ic sens des mots ait ete rigoureusement fixe au moment meme ou ils ont ete em ployes et que les lois ne peuvent se preter aux cbangements que les mots subis- sent par suite de 1 usage et du temps ; la science medicale, qni a le devoir dans toutesles questions medico-legales de subordonner son langageacelui du droitdans les conditions d une sage et judicieuse interpretation, conserve le droit de rejeter ou de n admettre qu en les modifiant les termes legaux dans ses definitions et ses classifications nosologiques, de maniere a perfectionner incessamment son propre langage et a preparer pour 1 avenir le pertectionnement de la langue du droit.

II. CLASSIFICATION NOSOLOGIQUE. Les divers etats morbides, que la science et la legislation ont reunis sous le nom generique d alienation mentale, consideres dans leur ensemble se rapprochent par un caractere commun, le fait actuel d un desordre morbide.non febrile et permanent dans les manifestations intellectuelles et morales.

Mais en realite et au point de vue nosologique, ces etats representent des mala dies de nature fort differente et doivent etre rapportes a des especes principales ou a des sous-genres qu il est important de caracteriser et de defmir.

Des longtemps, je me suis efforce de taire cesser a ce sujet toute indetermination ct toute confusion dans les idees et dans les mots.

II meparait a la fois desirable et possible, en tenant compte de 1 etat de la science, de fixer ce point dc doctrine dans la tbeorie et dans la terminologie nosologiques.

Parmi les etats d alienation mentale, il en est qui, sous les formes les plus variees, expriment essentiellement le moment actnel d un developpement mor- bide, qui a commence posterieurement a la miissance, en suivant une marchc determinee et en tendant vers une fin, la guerison, 1 incurabilite ou la mort, et qui par consequent out tous les caracteres d une maladie proprement dite.

Cette maladie, qui a pour effet principal, des son origine et durant son cours, d alterer, d affaiblir ou d abolir les facultes intellectuelles et morales, n atteint guere 1 homme qu au sortir de 1 adolescence, se manifests comme un fait accidentel de sa vie, lors meme qu clle portc le plus evidemment les traces de 1 influence d une pre disposition hei editaire, et est habituellement determinee par un concours de causes, parmi lesquellesle developpement et les exces des passions ont une partprincipale.

Cette maladie, qui comprend un grand nombre d especes ou de formes, a ete souvent designee improprement sous le nom d alienation mentale; elle merite de recevoir un nom special; et le nom dc folie, qui tend generalement a prevaloir, lui convient parfaitement et merite de lui etre nosologiquement applique.

11 y a des etats d alteration non febrile et permanente de la raison, qui ne peu vent etre rattaches a 1 existence actuelle d une maladie dans le sens propre du mot, etqui constituent en realite une infirmite congeniale.

Les individusqui ensont attaints offrent cet etat desle moment de leur (jiiliee duns


{CLASSIFICATION). 17

la vie, dont ils ne peuvent prendre possession que d une manierc plus ou moins restreinte, par suite d une insuffisance radicale dans leurs aptitudes intellectuelles et morales.

Cette insuffisance est liee a une imperfection plastique ou dynamique du deve loppement organique et fonctionnel de 1 encephale, provenant ou de vices de con formation ou d arret de developpement, ou de maladies encepbuliques survenues dans le cours de la vie intra-uterine.

II peut arriver que les conditions essentielles de cette insuffisance continuent a se produire apres la naissance, et durant la periode ou le developpement du sys- teme nerveux central prend une part si importante dans les phc nomenes generaux de la croissance.

11 peut arriver aussi que I arret de developpement organique ct fonctionnel, ou la production d etats morbides equivalents par rapport a leurs effets, ait com mence a se produire soit immediatement apres la naissance, soitpeude temps apres.

Mais dans tous les cas, la raison ne s est pas manifested clepuis le moment de la naissance jusqu a 1 epoque de la deuxieme enfance, et a partir de cette epoqiie 1 insuffisance native des aptitudes intellectuelles et morales est demeuree station- naire, constituant un etat fixe d infirmite, equivalent a une degeneration de 1 espece, auquel on applique generalement et on doit appliquer nosologiquement le nom special d idiotie.

Enfin il y a des etats d alteration non febrile et permanente de la raison, qui sont babituellement et en fait rapportes a 1 alienation mentale, ct qu on ne pent rattacher nosologiquement ni a 1 idiotie, parce qu ils se sont produits accidentel le nient durant le cours de la vie, apres que 1 individu, qui en est atteint, s rhiit trouve pendant un temps plus ou moins long en possession de la raison, ni a la folie, parce qu ils se sont produits comme effet accessoire sous 1 influence de de- veloppements morbides reellement etrangers a la folie.

II en est ainsi des etats d infirmite par diminution ou abolition des facultcs in tellectuelles et morales, qui peuvent se produire et persister a la suite de diverses maladies de Tappareil encephalique, hydropisies, hemorrhagies, ramollissements affections cancereuses, tuberculeuses, atrophies seniles ou autres, developpement d entozoaires, etc. A ces divers etats d affaiblissement permanent et durable de 1 intelligence, qui peuvent motiver 1 application des mesures legales et adminis- tratives relatives aux alienes, j ai cru devoir donner et il me parait qu on pourrail donner nosologiquement le nom d imbecillite consecutive, en vue de designer specialement des etats essentiellement dilferents de ceux auxquels conviennent les noms de folie, et d idiotie, et d eviter la confusion souvent faite dans 1 application entre les motsdemence, degre, forme de la folie, etles mots imbecillite et idiotie.

Ainsi, au point de vue nosologique, 1 alienation mentale est un ordre ou un genre comprenant trois genres ou trois sous-genres, la folie, 1 idiotie ou imbecillite congeniale et rimbecillite proprement dite ou imbecillite consecutive.

La classification secondaire des etats morbides qui appartiennent a chacun de ces sous-genres, en especes ou formes distinctes, devra etre exposee dans les articles speciaux qui leur seront consacres par le Dictionnaire.

Mais a 1 article alienation mentale il m a paru convenable de rattacher quelques considerations generates sur les principes a suiyre et sur les efforts tentes a di verses epoques pour accomplir 1 oeuvre difficile de la classification nosologique des maladies mentales.

L etat d imp:rfection dans lequel se trouve encore la classification de ces maladies

h-.n- r.sc. lil g


18 ALIENATION (CLASSIFICATION).

u est pas un I ait exceptionnel en nosologie. On peut affirmer que cct etat n est quc 1 expression d une insuffisance generale de la science en cc qui se rapporte, pour loutes les maladies, a la determination rigoureuse du nombre et de la caracteris- tique des genres, des especes et des varietes mor bides.

Ccttc insuffisance ne depend pas settlement de ce que la science n a pas encore acquis toutes les connaissances indispensables pour une appreciation parfaite dc ous les etats morbides qui petivent tomber sous 1 observation, c est-a-dire de ce [u elle n est pas encore en pleine possession de tout ce qu elle pent pretendre a savoir sur la nature des maladies ; elle depend aussi de ce qu il n y a pas un accord parfait entre les pathologistes sur 1 idee meme de 1 objet a classer, et enfin sur ce que les donnecs fondamentales de la methode a adopter en nosologie ne sont pas encore rigoureusement et unanimement fixees.

Ainsi dans les classifications nosologiques des divers etats de 1 organisme vivant qui, cxclusifs de 1 accomplissement normal des fonctions, sont generalement com- pris sous la designation de maladies, on n a pas distingue les etats qui represen- tcnt reellement un developpement morbide ayant un commencement, une marche et une terminaison, caracteres essentiels de ce qui constitue une maladie dans le sens propre du mot. On a confondu avec les maladies des etats morbides qui ne sont que des effcts, permanents et stationnaires, ou de maladies anterieures on d anomalies de developpement organique , et qui ne represented en realite que des infirmites ou des degenerations.

L omission de ces distinclions fondamentales, empruntees a la nature meme des etats morbides a classer, a generalement prive les classifications nosologiques- d une base solidc pour la construction de ces premieres assises sur lesquelles cloi vent necessairement s appuyer leurs developpements ultcrieurs.

Mais ces distinctions elles-memes dement de 1 application du principe qui doit dominer la nosologie au point dc vue de la determination des especes, dont la definition, le groupement par genres et la decomposition en varietes sont 1 objet essentiel des classifications.

Ce principe, c est que la determination des especes doit etre ibndee sur la nature meme des etats morbides.

Si ce principe, dont 1 evidence parait incontestable et dont on n a pu s abstenir de tenir plus ou moins de compte dans les classifications nosologiques de toutes les epoques, n a pas ete plus habituellement et plus generalement applique, c est que la nature des maladies, suivant la plus haute portee du mot, est le plus souvent au dela des atteintes de la science.

Les tentatives faites aux diverses epoques de 1 histoire de la science, pour deter miner les especes d apres la nature essentielle de la maladie, ont ete assez peu satisfaisantes pour que les plus sages esprils aient cru devoir y renoncer. De la les classifications subordonnees, pour leur principe dominant, soit au siege, soil a la forme du trouble fonctionnel, soit a la nature des lesions anatomiques, soit enlin a la consideration de caracteres dominants ou d ensembles de caracteres differentiels, d apres une methode empruntee aux naturalistes,

Mais si 1 essence de la maladie nous echappe, et si nous sommes peut-etre destines a 1 ignofer a jamais, au moins a-t-il ete permis a 1 analyse philosophique de saisir, dans les phenomenes de la maladie, un certain nombre d elemeuts par- faitement definis dont 1 association synthetique peut etre considered comme repre- sentant exaclement CQ qu a defaut de la connaissance de 1 essence des choses on peut U-es-justement appeler la nature de la maladie.


i CLASSIFICATION). 19

Toute maladie se manifeste par uii ensemble de phenomenes qui tombent immediatement sous les sens et qui ont regu le nom de symptomes.

Apres avoir rattache, par induction physiologique, ces manifestations, en taut que troubles fonctionnels, a des organcs, c est-a-dire a nn siege de la maladie, on a ete conduit, a 1 aide de 1 anatomie pathologiquc, a enchainer etroitemcnt les symptomes a des lesions determinees dans les organes et a obtcnir ainsi une double caracteristique de 1 etat morbide par le siege et par la nature des lesions ana- tomiques.

A aucune epoque de 1 bistoire de la science, la maladie n a pu etre consideice que comme 1 effet d une cause, et, des les premiers temps, elle a ete coneue comme se developpant dans le temps par une succession determinec de phenomenes, c est- a-dire comme ayant une marche.

La nature de la maladie, autant qu il nous est actuellement permis de 1 atteindrc, nous est en general donnee par les symptomes, par les lesions organiques et le siege, par la marche et par les causes. Et jusqu au moment ou il devient possible de fondre, pour un etat morbide donne, ces divers ordres de faits en un fait general qui leur imprime 1 unite, c est-a-dire jusqu au moment ou la theorie scientifique de cet etat morbide est definitivement obtenue et son essence, par consequent, autant que possible devoilee, ces divers ordres de faits constituent les elements de ce qu on doit appeler empiriquement, si Ton veut, mais au moins certainement, la nature de la maladie.

Ce sont ces elements qui, en attendant 1 avenement des theories definitives, doivent servir a definir les maladies et a fonder les classifications nosologiques.

G est par 1 application methodique de ce principe qu il sera possible d obtenir, pour les classifications nosologiques, une base solidement appuyee sur une deter mination rigoureusement scientifique des especes morbidcs.

11 n y a aucune raison pour ne pas considerer comme applicables aux maludie.s mentales le principe et la methods de classification qui conviennent aux autres maladies

11 est d autant plus important d insister sur ce point qu en ce qui conccrne les maladies mentales, les imperfections de classification, avec toutes leurs conse quences inevitables de confusion dans les idees et le langage, ne doivent pas etre purement et simplement attributes a ce que les classifications speciales pour ces maladies se sont trouvees entachees du defaut commun aux methodes adoptees pour la classification generate des maladies, c est-a-dire ace qu elles ont substilur, comme principe de classification, a 1 enscmble des elements qui constituent la nature des maladies, la consideration -isolee de 1 un ou 1 autre de ces elements.

Pour un certain nombre de ces classifications, une imperfection encore plus radicale a dependu ou de ce qu elles ont pris pour point de depart une conception absolument i ausse de 1 etat de maladie, ou de ce qu elles ont cherche un point d appui en dchors de la nosologie.

C est ainsi que se fondant sur la coexistence des deux substances spirituelle et cofporelle dans la nature humaine, on est arrive a concevoir 1 etat de maladie comme pouvant s appliquer a I une ou a 1 autre des deux substances et a admettre, pour les maladies mentales, une distinction entre celles qui dependent de Tame et celles qui dependent du corps.

Quels que soient les mysteres jusqu alors impenetres et sans doute impene- trables de 1 union de 1 ame au corps dans 1 homme, il est impossible de ne pas reconnoitre que 1 idee dc maladie, dans le sens propre du mot, est absolument


20 ALIENATION (CLASSIFICATION).

inapplicable a 1 ame et implique un etat qui a pour siege le corps en tant que constitue par des organes, et pour condition une alteration des fonctions, en tant que dependantes d une alteration correspondante dans les organes.

G est par un abus de mots qu on a donne le nom de maladies de 1 ame a des dispositions et a des etats qui sont absolument etrangers a la nosologie, et qui ne relevent, comme ecarts par rapport a ce qui est considere comme 1 elat normal, que de la morale ou de la physiologic .

II est important qu on ne perde jamais de vue, et on 1 oublie encore trop sou- vent dans le langage du monde et meme de la science, que les maladies mentales en general, ct ralienation meutale en parlirnlier se rattachent essentiellement et exclu>ivement a un etat du corps organise et vivant, et n expriment, par rapport aiix troubles qu ellcs entrainent dans les manifestations de 1 amc au moyen du corps, que 1 influence exercee sur la liberte et la regularite de ces manifestations par un etat du corps organise et vivant, qui exclut actuellement, par suite d une cause niorlude, le fonctionnement normal des organes.

L idiV de pivsrnce actuelle d une cause morbide agissant sur un corps organise vivant est tcllcment inherente a la conception de maladie, que c est seulement en 1 admctlant qu on peut suremcnt rattacher a la maladie, c est-a-dire au corps ma- liidc, luns Irs etats qui lui appartiennent et en detacher tons les etats quine peuvent lui a|iparlrnir, < n lanl qnc plu -nomeiics inoranx ou physiologiques.

L iirtliK iirc dr I dai inaladif sur les manifestations psychiques chezl homme, <|ni a iviidii |iu>sililc, cette invasion dans la nosologie de 1 ontologie, transportant la maladie du corps organise et vivant, ou elle existe reellement, a 1 ame quin en i >l pas capable, a motive moins illegitimement 1 introduction de la psychologic ilans la clai-Mlicalion des maladies mentales.

11 ust impossible de contester 1 importance du secours qui peut etre prete a la pathologic mentale par la psychologic. La psychologic peut venir en aide, par ses analyses ct ses mcthodes, aux insuffisances de la physiologic et de la pathologie; eclairer de ses penetrantes lumieres la filiation et 1 enchainement des phenomenes de Intelligence, du sentiment et de la volonte; fournir meme un principe de classement methodique pour les facultes de 1 ame et les manifestations qui resultent de leur deploiement dans 1 etat de sante et meme de maladie. Mais que la psycho logic aspire a fournir le principe d une classification nosologique , et a appuyer 1 espece morbide sur la consideration de la lesion de telle ou telle faculte distincte de 1 ame, c est ce qu elle a tente en effet bien des fois, mais sans succes reel et durable.

On ne peut admettre cette prevention, qui aurait pour eifet de transporter la medecine dans le domaine de la philosophic pure.

D ailleurs toute classification psychologique ne peut en definitive aboutir qu a tme classification symptomatique, c ost-a-dire a une classification inexacte et incomplete, dans laquelle les elements les plus importants de la maladie, la cause, le siege, les alterations organiques et la marche, sont subordonnes a 1 element symptomatique, c est-a-dire a ce qui, dans une conception complete de la maladie, represente 1 element le plus secondaire.

C est en tenant compte du principe qui doit dominer la nosologie, dont le but essentiel est de connaitre autant que possible la nature des maladie, et en 1 appli- quant a la determination des especes morbides d apres la consideration simultanee de tous les elements dont 1 ensemble constitue la nature des maladies, qu il a ete possible, pour le groupe des etats morbides a reunir sous le nom d alienation men-


ALIENATION (CLASSIFICATION).

tale, d instituerlestrois genres folie, idiotie et imbmllite consecutive et d obtenir ainsi cles bases reellemcnt nosologiques pour la classification seconclaire ties cspe- ces morbides a determiner, d apres le meme principe et la meme melhode, et a comprendre sous chacun de ces genres. Un rapide coup d oeil jete sur les princi- pales classifications proposees dansle passe pour les maladies mentales en general, et plus particulierement pour celles qui sont actuellement comprises sous le nom d alienation mentale, complete 1 expose de ces vues sur la methode a employer pour la classification nosologique de ces maladies, et permettra de juger en quoi ces vues se rapprocbent ou different de celles qui ont domine le mouvement de la science dans cette direction.

De 1 etude approfondie des osuvres medicales qui appartiennent a la periode greco-latine il ressort evidemmentque, dans le coursde cette periode, la nosologie mentale s est fondee sur des bases peu differentes de celles qui ont etaye les noso logies modernes.

La folie est distinguee nettement des autres maladies qu accompagne une mani festation anormale des phenomenes psychiques.

Elle est separee des delires febriles et de la phrenesie, par la chronicite et 1 apy- rexie (Celse, Aretee, Ccelius Aurelianus, Galien, Posidonius, Alexandre deTralles), et deplus par 1 absence de phenomenes convulsifs (Coelins).

Elle est distinguee, du delire qui accompagne le narcotisme et 1 ivresse, par la cause et les symptomes non febriles de ces deux etats (Aretee, Crelius); du delire senile, par les caracteres symptomatiques, la condition du developpement ct 1 es- sence de la maladie (Aretee); de l iinbecillite, par les caracteres symptomatiques et par I essence de la maladie (Galien, Aetius).

La ligne de demarcation entre I imbecillite eongeniale, idiotie, et imbeciHite ac- quise ou demence n est pas encore tracee.

Les caracteres de la demence et sa liaison avec la folie sont indiques (Aretee, Alexandre).

Les caracteres de 1 idiotie sont entrevus et distingues de ceux qui appartiennent au delire senile (Aetius).

Les deux grandes divisions de la folie, manie et melaneolie, sont consacrees et caracterisees avec beaucoup de : nettete (Hippocrate, Galien).

L identite de ces deux grandes divisions d une meme maladie est explicitement instituee par Aretee et par Coelius, implicitement admise par Alexandre.

Les caracteres constitutifs des especes de la folie sont empruntes a des conside rations d ordre divers, et tous les points de vue du sujet sout employes comme [srincipes de classification.

Ainsi 1 etat psychique general du malade fournit les caracteres les plus generaux des deux especes principales, la manie caracterisee par la fureur et la violence, la melancolie par la tristesse et la crainte (Hippocrate, Galien).

L etendue du delire fournit un point de vue propre a Aretee, qui caracterise la manie par le delire general, la melancolie par le delire partiel etl idee fixe.

Dela nature du delire on deduit des caracteres pour des especes secondaires.

Ainsi la manie est joyeuse, ou violente, ou furieuse. Laplupart des especes mo dernes sont indiquees.

La sphere du delire circonscrit dans nne des parties du domaine de Tame est en core un caractere invoque pour diifeiencier ks especes. Ainsi s etablissent les delires partiels de 1 imagination et de 1 intelligence (Celse., Galien, Posidonius); aiusi s eleve a 1 etat d espece distincte, 1 amnesie.


22 AllfiNATION (CLASSIFICATION).

Le siege principal de la maladie fournit aussi des caracteresdifferentiels.

Ainsi Coelius pense que la melancolie ne differe de la manie que par le siege principal du mal qui, pour la premiere, est 1 estomac, pour la seconde, la tete.

Galien etablit, d apres la consideration du siege, ses trois especes de melancolie generate, cerebrate et hypochondriaque. A propos de 1 cspece hypochondriaque, le germe de la doctrine des folies sympathiques est introduit dans la nosologie.

La cause essentielle de la maladie entre aussi dans les elements differentiels de Ja classification.

Des Hippocrate, la bile noire est en possession de causer et de denommer la me lancolie.

Ce point de doctrine est commun a tons les medecins de la periode, sauf Aretee, qui en limite, et Coelius, qui en nie 1 influence.

Galien fonde et systematise les especes humorales de la folie. Tous les delires sont causes par 1 alteration des humeurs et I intemperie des organes; les delires maniaques par les humeurs chaudes, la bile jaune ; les delires melancoliques par les humeurs froides,l atrabile.

L imbecillite est produite par la pituite et le refroidissement du cerveau.

La surabondance et la congestion du sang, de la bile jaune, causent les delires maniaques gais, agites, furieux, d apres Posidonius et Alexandre de Tralles.

Enfin le point de vue dynamique et psychologique n a pas echappe a 1 esprit philosophique tie Galicn qui 1 a pris pour point de depart de sa classification des maladies mentales.

Psychologique dans sa donnee fondamentale, cette classification de Galien a neanmoins revetu un caractere mixte par 1 introduction de caracteres vraiment nosologiques empruntes a la consideration des symptomes, des causes et du siege.

Galien rattache les maladies mentales a une lesion des facultes directrices, vysy.o- v./ai, de 1 ame, qui se divisent en imaginative, yavraorixfl, raisonnante, StavovjTtxij et memorative, pyj^ovsumv?, on imagination, raison, memoire.

Les lesions consistent en abolition, affaiblissement ou perversion.

L abolition de 1 imagination se manifeste dans le cams et la catalopsie, son affai blissement dans le coma et la lethargie.

La perversion cle 1 imagination produit les delires, Kapaypocvvai.

L abolition de la raison appartient a lademence, avota.

L affaiblissement de la raison semontre dans la stupidite, pwpia, etdans 1 imbe- cillite, pwpwffur.

La perversion de la raison engendre le delire.

A 1 abolition de la memoire se rapporte 1 amnesie, l^ti.

fa lesion simultanee de 1 imagination et de la raison donne naissance aux deli res, dans les cas de perversion, et a 1 amnesie, a la stupidite, a 1 imbecillite, dans les cas d abolition ou d aflaiblissement, auxquels il rattache le delire senile.

Les delires sont pyretiques, phrenetiques ou apyretiques.

Les delires apyretiques se distinguent en maniaques et melancoliques.

La manie comprend trois especes principales, suivant qu elle est joyeuse, lu- rieusc ou homicide.

La melancolie se distingue, d apres son siege, en cerebrale ou hypochondriaque; clle comprend encore les especes lycanthropique et amoureuse et les delires partiels.

Euiin il distingue les delires accidentels de cause speciale, comme dans le narco tism -! et j ivresse,


ALIENATION (CLASSIFICATION). 23

Cette classification de Galien, la premiere qui ait etc methodiquement introduce dans la nosologie mentale, 1 a dominee pendant plusieurs siecles et a laisse des traces jusque dans les classifications les plus modernes.

On en retrouve les donnees (ondamentales dans les essais de classification de Felix Plater et de Zacchias.

Dans ses efforts pour concilier la langue de la medecine avec celle du droit, Zacchias parvint a des distinctions judicieuses fondees sur de saines appreciations de la nature de I etat morbide.

II dut, en admettantune classe de maladies mentales produites par des causes surnaturelles et constituant I etat de possession, subir la pression des croyances du temps passe qui imposait a la nosologie un joug dont elle eut quelquc peine ft sedebarrasser.

Avec Felix Plater, 1 alienation mentale entra definitivement sous son nom dans la terminologie nosologique.

Felix Plater (1625) admet que les lesions des trois sens internes, imagination, raisonet memoire, dont 1 ensemble conslitue 1 intelligence, mens, peuvent se pro- duire par defaut ou par depravation et donncnt naissance a deux ordres de le sions, 1 un par defaut comprenantl affaiblissement mental, mentis imbecillitas , et 1 abolition mentale, mentis consternatio ; I autre par depravation comprenant 1 alienation mentale, mentis alienatio, et 1 anxiete mentale, mentis defatigatio.

A 1 abolition mentale il rapporte les affections soporcuses, carus, coma, lethar gic, apoplexie, epilepsie, catalepsie; a 1 anxiete mentale, l insomnie et les reves.

L etat que Plater designe sous le nom A imbecillitas mentis est une diminution dujugement, de laraison, de la memoire, qui est compatible avec I etat de sante, qui offre divers degress, qui est quelquefois hereditaire et congenial, d autres fois amene par les progress de 1 age, qui est quelquelois lie a une imperfection origi- nairedu cerveau, defaut de volume, de forme, de consistance, de temperament, et qui peut etre produit par le defaut ou Tabus d exercice dc 1 intelligence, par 1 exces et la continuite des troubles de 1 amc, enfin par des maladies dc longin 1 duree, carus, melancolie, convulsions, et meme par des causes veneneuses, phil tres et narcotiques.

Felix Plater rapporte a 1 alienation mentale les etats d alteration isolee ou simul- tanee de 1 imagination, du jugement et de la memoire, qui se traduisent ou par la pensee seule, ou par les paroles et les actions; qui proviennent tantot de causes innees,commedansl idiotie, stultitia inna ta, tantot de causes accidentelles, comme dans 1 ivresse, temulentia, par suite de 1 ingestion de substances diverses, ou comme dans la commotion de Tame, animi commotio, produite par 1 exces des passions ; ou enfin comme dans le delire, desipientia, dependant de causes internes.

Le delire sans fievre appartient a la melancolie, le delire avec fureur a la manie ou /olie; le delire associea la fievre caracterise la phrenesie.

Plater a le premier defini 1 idiotie, stultitia innata, par ses veritables caracteres, devangant, dans ce progres nosologique, non-seulement les pathologistes de son temps, mais encore, durant un grand nombre d annees, laplupart de ses succes- seurs.

11 applique le nom de stultitia a I etat de ceux qui sont nes vraiment imbeciles et prives de raison, et qui offrent, des leur premieie enfance, les indices de cet etat par lenrs gestes, leurs habitudes, leur indocilite, leur inaptitude a parler et encore plus a s acquitter des devoirs qni impliquent quelque intelligence.


24 ALIENATION (CLASSIFICATION).

II en distingue trois especes ou degres, parmi lesquels il signale comme type principal 1 idiotieendemique, observes dans 1 Egypte, le Valais et la Carinthie, qui n est autre chose que le cretinisme, dont il a donne le premier une description saisissante de verite.

Felix Plater rattache a la melancolie et a la manie la possession demoniaque ; a la melancolie, 1 hypochondrie ; a la manie, la choree et la rage.

II admet comme causes speciales de 1 alienation mentale par ivresse, le vin, 1 alcool, la biere et le houblon , et diverses substances narcotiques, jusquiame, opium, cigue, etc.

Jusque vers le dernier quart du dix-huitieme siecle la nosologie mentale de- meura a peu pres stationnaire, au moins en ce qui se rapporte a la determination des especes et a leur classification.

Une impulsion energique lui fut imprimee par la tentative de classification ge- neraledes maladies, d apres la methode des naturalistes, dont Boissier de Sauvag prit 1 initiative en 1767.

Sous le nom de vesanies, Sauvages range dans une meme classe les elats qui out jiour caractere une maladie de Tame consistant en une erreur de 1 imagination, de 1 appetit ou du jugement, hallucinations, morosites ou delires.

Les hallucinations ou erreurs de 1 esprit, nees du vice d un organe exterieur au cerveau entrainant 1 illusion de 1 imagination, forment le premier ordre, et com- prennent six genres : Vertigo , suffusio, diplopia , syrigmus , hypochondriasis, somnambulismus.

Les morosites (bizarreries) , desirs ou aversions depravees, forment le deuxieme ordre et comprennent dix genres : pica, bulimia, polydipsia, antipathia, nostalgia, panophobia, satyriasis, nymphomania, tarantismus et hydrophobia.

Le troisieme ordre est constitue par les delires, reves ou erreurs de 1 esprit et du jugement dependant d une alteration du cerveau. Cet ordre comprend cinq genres:

1 Paraphrosine (transport, alienation), delire fugace produit par un poison ou par une autre maladie ;

2 Amentia (demence), delire general, doux, sans fureur et sans exaltation, avec maladie chronique;

3 Melancholia (melancolie), delire partiel doux, avec tristesse et maladie chronique;

4 Mania (folie), delire general avec fureur, ou exaltation et maladie chronique ;

5 Demonomania (demonomanie), delire melancolique, vulgairement attribue a la puissance du diable.

Enfin, dans un quatrieme ordre de vesanies anomales il range deux genres, amnesia et agrypnia.

Parmi les nombreuses especes qu il rapporte a ces divers genres, et qu il deter mine habituellement d apres la cause ou d apres un ou plusieurs symptomes domi nants, il en est quelques-unes qui ne sont pas depourvues de valeur nosologique et qui out etc reproduites par d autres auteurs ou comme especes ou comme varietes.

Ainsi, pour la demence, il admet une espece senile et une espece so reuse ; et, tout en rapportant a la demence 1 idiotie et 1 imbecillite, il admet des especes d im- becillite consecutives a la presence de tumeurs et d hydatides cei ebrales.

Parmi les nombreuses especes de melancolie, il distingue les formes : ordinaire, amoureuse, religieuse, suicide, celle qui s associe avec la joie chez les malades qui se croieut princes, rois, dieux, melancholia moria, et celle qui s associe a la stupeur, melancholia attonita.


ALIENATION (CLASSIFICATION). 25

II admet encore les demonomanies par sorcellerie et possession. II distingue Ics demonomanies fanatique,hysterique et suicide.

II admet, sous lenom Aemania lactea, la manie puerperale.

Les classifications de Erhard (1794) et de Valenzi (1796), identiques avec celle de Sauvages pour les ordres, n en different qne tres-peu pour les genres et les especes.

Celle dePloucquet (1791) est fondeesurdes bases analogues, et a employe pour denommer les ordres, les genres et les especes, des noms qui, pour la plupart, ne pourraient qu a 1 aide de longues definitions etre compris dans le sens qui leur a ete donne par I auteur.

Cullen (1782), a 1 instar de Vogel, a exclu des maladies mentales, des vesanies, les fausses perceptions et les appetits desordonnes, hallucinations et morositcs de Sauvages et autres.

Ces derniers troubles morbides peuvent compliquer, mais non constituer les ve- sanies qui consistent essentiellement dans la lesion des facultes intellectuelles.

Cette lesion, quand elle engendre 1 erreur de jugement, est le delire, quand elle exprime 1 affaiblissement du jugement, est rimbecillite, fatuitas.

Le delire est un faux jugement produit, durant la veille, par les perceptions de I imagination ou par un souvenir iaux, et occasionnant communement des emotions sans rapport avec 1 objet qui y a donne lieu.

Quand le delire est entierement exempt de toute alfection febrile ou comaleuse, il constitue la folie.

Cullen rapporte a la folie trois genres, la manie ou folie universelle, la melan- colie ou folie partielle non accompagnee de dyspepsie, et la demence, ou faiblesse de 1 esprit relativement a la faculte de juger, par suite de laquelle les malades ne peuvent pas percevoir les rapports des objets, ou ne s en souviennent pas.

Cullen admet trois especes de manie, 1 une mentale, qui est entitlement produite par les affections de 1 ame ; 1 autre corporelle, qui depend d un vice manifeste du corps, metastatique, hysteralgique, toxique, etc.; la troisieme, obscure, qui n est precedee d aucune affection de 1 ame ou d aucun vice sensible du corps, manie vul- gaire, periodique, etc.

llrattachea la melancolie, comme especes ou varietes, lamelancolie proprement dite, la panophobie, la nostalgie, 1 erotomanie, la demonomanie, et la plupurt des especes de Sauvages.

La demence comprend trois especes, suivant qu elle est innee, senile ou acci- dentelle.

Cette derniere comprenant un grand nombre de varietes, suivant la cause ou 1 etat morbide qui ont determine 1 affaiblissement du jugement et de la memoire.

Cullen a range en outre dans la classe des vesanies, sous le nom d oneirodynie, les lesions de 1 intelligence liees a 1 etat de sommeil dans le somnambulisme et les cauchemars.

Jusqu alors la pathologie mentale etait demeuree confondue avec la pathologic generale, et la classification des maladies mentales avait ete rattachee, comme par tie integrante et subordonnee, a des systemes generaux de classification noso- iogique.

Avec Arnold commence un mouvement nouveau qui s est continue sans inter ruption, et s est de plus en plus prononce jusqu a nos jours.

La pathologie mentale se specialise, et en meme temps les classifications tendent a s appuyer sur des donnccs plus suremeiit et plus profondement cmpruntees a


96 ALIENATION (CLASSIFICATION).

( observation des maladies mentales et a Interpretation scicntifique de lour na ture,

Toutefois les vues vraiment originales ont ete rares, et dans la plupart des clas sifications nees du sein de la psychiatric, il est facile de reconnaitre I influeiice et comme la prcssion des vues et des doctrines du passe.

Arnold (1782) rapporte a une meme maladie, sous le nom ([ insanity, les affec tions qui, sous ce nom ou sous ceux de madness et de lunacy, consistent en une lesion considerable, sinon principale ou exclusive des facultes mentales, perturba tion de 1 imagination, perversion des aliections et depravation du jugement.

II separe de la folie des etats de lesion de la memoire et de 1 imagination qu il considere comme appartenantii 1 idiotisme sous trois formes principales, caracteri- sees : la stupidite, par I aneantissement presqtie complet des facultes de 1 ame ; 1 ab- sence, par 1 atfaiblissement de ces facultes et surtout de 1 attention ; 1 incoherence, par ralturolion de la faculte d association des idees. II ne rattache a la folie, que comme prodrome ou complication, 1 augmentation d activite et de puissance dans la memoire et 1 imagination ; et il en separe les divers etats psychiques qui ont un caractere moral et non medical.

Apres avoir ainsi delimite la sphere de la folie, il empruntc a la doctrine de Locke et de Hartley sur les deux sources de la connaissance humaine, sensation et reflexion, auxquclles correspondent les objets de la sensation, idees ou images, et les objets de la reflexion, notions, le principe general de sa distinction de la folie en deux genres : ideal insanity, folie dans les idees, notional insanity, iolic dans les notions, ayant tous deux pour caractere communune duree longue, sans /ievre ou avec fievre legere.

La folie dans les idees est cet etat de Tame dans lerjuel une personne imagine qu elle volt, qu elle entend , qu elle pcrcoit des personnes ou des choses qui n cxis- tent pas dans un rapport actuel avcc ses sens, ou qui n ont pas 1 existence exte- rieure qu elle leur attribue, ou sur lesquelles, si elles existent reellement, elle se forme des idees erronees et absurdes quant a leurs formes et a leurs autres qualite sensibles.

La folie dans les notions est cet etat de 1 ame dans lequel une personne voit, entend ou pergoit les objets exterieurs tels qu ils existent reellement comme objets des sens, mais concoit sur les pouvoirs, les proprietes, les intentions, 1 etat, la destination, 1 importance, le mode d existence des choses et des personnes, de soi-meme et des autres, des notions erronees et deraisonnables, en opposition avec le sens commun.

La determination des especes dans la classification d Arnold, bien que subor- dorinee a sa conception psychologique dominante, se fonde sur des caracteres symp- tomatologiques qui portent frequemment 1 empreinte d une observation pathologique exacte et juclicieuse.

Les trois premieres especes de la folie ideale, phrenetique, incoherente et ma- niaquc, ne sont, d apres lui-meme, que des formes ou des degres du delire ma- niaque. La folie incoherente correspond a la demence et a des analogies avec les diverses especes de 1 idiotisme.

A la quatrieme espece, dont le caractere dominant est 1 idee d une transforma tion de la personne, il a donne le nom de sensitive, parce qu il croit que 1 idee fausse a sa source principale, sinon exclusive, dans des errcurs des sens.

Pour la folie dans les notions, Arnold definit et denomme neuf especes princi pales comprenant un grand nombre de varietes.


ALIENATION (CLASSIFICATION). 27

II caracteYise : la folic illusoire, delusive, par 1 existence d une illusion evidcnte et extraordinaire dans une intelligence d ailleurs saine ;

La folie fantasque, whimsical, par des imaginations bizarres et absurdes, avec craintes et scrupules;

La folie imaginative, fanciful, par une suractivite et un deployment immodero de 1 imagination ;

La folie impulsive, par 1 entrainement irresistible a des actions ou des paroles impudentes, inconvenantes, deraisonnables, impertinentes, ridicules ou absurdes;

La folie a projets, scheming, par 1 opinion exageree d aptitudes exceptionnellrs et la formation de projets et d entreprises .dans les diverses directions de Tactile intellectuclle;

La folie orgueilleuse, vain or self important, parunevanite ridicule et puerile;

La iolie hypochondriaque, par la preoccupation incessantc ct chagrine de 1 etat de la sante ;

La folie patbetique, par la domination complete et exclusive d une passion, d ou Arnold derive la distinction de seize formes ou varietes ;

La folie instinctive, appetitive, par un desir immodere et ingouvernable de satis- faire un appetit qu Arnold restraint a 1 appetit venerien, sous les deux formes safy- ] iasis et nymphomanie.

Weickard (1790) distingua les maladies de 1 ame en deux grandes classes, cclles de 1 intelligence et celles du sentiment. 11 rapporta aux maladies de I inlclli;-:. IK e neuf genres, parmi lesqucls six soat caracterises par 1 augmentation ou la dmn nution de 1 imagination. de 1 attention oude la conception, deux par la diminution de la memoire et du jugement; le neuvieme constitue la folie proprement dite, qui comprencl la melancolie et la manie.

Les maladies du sentiment sont par lui distinguees en celles qui s accompagnent de 1 exageration, de 1 exaltation, ct celles qui s accompagnent de la diminution, de la depression du sentiment. Cinq especes pour la premiere categoric et sept pour la seconde sont determinees d apres des caracteres dominants empruntes aux diverses passions de 1 ame.

Chiarugi (1795 a 1794) reconnait s etre inspire des vues de Cullcn pour la fon- dation de sa doctrine sur la folie, pazzia.

De ce genre de maladies il exclut non-seulement les hallucinations, les moro- sites, les troubles accidentels ou febriles de la raison, mais encore les affections, liees a 1 etat de sommeil,rattachees par Cullen aux vesanies.

U rapporte exclusivement a la folie les erreurs de jugement et de raisonnement dependantes d une affection idiopatbique du sensor ium commune, non accom- pagnees d une fievre primitive ou d une affection comateuse.

II admet trois genres de folie : la melancolie, folie partielle et limitee a un ou quelques objets; la manie ou folie generale, accompagnee d audace et de fureur dans les actes volontaires; la demence, on folie generale ou presque generale, avec irregularite d action des facultes intellecluelles et de la volonte, mais sans emotions.

II assigne a la melancolie trois especes : la melancolie vraie, accompagnee de crainte et dc tristesse; la melancolie fausse, accompagnee de calme et de gaiete; la melancolie lurieuse, accompagnee d audace et de fureur partielle.

Cinq especes de manies sont caracterisees par leurs causes determinantes : la

eiitale, par une action immediate de 1 ame; la reactive, par une debilite de iorce

oerveuse; la plethorique, par 1 exuberance du sang dans le systeme vasculaire ;


28 ALIENATION (CLASSIFICATION).

1 immediate. par la stimulation acluelle et immediate du cerveau par des matieres morbicles ou heterogenes ; la sympathique, par 1 affection de quelque partie en connexion nerveuse avec le sensorium commune.

Enfin Chiarugi distingue deux especes de demences : 1 une active, accompagnee d une certaine mobilite, d un certain enchainement, bien que defectueux dans les idees; 1 autre passive, accompagnee de lenteur et d indecision dans les acles volon- taires et de lenteur dans les operations intellectnelles.

Chiarugi signale, pour chacune des especes de ces trois genres, des varietes qui reproduisent la plupart des especes de Sauvages.

En 1800, la classification de Pinel inaugura en France le point de depart de la psychiatric du dix-neuvieme siecle.

Cette classification, qui rapporte a 1 ulienation mentale quatre especes : la manie, la melancolie, la demence et 1 idiotisme, ne se recommande ni par son originalite, ni par sa perfection. Elle represents neanmoins, par quelques cotes importants, un veritable progres.

Ainsi Pinel determine plus rigoureusement et plus exactemcnt la sphere nosolo- gique de 1 alienation mentale. En elfet, il en exclut di verses nevroses telles que I hypochondrie, 1 hysterie, les hallucinations, qui peuvent exister sans trouble de la raison, et il ne les rattache a 1 alienation mentale que comme complications eventuelles.

II rejette les especes fondees sur la consideration de lesions particulieres des facultes mentales, qui ne sont en realite que des symptomes appartenant en com- mun aux diverses especes ou aux diverses periodes des memes especes, et qui ne doivent servir que comme autant de caracteres distinctifs propres a faire connaitre et a tracer fidelement I liistoire des especes dans toutes leurs varietes. II reconnait, chez le meme malade et dans la meme maladie, le passage de 1 une des especes a 1 autre. Enfin, il admet, comme base de la determination des especes et comme criterium de leur legitimite, 1 observation directe des malades reunis en nombre considerable dans les asiles d alienes. Ce sont la des vues dont la sagesse ne peut etre meconnue, et dont la judicieuse application est la condition du perfectionne- ment de la classification des maladies mentales.

Les caracteres assignes par Pinel a ses quatre especes sont loin d etre irrepro- chables. II definit la manie par la nature generale, la melancolie par la nature exclusive du delire; et, contrairement a sa definition essentielle, il rattache a la manie, sous le nom de manie sans delire, des etats d alienation mentale qui n ol- frent a aucune epoque aucune lesion de 1 entendement, et qui sont domines pai une sorte d instinct de fureur, comme si les facultes affectives seules avaient ete lesees. Par la il fait retour aux distinctions anterieurement admises entre les mala dies de 1 intelligence et du sentiment, et autorise les developpements ulterieuve- ment donnes aux formes affectives de la folie.

Les especes demence ou abolition de la pensee, et idiotisme ou obliteration des facultes intellectuelles et affectives, ne sont, dans la classification de Pinel, ni sul- fisamment separees, ni exactement caracterisees, et il en resulte une confusion de 1 idiotie congeniale avcc des etats morbides qui en different essentiellement; et, sous ce point de vue, une retrogradation de la science iusqu au dela de Felix Plater.

L honneur d avoir restitue d une maniere definitive a 1 idiotie ses veritables caracteres appartient a Esquirol (1816), qui, prenant pour point de depart la clas sification de Pinel, lui fit subir plusieurs modifications importantes, et lui donna


Y 1 IUV1 ^CLASSIFICATION j. itV

une forme sous laquelle elle a domine jusqu a nos jours la nosologie mentale en France et meme a 1 etr anger.

II est juste, toutefois, de reconnaitre que, des 1812, Ri-ish avail propose une classification qui exprime des vues fort analogues a celles qui servent de base a la classification d Esquirol.

Rush distingue les maladies mentales en partielles, comprenant la tristimanie et I amenomanie, et en generates comprenant trois especes ou degres de la manie, et, en outre, 1 incoherence ou demence, et I imbecillite, fatuitas.

Esquirol, substituant la folie a 1 alienation mentale comme appellation commune, admet cinq genres de folie :

1 Lypemanie (melancolie des anciens), delire sur un objet ou un petit nombre d objets, avec predominance d une passion tnste et depressive;

2 Monomanie, dans laquelle le delire est borne a un seul objet ou a un petit nombre d objels, avec excitation et predominance d une passion gaie et expansive ;

5 Manie, dans laquelle le delire s etend sur toutes sortes d objets et s accom- pagne d excitation;

4 Demence, dans laquelle les insenses deraisonnent parce que les organes de la pensee ont perdu leur energie et la force necessaire pour remplir leurs fonctions ;

5 Imbecillite ou idiotie, dans laquelle les organes n ont jamais ete assez bien confonnes pour que ceux qui en sont atteints puissent raisonner juste.

Sur cette base, par suite des travaux d Esquirol Ini-meme ou des alienistes sortis de son ecole, se sont developpees des determinations nosologiques devarietes, de formes ou meme d especes secondaires, qui ont reproduit des distinctions deja emises, qui en ont institue de nouvelles, telles que la demence aigue d Esquirol, stupidite de Georget et de M. Etoc-Demazy, qui ont donne naissance a la doctrine fort controversee des monomanies sans delire ou purement instincjives, et qui out ete le point de depart d etudes importantes sur la paralysie generale des alienes, concue comme une complication de 1 alienation mentale, et rapportee a la demence par Delaye (1824), a la monomanie par Bayle (1826), a 1 une ou a 1 autre des especes de la folie, demence, monomanie, manie et meme melancolie, par Calmeil (1 826) etFoville (1829).

Au sujet de ces etudes sur la paralysie generale, il y a lieu de remarquer une premiere tendance ;\ introduire dans la nosologie, comme condition de la determi nation des especes, les alterations anatomo-pathologiques, la paralysie generale etant rattachee par M. Bayle a lameningite chronique, par MM. Foville et Delaye a 1 induration de la substance blanche cerebrale, et par M. Calmeil a un etat dc phlegmasie chronique du cerveau, qu il a depuis caracterise et defini sous le nom de peri-encephalo-meningite chronique.

C est en tenant compte de cette vue que Bayle se crut autorise a fonder une doc trine des maladies mentales sur la distinction de celles qui dependent d une phleg masie chronique primitive des membranes du cerveau, c est-a-dire, suivant lui, la plupart des alienations mentales, de celles qui sont determiners, dans quelques alienations tres-rares, par une irritation specifique ou sympathique du cerveau, et ; dans un certain nombre de manies et de melancolies, par une lesion profonde et durable des affections morales.

On retrouve les donnees essentielles de la classification de Pinel, et surtout d Esquirol, dans les diveises classifications mises au jour en France par Foderc, Dubuis on, Cbambejron, Foville, Ferrus; en Angleterre, par Burrows, Prichard, Coaolly ; en Aiiemagne, par Jacobi, Zeller.


50 ALIENATION (CLASSIFICATION).

Dans la classification proposee par M. Foville, en 1829, on trouve i cmpremte do vues originales d une reclle importance.

Ainsi M. Foville, prenant pour types de la folie simple les quatre especes : ma- nie, monomanie, demencc, idiotie, dont les caracteres sont exclusivement donnes par le desordre inlcllcctuel, en distingue deux grandes classes caracterisees par 1 association du desordre intellectucl a des lesions de la sensibilite ou a des lesions des mouvements.

II admet, pour la classe des desordres intellectuals compliques de lesions de la sensibilite, quatre groupes distincts, suivant que les organes de la sensibilite sont ou ne sont pas leses, et pour la classe des desordres intellectuels compliques de lesions de mouvement, deux groupes, suivant que la lesion du mouvement dans les quatre especes loadamentales, manie, monomanie, demence, idiotie, est la para- lysie generate ou Tepilepsie.

Parmi les classifications qui s ecartent plus ou moins radicalement des bases adoptees par Pinel et Esquirol au commencement du dix-netivieme siecle, celle de Heinroth merite d etre signalee, surtout a raison du developpement methodique donne a un principe fondamental exclusivement emprunte a la consideration de la forme de 1 etat psychique.

Dans ce systeme, 1 idee de la classe s appuie sur la nature generale du trouble psychique, dont 1 essence, defaut durable de volonte et de raison, caracterise la vesa- nie, Seelenstorung .

L idee de 1 ordre est empruntee au degre du trouble morbide psychique, exal tation, depression ou etatmixte, hypersthenies, asthenies, hyper-asthenies.

L idee du genre est deduitc de la difference generique des affections, suivant qu elles peuvent etre rapportees a 1 ame, Gemuthsstorungen ; a 1 esprit, Geistes- storungen; a la volonte, Willensstorungen.

L idee d espece correspond aux differences specifiques des affections dans les etats morbides simples ou composes de 1 ame, de 1 esprit, de la volonte.

Enfin, 1 idee de variete est empruntee a la consideration d accidents dominants et permanents dans 1 etat morbide propre a chaque espece.

Ghacun des trois ordres comprend trois genres, dont les denominations ct les definitions offrent de 1 interet, non-seulement comme exemples de 1 application du systeme de classification, mais encore comme moyens de faciliter 1 intelligence des ouvrages publics en Allemagne sur la psychiatric .

A 1 ordre des hypersthenies, des exaltations, se rapportent les genres sui- tants :

Premier genre : Wahnsinn, ecstasie, extase. Defaut de liberte de 1 ame avec exaltation du sentiment et de 1 imagination : etre hors de soi, rever dans 1 etat de veille.

Deuxieme genre : Verrucktheit, paranoia. Defaut de liberte de 1 esprit avec exaltation de la faculte de penser; perversion des idee* par des sensations non interrompues.

Troisieme genre Tollheit, mania, manie. Defaut de liberte de la volonte avec exaltation d elle-meme; penchant a la destruction.

L ordre des asthenies, des depressions, comprend :

Premier genre : Melancolie. Defaut de liberte de 1 ame avec depression du sentiment et de 1 imagination; concentration triste en soi-meme.

Deuxieme genre : Blodsinn, anoia. Defaut de liberte de 1 esprit avec ddpressiori de la faculte de penser, perte des notions.


JL JLUII ^uuaum. ..AT10N ). 01

Troisieme genre : Willenlosigkeit, abulia. Defaut de liberte dc la volonte avcc depression d elle-meme; incapacite de determination a agir. An troisieme ordre d affections mixtes appartiennent : Premier genre : Wahnsinn, melancolie. Defaut de liberte de 1 ame, avec ctats altcrnatifs d extase et de melancolie.

Deuxieme genre : Verwirtheit. Deiaut de liberte de 1 esprit, avec confusion des idees et incapacite de les diriger par suite de 1 affaiblissemcnt du pouvoir de con- cevoir les choses du monde exterieur.

Troisieme genre : Schene, athvmia. Defaut de liberte de la volonte, avec ten dance a fuir devant tout sujet d effroi.

Les especes et varietes, rapportees a chacun de ces genres dans la classification de Heinroth, sont tres-nombreuses, et reproduisent le plus souvent les distinctions deja admises par les auteurs.

Pour donner une idee complete de la methode, il suffira d indiquer 1 application qu il en a faite au genre melancolie.

11 admet quatre especes, suivant qu elle est simple, generale, et associee a 1 alte- ration ou dujugementou de la volonte, et deux varietes, la nostalgic el la melan colie religieuse.

EnlSdO,Fantonettia systematise la donnee fondamentale de 1 ctenduedii delire

dans une classification de la folie, pazzia, qui comprend trois genres, la folio

particlle, monomania, la folie multiple, Poll/mania et la i olie generale oloinuitiu.

11 a ibnde les especes sur la consideration de 1 etat dc calme, d agitation ou de

paralysie.

II a admis deux especes de monomanie, 1 une furieuse, 1 autre tranquille. Et, pour cbacun des deux genres polyrnanie et olomanie, il a institue cinq especes, furieuse, tranquille, paralytique, mixte furieuse, mixte tranquille.

Guislain, en 1835, a forme, pour designer les maladies mentales, le molphreno- pathies et pour caracteriser huit especes autant de mots nouveaux, la melancolie, luperophrenie ; lamanie, hyperphrenie; la folie, paraphrenie; 1 extase, hyper- plexie; les convulsions, hyperspasmie; le delire, ideosynchysie ; la revasserie, anacoluthie ; et lademence, noasthenie. 11 a admis que ces diverses unites mor- bides peuvcnt se combiner enlre elles de maniere a constituer des etats complexes, dont il s est efiorce de donner des exemples, dans lesquels il est bien diificile de trouver la justification de ses vues.

L insuffisance de tant d eflorts, qui a motive depuis un quart de siecle et qui motive encore aujourd hui de nouvelles tentatives, me frappa vivement a 1 epoque (1858) ou j avais besoin de rattacher a des types nosologiques definis et constants les resultats de mes recherches sur 1 alienation mentale.

Je ne tardai pas a me convaincre que 1 insuffisance des classifications ne pouvait s expliquer que par 1 imperfection des methodes, et que ce qu il y avail de plus urgent, c etait de rechercher et de defmir les conditions de la methode a 1 aide de laquelle il serait possible de constituer scientifiquement des especes reellement nosologiques.

Des conditions memes de 1 insucces dans les nombreuses classifications qui etaient sous mes yeux, je pus immediatement conclure que le principe d une clas sification des maladies mentales devait etrc puise, iron pas dans la psychologic, maisdans la nosologie; et qu une classification nosologique, ne pouvait, sous peine d insuffisance ou d erreur, se fonder exclusivement ni sur la symptomatologie, ni 5ur 1 aiiaitunie patliologique, ni sur 1 etiologie pioch.iinc- ou eloignee.


32 ALIENATION (CLASSIFICATION).

J entrepris d appliquer a la classification des maladies mentales mes vues noso- logiquessur la nature de la maladie, et je fis sortir immediatement de cette appli cation la definition de 1 alienation mentale et la determination de ses trois genres folie, idiotie, imbecillite consecutive. Tout en reservant pour 1 ouvrage didactique, que des lors je preparais, le developpement systematique d une classification aussi complete que possible, je crus pouvoir determiner, d apres le meme principe et la memo methocle, pour chacun de ces genres des especes principales.

G est ainsi que pour la folie j admis une premiere espece, la folie simple carac terisee, pour les symptomes, par 1 absence de toute alteration de la motilite ; pour les alterations anatomo-pathologiques, par 1 absence de toute alteration cerebrale constante et speciale ; pour les causes, par la predominance des causes morales ; pour la marche, par la tendance, dans les cas de non-guerison, a la transformation du delire actif en un etat detinitit d affaiblissement des facultes intellectuelles et morales.

A la periode aigue du developpement morbide dans la folie simple, je rattachai les nombreuses formes et varietes qui ont ete rangees sous les denominations prin cipales de manie, melancolie el monomanie ; a la periode chronique, je rapportai les divers degres et les diverses formes de la demence.

L exislence de certains elements morbides speciaux, qui n appartiennent pas a la lolie simple, me parut caracteriser un groupe distinct d especes, auquel j atlribuai le nom commun de folie composee ; et j admis tout d abord dans ce groupe trois especes nosologiques distinctes: la folie paralytique, caracterisee par 1 associationdu delire, sous des formes variables, a un developpement constant d alteration gene- rale de la motilite, et par 1 existence d une alteration constante et pathognomo- nique de la coucbe corticale cerebrale ; la folie epileptique caracterisee par 1 exis- tence d acces d epilepsie, causes et point de depart du trouble permanent de la raison. A ce groupe, je rattachai la folie convulsive, alcoolique, delirium tremens des auteurs, caracterisee par sa cause 1 intoxication alcoolique, par ses symptomes le tremblement inusculaire et les illusions speciales des sens, par sa marche aigue et sa tendance a la guerison par le simple fait de la cessation de la cause.

Pour le genre idiotie, je me suis contente d indiquer qualques distinctions spe- cifiques, d apres 1 etat de simplicite ou de complication avec la paralysie ou 1 epi- lepsie, reservant la question des causes et de la condition sporadique ou endemique qui justifie la distinction de 1 icliotie ordinaire et du cretinisme.

Pour le genre imbecillite consecutive, j ai separe par la cause, la marche et la nature des alterations pathologiques, I imbecillite senile des imbecillites conse- cu lives a diverses maladies cerebrales.

Sans meconnaitrela valeur et 1 importance des travaux plusou moins recemment entrepris, pour le perfectionnement de la classification des maladies mentales, par divers alienistes distingues et notamment par MM. Falret, Brierre de Boismont, Scipion Pinel, Baillarger,Delasiauve, Morel, etc. etc., je persiste a croire qu on ne parviendra a des resultats, aulanl que possible defmitifs, qu en se conformant aux principes que j ai poses et a la methode dont j ai essaye 1 application.

Pour la determination des especes et meme pour leur subdivision en varietes ou en formes, on devra tenir compte de 1 ensemble des elements morbides, et ainsi pourronl seconstituer defmitivement diverses especes, varietes ou formes nosologi ques et se confirmer quelques-unes de celles qui ont ete signalees par les auteurs, iiotamment la folie puerperale, la folie hysterique, la folie erotique, la folie pella- , la folie hypochondriaque, la folk suicide, la folie affective, la folie periodique


ALIENATION (STATISTIQUE). 33

intermittente de divers auteurs, circulaire de M. Falrct, a double forme dc M Bail- larger, la manie sans delire dc Pinel, monomanie raisonnante d Esquirol, folie lucide de M. Trelat, la folie hereditaire de M. Morel, la folie saturnine de Tan- querel des Planches, etc.

Dans les generalites qui vont suivre sur 1 alienation mcntale, ce qui so rapporte a la Symptomatologie, a 1 Anatomie pathologique, a la Marche et aux Terminal- sons, a 1 Etiologie, au Diagnostic, au Pronostic, a la Therapeutique eta la Patho- genie, sera expose avec tous les developpements indispensables, dans les articles FOLIE, IDIOTIE et IMBECILLITE ; et on trouvera le complement neccssairc de la pa thologic de 1 alienation mentale, pour loutes les particularitcs qui s y ratachent, dans les articles specialemeut consacres au CRETINISME, a la DEMENCE, a la MANIE, a la MELANCOLIE, a la MONOMANIE et a la PARALVSIE GEJNERALE.

Auteurs cites. HUTOCRATE. De morbo sacro (I auteur rejette 1 idee de 1 intervention di vine, et place dans une lesion du cerveau et 1 epilepsie et les desordres intellectuels). CELSE (A. C.). De re medica. Lib. Ill, c. xvm. ARLTEE. De causis et signis diut. morborum. Lib. I, c. v, vi. GALIEX. Detocis affectis. Lib. Ill, c. vi, vn, ix, x. Du MEME. De cognos- cendis curandisqne animi affectibus, et in Aetius. POSIDONIUS. .. in AETIUS. 3 edic. Tetrab. II, sermo II, c. vm, ix, x, xi. ALEXASDRE DE TRALLES. De arte medica. Lib. I, c. xvn. - PAULD EGINE. De arte medendi. Lib. Ill, c. xiv, xv, xvi, xvn. PLATER (F.). Praxeos medico;. Defunctionum Ixsionibus. Lib. I, c. i, n, in, t. I. Basilece, 1656, in-4. ZACCIIIAS (P.). Quxs- tiones medico-legates. Lib. II, tit. I. Amstelod., 1651, in-fol. SAUVAGES (Fr. Boissier de). Nosologia metlwdica, VIII 1 classis, Vesanise. GULLLN (W.). Elements de mid. pratique. 2 e partie, 1. IV. Des Ve sanies. PLOUCQUET. Delineatio system, nosol. T. II, p. 403, 452. Tubingsc, 1191, in-8. EKHARD. Versuch uber die Narrheil und Hire ersten Anfange. In Wagner s Beitragen zur philos. Anthrop., t. I, p. 100, 1794, et in Hopfs Comment, der neuern. Arz-n., t. V, p. 286. Tubing., 1800. VALENZI. Completum et meth. botan. proposit. syst. morborum. Brim., 1796. Pour Arnold, \Vcikard, Chiarugi, etc., voycz plus bas la bibliographic relative aux classifications particulieres (p. 46), et aux traites generaux sur 1 alienation mentale (p. 48). E. BGD.

t

III. Statistique. Un grand nombre de questions relatives a 1 alienation men- tale, dont la solution a une importance considerable pour la science et Tadminis- tration, impliquent des donnees de fait qui ne peuvent etre obtenues que par la statistique.

Les recherches entreprises dans cette direction, dont Esquirol a donne 1 un des premiers 1 exemple, ont pris un developpement considerable depuis un quart dc siecle, en France et a Vetranger. Si Ton ne tenait compte que du nombre des fails, les resultats obtcuus pourraient deja eLre consideres comme tres-satisfaisanls. Mal- heureusement ces fails ,a raison de 1 imperfection el de la difference des methodes employees pour les obtenir, sont loin d offrir les caracteres de donnees parfaitc- ment definies et rigouieusement com parables, qui seules pourraient leur commu- niquer une valeur reellement scientifique.

Celte insuffisance des documents numeriques, qui interdit presque absolument d en tirer parti pour la solution definitive de la plupart des questions secondaires, s etend meme jusqu aux donnees applicables au probleme le plus general de la statistique de 1 alienation mentale : quelle est la relation du nombre des alienes avecle chiffrede la population, dans les diverses agregations humaines?

jo Proportion des alienes a la population. Les essais de determination du rapport des alienes a la population , qui ont ete lentes a diverses epoques et dans divers pays, n ont pu avoir que les caracleres d evaluations approximates, quand ils ont pris pour base le deuombrement des alienes existant, a un moment donne, dans tous les etablissements d aliunus d une circonscription territoriale. DICT. E.VC. III. 3


,4 ALIENATION (STAIUTIQUB).

Un tcl denombrement n a pu et nc pent reellement fournir que la mesure de 1 ctcndue donnee au traitement de 1 alienation mentale par le moyen de la seques tration dans les asiles, et par le secours de 1 assistance publique.

Ce n est qu en ajoutant a cette donnee celle qui peut ctre acquise par le recen- sement des alienes a domicile, qu il est possible d obtenir pour 1 evaluation du rap port de 1 alienation a la population line base, dont la solidite n est pas encore dans ces conditions tout a fait irreprochable. Si le denombrement des alienes existants dans les asiles fournit des resultats d une certitude incontestable , il n en est pas de meme du recensement a domicile, qui offre une double chance d inexactitude dans le defaut de soin de la part de personnes peu aptes a constater les fails, et dans le defaut de sincerite de la part de families interessees a les cacher.

Pour un grand nombre de recensements, une autre condition d infirmation de leur valeur scientifique depend de i indetermination des faits qui restreint souvent etannule quelquefois toute possibilite d application utile.

Ainsi, il est arrive qu on ait compris clans I alienation mentale des maladies etrangeres, par exemple I epilepsie. Ce n est qu assez recemment qu on a distingue dans les recensements la folie de 1 idiotie. Et encore la distinction de ces deux genres d alienation mentale n a-t-elle etc souvent rien moins que solide en dehors et meme au dedans des asiles.

Les resultats snivants sont empruntes a des documents qui out porte sur les alienes recenses a la fois dans les asiles et a domicile, et qui out distingue dans les fails constates ceux qui appartiennent a la folie et a 1 idiotie.


PAYS.


DATE DU RECEN- SEME.VT.


NOMDHE TOTAL POOR LES DEUX SEXES


POPULATION.


pn

SUR l<

mi

FOLIE.


OPORTI 100 HAi:i

-

IDIOT1E.


ON TANTS

-

ALIENA TION MENTAL*


FOLIE.


1DIOT1E.


ALIENA TION MENTALE


Baviere


1858 1856 1858 1861 1853 1858 1856 1855 1847 1855 1850 1860 1860


2631

1881 1287 1497 1917 4201 35031 4800 1737 2692 15010 610 113


2243 1203 910 4479 5740 2274 25259 2605 2019 2579 15787 923 960


4874 3084 2197 5976 5657 6475 60290 7403 5756 5071 31397 1553 1075


4.614.850 1.819 560 3.269.613 2.226.000 1.810.240 4. 552. 51 HI 56.059 50 i 2.916.800 1.591.100 1.490.047 23.191.876 194.208 150.504


0,57 1,03 0,59 0,67 1,05 0,92 0,99 1,64 1,25 1,80 0,00 3,14 0.80


0,49 0,06 0,27 2.1)1 2.07 0,50 0,68 0.90 1,45 1,00 0,09 4,75 7,75


1,06 1,69 0,67

2,08 312 1,42 1,07 2,54 2.70 5,40 1,55 7,89 8,22



Silesie prussienne. . . Saxe



France



Norvepre ....



Argovie.. . ....


Lucerne



Ces resultats confirment, en les rectifiant et les ramenant a des proportions moins demesurees, les donnees anterieurement obtenues sur 1 existence de diffe rences considerables entre les diverses contrees, relativement a la frequence de I alienation mentale.

Les extremes de difference s expriment dans ces resultats par 1 intervalle du mi nimum 0,67 sur 1000, Silesie prussienne, au maximum 8,22 sur 1000, canton de Lucerne.

Ces resultats mettent en outre en evidence un fait dont j avais deja signale la realite et 1 impovtance a divers points de vue, et principalement au point de vue eliologique, 1 indepcndance du rapport de frequence et meme le con (Taste en sens


ALIENATION (STATISTIQUE). %l>

inverse de ce rapport pour les deux genres de 1 alienation mentale, si profonde nient dilterents par leur nature, la folie et 1 idiotie.

Les proportions de la folie et de 1 idiotie, loin de suivre une ligne parallele do maniere qu en general le nombre des fous et des idiots vane a pen pres egalc- mcnt avec le nombre total des alienes dans les divers pays, se developpent au contraire sur des lignes tres-divergentes.

Ainsi, dans le canton de Lucerne, ou la proportion des alienes est tres-conside- rable, 8,22 sur 1000, la proportion de la folie est absolument et relativement faible 0,86.

Dans 1 etat de Massachusets, ou la proportion des alienes s eleve a 3,50, la pro portion des idiots n atteint que 0,96, etest de plus de moitie inferieurc a celle de- fous.

Enfin le nombre des idiots, sensiblement inferieur a celui des fous dans la majo- rite des divers pays, se rapproche de 1 egalite dans plusieurs, Baviere, Wurtem- berg, et devient tres-notablement superieur dans quelques-uns, Saxe, Danemark, Argovie, Lucerne.

On pourrait ajouter a cette derniere categorie de contrees, ou 1 idiotic domine en frequence la folie, la Savoie et la province d Aoste, et mettre par la en relief la principale cause du fait, 1 existence dans ces contrees de 1 idiotie sous forme ende- mique, c est-a-dire du cretinisme.

C est par la coni|>araison des donnees obtenucs avec certitude sur la proportion des alienes a diverses epoques dans un meme pays, qu il serait possible de verifier, au moins pour ce pays, 1 opinion assez generalement accredited sur la realile d un accroissement graduel et continu dans la proportion ties alienes depuis un certain nombre d annees.

Tout en remarquant que cette opinion s est surtout etablie d apres la considera tion d un fait qui n a rien de concluant et dont les causes specialcs peuvent etrc defmies, 1 augmentation graduelle et continue qui s est reellemcnt et generalement produite dans le nombre des alienes existant dans les asiles, il est impossible de mcconnaitre son importance, et il est regrettable que la science ne soit pas encore en possession des donnees propres a la verifier.

On n a en effet qu un tres-petit nombre de resultats de recensements, pour des epoques un peueloignees dans un meme pays; et la comparaison des fails constates d une periode a 1 autre, qui permet de reconnaitre une augmentation dans les chiffres absolus, est loin d auloriser avec certitude une conclusion sur la realite dc 1 augmentation. II y a lieu en effet de tenir compte non-seulement des variations de la population, mais encore des imperfections deja signalees dans les moyens et les methodes de recensement, et surtout de 1 influence exercee sur les resultats pour augmenter les nombres, par le perfectionnement de ces moyens et de ces me thodes dans les recensements les plus recents.

. J emprunte a une publication de M. Legoyt, dans le Journal de statistiquej des faits qui offrent de 1 interet, tout en laissant la question encore indecise.

Les resultats de recensements decennaux, de 1825 a 1855, pour la Norvege, seraient de nature a demonlrer la realite du fait de 1 accroissement du nombre des alienes, si 1 importance de 1 ecart d une periode a 1 autre, la simultaneite de 1 accroissement pour 1 idiotie et la folie, n attestaient pas, avec la plus entiere evi dence, 1 influence d une exactitude de plus en plus grande apportee dans les con ditions des recensements.

De 1825 a 1855, durant une periode detrente ans^ les chiffres se seraient cloves


56 ALIENATION (STAT ISTIQUE).

de 1909 a 5071 pour 1 alienation mentale, de 1229 a 2692 pour la folie, et de 680 a 2579 pour 1 idiotic; c cst-a-dire que 1 accroissement aurait ete de plus du double pour la folie et de pres du quadruple pour 1 idiotie.

Trois recensements, de 1855 a 1861, en Saxe, offrent ceci de remarquable, que le nombre total des alienes demeurant a peu pres le meme, celui des fous aurait un peu diminue. tandis que celui des idiots aurait un pen augmente.


SAXE


FOLIE


IDIOT1E


AUE.VATIO.N

^i


MENTALS. ii

PROPORTION



moron now



PROPORTION



NOMBKE.


SDK 10UO HAB.


NOMURE.


SUR 1000 HAB.


NOMBRE.

5517


SUR 1000 HAB.


1855. . . .


1518


0,74


5999


1,94


2,68


1858. . . .


1457


0,68


3945


1,85


5402


2,53


1861. . . .


1497


0,67


4479


2,01


5976


2,68


G est dans un sens contraire que le mouvement se serait produit, de 1825 a 1855, dans 1 Etat de New-York, ou 1 accroissement absolu du nombre des alienes se serait truduit, dans ses rapports avec la population graduellement croissantc, par un accroissement de proportion pour la folie et par un decroissement pour l idiotie.


M-:\%-YOKH


FO

^


LIE i PROPORTION


IU11

^ .


TIE

1 !!

PROPORTION


ALIENATION BENTALE



PROPORTION



NOMURE.


SUR 10UO HAB.


SOMBRE.


SUR 1000 HAB.


NOJIBRE.


SUR 1000 HAB.


1825. . . .


1819


0,53


1421


0,88


5240


1,41


1835. . .


2051


0,44


1484


0,68


3535


1,12


1845. . . .


2168


0,83


1620


0,56


3788


1,59


1850. . . .


2521


0,80


1665


0,55


4186


Ipr PJ ,o5


1855. . . .


2742


0,79


1812


0,50


4554


1,29


En Suede, de 1840 a 1855, la proportion des alienes de tout genre est demeu- ree, d upres les recensements, a peu pres stationnaire :


SUEDE


FOUE-1DIOTIE.


PHOPOHTION SUR 1000 BAB.


1840. 1845. 1850. 1855.


3143.

3282.

3489.

3893


1,00 0,98 1,00 1,07


Enfin, les resultats de quatre recenscments, de 1852 a 1858, pour la Silesie prussienne, mettraient en evidence le fait d un decroissement pour 1 alienation mentale en general et pour la folie aussi bien que pour l idiotie :


A Lt I li


I 1 U 11 I S T A T I S T 1 g U K J .


SII.ESIE


FO ,- i .

NOMBKE.


,IE

in

PI .OCORTION SUR 1000 IIAB.


IDIOTIE


AUKNATIO

, !

NOMBRE.


MKNTAr.E -- ii -- PROI ORTIO. V SUP. lOOOllAB.


NOMBIlE.


PROPORTION SUR 1000 IIAB.


1832. . . .


1166


0,46


862


0,34


2028


0,80


1852. . . .


1178


0,37


969


0,30


2147


0,67


1855. . . .


1177


0,37


877


0,27


2054


0,64


1858. . . .


1287


0,39


910


0,27


2197


0,66


Les donnees fournies par les recensements periodiques en Belgique ct en France ne sont ni assez completes, ni assez sures pour qu il soil possible d en faire sortir la conciliation ou la neutralisation de ces contradictions de la statistique.

En attendant que des faits plus nombreux, plus certains et plus concluants, aient permisde resoudre la question de fait, c esta 1 etiologie qu il appartientde faire sor tir des donnees obtenues les enseignementsqu ellescontiennentetde mettre a profit, pour atteindre le but, toutes les ressources dont elle pent des a present disposer.

Parmi ces ressources, on doit placer au premier rang, pour leur nombre et leur valeur, celles qui sont fournies par la statistique.

La plupart des questions d etiologie, en cc qui louche 1 alienation mentalc, ne peuvent etre surement on completement tranchecs qu au moyen des nombres, ct sous ce point de vue on peut affirmer que 1 etiologie a etc mise en possession par la statistique de la solution definitive de questions importnntes, et a droit d attendre de 1 extension et du perfectionnement des recherclies statistiques 1 elucidation complete de toutes celles de ces questions qui ne depassent pas la portee de la methode numcrique.

Deja les differences constatees, dans les diverses agglomerations sociales pour la proportion numerique des alienes, ont permis de reconnaitre, an point de vue etio- logique, des differences correspondantes qui representent des ensembles variables d influences et de causes, et qui, dans leur signification la plus gent rale, expri- ment des predispositions variables pour leur inlensite et leur efiicacite. C est en decomposant ces ensembles ^ influences et en definissant chacun des elements etiologiqucs qui concourent a les former, que la science pourra parvenir a se fonder.

Ce travail d analyse, des longtemps entrepris, n est parvenu a se donner des chances reelles de succes serieux que par le perfectionnement des melhodes d inves- tigation, dont les deux conditions premieres ont ete, d unepart, ladclinition exacte du sujet des etudes par la separation des faits relatils a I idiotie et a la folie, et, d autre part, la distinction fondamentale des influences en causes predisposantes et causes determinantes.

C est au point de vue le plus general que peuvent trouver ici place, dans un resume sommaire, ceux des resultats obtenus qui consistent essentiellement en donnees statistiques

2 Influence, des causes predisposantes. Les anciens, Aretee et Cojlius Aure- lianus, avaient admis que 1 homme est plus predispose a 1 alienation mentale que lafemme.

Une premiere application de la statistique a la solution de cette question a con duit Esquirol a infirmer cette opinion et a attribuer au sexe feminin une predomi-


58 ALIENATION (STATISTIQCE).

nance de predisposition exprimee par le rapport de 38 femmes pour 37 homines

Des 1839, j ai montre que les fails sur lesquels s appuyait I eminent alieniste n etaient pas aussi concluants qu il le croyait, et en 1845 le docteur Thurmm. apres avoir aussi conteste la legitimite de 1 induction statistique d Esquirol, repre- nant la question sur des donnees plus concluantes, par une methode plus exacte, est arrive a admettre, au moms pour la Grande-Bretagne, que le sexe masculm est sensiblement plus predispose a I alienation mentale que le sexe feminin.

II y a lieu de remarquer que dans les fails comme dans la question il s agissait, sous le nom d alienalion mentale, principalement de la folie propremenl elite.

Les donnees statistiques qui peuvent servir a 1 elucidation dc cette question consistent dans des resultats de denombrements etendus a la population tout entiere ou restreints a la population des asiles, et dans des resultats de decompte des admissions annuelles dans les asiles, durant une periode plus ou moins longue.

Ces donnees, d inegale valeur au point de vue des conclusions a en deduire vela- livenient a la predisposition de sexe, offrenten elles-memcs un interet reel,


PAYS.


DATE DU HECEN- SEMEM.


HOMHRE DES ill KSES A BOM1CILE BI BANS LES iSIUS


PROPORTIIIV SIR FOLIE


mo BJBIT.I5TS


FOLIE


IDIOTIE


I DIC

^ -^

HOMMES


TIE

- ^

FEMMES.


HOMMES.


FEM.MES.


HOMMES.


FEMMES.


HOMMES.


FEMMEs.


Silesie


1858 1861 1853 1847 1855 1855 1854 1850


629 718 872 799 1232 1215 1259 258


C58 779 1045 962 1490 1527 1373 295


509 2822 1853 1066 613 1002 622 220


401

2257 1887 929 750 810 465 173


49 48 45 45 45 44 46 46


51 52 55 55 55 56 54 54


55 55 49 55 45 55 57 56


45 J5 51

47 55 45 43 44


Saxe


Wurtemberg. . . . Paneinark. . . .


Norvege


New- York. . .


Massachusets .... Marvland



Ces denombrements d alienes dans les asiles et b domicile mettent en evidence d une maniere generale et sans exception, en ce qui se rapporte a la folie, le iait d une predominance absolue de nombre pour le sexe feminin ; et les differences, qui varient de 4 a 24 pour 100, depassent certainement celles qui existent dans la population generale entre les deux sexes. Au contraire, en ce qui concerne Vidio- tie, la predominance de nombre absolu appartient, sinon sans exception, au moins d une maniere generale, au sexe masculin, pour des differences non moins consi derables

Aucune consideration n infirmant la valeur de ces resultats pour 1 idiotie, il y aurait lieu d en conclure que cette infirmite se produit en general avec plus de frequence dansle sexe masculin.

La consideration de la predominance de la mortalite pour le sexe masculin dans 1 etat de folie ne permet pas d attribuer la meme portee d induction aux resultats de recenscment. G est surtout par la difference considerable de la mortalite suivant le sexe que s explique le fait de la pi edominance considerable et constante clu nombre des femmes dans les asiles publics d alienes.

En ncgligcnul la dislinclion des idiots, dont la proportion des aliens dans lei a-iles est tres-jaible, on trouve que le rapport du nombre des femmes au nom-


ALIENATION (STATISTIQUE). 39

bre des hommes dans les asiles en France, de 1842 a 1854, n a que Ires-pen varie d une aunee a 1 autre et a ete pour la moyenne des treize amices (10177 t emmes et 9314 hommes), comme 52 a 47 ou 109 i emmes pour 100 hommes.

Au l ei Janvier 1847, les asiles de 1 Angleterre et du pays de Galles contenaient 7187 femmes et 6645 hommes, c est-a-dire 108 femmes pour 100 hommes.

Ces differences, qui se reproduisent pour d autres pays, depassent celles qui peuvent dependre de 1 inegalite de nombre pour la population des deux sexes : la population totale de la France n a jamais compte, depuis 1841, plus de 102 fem mes pour 100 hommes. Elles ne peuvent neanmoins justiner la conclusion qui en a ete souvent tiree relativement a la plus grande frequence dc la folie chez les femmes, car, comme je 1 ai fait voir des 1859 et comme on 1 a generalement re- connu depuis, elles represented surtout un elfet de la predominance considerable dela mortalite dans 1 etat de folie chez les hommes.

La mesure de la frequence relative de la folie pour les deux sexes serait exacte- ment donnee par le nombre des cas de maladiequi se produisent, pour la premiere fois, durantune periode determined, dans unc population donnee.

A defaut de tels fails, impossibles a obtenir, on peut considerer comme a peu pres equivalents les faits d admission annuelle dans les asiles.

G est de la comparaison du nombre des admissions d hommcs et de femmes dans les asiles anglais, depuis leur ouverture jusqu au l cr Janvier 1844, qui a ele de 56 044 pour les hommes et de 51 832 pour les femmes, que le docteur I humnm ;\ conclu a une plus grande frequence de la fblie pour le sexe masculin en Angleterre, exprimee par le rapport de 55 a 47, de 113 hommes pour 100 femmes.

Des resultats semblables se sont prodnits en France de 1842 a 1855, periode durant laquelle le nombre des admissions dans les asiles a ete de 50 1 94 pour les hommes et de 43 975 pour les femmes, fournissant le meme rapport de 115 hom mes pour 100 femmes.

Les donnees de la statistique tendraient done a faire admettre, conformement a 1 opinion des anciens et contrairement a la croyance la plus generalement accre- ditee, que la folie est plus frequente chez 1 homme que cliez la femme.

Les resullals des recherches les plus recentes out generalement confirme, relati vement a 1 influence de 1 age, de 1 etat civil, de 1 heredite, des donnees deja fort anciennes, qui peuvent etre considerees comme defmitivement acquises a la science.

La folie ne se manifesto guere qu apri-s la puberte.

L age qui y predispose le plus tombe entre 30 ct 40 ans.

Le celibat et 1 etat de veuvage paraissent etre une predisposition a la folie.

La predisposition a 1 alienation mentale, pour 1 idiotie aussi bieu que pour la folie, se transmet par la generation; et les faits, a mesure qu ils devieunent plus nombreux et plus surs, teiident de plus eu plus a manifester 1 importance de 1 in- fluence hereditaire sur le developpement de ces deux affections.

Les recherches statistiques les plus recentes sur l influence des professions, bien (ju elles n aient pas distingue, dans les faits, 1 idiotie de la folie, out fourni quel- ques donuees importantes, qui peuvent etre appliquees a la folie, le nombre relatil des idiots etant assez faible dans les admissions pour pouvoir etre neglige sans graves consequences.

La statistique de la France embrassant pour 1 annee 1853 les faits d admission dans les asiles, qui se sont eleves a 32 876, a pu determiner les professions dans 19 817 cas.


40 ALIENATION (STATISTIQUE).

Les resultats ontfait ressortir, pour diverses categories professionnelles, des dif- lerences de proportion entre le nombre des admissions et le chiffre dc la popula tion protessionnelle correspondante, qui expriment des variations notables dans la predisposition a la folie imputable aux professions.

D apres ces resultats, les diverses categories generales de professions se classe- r.iient, d apres le degre de predisposition a leur attribuer, dans 1 ordre snivant :



JiO.MBRE


CH1FFRE


PROPORTION


PROFESSIONS.


DES


DE LA


SDR



ADMISSIONS


POPULATION.


1000 HAB.



1682


541.156


3,10



718


360.155


1,99


Domestiques et journaliers. . . .


4359


2.808.917


1,55



1365


1.170.920


1,01






Ouvriers de 1 industrie et de 1 agri-





culture ....


10556


15.788.038


0,66


CommerQants et negociants. . . .


1159


2.672.467


0,42


Parmi les professions liberates, la nature specials des occupations et conditions donnerait lieu a des differences considerables de predisposition, se traduisant dans les fails suivants :



NOMBRE


CHIFFRE


PROPORTION


PROFESSIONS.


DES


DE LA


SDR



ADMISSIONS.


POPULATION.


1000 HAB.



229


23.839


9,60



253


50.050


8,41


Ecle c iasticjues


341


82 571


4,13


Medecins et pharmaciens


152


39.424


5,85


Professeurs et hommes de lettres.


552


93.052


3,56


Fonctionnaires publics et employes.


575


272.440


1,37


Parmi les ouvriers, les professions agricoles out fourni 3789 malades pour une population quatre ou cinq fois plus considerable que celle des professions indus- trielles qui a fourni 6767 malades.

Les resultats obtenus en Belgique par un recensement, qui, en 1858, a compris les alienes a domicile, font ressortir des proportions differentes pour des catego ries analogues, mais confirment les donnees principals de la statistique de France, en assignant une influence preponderante de la predisposition aux professions li berales, s exprimant par la proportion de 4.81 sur 1000, et 1 influence la plus faible aux professions agricoles, pour lesquelles la proportion du nombre des alienes a la population correspondante a ete trouvee egale a 0,92 sur 1000.

A une epoque ou Ton fait generalement une part considerable et peut-etre ex cessive a 1 influence des races dans tous les faits qui expriment, pour une direction quelconque, une manifestation de la vie humaine, on ne pourrait negliger d attri-


ALIENATION (STATISTIQUE). 41

buer quelque importance a la consideration de la race, en tant que predisposition plus ou moins prononcee aux maladies mentales.

Les recherches statistiques ne fournissent encore a ce sujet que de bien faibles donnees.

11 ne serait pas sur de chercher a tirer parti, pour la solution de cette question, des differences trop generates et trop variables qui out etc constatees pour la pro portion de 1 alienation mentale entre les divers etats, ou se rencontrent d ailleurs dans une meme population des elements appartenant a diverses races.

II n est encore possible de signaler que quelques resultats acquis au moyen de la distinction des faits en ce qui se rapporte aux Israelites dans quelques Etats de I Allemagne, et aux hommes de couleur aux Etats-Unis.

Les recensements dans la Baviere, le Hanovre, la Silesie et le Wurtemberg, out fait ressortir pour la population juive, en ce qui se rapporte a 1 alienation mentale, une proportion plus considerable que pour les populations chretiennes.

La difference s est montree surtout tres-considerable pour la folie.

Le recensement de 1850, pour 1 ensemble des Etats-unis, a fourni les resultats suivants :





NOMBKE DES MALADES


PROPORTION SUn 1000 HAB.



POSITION


CHIFFRE





RACE.



CE LA









SOCIALE.





ALIENA




AI.1EXA-




POPULATION.


FOLIE.


IDIOT1E.


TION


FOLIE.


IDIOTIE.


TJON







MENTALE




UENTALE


POPULATION BLANCHE..



19.553 068


14972


14257


29229


76


73


1 l .l


POPULATION DE COULEUR


Ilibre. . . esclave .



311 527







434.405 3.204.513


318 1182


059 1509


0,71 0,10


0,81 0,57


1,51

0,47



total.. .


3.658.808


638


1530


2168


0,17


0,42


0,59




25.191.876


15610


15787


31597


0,66


0,69


1,35




Ces resultats tendraient a demontrer que 1 alienation mentale, et principalement la lolie, sont tres-sensiblement moins frequentes dans la population de couleur, noirs et mulatres, comparativement. a la population blanche, et que cette diffe rence devrait etre rapportee moins a la race qu a la condition sociale, puisquo rimrounite relative n appartient qu a la population de couleur en etat d escla- vage.

II ne parait pas douteux qu au nombre des causes qui font varier d un pays a un autre la proportion de 1 alienation mentale on ne doive compter les conditions climateriques, geologiques et topographiques ; le fait est demontre avec la plus entiere certitude en ce qui louche 1 idiotie.

Les donnees statistiques qui sernient propres a mettre en evidence la parjt d in- fluence qui peut etre distinctement attribuee a chacune de ces conditions sont en core bien imparfaites et bien incompletes.

De 1 influence des climats on ne connait encore que cellequi peut etre attribuee a 1 elevation de la temperature, et encore dans la limite des climats temperes, et qui est representee pour ces climats par riiifluence des saisons.

Les recherches statistiques ont des longtemps demontre que la frequence de la


42 ALIENATION (STATISTIQUE).

folie est, pour la plus grande partie de 1 Europe, plus grande dans les saisons chaudes que dans les saisons froides.

L observation directe et les resultats de recensements ont des longlemps demon- Ire que les conditions geologiques, qui ont pour effet de disposer la surface ha bitable de la terre en vallees profondes, elroites et torlueuses, encaissees entre de hautes montagnes, exercent une influence considerable sur le developpement de 1 idiotie sous forme endemique.

Des recherches plus recentes ont conduit a assigner aux conditions geologiques une influence encore plus speciale, dependante de la nature meme des terrains et des proprietes chimiques qu ils communiquent aux eaux.

Fnfin on a cru pouvoir attribuer aux conditions topographiques une part, ou accessoire ou principale, dans le concours des causes qui favorisent le developpe ment endemique de 1 idiotie.

Les nouvelles recherches, qui sont entreprises en France d apres les ordres du gouvernement, ne pourront manquer de lournir a la science, au moyen de fails exactement recueillis et rigoureusement observes, des elements de solution pour toutes ces questions difficiles d etiologie, et permettront sans doute alors de faire la juste part des conditions cliimteriques, geologiques et topographiques, dans les fails de proportion considerable de 1 idiotie qui expriment, pour plusieurs contrees de la Saxe, du Wurtemberg, de la Suisse, du Piemont, de la Savoie, etc., une predisposition exceptionnelle a 1 idiotie.

Les conditions qui, en tant que predisposition des populations a 1 alienation mentale, peuvent elre rattachees a 1 etat de la civilisation suivant les epoques his- toriques, suivant les divers pays et suivant les diverses regions ou agglomerations d un meme pays, represented un concours d elements tres-complexes, parmi les- quels doivent compter, pour une part importante d action, les causes determi- nantes, liees elles-memes de la maniere la plus .elroite avec les variations du deve loppement social.

3 Influence des causes determinantes. L etude statistique des causes deter- minantes de 1 alienation mentale n a ete.jusqu ici appliquee qu a la folie propre- ment dite , et comporte encore pour son avancement le perfectionnement des methodes d observation.

La distinction de la folie et de 1 idiotie, des causes predisposantes et des causes determinantes, represente, quant a la methode, un progres notable qui permet deja de mettrea profit des resultats importants.

Pour s approcher aulant que possible du but desirable, les statisticiens devront renoncer a etablir entre les causes morales et les causes dites physiques un anta- gonisme que rien ne justifie; ils devront s attacher a ne pas confondre avec les causes determinantes des etats morbides, tels que 1 epilepsie et la congestion cere bral e, qui font partie du developpement meme de la folie ; enfin ils devront chercher a definir les diverses especes de causes, de maniere a rendre les fails scientiliqiie- menl comparables.

Les resullats de recherches stalistiques dont je pouvais disposer en 1859, et que 3 avais cherche a coordonner dans un essai de classification melhodique, m avaient conduit, en ce qui louche 1 influence des diverses categories et des diverses especes de causes determinantes de la folie, a des inductions qui ont etc generalement confirmees par les recherches ulterieures.

J uvais cru devoir adopter, d apres la nature meme des causes, les classes sui- vanles : Une premiere classe cornprend les causes generalemenl designees sous le


ALIENATION (STATISTIQUE). ^

nom de causes morales, celles qui, correlatives aux facultes intellectuelles, ader- tives et morales de 1 homme, represented ses besoins dans la vie et scs interets dans la societe.

line seconde classe comprend les causes qui consistent dans 1 abus que 1 homme peut faire de ses facultes en recherchant les joaissances intellectuelles ou sensuelles.

Une troisieme classe comprend les causes qui, consistant dans un etal morbide actuel des organes de 1 homme, entrapment necessairement ou accidentellement un des troubles de la raison, designes sous le nom commun d alienation mentale.

Une quatrieme classe comprend les causes externes qui, physiquement, chimique- ment ou physiologiquement, troublent les fonctions cerebrales et determinent la lolie.

La premiere classe, celle des causes morales, a ete subdivisee en groupes, re- presenlanl les principaux interets de I homme dans 1 etat de societe : religion et conscience, amour, lamille et affections, fortune, reputation, conservation, patrie.

La seconde classe se subdivise naturellement en execs intellectuels et exces sensuels.

Dans la troisieme classe, ont ete distingues les etats morbides communs aux deux sexes de ceux qui sont propres a la lemme, et en outre les etats morbides qui ont pour siege organique le cerveau et ses dependances, de ceux qui ont pour siege les autres organes.

La discussion des fails rapportes a ces diverses categories en avail fait sortir les inductions suivantes :

La folie reconnail generalement pour cause determinante unc influence directe- ment ou specialement exercee sur le cerveau.

Le developpement de la folie sous 1 influence de causes immediatement etran- geres au cerveau et a ses fonctions essentielles est un fait peu frequent et en quel- que sorte exceptionnel.

Des causes determinantes de la folie, les plus frequentes sont incomparablement celles dont 1 action se traduit en delinilive par une modification et une reaction cerebrales ; telles sont les causes morales qui mettent en jeu les foiictions cere- bales, sentiments, passions, ^flections.

Viennent ensuite les causes qui consistent dans une activite excessive ou desor- donnee, imprimee volontairement aux fonctions cerebrales : exces intellectuels ou sensuels, habitudes deraisonnables et vicieuses.

Les causes de la folie qui consistent primitivement en une maladie crn br.-ilr. moins frequentes quo les causes morales et les exces cerebraux, ont encore uno importance assez grande, qui ne se retrouve plus ni dans les autivs causes oi>i- niques, nidans les causes externes.

Le classement, par ordre cle frequence, des causes de la folie pour les deux sexes assigne les premiers rangs aux groupes exces sensuels, famille et affections, fortune, conservation, amour.

La frequence relative des causes determinantes de la folie differe sensiblement dans les deux sexes. Les causes qui agissenl direclement sur le cerveau sont plus frequentes chez I homme ; les causes morales sont plus frequentes chez la ferame ; les exces intellectuels et sensuels sont plus frequents chez 1 homme. Pour 1 homme fes exces sensuels se trouvent au premier rang d influence; pour la femme, les interets de famille et d affeclions dominent loute autre influence.

Ces propositions sont tres-generalement confirmees par les resultats publies, nour Tannee 1855, par la statistique de la France.

Les causes parliculieres assignees aux cas de folie qui onl motive les admissions


44 ALlfiNATIOn ^STATISTIQUE).

dans les asiles francais durant cette annee se classent par groupes et par especes ainsi qu il suit :


CROUPES DE CAUSES.


DEUX

- 1 1

ORDRE DE CLAS- SEMENT.


SEXES i -~

PROPORTION SCR 1000 SB.


HOMME3


FEMMES


ORDRE DE CLAS- SEMEKI.


PROPORTION SUR 1000 HAD.


ORDRE DE CLAS- SEMENT.


PROPORTION SUR 1000 HAB.|


Interets de fortune


1

2

3 4 5 6 7 8 9 10 11 12 13


135,8 135,7 72,3 62,0 52,4 44,2 35,1 30,8 29,9 25,5 20,8 17/2 15,8


2 1 4 3 8 5 7 9 12

6 11 10


124,5 207,0 40,4 57,4 31,7 49,7 39,8 31,7 10,3 0,0 35,9 21,3 23,5


1

5 2 4 3 7 9 10 8 6 13 12 11


147,9 59,5 99,9 65,8 74,4 47,0 30,2 50,1 44,2 52,0 7.5 12,4 7,7




Causes organiques eerebrales. . Religion. . . . ... . .


Conservation


Reputation ... . . . .


Causes organiques non eerebrales. Famille . . .


Causes organ, spec, a la femme. Patrie . .


Causes externes


Exces de travail . . . .



CAUSES

LES PLUS FREQUENTES.


DEUX SEXES


HOI

1 ol, DM DE CLAS- SEMENT.


1 M !.->


PROPORTION SUR 1000 HAD.


FEHUES


ORURE DE CLAS-

SEMENT.


PROPORTION SUR 1000 HiB.


ORDRE DE CLAS- SEMENT.


PROPORTION Sl R 1000 HAB.


Exces alcooliques . . ....


1

2 3 4 5 6 7 8 9 10


88,0

72,3 54,1 52,7 52,4 47,3 40,9 55,1 29,8 1 29,0


1

4 5 3 9 2 7 6 10 8


144,2

46,4 45,3 47,2 31,7 02,7 57,3 39,7 16,3 34,1


9 1

3 4 2 7 5 8 6 10


28,3 99,8 65,5 58,5 744 50,9 4t,7 50,2 44,2 23.6


Amour et jalousie


Denument et misere


Perte de fortune. . ....


Religion .... . .


Abus veneriens, onanisme.. . . Emotions violentes, frayeur. . .


Perte de personne aimee. . . . Ambition dec.ue . .



4 Influence de la civilisation. Ces resultats, qui, dans ce qu ils ont de plus general , ne paraissent pas pouvoir desormais etre dementis par des recberches ulterieures, ne sont pas sans importance pour 1 elucidation de la question de 1 in- fluence a attribuer a 1 etat de la civilisation sur le developpement de 1 alienation mentale, car parmi les conditions dont le concours exprime, sous le nom d etat de la civilisation, 1 action composee d une multitude d elements divers, cellos de ces conditions qui se rapportent a 1 action des causes determinates sont a la fois les plus variables et les plus etroitement liees au mouvement meme de la civilisation, et 1 influence qu il estpermis, d apres des donnees certaines, d attribuer, dans un etat donne de civilisation, a Faction de ces causes determinantes, et notammerit a 1 action de celles qui sont en meme temps les plus sociales et les plus puissantes, c est-a-dire des causes morales, permet, jusqu a un certain point, de degager de la complexite des fails, pour 1 appreciation du passe, du present et meme de 1 ave- nir, des donnees partielles dont la valeur n est pas a dedaigner, en attendant des demonstrations plus comprehensives et plus positives.

C est ce que j ai tente de faire des 1839, a une epoque ou la question de Tin-


45

fluence de la civilisation sur Ic developpement de 1 alienalion mentale avail etc posec dans des termes beaucoup trop generaux et tranchee dans un sens beaucouj) trop absolu.

Les donnees dont la statistique etait des lors en possession n ont ete que con firmees par les recherches ulterieures, et n ont acquis, ni pour leur nature ni pour leuv etcndue, les caracteres de preuves decisives qui leur manquaient.

li n est pas encore possible de comparer surement entre eux les divers Etats europeens relativement a la donnee fondamentale et en meme temps la plus simple du probleme, la proportion du nombre des alienes a la population.

Comment justifier la pretention de saisir un rapport quelconque cntre ce tcrme encore indetermine et cet autre termc si difficile a deiinir, le degre de la civili sation?

La statistique, encore inipuissante pour une solution complete de toutes les questions qui se rattachent a 1 iniluence des variations dans 1 ctat social, a tou- tefois confirme ou fourni quelques enseignements d une grande importance sur 1 iulluence incontestable de certairies conditions sociales tres-exactcment defmies.

Elle a demontrc que la folie est plus frequente dans la population des villes qm- dans la population des campagnes ; dans les grandes villes que dans les petites ; dans les villes ou la richesse se developpe par 1 industric, que dans celles ou elle se restreint dans les produits de 1 agriculture.

D autre part, elle a donne la preuve d un developpement en sens contraire de 1 idiotie, beaucoup plus frequente dans les campagnes que dans les villes.

La statistique a ainsi justifie au point de vue le plus general les inductions que j avais cru pouvoir tirer de 1 appreciation des fails connus en 1839 et qui me pa- raissenl pouvoir encore etre reproduces aujourd hui comme representant assez fidelemenl 1 etat de nos connaissances relativemenl a 1 influence a allribuer aux progres de la civilisation sur la frequence de I alienation mentale.

Les progres de la civilisation ont une influence complexe sur le nombre des alienes, qu ils lendent a accroitre par certains de leurs elements, a diminucr par d autres.

Queserait, en definitive, la resultante de ces forces diverses, a supposer quele progres de la civilisation eut conduit 1 etal social aussi pres que possible de la perfection?

Je ne doute pas que le resultat definitif ne nil une diminulion du nombre des alienes, et je mefonde, en derniere analyse, sur les considerations suivantes :

Supposer que le progres social ait atteint son terme ou au moins s en soil approche, c est supposer que 1 instruction, 1 aisance et la moralite, augmentees en somme dans la societe, se soient en outre repandues avec uniformite dans toutes les classes.

Des lors il faut admettre comme consequences necessaires d une telle amelio ration dans 1 etat social :

1 Que les defectuosites d organisation transmises par la generation seront plus rares et que le nombre des idiols diminuera;

2 Que les exces sensuels, les habitudes vicieuses, et notamment 1 ivrognerie, lendront a disparaitre, et que le nombre des fous, surtout des fous paralytiques, sera moindre ;

5 Que dans la categorie si feconde des interels de famille, la cause si puissanle, denommee chagrins domestiques, perdra en intensite lout ce que la famille aura gagne en moi alit6 ;


<" ALIENATION (BIBMOGRAPHIE).

4 J Quo dan> la categoric des inteiets de fortune, I tlciiK nt mise-re, soulfrances a propos d argent, perdradesa puissance en raison de 1 augmentation del aisance.

On peut admettre, ce me semble, que cette influence des progres de la civili sation sur les causes les plus actives de 1 alienation mentale serait suffisante pour contre-balancer an moins les effets de 1 augmentation de 1 activite ceri bmle, sur- tout quand on considere combien est iaible la cause represented par les exces de travaux intellectuels.

Mais on ne peut douter que 1 augmentation de 1 aisance, do 1 instruction et de la moralite n ait aussi le pouvoir d attenuer 1 activite de plusieurs autres causes de la folie, telles que la colere, la ihutui, 1 amour-propre blesse, etc.

Enfm, un developpement convenable du sentiment religieux entre necessai- rement dans 1 idee d une societe perfectionnee ; et qui ne voit que ce progres de la civilisation aurait pour effet de diminuer simultanement le nombre des fous et des suicides? car ce n est pas la religion, mais c est la superstition qui engendre la loJie, et si la morale peut conduire 1 homme jusqu a regarder la vie comme sacree dans les autres homines, il n y a guere que le sentiment religieux qui puisse la lui faire respecter dans lui-meme. Voij. AI.IE.NES. MAX. PARCHAPPE.

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On I rail era sous ce mot de la legislation, de I assistance publi-


A.LIENES (LEGISLATION). 51

que, des asiles de la me decine legale et des maladies intercurrentes des alienes.

I. Legislation Le trouble permanent de la raison, qui caracterise 1 etal habituel de 1 aliiMie, enlraine des consequences speciales, qui ne se retrouvent avec la meme portee dans aucun autre etat morbide.

L aliene n a jamais exa< temr>nt et pleinement conscience du desordre qui existe dans sa raison; generalement il ne se ci oit pas malade ; et il n accepte pas qn une volonte, autie que la sienne, dirige scs actions et puisse lui imposer des absten tions, des privations, des medications.

Gette disposition habituelle cbrz 1 aliene a pour effet de rendre constamment difficile el frequemment impossible, dans 1 elat libre et dans les conditions de la vie ordinaire, tonte application efficace dn traitement moral et medical propre a favoriser la guerison. De la. au point de vue medical, 1 indication frequente, et on peut meme dire habituelle, de la soustraction de 1 aliene curable aux condi tions ordinaires de la vie commune, de son assujettissement force a une direction medicale, s etendant a tons les actes de sa vie et de son isolement, dans une ha bitation approprieeau traitement de { alienation mentale.

Pendant toute la duree de la maladie qui trouble sa raison, 1 aliene est d une maniere permanente incapable des droits et des devoirs de la vie sociale.

Dans les circonstances ordinaires, il suffit que 1 etat d alienatiou mentale se manifests avec qnelque evidence, pour que nalurellement et par la force meme des choses, il entr.iine pour 1 alieMe 1 exemption des charges et la cessation des fonctions publiques, sans qu il soit necessaire de faire intervcnir la loi.

Mais en tout ce qni se rapporte a 1 exercicc de ces droits civile, qni d une part represented 1 interet personnel du citoyen danssa plushaule expression, la libre disposition desa personne et de ses biens, et qni, d aulre part, enga^ent frequem ment les interets des tiers et constamment les interets de la lamillo, 1 incapacite naturelle de 1 aliene ne peut se traduire en fait, avec la portee sociale d un em- pechement on d une annulation pour ses actes et leurs consequences, que dans des con litions legalement determinees. D ou la necessite d une legislation civile speciale pour les alienes.

Le trouble de la raison dans 1 alienation menlale n entrame pas seulement 1 incapacite professionnelle, polit.ique et civile, il est exclusif de la liberte morale et il motive une irrespons ibilite des actes personnels, que les legislations penales doivent consacrer en la defmissant.

En dehors de la conscience, raisonnee et raisonnable, du juste et de 1 injuste, du licite et de 1 illicite, et c est le cas de 1 aliene, il n y a place ni pour 1 exemple, ni pour le chatiment. Cen est pas par des repressions penales que la societe peut se sauvegarder contre les dangers que peut lui faire courir la liberte d action chez un agent depourvu de la liberte morale.

Ce n est qu en portant atteinte a la liberte d action de 1 aliene dangereux qu il est possible de prevenir, d empecher 1 abus qu il en peut faire contre Ini-meme, contre les aufres, contre 1 ordre et la surete publics.

De la pour la sociele le droit et le devoir d intervenir dans la vie de 1 aliene dangereux, et meme de se saisir de sa personne pour le placer dans des condi tions speciales de surveillance et d empecbement d agir.

DC telles atteintes a la liberle individucllc ne penvout so niotiver que par la justification de leur necessite, et doivent etre soumises a des conditions et a des i eglements fixes par la loi.


52 ALIENfiS (LEGISLATION).

Enfin, le trouble de la raisou chez 1 aliene a pour effet de produire I inaptitiide a 1 exercice de toutes les professions qui exigent I integrite des facultes intellec- tuelles, et a une direction sponlanee, utile et profitable de celles meme qui con sistent essentiellement en un travail manuel.

Cette situation equivaut a une incapacile absolue de subvenir aux besoins de 1 existence par le produit du travail jouinalier, et pour 1 aliene, qui n a d autres ressources que ce produit, elle realise fatalement le fait de 1 indigence.

Dans 1 impuissance de la charite privee, pour conjurer ce mal, il appartient a 1 assistance publique de venir en aide a 1 aliene indigent, a la maniere de ce qu elle fait pour les malades et pour les pimvres ordinaires. Mais la situation excep- tionnf-lle qui resulte du fait, de 1 alienation mentale chez lindigent a secourir, donne naissance a des motifs et a des conditions speciales d application du secours de 1 assistance publique.

Ainsi le traitement curatif de 1 alienation mentale exige la reunion de conditions exceptionnelles qui ne se trouvent pas realisees dans les hopitaux ordinairrs.

Independamment de tout interet d assistance publique par le traitement cu ratif du malade ou par 1 entretien gratuit de i indigent, dans un grand nombre de cas, un interet de surele publique rend indispensable la mainmise de 1 autorite sur la personne de 1 aliene, et impose par suite 1 obligation sociale d iustituer pour le recevoir un asile approprie, et de subvenir a son entretien par des res- sources publiques.

L incurabilite de la maladie n est pas incompatible avec une longue duree de la vie, et realise de plus en plus la condition d indigence fatalement liee a 1 in capacite de travail productif.

Ainsi toutes ces consequences de 1 etat de trouble permanent de la raison chez 1 aliene, la difficulte. ou I impossilulite dn traitement de la maladie dans les con ditions de la vie ordinaire, 1 iucapacite des devoirs et des droits de la vie sociale, 1 irresponsabilite des actes, le danger personnel on public, resultant de 1 etat de liberte, 1 incapacite de subvenir par le travail aux besoins de la vie, posent un probleme complexeet difficile dans lequel se trouvent engages, a divers titres, et sous divers points de vue, 1 interet du malade, 1 inteiet de la famille, 1 interet de la ^ociete.

Ce probleme se decompose en questions multiples de medecine, de legislation etde bienfaisance, qui reclament, pour leur solution pratique, le concours de la science, de la loi et dc [ administration publique.

Dans le mouvement de progres social, qui ne pouvait manquer de s etendre

jusqu a la condition de 1 aliene, les mesures qui ont de longtemps devance toutes

les autres sont celles qui avaient pour but de degager riuturet social, le plus

general, le plus evident, le plus urgent, celui qui se rattache a 1 incapacite civile

^et a 1 irresponsabilite penale de 1 aliene.

Dans tous les pays civilises, les lois ont pourvu a la necessite de proteger 1 a liene lui-meme, sa famille et les tiers contre les consequences civiles de 1 exer cice de droits dont il est incapable, par des dispositions qui permeltent de consa- crer gcneralement et absolument cette incapacite an moyen de J interdiction, d en prevenir ou d en reprimer Irs consequences abusives les plus graves au moyen du recours devant les tribunaux pour 1 annulation des conlrats, des dona tions, des testaments realises dans 1 etat d insanite d esprit.

L immunite penale, pour cause d irresponsabilite dans 1 etat d alienation men- tale, se retrouve dans les lois de tous les temps et de tous les pays.


ALIENES ((LEGISLATION). 55

Lfs principes consacres, les formal! tes preserves, les formules adoptees dans notrc Code Napoleon, fortifies etfecondes par la jurisprudence, pcuvenl elre con sideres, malgre dc tenu raires atlaques, comme tvprescnlaiit an point de vue civil et criminel une legislation aussi voisine que possible de la perfection.

Ce n est au contraire que bien tard, et a une epoque loute moderne, que 1 en- scmble de tons les interets engages dans la question de 1 etat d alienatiou mentals a attire 1 attention des medecins et des philanthropes, des jurisconsultes et des administrateurs.

L interet de securite publique est le premier qu on ait songe a satisfaire.

Par mesures de police, subordonnees ou non a des regies, on eut plus on moins frequemment 1 occasion de mettre la main sur des alienes pour cause de dommages, realises par eux, ou redoules de leur part, centre la suretc des personnes et des proprietes et centre 1 ordre public.

La sequestration eut le plus souvent dans ces cas, pour les moyens, pour le lieu, pour les conditions de traitement de la personne, tons les caracteres de [ incarce ration. 11 en fut ainsi alisolument pour les alienes sequestres par mesure de police dans les prisons et les maisons de correction.

Ge qu il y avail de plus intolerable et de plus odioux dans cette assimilation de 1 aliene au criminel etait evite toutes les fois que le placement des alienes seques tres se faisait dans diverses institutions autrcs que les prisons propi ement diles, couvents ordinaires ou de correction, hopitaux enferme s, etablissements speciaux de repression pour le vagabondage et la mendicite, etablissenients mixtes de re pression pour les mendiants valides," d assistance pour les mendiants inlirmes, et de traitement pour certaines maladies speciales, la syphilis, la teigne, 1 epilepsie.

Pendant longtemiiSjleprogres social ne consistaque dans la substitution dc plus en plus frequente de trlles institutions a la prison pour la sequestration des alienes. Mais dans ces conditions la sequestration conservait, au point de vue de la liberte individuelle, la nieme absence de garanlies, et au point, de vue de la satisfaction des besoins des alienes, a pen pres la meme insuftisance.

L Angleterre avail donne, des 1774, 1 exemple d eflbits louables pour protegcr par des dispositions legates les alienes conlre les sequestrations arbilraires.

Quelques essais de i-egularisation legale de la condition des alienes ne remon- tent en France qu a 1790.

Cependanl, sous la pression des besoins de la societe, de jour en jour mieux sentis, les institutions destinees a fotirnir un refuge aux alienes tendaient de toutes parts a se multiplier et a se developper.

Du fait de la reunion d un certain nombre d alienes dans ces divers lieux de re fuse, et surtout dans ceux qui participaient de la nature des liopitaux, naquit la pensee de faire tourner les necessiles de la sequestration au profit du traitement de la maladie, et d en assurer 1 efficacite par une appropriation d u refuge lui-meme a sa destination.

Au moment ou le fachcux etat des maisons de force et de correction suscitait une premiere jiensee de reforme, 1 association si frequente des alienes a la condi tion malheureuse des prisonniers ne pouvait rnanquer d eveiller, en faveur de nia- lades et d innocents, des sympathies encore plus vives et plus legilimes que pour les malfaiteurs.

Sous 1 influence d un mouvement general de reforme philanthropique dans les hopitaux et les prisons, dont le point de depart remonle au regne de Louis XVf, dontlespropagateursprincipauxontete Howard et Tenon, el anqncl la revolution


54 ALIENES (LEGISLATION).

de 1 789 imprima une nonvelle et energique impulsion, le sort des alienes devint 1 objet d un vif interet et d une preoccupation serieuse pour les legislateurs, les adminisirateurs et les medecins.

L iniliative de la n ionne des etablissements d alienes fut prise en France, de 1791 a 1792, par la Rochefoucauld, 1 adminisliation des hospices de Paris et Pinel; eu Anuleterre, vers 1794, par la Societe des Amis, sous 1 impulsion da

William Tuke.

Ce mouvement, dontj ai retrace ailleurs avec detail les principals phases et les principaux effets, depuis son commencement jusqu a. nos jours, dans les di- verses conlrees du monde cnilise, et dont 1 histoire meme sommaire ne pourrait trouver place ici, se manifesta d abord avec une tendance exclusivement medicale et philanthropique.

Mais bientot le probleme se posa dans toute son etendue et sous toutes ses faces, et 1 utilitede recourir a une regularisation legislative do la condilion sociale des alienes se lit de jour en jour cornprendre avec une plus entiere evidence.

Les necessites privees et publiijiies de la sequestration ne pouvaient que par 1 intervention de la loi etre conciliees avec les garanties a assurer a la liberte in- dividuelle.

En s attribuant dans son interet le droit de priver de leur liberte des alienes reputes dangereux, la societe s imposait 1 obligation de leur assurer, dans des refuges appropries, un traitement convenable, et de pourvoir a 1 entretien des indigents sequestres d ol lice.

Enfin la convenance d etendre au plus grand nombre possible le bienfait du traitement pour les alienes curables, et de subvenir dans un grand nombre de cas, pour les incurables, a 1 impossibilite de vivre par suite d une incapacile ra- dicale de travail productif et d un denument absolu de res sources, ne pouvaitetre meconnue.

Et des lors se posait pour la societe, en face de 1 indigence, le devoir moral d assurer aux alienes comme aux autres malades, suivant la mesure du neces- saire et du possible, la guerison et 1 existence.

L Angleterre s engagea la premiere, en 1828, dans la solution de ce probleme social par 1 intervention de la loi, et la poursuivit perseveramment par des bills suc- cessifsen 1832, 1853, 1835, 1838, 1841, 1842, jusqu a la promulgation de la loi du 4 aout 1845, pour la regularisation de I entretien et du traitement des alienes.

La France se proposa un but analogue, des 1858, par la loi sur les alienes.

Le developpoment donne a cette loi par 1 ordounance de 1839, et par les instruc tions administrates successivement intervenues depuis cette epoque jusqu au reglement du 20 mars 1853, et les applications qui en ont ete faites dans les di- verses parties de la France, ont amene la situation actuelle de la condition des alienes dans notre pays.

Des critiques, souvent peu mesurees, n ont manque ni a lalegislation elle-meme au moment ou la loi a ete discutee, ni a ses applications depuis qu elle a ete mise


en vigueur.


On s est frequemmeut attache a la presenter comme insuffisante ou abusive dan? ses principeset ses prescriptions, au double point de vuedela liberte individuelk et du traitement des alienes.

Une appreciation complete de la valeur de la legislation francaise et de 1 effica- cite des ajiplications qui en ont ete faites dans notre pays exigerait des develop- pements que ne comportent pas les limites d un article de dictionnaire.


ALlfiNES (LEGISLATION). 55

Le bat qu ilme parait important d attcindre, au moins dans ce qu il a de plus essentiel, c est de formuler ici un ensemble de principes et de regies qui puisseut faciliter dans le present comme dans 1 avenir, une legitime et complete satislac- tion des veritabl s besoms des alienes et de la societe.

J ai pris soin deja de definir et de preciser ces besoins d apres la nature memo des consequences qui resultant de 1 etat d alienalion mentale.

II me |iarait possible de fuire ressortir ces principes et ces regies d une appre ciation de la situation faite aux alienes dans notre pays, au triple point de vue du droit, dela science etde I humanite.

En soumetlant a 1 autorisation prealable et a une surveillance continue Irs eta- blissements destines a recevoir les alienes, et en subordonnant pour ces etablisse- ments le maintien et la sortie des alienes a des conditions delinies, laloi francaise de 1838 a eu pour but de realiser un ensemble de garanlies efficaces et suffi- sanles, dans 1 interet de la liberte individuelle, contre toutes chances de seques tration arbitraire ou illicite.

La loi a distingue deux sortes de placements, les placements volonlaires et les placements ordonnes par I aulorite pnblique.

Pour les p acements volontaires, elle exige la production : 1 D unedemandeofiicielle et circonstanciue de la part dela personnequi reclame { admission ;

2 D un cerlificat de medecin constatant 1 etat mental de la personne a placer, et indiquant les particularity s de sa maladie etla necessite de laire trailer la per sonne designce dans un etablissement d alicnes et de 1 y tenir rentermi e ;

5 D un passe-port ou de toute autre piece propre a constater 1 individualite de la personne a placer.

Le cerlificat du medecin ne pourra etre admis s il a plus de quinze jours de date, s il est signe d un medecin attache a { etablissenient, ou si le medecin signa- taire est parent ou allie, au second degre inclusivement, des chefs ou proprie- taires de 1 etablissement ou dela personne qui i era effectuer le placement.

Un bulletin mentionnant les pieces produites, la copie du certificat qui a motive 1 admission, et un certificat du medecin de 1 etablissenient, doivent elre adresses dans les vingt-quatre beures, a Paris, au prefet de police, dans le? departements au prefet, directement ou par 1 intermediaire des sous-prefets et des maires (art. 8).

Si le placement est fait dans un etablissement prive, le prefet, dans les trois jours de la reception du bulletin, chargera un ou plusieurs hommes de 1 art de visiter la personne designee dans ce bulletin, a 1 effet de constater son etat men tal et d en faire rapport sur-le-cbamp (art. 9).

Dans le memedelai, le prefet notiu era administrativement les nom, profession, et domicile, taut de la personne placee que de celle qui aura demande le place ment, et les causes du placement : 1 au procureur imperial de I arrondissement du domicile de la personne placee ; 2 au procureur imperial de I arrondissement dela situation de 1 elablissement (art. 10).

Quinze jours apres le placement d une personne dans un etablissement public ou prive, il sera adresse au prefet un nouveau certificat du medecin de 1 etablisse ment; ce certificat confirmera ou rectiliera, s il y a lieu, les observations coute- nues dans le premier certificat (art. H).

La loi prescrit la tenue d un registre sur lequel doivent etre consigned lous les renseignements relatifs a 1 individualite de la personne placee, et transcrits tons


56 ALlfiNfiS (UGISIATION).

les documents relatifs aux motifs de son placement et aux circonstances de son sdjour dans I etablissement.

Le medecin sera lenu de consigner sur ce registre, an moins tous les mois, les chaiigements survenus dans 1 etat mental de chaque malade (art. 12).

Toute personne placee dans un etablissement d alienes cessera d y etre retenue aussitot que les medecins de 1 etablissement auront declare sur le registre enonce que la guerison est oblenue (art. 13). Avant meme que Its medecins aient declare la giierison, toute personne placee dans un etablissement d alienes cessera egale- ment d y etre retenue des que la sortie sera reqnise par le curateur, 1 eponx ou l e"|iouse; s il n y a pas d epoux ou d epouse, par les ascendants; s il n y a pa^d as cendants, par les descendants, par la personne qui aura signe la demande d ad- mission, par toute personne a ce autorisee.par le conseil de famille (art. 14).

Le prefet pourra toujours ordonner la sortie immediate des personnes placees volonlairementdans les etablissements d alienes (art. 16).

Le prefet et les personnes speciulement deleguees a cet effet, par lui on par le minislre de 1 interieui , le president du tribunal, le procureur imperial, le jugede paix, le maire de la commune, sont charges de visiter les etablissements publics ou prives consacres aux alienes. Ilsrecevront les reclamations des personnes qui y seront placees, et prendront, a leur egard, tons les renseignements propres a faire connaitre leur position. Les etablissements prives seront visiles a des jours inde- tenmnes, une ibis au moins chaque trimestre, par le procureur imperial de 1 ar- rondissement.

Les etablissements publics le seront de la meme maniere, une Ibis au moins par semestre (art. 4).

Le registre preset it par J article 12 sera soumis anx personnes qui auront le droit de visiter 1 etablissement, lorsqu elles se presenteront pour en faire la visite ; apres 1 avoir terminee, elles apposeront sur le registre leur visa, lear signature et leurs observations, s il y a lieu (art. 12).

Toute personne placee ou retenue dans un etubiissement d alienes, son tuteur si elle est mineure, son curateur, tout parent ou ami pourront, a quelque epoque que ce soit, se pourvoir devant le tribunal du lieu de la situation de 1 etablisse ment, qui, apres les verifications necessaires, ordonnera, s il y a lieu, la sortie immediate.

Les personnes qui auront demande le placement, et le procureur imperial d of- fice, pourront se pourvoir aux memes fins (art. 29).

Aucunes requetes, aucunes reclamations adressees, soit a 1 autorite judiciaire, soit a Taatorite administrative, ne pourront etre supprimees ou retenues par les chefs d etablissement (art. 29).

Les chefs, directeurs ou preposes responsables ne pourront, sous les peines portees par 1 arlicle 120 du Code peml (six mois a deux ans d emprisonnement, et 16 a 200 francs d amende), retenir une personne placee duns un etablissement d alienes, des que sa sortie aura ete ordonnee par le prefet ou par le tribunal, ni lorsque cette personne se trouvera dans les cas de guerison declaree par les me decins, oude reclamation de sortie paries- ayauls droit, d apres 1 arlicle 14 (art. 50).

Eufm 1 article 41 edicte, pour les contraventions aux diverses prescriptions de la loi cpmmises par les chefs, directeurs on preposes responsables, et les medecins des etablissements publics et prives, In peioe d un emprisoimement de cinq jours a un au, et d une amende de 50 a 5,000 francs, ou de 1 unc ou de 1 autrc de ces peines.


(LEGISLATION], 57

Unc appreciation approfondie de la portee de chacune de ces mesures perraet de reconnaitre combien elles ontetejudicieusement combinees en vue de garantir d une maniere non interrompue, par des attestations mi dicales, par un controle ailininistratif et judiciairc, et par )a surveillance des tiers interesses, 1 existence et la permanence d un motif legitime de sequestration, et combien, en effet, 1 observa- tiou des prescriptions de la loi peutet doit etre efficace, sinon, par impossible, pour prevenir absolument tout placement abusif, an moins poar faire cesser dans le plus court delai toute sequestration qui ne serait pas legalement justified par 1 existence actuelle d un etat d alienation mentale, ou meme qui ne serait pas suffisamment motivee par undegre d alienation mentale incompatible avec la vie libre.

Pour les cas ou 1 etat d alienation mentale comprometlrait 1 ordre public ou la surete des personnes, la loi de 1838 ainvesti, a Paris, le prefet de police, et, dans les departements, les prefets, du droit d ordonner d oflice le placement de la per- sonne interdite ou non interdite dans un etablissement d aliene s, et leur a impose 1 obligation de motiver leurs ordres et d enoncer les circonstances qui les auront rend us necessaires.

L article 21 a donne aux prefets la faculte de transformer le placement volon- taire en placement d oflice, pour les rnemes motifs, avec les memes formalites. Aux alienes dont le placement a ete ordonne par 1 autorite publi|ue, s appliquent toutes les prescriptions legales relatives aux alienes places volontairement, en cc qui concerneles certificals mi dicaux de vingt-quatre heures et de quinzaine, les notifications aux procureurs imperiaux et aux maires, les annotations medicates mensuelles, etc. La loi impose de plus, pour cette categoric d alienes, aux prefets 1 obligation de rendre compte de leurs ordres au ministre de I interieur, et de statuer, tons les six mois, d apres un rapport du medecin de 1 etablissement, sur la maintenue ou sur la sortie de cbaque personne placee d oftice (art. 20, 21).

Dans 1 mtervalle de ces arretes, si les medecins declarent que la sortie peut etre ordonnee, les chefs sont tenus d en referer aussitot au prefet, qui statuera sans delai (art. 23).

L attribution aux prefets du pouvoir d ordonner les sequestrations d oftice a ete, durant la discussion de la loi et depnis son adoption, 1 objet de vives criti (lies.

On a soutenu que ce pouvoir serait plus convenablement et plus surement con- fie a 1 autorite judiciuire dans la personne du president du tribunal civil, proce- dant a k maniere de ce que notre legislation a consacre en ce qui touche la detention par mesure de correction paternelle. On a pretendu que, si 1 ordre de placement devait etre abandonne a 1 administration, il conviundrait de Tattriliuer aux maires et non pas anx prefets, et enfin que, si les prefets en etaienl charges, il serait utile de subordonner 1 exercice de leur action au concours d une com mission speciale.

Mais la sequestration d un aliene dangereux estune mesure de police qui, par sa nature, appartient essentiellement a 1 autorite administrative, et qui par sonur- gence ne comporte pas les lenteurs et les formalites d une instruction judiciaire.

La loi n a pas dessaisi les maires du pouvoir de remedier au danger dans les cas d urgence ; la subordination des mesures prises par les maires a une prompte con firmation par 1 autorite administrative superieure est une garantie de plus donnee a la legitimite de la sequestration. La parfaite competence des prefets pour ordonner de lelles mesures nepeut etrecontestee. Les caracteres de la foncliondemagislra- ture administrative dont les preiets sont investis olfrent des garanties reelles, et n cxcluenf. pas d ailleurs une resjionsabilite qui ne pourrait peser sur un president


58 ALIENES (LEGISLATION).

de tribunal. L intervention (Tune commission dans une mesure qui est tin acte de pouvoir administratifen altererait la nature, en exagereraitlaportee, endiminue- rait 1 efticacite pur des hesitations el des lenteurs souvent prejudiciables a la societe el a 1 aliene lui-meme, et attenuerait lesgaranties par 1 eparpillement, par le de- placement <!e la responsabilile.

Les conditions d iuf ormation preamble par enquete administrative et par consta- tation medicale, et de declaration des motifs, imposees par la loi aux arretes des prefets, el Tobligation de notification de ces arretes aux procureurs irnperiaux et aux families par 1 intervention desmaires, rSalisent Unites lesgaranties desirables de legitimite dans des mesures dont la confirmation est soumise non-seulement au controle de { administration elle-meme, mais encore a la surveillance de ma gistrals d ordres divers, et qui peut toujours etre subordonnee a une decision des tribunaux.

Quant aux placements volontaires, on s est, depuis 1 adoption de laloiet prin- cipalement depuis un certain temps, eleve centre les facilites donm es par la loi aux admissions, et contre ce qu on a appele i omnipotence leg.ile des medecins.

Si la loi de 1858 a intentionnellemenl rendu facile le placement volontaire dans les elablissemenls d alienes, c esl parce qu elle n eslpas simplement et exclusive- ment une loi de police.

Elle ost une loide reforme sociale et de bienfaisance publique, destinee a assu rer aux alienes la protection et les soins qui leur sont necessaires, et prinoipale- ment, avec une intelligence elevee du but le plus essentiel, a favoriser par la promptitude des secours la guerison de la maladie.

Pour qu on lut en droit d incriminer celte lacilite, il faudrait qu elle cut evi- demment pour elfct de compromettre les garanties reclamees par le respect du a la liberte individuelle.

Nul ne s avisera de lui reprocber d avoirdemande a une constatalion medicale de 1 existence de la maladie et d opportunite de traitement, la coudiiion essenlielle du placement d un aliene dans un asile; mais on lui a reproehe de s etre conten- tee, pourcette constatation, de intervention d un seul medecin.

Qui ne voit qu exiger, pour la conslalalion de 1 etal maladif qui peut motiver 1 admission d un malade dans une maison de traitement, le concours ou meme 1 intervenlion separee de deux ou Irois medecins, ce serait dans beaucoup de cas retarder 1 application d une mesure toujours urgente, quand la guerison esl en cause, et dans tons les cas multiplier des depenses souvent si difu ciles a suppor ter par les families ?

Dans 1 immense majorite des cas, un seul medeein est parfailement en etat de se prononcer sur 1 existence de 1 alienation mentale, el sur 1 opportunile du pla cement dans un asile; el, au point de vue moral, le temoignage d un seul mede cin a toute 1 autorite necessaire.

En cas de doute il s absliendra, el c esl alors qu un concours de medecins se trouvera molive, et sera realise sans que la loi ait a le prescrire.

A une epoi|ue ou la mesure du placemenl d uu aliene dans une maison de sante avait pour effel de reudre possible, a detaut de surveillance et de control-, une deteulion arbilrairement indufinie, on commend que la legislation anglaise ait cbercbe une garantie contre cette eventualite dans le concours de deux auloril.es, de deux r-spon>abilites medi-jales.

Mais, en conservant celte disposition traditionnelle, la legislation anglaise a demunde a d autres prescriplioas, a des prescriptions analogues ii c lies qu a for-


ALIENES (LEGISLATION). 5!i

mulees la loi de 1838, des garanties plus (ficaces, sinoii pour le moment meme de I admission, au moins pour toute la duree ulterieure de la sequestration.

La loi franchise ne considere le fait du placement volontaire, par suiie de 1 attes tation d un medecin etranger a 1 etublissement, que conime nne mesure provi- soire qui doit etre confirmee, dans le delai de vingt-quatre lieures une premiere fois, dans le delai de quinze jours une secoude fois, par le medecin de 1 etabhs- sement, et, dans le delai de trois jours, pour les etablissements prives, par un medecin commis par le prefet.

Pour cliaque placement, il y a constatation de la legitimite du placement, par deux raedecins, dans les etablissements publics, par trois medecins, dans les eta blissements prives.

La legislation realise done les garanties de nombre qu on demande pour les autorites medicales, dans des conditions plus efficaces que le conconrs prealable, puisque sur les deux ou trois medecins dont elle exige 1 attestation, il en est au moins un ou deux chez qui a 1 autorite morale, qui appartient a tons les medecins, se joint 1 autorite scientifique, qui appartient surlout en pareil cas aux medecins alienistes.

Sans attacher a certaines accusations, recemment dirigees centre la legislation de 1838, et les Applications que I administration en a faites dans les etablissements d alienes, une importance qu elles ne meritent a aucun titre, il est ne cessaire d apprecicr a sa juste valeur le reprocbe qui a ete fait a nos lois d avoir consacre, en ce qui concerne les alienes, une sorte d omnipotence medicale.

II est juste de reconnaitre que la legislation de 1838, qui s est a beaucoup d : e- gards inspiree d uue pensee medicale, a temoigne generalement d une grande confiance dans les medecins.

En cela merite-t-elle le blame plutot que la iouange?

En ce qui se rattache aux garanlie^ qu eile avail a consacrer au profit de la liberte individuelle, et c est le point dont il s agit en ce moment, la loi de 1838 a-t-elle done eu pour les medecins une confiance excessive?

11 est vrai que c est a des medecins qu eile a attribue le droit de motiver Tad- mission, le sejour, la sortie des alienes, c est-a-dire les conditions essentielles de la sequestration. Mais comment et a quel titre? En ieur donnant un droit parl ai- tement couforme a leurs aptitudes et a Ieur competence, celui de constater et d attester 1 existence, la prolongation, la cessation d un etat de muladie.

Mais en chargeant les medecins de ce qu eux seuls etaient capables de fa ire, la loi de 1838 n a pas neglige les precautions necessaires centre la possibilite de 1 er- reur, ou meme de connivences passionnees ou coupahles.

Elle a interdit aux medecins attaches par un interet de relations avec les eta blissements, de parente avec les personnes qui demandent I admission, la faculte d intervenir par un certificat dans le fait du placement,

Elle a soumis ( allegation du medecin qui a motive I admission au controle, a la verification, a 1 intirmation d autres medecins.

Et quant au fait lui-meme de la sequestration, elle 1 a soumis a la surveillance, au controle des procureurs imperiaux, des presidents rle tribunaux, des juges de paix, des maires, des prefets, des membres de commissions de surveillance, des delegues des prefets et du ministre de 1 interieur, iuspecteurs deparlemeutaux et iuspecteurs geueraux; ellel a subordonne a la volontedes membres de la famille, meme des amis, et a la decision des tribunaux.

Devant ce controle, cette surveillance, cc pouvoir d intervenir et de decider,


60 ALIENfiS (LEGISLATION).

que clovient cette pretendue omnipotence medicale, qui nc consiste, apres tout, que dans des constatations scientifiques, parfaitement susccptibles d etre discutees, contredites, confirmees?

II est vrai qu<; Ires-souvent on ne les discute pas, que rarement on les contredit, et que presque jamais on ne les infirme.

Cela ne lient pas, bien qu on ait ose raffirmer sans preuves, a ce que le devoir n est rempli par personne.

Cela tient a ce qu il n y a guere que les alienes, pendant qu ils sont malades et meme apres qu ils sont gueris, qui admettent couramment qu un, deux, trois medecins pnissent s entendre pour les declarer fous quand ils ne le sont pas, et que des administrateurs soient capables de demander a des medecins, eatables de 1 accorder, une declaration mensongere, qui serait un grave delit sinon un crime.

{/experience de la loi a ete faite sur une large echelle : 8,000 alienes en moyenne sonl chaque annee admis dans les etablissements publics et prives de la France.

Sur 200,000 admissions d alienes ((ui out eu lieu depnis vingt -cinq ans, comptez, je vous prie, les cas d alms, consultez les annales de la justice, et meme les publi- cationsquolidiennes de la prt sse. Vous n y trouverez pas une infirmation de ce que je suis en position et en droit d affirmer : c est que, sous le regime de la loi dc 1838, en France, il n y a rien de plus rare qu une sequestration non motivee par un etat reel d alienation meutale, si ce n est une prolongation de sequestration non justifiee par la persistance de 1 etat de maladie.

Pour indrmer la confiance justement accordee par la loi aux declarations des medecins, on a mis en doute la valeur meme de ces declarations, et on a souvent invoque les dissidences des medecins devant la justice.

Sans insister sur 1 appreciation des circonstances qui out pu quelquefois donner une grande porteeet un grand eclat a de telles dissidences, et qui ont pu fournir un pretexte plus ou moins legitime aux accusations dirigees contre les medecins, je crois devoir I aire remarquer que ces dissidences ne se produisent que dans des cas difficiles et douteux; que, si elles peuvent indiquer parfois une insuflisance daus la capacite de 1 expert, et meme dans la puissance de la science, elles attes- tent, par le fait meme de leur manifestation, raccomplissement couseicncieux d un devoir.

Est-il bien etonnant que dans des questions difficiles et dedicates de science medicale, le dissentiment se produisc quelquefois cntre medecins, quand devant la juslice, sans qu on puisse justement incriminer la conscience ou infirmer la science, il n est pas de question de fait et de droit qui ne irouve constamment deux avocats pourse contredire, et souvent deux tribunuux pour se prononcer en sens ccntraire 1

S il est permis d affirmer que la legislation de 1858 ne merite pas les repro- ches qui lui ont ete frequemment adresses, et qu elle atteint, dans des conditions efficaces de garanlie pour la liberte individuelle, le but qu elle s est propose, il n en faudrait pas conclure qu elle ait aiiui du premier coup alteint la perfec tion, ni surtout qu elle ait donne la solution definitive et complete de loutes les difficultes pratiques qui se rattachent a la sequestration publique et pri\ee des alienes.


En se bornant a regulariser les conditions du placement et du maintien alienes dans des etablissements autorises a les recevoir, la loi de 1858 set


des semble


ALIENES (LEGISLATION).

avoir admis implicitement que les alienes no peuvent etre places ct mainlemis a ce litre, en dcliors de leur domicile legal, que dans de (els etablissemeuts, et a reellement laisse les alienes sans autres garanties qne celle dn droit commun, contre tons les abns qui pourraient resuller de leur sequestration arbitraire et non surveillee dans tout autre lieu que les etablissements autorises.

II es( plus facile de presumer quede mesurer 1 imporlance et les consequences reelles d une telle lacune dans notre legislation speciale sur les alienes.

Ce point delicat de 1 intervention de la loi dans les rapports dcs alienes avec les families n avait pas ediappe, des avant 1858, a la sollicitude des legislateursdans d autres pays.

La loi anglaise du 11 mai 1832 soumettait aux conditions de justification du motif, et de notification du fait aux autoritcs competentes, exigees pour les eta blissements autorises, le placement et le sejour d un aliene dans toute maison particuliere ou etablissement non autorise.

EUe n admettait d cxception pour la laculte de recevoir et de garder un aliene qu en faveur du tuteur, du parent, et dans le cas d absence complete d inti ret pecuniaire, ou de commission donneepar le lord chancelier.

Elle imposait 1 obligation de justifier annuellement de ia persistence de 1 etat de maladie par un certificat signe de deux medecins, pendant tout le temps que la personne malade demeurait confiee a la garde de tel ou tel particulier.

Elle attribuait au lord chancelier et au secretaire d Etat an deparfcnient do I interieur le droit de faire visiter en tout temps les alienes gardes choz Jeurs pa rents, ou partout ailleursque clans les etablissements autorises.

La loi anglaise de 1845 a maintenu ces interdictions et res obligations.

La loi mise en vigueur a Geneve, le 5 fevrier 1838, subordonne a 1 ordre ou a 1 autorisation du lieutenant de police le placement des alienes dans les eta blissements prives comme dans les etablissements publics, et elle as-imile expressement a un etablissement prive tout domicile on I aliene est retenu par contrainte, et soigne, meme seul, par une personne qui n appartient pas a sa famille.

La loi beige du 10 juin 1850 a consacre en ces termes le meme principe :

Est cousideree comme etablissement d alienes toute maison ou I aliene est traile, meme seul, par une personne qui n a avec lui aucun lien do parente ou d alliance, ou qui n a pas la qualite de tuteur, de curateur ou d administrateur provisoire.

Elle a de plus, conformement a 1 esprit de la loi anglaise, cherche a concilier la liberte des families dans le choix du lieu de trait emeu t de 1 alient?, avec la faculte d etendre a tous les cas comme a tous les lieux Ls memes garanties pour la li berte individuelle, la meme protection pour I aliene.

II arrive souvent, dit 1 expose des motifs de cette loi, que les families, les corporations, les tuteurs des alienes jouissant d une certaine aisance, eprou- vent de la repugnance a placer leurs parents, leurs membivs, leurs pupilles, dans une maison de sunte. Cette repugnance doit etre respcctee toutes les fois qu elle n est pas susceptible d entrainer des consequences defavorables pour les malades.

Mais, d autre part, il importe aussi que la sequestration a domicile ne puisse entrainer des inconvenients, ct que la necessite soil en tout cas bien ",011- statee.

Conformement a ces vues, la loi beige present ce qui suit :


(LEGISLATION).

Art. 25. Nulle personne ne pent elre sequestree dans son domicile, on cclui de ses parents, ou des personnes qui en tiennent lieu, si 1 etat d alienation men- tale n est pas constate par deux metlecins designes, I un par la f;imille ou les per- sonnts interessees, 1 autre par le juge de paix du canton, qui s assurera par lui- meme de 1 elat dn malade, et renouvellera ses visiles au moins une ibis par trimestre.

Independamment des visites personnelles du juge de paix, ce magistral se fera remettre trimestriellement nn certificat du medecin de la famille anssi long- temps que durera la sequestration, et. fera d ailleurs visiler 1 aliene par tel mede cin qu il designera chaque fois qu il le jugera necessaire.

Une legislation speciale embrassanta tons les points de vueles interets publics et prives, qui se rattachent socialement et medicalemenl aux conditions exceplion- nelles d exislence dans lesquelles I liomme se trouve place par suile de 1 ttat d alienation mentale, telle ebil, la tend mce necessaire du mouvement de progres ipii s est propane de la iin du dernier sierle jusqu a nos jours, et lei a ete son resultat principal dans les pays ou ce mouvemenl a ete le plus puissant et le plus complet, en France, en Angleterre, en Belgique.

Les lois relatives aux alienes qui ont ete promulguees dans ces divers pays offrent, pour le but et pour les moyens, les plusgrandes analogies, et peuvent etre considerees comme la consecration de 1 ceuvre meme realisee par le progres de- puis les premieres tent;\tives de reforme.

On retrouve en efl et dans ces legislations, sous la forme de regies et de pres criptions, les prinripes juridiques qui avaient prevalu, les pratiques admini^ra- livcs qui s elaienl le plus generalement accreditees, et la consecration des insti tutions publiques ou privees de refuge et de traitement, qui s etaient de plus en plus multipliees, durant la premiere partie du dix-neuvieme siecle, dans tous les pays civilises.

Ces legislations, aussi bien que les oenvres et les fondations qui les out prece- dees ou suivies, represeutent en definitive cet ensemble fort complique d appli- cations pratiques par lesquelles il appartient a 1 administratios judiciaire el poli- tique, a la charite publique et privee, a la science medicale, d accornplir 1 oeuvre de protection, de bienfaisance el de traitement curatif ou palliatif que reclamenl les besoins des alienes.

Ces applications, meme dans le cercle des prescriptions legales, supposent des principes et des regies, et soulevent des questions qui se rattachent elroitement par uu grand nombre de cotes a la science medicale, et dont 1 examen doit neces- sairement trouver place dans ce dictionnaire.

De ces questions, celles qui se rapportent plus expressement au mainlien de 1 ordre public, a la protection de la liberte individuelle et aux garanties a obtenir pour la legitimile des sequestrations, ont pu etre sommairement discutees en meme temps qu etaient exposees les solutions qui leur ont ete donnees par la legislation franchise.

Les questions de capacite et de responsnbilite ont du etre reservees pour le pacagraplie specialement consacre a la medecine legale des alitjnes.

Quant aux applications qni representent 1 acconiplissement des devoirs de 1 ad- ministralion, de la science ct de la clnrile envers les alienes, et qui doivent avoir pour but d assurer a tous les alienes sequestres par mesure d ordre public des conditions d existence appropriees a leurs besoins, a tous les alienes cuiables des moyens de traitement efficace, et a tous les alienes indigents 1 assistance el la


protection qui leur sont necessaires, ellos exigent, a raison de leur importance, de la niultipiicite de leurs aspects et di s graves I ontroverses dont files sout depuis quelque temps 1 objet, une exposition developpce et une discussion de laillee, quc ne comporlent pas les linn tes d un article de dictionnaire.

H est loutefois indispensable de resumer ici, dans une vue d ensemblc, les re- sullats obtenns et les piincipes consacres par I experience, de maniere que dia- cun puisse apprecier d une maniere generate les veritables besoins de la science dans leurs rapports avec ce qui a ete fait, et avec ce qui doit ou peut etre tente pour leurdonner une complete satisfaction.

C est ce qne je vais essayer de faire anssi brievement que possible en conside- rant succcssivement sous deux point de vue principaux, assistance publique d. traitement de 1 alienntion mentale, Jes asiles d alienes, c est-j-dire les institutions sur lesquelles la science, la charite et 1 administration ont jusqu alors principa- lemont compte pour remplir leurs obligations envers les alienes.

II. Assistance publique. L indigence qui resulle du dt fanl de revnni personnel, lie a 1 incapacite de truvail produclif, et de 1 impuissance de l-i I a- mille a suppleer a ces insul fisances chez 1 un de ses membres, et qui est pour la societe et pour 1 administration publique la condition du devoir de [ assistance, se produit .chez 1 alii ne de la maniere la pins complete, la plus [acheuse et la plus durable. 11 est incontestable qn aucun indigent nialade n a plus besoin d etre se- courn que 1 aliene.

La loi franchise n a attribue d une maniere absolue qu a 1 alii ne. dangereux le secours de 1 assistance publique, sous la forme d entrelien gratuitdms un asile. Aux autres alienes, elle n a ouvert que relativement un refuge similaire, en lais- sant a 1 administration publique la faculte il etendrc ou de restivindre ce mode de secours suivant les besoins et les ressources. L extension a donner a ce secoui s a ete dans 1 esprit, dans les motifs, et dans le but de la legislation, principalement subordonne a la necessite d assurer aux pauvres un traitement curatif dficace, dont ( admission dans un asile a ete consideree comme la condition essentielle. Le secours pur et simple de 1 assistance publique par 1 admission dans les asiles, ayant pour motif le fait d indigence chez un alieue non dangereux et incurable, s est ainsi trouve place par la loi au dernier rang pour i importance, et, suivant son esprit, c est sur cette categoric d alienes seulement que peuvent porter les restric tions a pportees au secours, sous la forme d entretien gratuit dans les asiles d alienes.

En defmissant le but, en determinant les conditions de 1 admission des iudi- gents alienes dans les asiles, la loi n a en realite que regularise et devcloppe ce qui se pratiquait partout ou, avant son apparition, on s etait preoccupe plus ou moins serieusement de la condition des alienes. En France, des 1818, 8 etablis- sements speciaux et 24 hospices renfermaient 4,418 alienes, et on evaluait a 1,000 le nombre de ceux qui se trouvaient repartis dans les petits hospices et les pri sons. En 1853, 8, 5UO alienes existaient dans les etabhssemonts hospitallers. Au moment oil 1 on discutait la loi, 57 etablissements etaient specialement consacres arecevoir des alienes. Le nombre des alienes en traitemeut dans les asile-; pu blics ou prives, tiui etait de 10,559 en 1855, s elevait en 1858 a 11,982. L in- fluence de 1 application do la loi de 1858 s est traduite par une augmentation graduelle du nombre des alienes annuellemeiit entretenus dans les asiles, qui de 12,577 au 1" Janvier 1859 s etait. eleve le l er Janvier 1854 a 24,524, et avail at teint au l er Janvier 1860 le chiftre de 28,706.


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Des resiillats analogues se sout manifestos dans les divers Elats chiiises de 1 Europe et de 1 Amerique, exprimanf, par raugmentation gnduelle du nombre des alienes places dans les asiles, d une maniere generale le mouvement de re- forme socia e et scienlifique qui a commence avec le siecle, et d une maniere speciale ( acceleration imprimee a ce mouvement, dans quelques-uns de ces Elats, par 1 adoption de legislations speciales.

L cleiidue du seconrs, en atteignant suivant les temps et les lieux des propor tions fort dilferentes, est constamment demeuree de beaucoup au-dessous du nombre des alienes existants, et generalement on peut admettre que ceux des alienes qui out etc lapses en deliors des asiles appartenaient a la categorie des incurables et des inoffensifs.

Ce fait se ivvele expressement en ce que partout, parmi les alienes secourus, les idiots ne comptent que pour une fraction tres-laible, bien que le nombre des idiots soil partout considerable et atteigne ou meme depasse dans certaines con- tn es (.vlui des lous. Ainsi eii Saxe, le recensement de 1861 a constate 1 existence de 1,497 alienes atteints de folie, et de 4.i7 -i idiot- ou cretins, tandis que le nombre des alienes admis dans les asiles ne s elevait, pour les lous, qti a 747, 49 sur 100, pour les idiots ou cretins qu a 851,18 ] our 100. Dans les 86 deparle- ments de la France on a reconnu, en 1861, 1 existence a domicile de 14,853 alienes atteints de folie proprement dite, et de 52,986 idiots ou cretins. Les alienes existant dans les asiles au l er Janvier 1860, au nombre de 28,706, coni- prenaient approximativement 5,500 idiots ou cretins et consequemment 25, 206 fous, et leur proportion comparativement aux alienes a domicile s elevait pour es fous, sur un total de 40,059, a 62 sur 100, pour les idiots ou cretins, sur un total de 56,486, a 9 sur 100.

Les previsions, qui, s appuyant sur des donnees statistiques fort imparfaites, evaluaient a 15,0^0 le nombre des places d asile propre a satislaire aux besoins du service des alienes pour la France entiere out e te en fait depassees de pres du double. Et le plus sonvent, meme dans les circonscriptions territoriales pour lesquelles on s etait efforce de determiner, au moyen d etudes prelimi aiies plus approfondies, le nombre des places a cteer dans les asiles que Ton se proposait d approprier ou de fonder, on est reste, pour les evaluations et pour les creations de places, de beaucoup au-dessous du nombre d-s alienes, dont 1 entretien an- nuel dans ces asiles a ete rendu necessaire ou possible par 1 applicatiou de la legislation.

De la deux consequences qui n ont pu manquer de pre occuper serieusement 1 administraliou ct la science, 1 aggravalion graduelle des cbarges departementales qui tendait a rompre 1 cquilibre des budget?, et 1 encombrement sans cesse crois sant des asiles, qui avail pour eflet de concerter I harmonie des plans les mieux concus, dc porter obstacle ii 1 eflicacite du traitement curatif, de corapromeltre le bieu-etre et meme la vie des alienes.

Une telle situation ne pouvait manquer de motiver, de justifier les reclama tions des medecins, et d entiainer pour les dep.irlements de nouveaux sacrifices en iH-cessitant 1 agrandissement des asiles devenus a tons egards insuffisants.

Tout en subissant dans une certaine mesure ces necessites, les administrations departementales se sunt Irequemment preoccupies des moyens de limiter leurs sacrifices et leurs charges.

Ainsi s est trouvee posee la question des causes de raugmentation graduelle du nombre des alienes entretenus dans les asiles, et en meme temps cello des ve ri-


(ASSISTANCE). 65

tables devoirs AQ 1 assistance publique envers les alienes. Sous ce double point de vue, les appreciations les plus ordinaires et les plus accreditees ne sont rien moins que fondees sur une connaissance suffisamment approfondie des fails et sur une interpretation suffisamment eclairee des veritablcs besoins de la societe. Et les mesures dont elles ont inspire et motive 1 adoption, dans plusieurs deparle- ments, en vue de restreindre le secours, n ont que Ires-imparfaitement atteirit le but qu il serait raisonnable et desirable de se proposer.

1 Causes de I accroissement du nombre des alienes dans les asiles. II etait naturel, et souvent on 1 a tait, d attribuer a 1 augmentation du nombre des alienes dans la population 1 augmentation du nombre des alienes admis dans les asiles.

Mais rien n est moins solidement etabli que le fait de I aceroissement de la pro portion des alienes dans les populations.

Pour 1 admettre on s est surtout appuye sur la comparaison de resultats de recensement dans les populations ou de denombrement dans les asiles, fails a des epoques plus ou moins eloignees. Mais les cbiltrcs plus considerables, generale- ment fournis pour les epoques les plus recentes, n ont reellement d autre signifi cation incontestable que celle d une plus grande exactitude dans les recensements. Quant au fait de i augmentation du nombre des alienes cntretenus dans les asiles, il peut exprimer et il exprime en effet autre cbose qu un resultat d accroissement reel dans la proportion des alienes lelativemenl a la population.

Une cause incontestable, et celle-la tres-puissante, de I augmentation du nombre des alienes dans les asiles, doit etre attribute a la reforme meme qui est I o3uvre du siecle en ce qui touche le traitement des alienes et expressement, en France, ii 1 application de la legislation de 1838.

Cette reforme et la legislation qui 1 exprime dans notre pays, ont eu pour effels simultanes et connexes de favoriser en general radmission dans les asiles, de rendre plus facile la concession et plus frequente la demande du secours d admis- sion gratuite pour les indigents, et d augmenler en meme temps les ressources d admission par la multiplication du nombre des places disponibles, soil dans les anciens asiles appropries et agrandis, soil dans des asiles nouveaux crees sur de plus grandes proportions.

On peut apprecier 1 influence de cette cause principale de I accroissement de la population alienee des asiles pendant les annees qui ont suivi la promulgation de la loi de 1838, aumoyen de la comparaison du chiffre annuel des admissions dans la totalite des asiles publics et prives de la France, de 1835 a 1853.


Enl835 3,941


1836 4,215

1837 4,441

1838 4,910

1839 5,536

1840 5,433

1841 5,851

1842 6,686

1843 6,798

1844 7,435


En 1845 ... 7,518


1846. 1847. 1848. 1849. 1850. 1851. 1852. 1853.


7,570 7,686 7,341 7,536 8,184 8,592 9,782 9,081


Ces fails demontrent d abord que le mouvement de progression ascendante dans le nombre des admissions annuelles s etait produit des avant la loi de 1858, et n a fait depuis que se continuer, en s accelerant d une maniere un peu plus rapide, de 1838 a 1844, epoque a laquelle le nombre des admissions avail double relative-

lllCT. L.NC. Ill 5


66 ALIENES (ASSISTANCE).

meat, a 1855. De 1844 a 1849 le chiffre des admissions est demeure a peu pres stationnaire. A parlir de cette epoque, une nouvelle progression ascensionnelle s est manifested, de maniere a produire en definitive, pour les deux annees 1852 et 1853, un chiffre pres de deux fois plus eleve que celui des admissions de 1858.

Que cette augmentation du nombre des admissions doive etre consideree comme exprimant surtout la consequence de I application de la reforme ou de k legislation de 1 858 , c est ce que les chiffres eux-memes semblent imme- diatement indiquer, et ce que demontrent positivement diverses donnees sta- tistiques.

Les recensements generaux, malgre leurs imperfections, montrent que le nombre des alienes a domicile diminue generalement a mesure qu augmente le nombre des alienes admis dans les asiles. Et le recensement de 1851 a permis en outre de reconnaitre que le nombre des alienes a domicile etuit proportionnelle- menl plus considerable dans les departements depourvus d asile.

II est done certain que [ augmentation du nombre des alienes entretenus dans les asiles a etc principalement due a 1 influence d une application de plus en plus gcnerale et de plus en plus large de la legislation de 1858.

Cette influence n est pas encore completement epuisee dans ce qu elle a de li -ilime, et continuera a se faire sentir jusqu a ce que 1 organisation du service des alienes ait ete definitivement accomplie dans toutes les circonscriptions ter- ritoriales de la France.

La realisation de cette influence inevitable etait le but essentiel que la reforme poursuivait au moyen de la legislation. Si les resultats out depasse les previsions, il en faut surtout accuser I insuifisance des informations prises ou possibles au moment oil la loi a ete deliberee.

En face de ces resultats on a pu, avec quelque fondement, se persuader que 1 abus des facilities donnees par la loi pour le placement des alienes dans les asiles avail concouru a les produire. On a admis que les families cberchaient a se debarrasser de malades dont 1 etat ne justifiait pas suffisamment la sequestration, en mettant la depense de leur entretien a la charge des departements, lors meme qu elles ne se trouvaient pas dans les conditions d une reelle indigence. On a attribue aux maires des dispositions analogues, en leur reprochant de demander le placement d indigents onereux a la commune, sous pretextc d un etat souvent fort contesta- ble d alienation dangereuse.

On a considere les medecins en general comme disposes a favoriser ces regret- tables tendances, par la delivrance de certiiicats motivant le placement dans les asiles, soit sur un etat de danger, soit meme sur un etat d alienation mentale, trop facilement admis. On a meme etendu ce reproche jusqu aux medecins des asiles publics ou prives, en leur imputant plus d empressement a couVrir de leur responsabilite des admissions dont la necessite n est pas evidente, qu a favoriser par leur initiative des sorties dont 1 opportunite ou la possibilite seraient fort ad- missibles.

G est en vue de remedier a ces abus qu on subordonne frequemment 1 admis- sion des indigents alienes dans les asiles publics a des enquetes prealables plus ou moins prolongees, et meme, dans quelques departements, a un sejour dans un quartier d observation ou leur etat, avant que le prefet se prononce^ est sounds a 1 appreciation d un medccin special ; et qu on a developpe un systeme d enquetes ur les ressources de 1 aliene indigent, soit avant, soit apres son admission, dans


ALlfiNES (ASSISTANCE). 67

iequel, pour le dernier cas, on donne quelquefois aux administrateurs provi- soires une participation exageree et un role qui n est nullement en rapport avet celui de protecteurs et de conservateurs de 1 avoir des alienes indigents que la loi leur a essentiellement assigne .

Ce n est qu en exagerant au dela de toute vraisemblance et de toute realile 1 influence de ces abus, qu on pourrait par eux essayer d expliquer I accroissement du nombre des alienes entretenus dans les asiles. Et les mesures adoptees, pour les prevenir on les reprimer, outre les graves inconvenients qu on serait en droit de leur reprocher a divers egards, auraient meme, au point de vue qui lesa inspi- rees, I inconvenient capital de leur impuissancc radicale pour atteindre le but cherche, c est-a-dire un obstacle au mouvemcnt d accroissement progressii du nombre des alienes entretenus au compte des departements.

Tout en tenant un juste compte d abord et principalement de 1 influence du developpement graduel et non encore accompli des applications legitimes de la legislation de 1858, puis accessoirement des abus auxquels ces applications peu- vent donner lieu, c est a une autre source qu il faut chercher 1 une des causes principales de Taccroissement progressif de la population des asiles. Et c est a d autres faits et a d autres vues qu il faut demander les enseignements a 1 aide desquels on peut instituer un ensemble de mesures propres a regularise! 1 , dans des limites autant que possible constantes, 1 application de la legislation de 1858, conformement a son esprit et a son but, qui sont reellement en parfait accord avec les veritables besoins de la societe et de la science.

Des 18^5, dans ma notice statistique sur 1 asile des alienes de la Seine-Inferieufe, j ai demontre 1 existence d une cause principale de 1 accroissement graduel de la population dans les asiles d alienes, et je 1 ai signalee comme >< 1 expression d une loi, dont I executiDn de la nouvelle legislation sur une large echelle paraissait destinee a faire ressortir et a generaliser les efiets.

Les deces et les guerisons n eteignent pas annuellement un nombre d alienes egal a celui des admissions, et de ce fait resulte 1 accroissement incessant de la population des asiles d alienes...

Ce fait, qui tient a la nature des choses et non a des circonstances acciden- telles, exprime une loi dont il doit etre tenu compte dans les mesures d admi- nistration relatives a la creation et tl la conservation des asiles d alienes.

Bien que cette loi soit generale, ses efiets, par rapport aux deux sexes, diffe rent notablement. La difference entre les extinctions et les admissions est plus faible pour les hommes, chez lesquels les extinctions par deces sont plus conside rables. II resulte de la que 1 accroissement annuel de a population, pour les alienes hommes, est notablement plus faible que pour les femmes.

Et ainsi s explique, par la plus grande mortalite che/ les hommes, le fait de la predominance habituelle du nombre des femmes dans la population des asiles d alienes.

L influence de cette loi sur 1 augmentation graduelle du nombre des alienes residant dans les asiles doit elre prise en grande consideration, lorsqu on cherche a apprecier la frequence de 1 alienation mentale a diverses epoques dans le meme pays. On s exposerait a de graves erreurs si Ton cherchait a 1 evaluer par la com- paraison de la population d un asile a diverses epoques et meme par le fail bien constate d une augmentation graduelle du chiffre de la population de cet asile.

L exactitude de ces vues a ete completement justifiee par toutes les donnees


08 ALIE1NES (ASSISTANCE).

ulterieures de la statistique, auxquelles il me suffira d empt unter quelques exem pies pour demontrer 1 existence et pour faire apprecier 1 importance de I une des causes principales de 1 accroissement graduel du nonibre des aliened dans les

asiles.

La population des asiles publics et prives de la France s elevait, au l er Janvier 1842, a 15,796. Le mouvement de la population dans les annees qui se sont ecou- lees depuis cette epoque jusqu au l er Janvier 1853, ou la population de ces memes asiles atteint le chiffre 23,795, a fourni les resultats suivants :





DIFFERENCES



ANNKgS.


ADMISSIONS ANN UELLES.


EXTINCTIONS ANNUELLES.


- ii i " DANS


_ ^^ .

DANSLE RAPPORT

DES


POPULATION AU 31 PECEMBRE





LES ADMISSIONS.


ADMISSIONS







AUX EXTINCTIONS



1842


6,686






15,796


1843


6,798


6.559


+ 112


+ 459


16,255


1844


7,455


6,646


+ 657


+ 789


17,089*


1845


7,518


6,594


+ 85


+ 924


13,015


1846


7,570


6,560


+ 52


+1,1110


19,025


1847


7,G86


7,159


+ 116


+ 547


19,570


1848


7,541


6,680


- 545


+ 661


20,251


4849


7,556


7,706


-f- 195


170


20,061


1850


8,184


6,892


+ 648


+1,292


11,555


1851


8,592


7,450


+ 408


+ 1,142


22.495


1852


9,742


8,442


+1,150


+1,500


25,795



78,402


70,448


+5,401


+8,124


25,70:>



70,448



545


170


15,796



7,954


B


5,056


+7,954


7,909


  • A ajouter pour rectification d une erreur commise dans la statistique de





7,95i


II est facile de reconnaitre que 1 augmentation de la population pour chaque annee n a ete influences par le mouvement croissant des admissions que pour une part constamment plus faible, et souvent beaucoup plus faible, que 1 augmentation reelle. Et.relativement a 1 accroissement final de la periode, c est en fournissant chaque annee des restes plus considerables, qui s ajoutent d annee en annee, que le mouvement croissant des admissions exerce une influence sensible sur 1 accrois sement de la population.

Les resultats de mouvement relatifs aux annees 1845, 1846 et 1848, montrent que 1 accroissement de la population s est produit lors meme que le nombre des admissions n augmentait que d une maniere insignifiante ou meme diminuait sensiblement. C est qu en effet, dans les conditions d un nombre d admissions annuelles demeurant le meme, 1 accroissement annuel de la population resulte encore necessairement de leur inegalite de nombre par rapport a celui des extinc tions. Le fait est mis dans la plus entiere evidence par cet exemple emprunte a 1 asile de la Gote-d Or, ou les admissions sont demeurees stationaaires et n ont compiis que des alienes appartenant a la circonscription meme, au service de la- quelle il cst exclusiveinent consacr .


ALIENES (ASSISTANCE).


69





DIFFERENCES



ANNEES


ADMISSIONS


EXTINCTIONS


- ii ..


- *""

DANS IE RAPPORT


10PULATION



ANNUELLES.


ANNUELtES.


DANS


DES


AU 31 DECEMBRE





LES ADMISSIONS.


ADMISSIONS







AUX EXTINCTIONS



1845





B



106


1844


95


67



+ 28


15 i


1845


89


84


6


+ 5


15


1846


75


73


14


4- 2


141


1847


96


72


4-^1


4- 24


165


1848


95


75


1


4- 20


185


1849


98


75


+ 3


4- 23


208


1850


93


66


5


+ 27


235


1851


102


82


4-9


4- 20


255


1852


95


100


7


5


250



858


694


4-53


4-149


25 i



694



35


5


106



144




144


144




i




On conceit facilement que 1 accroissement annnel de la population, pour un chiffre meme constant d admissions, etant subordonne a la proportion des deees et des sorties par guerison ou par autres causes, c est-a-dire a deux elements de la population qui varient suivant les temps, les lieux et 1 etat des malades au mo ment de I admission, doive presenter dans son intensite des variations considera bles. De la I utilite et meme la necessite de fonder sur 1 etude de la proportion de la mortalite et des guerisons toiite appreciation approfondie de la signification des aits d accroissement de population dans les asiles.

Cen estqu apres avoir oblenu cesdonnees essentielles sur les causes transitoires, accessoires ou permanentes de 1 accroissement du nombre des alienes annuelle- ment entretenus dans les asiles, qu il est possible d examiner avec fruit les ques tions relatives aux regies a suivre pour diriger et regulariser le service public des alienes dans des circonscriptions territoriales determinees, de maniere a propor- tionner les ressources aux besoins conformement aux veri tables exigences de la rai- son et de la science.

2 Regularisation de I assistance publique. II y a tout d abord lieu de remar- quer d une maniere generale que le but veritable peut etre manque, soit que, ce- clant aux entramements d une sympathie exageree, on aspire a etendre le secours jusqu a la totalite des alienes sans exception, soit que, dominepardes considerations d epargne, on tende a le restreindre aux conditions de la plus stricte necessite.

La legislation frangaise, en consacrant absolument pour les alienes dangereux et moralement pour les alienes curables, i obligalion du secours, seulement facul- tatif pour les autres categories d alienes, s est placee entre les extremes, au veri table point de vue.

Et, pour formnler les regies a suivre dans 1 application, il suffit d interpreter sainement etde preciser exactement ses dispositions fondamentales.

La necessite de proteger la societe et 1 aliene lui-meme contre les suggestions nuisibles du delire, le droit de disposer de la personne de 1 aliene en vue de rea- liser cette protection, le devoir d ossurer a 1 aliene, prive de sa liberte et soustrait aux soins de sa famille, des conditions convenables de surveillance et detraitement


70 ALlfiNfiS (ASSISTANCE).

dans un e tablissement approprie, et 1 obligation de pourvoir m\ frais de 1 entre- tien de 1 aliene indigent, pendant toute la duree de son isolement, se supposcnt reciproquement et impliquent, dans leur connexite, la forme du secours, qui est ie placement d office dans un asile, et la condition du secours, qui est 1 existence chez 1 aliene d un etat qualifie dangereux par la legislation francaise.

II ne peut y avoir de difficultes dans 1 application qu a propos du sens de ces mots aliens dangereux, que la loi n a pu rigoureusemeut defmir.

Pour 1 interpreter sainement, il est neci ssaire de se placer au point de vue pra- (ique, en se bien penetrant de 1 esprit de la loi, dans sa conformite avec les veri- lables besoins de la societe. On ne peut meconnaitre que le trouble permanent de la raison, chez un aliene quelconque, ne soil exclusif d une securite absolue. En effet, dans cet etat, les interets de 1 aliene, de sa famille et de tous ceux avec qui il peut etablir des rapports, peuvent etre a chaque instant compromis, et, sous co point de vue, on pourrait admettre que, pour tous les alienes sans exception, pour les idiots aussi bien que pour les fous, les conditions de la vie libre impliquent des eventualites d accidents, d actes nuisibles, de dommages causes ou subis, qui constituent reellement un etat permanent de danger. Mais pour que 1 autorite publique puisse etre saisie dudroit de disposer de la personne d un aliene, meme malgre la volontede sa famille, ce qui est le cas pour 1 aliene dangereux dans le sens de la loi, il ne suffit pas de vagues eventualites ; 1 etat do danger doit repre- senter quelque chose d actuel et de positif, c est-a-dire 1 imminence d un danger determine, a courir pour 1 aliene ou pour la societe, au point de vue de la surete, de 1 ordre et de la morale.

C est le cas de toute espece, de toute forme, de tout degre de 1 alienation men- tale, quaud le delire impiique chez 1 aliene une tendance expresse aux agressions contre les personnes et les choses (suicide, homicide, blessures, coups, destruc tion, vol, incendie, etc.) et aux actes propres a troubler la tranquillite publique (cris, tapage nocturne, vagabondage, etc.), et aux offenses a la morale publique (actes et paroles obscenes, atteintes aux mceurs, etc.).

En toute circonstance, un tel etat peut etre positivement reconnu et caracterise, d apres la nature meme du delire, au nioyen d appreciations qui sont de la compe tence des medecins, et, d apres la nature meme des actes, au moyen de constatations qu il appartient a 1 autorite d obtenir par voie d enquete. L etat dangereux, a son plus haul degre, est signale d une maniere encore plus authentique quand les actes, ayant les caracteres de delits ou de crimes, ont motive des mesures de police et meme des poursuites judiciaires.

Enfm il est a la fois rationnel et legal d admettre pour les condamnes liberes 1 etat dangereux dans tous les cas d alienation mentale evidemment constatee au moment de la liberation.

Le principe de la loi francaise, en ce qui concerne les alienes dangereux, saine ment compris et judicieusement applique, est de nature a donner satisfaction complete aux besoins de la societe en meme temps qu aux veritables interets de 1 aliene.

En fait, a-t-il eu dans la pratique, depuis 1838, toute 1 efficacite desirable ? S il est difficile de meconnaitre qu il arrive souvent que 1 etat dangereux soit signale el motive le placement d office dans des cas d alienation mentale reellement inof fensive, c est un fail dont la portee abusive est assez faible, car 1 aliene inoffensif, s il est curable, et s il est completement denue de moyen? d existence, trouverait legitimement place dans les asiles par 1 un ou par 1 autre de ces deux derniers


(ASSISTANCE). 71

motifs. D autre part, la frequence des catastrophes tragiques de suicide, d homicide et d incendie, dont les acteurs sont des alienes, atteste que ce n est pas par exces d extension que pechent les applications de la sequestration legale aux alienes reellement dangereux ; ce dont on se convaincrait plus positivement encore, si 1 ou tenait compte de tout unordrede fails qui s accomplissent sans retentissement dans les journaux, maraudage, vol, vagabondage, attentats contre les moeurs, et qui ont des alienes pour auteurs.

Pour apprecier jusqu a quel point les applications de la loi, en ce qui concerne les alienes dangereux, out pu etre abusives ou insuffisantes, il faudrait avoir sur la proportion des alienes dangereux relativement au nombre des alienes existant au dedans et au dehors des asiles, ou meme relativement au nombre des alienes annuellement admis, des donnees que la statistique ne s est pns jusqu alors appli- quee a obtenir. On se ferait une idee tres-exageree de cette proportion, si on la considerait comme represented par le nombre des placements d office qui, rela tivement au nombre total des admissions, a fourni en 1853 la proportion de 11 sur 100 pour la France entiere, et de pres de 80 pour les asiles de Bicetre et de la Salpetriere. En concluant de ces faits que plus des deux tiers des admissions ont ete exigees par la securite publique, 1 auteur de la Statistique de la France a perdu de vue que, pour la plupart des departements et expressement pour le de- partement de la Seine, le chiffre total des placements d office comprend indistinc- tement les alienes nort dangereux aussi bien que les dangereux.

Le chiffre des alienes reellement dangereux ne compte certainement pas pour moitie dans le nombre total des placements d office, et la proportion des alienes dangereux au nombre total des admissions ne pourrait sans exageration etre eva- luee a plus du tiers.

En 1 absencede preuves decisives, fondees sur des donnees nunn riques certaines, je me crois neanmoins i onde a affirmer qu en ce qui concerne le placement des alienes dangereux dans les asiles, Tabus a consiste plutot dans 1 insuffisance que dans 1 exces d etendue donnee au secours, qui, pour avoir toute I efficacite desi rable, devrait atteindre, selon 1 esprit de la loi franchise, tout aliene reellement dangereux.

Le devoir du gouvernement ne s arrete pas la; il est des alienes dont la con dition est trop deplorable, quoiqu ils ne menacent point la securite des citoyens, pour que la societe ne leur vienne pas en aide ; tous ceux aussi qui sont en proie au premier acces d un mal, que 1 art peut dissiper, doivent etre admis a recevoir les secours de h science ; et quand, sur tous les points du territoire, deshopitaux sont ouverts aux diverses maladies qui affligent 1 humanite, la plus cruelle ne saurait etre privee de ce bienfait.

Dans ces paroles du rapporteur de la loi de \ 838 devant la Chambre des deputes, M. Vivien, se trouvent signalees les obligations de 1 assistance publique envers les alienes non dangereux, et distinguees-les deux categories de curables et d incu- rables, auxquelles le secours par le placement dans les asiles doit etre applique.

Le principe qui doit dominer dans la pratique I application du secours est tres- nettement for mule dans ce passage emprunte au meme rapport. Des mesures doivent etre prises pour que tous les alienes dont la raison n est point irrevoca- blement detruite obtiennent un traitement immediat et complet ; apres avoir pourvu a cette necessite, les departements pourront admettre dans leurs etablisse- ments les autres alienes, avec toutes les restrictions propres a empecher que leur nombre ne soit un obstacle a 1 admission des malades en traitement.


72 ALlfiNfiS (ASSISTANCE).

Ge principe suppose d une part que I alienation mentale est curable et, d autre part, que la condition la plus favorable a 1 efficacite du traitement curatif de cette maladie est 1 isolement dans un etablissement special.

Sur ces deux points fondamentaux, 1 accord des medecins a ete longtemps una- nime. Si, atoute epoque, des doutes sur 1 importance et meme sur la realite de la curabilite de la folie ont ete mis en avant par des personnes etrangeres a notre art, ce n est que depuis un petit nombre d annees que des medecins alienistes ont invoque, comme motif d une nouvellereforme, 1 impuissance du traitement curatif dans les asiles.

Que 1 alienation mentale en general soit susceptible de guerison, c est ce qui ne pent etre serieusement mis en doute. La question est de savoir jusqu a quel degre elle est curable, et jusqu a quel point le traitement dans les asiles est eflicace.

II faut tout d abord reconnaitre que la guerison n est possible que pour certaines especes, certaines formes, certains degres d alienation mentale, et qu il y a lieu de considerer comme absolument incurables 1 idiotie et 1 imbecillite consecutive. Ce n est que pour les alienations mentales qui doivent etre rapportees a la folie proprement dite qu il faut admettre la possibilite dela guerison, et encore y a-t-il lieu de considerer comme reellement incurables la folie paralytique et la folie epileptique. Quanta la folie simple, sous ses nombreuses formes, on doit la consi derer comme essentiellement curable, toutes les fois que la duree de la maladie n a pas depasse plusieurs annees, et surtout toutes les fois qu elle n a pas pris d une maniere decidee les caracteres d affaiblissement des facultes qui appartien- nent a la demence confirmee.

Ces distinctions, qui ont pour garants de leur exactitude 1 observation de tous les jours et le temoignage de tous les praticiens eclaires, peuvent servir a definir avec toute la precision desirable la categorie d alienes a laqudle la legislation franchise a voulu assurer, par 1 admission dans les asiles, le benefice d un traite ment efficace, et qui est aussi celle qui comporte une appreciation de la propor tion de la curabilite de 1 alienation comparativemcnt aux autres maladies.

Les donnees de quelque valeur qu il est possible d obtenir numeriquement sur cette proportion doivent etre empruntees aux resultats de 1 observation dans les asiles. En effet, les occasions de trailer medicalement 1 alienation mentale en de- hors de ces etablissements se presentent tres-rarement, meme pour les medecins le plus habituellement consultes; et ce qui est surtout tres-rare, ce sontles occa sions de constater des guerisons medicalement obtenues en dehors des asiles. Des essais de traitement a domicile ont ete le plus souvent tentes sans le moindre succes et meme au detriment des malades, dans les cas de folie recente et curable pour lesquels les medecins alienistes sont habituellement consultes ; eux-memes savent jusqu a quel point il est difficile de realiser, en dehors des asiles, les con ditions favorables au traitement de la folie, meme au prix de sacrifices d argent illimites ; et je ne crains pas d etre dementi par les plus habiles et les plus expe- rimentes, en affirmant que ces essais de traitement en dehors des asiles, auxquels ils ont du consentir par condescendance pour d honorables sentiments de famille, ^ont demeures presque constamment infructueux, et ont du le plus souvent etre tres-promptement abandonnes. S il en est aiusi du traitement a domicile pour les riches, que penser de ce traitement pour les classes peu aisees ou pauvres, sinon qu il y a reellement impossibilite meme de 1 essayer?

Cette impossibilite d application d un traitement rationnel de la folie a domicile jiotifierait la fondation de? asiles et 1 usage que la loi franchise leur a assigne


(ASSISTANCE). 73

comme moyen de traitement, lors meme que I cfficacite du traitement dans ce? etablissements demeurerait au-dessous de ce qu il serait raisonnable d cn attendre. Sans entrer dans la discussion detaillee des resultats fort complexes qui sont fouvnis, relativement aux guerisons annuelles, par la statistique des asiles d a- lienes, il est possible d en faire sortir a la fois la preuve de 1 efficacite du traite- ment medical dans ces etablissements, des renseignements utiles sur la curabilite de 1 alienation mentale a divers points de vue, et des indications precieuses pour une direction bien entendue de 1 assistance publique.

Des methodes d evaluation de la proportion des guerisons dans les asiles, la plus generalement adoptee et aussi la plus exacts et la plus sure est celle qui consiste a comparer annuellement le nombre des guerisons aux admissions.

I/etude des donnees de la statistique, pour un grand nombre d annees et d a- siles dans divers pays, permet d al tirmer que la proportion des guerisons dans les asiles atteint generalement et depasse tres-frequemment le tiers du nombre des admissions, sans distinction de la nature curable ou incurable de la maladie au moment de I entree ; que, pour les cas d alienation mentale curable, la proportion des guerisons atteint generalement et depasse souvent la moitie du nombre des admissions ; enfm que la proportion des guerisons est d autant pins grande que la maladie a dure moins longtemps, et etait par consequent moins ancienne au mo ment de 1 admission.

Ges resultats etaient acquis a la science des 1845. Je les ai fait ressortir, dans ma notice statistique sur 1 asile de la Seine-In (erieure, de 1 etude des faits pour une periode de 9 annees, de 1855 a 1845.

Les guerisons comparees aux admissions ont fourni les proportions suivantes : pour la totalite des admissions sans distinction des cas incurables, 747 guerisons sur \, 715 admissions, 45,6 sur 100; pour les admissions ne compreuant que les cas de folie proprement dite, 747 guerisons sur 1,652 admissions, 45,2 sur 100; pour les admissions, en retrancbant les especes absolument incurables, 747 gue risons sur 1,452 admissions, 52,1 sur 100; pour les admissions ne comprenant que les cas de folie simple aigue (manie, melancolie, monomanie), 648 guerisons sur 1,118 admissions, 58,0 sur 100. La solidite des guerisons a ete demontree par ce fait : que le^ recidives ne se sont elevees durant la periode, relativement au nombre des guerisons, qu a 17,1 sur 100 ; et 1 influence de la duree de la ma ladie sur la diminution rapide des cbances de guerison a ete mise en evidence par ce fait : que sur 100 guerisons, 85, 5 ont ete obtenues durant la premiere an- annee de traitement, 7,2 durant la deuxieme annee, c est-a-dire 92,7 durant les deux premieres annees de traitement.

Ces resultats peuvent etre consideres comme exprimant les faits de guerison tels qu ils se produisent dans les conditions les plus favorables, et ils ont ete generale ment confirmes par les donnees statistiques obtenues sur une tres-large ecbelle en France et a 1 etranger, des avant cette epoque et depuis jusqu a nos jours.

Dans un remarquable ouvrage sur la statistique de 1 alienation mentale, public en 1845, un eminent alieniste, le docteur Thurnam, a ete conduit a des resultats analogues par 1 etude des faits durant un grand nombre d annees, pour un grand nombre d etablissements. Dansun ensemble d asiles au nombre de 61 , appartenant a la Grande-Bretagne, al Irlande, aux Etats-Unis de 1 Amerique du Nord et a divers paysdu continent de 1 Europe, sur un total del 25, 771 admissions, comprenant des cas d alienation mentale de toute espece, 52,947 guerisons ont ete obtenues, c est- a-dire 42, 09 sur 100. La proportion des guerisons s est elevee, pour une periode


74 ALIENES (ASSISTAHCE).

de 44 anne"es, de 1796 a 1840, a un chiffre beaucoup plus eleve, 44,3 sur 100, clans 1 asilede laRetraite, pres d York, sur unnombre de 615 admissions, ne com- prenant presque exclusivement que des alienes atteints de folie. L influetice de I espece d alienation raentale et de la duree de la maladie sur la curabilite a i t< raise en evidence par ces fails :



CAS DE FOLIE


CAS DE FOLIE


CAS BE FOLIE



SIMPLE,


DE 1" ATTAQDE, DONT LA DOREE


RECIOIVE



AIGtlE, HAN1E,


N ESCEDAIT PAS


OD AVANT DDRE PLUS



MAMIE.


3 HOIS.


12 MOIS.


DE 12 MOIS.



556


96


91


428


Guerisons ......


286


76


42


173


Proportions sur 1000. .


51,4


79,1


46,1


40,3


11 serait possible de confirmer ces conclusions par des donnees statistiques non moins prohmtes pour toute la periode de temps qui s est ecoulee depuis 1845 jusqu a ce jour. Je me contenterai de citer, comme preuves de 1 importance des guerisons dans les asiles, des resultats obtenus dans la totalite des asiles, pour une annee, en France, en Angleterre et en Ecosse.



ADMISSIONS


GDERISONS


PROPORTIONS SDR 100



HOMMES.


FEMMES.


DEOX SEXES.


UOMMES.


FEMMES.


DEUX SEXES.


HOMMES.


FEMMES.


DEIX SE.VE5.


1853 France.. . .


4790


4291


9081


1514


1257


2771


31,6


29,3


30,5


1858 Angleterre. .


4042


4104


8146


1599


1680


3079


34,6


40,9


37 : 7


1861 Ecosse. . . .


755


869


1604


282


368


650


38,3


42,3


40,5


De 1 ensemble de ces donnees il est permis de conclure que 1 experience avait positivement demontre 1 efficacite du traitement curatif de la folie dans les asiles, avant que la legislation dans divers pays n eut fait entrer, comme motif principal, dans les developpements a donner aces institutions, leur utilite, en tant que moyen d assurer aux alienes indigents les chances les plus lavorables de guerison; que depuis cette epoque ces etablissements ont continue a rendre, sous ce point de vue, les services qu on avait le droit d en attendre ; et qu il serait possible d ob- tenirde leur influence sur la guerison de la folie une efficacite encore plusgrande, si les admissions etaient regularisees de maniere a les rendre aussi promptes et aussi faciles que possible pour tous les alienes curables.

Ainsi se trouve completement justifiee 1 obligation morale, consacree par la loi, de 1 admission des alienes curables dans des institutions speciales, dont { existence devrait etre jugee indispensable comme moyen de guerison, au moins en ce qui concerne les indigents, lors meme qu elle ne serait pas imposee par la necessite la plus absolue comme moyen d isolement pour tous les alienes dangereux.

Mais est-il necessaire, est-il utile d attribuer encore a ces institutions de surete


ALIENES (ASSISTANCE). 75

publique, et de traitement medical, une autre fondion, celle d asiles de chai ite, ainsi quo 1 avaiont jusqu a ces derniers temps unanimement admis les medecins et ainsi que 1 ont voulu les legislations modernes, en consacrant et developpant le principe do bienfaisance publique qui avail, en fait, donne depuis longtemps nais- sance a de telles institutions ; 11 est incontestable que 1 etat d alienation mentale, lors meme qu il n implique pas de danger et qu il ne comporte pas de guerison, entraine chez 1 individu qui en est atteint des incapacites qui molivent, tout aussi bieu que pour les alienes dangereux et incurables, des conditions speciales de pro tection sociale. Les legislations modernes, et c est un de leurs bienfaits, ont pourvu, plus etficacement que par le passe, a ce que cette protection futassuree a tout aliene, meme dans la vie libre. Mais il n y a pas de raison pour que la societe premie a sa cbarge des devoirs de surveillance, de soins et d entretien qui appar- liennent essentiellement a la familJe, dans toutes les classes de la societe. C est seulement a defaut de la famille abscnte ou impuissan e, que, vis-a-vis de 1 aliene denue de ressources et incapable de subvenir a ses besoius, comm.Mice pour 1 as- sislance publique le devoir de prendre a sa cbarge 1 aliene indigent. 11 etait natnrel que les asiles ouverts aux alienes dangereux. et curables pour remplacer les prisons et les hopitaux fussent destines a remplir pour les autres alienes, dans le cas d in- digence absolue, comme pour les autres infirmites, 1 usage d hospices. Et c est en effet ce que la reforme philanthropique se proposait et ce que les legislations mo dernes ont rendu possible. La loi franchise, avec une grande sagesse, n a voulu a ce sujet consacrer qu une faculte, subordonnee dans 1 application aux ressources des administrations publiques, et, avant tout, a la necessite de conserver aux asiles d alienes leur destination essentielle d hopitaux de traitement.

1 n est pas douteux que dans la pratique on ne se soil trop souvent ecarte de ces vues, en faisant, dans les admissions graluites, une part trop large a 1 alienation 1101; dangereuse et incurable. II ne faudrait pas pourtant, comme on 1 a fait, allrihnrr principalement a cette cause renconibrement des asiles et surtout la proportion considerable d incurablcs qui s y rencontre constamment. Les incurables des asiles sc remitent, pour une part notable, purnii les alienes dangereux et surtout parmi les alienes curables dont la guerison n a puetre obtenue. II est dans la imlinv des choses que la population d un asile d alienes se compose en grande majorite d in curables. C est non pas a supprimer les incurables dans les asiles, niais A m.-iin- tenir leur proportion dans des limites normales, que doit tendre une sage applica tion de la legislation.

Dans le cours de mes inspections, j ai eu frequemment 1 occasion de constater le fait d un exces de predominance des incurables dans la population des asiles, d en caracteriser les plus facbeux effets, d en signaler les veritables causes et d indiquer les regies a suivre pour ramener et maintenir la proportion des incurables dans de justes limites.

Voici en quels termes, dans un de mes rapports, j ai insiste sur l importance et la necessite d une regularisation de 1 assistance publique, d apies des principes empruntes a la fois au veritable esprit de la loi franchise et aux besoins reels de la societe.

L elevation graduelle du nombre des alienes dans les asiles, pour une propor tion considerable au dela du chiffre des places reelles qu ils contiennent, a pour effet d y augmenter la mortalite et d y diminuer les chances de guerison. L encom- brement des asiles d nne part, et 1 augmentation incessante des charges deparle- montales d autre part, :.nettent obstacle a un fonctionnement normal et bienfaisaut


76 ALlfiNfiS (ASSISTANCE).

de 1 assistance publique, en motivant ou la restriction des secours en deca des veritables besoins de la societe, ou la subordination de leur concession ;\ des epreuves qui en compromettent la principale efficacite. Et la ou 1 assistance publi que a continue a etre donnee aux alienes de la maniere la plus large, le nombre des alienes secourus s est accru de maniere a amener dans les asiles un exces de population qui diminue considerablement leurvaleur hygienique et tlierapeutique, a rendre necessaires des agrandissements qui alterent les caracteres d appropriation a un but determine que 1 art et la science leur avaient imprimes, et a faire porter aux administrations departementales la peine d une generosite mal entendue, par 1 accroissement indefini de leurs charges annnelles. Je pensequ il serait necessaire d imprimer a 1 assistauce publique une direction qui permit d atteindre plus com- pletemcnt le but essentiel de la legislation de 1858, tout en evitant d imposer aux departements des sacrifices excessifs dans ce qu ils auraient de disproportionne par rapport aux veritables besoins et aux ressources reelles. Les principes de cette direction pouwaicnt etre resumes ainsi qu il suit :

ft 1 Determination, pour chaque circonscription territoriale, d un nombre fixe de places dans un asile public, d apres la proportion constatee entre le chiffre de la population et le nombre des alienes ;

2 Regularisation de 1 emploi des places affectees au service de la circonscrip tion pour la triple destination des asiles publics ;

(i A. Sequestration, par mesure de police, de tous les alienes reellement dan- gereux ;

B. Application des moyens les plus efficaces de traitement medical a tous les alienes indigents curables ;

(i C. Concession d un refuge a ceux des alienes non dangereux et incurables qui, a defaut de famille oude ressources, ne peuvent trouver dans la vie libredes moyens d existence ;

a 3 Recours a la mesure des secours a domicile pour ceux des alienes non dangereux et non curables qui, etant capables de la vie libre dans leur propre famille, denuee de ressources suffisantes, ne pourraient etre admis ou conserves dans les asiles publics.

L application de ces principes ne presente dans la pratique aucune difficulte qu il ne soit possible de surmonter, a la condition d une preoccupation eclairee et soutenue du but a atteindre et de 1 observation de quelques regies secondaires. Une etude sui fisamment approfondie des donnees fournies par 1 experience d un grand nombre d annees, quant au nombre des admissions annuelles, par les recen- sements et par la connaissance des lois qui reglent le mouvement de la population dans les asiles, permet aujourd hui d evaluer avec une suffisante exactitude le nombre des places indispensables pour un bon fonctionnement du service public des alienes dans chaque circonscription territoriale. La regular isation des admis sions, en ce qui concerne les alienes dangereux, est facile pour les prefets, qui se trouvent dans les departements saisis des attributions de police en meme temps que du pouvoir de sequestration d office. II suffit, pour prevenir les abus, que, conformement au vceu de la loi, les arretes de sequestration d office soient serieu sement motives par des enquetes et des certifi cats de medecin.

Toutesles fois qu il s agit d une alienation curable, il est raisonnable de ne pas se montrer difficile pour admettre 1 etat dangereux.

La constatation de la curabilite avant 1 admission presente quelques difficultes qu on s est plu a exagerer. Ce n est que dans le plus petit nombre des cas qu il


ALIENES (ASSISTANCE). 11

peut y avoir doute, pour un medecin experimente, sur la curabilite de la lolie. Et au point de vue pratique le doute ne presente aucuue difficulte ; car toutes les fois qu il existe, la question doit etre trauchee dans le sens de la curabilitr. A mesure que des notions exactes sur 1 alienation mentale se repandent da van tage duns le corps medical, les certilicats dc medecins nonalienistesacquierent plus d autorite. 11 serait facile d imposer, pour 1 admission immediate a litre gratuit dans les asiles, la condition d un certificat attestant la curabilite de la maladie. L intei- valle dn certificat de vingt-quatre heures au certificat dequinzaine est legalement destine a verifier la legitimite du placement des alienes dans les asiles. Rien ne s opposc a ce que, pour les alienes indigents non dangereux, le placement ne soil considere que comme provisoire jusqu a la verification do la curabilite de la ma ladie, dans les asiles publics par les medecins de ces etablissements, dans les asiles prives par les medecins dont la visile est exigee par la loi. Dans le cas ou 1 incurabilite serait constatee, si le placement n etait d ailleurs motive ni par 1 etat dangeieux ni par 1 indigence absolue, il y aurait lieu de ne pas rendre definitif un placement qui n aurait etc autorise que provisoirement ; et c est alors qu on pour- rait sans inconvenient replacer dans la vie libre, en le rendant a sa famille, un aliene qui aurait du y etre laisse. G est apres un long sejour dans les asiles qu il est difficile et presque impossible d en faire sortir des alienes incurables qui out reellement perdu droit de domicile dans leur famille et dans leur commune.

Quant aux alienes reconnus avant 1 admission non dangereux et incurables, 1 ad- ministration ne doit se decider a mettre, par leur placement dans les asiles, leur entretien a la charge des departements que dans le cas de necessite absolue.

C est sur cette categoric que doivent porter dans toute leur rigueur les restric tions admissibles du secours sous la forme de placement dans les asiles, et c est a cette categoric que doivent s appliquer les mesures de secours a domicile destinees non-seulement a prevenir, sans dommage pour 1 aliene, 1 alteration de la valeur hygienique et therapeutique des asiles et 1 aggravation des charges publiques, mais encore a developper le sentiment et a faciliter 1 accomplissement du devoir dans la famille.

Enfin c est a cette categorie exclusivement que pourrait etre rationnellement appliquee la mesure du placement des alienes dans des families de cultivateurs ou d artisans, chargees a prix d argent de leur surveillance et de leur entretien, a 1 imitation de cequi se pratique de temps immemorial en Belgique, dans la colonie de Gheel.

Bien que depuis quelques annees cette institution ait etc preconisee comme 1 ideal vers lequel devraient tendre la science et la bienfaisance publique pour le meilleur et le plus efficace accomplissement de leurs devoirs envers les alienes, je ne pense pas qu on puisse serieusement admettre qu elle soit en aucune sorte applicable aux alienes dangereux.

Quant aux alienes curables, le placement dans les families est reellement ex- clusif de toute application serieuse d un traitement medical efficace. G est 1 absence ou 1 insuffisance du traitement medical qui ont 6t6 constamment signalees au pre mier rang parmi les critiques les plus graves de 1 institution de Gheel. S il etait vrai qu on obtint la guerison de la iolie par le benefice de ce qu on appelle a Gbeel la vie libre, sous le patronage familial, ce serait purement et simplement la nega tion de 1 art medical dans le traitement de 1 alienation mentale.

Mais les fails constates dans cette institution, en ce qui se rapporte a la propor tion des guerisons, temoignent hauteraeut en faveur de 1 utilite du traitement


78 ALIENES (ASSISTANCE).

medical, tel qu il est applique dans ce qu on appelle les asiles fermes. La compa- raison des guerisous aux admissions dans la colonie de Gheel a fourni, uvant et depuis la reforme, les resultats suivants : Avant la reforme :

NOMBRE NOMBRE

DES DES PROPORTIONS

GUE1USOKS. ADMlbSIOJib. SUR 11)00.

1855. ........ 5 150 ">,8

1854. 21 105 200


26 235 11,0


Depuis la Reforme :

1856 29 127 22,8

1857 22 152 14,4

1858 . 32 127 25,1

1859. , 17 121 14,0


100 527 18,9


Les resultats pour la totalite das asiles d alienes de la Belgique out ete :


En 1853. 1854. 1859.


NOMBRE


NOMBRE



DES


DES


PROPORTIONS


SUER1SONS.


ADMISSIONS.


SUR 1000.


405


1243


32,5


40-4


1309


30,7


474


1472


32,2


En moyenne, pour 3 amiees. 1281 4024 51,8

On peat done affirmer que. la colonie de Gheel presente une tres-grande inferiorite, comnie institution de traitemeut curatif, non-seulement par rapport aux autres elablissements beiges, mais encore generalement par rapport aux etablissements de tous les autres pays. La difference est de plus de moitie relativement aux etablis sements ou se trouvent realisees les conditions les plus favorables. Cette inferiorite de la colonie de Gheel ne peut pas etre expliquee par des conditions exception- nelles d admission, car, d apres les appreciations du medeciu sur la nature de la mal die chez les 527 malades admisde 1856 a 1859, le rapport des especes incu rables au nombre des admissions, 174 sur 527, c est-a-dire 35 sur 100, represents la proportion ordinaire.

Quant aux alienes incurables et inoffensifs, 1 exemple de Gheel prouve qu il est possible deleur appliquer avec avantage, sous divers points de vue, la mesure du placement dans des families de cultivateurs oU d artisans. Mais dans quelies con ditions cette mesure peut-elle etre rationnellement appliquee? A mon avis, elle n a de valeur reelle que comme mode particulier du secours a domicile. Dans tous les cas ou 1 aliene, qui ne peut guevir et qui n est pas dangereux, a une famille, au sein et sous la surveillance de laquelle il peut vivre dans les conditions ordinaires de la vie libre, c est dans sa famille qu il faut le laisser ; et, si la famille est indi- gente, c est a 1 aider dans 1 accomplissement de son devoir qu il faut employer les ressources dont 1 assistance publique peut disposer. C est quand 1 aliene n a pas de famille qu on peut raisonnablement chercher a lui en donner une a piix d argent, et c est dans ce cas seulement que le placement d un aliene dans une famille etran- ^ere merite le nom de patronage familial. Mais duns ce cas y a-t-il lieu de substi- ner le placement dans les families a 1 admission dans les asiles publics ? Je fle saurais, pour mon eompte, I admeUre.


ALIENES (ASSISTANCE). 70

Ce qu on a dit des conditions de bonheur realisees pour les alienes confies a des nourriciers dans la colonie de Gheel, comparativement au sort qui leur est fait dans les asiles fermes, n est rien moins qu exact, et ne serait tout au plus appli cable que dans une comparaison faite entre les families ou on traite bien les alienes et les asiles ou on les traite mal. Dans les asiles de premier ordre, ceux ou la constitution materielle, le traitement medical et moral, les services economi- ques et 1 organisation du travail ont recu les developpements et les perfectionne- ments que comporte la psychiatrie dans la plus large et la plus complete etenclue du mot et de la chose, et grace a la perseverance des hommes qui ont voue leur vie a la sainte cause des alienes, le nombre de ces asiles deja considerable augmente de jour en jour, il y a, pour 1 aliene inoffensii et non dangereux, plus de bien-etre a tons les points de vue qu il n en peut trouver au foyer des families etrangeres, meme les plus morales et les plus devouees.

Rien ne ressemble moins a une prison qu un de ces asiles, et en verite il faut ne pas les connaitre pour ne pas admetlre qu ils realisent en fait toutes les conditions de liberte qui sont utilement compatibles avec 1 etat d alienation mentale.

Quelle lamille de cultivateurs ou d artisans oserait-on comparer, pour ledevoue- ment eclaire, pour les soins affectueux, aux medecins, aux directeurs, aux roli- gieuses de nos asiles et meme a ceux des gardiens, de jour en jour plus nombreux, qui s elevent reellement par le coeur et 1 intelligence jusqu a la dignite d inlirmier? Sans songer en aucune sorte a deprecier la valeur du placement a domicile, et a diminuer 1 importance des garanties que peuveut offrir des families convenablement choisies, je ne puis perdre de vue combien il m a fallu d efiorts pour oblenir d ad- ministrateurs bienveillants, eclaires et personnellement desinteresses dans la ques tion, que les sacrifices convenables fussent realises pour assurer le bien-etre des alienes daus les asiles. Je ne parle pas des sacrifices considerables et souvent difli- ciles qui avaient pour but 1 appropriation des asiles eux-memes a leur destination; j entends parler des choses necessaires a la vie, des aliments, de la boisson, des vetements, du coucher. Que d eiforts n a-t-il pas fallu pour conquerir une ration suffisante de viande cinq Ibis par semaine, une faible ration de boisson fermentee tous les jours, des vetements acceptables, des matelas au lieu de paille ! Que de peine pour faire comprendre que donner en plus au travailleur la nourriture, pro- pre a compenser une perte quotidienne de force, ce n est pas le remunerer !

Je ne puis non plus oublier que le systeme du prix de journee paye par le depar- tement a conduit necessairement les administrateurs d asiles a la preoccupation d un benefice a faire au profit de 1 etablissement, et qu il est plus d une fois arrive que ce benefice ait ete fait au detriment du bien-etre des alienes ; et que, sous ce point de vue, la necessiteou le departement de la Seine s est trouve de placer des alienes a un taux d entretien assez eleve dans un grand nombre d asilesde province a suscitd une emulation de demandes ou d offres adressees a 1 assistance publique de Paris, dans des vues parmi lesquelles a souvent domine une pensee de specu lation.

Si des preoccupations d epargne ou de benefice ont pu se produire de maniere a porter prejudice aux alienes, quand il ne s agissait que de profits a realiser dans 1 interet d etablissements publics et pour une destination d utilite publique, com ment admettre que la preoccupation d un benefice a faire ne sera pas, avec toutes ses consequences, le mobile principal des nourriciers d alienes ?

Ces considerations me paraissent suffisantes pour motiver la preference que, sans parti pris a 1 avance, j attribue nettement et termementau placement dans les


80 ^ ALIENES (ASILES).

asiles, relativement au placement a domicile, meme pour les alienes incurables, inoffensifs et denues de famille.

Je me contenterai d ajonter que, dans unecertaine mesure, les alienes incurables et inoffensifs qui constituent dans nos asiles la majorite des travailleurs productifs forment un des elements indispensables a leur prosperile economique.

En definitive, de 1 ensemble de cette discussion il me parait possible de conclure avec certitude qu en France, aussi bien que dans les autres Etats civilises des deux mondes, I assistance publique, en ce qui concerne les alienes, a ete engagee par le mouvement de reforme, des le commencement du siecle, dans la veritable voie de 1 accomplissement de ses devoirs ; que, pour atteindre de plus en plus comple tement le but qui lui est assigne au nom de la science et de 1 experience, cc qn clle doit faire c est de regulariser son action de maniere a ne pas compromettre, par le se- cours secondaire de simple charite, 1 efficacite du secours principal de traitement curatif et, pour y parvenir, de donner une large part au secours a domicile, de developper 1 institution du patronage a 1 imitation de ce qui a ete fait a Paris et dans quelques departements pom les alienes apres leur sortie des asiles, en 1 ap- pliquant aux alienes secourus a domicile, de ne recourir au placement a domicile qu a defaut d autres ressources, et a titrede mesurestransitoires et exceptionnelles, ttJ, enfm de perfectionner sans cesse et a tous les points de vue les institutions qui out ete, quisont et qui ne cesseront pas d etre les moyens priocipaux de son action, c est-a-dire les asiles publics d alienes avec leur triple destination d etablissements de surete, d hopitaux de traitement et de refuges de charite.

111. Asiles d alienes. Le developpement des asiles d alienes dans tousles pays civilises, depuis le commencement du dix-neuvieme siecle, represente un en semble grandiose destitutions qui, par leur nombrc et leur importance, revelent la puissance de I efibrt tente pour realiser la reforme philanthropique et scienti- fique nee du mouvement des idees en 89, et dont ils expriment generalcment les vues fondamentales par leur destination et par les conditions essentielles de leur organisation administrative et medicale.

11 est possible d apprecier la grandeur des resultats pur quelques donnees som- maires sur le nombre des etablissements et sur le cbift re des alienes traites on secourus dans la plupart de ces Etats, a divers moments plus ou moins rapproches de 1 epoque actuelle.




NOMBRE DES ETABLISSEMENTS PUBLICS OU PR1VES.


NOMBRIi DES ALIKiNES TIUITES OU SECOUROS.


1853



Ill


23,795


1858


Angleterre


168


22 013


1860


Ecosse.


45


4 550


1850


Allemagne


111


11 622


1859



51


4,508


1856



12 publ.


2,070


1847



11 P


622


1858


Suede


10


942



Russie. . . ...


41


3,095


1845


Etats-Unis d Amerique


25 publ.


2,763




585


75,780


ALIENES (ASILES). 81

1 Destinationdes asiles. I/etude de ces institutions permet dc reconnaitre que, malgre la diversite des legislations ct des moeurs, leur developpement a etc partout subordonne a une conception fondamentalement identique et coordonnee par rapport a un but commun.

Partout on a reconnu la necessite de proteger a la fois la societe et I aliene par la regularisation legale des mesures de sequestration que 1 etat dangereux impose, et d excrcer a 1 egard des alienes une action de bienfaisance, en leur assurant des moyens efficaces de traitement curatif et des conditions d existence appropriees a leur etat. Partout on a principalement compte, pour atteindre ce triple but, sur la fondation d asiles d alienes institues, pour leur organisation materielle, adminis trative et meilicale, de maniere a en atteindre la plus sure et la plus complete realisation. Et partout on a admis que de telles conditions pouvaient etre sin tout obtenues dans des etablissements publics. Aussi est-ce par la creation et par le perfectionnement incessant des etablissements publics que la relorme s est mani- festee dans toute sa puissance et toute son efficacite. Quelques details sur les eta blissements d alienes de la France, de 1 Angleterre, de 1 Ecosse et de 1 Allemagne permettront de saisir d une vue d ensemble jusqu a quel point sont reelles cette alogie dans la nature, cette identite dans la destination des asiles d alienes, et cette predominance dans 1 importance des asiles publics.

Sur les 111 etablissements existant en France en 1853, dont la population totale s elevait a 23,795 alienes, 65 etaient des asiles publics et contenaient dans leur ensemble 18,062 alienes. Sur les 45 asiles prives, contenant ensemble 5,753 alienes, 15 faisaient fonctions d asiles publics, leur population se composant, pour la majorite, d alienes entretenus au compte des departements. Sur 32,876 alienes traites en 1853, 23,021 etaient entretenus a la charge des depavtements, savoir : 18,158 dans les etablissements publics, 4,863 dans les asiles prives. Les 65 asiles publics comprenaient un etablissement de 1 Etat, maison imperiale de Charenton; 37 asiles departementaux et 27quartiers d hopitaux et d hospices. En France, tous les etablissements d alienes ont une destination mixte et sont a la fois des maisons de surete pour les alienes dangereux, des hopitaux de traitement pour les curables, et des refuges de charite pour les incurables. A 1 exception de la maison imperiale de Charenton et d un certain nombre d asiles prives, qui ne regoivent que des pen- sionnaires, les asiles frangais ont aussi une destination mixte en ce qu ils regoivent a la fois des pensionnaires au compte des families et des indigents entretenus au compte des departements et des communes.

En Angleterre, le nombre des etablissements ayant un caractere public est moins considerable que celui des etablissements prives ; mais 1 importance relative des asiles publics est au moins aussi grande qu en France. Les 22,013 alienes, 17,420 indigents et 4,593 pensionnaires se repartissaient, pour 1858, ainsi qu il suit, entre les 168 etablissements de 1 Angleterre :

39 asiles de comt6.. . 15,120 alienes.. . 14,889 indigents . 231 pension.

13 hopitaux 1,666 174 1,492

1 hopital naval.. . . 126 126

115 asiles prives. . . . 5,101 2,357 2,744

168 22,013 17,420 4,593

En Angleterre, les asiles de comte, qui, pour toutes ieurs conditions d organisa- tion, ont la plus grande analogic avec les asiles de departement en France, sont l elenr",i principal du service public en ce qui se rapporte -ux indigents. La part

D1CT. ENG. 111. 3


82 ALIENES (AMLES).

prisi 1 a ce service par Irs asiles prives est moins considerable qu eu France. Et les rt.ililiniK iits hospilaliers demenrcnt a peu pres etrangers a ce service, assimila- bles, sur une plus large echelle, par leur destination a celle qui appai tient essen- tiellement en France a la maison de Charenton. Generalement les asiles de 1 Aiv gletiTre sont a la ibis raaisons de traitement et de reluge. Les hopitaux sont plus particuliercment des asiles de traitement et parmi eux 1 hopital de Betlilem est en partie affecte a 1 usage d etablissement special de surete pour la categoric d alienes dangereux designee sous le nom d alienes criminels.

L organisation de 1 assistance publique pour les alienes en Ecosse offre la plus grande ressemblance avec celle de 1 Angleterre et de la France, quant a la destina tion des asiles publics et des asiles prives ; elle en differe pourtanl Mir deux points importants, la regularisation du secours donne aux alienes dans desquartiers spe- ciaux dependant des maisons de pauvres, qui n existe pas en Angleterre en ce qui se rapporte aux maisons de travail, ct 1 extension donnee au secours a domicile, par laquelle I Ecosse differe sensiblement de 1 Angleterre et de la France. Les 4,550 alienes existant au l cr Janvier 1860, dans les divers etablissements de 1 Ecosse, se repartissaient ainsi qu il suit:

8 asiles publics. . . . 2,652 alienes. . . . 1,859 indigents.. . . 773 pension. 20 quartiers de mai sons de pauvres. 866 864 19 asiles prives. . . b52 656



47 4,550 3,579 971

Les asiles publics, qui sont 1 equivalent de nos asiles de departement et des asiles de comte anglais, sont aussi en Ecosse le principal moyen dont 1 assistance publique dispose en faveur des indigents ; mais les asiles prives concourent a ce service plus largement qu en Angleterre; et, de plus, les quartiers des maisons de pauvres, qui ne peuvent pas etre exactement assimiles a nos quartiers d hospice, prennent a ce service une part considerable.

Le service d assistance publique pour les alienes indigents est complete par le secours a domicile qui, a 1 epoque indiquee, s etendant a 1,846 alienes secourus, au nombre de 1 ,452 dans leurs i amilles, de 554 dans des families etrangeres, et de 61 a 1 etat d isolement, elevait a 5,226 le nombre des alienes indigents serou- rus, et en formait un peu plus du tiers. Dans les quartiers de maisons de pauvres et a domicile, le secours donne a 1 indigent ne pent consister dans la realuation d un traitement curatif efficace. Les asiles publics et les asiles prives de 1 Ecosse sont pour ce pays les veritables etablissements de traitement de 1 alienation men- tale. Sous ce point de vue, et a raison de la proportion considerable de pension- naires qui concourent a former leur population, les asiles publics de 1 Ecosse se rapprochent des asiles publics d Allemagne a destination mixte.

L Allemagne dans son ensemble, c est-a-dire en comprenant sous cette designa tion 1 Autriche, la Prusse, la Baviere, le Wurtemberg, la Saxe, le Hanovre, les grands-duches de Bade, de Nassau et les autres Elats de la Confederation germa- nique, secourait, d apres une publication du docteur Lahr, a la date de 1852, 11,622 alienes dans 109 etablissements.

Le classement de ces etablissements, d apres le caractere essentiel de leur nature et la condition dominante de leur destination, permet de reconnaitre, dans une organisation analogue a beaucoup d egards a celle qui a prevalu dans les autres pays, des efforts pour specialiser le secours par rapport a son application aux deux


ALIENES (ASHES).


85


categories distinctes de curables et d incurables. Sur 109 6tablissements, IK seu- lement etaient des asiles prives. Les 91 autres avaicnt essentiellement les carac- teres d etablissements publics, et ont ete classes ainsi qu il suit par le doctew La hr.



ASILES BE TIU1TEMENT





ET D ENTIIETIEN


ASILES


ASILES




A L ETAT


DE


D ENTRE-



A L ETAT


D ASSOCIA-





DE MELANGE.


TION


TRAITEMENT.


T1EN.




RELATIVE.




I. ASILES ASSOCIES A n AL TRES






ETABLISSEMENTS






1 Kon alfectes a des malades. .


2


B



1


2 Affectes a des malades (hopit.)






a Dans des bailments non se pares


11



J>


2


I) Dans des bailments separes. . 5 Affectes a des infirmes (hospic")


7

1



a



>


2 8



26


9


8


14







47


9


8


27


On retrouve les memes analogies quant a la nature et a la destination des asiles d alienes dans tous les autres Etats de 1 Europe, Italic, Belgique, Hollande, Suisse, Russie, et aussi dans les Etats-Unis de 1 Amerique du Nord.

Pour donner une juste idee de la grandeur de 1 oeuvre accomplie par la reform c an moyen de la creation d un si grand n ombre d institutions, et de son efiicacite relativement au but qu elle a ete destinee a atteindre a tous les points de vue, il laudrait entrer dans des developpements considerables.

II suffira de signaler a 1 appreciation des esprits eclaifes, serieux et impartiaux, comme specimen de ce qui a pu etre atteint par 1 association de la science medi- cale a 1 art architectural et a la science administrative, I lin on 1 autre de ces nom- breux etablissements de premier ordre dont peuvent a bon droit s enorgueillir les diverses contrees du mondc civilise : en France la Maison imperiale de Charenton, les asiles de Quatre-Mares, d Auxerre, de Marseille, de Blois, de Limoges, de Tou louse, etc., auxquels devront bientot s ajouter les asiles de la Seine ; en Angleterre, les asiles de Harwell, de Surrey, de Wakefield, d York, etc. ; en Ecosse, les asiles de Glasgow, d Edinburgb, etc. ; en Allemagne, les asiles d lllenau, dc Halle, de Vienne et d Eicbberg, etc.; en Hollande, 1 asile de Meerenberg ; en Belgique, 1 asile de Gand; en Suisse, les asiles dePrefargier et deWaldau ; au.x Etats-Unis, les asiles de Bloomingdale, d Utica, de Colombus, de Trenton, de Butler, etc., etc.

C est dans les ouvrages speciaux, qui ont ete consacres a la description ct a 1 histoire des asiles d alienes, qu on pourra tronver les elements d une appreciation plus developpee et plus approfondie de ces institutions, resultats d un demi-siecle d efforts perseverants, auxquels ont concouru tant d hommes eminents par la science et le devouement, dont la posterite gardera la memoire, et dont une legi- time illustration a deja consacre les noms.

Je ne puis ici que resumer tl grands traits 1 ensemble des principes dont laplu- part de ces institutions nous offrent 1 application bienfaisante et feconde, tout en signalant les perfectionnements que les imperfections de 1 oeuvre accomplie legitimement motiver d apres les enseignements de [ experience.


84 ALIENES (ASUES).

2 Asiles speciaux pour les alienes criminels. Parmi les insuffisances qui peu- vent etre legitimement reprochees a 1 oeuvre des asiles publics, ilen est une qui se rapporte a leur destination la pins essenlielle, celled etablissements desurete pour a sequestration des alienes dangereux que, dans la fievre de reaction centre cequ on appelle les asiles fermes, on semble avoir aujourd hui completement perdue de vue, et sur laquelle la connaissance des graves abus qui en resultent devrait pourtant appeler plus que jamais 1 attention des alienistes et la sollicitude de 1 administration.

L une des expressions les plus graves de cette insuffisance est 1 absence d insti- tulions appropriees au traitement et a 1 entretien des alienes criminels.

Des voeux ont ete plusieurs fois exprimes a 1 etranger et en France pour la fon- dation d asiles speciaux destines a recevoir, soit les criminels alienes en general, soit les criminels acquittes pour cause d alienation mentale, soit les alienes vaga bonds et criminels. Pour satisfaire a ce besoin des longtemps reconnu, des essais ont ete tentes avec plus ou moins de succes par la destination speciale donnee en Angleterre a I hopital de Bethlem, en Ecosse a la prison centrale de Perth, par la fondation en Irlande de 1 asile criminel de Dundrum, et en France meme, par la creation d un quartier de force a Bicetre. La legislation beige a consacre en prin- cipela reunion, dansun seul etablissement, de tous les alienes soumis a la deten tion judiciaire, et 1 asile de Saint-Dominique, a Bruges, a ete affecte a cet usage. Depuis quelques annees 1 Angleterre a fait un pas plus decisif dans la solution de la quesliori des alienes criminels par la creation de 1 asile special de Broadmoor contenant 500 places pour les deux sexes.

J ai etudie cette question, suivant toute son etendue et sous toutes ses faces, soit dans mon traite sur les principes a suivre dans la fondation et la construction des asiles d alienes, soit dans divers travaux encore iriedits, se raltachant a mes fonclions d inspecteur general du service des alienes et, des prisons. Je me conten- terai de reproduire ici sommairement, et au point de vue pratique, les principaux resultats deces etudes.

Considered d une maniere genrale, la presence des detenus alienes dans les asiles ordinaires a de graves inconvenients... Les asiles d ulienes ne peuvent etre, par aucune de leurs conditions, assimiles a des prisons et ne peuvent pas sur tout presenter la surete de reclusion indispensable. Les families des malades peuvent etre legitimement blessees d un rapprochement qui , dans nos moeurs et nos opinions, aquelque chose de fletrissant... Toutes ces raisons pour exclure des asiles ordi naires les detenus alienes n ont toute leur force que quand il s agit d alienes accuses, condamnes ou acquittes pour des crimes entrainant des peines infa- mantes. D unautre cote, la presence des alienes dans les prisons porte atteinte a la discipline, non-seulement par des desordres materiels, mais encore par la di minution de 1 autorite morale que doit conserver la peine. Cette presence est une source d embarras incessants pour 1 administration, et une occasion de souffrances immeritees pour les malades eux-memes.

Les accuses, les condamnes et les acquittes, en tant qu atteints d alienation mentale, ne doivent pas etre retenus dans les prisons ordinaires et doivent etre places dans des etablissements ou ils puissent recevoir tons les soins que reclame leur etat de maladie...

Les prevenus, les accuses doivent demeurer rapproches des tribunaux appeles a prononcer sur leur sort. Les condamnes a des peines non infamantes peuvent sans inconvenient etre introduits dans les asiles ; les accuses acquiltcs pour une cause d alienation mentale ne different recllement des autres alienes qu en ce que les


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actes insenses auxquels ils se sont livres, qualifies crimes par la loi, out motivS des poursuitesjudiciaires... II n y a veritablement utilite ou necessite d exclure des asiles ordinaires que les detenus condamnes a des peines infamantes... G est pour concilier vis-a-vis de cette categorie de condamnes, generalement represented en fait par les alienes detenus dans les maisons centrales, les devoirs de rhuma- nite avec les exigences de la surete publique, qu il est indispensable de recourir a la creation destitutions specialement appropriees a ce double but, soit au contact des asiles d alienes, soit dans la dependance des maisons de detention, soit enfin dans des etablissements independants...

Je ne puis reproduireicitous les resultats de 1 etude que j ai faite snr toutes les particulari tes qui se rattachent aux conditions d existence des condamnes alienes, au dedans et au dehors des maisons centrales, et qui sont de nature a motiverdes reformes dans diverses directions. Je me bornerai a fournir les donnees qui peuvent servir de bases aces reformes, en precisant le nombre des existences sur lesquelles elles devraient porter, et en faisant ressortir, dans la situation facheuse qu elles doivent avoir pour but de faire cesser, le point de vue qui me parait appeler, pour assurer 1 efficacite de cette reforme, 1 intervention simultanee de la magistrature, de Tadmiiiistration et de 1 assistancc publique.

La population detenue des maisons centrales de la France comprend approxi- mativement en moyenne 250 condamnes atteints d alienation mentale, savoir : 205 condamnes atteints de folie, 150 homines et 75 femmes; 45 condamnes atteints d idiotie, 40 hommes et 5 femmes. Sur ce nombre, 110 atteints de folie, GO hom- mes et 50 lemmes, sont entretenus aux frais de 1 Etat en dehors des maisons cen trales, dans les divers asiles d alienes. Les autres condamnes alienes, c est-a-dire 95 atteints de folie, 70 hommes et 25 femmes, et tons les condamnes atteints d idiotie, c est-a-dire 40 hommes et 5 femmes, sont maintenus a 1 etat de deten tion dans les maisons centrales.

Parmi les condamnes atteints de folie, qui sont maintenus dans les maisons cen trales, ilenest, pourun certain nombre, qui ne peuvent etre considered comme in curables et dont I etat reclamerait un traitement approprie. Aucune des conditions propres a assurer 1 efficacite d un traitement curatif de la folie ne se trouve realisee dans les maisons centrales. L isolement des alienes n y est possible que par leur sequestration dans des cellules qui, pour la plupart, sont des lieux de punition.

La plupart des condamnes alienes ne peuvent etre assujettis a la discipline des prisons, et ne peuvent etre classes dans les ateliers. Ils demeurent oisifs pendant la duree de leur maladie, tres-souvent egale a la duree de leur detention. II en resulte qu ils ne peuvent suppleer a 1 insuffisance du regime alimentaire des prisons par les resources de )a cantine, et qu au moment de leur liberation ils n ont pas de pecule et n ont d autres ressources que le secours de route.

Pour le plus grand nombre de cas de liberation, le condamne aliene, au sortir des maisons centrales, sans ressources, sans profession, sans famille, est rendu a la vie libre dans un etat de trouble de 1 intelligence ou d insuffisance de la raison qui le rend incapable de subvenir par son travail a sesbesoins, et de diriger sa vie conformement aux regies de la morale et aux prescriptions des lois. Sorti de la prison, il cherche des moyens d existence dans la mendicite, qui est presque sa seule ressource, dans le vagabondage et la rupture de ban, qui sont les moyens presque obliges de son unique Industrie, et trop souvent aussi dans le maraudage, qui tend a prendre et prend les caracteres du vol. Aussi arrive-t-il le plus souvent qu il ivtombe sous la main de la justice, pour a rendre compte de ces actes que la ne-


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cessite de vivre lui impose et que la loi condamne sous les noms de mendicite, vagabondage et rupture de ban, et pour y etre frappe de nouvelles peines qui le ramenent dans les prisons, encore plus fletri et plus miserable et tout aussi dcnue d intelligence et de raison qu au moment ou il en etait sorti. Et pour beaucoup d eatreeux ce n est pas la un malheur accideatel se produisant une fois dans le cours de leur vie ; c est une situation qui se reproduit plusieurs fois, un grand nombre de fois.

II est incontestable que 1 etat de fclie est assez frequemment constate chez le condamne au moment de son entree dans la maison centrale ; il n est guere dou- teux que plusieurs fois il neremonte jusqu a une epoque anterieure aux actes qui ont motive la condamnation. Cela est indubitable pour la presque totalite des condamnes chez lesqucls on constate, dans la maison centrale, un etat d imbecillite, qui a du remonter jusqu aux premiers temps de la vie.

Ce quedemontre 1 histoire d un grand nombre, c est que leur vie se partage en deux parties. Dans la vie libre, ils n ont pas de profession, ils n ont pas de domi cile, ils mendient, ils vagabondent et, quand ils ont ete soumis a la surveillance, ils rompent leur ban. Condamnes pour mendicite, pour vagabondage, pour rup ture de ban, a des peines de plus en plus fortes a mesure que les recidives se mul- tiplient, ils subissent ces peines d abord dans les prisons departementales, puis dans les maisons centrales, ou ils formentun groupe a part de criminels qui n ont pas la conscience de leur culpabilite, qu on ne peut assujettir a la discipline, qui sont incapablesde travail, qui souffrent plus que tous les autres detenus du regime des prisons, qui, durant leur detention, ont donne aux detenus veritablement coupables le spectacle demoralisant de peines non justifiees et meme immeritees, et qui ne se serviront de la liberte, quand on la leur aura rendue, que pour recom- mencer les actes qui la leur feront de nouveau perdre.

Cette situation, qui dure depuis longtemps, que j ai plusieurs fois signalee ou de vive voix, ou dans mes ecrits, et qui a pu jusqu a un certain point motiver les accusations, d ailleurs empreintes d erreur et d exageration, qui ont ete souvent dirigees contre notre systeme penal et centre notre regime penitentiaire, reclame imperieusement qu il y soit autant que possible porte remede.

Jecroisquela legislation penale, au moins en ce qui se rapporte au vagabondage, a la mendicite et a la rupture de ban, serait susceptible de modifications ; et qu elle devrait tout au moins etre appliquee avec moins de rigueur.

Pour le plus grand nombre des condamnes, dont j ai constate 1 etat d imbecillite dans les maisons centrales, etpour un certain nombre de ceux qui y ont ete trouves atteints de folie, il eut ete possible de reconnaitre des la premiere poursuite judi- ciaire, mais au moins a la seconde, a la troisieme, a la quatrieme, etc., etc., que 1 habitude de la mendicite et du vagabondage et le fait de la rupture de ban de- vaient s expliquer par un etat d infirmite mentale ; que des lors les actes incri- mines elaient en efl et plus digues de pitie que de punition, et qu au lieu de s obs- tiner a reprimer indefmiment ces actes par des condamnations de plus en plus graves, ce qu il y aurait a faire ce serait de les prevenir en provoquant le placement, dans les asiles publics, d alienes incapables de subvenir par le travail a leurs be- soins et de se diriger dans la vie HLre sans violer les lois.

Mais c est a 1 assistance publique et a la police municipale et departementale qu il appartient de prevenir le plus efficacement ces abus, en pourvoyant a ce que ceux des mendiants et vagabonds qui ne sont pas en pleine possession de la raison par suite d un etat d imbecillite congeuiale ou consecutive, ou d un etat de folie


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accidentelle, ne soient pas incarceres et mis sous la main de la justice, an lieu d etre surveilles et secourus dans leur famille ctleur domicile, et d etre an besoin places dans les asiles d alienes, dans les hospices oules depots de mendicite.

Tout condamne qui, au moment de la liberation, est aliene, fou on imbecile, et par suite incapable de subvcnir a ses besoins et de diriger sa vie, ne peut etre pu- rement et simplement mis en liberte sans les plus graves inconvenients. S il est dangereux, et c est la presomption pour un repris de justice, il doit etre place ou maintenu d office dans un asile public aux frais de sa famille, oudes departements, en cas d indigence.

Si 1 intervention de 1 assistance publique, de la police administrative et de la justice dans les questions de trouble, de danger, de dommage, causes par 1 etat de liberte et par les actions delictueuses des mendiants et vagabonds atteints d alie nation mentale, se realisait suivant les principes qui viennent d etre indiques, il n est pas douteux qu on verrait diminuer dans une notable proportion le nombre des condamnations pour vagabondage, mendicite et rupture de ban, le nombre des recidives et par suite le nombre des condamnes alienes existant a un moment donne dans les maisons centrales et les autres prisons. Mais pour les detenus alienes en nombre quelconque subsisterait le devoir de 1 administration d assnrer ;m\ curables un traitement medical efficace, et aux incurables un traitement pulliatit approprie, ce qui pour les uns et pour les autres ne peut etre realise qu en de- bors des conditions d habitation etde regime qui apparliennent aux etablissements ordinaires de detention.

La solution de la question par la creation de quai tiers speciaux dans les asiles d alienes serait peut-etre la plus simple et la plus facile. Elle impliquerait un traite fait par 1 administration penitentiaire avec plusieurs asiles publics, geogra- phiquement situes de maniere a faciliter les transferements, d apres lequel ces asiles se chargeraient de creer, dans des quar tiers speciaux, un nombre de places en rapport avec les besoins du service penitentiaire et soumettraient les alienes qui leur seraient confies, pendant la duree de leur peine, a des conditions determinees de regime et de discipline.

Si 1 administration penitentiaire etait conduitesoit paries obstacles qu elle pour- rait rencontrer dans la realisation de cette mesure, soit par la preference qu elle accorderait a des mesures qui laisseraient sous sa surveillance et son autorite les detenus, meme dans 1 etat d alienation mentale, il y aurait necessite de creer, dans la dependance des maisons centrales, des institutions speciales pour y trailer et y mairitenir, pendant toute la duree de leur maladie et de leur peiue, les detenus alienes. Trois quartiers speciaux, deux pour les hommes, un pour les femmes, rattaches a trois maisons centrales convenablement choisies, formant un ensemble de 200 a 250 places pour une depense de 300 a 400 mille francs, suffiraient pour que le but desirable put etre atteint.

Si le but de prevenir les dangers qui peuvent resulter de 1 existence meme de 1 alienation mentale, sous certaines formes et dans certaines conditions, n apu etre " encore parfaitement atteint dans 1 interet de la societe et des alienes eux-memes, et s il est incontestable que sous ce point de vue 1 organisation des asiles publics ait besoin d etre completee, il est permis d affivmer que relativernent au but non moins essentiel du traitement curatif de la iolie les asiles d alienes, tels qirils out etc pour la plupart realises, laissent generalement pen de chose a desirer. \

La proportion des guerisons obtenues relativement an nombre des alienes recl- li-ment curables atteint dans un grand nombre d asiles toutce qu i! est permis a la


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science d esperer. Les obstacles, qui en fait s opposentaceque letraitement curatif obtiennedans les asiles toute 1 efficacite possible, ne sont pas inherentsa la nature de ces etablissemcnts; ils dependent principalement de I inobservation des regies qui doivent presider a une bonne direction de 1 assistance publique, et ils peuvent facilement disparaitre pour peu que les administrations publiques s appliquent serieusement a les faire cesser.

Loin d etre autorise a accuser d insuffisance les efforts realises dans la direction du traitement curatif de 1 alienation mentale, on serait peul-elre en droit de leur reprocher a certains egards, au moins en ce qui concerne 1 assistance publique, une tendance a depasser le but qu il est raisonnable de se proposer.

3 Asiles speciauxpour les idiots et les cretins. Les beureux effets de 1 applica- tion ingenieuse, savante etpatiente, d un sysleme special d cducalion a des enfants atteints d imbecillite congeniale ou acquise, ont fait concevoir des esperances exage- rees. Certains degresdel idiotie et du cretinisme ont etc consideres comme suscep- tibles de guerison. De la des tentatives de f ondations appropriees a ce but et des appels faits a la charite privee et publique, pour en provoquer la propagation etle developpement.

Le decret de 1 Eropereur qui, au moment de la prise de possession de la Savoie, a ordonne la creation, dans la dependance de 1 asile de Chambery, de 100 places destinees aux cretins, a consacre en principe, pour 1 assistance publiqne, 1 obliga- tion de preter son secours a cette grande infortune, et a motive une appreciation plus approfonclie du but qu on devait se proposer dans les institutions d assistance publique pour les idiots et les cretins.

Relativement aux motifs d admission d apres la consideration de 1 etat de danger on d indigence absolue, j ai resume les devoirs reels de 1 assistance publique en concluant qu il n y a rien de plus a faire en faveur des cretins que de leur appli- quer avec mesure et sagesse les ressources garanties a tons les idiots, en tant qu a- lienes, par la legislation de i838.

Mais ce n est pas purement et simplement a un but de charite et d ordre public que tend le mouvement de bienfaisance scientifique qui a donne naissance, depuis un certain nombre d annees, a des institutions specialement destinees aux cretins et aux idiots. Le mouvement a commence en France, dans les asiles d alienes de Bicetre et de la Salpetriere avec les premiers efforts tentes par les docteurs Ferrus, Voisin etFalret,pour developper, conformement aux essais d Esquirol et d ltard, par I influence d une education appropriee, les germes d aptitudes intellectuelles et morales subsistant chezles enfants atteints d idiotie. Le developpement pratique donne a cette pensee dans ces etablissements, auquel ont concouru d autres mede- cins recommandables, notamment Leuret, et d habiles instituteurs, MM. Seguin et Vallee, a permis d obtenir des resultats qui ont jusqu a un certain point justifie les esperances qu on avail congues. C est cet exemple qui a inspire a 1 etranger les fondateurs d institutions speciales pour les cretins et les idiots.

Malgre le programme de son fondateur, 1 etablissement de 1 Abendberg a moins ete en realite une maison de traitement medical pour le cretinisme qu une insti tution d education pour des enfants cbez lesquels le developpement des facultes intellectuelles et morales avail ete entrave ou par un certain degre d idiotie, dont la nature cretineuse n etait pas toujours suffisamment demonlree, ou par un etat de maladie de nature scrofuleuse ou rachilique. Les etablissemenls de Winterbach cl de Mariaberg, dans le Wurtemberg, ne sont a proprement parler que des maisons d education intellecluelle et professionnelle pour des enfanls faibles d esprit. Dans


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la visite que j ai faite de ces Stablissements je n ai constate la presence d aucun enfant evidemment atteint de cretinisme. II en est de meme des etablissemcnls dc la Baviere et de la Saxe. D apres 1 exposition meme des vues de lenrs fondateurs, les institutions de 1 Angleterre et des Etats-Unis ont ponr but essentiel 1 edu cation des idiots. L idee dominante de toutes ces institutions s est au reste parfai- tement revelee dans 1 assimilation qui en a ete faite avec complaisance aux eta- blissements fondes en faveur des enfants sourds, muets et aveugles.

On ne saurait sans doute trop applaudir a la generosite et au devouement des hommes de bien qui ont entrepris une telle ceuvre. Mais malgre tout ce qui a ete dit des succes obtenus par 1 education donnee aux idiots, il est impossible d ad- mettrequeles resultats a esperer puissent motiver I enormite des sacrifices qu im- poserait a un Etat la realisation d une telle entreprise. Je suis positivement d avis qu il y a lieu de se confier, pour le bien qui pent etre raisonnablement tente dans cette direction, a la charite privee pour les enfants des pauvres, et a 1 industrie privee pour les enfants des riches. Pour que I administration remplisse son devoir en ce qui se rapporte a cette ceuvre charitable, il suffira d approprier au but vers lequel elle tend 1 organisation desquartiers d enfants dans nosasiles d alienes.

Tout en subordonnant a ce principe les propositions que j ai faites pour 1 orga nisation de 1 asile de cretins a annexer a 1 asile de Basscns, j ai pense qu il ctait desirable d utiliser le quartier d enfants qui doit iaire necessairement partie de cette institution, pour un essai de verification des opinions qui ont ete mises en avant, relativement a la curabilite du cretinisme. Bien que scientifiquement con- vaincu que le cretinisme est une infirmite congeniale essentiellement incurable, il m a paru qu on pouvait ne pas considerer comme a 1 abri de toute objection la seule tentative de traitement du cretinisme qui ait ete effectuee par la genereuse initiative de MM. Grotti et Alexandre Bich dans 1 hopital d Aoste, au milieu de conditions defavorables et a pen pres exclusives du succes, et qu il serait dignc de la pensee qui ouvre en France le premier asile de cretins d utiliser la realisation dece bienfait pour la solution definitive d une question humanitaire et scientifique d une grande importance.

4 Projets de colonies. G est en ce qui se rapporte aux alienes non dangereux et incurables qu il y a reellement eu exageration dans Implication du secours d assistance publique sous la forme de 1 admission, dans les asiles. Et ce sont les inconvenients de toute sorte resultant decet abus, encombrement des asiles par une proportion excessive d incurables, accroissement graduel de la population de ces asiles et aggravation incessante des charges publiques, qui, en frappant tous les yeux, ont inspire les promoteurs de la nouvelle reforme et ont accredite des me- sures et des projets que ne justifie pas la situation, malgre son incontestable gra- vite, et qui dans leur ensemble represented non-seulement 1 abandon de principes que la science et 1 experience ont consacres, mais encore d irrealisables utopies.

On a vu comment de la connaissance des veritables causes du mal ressortait 1 indication des veritables remedes. Je n ai pas a revenir sur ce sujet. Mais il est important d apprecier, dans leurs donnees fondamen tales et dans leur portee pra tique, ceux de ces projets qui ne consistent pas dans les mesures deja discutees de regularisation de I assistance publique par la restriction du secours d admission dans les asiles, et par 1 extension du secours a domicile, a appliquer a la categoric des alienes incurables et non dangereux.

L organisation de nos asiles, au point de vue financier et economique, a pour consequence de rendre possible, au moyen d une administration habile, le solde


JO ALIENES (ASILES).

annuel des budgets par un excedant de recettes. Dans ceux de ces asiles dont la population depasse 500 malades, lorsque le prix d entretien pour les indigents atteint ou depasse un franc, et surtout lorsque la proportion des pensionnaires au compte des families est considerable, cet excjdant de recettes annuities peut s e- lever jusqu a 10,000 francs, meme au dela, sans que ce benefice ait etc obtenu aux depens du bien-etre des malades. C est par suite de cette condition finandere qu nn grand nombre d asiles ont pu realiser des economies considerables, qui en s accumulant se sont, pour plusieurs d entre eux, elevees successivement jusqu a plusieurs centaines de mille francs. Pour beaucoup d etablissements ces ressources out fourni les mo yens de leur appropriation, de leur agrandissement, sans que les departements aient eu a concourir par des subventions a des depenses souvent considerables. 11 en a ete ainsi pour les asiles de Saint-Yon, de Cadillac, de Bor- tli anx, deMareville, de Blois, de Saint-Gemmes, etc.

Ce fait atteste que quand setrouvent reunies les conditions signalees, leprix de journee paye par les departements est plus que suffisant pour couvrir les depenses ordinaires d entretien. Etc est parce qu il avait ete prevu comme consequence pro bable, et connu comme resultat experimentalement acquis, qu on avait du admi- nistrativement cherchcr a obtenir dans le developpement donne aux asiles la realisation des conditions propres a le produire, et qu on avait pu fonder sur les resultats d une bonne organisation du service public des alienes dans les departe ments 1 esperance d unc diminution graduelle des charges departementales, par une diminution graduelle du prix de journee, a partir de 1 epoque ou Torganisa- tion pourrait etre consideree comme complete et definitive. C est la en effet 1 ave- nir certainement reserve, pour une epoque plus ou moins rapprochee, aux departements qui ont cree des asiles dans les conditions indiquees, si, comme il est permis d y compter, 1 administration se decide a assurer ce resultat en impri- mant a 1 assistance publique une direction convenable.

C est sur ce fait qu on s est fonde pour considerer comme possibles des combi- naisons administratives et budgetaires qui auraient pour resultat d exonerer les departements de leurs charges relatives a 1 entretien des alienes indigents.

En 1855, M. Girardde Cailleuxa developpe systematiquement cette conception dans une etude qui contient des donnees inter essantes et des apercus utiles, no- tamment sur lanecessite de regler les conditions de 1 admission des indigents dans les asiles publics. Mais, pour se convaincre que la conception au point de vue pratique est reellement denuee de base solide, il suffit de considerer que parmi les conditions d ou 1 auteur de cette conception fait dependre la possibilite d ob- tenir annuellement, sur un budget de 219,625 francs, un excedant de recettes de 55,778 fr. 53 c., equivalent a la subvention totale due par le departement pour 1 entretien des alienes indigenes, il en est une qui, d apres toutes les donnees de 1 experience, est impossible a realiser, c est-a-dire une composition de la population d un asile de 350 alienes, telle que les indigents n en forment qu un peu plus de la moitie, 180, et que les autres alienes, au nombre de 170, soient des pension- naires entretenus au compte des families, suivant la proportion suivante : 120 3 420 francs, 34 a 1,200 francs, 16 a 2,400 francs. Ce n est ni en France, ni nulle part ailleurs, que le nombre des alienes entretenus par les families pourra jamais egaler dans les asiles le nombre des alienes que resistance publique devra conti- nuer a y entretenir.

M. Billod, qui, avant M. Girard de Cailleux, avait aussi admis la possibilite d exonerer le departement de Loir-et-Cher de ses depenses d entretien, an niove. x


ALIENES (ASILES). 91

d un excedant annuel do 56,570 1 r., s etait appuye sur une condition de fait, qui avail une valeur plus reelle, mais qui etait tout a fait accidentelle et propre a 1 a-

sile de Blois.

Cette condition, c etait 1 existence dans cet asile de 550 alienes pour lesquels le departement de la Seine payait un prix de journee de \ fr. 22 c. , ladepense d en- tretien ne devant s elever qu a 75 centimes, d apres une appreciation que M. Billod i lui-meme depuis reconnue erronee.

II a fallu renoncer a 1 espoir de 1 exoneration complete des departements, au moyen de bonis annuels sur les budgets des asiles dans les conditions de leur or ganisation actuelle.

Mais au lieu de se resigner a poursuivre par de perseverants elforts le but rai- sonnable et certain qu il est possible d atteindre par un judicieux emploi des res- sources actuellement realisees ou realisables dans le systeme de nos asiles, voila qu on se met de nouveau a poursuivre, sous une nouvelle forme, la chimere de 1 exoneration, en la demandant aux colonies agricoles.

Ici le point de depart de 1 utopie, c est encore la realite, et une realite qui est 1 ceuvre de la reforme accomplie au moyen de la fondation des asiles.

L utilite des tiavaux agricoles, demontree par 1 exemple dans I hopital de Saragosse et dans la colonie de Gheel, avait conduit Pinel a exprimer le vceu qu une lerme fut annexee a tout etablissement consacre au traitement de 1 alienation mentale. Langermann, en Allemagne, dans I hopital de Bayreuth; Ellis, en Angle- terre, dans 1 asile de Wakefield ; Ferrus, en France, a Bicetre, ont pris 1 initiative de la realisation de ce voau.

Dans la plupart des asiles d alienes actuellement existants, unte quantitc plus ou moins considerable de terrain est mise en culture par les alienes. Mais c est surtout la Grande-Bretagne qui a developpe dans toute son ampleur 1 organisation matei ielle de 1 exploitation agricole par les alienes dans les asiles. Les fermes de plusieurs etablissements anglais, celles d Hanwell et de Surrey notamment, sout largement, richement installees ; les etables, les ecuries, les porcheries, etc., n y laissent rien a desirer ; les laiteries y sont magniliques. Les dispositions et instal lations adoptees, sur 1 avis d agriculteurs eminents, pour la constitution materielle de la ferme de Quatre-Mares, sans avoir 1 ampleur et le luxe des fermes anglaises, me paraissent meriter d etre proposees pour exemple.

Depuis que j ecrivais ces lignes en 1855, le developpement des travaux agricoles dans les asiles d alienes n a pas cesse de progresser pour 1 importance et pour 1 etendue. Et c est a 1 imitation de ce qui se pratiquait deja depuis long temps dans les principaux asiles publics de la France, de 1 Angleterre et de rAllemagne, qu ontete plus ou moins recemment instituees des exploitations culturales, qui ne sont reellement que des fermes annexees ou detachees, bien qu on leur donne quel- quefois le nom de colonies agricoles, au moment meme ou la seule colonie agri- cole qui existe, cello de Gheel, repousse cette appellation presentee comme propre a designer le dernier terme du progres a atteindre.

11 est vrai que jusqu a ces derniers temps le travail agricole par les alienes avait ete surtout preconise comme moyen therapeutique, et que tout en tenant compte de sa valeur au point devueeconomique, onn avaitpas songe a leproclamer par excellence comme preferable a tous les autres genres d occupations, ni surtout a en faire a la fois le pivot de 1 organisation des asiles et la principale ressource de leurs budgets. En m inspirant de 1 espritdes maitres de la science, des oeuvres qui enportaient IVinpreinte en France et a 1 etranger, et des resultats de ma propre experience,


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j avais formule en 1847, relatrvement a 1 organisation du iravail dans les asiles, des regies qui me paraissent encore aujourd hui cclles qu il convicnt de suivre.

Dans les discussions auxquelles ont ete soumises les diverses questions qui se rattachent a ces regies, on a neglige une distinction fondamentale qui domine toutes ces questions, la distinction de deux buts fort differents, vers lesquels doit etre dirigee 1 institution du travail, suivant qu on 1 envisage comme moyen de traitement pour les malades curables, ou comme moyen de bien-etre pour les in curables. G est surtout 1 efficacite therapeutique du travail qu on a cue en vue, quand on a preconise la superiorite des occupations agricoles, quand on a present de ne pas user d autorite pour arracher les malades a 1 oisivete, quand on a insiste sur 1 utilite d engager les alienes dans des occupations differentes de celles quileur etaient habituelles, et meme dans les difficnltes d un apprentisage. Rien de moins contestable que la justesse de ces vues generates dans 1 application du travail au traitement de la folie. Seulement ilestnecessaire de reconnaitre qu a ce litre 1 em- ploi du travail, comme toutes les autres ressources de la therapeutique, nepeut etre soumis a des regies absolues ; qu il y a dans la direction a donner aux malades grand compte a tenir de toutes les circonstances individuelles de causes, de carac- teres, de formes du delire.

C est a la sagacite du medecin, dirigeant le traitement, qu il appartient de discerner, avec le tact qu une longue experience petit seule donner, quand, com ment et sous quelle forme le travail peut et doit etre associe aux autres elements du traitement medical. Si 1 utilite du travail dans les etablissements d alienes se bornait a une influence curative, 1 importance de son emploi serait considera- blement diminuee, car les malades reellement curables ne form en t qu une bien faible partie de la population de ces etablissements. Mais le travail est, dans les asiles d alienes, comme dans toutes les autres agglomerations humaines, une con dition essentielle du maintien de 1 ordre et de la conservation des bonnes mreurs.

Et le bien-etre des alienes meme incurables n est pas moins etroitement lie que celui des autres hommes a 1 observation de la loi du travail, soit qu on le considere comme un moyen hygienique, propre a entretenir la sante par le maintien de 1 e- quilibre des forces, soit qu on 1 envisage comme un moyen moralisateur apte a assurer la paix de 1 ame par I eloignement de la tristesse et de 1 ennui. ,.

Ge que reclame essentiellement 1 interet des alienes incurables, ce sont des occupations salubres et agreables. La salubrite et I altraitdans le Iravail n etanten aucune sorte incompatibles avec sa productivity la conciliation de 1 interet des malades avec 1 interet de 1 etablissement est possible.

Et des lors le but essentiel de 1 organisation du travail dans les etablissements d alienes doit etre la creation, sur une large echelle, d occupation salubres, agrea bles et productives. Au point de vue de la salubrite du travail, les occupations qui mettent en action tout 1 appareil locomoteur, et qui supposent 1 exercice en plein air, sont celles qui doivent etre generalement preferees... Ce qui realise 1 attrait dans les travaux, c est la variete des occupations, c est le changement de lieu, c est la satisfaction decreer des produits, c est encore et a un haut degrela predilection pour une occupation qu on avail choisie et a laquelle on esl habitue.. . Les occupa tions les plus productives sont celles qui se rapportent directement et immediate- ment aux besoins de 1 etablissement el par cela meme I affrancbissenl, autant que possible, de tout tribut paye a des industries exterieures. Ainsi les soins domesti- ques, les travaux des services generaux.la fabrication et i entretien du linge etdes vetements, le blanchissage, I entretien et la creation du mobilier, I eutretien des


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bailments, les travaux de culture pour la production des objets de consommation dc la maison, seront toujours les premieres industries a fonder dans les asilcs d a- lienes. Le plus souvent ces industries peuvent suffire a occuper tous les malades capables de travail, et toujours elles reunissent les conditions essentielles de salu- brite, d attrait et de productivite...

Ges regies, dont 1 application est depuis longtemps realisee avec plus ou moins de perfection dans la plupart des asiles, supposent chez les medecins alienistes qui les out concues, pratiquees et formulees, des vues sur le role du travail dans le traitement de 1 alienation mentale beaucoup moins simples que celles des reform a- teurs, qui admeltent que ce qu il y a de mieux a faire est fait des qu ayant mis un outil dans la main d un aliene, on en a fait le serviteur sans gages d un cultivateur ou d un artisan.

Mais ce qui caracterise essentiellement ces regies, c est qu elles sont 1 expression d une conception systematique fondee sur ceprincipe : Le travail, dans les asiles d alienes, a pour destination principale le bien-etre des malades; ce n est que subsidiairement qu il peut etre concu et organise comme un moyen de production utile. C est en face de ce principe que se manifesto le plus evidemment la diffe rence profonde qui existe entre le systeme consacre dans nos asiles et Jes divers system es qu on propose de lui substituer.

Bienquela transformation des asiles en colonies soit bypothetiquement presentee comme propre a faire cesser, comme par enchantement, toutes les souffrances et tous les dommages qu on attribue a 1 existence des alienes dans nos asilcs, la pensee dominante de toutes les conceptions nouvelles et le but essentiel vers lequel dies tendent et qu elles avouent, c est une pensee, c est un but de speculation fiscale se resumant par la solution de ce probleme : utiliser le travail des alienes de maniere a le rendre assez lucratif pour que son produit couvre la depense de leur entretien.

La productivite du travail de 1 aliene, qui, dans le systeme de nos asiles, n a qu un role accessoire et subordonne, est au contraire 1 element dominant de la base premiere du systeme des colonies. Rien de plus radical que 1 antagonisme des deux principes.

Pour en juger comparativement la valeur, il suffit de les mettre en pre sence.

Jeme contenterai de faire remarquer que, pour realiser le systeme des colonies, il ne suffirait pas de transformer nos asiles en fermes, il faudrait encore transformer en fermiersles medecins alienistes, qui ne conscntiraient pas facilement, jel espere, a un changement aussi profond dans leur vocation.

Mais meme au point de vue economique le systeme des colonies est loin d avoir la valeur qu on lui attribue.

Geux qui se flattent d obtenir, par 1 exploitation agricole de vastes terrains, des benefices suffisants pour couvrir la depense d entretien des alienes reunis dans les colonies, et qui, pour justifier lapossibilited untel resultat, n estiment pas a moins de 1 5 pour \ 00 le produit net de telles exploitations, n ont sans doute pas pretendu, contrairement a tous les enseignements de 1 experience, que la condition la plus favorable pour tirerde la culture desterres desproduits exceptionnellement consi derables, etait de substituer a 1 industrio privee la regie administrative. Non, ils ont principalement compte sur deux sources de richesse productive, qui manquent aux exploitations agricoles ordinaires et qui, d apres eux, seraient fournies dans des proportions colossales, par le fait de la reunion des alienes en colonies d agri-


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culteurs, la main-d oeuvre et les engvais. Sous ce double point de vue, rien dc moins acceptable que les estimations et les calculs qui out ete faits.

Ainsi, quant a la main-d ceuvre, on a eslime a 75 pour 100 de la population d a- lienes entretenus dans les colonies, le nombre des travailleurs utiles. Sansinsister surcequ il y a d exagere dans cetle estimation, il suffit, pour restreindre conside- rablement la portee qui a ete attribute, dans Tele vation des produits de la culture, au nombre des travailleurs dont on pourrait disposer, de reconnaitre que parmj les alienes capables de travail il n en est qu un petit nombre qui puissent avec avantage, au point de vue economique, etre employes aux travaux de culture, meme lorsque ces travaux n exigent que de la force ; que parmi les occupations d une exploitation agricole, les plus importantes, toutes celles qui exigent de 1 in- telligence, des precautions, des soins, ne peuvent etre confiees a des alienes ; que c est dans les exploitations restreintes, pour les cultures dites maraicheres ou sar- clees, que Je travail direct de 1 homme est surtout productif, parce que rien ne peut le remplacer ; tandis que dans les exploitations developpees, 1 avantage du nombre des bras perd la plus grande partie de sa valeur en face de la puissance des machines ; que dans toute culture, dont 1 exploitation implique 1 emploi de la charrue, il n y a plus qu accessoirement place pour un travail de quelque impor tance et de quelque valeur a confier a des alienes.

II n est pas contestableque 1 agglomeration d un grand nombre d habitants dans nos asiles n ait pour effet de produire des ressources d engrais dont il n est pas toujours tire un parti suffisant.

Mais cette ressource constitue-t-elle reellement le tresor ou, suivant certains calculs, on pourrait retrouver plus du tiers de la depense d entretien des habitants de nos asiles? On a estime a 66,000 francs la valeur utilisable et meme venale des engrais produits par la population d un asile de 500 alienes, dont 1 entretien, au prix de 90 centimes par jour, ne couterait en somme que 164,250 francs. On peut faire sur le papier, en s appuyant sur des donnees scientifiques plus ou moins rigoureuses, de tels calculs. Mais quand de la speculation on passe a la pratique, on reconnait un peu tard qu aux illusions correspondent inevitablement les decep tions.

On a plus judiciensement invoque comme source de richesse a obtenir par le travail des alienes au moyen de colonies 1 augmentation de la valeur du sol par les defrichements, sorte de travail auquel les alienes sont en effet tres-propres, et pour la realisation desquels le prix de la main-d ceuvre est en effiet un puissant obstacle. Qu il soit tenu comptede cette circonstance dans le choix a faire des ter rains d exploitatiou a annexer a nos asiles, c est ce que j admets parfaitement, et ce que j ai plusieurs fois conseille; quant aux defrichements systematiquement entrepris comme but a atteindre par 1 emploi des bras dont 1 administration peut disposer, c est aux etablissements penitentiaries qu il faut, a mon avis, les laisser comme role et comme ressource.

II n est pas necessaire de se jeter dans les aventures. L experience a fait connaitre ce que peut etre le benefice d une exploitation agricole dans la dependance d un asile. On a les comptes pour les fermes de 1 Angleterre et pour nos asiles. La co- lonie de Sainte-Anne n a pas ete non plus sans fournir des enseignements utiles. Les elements de prospe rite h nanciere qu elle a parfois rencontres ont etc dus prin- cipalement a la part qui revenait au travail industriel, dans 1 ensemble de son organisation economique. Et quand elle a ete reduite a une exploitation agricole, dans laquelle predominait pourtant 1 un des elements les plus productifs, la por-


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cherie, les benefices realises sont de nature a ne faire concevoir que des esperances assez modestcs relativement au produit des i ermes administrativement regies.

Nos etablissements sont deja et depuis longtemps engages, sous le point de vue dc 1 organisation du travail, meme par 1 exploitation culturale, dans la bonne voie.

Ce qu il y a veritablement a faire, c est de donner aux asiles qui en sonl de- pourvus les ressources qui leur manquent relativement a ce genre d occupa Lions a la fois utiles aux malades et profitables aux etablissements ; c est de developper ces ressources partout ou elles sont insuftisantes, en recourant aux fermes di ta- cbees, toutes les fois que les fermes annexees feraient defaut.

A ce point de vue, les sacrifices faits par les administrations publiques pour dotcr les asiles de la possession de terrains memq, considerables, ne seront pas perdus. Meme dans les conditions ordinaires de rendement, ces terres representeront un revenu annuel qui attenuera annuellement 1 importance de la subvention d enliv- tien. Si, comme on 1 a propose, cette dotation equivalait a un capital de 1 million pour un asile de 500 alienes, il serait raisonnable d en atfendre une diminution correlative dans la subvention annuelle a payer. Mais que cette diminution put correspondre a un placement a 15 pour 100, c est-a-dire egaler 150,000 francs, et representer pour un departement 1 exoneration de ses charges d avenir par un sacrifice une fois fait du tiers du capital propre a en assurer le payement, c est ce dont je conteste tres-positivement la possibilite, et je suis en outre convaincu qu il y aura beaucoup a rabattre sur les benefices qu on attend des grandes exploitations culturales dans la dependance des asiles d alienes.

5 Organisation administrative et medicale des asiles. Les asiles d alienes, tclsqu ils existent aujourd hui dans les divers Etats civilises, represented, paries conditions de leur constitution materielle et de leur organisation administrative et medicale, une ceuvre au developpement et au perfectionnement de laqnelle ont concouru un grand nombre d hommes de science et de devouement. C est a 1 his- loire de la psychiatrie qu il appartient de recueillir leurs noms et de caracteriser pour chacun la part qui lui revieut dans 1 oeuvre commune.

Je ne puis ici que resumer ce que 1 etude des preceptes, enseignes par les mai- Ires de la science, et des institutions fondees sous leur inspiration, et ce que ma propre experience, m autonsent a presenter comme les regies les plus sures.

L organisation des asiles publics d alienes souleve tout d abord une question fort controversee, celle de la constitution du pouvoirdirigeant. Dans les etablisse ments hospitaliers ordinaires, 1 action medicale, bien que constituant 1 un des elements essentiels de leur destination, est tellement distinctc, dans son but et ses moyens, de 1 action administrative, que la separation des deux pouvoirs y est a la fois necessaire et facile.

Dans les asiles d alienes, au contraire, il y a, relativement au but a atteindre, une connexion si etroite entre les moyens qui releveut de 1 action administrative et ceux qui sont propres a 1 action medicale, que la reunion des deux pouvoirs a ete consideree comme desirable par le plus grand nombre des alienistes ; et qu il n en est aucun qui n ait ete conduit a regarder comme indispensable, ou la predo minance ou au moins 1 independance absolue du pouvoir medical.

II n est pas necessaire de developper, pour ceux qui connaissent par experience les conditions d un fonctionnement aussi parfait que possible des asiles, tons les- motifs quijustin ent ces opinions. Pour tousil pent suffire de les resumer en affir- ttiant que dans un asile d alienes toutes les actions doivent elre subordonnees et


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coordonnees par rapport a un but unique, la guerison et le bien-etre des alienes et que 1 unite d action implique 1 unite de volonte.

Ce ne sont pas des objections de principe qu on a opposees a la reunion du pou- voir administratif an pouvoir medical dans les asiles. Onne 1 a combattue quepar des considerations de difficulte ou d impossibility pratiques. On a pretendu, d une part,que les aptitudes administratives font generaleinent defaut aux medecins, et, d autre part, que les occupations administratives sont exclusives destravaux scien- tifiques. Pour demontrer combien ces objections sont peu fondees, il pent suffire d invoquer 1 ensemble des asiles ou la science marche du meme pas que 1 admi- nistration, sous 1 impulsion de directeurs-medecins, que leurs aptitudes adminis tratives n ont certes pas condamnes a 1 improductivite scientifique. Une objection plus serieuse a etc fondee sur ce que la double tache de 1 administrateur et du medecin depasserait les forces d un seul fonctionnaire, ce qui n est reellement ad missible que dans certaines conditions de nombre des malades et d importance des asiles, et en 1 absence d une organisation convenablement appropriee. Dans la plu- part de nos asiles publics le directeur-medecin, que la loi francaise a institue, peut suffire a tous les devoirs de 1 administrateur et du medecin, et realise par leur accomplissement tous les avantages qui peuvent dependre de 1 unite de direction.

L organisation des asiles francais a pourvu a ce que le directeur-medecin fut efficacement seconde, dans son action administrative, par desfonctionnaires compta- bles pour les finances et les services economidues, etdans son action medicale, par des medecins-adjoints et des internes.

La proportion des alienes, qui au meme moment reclament un traitement me dical personnel, atteint a peine le cinquieme dela population des asiles. L institu- tion des medecins-adjoints, telle qu elle a ete regularised au moyen d obligations et d attributions definies, n a pas les inconvenients qu on lui a attribues, et, outre I aVantage de rendre possible le maintien de 1 unite de direction, soit dans i en- semble des services, soit meme dans le service medical, elle realise, dans les meil- leures conditions d instruction pratique, le stage ou les jeunes medecins, prealable- ment inities par quelques annees d internat a la psychiatric, peuvent acquerir les connaissances et les aptitudes administratives dont ils auront plus tard a faire 1 application dans les fonctions de directeur-medecin.

L institution des medecins-adjoiuts est Tun des elements necessaires de cet en semble de mesures, qui par 1 augmentation et le classement des traitemenls, par la fondation desretraites etpar la pratique de 1 avancement hierarcbique, out im- prime aux emplois dans nos asiles les caracteres d une veritable carriere de fonc tions publiques, ou la science et le devouement peuvent obtenir les encourage ments dont ils sont dignes , et ou le niveau de la science psycbiatrique s est considerablement eleve depuis un certain nombre d annees.

Si des circonstances exceptionnelles, parmi lesquelles s offre au premier rang une population tres-considerable et depassant par exemple le chiffre 500, peuvent rendre utile ou indispensable la separation des fonctions d administrateur et de medecin dans les asiles d alienes, ainsi que le fait se trouve realise pour plusieurs etablissements en France, il est possible de neutraliser les inconvenients d une telle organisation, ainsi qu y ont pourvu la legislation francaise et surtout le regie- meat du 20 mars, par la definition exacte des attributions, et par I ensemble des dispositions qui soumettent au controle d une commission de surveillance, et a 1 autorite des prefets et du ministre, 1 exercice des deux pouvoirs et le jugement des conflits d autorite qui peuvent s y rattacher.


ALlfiNES (ASILES). !)

(Test surtout a sauvegarder 1 unile du pouvoirdans la sphere medicale que tsn- dent par leurs prescriptions les lois et les reglements, et c est une mesure evidcm- ment contraire a leur esprit et en mcme temps a la donnee la plus fondamentale dela destination des asiles, que le partage du service medical entre plusieurs me- decins, qui a pour effets necessaires non-seulement la rupture de 1 unitedans les vues, mais encore 1 abaissement du pouvoir medical. Cette mesure ne peut etre, 5 mon avis, approuvee que quand elle peut etre motivee, comme dans les centres d instruction, par des necessites exceptionnelles d enseignement public.

C est a bon droit qu on a generalement rattache au service medical, comme une de ses dependences essentielles, la direction du service de surveillance, qui, dans les asiles d alienes, est par-dessus tout un moyen de traitement. Les surveillants dans les asiles out par les charges de leur emploi tous les caractercs qui appartien- nent aux infirmiers dans les etablissements hospitaliers ; leurs fonctions devraient s elever en dignite, comme elle s eleve en fait au-dessus de la condition commune aux serviteurs salaries.

Sous ce point de vue, dans les pays catholiques, les congregations religieuses realisent tout ce qn il est permis de desirer de mieux pour la surveillance des quartiers de femmes dans nos asiles. Tout ce qu on peut attendre du cceur de la femme en devouement affectueux et en soins compatissants, delicats, eclaires, on 1 obtient des religieuses dans des conditions d abnegation personnelle, et avec des garanties de moralite que ne peuvent offrir au meme degrelesinfirmieres laiques. La suppression complete de 1 element laique dans le personnel des femmes au ser vice des asiles est a mes yeux un avantage inestimable, qui devrait etre plus gene ralement et plus absolument recherche. L experience a prouve que les inconve- nients des tendances a 1 envahissement du pouvoir, generalement imputees aux congregations religieuses, ne se rencontrent pas dans nos asiles publics et, tout en admettant que ce resultat a pu etre assure par les stipulations des traites et par les prescriptions des reglements, il est juste de re< onnaitre que plusieurs congre- gations de femmes, qui ont fait entrer dans les destinations de leur oauvre les soins a donner aux alienes, se sont constamment montrees a la hauteur de cette vocation par leurs aptitudes, leur devouement et leur esprit de conduite.

Les motifs qui justifient la preference a donner aux congregations religieuses relativement aux laiques pour la surveillance dans les quartiers de femmes, n exis- tent pas en ce qui se rapporte aux quartiers d hommes.

Et la constitution d un bon personnel de surveillance dans ces quartiers, aussi bien que dans les quartiers de femmes, quand les congregations religieuses font defaut, represente un probleme dont on s est constamment preoct upe et dont la solution n a ete par quelques alienistes congue comme possible qu a la condition de la creation d institutions speciales pour la formation d infirmiers.

La realisation de ces vues theoriques, qui presenterait des difficultes probable- ment insurmontables,n est heureusement pas indispensable. L experience a prouve qu il est possible d arriver a une organisation suffisante du personnel de surveil lance dans les asiles par 1 observation d un certain nombre de regies dont il suffit d indiquer les principales : institution d un surveillant en chef qui soil un fonc- tionnaire apte, capable etdigne ; classement des infirmiers en categories, avec con ditions reglees d avancement hierarchique ; gratifications de fin d annee ; adoption d un costume ; reglement disciplinaire equitable et severe. A ces mesuresil serait indispensable d ajouter celle qui assurerait aux bons infirmiers un avenir moms chanccux que celui cle la position de reposant. f/institiiliou de caisses tie retraite

niCT. EM. III. 7


,8 ALIENES

pour les infirmiers prescnle de grandes difficultes, muis u cst pas impossible ainsi que 1 atteste ce qui se pratique dans 1 asile de Stephansfeld. Je crois qu il scrait plus simple, plus expeditif et plus sur d utiliser, comme on 1 a fait dans quelques departements pour les cantonniers, la caisse de la vieillesse, en y assurant pour les iafirmiers, au moyen de retenues mensuelles, 1 equivalent d une retraite.

Ce n est pas sans de grands et perseverants efforts qu on est parvenu a obtenir dans les asiles que les alienes y fussent traites, pour le regime alimentaire, pour 1 habillement, pour le coucher, non-seulement d apresdes regies fixes, mais encore conformement aux indications dela science et aux exigences de 1 hygiene.

Sousces divers points devue, les veritables principes ont generalement prevalu, et, depuis le reglcment du 20 mars qui les a consacres, leur application se realise de jour en jour d une maniere plus generate et plus complete.

En ce qui concerne 1 alienation mentale, la qualite du pain a ete amelioree, et la distribution en est generalement faite a discretion, c est-a-dire pour chacun sui- vant ses besoins vrais, a la difference de ce qui a lieu dans les prisons, a 1 imita- lion de ce qui se pratique dans les families ; le regime gras, d exceptionnel qu il etail, comme dans les etablissements penitentiaires, est devenu habituel selon les usages de la vie ordinaire, et le nombre des jours gras a ete porte a cinq par se- maine ; la quantite de la viande a distribuer quotidiennement a ete elevee a des proportions generalement suffisantes. La boisson fermentee, en usage dans le pays, s est associee pour une quantite plus ou moins notable a 1 eau qui a cesse d etre considered comme la boisson normale ; le nombre des repas, le nombre etla nature des mets ont ete regies et determines.

Les alienes indigents ont du etre fournis de tous les elements d un trousseau determine, de maniere que leurs vetements au moment de 1 entree, re-pares, mis en etat et conserves, puisscnt leur etre remis au moment de la sortie. A la paille couverte de draps, on renfermee dans une toile, ont ete substitues des ma- telas, et le lit a etc constitue pour tous ses elements dans les conditions de la vie ordinaire.

Ton les les regies relatives a 1 entretien des indigents dans les asiles publics, places directement sous 1 autorite des prefets, ont ete etendues aux quartiers d hospice et aux asiles prives faisant fonctions d asiles publics.

C est dans les instructions ministerielles et dans le reglement du 20 mars qu on peut trouver toutes les particularities des prescriptions qui ont eu pour but et pour elfet d assurer par 1 organisation administrative et medicale des asiles la realisation dc leur destination.

On peut considercr ces prescriptions comme la consecration officietle des prin cipes et des regies que les alienistes ont ete successivevnent conduits a poser, a formuler et a mettre en pratique d apres les enseignements de la science et de 1 experience.

Ainsi. en ce qui concerne la remuneration du travail, le reglement du 20 mars a fait prevaloir en principe qu on ne pouvait legitimement attribuer ce caractere ni a la concession de vivres supplementaires a attribuer aux alienes employes a des travaux penibles, ni a la distribution quotidienne de tabac a assurer gratuitement a tout aliene indigent cbez qui 1 habitude de priser ou de turner a ete positivement constatee au moment de 1 admission. II a interdit d occuper habituellement les alienes a aucun des travaux qui consistent exclusivement dans 1 emploi de la force musculaire et qui sont a 1 usage des animaux, tels que mise en mouvement de pompes, roues, machines, etc., et de louer leurs bras a des tiers pour des travaux


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quelconques. Enfm il a rendii obligatoirc pour tous les asiles publics I ciist inlilr des mesures qui, a Saint-Yon des 1836, avaient fonde sur le droit de 1 alienc a une remuneration pour son travail une institution de bienfaisance qui, tout en ayant pour destination principnle d assnrer a tout aliene gucri, au moment de sa sortie, un pecule suffisant pour faire face aux premiers bcsoins de la vie pendant une ou deux semaines, donne en outre les moyens de procurer a ( aliene incurable, durant son sejour dans le refuge qni lui est impose, quelques avantages de bien-etre exceptionnel qu il puisse considerer comme le fruit de la recompense de son tra vail, et qui soient de nature a le rattacher par le souvenir et par 1 esperance nu\ conditions ordinaires de la vie libre, et a lui devenir profitables pour le casmemc d une sortie sur laquelle on aurait perdu le droit de compter.

Le reglement du 20 mars, en imposant 1 obligation dela redaction d observatipns individuelles pour tous les alienes entretenus dans les asiles, n a pas eu seuleme.nl pour but de suppleer aux insuffisances des annotations medicales, legalement pres- crites pour la justification des motifs d admission, de maintenue, de sortie et de 1 ournir relativement a la legitimite des sequestrations un complement utile de garanties ct de moyens de controle. La redaction de ces observations, confieeprin- cipalement aux meclecins-adjoints et aux internes, les oblige a developper Imr instruction personnelle tout en creant des documents dont la collection ne lardera pas a representer un tresor inestimable d archivcs scientifiques.

En s etendant a tousles details dela vie des alienus dans les asiles, ct en reglanl minutieust ment pour tous ceux qui ont une action quelconque a exercer sur les alienes les conditions de cette action par la definition des attributions et des de voirs, les prescriptions qui constituent les elements de ( organisation administra tive et medicalede ces etabbssements ne se juslifientpas simplement ct isolcrnent par le but particulier que chacune d elles est specialement prop re a atteindre. I .ir lour ensemble elles represented une coordination systematique de moyens tendant a un but general, la realisation de cette influence toute-puissante des asiles qui a ete justement caracteiisee par ces paroles si souvent citees d Esquirol : 1 asile d a- lienes doit etre un instrument de guerison, et dont la realisation dans toute son efficacite depend de ( excellence de leur organisation administrative et medicale plus encore que de la perfection de leur constitution materielle.

Dans ma notice sur 1 asile des alienes de Saint-Yon, j ai designe sous son veri table nom, traitement moral general de la folie, cette influence, dont j ai des cette epoque signale le veritable caractere et les principaux moyens.

Une grave erreur a longlemps domine les vues de la therapeutiqne et la prati que en ce qui concerne les fous, Elleconsiste a croireque 1 isolement des malades, si frequemment conseille comme la condition premiere d un traitement elficace, doit etre entendu comme s il s agissait de soustraire le malade a tout contact hu- main, a tout acte de vie sociale. On a enfin compris que s il est de premiere im portance, pour la guerison de la folie, de soustraire le malade aux conditions de la vie sociale, a celles dans lesquelles il a puise samaladie et a celles qu il a realisees par suite de son delire, il n est pas moins important, pour ramener le calme et la raison dans son ame, et pour le preparer a reprendre un jour le role qui lui ap- partient dans la vie commune, de lui creer, dans 1 ordre et sous une discipline a Ja fois douce et severe, des conditions d existence preferables a celles qu on Jui a liut abandonner, mais pourtant analogues a celles qu il doit reprendre un jour, et qui entre nt necessairement dans la destination bumaine.

C est en ce sens que ( organisation bien entendue de 1 asile nieme ousont r


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les alienes est un premier moyen de traitement moral dont la puissante influence se traduit, a propos de malades qu on y introduit, quelquefois par une guerison immediate, ordinairement par la prompte cessation de leurs manifestations les plus desordonnees.

Les habitudes d ordre, de regularite, de proprete, de soumission, de sobrit te, jointes aux conditions favorables d un regime alimentaire et d une babitation salu- bres, qui resultent, pour les malades, du fait de Icur introduction dans un asile d alienes bien tenu, constituent deja au point de vue du traitement moral de grandes et eftkaces ressources.

On en peut realiser de plus puissantes encore, et c est en les creant que les medecins de la generation actuelle se sont montres les dignes emules de leurs illustres devanciers.

Cos mo yens, dont [ ensemble constitue le traitement moral general de la folie, qui etaient des cette epoque pour la plupart mis en pratique dans un certain nombre d asiles, et dont la propagation et le perfectionnement ont ete le but prin cipal des reglementations recentes, consistent dans 1 emploi judicieux des secours de la religion, dans le developpement et 1 appropriation du travail, dans la creation des raoyens de distraction par les jeux, les recreations, les promenades interieures et exterieures, par les exercices intellectuels, lectures individuelles et en cora- mun, enseignement primaire, cbant, messes en musique, concerts, musique in- strumentale, dans la regularisation des relations de famille et d amitie, dans 1 insti- tution d une discipline morale appropriee a 1 homme dans 1 etat d alienation men- tale.

(i Pour caracteriser dignement, dans la pensee qui lui a donne naissance et dans la portee que la pratique peut lui assurer, ce sysleme de principes, de prescriji- tions et de regies, il sulfit de rappeler qu il a ete surtout le resultat de cette con viction : que la principale source de 1 influence morale, qui peut etre exercee sur les alienes est dans 1 amour intelligent qu on leur porte et qu on leur te- moigne.

Pour la fondation et la construction des asiles, comme pour leur organisation administrative et medicale, les principes et les regies dont il est possible de demon- trer la legitimite se deduisent necessairement de la determination de la destina tion a donner a ces etablissements.

Ces principes et ces regies no sont en eflet que les moyens, indiques par la science et 1 experience, d atteindre le plus surement possible, a tous les points de vue, le but que ces etablissements doivent realiser.

C est done a constituer a tous egards dans les meilleures conditions des etabb s- sements de siirete pour les alienes dangereux, de traitement pour les alienes cu- rables, de refuge pour les alienes incurables et non dangereux, que doit tendre 1 art de construire les asiles d alicnes, et c est en effet a realiser cette triple des tination que se sont appliques depuis un demi-siecle les eftorts de la science et de 1 art.

Je ne puis me proposer ici, ni de faire I histoire de cet immense mouvement d idees etd oeuvres tendant, a diverses epoques et dans divers pays, etpar diverses conceptions systematiques,a un meme but,ni de signaler et de caracteriser chacun dc S:>s principaux effets en les i attachant a la creation cl e ces nombreux asiles de premier oidre, dont les principaux Etats de 1 Europe peuvent a bon droit s enor- gueillir, ni meme d exposer 1 eusemble des regies et des principes qui peuvent etre fondcs sur une appreciation judicieuse et eclairee des resultats obtenus.


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J ai essaye ailleurs de trailer ce sujet avec tous les developpements qne com- porte un traite special. Je me bornerai ici a une enumeration rapide des principales conditions que la constitution materielle des asiles doit realiser pour que leur des tination soit completement atteinte, en insistant toutefois avec quelques develop pements sur celles de ces conditions qui, par leur importance et par leur nature toute speciale, peuvent etre considerees comme les plus essentielles, et a propos desquelles des dissentiments plusoumoinsprofonds subsisteut parmi les alienistes.

Les asiles d alienes doivent avant tout reunir toutes les conditions hygieniques que la science reclame en faveur de tous les etablissements ho.-pitaliers, et qui se rapportent au choix de 1 emplacement, a 1 eloignement des causes d insalubrite, a 1 approvisionnement d eau, a la distribution des bailments d habitation dans des rapports a tous egards convenables avec les dependances et les services geneiaux, a une disposition des habitations de jour et de nuit appropriee, non-seulemenl a la commodite des habitants et a la facilite des services, mais encore au but essentiel ilu renouvellement de 1 air respirable, a 1 institution de moyens arf ificiels efficaces pour lechauffage et la ventilation, et a 1 installation cpnvenable des lieux d aisances, des bains, etc.

Sous ces divers points de vue, les asiles d alienes presentent des indications speciales qui se rapportent principalement a la necessite do donner un developpe- ment plus grand au domaine de 1 asile, en vue d obtenir des ressources de culture propres a constituer les elements d une ferme ; des assurer un approvisionnement d eau considerable, motive par les besoins du service des bains, de la buanderie et de 1 exploitation culturale ; d etablir dans la dependance immediate des habita tions des ateliers de travail et des lavabos ; de developper, en debors des habita tions, des ateliers pour les diverses industries auxquelles il est convenable d em- ployer les alienes ; d adoptor pour 1 installation des lieux d aisances le systeme des fosses mobiles, qui permet de mamtenir sans inconvenient au contact des habita tions les cabinets d aisances, et de constituer ces cabinets de maniere qu on puisse obtenir constamment une parfaite proprete dans tous les quartiers, suivant la methode que j ai fait prevaloir dans les mieux tenus de nos asiles ; enfin de substituer a la centralisation des bains sur un seul point, dans un batiment unique, leur dissemination dans les quartiers suivant les necessites du classement par sexe et par categories.

La realisation de 1 ensemble de ces conditions pour chaque asile a fonder moti- verait prealablement 1 etude approfondie d un programme administratif et medi cal, d ailleurs encore plus imperieusement imposee parla complexite du probleme dout la construction d un asile d alienes doit donner la solution. G est a 1 absence on a 1 iusuffisance d une telle etude que doivent etre principalement attributes les imperfections dont se trouvent entaches la plupart des asiles.

En effet, malgre toute leur importance, les enseignements des traites speciaux ne peuvent suftire, a raison meme de leur generalite.

Un programme type n est pas plus possi jle, pour la fondation, qu un plan type pour la construction des asiles d alienes. Le programme doit etre subordonne aux conditions speciales des besoins du service comme le plan aux conditions speciales de 1 emplacement.

C estence quiserapporte au programme administratif que se manifesto avec une enliere evidence cette impossibilite d une solution absoluepour des questions aux quelles la diversite des situations foil perdre les caracteres de 1 identite. II en est ainsi des questions relatives a la nature de la maladie, a la condition sociale, au


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<-exe, a 1 age, au nombre des malades a admettre dans un memeasile. En se fon- diint sur nn ensemble de considerations administrative*, medicates, econoniiques, en a pu poser en principe que le nombre des malades a admettre dans unasile doit depassur ,"00 et peut atteindre 500 ; qu il y a lieu de recevoir, suivant lesbesoins cln service public, sans distinction de la nature de la maladie, les alienes dangereui ct non dangereux, curables et incurables, sans distinction d" age, les enfants aussi 1 11 1 , n que les adultes ; que la reunion des deux sexes dans le memo etablissement ii ofirepasd inconvenients qui ne puissent etre neutralises, et presentc au point de vue economique de tres-giMiids a\anla.-es;enfin que 1 admission dans les asiles pu blics, essentiellemeut destines aux indigents,de pensionnaires tmtretcnusau compte des families, est non-seulement desirable dans 1 interetde la prosperity financiere de ces etablissements, mais est de nature, en outre, a servir la societe, encreant pour les classes moyennes, a des prix moderes, des resources de traitement qu elles ne rencontreraient pas ailleurs.

I Application deces regies, dont la plupart des asiles existantsoffre 1 exemple, est in flirt de nature a donner pleine et entiere satisfaction aux besoins du service public dans le plus grand nombre des cas, et a permettre en meme temps, dans les meilleures conditions d efficacite, la realisation de leur destination, conforme- ment a Umles les indications de la science psyclriatrique.

.Mais pour que cette application suit possible, il faut que la circonscription tern- toriale a desservir par un asile ne comporte pas, pour le nombre total des alienes a secourir, un cbillre qui depasse sensiblement celui que la science et [ experience ont assigne comme limite a la population normale d ir.i asile d alienes. S il en usl autrement, et cela arrive dans la plupart des pays pour un certain nombre de cir- conscriptions territoriales, provinces, conitrs, dr. , et en France pour plusieurs de- l>;trle-monts et o.\|ii-f( iiiciit pour le departement de la Seine, le programme ailiumistratif du service des alienes se pose dans des condilions exclusives de 1 ap- plication de ces regies, et reproduit au point de vue pratique, pour des cas excep- tionnels, ces memes questions dont latbeorie avait donne la solution pour lagene- ralite des cas.

C est sous 1 influence de ces circonstances exceptionnelles que se sont developpes en Angleterre et en France des asiles dont la population a depasse la limite gene- ralement admise jusqu a atteindre 1,000 malades et meme davantago. Les incon- venients de ces accumulations demesurees de malades, a beaucoup d egards inevi tables, ont ete surtout aggraves paj 1 ce fait qu ils ont generalement represente une succession d expedients auxquels on a eu recours pour faire face a des besoins sans cesse croissants, au delade previsions incessamment deconcei tee>. Aussi dans ces institutions ne doit-on voir qu une anomalie et non une solution.

Le probleme meriterait une elude approfondie. Je ne puis ici qu indiquer les solutions les plus raisonnables, qui different necessairemeut Miivaiit la diflerence des situations.

Pour une circonscription dont le service public des alienes comporte de 1 ,000 a 1,500 places, la creation d asiles speciaux pour cbacun des deux sexes se presente lout d abord comme le moyen le plus propre a donner satisfaction a toutes les in dications. Chacun de ces asiles comporte separement 1 application de toutes les regies donnees par la theorie, avec 1 avanlage de n avoir pins a tenir compte de la necessitie do separor arcbitecturalemont deux elements babiluellerneiit int ganv en importance, et de pouvoir appropricr plus specialement cbacun des asiles a sa des tination d tiabitation pour des homines 0:1 jionrdcs fenuues.


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Pour ne pas perdre les avantages d echange economique cle services cnl re Ics leux asiles, il suffirait de les instituer a une petite distance, comme le fait ex Mr pour les deux asiles de la Seine-Inferieure, ou mieux encore de les rapprocher presque jusqu au contact, selon le projet etudie d apres mes indications pour ce departement, il y a environ dix ans.

Meme en 1 absence de cette condition, les avantages de la separation des sexes dans des asiles distincts, pour le cas d une population totale d alienes depassant la limitenormale, ont pu etre apprecies dans les circonscriptionsterritoriales ou 1 on y a eu recours, dans les departements de la Seine, de la Seine-Inferieure, du Nord, de la Gironde, etc.

Cette solution serait applicable aux circonscriptions dans lesquelles le nombre des alienes est encore plus considerable, et peut meme s elever jusqu a 5 ou 6,000 comme dans le departement de la Seine, et ou plusieurs groupes de deux asiles associes pourraient suffire a tous les besoins du service, en conservant dans chaque asilc et dans chaque groupc 1 ensemble des conditions qui paraissent les plus propres a realiser a tous les points de vue le type juge preferable pour les asiles en general.

D autrcs solutions ontpu neanmoins etre congues etproposees, en tenant com pie de considerations qui ne sont p;is applicables aux services oidinaires.

La reunion dans un meme asile des curables et des incurables, des idiots et des fous, des alienes ordinaires et des alienes epileptiques, des adultes et des enfants, des indigents et des pensionnaires, presente a divers points de vue des inconve- nients tout aussi bien que la reunion des deux sexes.

Et c est la necessite de neutraliser autant que possible ces inconvenients, qui multiplie pour les asiles le nombre des quartiers indispensables, et qui coiupliqiK pour 1 art les donnees du probleme arcliitectural.

Sous ce point de vue la question du programme administratif, pour un service d alienes impliquant la necessite de la creation de plusieurs millicrs <)< |il,-icrs dans des asiles, m a paru, quand je 1 ai anterieurement etudiee, et me parait encore aujourd hui comporter d une mamere generalc les solutions suivantes.

II y aurait d abord lien de nc pas compliquer le probleme, deja si difficile quand on le restreint a 1 essentiel, c est-a-dire an service public pour les indigents, en 1 etendant jusqa aux pensionnaires a entretenir au compte des families.

On on ouvre aux families peu aisees la ressource du placement dans les asiles publics dans les conditions du regime commun, et pour un prix d entretien aussi laible que possible, c est la un devoir social qui ne peut etre raisonnablement de cline par les administrations publiques.

Mais au dela de cette limite, et de plus en plus evidemment a mesure que le prix d entretien devient plus eleve, c est a 1 induslrie privee qu il appartient es<en- tiellement de subvenir aux besoins de la societe, en instituant pour cette destina tion speciale des asiles appropries.

Sur un nombre total de plusieurs milliers d alienes, les enfants ages de moins de seize ans offrent une proportion assez considerable pour motiver la creation d un etablissement reunissant les deux sexes, et realisant 1 ensemble des conditions ex- ceptionnelles de constitution materielle, d organisation administrative et medicale, qui doivent jusqu a un certain point assimiler un refuge d enlants faibles d esprit a une institution d education physique, intellectuelle, morale et profession nelle.

La complication de 1 epilepsie avec 1 alieuation mentale impose aux asiles ordi naires des necessites de separation dii ficiies a realiser. Un nofnbre d aliene s epilcp


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tii|iics depassant plusieui s cen tallies d individus des deux sexes a secourir par 1 admission dans les asiles publics, motiverait d autant mieux la creation d une institution speciale qu il serait possible, tout en donnant satisfaction aux exigences legales relatives aux alienes, d anuexer a retablissement principal un hopital de Iraiti iiient pour 1 epilepsie simple, element qui fait completement defaut dans nos institutions d assistance publique.

Les obligations du service se trooveraient ainsi restreintes a la creation du noinbre des places de regime comniun a attribuer aux alienes adultes et non epi-

leptiques.

C esten face de telles obligations que s est posee la question de la separation des curables et des incurables, qui a ete surtout en Allemagnc 1 objet d etudos appro- Ibndies et d essais de diverse nature, et que 1 institution d etablisscments speciale- ment appropries au traitement curatif de la folie, se trouverait parfaitement justifiee lors meme qu elle ne serait pas d ailleurs reclamee par les besoins de 1 enseigne- ment public dans les grands centres depopulation.

Le complement des places necessaires pour les besoins du service serait obtenu par la fondation d un nombre suffisant de groupes d asiles associes pour les deux sexes, dans des conditions de constitution materielle simplifiee, quant au nombre et a la nature des quartiers, et d organisation appropriee principalement au traite ment palliatif de P alienation mcntale.

Si la viriahilite des destinations, subordonnee a la diversite dans les besoins des services publics, ne permet pas de soumettre a des regies absolues le programme administratif, c est-a-dire de Iburnir, dans des conditions identiques, aux adminis- trateurs, aux medecins et aux arcliitectes le point de depart oblige de tout projet ct de tout plan d asile, it n en est pas de meme en ce qui concerne les regies auxquelles doit se conformer le programme medical des etablissements de cette nature.

Quelles qu aientpu etre les conditions du programme administratif, ence qui se rapporte au nombre des habitants des asiles, a leur sexe, a leur age, a leur condi tion sociale et meme jusqu a un certain point a la forme et au degre de lamaladie, le but medical demeure identique ; il s agit toujours de realiser pour des alienes les conditions les plus favorables de traitement curatif et de traitement palliatif; et a ce sujet les enseignements de la science et de 1 experience out demontre que c st par la constitution de quartiers distincts, specialement appropries a des cate gories determinees d alienes, que la constitution materielle des asiles peut con- courir a assurer 1 efficacite du traitement medical.

G est au classement des alienes par categories, et a 1 indication des caracteres particuliers que doivent offrir les quartiers de classement, que se rapportent essentiellement les regies d apres lesquelles doit etre institue tout programme me dical.

Cette donnee do tout projet et de tout plan d asile s impose necessairement a Fart architectural, comme une condition qui ne peut etre subordonnee a aucune consideration etrangere, et qui doit obtenir pleine et entiere satisfaction pour qu un asile d alienes quelconque soit reellement mis en rapport avec sa veritable destination.

Aussi est-ce par le perfectionnement successif du classement des alienes et de 1 appropriation des quartiers de classement, que s exprime et se mesure le progres accompli dopnis les premieres tentatives d amelioration des asiles d alienes a la fin du dernier siecle jusqu aux creations les plus recentesde 1 art moderne.


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L idee de la necessite de donner a 1 habitation de 1 aliene un caractere cxcep- tionnel, en vue de reprimer ses penchants a la violence, a la turbulence, a la mal- faisanceetd en neutraliser les effets par des obstacles materiels,apasse des prisons, d ou la reforme laisait sortir les alienes, jusque dans les refuges qu elle leur ou- vrait, s est longtemps perpetuee dans les asiles et a laisse des traces encore sub- sistantes dans les principes adoptes pour le classement des malades, et dans les pratiques suivies pour 1 appropriation des quartiers.

Ainsi la cellule, avec ses murs opais,ses portes verrouillees,ses fenctresgrillees, son sol dalle, son lit fixe, son siege d aisances inamovilile, c est-a-dire avec toutes les conditions d un lieu de reclusion permauente, a constitue dans 1 origine 1 ele- ment essentiel et unique de tout asile d alienes.

La modification et 1 attenuation de ces caracteres de cellule d incarceration et la restriction de son emploi a une proportion d alienes de plus en plus faible, ex- priment 1 une des principals ameliorations apportees par les progress de 1 art d;ins le regime des asiles. Et pourtant la conception primitive a etc maintenue dans la constitution la plus ordinaire du quartier destine a ceux des agites qu on a con tinue a appeler des 1 urieux, et on 1 a meme, sous pretexte de perfectionnement, plus energiquement aceentuee par 1 addition a la cellule du promenoir individurl emprunte aux etablissements penitentiaires.

Ainsi, dans un grand nombre d etablissements, et meme dans les projets et les plans les plus recents, le principe dominant du classerncnt est encore emprunte a la consideration de 1 etat d agitation, motivant par son degre des quartiers distincts pour les paisibles, les demi-paisibles, les agites, les furieux, classifica tion qm represente 1 enfance de 1 art et qui n est applicable qu aux etablissements ou n a pas etc depasse le niveau atteint depuis plus d un quart de sieclc. Parnu les resultats du perlectionnement suecessif do la psychiatric dans les etablissements d alienes, 1 un des plus frappants, des plus generaux, des plus considerables, est I attenuation du iait de 1 agitalion chez les alienes vivant en communaute. Cette attenuation qui, variable suivant le sexe, suivant la saison et surtout suivant les conditions de traitement, a pu etre poussee dans certains asiles jusqu a 1 effacement absolu, aeupour effet defaire reconnaitre generalement que, dans 1 ordonnance des asiles d alieaes, il y a lieu de restreindre a de petites proportions les habitations exceptionnellement disposees en vue d obtenir 1 apaisement de 1 agitation, ou de rnettre obstacle aux effets de 1 agitation chez les alienes. A mesure que le calme habituel est devenu dans nos asiles le fait normal pour la plus grande partiedo leur population, la consideration de 1 etat d agitation, comme element de classement, a perdu de son importance, et il y a deja longtemps qu elle n a plus les caracteres d un principe general de classement, dans les asiles d alienes, si ce n est pour le partagede leur population totale en deux categories : 1 une formant la plus grande partie de la population sous le nom de malades tranquilles ; 1 autre iormant un petit groupe d alienes chez lesquels le fait actuel de 1 agitation, ou plutot encore la disposition a 1 agitation, rendent necessaires des moyens de traitement excep- tionnelset, parmi ces moyens, la residence plus ou moins prolongee dans un quar tier special, le quartier des agites.

Dans 1 etat actuel de la science, voici d apres quels principes me parait devoir otre institue le classement des alienes dans les asiles an moyen de la creation de quartiers distincts.

11 y a d abord lieu d appliquer aux asiles le principe general qui doit regir le classement de la population dans tons les etablissements hospitallers : division de


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I asile conimun aux deux sexes en deux grandes sections, une pour chaque sexe ; subdivision de chacune de ces sections, ou division de I asile special aunseulsexe , en deux parties distinctes, le pensionnat et I asile des malades au regime commun, quand 1 etablissement est destine a recevoir des pensionnaires a regime special ; enfin institution de quartiers distincts pour les enfants et les adultes.

En clehors de ces indications generates et communes a tous les etablissements hospitaliers, la constitution de quartiers distincts dans les asiles d alienes doit etre ibndee sur la consideration tie la convenance ou de la necessite de separer des antrcs elements de la population certaines categories determinees de malades, et de constituer pour ces categories des conditions d habitation appropriees a leur etat et a leurs besoins.

La raison et 1 experience demontrent la realite de cette convenance et de cette necessite pour les categories d alienes epileptiques et d alienes malpropres, tout aussi bien que pour les alienes agiles.

Non-seulement ces trois categories d alienes doivent etre separees du reste de la population, mais elles doivent etre separees les unes des autres : et les quartiers a instituer pour cbacune d elles impliquent, a raison de 1 etat particulier des ma lades, des appropriations speciales.

Tout asile d alienes doit done contenir toujonrs et avant tout trois quartiers separes et specialement appropries pour les trois categories, d agites, d epileptiques et de malpropres.

Au reste de la population appartient en commun comme caractere negatif 1 ab- sence de 1 un des trois etats d agitation, d epilepsie et de malproprete, et comme caractere positifla presence de 1 etat babituel de tranquillite.

La population de tout asile d alienes offre encore, pour uncertain nombre d in- dividus formant un groupe notable, des conditions qui motivent irnperieusement la separation dans un quartier approprie ; ces conditions sont 1 etat de maladie accidentelle et 1 existence de penchants vicieux ou dangereux, ayant pour caraclere. commun de rendre utile ou indispensable une surveillance continue de jour et de nuit.

L organisation des infirmeries, en vue de cette double destination, motive done la constitution dans I asile d un quatrieme quartier de classement.

Ces quarliers speciaux etant constitutes, la distribution du reste de la population peut motiver des subdivisions plus ou moins nombreuses en raison du nombre des malades d apres certaines convenances, qui ne representent pas des necessities ab- solucs, parmi lesquelles je signalerai un quartier pour les alienes en traitement, un quartier pour les pensionnaires tranquilles, au compte des families, pour les iudigents appartenant a des professions liberates et pour les convalescents ; un quartier pour les vieillards ; un quartier pour les travailleurs employes aux travaux exterieurs, et au besoin pour ceux qui sont specialement employes a la culture, un quartier meme detache du corps de I asile.

Mais il ne suffit pas d effectuer, par 1 institution de quartiers distincts, entre les diverses categories de malades, les separations dont la convenance ou la necessite ont ete reconnues ; il faut que la constitution de chacun de ces quartiers soil en outre reellement appropi iee a sa destination.

Et c est a une conception de plus en plus eclairee du but a atteindre par le clas sement des malades, etdes moyens de realiser ce but par 1 appropriation des quar tiers speciaux, qu on peut legitimement rapporter les principaux progres oblenus ou a obtenir dans 1 art de construire les asiles d alienes.


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Relativement aux imporfantes donnees ([u une tclle conception doit necess;niv- ment imposer a tout programme medical pour la fondation et la construction des asiles, je me bornerai a resumer sommairemeut les principcs que j ai eu plusieurs ibis 1 occasion de formuler et d appliquer, et qui me paraisseut destines a prevaloir jeneralement dans la (heorie et la pratique.

Lc quavtier d agites doit etre destine a separer du reste de la population ceux des alienes chez lesquels le fait de 1 agitation actuelle ou de la disposition a s agil fi ne peut pas etre efface par 1 ensemble des conditions du traitement medical et moral (bains, calmants, punitions, exhortations, ordre, discipline, exempleet, par- dessus tout, travail), qui se trouvent generalement realisees dans I elablissement.

Le quartier d agites doit elre approprie dans sa constitution materielle, comme dans tous les autres elements de son organisation, an but essentiel de faire cesser 1 agitation actuelle ou la disposition a 1 agitation, et de neutraliser les eifets de 1 a- gitatiou quand elle n apu etre prevenue.

L experience faite sur une large echelle, pendant un grand uombre d annees, a demonlre que le sejour permanent dans une cellule, loin d etre efficace pour aine- ner 1 apaisement de 1 agitation chez les alienes, a au contraire pour efi et d ang- menter et d entretenir 1 agitation.

C est en conservant autant que possible, pour les agites et les agitables, dans le (juartier qui leur est affecte, les conditions de la vie commune, par groupes moiiis nomhreux dans desdortoirs, des refecloires, des ateliers, c est eu isolant quelquo- uns d entre eux pour la nuit dans des cbambres particulieres et en les soumettant tons a une surveillance plus assidue, a une discipline plus severe, a un traitement [lallialif plus energique par les bains et les calmants, qu on peut arriver et qu ou arrive en effet a faire cesser 1 agitation pour tons ou pour le phis grand nomine meme clans le quartier des agites, sans avoir besoin de recourir a aucuii de ces moyens de contraintc personnelle que les alienistes de tous les pays out eu dc jour on jour plus de tendance a repousser, et que les alu-nislt-s anglais out 1 honneur d avoir systematiquement proscrits.

La cellule, comme habitation de jour, ne peut etre admisc que tres-exception- nellement et toujours d une manicre temporaire et pour une conrte duree. Le caraclere de ressource exceptionnelle et temporaire appartient encore plus abso- lument aux cellules desureteet de sequestration.

Le quartier d agites doit remplir vis-a-vis de 1 asile tout en tier lerole de la cel lule dans le quartier lui-meme. Le sejour daus le quartier d agites doit etre congu ( iiinmc uiilaitexceptiounel,uon detinitit , temptiralrc. Le mouvement d entree dans le quartier, pour les agites qui ne peuvent etre conserves dans les autres parties de 1 etablissement, doit etre compense par le mouvement de sortie des aliened chez lesquels le sejour dans le quartier special a eteint 1 agitation ou la disposition a 1 agitation.

D apres ces vues, on peut admettre que le nombre des places a affecter aux agites dans un asile d alienes peut ne pas depasser le dixieme de la population, et que le uombre des cellules dans le quartier des agites peut etre restreintau tiers du nom- bre de ses habitants.

La constitution d un quartier d agites de trente places devrait compreudre les Cements suivants : quatre cellules de surete et six cellules d isolemeutpourla nuit; deux doitoirs de six lits, deux dortoirs de quatre lits, dout 1 im destine a servir eventuellement d infirmerie ; trois refectoires servant de salles de reunion avec (avoirs, un atelier, une salle de bains divisec en cabinets au nombre de trois ou


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quatre, con tenant chacun line baignoire, avec appareils pour 1 irrigation continue, pour les affusions et pour la douche, tiois cours avec promenoirs couverts, une tres-spacieuse, une mediocremant grande et une plus petite pour les malades a isoler; logements pour les surveillants, latrines, etc.

Les progres de la psychiatric ont considerablement diminue dans les asiles le nombre des alienes actuellement malpropres, et oat eu pour effet de rendre pos sible la neutralisation de la disposition a la malproprete chez la plupart de ceux qui en sont atteints, de maniere a empecher qu elle ne se traduise reellement en acte. Mais quelque grands que puissent etre les succes obtenus ou a obtenir dans cette direction du traitement des alienes, dont la methode maternelle, pour la pre miere fois systematiquement appliquee a Saint- Yon, constitue la donnee principale, la disposition a la malproprete, inherente a certaines formes et a certains degres de I alienation mentale, ne cessera jamais de motiver, pour les alienes qui presentent cette condition, 1 institution d un quartier approprie a leur etat et a leurs besoins speciaux. Meme en tenant compte de ce qu habituellement un certain nombre d a lienes malpropres sont en meme temps agites, et doivent par consequent etre places dans le quartier des agites, on pent evaluer la proportion des alienes a placer dans le quartier des malpropres au dixieme de la population totale.

Un quartier de trente places devrait comprendre trois dortoirs, dont un affecte a 1 usage d infirmerie, trois refectoires, chauffoirs aveclavoirs, une salle de bains avec tiois baignoires, des logements pour trois surveillants, une com 1 avec promenoir convert. Et il y auraitlieu,en 1 instituant, de tenir compte de la necessite de placer toutes les habitations au rez-de-chaussee, de leur donner des dimensions plus grandes que pour les malades ordinaires, et d y rendre aussi efticaces que possible les ressonrces de ventilation.

Les motifs qui rendent necessaire 1 institution d un quartier special pour les alienes epileptiques sont empruntes a des considerations dediverses natures. Celui qui domine tons les autres est tire du dommage qu on porte aux alienes ordinaires en leur imposant, dans une vie commune, le spectacle des scenes horribles qui se produisent dans les acces epileptiques.

On n echappe a cet inconvenient, dans les asiles ou les epileptiques sont con- fondus avec d autres alienes, qu en imposant aux epileptiques eux-memes, parmi lesquels il en est qui ont conserve beaucoup de raison, la communaute avec les individus chez lesquels 1 idiotie ou lafolie ont amenele dernier degre de 1 abrutis- sement.

Parmi les alienes epileptiques il en est qui sont habituellement tranquilles, il en est d agites et de dangereux, il en est de malpropres, il en est d atteints de maladies accidentelles.

Si 1 asile n a rien organise de special dans 1 interet de cette categoric d alienes, pour peu qu il contienne une proportion notable d epileptiques, 1 epileps^e doit necessairement se rencontrer dans tous les quartiers. L existence de 1 epilepsie chez un aliene donne lieu a des indications speciales, non-seulement pour la surveik lance et les soins, mais encore pour la disposition des habitations.

II n est possible, dans un asile d alienes, de concilier a la fois ce qui est du aux alienes en general et aux alienes epileptiques en particulier, qu au moyen de 1 in stitution d un quartier special.

En admettant la donnee de vingt places a attribuer aux alienes epileptiques, les elements a introduire dans le quartier deviaient etre les suivants : un dortoir de dix lits, deux dortoirs de quatre lits, un pour les malpiopres, 1 autre a 1 usage


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eventuel d infirmerie, trois cellules d isolement, une cellule de surete, deux refec- toires, un atelier, une salle de bains avec deux baignoires, une cour avec prome- noir couvert, un logernent pour deux surveillants, lavoirs, latrines. Les habitations du quartier d epileptiquesdoivent etre developpees au rez-de-chaussee.

L obligation de constituer pour 1 inlirmerie un quartier special dans des condi tions qui permettent la realite et I efficacite d une surveillance continued de jour et de nuit, au moyen de 1 institution d une garde permanente, conduit naturelle- ment a mettre a profit ces conditions exceptionnelles de surveillance pour proteger aussi efficacement que possible certains alienes centre les entrainements de leurs penchants dangereux ou depraves, et pour couvrir au moins, en cas de raalheur inevitable, la responsabilite du medecin et de I administration. L annexion a 1 in- firmerie d un dortoir destine a recevoir, conformement a ces vues, au milieu de malades choisis parmi les plus raisonnables et les plus intelligents, les alienes qui, soit par feurs idees de suicide, soil par des habitudes facheuses, reclament une surveillance de tous les instants, suffit pour constituer dans sa condition la plus essentielle le quartier special de surveillance continue, dont 1 utilite pratique a pu etre veriliee dans plusieurs etablissements, en France eten Hollande.

I/experience m a de plus demontre qu en institnant dans la dependance de ce quartier plusieurs chambres d isolement on obtient une ressource precieuse, soit pour le traitement des maladies les plus graves, soit pour la separation des rna- lades dont le voisinage peut etre nuisible par contagion ou par toute autre cause.

L appropriation des quartiers speciaux a des destinations exceptionnelles ne permet pas de donner aux habitations qui entrent dans leur composition des carac- teres qui soient de nature a reproduire autant que possible les conditions d babi- tations ordinaires ; 1 indication de s en eloigner le moins possible, qui subsiste meme pour ces quartiers, est la regie principale a laquelle doivent etre snbordonnees toutes les dispositions architecturales dans la constitution des quartiers destines a la population tranquille dans les asiles.

Sous ce point de vue, la chambre particuliere, qui dans tous les quartiers ofl re des applications eminemment utiles, est un element d habitation qui doit etre in- troduit dans toutes les subdivisions de tranquilles.

De la juste proportion des habitations individuelles, et de la restriction des habi tations communes a un nombre d inclividus, qui dans les dortoirs, les refectoires, les salles dc reunion, les ateliers, les promenoirs, ne depasse pas un groupe de vingt a trente personnes, depend principalement 1 elficacite dans les asiles de tous les moyens dont 1 ensemble constituele traitement moral general. MAX.PARCHAPPE.

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M8 ALlfiNES (MEDECIXT LEGALE).

sont scrupulemement analyses par beaucoup de journaux americains, et notamment par 1 American Journal of Med. Sciences, et par la Revue sur 1 alienation mentale qui parait a Utique par cahiers trimestriels, depuis 1844, sous le titre suivant : American Journal of Insanity. Pour ne pas allonger outre mesure cette bibliograpbie deja bien etendue, nous avons laisse de cote les documents relatifs aux asiles d alienes en Orient.) E. BOD.

IV. Medecine legate. La medecine legale, en ce qui coneeine la t olie, n a commence, a vrai dire, que du jour ou les connaissances speciales du medecin ont etc invoquees, soit en matiere civile, soil en matiere crimioelle, pour aider la justice dans ses investigations ou pour 1 eclaiiei dans ses decisions.

TEMPS ANCIESS. On chercherait vaiiK niont la trace d ime intervention de ce

I. ms les annales ou dans les coutunir- de- peuptos anciens, meme les plus

civilises. L> s medecins et les jurisles, doat les ouvrages sont arrives jusqu a nous,

sontmuets a cot egard. La chose, eependai.t, etait assez importance pour meriter

an moins d etre signalee, et mil doute qu il en seiail i .nt mention dans les livres

d Hippoeiate, de Cel-\ d Ai . UV, de (".alien, de Cceliu- Auivlianus, d Alexandre

1 ialles, de lous ceiix enlin qui out edit sur la Iblie, ;i le minislere du medecin

eul e!e requis alors dans les questions ou les actions judiciaiivs. Le silence de ces

auteurs nous autorise done a assigner a la medecine legale des alieues une origine

moins i eeul< > .

li ailleins riustitution de l,i mi dccine legale psychologique (comme 1 appellent les Allemand- ^upposr in res.viiii -ui^nt l e\i-leui i pi -r;d.d>lr il iiii" legislation et d une jurisprudence speciales pour les -i ii< piives de raison. Or, s il nous est perrnis de presume! qu une legislation pareille a du exister dans les societes si fortement orgauisees de h Grece antique, nous ne po^edcu- aucun document qui nous en donne la certitude ; c est une pure su; position fondee sur la bonne opi nion que nous inspire la sagesse des legislaleurs. Au iv>te, il est probable que 1 idee la plus generate qu on se taisait en ce temps-la de 1 oiigine et de la nature de la lolie, devait placer la plupart des insenses, sinon tous, hors de la loi com mune et les affranchir de toute juridiction liumame. De quel dioit aurait-ou pour- smvi et condamne ces freueliques qu on croyait 1 rappes de Jupiter, possc-des d \pollon ou tourmentes par les Eumenides? Quel tribunal se serait declaie com petent pour juger et punir des homines soumis a des influences surnaturelles et souvent victimes presumees du courroux et de la ven^rance celestes ? La t olie venant des dieux, les lous ne pouvaient etre justiciables que des dieux.

Toutefois, il yadaos cette conr.-|i!imi tlieuln-ique de la folie une particularity digne d intt rtt au point de vue legal, et que nous devons noter en passant, c est la reconnaissance et 1 aveu implicit es de I irresponsabilite des insenses.

Legislation rumuine. Les Remains ont laij.se une legislation assez corapK-te touchant les alienes. Le principe de la tulelle et de la curatelle etait lormellement HIM ; il d:ui> la loi des Donze Table^, qui remonte aux premieres annees dela repu- blique (-451 av. J. C. ) : " Si luriosus esse iucipit, agnatorum, gentiliumque, in eo, pecuniaque ejus potestasesto. La sollieitude de la loi s etendait non-seulement sur lesfurieux, furiosi, mais encore sur les prodigues, les faibles d esprit, et meme les sourds, les muets, les iutlrmes, tous ceux entin qu une maladie incurable reduisait a une sorte u incapacite ; l. iir p rsonne et leurs biens etaieut mis en tutdle. Ouant aux devoirs et aux attributions du tuteur et dueurateur, a la forme et a la durc-e de la tutelleet dela curatelle, a leur action et a leurs suites I . s, toutes ces conditions essentielles de rint-?rdiction moderne avaient etc prevues el

- es par les decemviis. Ic-s tribuns ct b s i reteurs.


ALlfiNES (MB DECINE LEGALE).

L aliene, chez les Remains, n etait pas seulement regarde comme inhabile a

administrer ses biens et a gouverner ses interets, il perdait aussi 1 aptitude a con-

tracter mariage, a tester, a prendre des engagements et a stipuler des obligations.

En matierede delit ou de crime, 1 insense n etait responsable que s il avail agi

dans une periode lucide, en pleine liberted esprit et avec la consciencede son mefait.

Les fous turbulents et dangereux etaient sequestres dans des lieux de detention,

carceres, par mesure d ordre et de securite publique.

Toutes ces dispositions legales n etaient applicables que durant la periode active de la folie ; elles cessaient, ou plutot ellcs etaient suspendues pendant les inter- valles lucides, intervalla , et surtout pendant les longues intermittenccs, inter- valla per fectissima. Ainsi, chez les Remains, comme chez qnelqnes peuples mo- dernes, la lucidite ramenait la capacite civile et la responsabilile legale; elle 1 aisait rentrer 1 aliene dans le droit commun ; elle le reintegrait dans le plein exercice de sa liborte.

L usage de nommer des experts pour resoudre une question de fait etait en vigueur sous le droit romain, temoin cet article de procedure : Ad quoestionem facti respondent juratores; ad qusestionem juris respondent judices. -Mais, par une etrange contradiction, tandis que les tribunaux prenaient des arpentenrs et des jardiniers pour vider une contestation de partage ou de mitoycnnele, tandis meme que les medecins etaient consulted pour les cas de reforme et d exemplion du service militaire, il ne parait pas que les juges eussent recours a leurs lumieres speciales pour constater 1 etat mental des furiosi , des menti capti , etc. La notoriete publique tenait lieu d enquete medico-judiciaire; elle suffisait pour auto- riser les magistrals a prononcer 1 incapacite, a deferer la curatelle, a renfermer les fous nuisibles, a appliquer enfin toutes les mesures prescrites par les lois.

Malgre la sagesse et la superiorite de la legislation romaine en cette maliere, ce n est done pas la qu il faut esperer de trouver 1 origine de la medecine legale pro- prement dite des alienes.

MOYEN AGE. On la- chercherait plus vainement encore dans les pratiques judi- ciaires des barbares qui se partagerent 1 empire romain. Ni dans les lambeaux de la loi salique parvenus jusqu a nous, ni dans les debris imparfaits et gi ossiers de la loi des Burgondes, ni dans les edits des Merovingiens, ni dans les fovmules de Marculfe et de Sirmond, ni dans les Capitulaires, a tant d egards si remarquables, de Charlemagne, de Louis le Debonnaire et de Charles le Chauve, on ne decouvre de dispositions speciales concernant les alienes. L imperibction ou, pourmieux diiv, 1 absence de toute jurisprudence, les formes bizarres et sommaires des procedures, 1 oubli trop general des saines doctrines medicates, tout conspirait, a cette epoque, pour que la sollicitude des legislateurs fut mediocrement eveillee sur le sort des malheureux atteints de folie, du moins dans les contrees ou, comme dans la Ger- manie et dans la region septentrionale des Gaules, la legislation presentait un assemblage confus de coutumes barbares, de reminiscences romaines et de pres criptions canoniques. Mais dans 1 Europe meridionale, en Italie surtout, oula civi lisation avail pris d assez profondes racines pour resister au torrent destructeur de 1 invasion, le genie social, administralif et scientifique des Remains ne tarda pas a prevaloir et a s imposer aux vainqueurs. Les auteurs des lois gothiques et Jom- bardes, tres-superieures a la legislation franco-germ anique, se sont largement inspires de 1 esprit de ces codes admirables que Theodose 11 et Justinien venaient de donner a 1 empire.

Origine de la medecine legale. Cependant il faut arriver an dou/ic-ine ot an


120 ALIENES (JIEDECINE I.EGAI.G).

Uci/ieme siecle, c est-a-dirc a 1 cpoque de la premiere renaissance des lettrcs, des sciences et des arts en Europe, pour trouver, non pas encore 1 origins dela medc- cine legale, mais les grands faits qui devaient en preparer 1 avenement, c est-a-dire la creation des unrversites en Italic et en France, et la restauration presque simul- tanee des etudes medicales et de 1 enseignement juridique. Les oeuvres d Hip- pocrate et de Galien, les compilations d Ulpian et de Justinien, exhumees des monasteres oa apportees par les Arabes, trouverent a Salerne et a Montpellier, a Bologne et a Toulouse, a Pavie et a Poitiers, a Plaisance et a Paris, des adeptes fervents, des commentateurs habiles ct d eloquents interpretes. Ce grand mou- vement, auquol prirent part les hommes les plus eclaires de ce temps-la, clercs et laiques, exerca la plus puissante et la plus heureuse influence sur la legislation et sur 1 administration de la justice; il aboutit a 1 institutiou de la magistraturc sous saint Louis et a 1 organisation des parleraents sous Philippe le Bel. Cettc reforme judiciaire amena plus d unite dans les lois, plus de fixite dans la juris prudence, plus de rigueur dans les enquetes, et des formes moins sommaires dans les procedures. Des lors, les moyens superstitieux et cruels de la periode germa- nique, encore vivaces dans les pays de droit coutumier, font place a des pratiques plus humaiues dans les pays de droit ecrit. La question et la torture, d une appli cation si commune avant le re<;ne de saint Louis, sont restreintes, vers la fin du treizieme siecle, a la recherche des crimes capitau.v ; le duel judiciaire est aboli ; les epreuves corporelles perdent de leur importance au benefice des preuves testi- moniales ; le jugement de Dieu cede le pas au jugement des hommes. Les diverses juridictions, tant ecclesiastiques que civiles, acceptent et appliquent dans les cas speciaux et obscurs le principe de 1 expertise legale, expressement formule en ces termes par les jurisconsultes : Quacumque in arte peritis credendum est. D apres le temoignage de Balde, juriste eminent de cette epoque, les tribunaux ont recours a 1 arbitrage de medecins experimented et honnetes pour tout ce qui est du re-sort de la meclecine : Recurritur ad judicium medicorum peri tie artis et fidei, in his quae ad artem medicorum pertinent. Un autre jurisconsulte, Petrus Jacobi, dans im livre f;mieux connu sous le nom de Practica aurea, hasarde meme des theories medico-legales empreintes des bizarres prejuges du temps ; enfin, un edit de Philippe le Bel consacre officiellement I mtervention des hommes de 1 art dans les enquetes judiciaires, par la creation des medecins, des chirur- giens et des matrones jures du Chatelet, avec charge de faire les rapports ordonnes par ce presidial pour tons ceux qui y sont justiciables (13H-1527). Des lettres patentes de 1350 instituerent aussi des medecins jures pres les par- lements de Paris, de Rouen et de differentes autres bonnes villes du royaume. La constitution criminelle de 1 empereur Charles-Quint, dont les dispositions prin- cipales iurent appliquees a la France par les rois Francois I et et Henri II (1515- 1556), exigeaitformellement la visile et le rapport des medecins et chirurgiens en fait de procedures criminelles.En 1 603, Henri IV etendit cette utile mesure a toutes les juridictions royales, et Louis XIV lui donna tout son developpement par 1 edit de fevrier!692, lequel portait creation de medecins et chirurgiens jures royaux, dans les villes, terres et seigneuries ou il y a parlement ou autres cours, eveche, archeveche, presidial, bailliage et senechaussee, pour faire, a 1 exclusion de tons untres medecins et chirurgiens, des visiles et rapports en justice.

La juridiction clericale etait entree franchement dans la meme voie. Deja depuis long temps la necessite du temoignage des medecins etait admise, de droit el de fait, par les canons, les decretales, les decisions des synodes ot des prelats, lors


ALIENES (MEDECINE LEGALE).

qn nn bref du pape Pie V (1565-1572) proclaim solennellemcnt la competence des homines de 1 art dans 1 appreciation des faits medicaux en matiere ecclesias- tique.

Telle est 1 origine de la medecine legale, tant dansl ordre civil que dansl ordre canonique. Cette science est nee au commencement du qualorzieme siecle, sous Philippe le Bel, a une epoque ou la medecine et la jurisprudence etaient soeurs, et ou Ics jurisconsultes etucliaient avec le meme zele Hippocrate et Justinien, comme le remarque et le dit clairement Tiraqueau : Legum scientia atque medicina sunt veluti quadam cognatione conjunctse, ut qui jurisperitus est idem quoque sit medicus. Mais pen a pen la medecine legale sortit du domaine purenii iil .juridique pour prendre sa place legitime dans les sciences medicales ; et elle s aifirma dogmatiquement, au seizieme et au dix-seplieme siecle, dans les traites speciaux de Bonier et de Kannegiesser, en Allemagne, de Codronchi (1580) et de Zacchias (1621-1635), en Italic.

Ce premier point eclairci, reste maintenant a savoir, afin de rentrer plus parti- culierement dans notre sujet, si 1 intervention des medecins etait requise en justice pourlaconstatation de la iolie. Mais d abord disons en peu de mots quelles etaient, au moyen age, les opinions qui avaient cours sur 1 alienation mentale, et quellc etait, a cette epoque, la situation legale des alienes. Aussi bien il regne sur cette double question, voire parmi les alienistes, des idees entierement lausses qu il importe de rectifier.

Situation legale des alienes au moyen age. On se figure assez g6neralement, et meme on dit et on ecrit que durant cette rude periode de dix siecles la folie etait attribute exclusivement a 1 iiifluence d agents surnaturels; que tous les alienes indistinctement passaient pour magiciens, sorciers ou possedes, et etaient traites oujuges conibrmement a ces principes. C est la une erreur prolbnde. Sans doute, 1 amour et le culte du merveilleu.v eurent une tres-grande part dans les preoccupations des savants et des legislateurs du moyen age, et le demon joua un role trop important dans les theories medico-psychologiques des exorcistes et des inquisiteurs ; sans doute, 1 alienation mentale, trop souvent meconnue, paya un large tribut aux etranges prejuges de ce temps-la, et des milliers d energumenes, de somnambules, d hallucines et de lypemanes, tristes victimes de ces supersti tions deplorables, expierent sur le bucher le pretendu crime de sorcellerie. Mais pourtant la notion scientifique de la folie ne se perdit pas entierement dans le chaos de ces aveugles croyances : elle ne fit que s obscurcir. On en retrouve des traces non-seulement dans les ecrils des medecins et des jurisconsultes d alors, mais encore dans les oeuvres des theologiens et des canonistes. Saint Isidore, de Seville, un des hommes les plus erudits du septieme siecle, deiinit ainsi le 1 ou . Stultus est qui propter stuporem non movetur; insipiens dicitur eo quod sine sapore est discretionis et sensus. Saint Thomas d Aquin, la giande lumiere de 1 Eglise au treizieme siecle, rencherissant sur cette definition, dit : Stultitia est hebetudo cordis et obtusio sensuum; fatuitas autem spiritualis sensus privatio... Fatuus caret sensu judicandi, stultus autcm habet sensum, sed hebetatum. Et ailleurs, examinant si la folie est un peche et si le fou doit etre responsable de scs actes et de ses paroles, 1 illustre docteur repond formellement : Stultitia, qure naturalis quaedam dementia est, minime peccatum est. (Somme theol., quest. XLVI, art. 1 et 2.) Voila qui est clair.

Mais la meilleure preuve que tous lesfous n etaient pas regardes indifferemment comme possedes, magiciens ou sorciers, c est qu il y avait des lois et des juri-


122 ALIENES (MDECINE LEGALE).

dictions distinctes pour les uns et pour les autres. Les possedes, victimes innocentes de quelque sortilege ou de la malice du demon, etaient misericor, dieusement traites par la vertu des oraisons, du jeune, de la penitence et desexor- rismes. Les magiciens et les sorciers, race abominable, suppots et adorateurs du diable, etaient traduits devant les tribunaux ecclesiastiques, pnis livres impi- toyablement au bras seculier, comme renegats, blasphemateurs, sacrileges, ido- latres, empoisonneurs et homicides. Enfm, les insenses, du moins a dater du trei- zieme siecle, etaient soumis a un regime legal assez exactement caique sur la legislation romaiue. Toutes les dispositions relatives a 1 interdiction, a la curatelle, a Tim apacite civile des fous et des prodigues, se trouvent tres-amplement exposees dans les lecons et les ouvrages des jurisconsultes du moyen age, depuis Irneriuset Barthole (1 100-1525) jusqu a Aiciat et Cujas (1500-1550), en meme temps qu elles etaient sanctionnees et appliquees par les cours et tribunaux de haute et de basse justice. On peut s en convaincre en parcourant les vieux registres du parlement de Paris, connus sous le nom A Olim. Ce curieux recueil, qui comprend les regnes de saint Louis, Philippe le Hardi, Philippe le Bel, Louis le Hutin et Philippe le Long (1254-1518), renferme un assez grand nombre d enquetes, de jugements et d arrets prononcant ou confirmant 1 interdiction, annulant les actes et contrats de personnes atteintes de differentes formes d alienation mentale et designees sous les noms divers de Stulti, Fatui, Idiotx, Prodigi, Dissipatores.

Dans ces siecles, dont on a fort exagere 1 ignorance et la barbarie, les lois ne montraient pas moins de prevoyance pour les alienes en matiere criminelle qu en matiere civile. Les principes de cette autre partie de la jurisprudence, soi- gneusement developpes par les anciens criminalistes des ecoles italienne et iran- caise, ont ete resumes par Tiraqueau (14-80-1 535), dans des termes qui meritent d etre cites : Furore percitus qui crimen committit satis suo furore punitur, et ilium fati infelicitas excusat; nam furiosus non intelligit quod agit, et nulla est ipsius voluntas... Non solum qui ni furore deliquit non puniendus est, sed et qui, dum sanae mentis esset, facinus perpetravit, postea furore correptus est, mitius sane puniendus est; et sic furor superveniens poenam minuat... Si processusnon sit inchoatus ante furorem, furiosus non est condemnandus ; sed si jam expedites esset processus, posset puniri Si quis sua sponte eflectus est furiosus, ut quia aliquid ultro comedit quod sciebat homines in furorem vertere, tune non excusetur, sed levius puniatur... Plurimi prudentesque viri furiosos se atque insanos esse simulaverunt ut sibi commissorum aut committendorum impunitatem compara- rent... Tl est difficile de donner une formule generale plus precise et plus com plete de la jurisprudence criminelle en ce qui concerne les fous. Us ont perdu leur libre arbitre; ils ne sont pas responsables; ils ne doivent pas etre punis; mai<, afin de preserver la societe contre leurs aveugles et dangereuses impulsions, il faut les sequestrer ; et, comme en ce temps-la il n y avail point d asiles, c etait a la lamille qu incombait, sous peine d amende, le soin de les garder : Cautum est ut parentes vel propinqui furiosum domi, quocumque modo possint, custodiant; quod ni fecerint, mulctentur.

Maintenant que nous savons quelles etaient, au moyen age, les idees regnantes sur la folie, et aussi quelles etaient, pour les alienes, la legislation et la jurispru dence de cette epoque, en droit canonique, civil et criminel, cherchons a deter miner la part et le role des medecins dans chacune de ces juridictions.

Xous avons dit plus haul que les theologiens et les juristes ne contbndaient pas indistinctement tous les fous dans la categorie des magiciens, des sorciers et ties


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possedes. C etait surtout en vue d etablir scientifiquement cette distinction foiula- mentale que les lois canoniques ordonnaient de faire appel aux lumieres et au temoignage de medecins d une foi et d une science eprouvees ; car souvent, dit une decretale du synode de Reims, les exorcistes sont trompes par des esprits melancoliques, lunatiques ou rendus malades par des arts magiques, qui disent etre possedes et tourmentes du demon et qui, dans le vrai, ont plus besoin des secours de la medecine que des exorcismes. Wier ecrivait dans le memc sens, en parlant des sorciers : II ne se faut pas arrester a la confession des personnes melancholiques ou troublees d esprit, ni temerairement determiner dc la punition selon leur confession; ains il laiit que les preuves soieut plus claires que le jour... En quoy faisant, il faut preudre le conseil des celebres medecins enlendus en la connoissance des vertus et facultes des choses naturelles. Lu plupart des inquisi- teurs se conformaient a ces sages prescriptions ; aussi voyons-nous geiieralement, el sauf de rares exceptions, des medecins, des chirurgiens ou des matrones figurer dans les ceremonies d exorcisme ou dans les proces de sorcellerie ; temoiu le fait raconte par Amatus Lnsitanus et relatif a uue Illyricnne, accusee d avoir jete un sortsur un jeune homme et de 1 avoir rendu sourd : Ea re ad judices delata, ei me- dicorum sententiam audire voluerunt. Temoin encore : le drame juridique de Jeanne Dare (1451) ; 1 histoirede cettc sorciere, vertueuse femme de quatre-vingts ans, que Wier cmpecha fort a propos d estre gehennee toute vive; >> 1 affairc des demo- nolatres de Tours (1589), sauves du bucherpar un remarquable rapport de Pigray, Leroy, Falaiseau et Renard ; celle du lycanthrope Jacques Roulet (1598), enferme, apres enquete medicale, dans 1 hospice de Saint-Germain-des-Pres, ou Ton avait coutume de mettre les fous; le cas de Marthe Drossier (1599), ou figuraii iil quatorze medecins et chirurgiens, entre autres Riolan et Marescot ; la tragedie de Loudun (1652-1634), ou quatre medecins dcclarerent que les clioses qu ils avaient vues etaient surnaturelles et surpassaient tant leurs connaissaTices que les regies ordinaires de la medecine, tandis que le chirurgien Mannoury decouvrait les marques du diable sur le corps du malheureux Grandier ; 1 histoire des pretendues possedeesde Toulouse (1681), cbez lesqnelles Francois Bayle et Grangeron ne trouverent aucune preuve de sortilege, possession ou obsessions; enfin, 1 affairc de Marie Volet (1687-1690), dont 1 etat mental fut le sujet d un remarquable rapport du docteur Rhodes, de Lyon.

Dans les faits de possession demoniaque, les medecins avaient mission d interro- ger les patients, d observer le caractere des crises, d en verifier les phenomenes et de se prononcer sur la nature et la signification des secretions ou des excretions terminales.

Dans les proces de sorcellerie, le mandat des medecins et des chirurgiens con- sistait a chercher, a decouvrir et a constater les marques du diable, stigmata diaboli, sur le corps des magiciens ou des sorciers. L intervention d un homme de 1 art etait d autant plus opportune dans ces circonstanccs, que le malin esprit se plaisait quelquefois a poser sa griffe sur les regions les plus imprevues et les plus secretes : Subpalpebris, sub labiis, sub podice, sub uteri labellis, in aliisque occultioribus locis. Ces empreintes constituaient, pour ainsi parler, la preuve materielle et le corps du delit.

S il est affligeant de voir un certain nombre de medecins et de chirurgiens, imbus des funestes prejuges d alors, justifier, par 1 autorite de leur nom etde leur savoir, les etranges pratiques des exorcismes et souscrire aux redoutables sentences des inquisiteurs de la loi, on ne saurait oublier, a titre de dedommagement et de


124 ALlfiNfiS (MEDECINE LEGALE).

consolation, qne c est du sein du corps medical que se sont elevees les premieres et les plus energiques protestations en faveur des sorciers, et que beauconp dc ces malheureux ont du lenr salut a 1 habile et genereuse initiative des hommes de I art.

Nous venons de prouver surabondamment, et par des faits authentiques, que pendant le moyen age et jusqu a la fin du dix-septieme siecle 1 expertise niedico- legale etait admise, comme un element de conviction, dans la jurisprudence cccle- siastique, qu elle faisait partie essentielle des procedures inquisitoriales, et qu elle avail le plus souvent pour but et pour resultat la constatation de 1 etat mental des possedes ou des sorciers.

En etait-il de rneme dans la juridiction civile et criminelle? On pourrait 1 ad- mettre par analogic; car il n est guere probable que les tribunaux laiques se soient montres a cet egard moins delicats et moins scrupuleux que les tribunaux eccle- siastiques; et il serait fort extraordinaire que les parlements, qui ne manqiiaient presque jamaisde s en referer a une commission medicale dans la revision des proces de sorcellerie, eussent meconnu la competence des mcdecins pour fournir la de monstration de la folie en matiere civile. D ailleurs, 1 institution des medecius jures et 1 existence d une legislation et d une jusprudeuce speciales pour les alienes eta- blissent encore de fortes presomptions en faveur de I immixtion des medecins dans les enquetes judiciaires. Mais ce n est pas tout; voici des temoignages positifs qui ne laissent subsisler aucun doute a cet egard, et qui ont unc valeur d autant plus grandequ ils sontpuises a deux sources differentes, mais unanimes sur ce point, aux ouvrages de jurisprudence et aux traites primitifs de medecine legale.

Les plus illustres jurisconsultes du moyen age, Balde, Alexander, Tiraqueau, Farinacius, Mascardi, proclament hautement la necessite de 1 mtervention medicale, en justice, dans les cas de folie : De dementia a medicis requirere jurisconsulti consuescant; has enim passiones soli medici cognoscunt. Et les tribunaux sui- vaient, en cela, les conseils et 1 exemple des juristes : Medicos in similibus casibus ad judicandum adhibent;... et ipsis solis creditur cum dubitatur an testator furio- sus vel demens fuerit, necne. Prevot, conseiller au parlement de Paris et con- temporain de Lamoignon (1650), dit, dans son Traite des rapports judiciaires : Le delii-e et la demence donnent occasion de faire des visites et des rapports dans les procedures criminelles. Un accuse a commisune action veritablemeut punissable; il est de notoriete qu il etait dans un delire violent et qu il n avait aucun usage de sa raison, il parait juste et meme necessaire que ceux qui sont obliges de proferer un jugement sur lui soient instruits de son etat; c est ce qui a donne occasion a des arrets des Cours souveraines, qui ont ordonne des visites de medecins et de chirurgiens en pareil cas . Un arret du parlement de Bordeaux, du 8 avril 1703-, prononca que 1 imbecillite et la demence devoient etre attestees par des mede cins jures.

Le temoignage des medecins, sur le point qui nous occupe, n est pas moins forinel que celui des juriscousultes. Un medecin du seiziihne siecle (1528), trop peu connu, le premier qui ait essaye de formuler d un rnaniere dogmatique les principes de la medecine legale, Jean-Bap tisteCodronchi, philosophus ac medicus Imolensis, dans un remarquable petit ouvrage intitule Methodus testificandi, al usage des medecins experts, des jurisconsultes et des magistrals, opusculum non modo neotericis medicis, sed et jurisperitis ac judicibus, plurimum ex usu, nous apprend que, depuis longtemps, les loisdel Etat et les lois de 1 Eglise invo- ijuent le lemoignage des medecins dans certaines questions de droit civil et de droit criminel, velut in quaestionibus pubertatum, partuum, ac veneficiorum, item


ALIENES (MEDF.CINE LEGALE). 125

in quaestionibus aliquot ad matrimonium pcrtinentibus, et multis aliis in quibus agituv de capitc hominis. Lcs medecins etaient requis par la justice pour donner Icur avis en cas dc mort, deblessure ou de maladie, medicus a judice rcquisitus de vulnere vel morbo aliquo testificari debet ; et parmi ces maladies etait comp- tee la folie : Fit perscepe ut delirare nonnulli desipereque simulent, quos ex pr8cc:edentibus causis, ex babitu simulantis, et ex privatione notarum delirii ac melancholia?, levi negotio deprehenduntur. n Godronchi reproduit tin certain nombre de rapports fails par lui en justice, deux notamment rclatifs a des cas d hyslerieetde catalepsie, compliques de conceptions delirantes et d actes insenses-

Un autre medecin italien, Paul Zacchias, acheva, un sieclc plus tard (Ki JI- 1655), 1 ceuvre que Codronchi n avail fait qu ebaucher. II faut lire, dans cc livrc d une merveilleuse erudition, intitule Quxstiones medico-legates, le remarquable chapitre De dementia ct rationis Jccsione, pour se faire une juste idee de 1 etat de la palliologie menlale a cette epoque, pour bien saisir l influence des progre. accomplis en cetle matiere sur [ appreciation juridique des fails imputables a la folie, ct suvtout pour jnger de la valeur attribute par les magistrals d alors a I ap titude speciale des medecins dans les cas de cette nature. Zacchias, d accord aver plusieurs jurisconsultes eminents, dont les noms ont ete rappeles plus haul, declare que les medecins sonl seuls competents pour fournir la preuve dc la maladie men lale probari morbam, el pour en indiquer 1 espece, in quanam etiam insa- nientium specie quis reponendns sit, an fatuus, an polius insanus, vel furiosus sit. Cequi dislingue I ceuvre de Zacchias, et ce qui en fait principalement le me- rite et I originalite, c est de presenter une classification plus precise et plus ration- nelle des diverses formes de 1 alienation mentale, c esl de faire renlrer dans le cadre nosologique de la folie propremenl dite la plupart des manifestations deli rantes precedemment attributes a des causes surnaturelles et a des agenls diabo- liques ; c esl enfin el surtout d avoir introduit, dans la jurisprudence des alienes, des elements d une importance majeure, en debrouillant un peu le chaos de la me- lancolie, eten posant nettemenl la queslion des delires parliels : Animadverten- dum, dil-il, non omues dementes circa omnia errare. Quosdum enim circa omnia; quosdam circa plura, alios vero circa pauca qusedam solummodo errare constat, imo ex illis nonnulli sunt qui in nullare, si imam tantnm excipias, errant. Bien que la monomanie, cette pretendue decouverte con tern poraine, ne soil pas denom- mee dans ce passage, esl-il possible de la designer en lermes plus expres? Quant a la melancolie, ce qui la distingue essentiellement, stiivaut Zacchias, c est qu elle s accompagne toujours d idees de defiance et de craintc : In melancholicis repe- ritur semper timor el suspicio.

Toul ce qui a Irail a la capacile civile, a la validile des actes, a la responsabilite morale et legale des alienes de toute categorie est examine, pese, discute et resolu de la maniere la plus conforme au droit, a la justice, a la raison et aux saines doc trines de la psychiatrie. De longs developpemenls sont consacres a 1 etude des intervalles lucides et a 1 eclaircissement des doutes et des difficnltesqu ils soulevent dans 1 appreciation juridique des mobiles et des fails. L auteur appelle tres-specia- lemenl 1 attention des jurisconsulles, des magistrals el des medecins legistes sur rinfluence des revesetdeTetat intermediate ausommeil et a la veille; sur ledelire produit par 1 abus des boissons, par 1 ingestion de certaines substances toxiques ou par 1 inoculation de principes virulents (rage et tarentisme); sur 1 etat mental des sourds-muets; sur les troubles intellecluels associes ou conseculifs n la menin- gite, a 1 apoplexie, a la congestion cerebrale, a 1 cpilepsie, a la catalepsie, u I ex-


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tase, au somnambulisme, a la choree et aux autres nevroses convulsives. Enfin, pour ne rien omettre, il s occupe des consequences legales de certaines passions, la colere, la frayeur et 1 aniour, qui peuvent donner lieu a une eclipse momentanec de la raison, et porter aux memes erreurs, aux memes desordres ou aux memes exces que la folie.

Cependant il etait difficile que Zacchias, prolo-medecin du pape et des Etats remains s affranchit entierement des prejuges de son temps et des doctrines de son entou rage. II croit aux demoniaques, mais avec beaucoup de reserve, et non sans avoir, au prealable, retranche de leur societe les lunatiques, les lycanthropes, les som- nambules et la plupart des convulsionnaires. II reduit ainsi le nombre des posse- dcs aux seuls energumenes et engastrimytbes : encore declare-t-il que si le diable tourmente ces malheureux, c est qu ils sont predisposes a ses obsessions par leur temperament melancolique : In his prsecedit semper corporis dispositio quon dam ex melancholia, quaj hominem ad insaniam concinnat. D ouil conclut sage- ment que les possedes doivent etre traites comme des fous : Itaque demoniac! furentibus et insanis sequiparandi ; et il conseille 1 emploi des secours medicaux comme un utile complement et un auxiliaire efficace des exorcismes et des prieres de 1 Eglise. N est-ce pas la un habile compromis entre le scepticisme du savant et les scrupules du chretien? Et pourtant, par une contradiclion singuliere, que pcut seule expliquer 1 influence du milieu theologique dans lequel il vivait, Zacchias accepte, dans une certaine mesure, le pouvoir des malefices, des sortileges, des charmeset des enchantements. On voudrait pouvoir dechirerde son livre les pages ou il parle des sorciers et des magiciens infames, en termes moins dignes d un medecin que d un inquisiteur, et ou il demande, au nom du salut public, qu oa extermine leur race abominable : Reipublicaa interest sacerrimum hoc hominum genus de terra viventium eradicare.

A peupres vers la meme epoque (1650), un medecin de Leipsick, Job. Frider. Zittmann, publiait, sous le litre de Medicina forensis, un volumineux recueil de documents medico-judiciaires, dans lequel on trouve des rapports fort instructifs sur divers sujets afferents a la medecine legale des alienes, entre autres sur des cas curieux de monomanie homicide, de monomanie incendiaire, de fureur hyste- rique, de demence epileptique, etc.

Dans le dix-huitieme siecle, les travaux de Thomasius, Leyser, Rivinus, Heben- streit, Pitschmann, Plainer, Bose et Gruner, jeterent de vives lumieres sur la medecine legale des alienes, et apporterent de nouveaux arguments en 1 aveur de la competence speciale des medecins dans 1 examen juridique de ces infortunes ma- lades. Les jugements des tribunaux, les arrets dos cours et parlements donnaient en meme temps aux principes de cette jurisprudence speciale une application pra tique et une consecration solennelle dans des causes demeurees justement celebres. Qu il nous suifise de rappeler la plus retentissante de toutes, le fameux proces entre le prince de Conti et la duchesse de Nemours au sujet de la succession de 1 abbe d Orleans, dans lequel le chancelier d Aguesseau exposa dans un beau langage et developpa avec une admirable profondeur les suites legales de la demence en matiere civile.

EPOQUE ACTUELLE. La reforme legislative, qui fiit le corollaire oblige de la revolution politique et sociale de 1780, fit disparaitre les parlements, les juridic- lions ecclesiastiques et seigneuriales, ainsi que les derniers vestiges du droil cou- tumier ; elle supprima les pratiques bizarres ou cruelles des vieilles procedures ; elleabrogea les prescriptions barbareset iniques conlre les magiciens et les sorciers.


ALIENES (MEDECINE LEGALE). 127

L edit royal de 1 692 fut dechire avec le reste des institutions monarchiques. Les lois nouvelles, generalement inspirecs par les sentiments d une genereuse philanthropic, ne devaient pas demeurer indifferentes a la plus affligeante des inlortunes, a la folie. Des lemois de mars 1790, 1 Assembled nationale decreta que les personnes dete- nues pour cause de demeuce seiaient, pendant 1 espace de trois mois, interrogee? par les juges, visitees par les medecins, qui s expliqueront sur la veritable situation des malades, afm que, d apres la sentence qui aura statue sur leur etat, ils soient elargis ou soignes dans des hopitaux indiques a cet effet. Plus tard, la Conven tion, souscrivant aux vues bienfaisantes de Pinel, fit tomber leschaines des aliencs ct fermer les cabanons et les cachots de Bicetre.

Si 1 intervention des medecins etait reconnue necessaire, a cette epoque, pour 1 execution des mesures administrates concernant les alienes, a plus forte raison devait-on la considerer comme utile dans les actions judiciaires ou il y avait alle gation ou soupQou de folie. Un seul fait suffira pour nous en convaincre. Louis- AugusteGuillaume, soldat au 5 e regiment des veterans, avait ete condamne, par le conseilde guerre, a la peine de mort, pour avoir assassine, le 9 thermidor an Ml, Joseph Landau, un de ses camarades. La Gour de cassation armula cette sentence, attendu qti il resultait des pieces de la procedure et du rapport des offociers de sante, que le prevenu etait atteint d epilepsie, et que cette maladie lui avait occa- sionne, avant et dans le moment du crime, des transports de rage et de fureur qui n etaient pas naturels.

Ceci se passait au commencement de ce siecle, pendant que le conseil d Etat ela- borait la codification de nos lois, que Pinel inaugurait dans la nosologie et la thc- rapeutique de la folie I lmmortelle reforme si brillamment continuee par Esquirol, ct que Fodere, posant les bases et formulant les principes de la medecine legale contemporaine, defrayait, dans son admirable Traite du delire, le terrain que 1 in- fatigable Georget devait etendre et feconder unpeu plus tard. Les beaux truvaux de ces maitres illustres preparerent des voies nouvelles et ouvrirent de plus claires et de plus larges perspectives a la jurisprudence de 1 alienation mentale; mais ils n exercerent pas sensiblement d intluence immediate sur la legislation meme. Ainsi les redacteurs du Code employerent, comme nous alions le voir, les memes termes que leurs devanciers (demence, fureur, imbecillite) , et sans y attacher une signifi cation plus precise. Quant au sort des alienes, il devait s ecouler bien des annees encore avant que la loi clu 30 juin 1838 vint lui donner une situation reguliere et definitive.

LEGISLATION ET JURISPRUDENCE FRANgAisEs. - A. Droit civil. 1 Inter diction. Tutelle. Conseil judiciaire. L homme entierement prive de 1 usage de la raison est considere comme incapable d exercer ses droits, inhabile a admi- nistrer ses biens et a diriger ses interets. La loi Tassimile a un mineur et le place sous le patronage et la surveillance d un tuteur, qui prend soin de sa personne et le represente dans les actes de la vie civile ; tel est 1 objet de I inter diction. : Art. 489 du Code civil : Le majeur qui est dans un etat habituel d imbecillite, de demence ou de fureur, doit etre interdit, meme lorsque cet etat presente des intervalles lucicles. 11 est superflu de faire ressortir ce qu il y aurait d imparfait et d insuf- fisant dans cette formule, si les trois termes imbecillite, demence et fureur avaient en jurisprudence le sens rigoureux et precis qu ils ont aujourd hui dans les nomen clatures nosologiques. Mais les jurisconsultes et les magistrals, en donnant a ces mots une acception plus large, admettent dans la division de 1 article 489 loutes les per sonnes irappees de cet etat d incapacite notoire auquel le legislateur a voulu sub-


1<28 AL1E.NES (MEDECISE LEGALE).

venir. Ainsi, d apres les redacteurs memes du Code, a I imbecillite est vine faiblesse d esprit causee par 1 absence ou 1 obliteration des idees ; la demence provient, non de la faiblesse de 1 e-prit, mais d un dereglement d idees qui ote 1 usage de la raison ; la fureur n est qu une demence exaltee qni pousse a des actionsdangereuses. Sans nou> ;in eh r a ce qu il y a d iiirxact et d erroae dans Ci s dcTnii:ions, qu il nous suffise de constater qu on peut aUement y faire rentier les formes principales de la folie. C est la 1 essentiel. Neunmoins, la loi gagnerail en clarte et en precision si sa nomenclature elait plus conforme aux class)fications scientifiqr.es generalement adoptees. Un autre point qui ressort rigoureusement des interpretations juridiques precitees, et qu il importei ait de no jamais perdre de vue, c est quo le K gislateur a \oulu frapiier par 1 interdictiou, uon pas tons les fous indistinctement, mais sculemcnt les iasenses assez demies de raison pour ne plus pouvoir, comme dit D A^nessean, mener une vie commune et ordinaire, re mplir la destination humain-i ni atteindre jusqu a la mediocrite des devoirs lu aeraux.

Le Code dit encore expressement que 1 etat d imbecillite, de demence ou de fureur doit 01 re 1 1 nl i) 1 1! -I. Cette condition est necessaire pour rendre recevable toute demande en ini nVi- lion. Le delire aigu, les cas isoles, accidentels, rares et passagers de folie sont rejetes ]>ar les tribunaux comme insuffisants. Mais il n est pas besoin que I aliunation mcnlalu suit continue; d apres le fexte meme de la loi, les intervales hifides ne sont pas ua obstacle an succes de 1 instance.

Les articles 490 a 498 indiqacnt les personnes admises a provoquer 1 interdic- tion, lesfoimaliteb. aremplir, la niarche de la procedure, etc. Les faits de demence, d imbecillite ou de fureur doivent etre articules par ecrit, attestes par des teruoui^ et appuyes sur des pieces justificatives. L aliene pretendu est en outre interroge par les magistrals, soit dans sa demeure, soit dans lachambre du conseil; lejuge- ment est rendu en audience publique. Quant a 1 examen ou au controle medical, il n ea est pas question.

A cote de ces insenses que la loi met en tutelle, il est une autre classe d indi- vidus qui ne sont ni assez demies de raison jiour etre prives de 1 entier exercice de leurs droits, ni assez sains d esprit pour jouir de toute la plenitude de la vie civile. Us sont juges capables pour certains actes, pour se marier et pour tester, par excmple ; mais la faiblesse de leur intelligence les rend inhabiles a gerer seuls leurs interets, et la loi y pourvoit en leur dormant, pour les guider et les assister, iin conseil judiciaire ; c est un p.irii mixte, qui n est ni I mterdiction coni[ilete, ni le rejet pur et simple de I interdiction; c est, pour parler le langage des jnriscon- sultes, une interdiction limitee a certains actes. Art. 499 : En reje.ant la demande en interdiction, le tribunal pourra, si les circonstances 1 e agent, ordonner que le defendeur ne pourra desormais plaider, transiger, emprunter, recevoir capi tal mobilier, ni ea donner decharge, aliener ni grever ses biens d hypotbeques, sans l assi>tancL d ua conseil qui lui sera nomme par le meme jugement. Cette demi-iiiteidictioii s applique aux vieillards dont la memoire est allaiblie, aux per- >oimes dont 1 intelligence est bornee et voisine de 1 etat d imbecillite, a celles aussi doat les faculties mentales out subi quelque atteiute seiieuse sous le coup d uno maladie convulsive (cboiee, epilepsie), ou d une lesion ceiebrale (meningile, hemorrhagie, congestion) .

La loi range implicitement les prodigues parmi les faibles d esprit, et 1 article 515 lenr applique formellement les dispositions de 1 article 499.

Les articles 501 a 513 reglent la publicite de 1 arret d interdiction, ses effets It gaux dans 1 avenii et dans le passe, le cboix, la nomination et les devoirs du


AL1ENES (MIJDECINE LEGALE). 120

tuteur, la duree et la mainlevee du jugement. Bien que 1 article 502, confirme parl article 505, declare nuls de droit tous les actes passes par 1 interdit; et bien que 1 article 459 maintienne forraellement les effets de 1 interdiction nonobstant les intervalles lucidos, neanmoins beaucoup de magistrals et de juris - consultes, donnant a la loi 1 interpretation la plus large et le sens le plus liberal, prol essent que 1 interdit conserve tous les droits dont 1 exercice est exclusivemcut personnel, et qu il peut faire valablement, dans les intervalles lucides, tous les actes qu un tuteur ni personne ne peuvent remplir a sa place, tels que tester, se marier, reconnaitre un enfant naturel, etc. Faute de cette condition, ajoute M. Demolombe, 1 interdiction ne serait plus une mesure de protection, mais une atteinle pleine de durete et d inhumanite aux droits les plus precieux des citoyens ; elle serait une tyrannic egalement condamnable par la raison, la science et 1 hu- manite. Cette doctrine a etc consacree generalement par la pratique des tribu- naux, ainsi qu on le verra bientot.

Par une disposition pleine de prevoyance et de sagesse, la loi exige (article 510) que les revenus d un interdit soient essentiellement employes a adoucir son sort et a hater sa guerison. La loi ajoute : Selon les caracteres de sa maladie et 1 etat de sa fortune, le conseil de famille le fera traiter dans son domicile, dans une maison de sante ou dans un hospice.

L interdiction cesseavec les causes qui 1 ont determines; neanmoins, il faut un jugement de mainlevee pour restituer a 1 interdit sa capacite civile et pour lui rendre 1 exercice de tous ses droits legaux (article 512).

2 Du manage. Oppositions. Demandes en nullite. Separation de corps et de biens. L article 146 du Code civil porte : II n y a point de mariage lorsqu il n y a point de consentement. Aux yeux de la loi, le mariage est un contrat civil. Or, tout contrat n est valable que par le consentement, libre et exempt d erreur, des parties contractantes (article 1108 et 1109). Ces conditions supposent neces- sairement chez celui qui s* engage le discernemerit de ses obligations, la connais- sance de ses droits et de ses devoirs, une determination consciente et reflechie dela volonte. Hors de la, le consentement est vicie ; et le contrat est nul ou annulable.

Lafolie devrait done entrainer necessairement la nullite du mariage, si elle existait au moment ou il a etc celebre. Lors de la discussion du Code civil, le tri bunal avait demande en effet que 1 interdiction fut consideree comme une cause dirimante, de telle sorte que le mariage de 1 interdit dut etre annulable alors rneme qu il aurait etc contracts dans une periocle de lucidite. Cetfe demande ayant etc repoussee, 1 arlicle 146 est, suivant la plupart des jurisconsultes, le seul sur lequel onpuisse s appuyer pour faire annuler le mariage d un interdit. En consequence, il faudra, pour que 1 annulation soit prononcee, qu on etablisse qu au temps de la celebration du mariage 1 interdit, a raison de son etat d alienation mentale, n etait capable ni de manifester sciemment et librement sa volonte, ni de comprendre la nature et la portee de 1 engagernent qu il prenait.

Conformement aux memes principes, le mariage d un aliene non interdit est valable s il a ete manifestement celebre pendant un intervalle lucide et consenti a bon escient; il est annulable s il a ete contracte sans discernement, au milieu des egarements de la fureur ou des aveuglements de la demence.

Si 1 interdiction n est pas par elle-meme un cas de nullite du mariage, elle a ete rangee du moins par le legislateur au nombre des causes d oppositions (art. 174).

La nomination d un conseil judiciaire n entraine aucune incapacite quant au droit de oonlracter mariage

DICT. ENC, III. 1)


130 ALIENES (MEDECINE LEGALE).

La folie peut-elle devenir un cas de separation de corps ou de biens? Nos codes sont muets a cet egard ; mais il est clair que 1 alienation mentale elant sou vent soil une cause de malversation ou de prodigalite ruineuse, soil 1 origine meconnue d exces, de sevices et d injures graves entre epoux, doit devenir ainsi, plus d une Ibis, la source indirecte et lointaine de ces sortes d instances.

3 Puissance paternelle. - - L etat habituel et notoire de folie, qui empeche 1 aliene de contractor un mariage valable, le prive aussi du droit de consentir au manage de ses enfants (art. 149). [/alienation doit meme, tant qu elle existe, entrainer la perte de la puissance paternelle.

4 L aliene frappe d interdiction ne peut, d apres la declaration expresse de 1 article 442, etre ni tuteur, ni membre d un conseil de famille.

5 Du temoignage des alienes en justice, et de leur inaptitude a remplir les fonclions de jure. II serait contraire a I esprit de la loi de tenir pour recevable la deposition d un individu completement prive de 1 usage de sa raison. Ou pren- tlrait-il la liberte necessaire pour preterle serment qu onexige de lui, et le discer- nement voulu pour apprecier la poilee des questions qu on lui adresse et 1 exacti- tude des reponses qu il fait? D ailleurs, n y aurait-il pas a craindre, comme autrefois dans les proces de sorcellerie, que le malheurcux insense nepresentatpour des realit^s les erreurs de son faux jugement, les fantomes de son imagination ma- lade et les illusions de ses sens abuses? Aussi les magistrals recusenl-ils, en gene ral, de pareils temoignages, plus propres a egarer leur conscience qu a 1 eclairer. Mais quelquefois ils acceptent, sous forme de simples renseignements, les declara tions d individus lucides ou faibles d esprit, au meme litre que les aveux d enfants au-dessous de quinze ans.

Si la folie est incompatible avec 1 office de temoin, a plus forte raison doit-elle mal se concilier avec les fonctions autrement graves de jure. L aliene iuterdit, ne jouissant pas de sa capacite civile, est exclu, par cela meme, du jury en vertu de 1 article 381 du Code d instruction criminelle. Quant a 1 aliene non interdit, son insanite d esprit, lorsqu elle est manifeste, devient un motif formel de recu- sation.

6 L alienation mentale, quand elle est suffisante pour provoquer 1 interdiction, constilue un cas d exemplion et de reforme pour le service militaire. 11 est evident que la patrie et la societe ne pcuvenl pas confier le soin de leur defense a des insenses incapables de se proteger eux-memes, ni leur livrer des armes qui seraient entre leurs mains ou des fardeaui inutiles, ou des engins dangereux.

7 Donations Testaments. Auxtermes de 1 article 901 du Code civil, pour faire une donation entre-vils ou un testament, il faut etre sain d esprit. Rien de plus net et plus clair que cette formule; el cependanl, il est peu de textes de loi qui aient donne lieu a plusde controverses et a plus de jugements contradictoires. Peu ou point de difficulles quand un arret d interdiction anterieur a 1 acte de libe- ralite pese deja sur le donateur ou le testateur ; assez generalement, dans ce cas, 1 annulation est prononcee de piano, conlormement a 1 article 504 ainsi congu : Apres la mort d un individu, les actes par lui fails ne pourront elre attaques pour cause de demencequ autant que son interdiction aurait ete prononcee ou pro- voquee avant son deces ; a moins que la preuve de la demence ne resulte de 1 acte meme qui est attaque. II peut arriver neanmoins que la circonstance prejudicielle d un intervalle lucide, invoquee par les defendeurs, ne vienne soulever les scrupules du tribunal. Ce fait est surtout pris en serieuse consideration au cas ou les dispo sitions de 1 acte sont raisonnables et sages, et ou la trcve a ete assez franche et


(MDECINE LEGALE). 151

d assez longue duree pour mettre a 1 abri de tout soupc.on le discernement de 1 auteur.

De plus grands embarras et de plus profondes obscurites surgissent lorsque le donateur ou le testateur est mort sans etre interdit, on lorsque son interdiction a etc posterieure au testament ou a la donation ; car alors on est oblige d etablir la demonstration posthume de son etat mental au moment de la confection de 1 acte. L acte est declare valable si la Cour decide que 1 auteur etait sain d esprit a 1 epoque ou ses dispositions ont ete prises, quelque signe de folie qu il ait pu donner avant ou apres. Gertaines bizarreiies d humeur, des excentricites de gouts, des travers dc conduite, et meme la simple faiblesse d esprit. ou 1 alteration de la memoire, telle qu on 1 observe chez les vieillards, ne suifisent pas pour rendre rece\able une demande d annulation ; il faut que les fails articules soient assez precis pour carac- teriser la demence et pour donner une demonstration complete dc 1 alienation men- tale. Cependant, la nullite d un testament ou d une donation pent etre prononcee dans le cas ou divers moyens de captation, intrigues, supercheries, pressions, inti midations, et autres influences pernicieuses, onL ete mis en jeu pour abuser dela fai blesse d esprit du donateur. Ces artificieuses et coupables obsessions ne sont que aop souvent employees au milieu des defaillances ou des terrenrs de 1 agonie.

L ivresse et les passions violentes ne sont recue? comme motifs d annulation que >i la raison et la volonte du testateur ont ete evidemment doniinees par des impnl- lons extravagantes, ou egarees par les transports aveuglesd un delire momentane. uette deniiere circonstance est necessaire ; a son defaut, les jurisconsultes sont unanimes aujourd hui pour repousser 1 action ab irato, que notre ancien droit avait admise et qui n etait autre chose qu une demande en nullite fondee sur ce que 1 acte attaque etait le fruit soit de la colere violente et impetueuse, soit dc la haine froide et reflechie contre les heritiers du disposant. Le suicide est grne- ralement pris en consideration comme pouvant etablir une presomption de folie mais pourtant il ne constitue pas par lui-meme une preuve d insanite d espril sulfisante pour annuler un testament.

Au demeurant, la seule question a resoudre est celle-ci : le donateur ou le testa teur etait-il sain d esprit au moment ou la disposition a ete prise? Pen importe-la cause qui a amene le derangement des faculles mentales : il suffit qu il ait mani- festement existe au temps de la redaction de 1 acte, pour que celui-ci soit declare mil .

Les individus pourvus d un conseil judiciaire sont incapables de faire une dona tions entre-vifs; mais ils peuvent disposer valablement de leurs biens par testament

Les articles 953 et 955 du Code civil portent que la donation entre-vifs pourra etre revoquee pour cause d ingratitude, c est-a-dire sevices, delits, injures graves ou attentats a la vie du donataire. Cette disposition de la loi ne saurait touiours s appliquer aux alienes, trop facilement enclins par des aversions injustes, par des haines sans motit et par les illusions de leur esprit, soit a accuser faussement d ingratitude les personnes qui les cherissent le plus, soit a se porter aux derniers exces envers leurs propres bienfaiteurs.

En resume, les lois et la jurisprudence que nous venons d exposer creent pour les alienes un droit exceptional ; elles moditient a leur egard les conditions ordinaires et eommunes des relations sociales et de la vie civile. Elles ont pour !iut et pour effet de suppleer, dans une certaine mesure, a 1 insuffisance de leur raison et a 1 impuissance de leur volonte. Elles protegent leurs personnes et leurs biens contre les suggestions insensees et les entreprises aventureuses d un esprit en delire ; ellcs les mettent a 1 abri des surprises de la captation, des pieges de la cuuidileel


132 ALlENfiS (MEDECINE LEGALE).

des abus de 1 arbitraire. Par une juste reciprocity non moins soucieuses des interets des citoyens raisonnables, ces memes lois garantissent les droits et les proprietes des particuliers, sauvegardent 1 honneur et la fortune des families centre les caprices bizarres, les conceptions extravagantes, les prqjets audacieux, les folles tentatives, les engagements temeraires et les actes compromettants de la folie.

Tel est certainement 1 esprit de la loi, et telles ont ete, a n en pas douter, les genereuses intentions du legislateur. Mais une application a 1 abri de tout reprochc et des resultats toujours satisfaisants sont-ils venus prouver que ce but louable ait ete atteint ? Malheureusement non ; et de graves erreurs ou de nombreux abus ne justifient que trop les critiques severes dont la loi sur [ interdiction a ete 1 objet. Divisions incompletes et definitions erronees, interrogatoire defectueux, enquete insuffisante, lenteurs de la procedure, jurisprudence incertaine et confuse, inter pretations flottantes et contradictoires, d ou 1 anarchie des doctrines et la diversite des jugements : voilales imperfections radicales signalees par de savants medecins, notammentparMM.BrierredeBoismontetH.de Castelnau etavouees aujourd hui par les jurisconsultes les plus consommes et les magistrats les plus eminents. Sans doute, il faut bien reconnaitre avec M. de Castelnau, que 1 interdiction a quelque- fois inflige 1 humiliation de la tutelle et de la decheance civile a des pauvres d csprit qui avaient encore assez de sens et de raison pour diriger leur personne et gouverner sagement leurs interets ; qu elle a plus d une Ibis aussi frappe des alienes regardes a tort comme incurables, et qui, revenus bientot a la sante et rendus a 1 exercice de leurs droits, ont eu 1 immense douleur de trouver leur fortune divisee, leurs biens vendus ou partages, sans qu il leur restat a peine un coin de terre ou reposer leur tete. Mais de ce que 1 interdiction a ete 1 origine indirecte de plus d un attentat a la liberte individuelle et une prime a de cou- pables convoitises, de ce qu elle est devenue entre les mains de parents indignes et cupides un instrument de haine, de vengeance, ou de spoliation, iaut-il dire, avec M. de Castelnau, qu au lieu de proteger les alienes elle les a sacrifies sur tous les points? faut-il surtout en conclure que 1 interdiction devrait etre bannie du code de la civilisation? Nous ne le croyons pas; nous pensons plutot, avec beaucoup d autres alienistes competents, que 1 interdiction bien comprise et sage ment appliquee est en principe une mesure utile, une institution tutelaire qui merite d etre maintenue. Mais nous nous associons volontiers a M. Brierre de Bois- mont pour demander une reforme qui mette sur ce point les dispositions de la loi plus en harmonie avec les progres de la science mentale et avec les tendances de notre epoque ; qui ouvre une porte moins large aux criminelles tentatives de la cupidite ; qui offre des garanties plus eflicaces aux interets reels de 1 intei dit, lui conserve ses biens et 1 entiere jouissance de ses revenus, lui assure la satisfaction de ses desirs k gitimes, tout en I empechant de compromettre sa sante et sa fortune par les actes d une vie desordonnee, et contribue enfm a adoucir sa triste situa tion, a calmer ses souffrances et a accelerer sa guerison. Restreindre 1 interdiction aux seuls cas ou son urgence ressort de la nature meme de 1 alienation mentale, et ou des interets majeurs en exigent imperieusemeut 1 application ; accueillir les demandes de ce genre avec une circonspection extreme ; proceder a 1 enquete avec une grande rigueur ; montrer une inflexible severite pour le choix des preuves et 1 admission des temoignages ; laire appel aux lumieres speciales d un ou de plu- sieurs medecins eclaires, consciencieux et digues de ce mandat : telles sont les precautions a 1 aide desquelles les tribunaux pourront, dans la pratique, suppleer


ALIENES (MEDECINE LEGALE), 133

aux defauts evidents de la legislation, et, en attendant une salutaire reforme, eviter les abus criauts qu a devoiles une critique imparliale et bien tondee.

Quant a 1 expert, qu il prenne bien garde, dans ces sortes de causes, de preter trop facilement la main a des manoeuvres coupables et a d infames complots de lamille; qu il ne devienne point par son inexperience, par son inaptitude, par 1 insuftisance de son exploration, par la legerete de ses appreciations et la precipi tation de son jugement, le complice involontahe d une interdiction immeritee !

B. Droit criminel. S il est quelquefois utile que la loi depouille 1 aliene de ses droits civils, il n est pas moins conforme a la stricte equite qu elle le decharge de la responsabilite de ses actes. Tout crime ou delit se compose, dit le legislateur, du fait et de 1 intention ; or nulle intention criminelle ne peut exister chez un prevenu qui ne jouit pas de ses facultes morales ; et 1 impunite doit etre acqnise a lout homme dont la maladie a enerve rintelligence, obscurci le jugement, fausse la conscience, egare la raison et subjugue la liberate. Un seul article du Code penal consacre, en termes concis et energiques, ces principcs eternels do justice morale, et preserve le fou des rigueurs reservees aux criminels : Article 64. II n y a ni crime ni delit lorsquele prevenu etait en etat de demence au temps de 1 action, ou loisqu il a ete contraint par une force a laquelle il n a pu resister. Demence et contraintc, voila done les causes uniques de justification admises par la loi. Et, suivant certains jurisconsultes, ce n est pas sans motif que le legislateur aurait rap- proche ces deux causes et les aurait renfermees dans une meme formule, vonlaut ainsi completer le premier terme par le second, et reconnaitrc implicitement 1 in fluence d une contrainte morale dans les impulsions aveugles et souvent irresis- tiblesde la folie. Que telle ait ete ou non l intentiori du legislateur, peu importe; ce qu il y a d cssenliel, c est que telle soit, dans la pratique, la jurisprudence des tribunaux. Oril n est pas permis aujourd hui de conserver aucundoutea cetegard; et des fails sans nombre et de toutc nature sont la pour prouver que 1 article 64 a definitivement recu, dans tous les degres de la juridiction criminelle, 1 interpre- tation la plus large, la plus rationnelle et la plus favorable aux legitimes immunites de la folie. A une epoque encore peu eloignee de nous, il s est produit des hesi tations facbeuses et meme des incredulites et des resistances regrettables dans 1 esprit des magistrals. 11 repugnait a leur conscience de juges et de gardiens de la securite individuelle et de 1 ordre social d adrnettre trop aisement la doctrine des delires partiels, des folies instinctives et des alienations transitoires. Mais depuis que des fails inconleslables el rigoureusemenl observes sont venus Jeter une pleine lumiere snr ces questions delicates, les scrupules de la magistrature se sont evanouis devant les demonslralions scientifiques et les claries de I evidence. Tout le monde, inaintenanl s accorde a proclamer la sagesse de la loi qui, en empruntant a la vieille terminologie juridique 1 expression alors vague et generale de demence (ge- nericumnomen, ditZacchias, comprehendens sub se omnes affectusinquibusmeris vel errat, vel debiliter operacur) , a pris a tache de ne rien specifier, afin de ne point circonscrire les appreciations du juge dans le cercle etroit et infranchissable d une defmilion limitative, mais de laisser a sa conscience toute latitude de pro- noncer suivant les circonstances principales et accessoires du fait. Par demence, disent MM. Adolphe Chauveau et Faustin Helie, on doil entendre, puisque aucun texte n en a restraint le sens, toutes les maladies de 1 intelligence, 1 idiotisme et la demence proprement dite, la manie delirante et la manie sans delire (c est-a-dire la manie affective), meme par tielle. TouLes les varietes de Inflection mentale, qnellesque soient les denominations que leur applique la science, quelque classifi-


134 ALlfiNES (MDECINE LEGALE).

cation qu elles aient rec,ue, revetent la puissance de 1 excuse etjustifie.nl 1 accuse, potirvuque letir influence sur la perpetration de 1 acte puisseetre presumee. Ainsi, il importe pen que 1 egarement ou la perte de la raison soient absolus ou incom- plets, que la folie soil permanente ou passagere, generate ou partielle. Ce que la loi exige, pour degager 1 agent de sa responsabilite, c est qu il soit atteint d une mala- die mentale quelconque, sans distinction de nature, de forme, ni de duree ; c est que cette maladie ait ete assez puissante pour suspendre ou aveugler son discerne- ment, enchainer son libre arbitre et exercer sur sa volonte une contrainte a laquelle il n a pu resister. A cet egard, la loi est formelle, et elle doit innocenter aussi bien le monomane le plus systematique que le maniaque le plus incoherent. Elle a voulu exonerer aussi les faibles d esprit, les demi-imbeciles, les pesants, comme les nommait Ferrus, s il resulte des circonstances qui ont accompagne et suivi 1 acte incrimine que 1 agent n a pas eu la conscience de son immoralite. Le bene fice de I irresponsabilite s etend meme aux actes commis, soit pendant un acces de somnambulisme naturel, soit dans cet etat mixte que les physiologistes appel- lent qtat intermediate a la veille et au sommeil. Les anciens jurisconsultes assiaii- laient 1 action d un homme qui reve a 1 action d un insense : dormiens furioso sequiparatur; la loi actuelle ne permet plus cette assimilation ; neanmoins ses mandataires absolvent, al egal d un frenetique, 1 individu qui, dans les egarements ou dans les terreurs d un songe, s arme contre des malfaiteurs imaginaires et mas sacre involontairement sa femme ou son enfant couches pres de lui.

Mais quel que soit le genre de trouble intellectual invoque comme excuse, il faut, pour qu il acquiere toute la puissance d une justification legale, qu il ait existe au moment de la perpetration du delit ou du crime. Cette condition est es- sentielle, fondamentale, necessaire ; et c est autour d elle que roulent la plupart des difficultes de 1 enquete medico-judiciaire.

Ici vient se poser naturellement la question legale des intervalles lucides et de leur influence sur 1 imputabilite des actes aecomplis par des alienes. Certains crimi- nalistes, interpretes rigoureux de 1 article 64, veulentque, dans la folie periodique, 1 interruption du delire ramene la plenitude de la responsabilite, et livre impi- toyablement le fou a la rigueurdes lois. D autres, sefaisant les echos des tendances et des convictions medicales, sans nier que les criminels soient moralement res- ponsables pendant une intermittence plus on moins longue de la maladie mentale, declarent sagement que cette responsabilite puise dans les antecedents morbides du prevenu des motifs serieux d attenuation, etqu elle ne doit pas entrainer tons les efiets legaux de la responsabilite vulgaire. Et d ailleurs, comme le font judi- cieusement observer MM. Helie et Chauveau, d apres quels signes certains pourra t-an constater la parfaite lucidite d une raison longtemps eteinte ou longtemps op- primee? Etqui oserait affirmer que 1 etat liabituel de demence n a point reagi sur la determination de 1 agent, alors meme que nul symptome n en trahit la persis- tance ou le relour ? Aussi, au milieu des incertitudes et des scrupules que souleve la question des intervalles lucides, les juges , basant le plus souvent leur verdict sur la presomption de folie, prononcent, suivant les circonstances du fait, soit le mini mum de la penalite, soit meme I acquittement pur et simple.

En presence de la folie confirmee, la prevention tombe d elle-meme, les pour- suites s arretent, et la cliaml>re des raises en accusation rend une ordonnance de non-lieu. Mais si la maladie mentale est douteuse, son appreciation n appartient plus aux premiers juges ; le prevenu doit etre traduit devant les assises ou de- le Iribunal correctionnel ; et c est la que la question de demence se presente


ALIENfiS (MDECINE LECALE). 135

dans toute sa gravite, joignant a ses difficultes intrinseques les complications im- prevues d un debat contradictoire et d une discussion solennelle.

La question de demence se trouvant implicitement renfermee dans la formule sacramentelle : un tel est-il coupable? , la Cour n est plus obligee, comme au- trefois, sous la loi de bruraaire, d en faire au jury 1 objct d une demande speciale. Cependant les magistrals, en vertu de leur pouvoir discretionnaire, posent quel- quefois cette question, surtout s ils ont lieu de craindre que les jures, se meprenant sur la signification legale du mot coupable, ne sentent pas clairement c|ue la 1 olie est exclusive de la culpabilite. Et ce qui demontre bien la sagesse et 1 opportunite d une telle precaution, c est qu il est arrive, dans plus d une cause, que le jury a repondu affirmativement a ces deux questions, dont les termes sont legalement inconciliables, et declare un individu coupable, tout en admettant 1 ex.ception dc la demence. Bans ce cas, le verdict est entierement favorable au prevenu. La de mence aneantit la criminalite et entraine de plein droit 1 acquittement.

Quand la folie, au lieu d eclater au temps de 1 action, ne se manifesto qu apres le crime, pendant 1 instruction ou pendant les debats, le cours de la justice est suspendu, et il est sursis au jugement. L inculpe est traite comme un malade, et confie aux soins et a 1 observation des hommes de Tart. Les intervalles lucidcs ne suffisent pas pour justifier la reprise des poursuites; il f;iut plus qu une simple re- mittence, il faut un franc retour alaraison, qui rendc au prevenu le discernement de sa situation et la liberte desa defense. L alienation mentalc qui siirvient durant le jugement, etant une circonstance etrangere au crime, ou du moins n ayantpas avec lui des connexions encore evidentes, n est point de la competence du jury ; c est a la Cour qu il appartient d en decider.

La folie peut ne survenir qu apres la condamnation. Alors, s il s agit d une peine afflictive ou infamante, 1 execution est ajournee jusqu a la guerison complete du condamne. II n en est pas de meme pour les peines pecuniaires : une amende ne frappant que les biens du coupable sans toucher a sa personne, un acces de demence postcrieur au jugement ne saurait justifier un delai.

Quant a la prescription, malgre un arret affirmatif de la Cour de cassation et en depit de la maxime contra non valentem agere non currit prxscriptio, la plupart des jurisconsultes decident qu elle n est pas interrompue par 1 alienation mentale.

L article 1382 du Code Napoleon, concernant la reparation civile des dommages occasionnes a autrui, est-il applicable aux alienes? La jurisprudence est encore hesitante et mal posee sur cette matiere. Tandis que maints arrets ont juge equi table de faire peser sur les biens des fous nuisibles la responsabilite du prejudice cause par eux, d autres ont repousse d une maniere non moins formelle, dans 1 es- pece, toute action directe et personnelle en dommages-interets. Ce dernier systeme nous semble plus conforme a 1 esprit de la loi, qui tres-probablement a voulu, meme sur ce point, exonerer 1 insense, en declarant civilement responsables les personnes tenues de le surveiller et de le garder (art. 1584 du C. civ., et 479 du C. pen.).

L ivresse et le delire artificiel, produits par 1 ingestion d une substance stupefiante ou narcotique, ne revetent pas strictement aux yeux de la loi les caracteres de 1 excuse et de la justification, au meme titre que la folie proprement dite et de cause organique. Mais ces etats anormaux comportent generalement le benefice des circonstances attenuantes. Quelqnefois cependant les juges n hesitent pas dans 1 espece a declarer le prevenu non coupable, surtout si 1 ivresse, de quelque nature qu elle soit, n a pas ete premeditee, si elie est le resultat de la surprise, de 1 igno-


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ranee, de 1 entrainement oudela contrainte, et si elle a jete le malheureux Jans une telle perturbation des sens et de la raison, qu il n ait pu ni reflechir a la portee de son action, ni en comprendre la valeur morale.

Quant aux passions et aux vives emotions de Tame, la jurisprudence francaise repousse comme erroneeet dangereusela doctrine qui tend a les couvrir des monies immunites que la folie, en confondant leur f ougne impetueuse avec la provocation irresistible et soudaine d un acces de monomanie instantanee. Tout ce qu elle accorde en faveur de ceux que les transports de la vengeance, de la haine, de la jalousie, de la colere, de la douleur, du desespoir, poussent au crime, c est 1 a- moindrissement de la culpabilite et 1 abaissement de la peine.

De la sequestration des alienes. -- Cesujet, qui a ete loriguement eludie tu ja sous le rapport administrate et therapeutique, dans le paragraphe precedent, ne doit nous occuper ici qu au point de vue plus etroit de ses applications medico- legales.

L aliene malfaisant, que I infivmite de son esprit ou le bouleversement de sa raison soustraient a la vengeance des lois, n est pas seulement un malheureux qu il faut plaindre et un malade qu il faut soigner ; c est aussi nn etre dangereux et nui- sible qu il importe, pendant tout le temps que dure son delire, de reduirea 1 im- pnissance de commettre de nouveaux attentats. L interet de sa sante, aussi bien que 1 ordre public et la securite sociale exigent done qu il soit place dans un eta- blissement special on il piusse etre a la fois 1 objet d une surveillance active et de soins eclaires. Tel est le double but de la sequestration. Cette mesure ne saurait en aucun cas revetir les caracteres d une peine. L asile, son nomle ditassez, n est pas une prison ; c est un lieu d isolement et de repos, ou le fou trouveles conditions les plus favorables a sa guerison, les sympathies et les egards dus a son infortune. Et c est afin d oter a la sequestration jusqu aux apparences d une condamnation et d un chatiment, que la loi n a pas voulu 1 abandonner a la discretion des tribunaux; elle en a fait une mesure purement administrative. Aussi, quelque grandes que. soient I etendue du delit ou la gravite de 1 attentat commis par un insense, le mi- nistere public n a pas le droit d ordonner ni de poursuivre son placement dans un asile. Tout ce qn il pent faire, c est de signaler 1 agent a 1 autorite competente et d appeler 1 attention de celle-ci sur les inconvenients ou les perils qui pourraient resulter encore desa divagation. Alors, en vertu de 1 article 18 de la loi de juin -1858, 1 administration, s il y a lieu, prescrit d office la sequestration de 1 aliene dans un etablissement hospitalier. Dans aucun cas, ajoute la loi, les alienes ne pourront ni etre conduits avec les condamnes ou les prevenus, ni deposes dans une prison.

II n est pas necessaire que I imminence du danger et 1 urgence de la sequestra tion soient etablies par des poursuites judiciaires ou par les debats d un proces. La loi, par une sage prevoyance, et afin d eviter d horribles catastiophes ou de con jurer des malheurs souvent irreparables, contere a 1 autorite administrative le pouvoir d ordonner preventivement le placement d office, dans une maisond alienes, de tout individu dont 1 etat d alienation compromettrait 1 ordre public ou la surete des personnes. Mais pourtant, quelque notoire que puisse etre la iblie, el qnelque opportune que soit la sequestration, le legislateur a voulu, pour prevenir toute surprise et tout abus, que la decision adminislrative fut justifiee par une attestation medicale et soumise au controle de 1 autorite judiciaire. Autrefois la sequestration d oifice devait etre precedee d un jugement d interdiction. Aujour- d bui, sous le regime de la loi de 1858, cette fonnalite prealable n est plus neces-


ALIENES




saire. Lanotoriete publique, un certificat du medecin, et un ordre du prefet sui- fisent pour operer le placement. Les magistrals sont charges de visiter regulierement les asiles publics et prives, afin de recevoir les reclamations cles personnes qui y sont placess, et prendre a leur egard tons les renseignements propres a faire con- naitre leur position. Dans le premier mois dechaquesemestre, un rapport redige par le medecin de 1 etablissement sur 1 etat de chaque malade, sur la nature de son alienation et les resultats du traitement, est envoye au prefet. Enfin, tous ies alienes sont autorises a adresser des requetes a 1 autorite, ou a se pouryoir devant les tribunaux centre la mesure dont ils sont 1 objet. Tandis que les inoffensifs, places volontairement dans les asiles, peuvent en sortir sur la demande de leurs parents, de leurs tuteurs, paribis memede leurs amis, les alienes dangereux et vio- lents, sequestres d office, ne doivent etre rendus a la liberte que sur un ordre ad- ministratif, ou sur un arret judiciaire, apres une enquete medicale attestant leur complete guerison.

Des medecins profbndement verses dans la connaissance de la folie ont propose 1 erection d un asile central, ou 1 institution, dans chaque asile ordinaire, d une section speeiale pour les diverses categories de fous que la nature malfaisante ou dangereuse de leurs actes amene si souvent devant la justice. Des etablissements de ce genre existent depuis longtemps en Angleterre, et on n y rcnferme que les alie nes improprement appeles delinquants ou criminels. II y a un depot analogue a 1 hospice de Bicetre, qu on nomme le quartier de surcte, mais qu il laudrait bien se garder de prendre pour modele; son organisation est tellement vicieuse, son installation repond si mal aux exigences de la science et aux principes de philan thropic qui prevalent aujourd hui dans toutes nos institutions de bienfaisance, que les medecins et I administration attenuent journellement, dans 1 application, la rigueur de ce regime exceptionnel, et font passer la plupart des malheureux qui y sont soumis dans des quartiers moins severes. Bcaucoup d alienistes d un savoir et d une experience consommes reprouvent ce systeme, qui ne serait, a leurs yeux, qu un mode de reclusion penale plus ou moins deguist!, et, par consequent, la ne gation des progres accomplis, I abandon du droit des alienes, une atteinte al ffiu- vre genereuse de Pineletd Esquirol, un renoncement au terrain si laborieusement conquis en medecine legale par les perseverants efforts de Fodere, de Georget, de Marc et de Ferrus, un retour indirect vers les barbares institutions du passe, un dementi aux tendances philantbropiques de notre epoque, et meme, qui pis est, une derogation flagrante aux dispositions si equitables et si bienveillantes de la loi. Cette detention mixte, moitie correctionnelle, moitie hospitaliere, destinee, en Angleterre, aux criminal lunatics, est le produit ou, si on le prefere, le corollaire oblige d une theorie medico-legale fort contestable, celle de la responsabilite par- tielle des alienes, dont il sera parle sommairement un peu plus bas. Mais jusqu a present theorie et systeme qui en decoule ne paraissent devoir reunir en France ni les suffrages unanimes des alienistes, ni les preferences de I administration.

La sequestration entraine pour les alienes a peu pres les memes effets legaux que 1 interdiction. Aux termes de Tarticle 39 de la loi de \ 858, les actes faits par une personne placee dans une maison d alienes, pendant le temps qu elle y aura etc relenue, sans que son interdiction ait ete prononcee ni provoquee, pourront etre attaques pour cause de demence.

Nous n avons pas a defendre ici la loi de 1838 contre les attaques passionnees et les critiques ardentes dont elle a ete recemment 1 objet. Ses adversaires lui ont durcmcnt reproche de ne pas prendre suffisamment souci de la dignite humaine


138 ALIENES (MEDECINE I.ECALE).

ni de la liberte individuelle, et d ouvrir largement la porte aux abus les plus con- damnables. Que les formalites requises pour 1 enlree et la sortie des malades, que les certificats et les bulletins medicaux, les visiles des magistrals, la surveillance de 1 aulorile, le controle des tribunaux, le droil de reclamation et de requete, la faculte d intervenir octroyee aux families, que loutes ces precautions constituent, oui ou non, des garanties suffisantes et efficaces centre 1 arbitraire, c est une affaire depreciation sur laquelle les avis peuvent etre partages ; mais lorsque a toutes ces mesures tutelaires vient s ajouter encore la menace del emprisonnement et de 1 amende centre les fauteurs ou les complices d une sequestration immeritee (art 41), peul-on dire, sans quelque exageration, que le legislateur ait manque de prevoyance et de sagesse ?

La presse politique s est dechainee principalemenl sur les placemenls d office el les sequeslrations preventives. Et c est precisemenl dans celte disposition que se manifeste au plus haul degre la vigilante sollicitude de la loi pour les inlerels in- dividuels el sociaux donl eile est la gardienne. Si les journaux eiaienl plus atlen- tifs a ce qu ils ecrivenl, ils auraient Irouve dans leurs propres colonnes, soil aux laits divers, soil aux comptes rendus judiciaires, la plus eclatanle refutation des doctrines ultraphilanthropiques pompeusement etalees sur la premiere page. II ne se passe guere de semaine en effet, sans que le lecteur ne soil attriste par le recit d un drame sanglant ou d un horrible attentat, meurtre, suicide, incendieou viol, commis dans un acces de delire, par un individu qui donnait depuis quel que temps des signes de derangement d esprit, selon le style consacre. Groit-on de bonne foi que 1 isolement premature de ces fous malfaisants n eut pas ete une mesure prudente et salulaire, eminemmenl propre a empecher de pareilles calastrophes ? C esl ce qu a forl bien demontre M. le docteur Rousselin, dans un excellenl memoire concernanl Tulilite de la sequestration au debut des maladies menlales. Sur quatre-vingt-dix exemples cites dans ce Iravail et emprunles a des- sein aux feuilles periodiques, quaranle-huil fois, c est-a-dire danspres de la moitie des cas, les accidenls avaienl eu lieu, soit a 1 origine, soil a une epoque tres-rap- procheede 1 invasion de la folie. De tels fails n ont pas besoin de commentaires, et suffisenl a delendre la loi contre des agressions aveugles et des oppositions intem- pestives.

LEGISLATIONS ETRANGERES. Code prussien. Celui qui n a pas la faculte d agir librement n est pas engage par les lois. - - Lorsqu une action a ete commise par quelqu un sain d esprit, celui-ci est responsable des suites immediates de son action el de ses suites mediates, autanl qu il a pu les prevoir. Ceux qui sonl prives complelemenl de 1 usage de leur raison sonl nornmes en sens legal : furioux ou demenls. Ceux qui sonl prives de la faculle de reflechir sur les con sequences de leurs actions sont nommes en sens legal : imbeciles. Quant aux droits dependant de 1 age, les furieux et les dements sont regardes ccmme des en- fants au-dessous de sept ans accomplis, les imbeciles comme des mineurs ages de moins de qualorze ans. Les furieux ou dements, qui ne sont pas sous la surveil lance d un pere ou d un mari, doivenl etre places sous lutelle. Les furieux ou dements, ou imbeciles, doivent etre mis sous une surveillance continuelle, afin qu ils ne puissent faire aucun dommage ni a eux-memes, nia autrui. -- L etat de demence du futur epoux peut e"tre invoque couime obstacle au manage devant les tribunaux. - - Tout individu mis sous tutelle a cause defureur, demence ou imbe- cillite, est incapable de contractor par testament pendant la duree de la tulelle. - Les personnes qui sont atteintes d une maladie mentale a certains intervalles de-


AL1ENES (MEDECINE LEGALE). 139

vront etre mises sous tutelle ; mais elles pourroat disposer par testament dans les intervalles lucides. -- Lorsqu il est avere que le testateur souH rait, a certains in- tervalles, d une maladie mentale, le juge devra rechercher si le Lestateur etait sain d esprit au moment on il a teste. -- La tutelle imposee aux furieux, dements, im beciles, doit etre levee, s ils parviennent a recouvrer 1 usage complet de leur esprit.

II n ya ni crime ni delit lorsquele prevenu etait en etat de demence, imbecillite ou fureur au temps de 1 action, ou lorsqu il a ete contraint par une force ou par des menaces auxquelles il n a pu resister.

Les personnes qui, soil par frayeur, soit par colere, soit par I influence d une autre passion violente, sont mises dans un etat ou ellcs n ont plus le libre usage de leur raison, seront regardees comme en etat de demence.

Pour constater qu un individu est furieux, dement ou imbecile, il faut une ex ploration medicale, faite par des experts en presence d un juge. En matierc cri- minelle, le juge doit sans cesse avoir egard a 1 etat de 1 espril d un prevenu, et regarder specialement si le criminel a agi avec pleine conscience. S il trouve les indices d une alienation ou d une faiblesse d esprit, il doit avoir soin d explorer avec 1 assistance d un expert 1 etat mental du prevenu. Ce sera la mission de 1 ex- pert de donner son avis sur la cause du derangement mental et sur son origine probable. En matiere civile, le juge ordonnera une exploration de 1 etat dc la personne dont 1 interdiction est demandee ; cette exploration devra etre fuite par deux experts, designes, 1 un par le curateur, 1 autre par les parents. Si les deux experts ne sont pas d accord, le juge choisira un troisieme expert et fera repeter 1 exploration, ou bien il demandera a chaque expert un rapport ecrit et motive, et il recourra a 1 intervention des deux jundictions medico-legales superieures : le college medical et la deputation scientifique, charges de juger en dernier ressort.

Une ordonnance ministerielle du 14 novembre 1841 indique les regies a suivre par les medecins legistes dans leurs explorations et leurs rapports sur les cas dou- teux d alienation mentale. (Extrait du Traite de medecine legale de Casper.)

La legislation autrichienne presente la plus grande conformite avec les pres criptions du code prussien. - - Elle accorde aussi une part importante a 1 expertise medico-legale.

Legislation suedoise et norvegienne. Quiconque par insanite d esprit, par prodigalite ou autre raison, est juge incapable d administrer ses biens et de prendre soin de ses interets, sera mis en curatelle. Celui qui n est pas sain d es prit ne peut pas remplir les fonctions de curateur. - - II est deiendu de faire ou d accepter des conventions ou contra ts de vente, d achat et do partage avec un mineur, unevierge ou un aliene. Toute transaction de cette nature est nulle de plein droit. - - L alienation mentale constitue un cas de divorce, mais a la condi tion expresse qu il sera etabli par des temoignages positifs que la Iblie a persiste sans interruption pendant trois annees entieres, et qu il sera certifie par un me- decin competent qu il n existe pas d esperance possible de guerison. Le tribunal devra rechercher en outre avec le soin le plus scrupuleux si la folie de 1 un des epoux n aurait pas ete causee, provoquee ou aggravee par la faute de 1 autre epoux, auquel cas il n y aurait pas lieu de prononcer le divorce. - - Le testament d un individu presume aliene n est valable qu autant que deux temoins peuvent alfir- mer que le testateur etait sain d esprit et jouissait de la plenitude de sa volonte au moment de la redaction de 1 acte. Le temoignage d un aliene n est pas admis en justice.


140 ALlfiNfiS (M&DECINE LOCALE).

Lauteur d un delit ou d un crime doit etre acquitte, s il etait ou s il est pre sume s etre trouve en etat de folie au temps de 1 action . -- Les personnes cbargees de garder ou de surveiller un aliene sont civilement responsables des dommages causes par ce dernier.

La loi suedoise present aux tribunaux de recourir a 1 assistance d un medecin competent, quand il est necessaire d apprecier 1 etat mental d un individu. Le rap port de 1 expert et tous les documents de 1 instruction sont soumis a 1 examen du college sanitaire royal, et les juges ne statuent que sur son avis. Si 1 inculpe est reconnu aliene, 1 autorite doit prendre a son egard les mesures que reclamentsa propre surete et la securite publique, conformement a la loi du 5 mars 1858. (Nous devons ces renseignements a 1 obligeance de M. le docteur Salomon, mede- cin-directeur de 1 asiie public de Malmo) .

Les legislations A ltalie, ifEspagne, de Belgique, de Wurtemberg, de West- phalie, de Saxe, de Hollande,de Baviere, de la Prusse Rhenane, et de la plu- part de pays naguere soumis par Napoleon a la domination francaise, sont calquees sur notre Code civil, et en reproduisent sensiblement les principes et les disposi tions en ce qui concerne les alienes.

Le Code badois renferme une clause qui merite d etre mentionnee, et par la- quelle les medecins sont tenus de faire leur declaration devant 1 administration sur 1 etat des personnes qu ils croient devoir etre interdites.

Le Code russe, promulgue par 1 empereur Nicolas, ne differe pas essentielle- ment du Code francais pour la question qui nous occupe.

L Angleterre ne possede point de code, et 1 unite legislative n existe pas encore dans ce grand pays. Les statuts qui regissent la matiere sont extremement nom- breux, et appartiennent a des epoques tres-differentes. On sait aussi que dans le Royaume-Uni une loi nouvelle n abrogc pas les lois anciennes ; et celles-ci conser- vant toute leur vigueur, il en resulte une sorte de legislation exuberante. variant suivant les temps, les contrees, les villes, les tribunaux, produisant des juridictions tres-cli verses, une jurisprudence vague et contuse, et donnant lieu a des jugements contradictoires et a d interminables proces.

Les lois anglaises s accordent a distinguer deux classes d alienes : les idiots etles fous, lunatics. Le jurisconsulte Blackslone definit 1 idiotisme une alienation men tale naturelle, ou venant de naissance, causee par un vice primitif d organisa- tion ; la folie est 1 etat d un hommequi a perdu accidentellement 1 usage de la raison par suite d une maladic, d une commotion morale, ou de toute autre cause capable de jeler le trouble dansl esprit.

Leprincipedel interdiction existedans les statuts d Angleterre, mais onn y trouve aucun mot special qui reponde a ce terme de la loi francaise. Le souverain est le protecteur et le tuteur ne, guardian tutor, des idiots et des fous ; leurs biens sont places sous sa sauvegarde. Cette prerogative de 1 autorite royale a etc deleguee an lord chancelier, qui est pour ainsi dire le bras droit de la couronne en An- gleterre. Cependant le lord chancelier pent a son tour se decharger de 1 admi- nistration des biens d un aliene sur un curateur cboisi parmi les parents , les allies ou les amis de 1 interdit. Les poursuites en interdiction ne sont pas receva- bles contreles prodigues, a moins qu il ne soil formellement prouve que leur pro- digalite vient d une veritable insanite d esprit unsoudness of mind, auquelcas ils rentrent dans la categoric des lunatics. Les actes des idiots sont mils de plein droit. Ceux des lunatics sont valables, s il est demon Ire qu ils ont ete faits dans un inter valle lucide.


ALIENES (MDECINE LEGALE). 141

En matiere criminelle, la jurisprudence anglaise parait encore un peu trop em- preinte des doctrines de lord Hale, qui repousse 1 irresponsabilite dans les cas de folie partielle, et ne reserve Vimpunite que pour les individus completement prives de raison et de memoire. Les ibus criminels criminal lunatics, comme les appelle la loi, sont 1 objet de mesures speciales, sequestres duns des lieux purticu- lierement consacres a cet usage.

La plus grande latitude est laissee aux juges pour 1 appreciation des cas de folie. Les magistrals s en referent le plus souvent au temoignage d experts choisis parmi les medecins les plus competents, et confient habituellement les soins del enquete a la commission pour 1 alienation mentale, Commission of lunacy .

La legislation des Etats-Unis offre la plus grande analogic avec la legislation anglaise.

En Suisse chaque canton a une legislation differente, et il n existe nulk part un code special pour les alienes. Les prescriptions legales dans tous les cantons representent toutes les phases de cette matiere, depuis les errements du moyen age jusqu aux idees les plus modernes. (Communication de M. le docteur Grie- singer.)

Si maintenant on jette un coup d ceil comparatif sur les legislations diverses applicables a 1 alienation mentale, il est facile de constater qu elles sont aniimrs du meme esprit, qu elles reposeut sur les memcs bases, et que toutes, avec des nuances a peine sensibles, s accordent a proclamer 1 incapacite civile et 1 irrespon- sabilite penale des gens atteints et convaincus de folie. Si, poussant plus avant le parallele, on cherche a etablir entre les codes des nations civilisees une sorte de superiorite fondee sur la sagesse, la prevoyance et la precision des dispositions le gales, on n hesitera pas a reconnaitrc quo ces qualites precieuses se trouvent reu- nies au plus degre dans le Code prussien, plus clair ct plus complet dans 1 espece que le Code francos, plus categorique en ce qui concerne les intervalles lucides, et surtont beaucoup plus explicite et beaucoup plus scrupuleux pour la recherche et la constatation dela folie, genre d enquetequ il n abandonne pas a la discretion et a 1 arbitraire des magistrats, mais qu il commet expressement a des medecins speciaux. Enfin la loi prussienne entoure 1 expertise degaranties plus serieuses, en y faisant cooperer plusieurs medecins, et en la soumettant au controle supreme d une commission medicale superieure. La vie et la liberte humaines valenl bien que la justice prenne de telles precautions.

DE LA. COMPETENCE MEDICALE DANS LES QUESTIONS JDDICIAIRES RELATIVES A LA

FOLIE On a vu precedemment que la competence des medecins, touchant la recberche et la constatation legale de la folie, avail etc proclamee en principe par les anciens jurisconsultes, admise en droit par les ordonnances royales, les arrets des parle- ments et les decisions canoniques, reconnueet consacree en fait par les procedures et les tribunaux de toute juridiction. Plus tard, cette sorte de privilege scientilique futvivement dispute aux medecins. Kantle revendiqua en faveur des psychologues de profession, et demanda formellement que 1 examen de 1 etat intellectuel et moral des gens prevenus de deoaence appartint aux ecoles de philosophic . Un de ses sa vants compatriotes, Metzger, combattit avec succes ces pretentious exorbitantes, et reussit a demontrer qu une pareille appreciation etait uniquement du ressort de la medecine. Hoftbauer, profond philosophe autant que juriscoasulte eminent, par- tagea 1 opinion de Metzger, et, dans un ouvrage que les hommes speciaux consul- tent encore aujourd hui avec fruit, il affirma hautement la legitimite des droits medicaux sur cet objet. De nos jours, un medecin, M. Urbain Coste, et un avocat,


ALlfiN^S (MEDECINE LEGALE).

M. Elias Regnault, ontrepris, en I amplifiant, la these de Kant. Ces auteurs, dans des ecrits retentissants, ont reclame non-seulement pour les philosophes, mais encore pour tout le monde, 1 aptitude a reconnaitre et a constater juridiquement la folie. Si laloi, dit M. Coste, veutque les medecins soient consulted sur lafolie, c est sans doute par respect pour 1 usage ; et rien ne serait plus gratuit que la presomption de la capacite speciale des medecins en pareille matiere. De bonne foi, il n est aucun homme d un jugement sainqui n y soit aussi competent quc M. Ptjiel et M. Esquirol, et qui n ait encore sur eux 1 avantage d etre etranger a toute prevention scientifique. Et M. Elias Regnault, fort de cet appui, declare que les medecins n ont que des idees obscures, des notions incertaines sur la folie ; et que, pour etre au niveau des connaissances actuelles de cette branche de la science liumaine, il suffit du simple bon sens...; done, ajoute-t-il en con- cluant, les medecins ne sorit pas plus competents que les premiers venuspour juger les questions qui y sont relatives. Ehquoi ! les caracteres de lafolie sont parlbis si equivoques, les nuances qui la separent dela raison peuvent etre tellement variees, indccises et confuses, qu elles echappent meme aux yeux des psychologues les plus proi onds, des observateurs les plus clairvoyants, des praticiens les plus attentifs, et vous voudriez que le premier venu, un ignorant, un rustre, n eprouvat aucun embarras a les discerner? Mais vous -meme, qui avez, dites-vous, medile les ecrits des medecins sur la folie, vous vous faites sur cette maladie les idees les plus defectueuses qu on puisse imaginer ; vous partagez les erreurs et les prejuges du vulgaire sur sa nature et sur ses formes ; vous n admettez pas d alienation mentale en deliors de la demence ou de la fureur, c est-a-dire en dehors de ses limites extremes, privation complete ou desordre absolu de la raison, sans egardpour les varietes intermediaires ; vous rattachez exclusivement la folie a un trouble dyna- nnque et primitif de 1 intelligence, tandis qu elle provient si souvent d une lesion materielle et appreciable del organisme! Et c est sur cette theorie essentiellement irivole et radicalement fausse que vous pretendez edifier un nouveau systeme de jurisprudence ?

Les allures evidemment paradoxales de cette doctrine auraient suffi pour la con- damner, si elle n eut etc soutenue avec moins de talent, et si elle n eut eu Tin- signe honneur de rallier a elle, du moins momentanement, beaucoup de membres distingues de la magistrature etdu barreau. Georget,enleve par une mort prema- turee, n etaitplus la pour defendre son oeuvre ; mais d autres alienistes se cliar- gerent de ce soin, notamment Leuret et Hipp. Royer-Collard. La cause des alienes sortit encore une fois victorieuse de la lutte. G est a la science, declarent formel- /ement MM. Helie et Cbauveau, que la justice doit demander des lumieres pour ne pas egarer ses decisions ; et ailleurs : Les visiles, les interrogatoires, les rapports des gens de lart, sont les plus surs moyens d apprecier la veritable situation morale dc 1 inculpe. Toutefois la veritedeces priacipes n apas tellement prevalu qu il ne se rencontre de temps en temps, au Palais et dans le public, des esprits recalcitrants ou prevenus a 1 egard de lacapacite speciale des medecins en matiere de folie. De la encore des reserves, des restrictions, des defiances meme de la part de quelques magistrals ; de la des divergences d idees, des conflits d opinion, des appreciations contradictoires entre les juges et les experts. Et cepen- daut, si la loi et la jurisprudence admettent (ce qui n est pas douteux) que la folie cst une maladie et le fou un malade, qui pourra presenter plus de garanties d aptitude et de discernement que le medecin? Pourquoi ne pas s en referer plev nement a lui? Pourquoi ne pas accepter franchement et dans tous les cas son to-


ALIENES (MEDECINB LECALE). 14Z

moignage? On fait appel a ses lumieres dans des circonstances bienmoins difficiles

et bien moiiis obscures que celles ou s agite la question de demence. Un assassinat

vient d etre decouvert ; la justice a mis la main sur lecoupable; lespreuves sontma-

nifestes et les temoignages accablants ; il y a la une plaie beante, un couteau ensan-

glante ; le corps du delit est sous les yeux du jury dans toute son effroyable realite ;

et, malgre cette evidence qui frappe tous les regards, un homme de Tartest requis

pour decider sur la cause de lamort, sur la nature et 1 origine de la lesion tr;iuma-

tique, afm de corroborer par le controle de la science les allegations de 1 arcusation :

tant la justice est soucieuse de ne pas laisser planer 1 ombre d un doute ou d un

soupcon sur 1 opportunite, on pourrait dire 1 infaillibilite de ses arrets ! Pourquoi

done montrerait-elle moins de scrupules lorsqu il s agit dejugerles fails autrement

delicats, compliques et embarrassants, ou la folie est en question? Sans doule,

quand le desordre de 1 esprit ou 1 abaissement des facultes intellectuelles se mani-

festent par la fureur la plus extravagante, le delire le plus incoherent ou la de-

cheance la plus profonde, il n est pas besoin de lumieres speciales pour reconnaitre

1 alienation mentale. Mais dans les cas non moins communs ou elle ne se revele

point par des signes eclatants, ou elle ne se trahit que par des indices legers et meme

equivoques, ne faut-il pas un ceil plus exerceque celui d un jure ou d un magistral

pour decouvrir les traces de 1 infirmite morale, et pour les apprecier sainemcut?

D ailleurs, en face d un adroit et ruse scelerat, qui simule a s y mepvendre la

violence de la manie, la stupeur melancolique, les terreurs d un hallucine ou 1 ineptie

de 1 imbecillile, quel est rhomme de bon sens, de quelque perspicucile qu il soit

doue, qui oserait se flatter de demasquer la fraude et de dejouer 1 imposture ?

CeiiK qui contesteut la competence des medecins dans ces graves matieres se sonl abrites derriere une erreur enorme qu il importe de ne pas laisser debotit. Us ont avance qu il n y avait, nf dans les causes ni dans les phenomenes de la folie, aucun element morbide de nature organique qui put justifier la oecessite d une intervention medicale. La classe si importante et si nombreuse des alienations sympathiques et symptomatiques proteste hautement coutre une assertion pareille. Un individu est accuse de vols ou de detournements considerables : sa naissance, son education, sa position sociale, son integrite hien connue , forment avec des actes sireprebensibles un contraste qui etonne les juges et le public. Cependant on ne de- couvre aucune modification saillante dans son caractere, ni aucun trouble sensible dans la tournure de ses idees, si ce n est peut-etre un certain degre insolite de jactance et d ambition. Mais ya-t-il la un motif suffisant pour admettre 1 exception de la folie? Les juges hesitent ou penchent pour la negative. On interroge le me- decin; et lui, qui a porte une investigation scrupuleuse sur le prevenu, qui a remarque la dilatation inegale des pupilles, les fremissements spasmodiques, les tressaillements vermiculaires des muscles de la face, 1 hesitation de la parole, 1 embarras encore tres-leger de la prononciation, le tremblement a peine appre ciable des doigts, lui, declare formellement que 1 inculpe est atteint d une des formes les plus fatales et les plus graves de 1 alienation mentale, d un commence ment de folie paralytique.

Une autre fois, c est un homme qui a commis un assassinat dans un acces de fureur soudaine. Nul signe evident de folie, ni avant ni apres le crime. L excuse de la demence, invoqueepar le defenseur, est vivement contestee par 1 accusation- elle reste douteuse pour le jury. Un expert est appele. tl examine attentivement 1 inculpe, et il apercoit sur ses mains et sur ses avant-bras une modification carac- teristique de la peau et des laches erythemateuses d une nuance particuliere ; il


Ill ALIENES (MEDECISE LF.GALE).

reconnait la pellagre ; il pent presumer alors qu on a affaire a un aliene, probable- ment pousse au meurtre dans un paroxysme de folie pellagreu-e.

Dans une autre circonstance, il s agil d un homicide commis an milieu de la nmt, dans les tenebres. L accuse porte sur la tele des contusions et des blessures, que les magistrals regardent comme des preuves de conviction, comme les traces non equivoques d une lutte avec la victime. Le medecin pous>e plus loin ses inves tigations; il decouvre sur le crane ou sur la face des cicatrices nombreuses, de dates di verses, mais occupant toutes la merne region ; il regarde la langue, elle e.-t >ui<si couturee de cicatrices, et merae elle porte 1 empreinte d une moisure recente ; il en conclut que le meurtrier est un epileptique, sujet a des attaques noct irnes meconnues, et que, dans un de ces acces de I renesie assez frequents qui precedent ou qui suivent les crises, il a frappe, d une maniere involontaire et comme automatique, la personne placee a la portee de ses coups.

A ces exemples nous pourrions facilement en ajouter d autres, et emprunter aux annales judiciaires des attentats ou desdelits impu tables a des troubles intel lectuals snrvenus sous 1 influence, soit d une nevrose (choree, hysterie, somnara- bulisme, etc.) ; soit d une fonction accidentelle de 1 economie (grossesse, allaite- ment) ; soit du derangement ou de la suppression d une evacuation periodique (menstruation, heruorrhoides, epistaxis, etc.).

Hi 1 , ces relations etroites entre la modification organique et la perturbation mentale, ces affinites intimes entre la cause materielle et 1 elYet dynamique, est-ce un magistral, est-ce un jure qui pourra les deceler surement, en apprecier la valeur, en mesurer la portee, en deduire toutes les consequences medico-legales ? Non, certainement.

On est done force, de quelque cote qu on 1 envisage, de resoudre, dans 1 espece, la question de competence en t aveur des medecins.

Xous allons meme plus loin, et nous pretendons que Sous les medecins iadis- tinctement ne sont pas aptes a remplir la mission d experts dans ces sortes d af faires. Pour bien connaitre une maladie, sa marche, ses symptomes, ses caracteres propres et ses signes differentiels, il est indispensable de 1 avoir longuement etudiee, non pas dans les livres, mais sur le malade. Quel degre de confiance me- riterait un soi-disant praticien qui n aurait appris la medecine et la chirurgie que d une maniere theorique? Quelle lumiere pourrait-il jeter sur un probleme obscur de medecine legate? Les maladies mentales, plus encore que les maladies soma- tiqnes, rt-clament une application et des connaissances speciales. Rien ici ne sau- rait remplacer 1 experieno 1 acquise par une saine observation. La folie est une affection essentiellement proteiiorme, aussi variable i ans ses manifestations que dans ses degres, aussi obscure dans ses engines que bizarre dans sou evolution. Les lenteurs de son incubation, la marche insidieuse de ses symptomes en rendent quelquetbis le diagnostic difficile meme aux yeux les plus exerces. Comment pre- tendre la connaitre quand on n en a pas fail 1 objet constant et privilegie de ses recherches et de ses meditations ? Comment disceruer la folie reelle de la lolie simulee ou de la folie faussement imputee? Comment prononcer une opinion pre cise sur le cas particulier soumis a votre examen, sur sa determination nosologique, sur son pronostic, sa duree, sa terminaison, ses chances de curabilite, si janiais vous n avez ete temoin de fails analogues ? Pour bien connaitre les fous, et pour estimer la valeur legale de leurs actes, il faut avoir vecu au milieu d eux ; il faut avoir obsen-e longtemps et minulieusement etudie leurs moeurs, leuvs habitudes, leurs allures, leurs traits , leur physionomie , leurs tendances et leurs caprices ,


ALIENES (MEDECINE LEGALE).

leurs idces et leurs fantaisies, leurs sentiments et leurs instincts, lenrs ecrits et leur langage, non-seulement dans une des periodes de la maladie, mais encore dans toutes les phases de son evolution.

L expert que la justice appelle pour donner la preuve de la folie ne doit pas oublier qu il tient entre ses mains les interets et 1 honneur d une famille, les droits les plus sacres d un citoyen, la fortune, la liberte, souvent meme la vie d un de ses semblables. Quel est le medecin quioserait accepter un mandat aussi redoutable, si sa conscience lui reprochait de n en etre pas entierement digue !

Un eminent medecin legiste, Mittermayer, n hesite point a declarer qu un grand nombre d alienes sont tombes iniquement sous le coup de la loi par 1 insuffisance ou 1 incapacite des experts. 11 cite un proces reccmment plaide en Prusse, et a propos duquel les medecins sont restes pendant onze ans divises sur la question de savoir si un accuse simulaitou nonla demence, ou si, au moment de son crime, il etait atteint d alienation mentale. La comparaison des vingt rapports fournis dans cette affaire, ajoute le savant professeur de Heidelberg, demontre clairement que la plupart des experts ont donne leur avis dans une ignorance inconcevable des signes de 1 alienation. Une autre affaire qui a eu, dans ces dernieres annees, un immense retentissement en Espagne, 1 affaire Sagrera, prouve d une maniere plus saisissante encore quelles peuvent etre les funestes consequences de 1 incapacite des experts dans les enquetes medico-legales relatives a la folie.

Du ROLE DU MEDECIN ALIENISTS DEVANT LES TRIBUNAUX. LorsqUC, dans Un prOCBS

criminel ou civil, se debat la question de demence, les hommes de 1 art sont generalement appeles, soil par les juges, soit par les parties, tantot pour etablir, tantot pour repousser la presomption ou 1 allegation de folie. Si le medecin agit en vertu d une delegation de 1 autorite judiciaire, il prend proprement le litre d expert; si la delegation, au lieu d emaner de la justice, est amiable etdu fait des parties, le medecin n est que simple mandataire, non soumis aux dispositions du Code de procedure. Dans le premier cas, le resultat ecrit de ses investigations se nommc un rapport; dans le second cas, une consultation. Quoi qu il en soit, et bien que procedant d une origine differente, au fond sa mission est la meme ; elle tend au meme but, elle lui impose les memes devoirs. Aussi, et sous la reserve de cette explication, confondrons-nous, pour plus de simplicite, les deux attribu tions sous les denominations communement adoptees ft expertise et d expert.

Que ce soit done a 1 accusation ou a la defense, au demandeur ou au deTendeur, que le medecin alieniste doive preter son concours, il importe avant tout qu il se penetre bien du caractere et de 1 etendue de son mandat, afin de ne pas en alterer la signification et d eviter avec le merne soin ces deux alternatives ega- lement facheuses : ou de rester trop humblement au-dessous de sa tache ou d en franchir temerairement les bornes.

Or, qu est-ce qu une expertise, et qu est un expert aux yeux de la loi et dans le sens de la jurisprudence?

L expertise est une voie d instruction ; son but est d eclairer les juges dans les cas difficiles, douteux ou obscurs, et de suppleer aux connaissances speciales qui leur manquent pour resoudre une question et pour porter un jugement decisif.

L expert est 1 homme de 1 art charge de fournir ces elements d appreciation.

En Prusse, et dans quelques autres pays encore, la loi fait un devoir aux tribu- naux de s aider de 1 assistance d un medecin legiste pour constater 1 etat mental d unindividu. En France, il est facultatif aux magistrals d ordonner une expertise, soit d office, soit sur la dcmande des parties ; ils sont les appreciateurs souverains

DIG. GNR, III.


146 ALIENES (MEHECIWE

de I opportunitedecctte mesure. L obligalion de recourir al expertise n cst imposes aux tribiinaux que dans quelques matieres speciales, designees par la loi, et au nombve desquelles on regrettc de nepas voir figurer, comme en Prusse, 1 alienation mentale.

I/expertise suppose necessairementde la part du juge une ou plusieurs questions precises adiessees a 1 homme de 1 art; et de la part de celui-ci uue reponse, un avis personnel et motive.

Voila done le role d expert dans toute sa simplicite, et nettement defini. L expert cst moins qu un arbitrc, il est plus qu un temoin ; il differe du premier en ce que sa decision n a rien d imperatif , et du second par 1 etendue, Fimpontance et le caractere scientillque de son temoignage. Dans aucun cas, le medecin expert ne doit sorlir du cercle de ses attributions pour usurper le role d avocat, encore moins celui de juge. 11 ne saurait pretendre a interpreter ou a appliquer la loi; c estla prerogative des magistrals, et il Icur estinterdit deTabdiquer entreles mains dequique ce soil. Certains experts, notammcnt en matiere de fblie, comprenant mal leur mission, se laissexit aller a ces dangereux empietements. Emportes par un zele excessif, ils critiquent le Code ou le commentent a leur maniere; ils deve- loppent les genereuses theories d une jurisprudence personnelle, ct quelquefois meme vont rencherissant sur les exagerationspatbetiques de la defense. Ilfaut bien se garde r dc ces entrainements, surtout dans le sujet delicat qui nous occupe. L esprit de systemc on les vaines declamations sieent mal dans la boucbe d un homme qui doit parler exclusivement au nom de la science et de la verite. Son langage doit clre severe, froid, calme, depouille de tout, artifice, degage dc tout interet et de toute prevention. II ne doit tendre qu a unc fin : eclairer la con science des juges ct preparer les decisions impartiales de la cour.

Si cettc lachc est souvent rendue laborieuse et penible par les obscurites ou les complications du sujet, quelquefois aussi elle est simplifiee par les questions pre cises que posent les magistrals, soit au nom meme de la loi, soit en vertu de leur pouvoir discretionnaire.

En matiere criminelle, la premiere et generalement la seule question a laquelle 1 expert ait a repondre est celle-ci : L inculpe etait-il en etat de demence ou sain d esprit au moment ou il a accompli 1 acte qui lui est reproche?

En matiere civile : Le defendeur est-il ou etait-il (car il peut etre mort ou absent) dans un etat d imbecillite, de demence ou de fureur, qui puisse ou qui ait pu le rendre incapable des actes de la vie civile, et justifier centre lui soit une demande en interdiction, soit une instance en nullite de contrats, de donations, de testaments, etc. ?

Tout se reduit done essentiellement a une question de diagnostic.

DC DIAGNOSTIC DES MALADIES MENTALES AU POINT DE VUE MEDICO-LEGAL. NflUS

avons dcja dit qu il ne iaut pas se preoccuper des termes employes par la loi pour qualifier les desordres morbides de 1 intelligence ; que les mots demence, fureur et imbecillite n impliquent aucune restriction nosologique, mais qu ils embrassent dans leur comprehension juiidique les formes variables et nom- breuses de 1 alienation mentale. En general, tout ce qi^e reclame le juge, c est la preuve scientifique de la maladie. Quelque(ois cependant, et surtout dans les affaires civiles, 1 expert peut etre interroge sur 1 espece meme de la folie et sur son degre, sur son pronostic , sur sa duree probable et sur sa terminaison pos^ sible. On comprend en effet tout 1 inter^t qui s attache a la solution de ces diffe* rents sujets, quand il s agit de prononcer une interdiction ou d en oruonnti 1 1^


ALIENES (MEDECINE LEGALE). 141

mainlevee, d apprecier la valeur legale d un contrat ou do frapperun acte ile nul- lite. Mais de pareilles questions, tout en compliquant les recherches de 1 expert, n en modificnl ni la nature, ni le but; c est toujoursun probleme de diagnostic que les tribunaux proposent au medecin, et dout celui-ci doit Iburuir Ja demon stration aux yeux des juges.

Nous n avons pas a nous occuper ici des cas afferents a chaque varietc d aliena- tion mentale ; ces cas speciaux seront traites successivement et dans autant de paragraphes distincts. Nous devons nous borner, dans cet article, a des donnees purement synthetiques, a des indications generales sur les procedcs d investigation medico-legale applicables a la folie, sur certaines causes d erreur etsur les moyens de les prevenir ou de les eloigner.

Avant tout, il faut que 1 expert n oublie pas que, de 1 aveu de tous les mede- cins legistes, il n est point de matiere plus delicate et plus controversable que 1 appreciation de 1 etat mental d un individu : temoin ces interminables pioces auxquels donnent lieu les poursuites en interdiction ou en nullile pour cause de demence; temoin 1 aflaire Townley, qui a si vivement emu 1 opinion publique en Angleterre, et dans laquelle les hommes les plus eminents de la specialitc sont restes divises sur la situation intellectuelle du sombre meurtrier de miss Goodwin. Dans le proces de Rainer-Stockausen, .lacobi de Segbourg, un des medecins alir- nistes les plus experimentes de rAllemagne, avoua, apres un long examen, qu il n osait pas encore affirmer si le prevenu etait alteint d alienation mentale, ou s il ne laisait que la simuler. Ce ne fut que plus tard qu il reconnut la realite dc la folie.

Afin de remplir son mandat a la satisfaction de la justice, le medecin , dans ces graves circonstances, doit sefaireune loi denerien laisser a I impivvii, de, n aven- turer aucune resolution temeraire ou precipitee, de ne repliquer qu a bon escient aux interpellations du juge ou de 1 avocat, de se retrancber derriere unc prudentc reserve ou de demander un delai, plutot que de compromettrc son credit sciunli- fique et les interets qu d tienl, en main par des reponses irreflechies ou intcmpc>- tives. Creusez le sujet a fond, explorez-le sous toutes ses faces; ne negligez aucun moyen de recherche, et ne dcdaignez aucune voie d information.

Existe-il un criterium pour servir au diagnostic medico-legal de la folie? Dans les cas extremes, 1 insanite d esprit porte pour ainsi dire avec elle son propre signalement. Mais dans les cas mixtes, dans les faits limitrophes, ou la ligne de demarcation entre la raison et la folie est a peine sensible, les psychologues et avec eux un certain nombre de medecins out desespere de trouver une marque distinc tive, une signe diflerentiel a 1 abri de toute contestation. M. le docteur Michea, apres avoir longuement discute cette question et ecarte tour a tour les diverses solutions proposees avant lui, s est arrete a cette conclusion : que la suspension de la liberte morale, qui s exprime par la conviction de ne plus etre le maitre de vouloir ou d agir autrement qu on a voulu ou agi, est le seul caractere constant, le seul ele ment irreductible de la folie. Sans doute c est la un criterium precieux que le medecin legiste doit toujours s efforcer d atteindre. Mais souvent le libre arbitre est entoure d obscurites qui le rendent insaisissable, et sa recherche se complique parfois de difficultes insurmontables qui ne peimettent guere d en i aire, dans tous les cas, le but exclusif des investigations medico-legales concernant la folie. Aussi croyons-nous avec MM. Parchappe, Calmeil et Falret, qu il est plus simple, plus pratique et plus sur de placer sous les yeux de la justice le criterium de la ma- ladie, qui est le criterium meme de la loi.

Ainsi pose sur le terrain de la pathologic et de 1 observation medicule, le pro-


148 ALIENES ^HBDECINU LEGALE).

bleme medico-legal de la folic se simplifie, se degage de ses incertitudes metaphy- siques, et se reduit a deux termes correlates, solidaires et inseparables, sur lesquels doit porter egalement I examen de 1 expert : 1 etat morbide et le sujet, c est-a-dire le fait et son agent, I acte et son auteur.

1 RECHERCHES RELATIVES -\u FAIT ou A i/ACTE. L analyse morale du fait, la consi deration descirconstances qui 1 oat precede, accompagne et suivi, 1 etudedes motifs et des mobiles, peuvent assurement fournir des resultats utiles et jeter quelque lumiere sur sa nature, sa valeur ou son imputabilite. Aucriminel, les magistrals se livrcnt a cet egardaux investigations les plus minutieuses; ils recherchent soigneuse- mcnt si I acte incrimine a etc execute sans motif et sans interet, s il aeteinstantane ou prcmedite, si celui qui 1 a commis en a garde le souvenir, s il s en vante ou s il en -a honte, s il en eprouve de 1 indifference ou desremords, s il s est denonce lui- meme ou s il a clicrche a se soustraire aux poursuites de la justice. Casper accorde aussi une grande valeur aux circonstances concomitantes du fait pour le dia gnostic psychologique de 1 accuse. 11 veut que 1 expert examine si le crime est un acte isole dans la vie du prevenu, s il a ete commis avec ou sans motif, sous 1 in- lluence d un mobile puissant ou d un mobile frivole, d une maniere aveugle et brutale, ou suivant un certain plan et d apres une combinaison calculee, etc., etc. Sans doute, ces conditions diverses sont d un poids considerable aux yeux des magistrals, qui ont pour principe de juger I acte en lui-meme et dans ses details, ct de baser sur cette donnec la mesure et le degre des applications de la loi. Mais, a vrai dire, ce sont la des elements depreciation morale dont la solution releve cssentiellement de la raison commune et qui ne sauraient, au moins dans tous les cas, avoir une preponderance absolue aux yeux des medecins. En effet, si certains alienes, tels que les maniaques, les idiots et les dements agissent sans mo tif et sans premeditation, d autres, tels que la plupart des monomanes, agissent sous I influence de mobiles parfaitement determines, preparent et organisent leur mefait de longue main, avec une patience, une opiniatrete, une adresse, un esprit de suite, un talent dc combinaison, un luxe de precautions, de ruses ou decalculs, capable de derouter les gens les plus habiles et les plus clairvoyants. A cote de ce monomaniaque impassible et froid qui ne temoigne aucune surprise, aucune emo tion, a 1 aspect de sa victime, ne voyez-vous pas ce lypemane qui se desole, se la- mente et se livre au plus dechirant desespoir pour des crimes imaginaires?

Sauf certains cas ou la conception et 1 execution de I acte portent visiblement 1 cmpreinte de Talienation mentale, il ne faut accorder a cet element d expertise pris isolement qu une portee secondaire et pour ainsi dire accessoire ; il merite assurement d etre pris en consideration par le medecin legiste ; mais il doit, pour acquerir tout son relief et toute sa valeur medico-legale, ne pas etre envisage d une maniere abstraite et ne jamais etre separe de 1 agent. L etude trap exclusivement morale du fait ne pourrait qu egarer les recherches de 1 expert, lui fournir des notions insuffisantes et le conduire a des interpretations hasardeuses ou erronees. C est principalement a son 6tude pathologique et a la determination exacte de ses conditions morbides que le medecin legiste doit s attacher.

L appreciation du fait en lui-meme a souvent plus d importance dans les affaires civiles que dans les proces criminels, notamraent s il s agit de prononcer sur la valeur d un acte en 1 absence ou apres le deces de 1 agent. Dans ces occurrences dif- liciles serait-il toujours prudent de s en rapporter sans reserve aux assertions et aux renseignements des interests? Leur temoignage presente-t-il toutes les garantics de sincerite desirables? 11 importe done d examiner I acte clans sa teneuf


ALIENES (MEDECINE LEGATE).

el dans scs diverses clauses, dans son ensemble et dans ses details, de chercher enfin dans sa forme ou dans ses stipulations la prenve d une lesion intellectuelle chez celui qui en est 1 auteur. Des clauses immorales ou extravagantes, inspirees par des idecs fausses, par des conceptions delirantes oudes preventions immeritees ; des dispositions trop contraires au bon sens ou a la situation personnellc du tes- tateur ; des contradictions ou des lacunes, co incidant surtout avec une redaction ncorrecte et une ecriture mal assuree, constituent des signes serieux d alienation mentale. Ces preuves emprunteront encore un surcroit de force a 1 existencc de certains documents authentiques, tels que proces-verbaux d enquete, rapports, cer- tificats, consultations de medecins, etc.

2 RECHERCHES RELATIVES A L INDIVIDU. L homme malade, dans ses antecedents, dans ses dispositions d esprit au moment de 1 action et dans sa disposition mentale ultcrieure, tel doit etre, dit notre distingue collaborateur, M. Jules Falret, 1 objet principal de 1 investigalion du medecin.... Qu il se pose en observatcur devant i aliene!.... Qu il cherche a reconstituer, a 1 aide de son observation dirccte ct des documents qui lui sontfournis, 1 bistoire complete dc la maladie, et qu il tacbc de mettre le fait en litige a la place qui lui appartient dans cette histoire generalc!... Qu il envisage Ja totalite de 1 etat maladif, et qu il compare le cas actuel a lous les cas analogues deja observes anterieuremerit !... Alors il pent etrc assure de trouver de nombreux arguments pour porter la conviction dans IVsprit des ma gistrals, de ne voir jamais contcster sa competence, d etre inexpugnable dans le domaineou il s cst retranche, sur le terrain solidc de ses connaissances speciales.

Et pour que cette notion de la maladie et du malade soit entiere, 1 expcrt doit porter son investigation non-seulement sur les phenomenes psychologiques , mais encore sur 1 habitude exterieure et sur 1 ensemble de 1 organisme; non-seulement sur 1 etat actuel et sur les phenomenes presents, mais aussi sur la conduite passee du sujet, sur ses antecedents, sur ses actes anterieurs.

a. Etat somatique. Les signes corporels appreciates de 1 alienation menlale, dit Casper, ne peuvent etre que des aides pi ecurseurs dans le diagnostic , et ne peuvent avoir que le litre de pvobabilites ; car il n en est pas dont la presence entraine nccessairement 1 exislence de cette maladie. Ce sont la de sages paroles, mais dont il ne laudrait pas exagerer le sens, au point de meconnaitre la valeur relative des indications organiques dans 1 etude medico-legale des alienes. 11 importe done que 1 expert en tienne compte, parce que ces indices, combines entre eux oureunis u d autres phenomenes appartenant plus directement a la folie, peuvent former de precieux elements d apprecialion.

L age et le sexe exercent une influence trop manifeste sur le developpement des maladies mentales, et particulieiement sur la nature du delire et la forme de la lesion, sa marche, sa duree, son mode de terminaison, pour ne pas meriter toute 1 attention du medecin legiste. En ce qui concerne les femmes surtout, on ne saurait, depuis les beaux travaux de Marce, ne pas avoir egard a la menstruation, a la grossesse, a 1 etat puerperal et a 1 allaitement, sans s exposer a de facheux mecomptes.

Le temperament et la constitution ne doivent pas etre negliges, principalement chez lessujets ou predomine 1 idiosyncrasie nerveuse.

Le maintien, 1 attitude, la demarche, lesgestes, la tenue des vetements, la mal formation du crane, la physionomie, 1 expression du regard, les details et L en- semble des traits du visage et de 1 habitude exlericurc, laissent percer plus d une Ibis, aux yeux d un observateur exerce, la marque non equivoque de la 1 olie.


150 ALlfiNES (MEDECINE LEGALE).

L efat du pouls et celui des fonctions digestives, la presence ou 1* absence de certains phenomenes generaux, aideront a discerner un acces de manie simple avec les transports du dclire febrile.

La circulation du sang et la temperature du corps, diminuees dans 1 engourdis- sement melancolique et augmemees dans 1 agitation maniaque ; la sensibilite generate exaltee ou pervertie chez les nosomanes, emoussee jusqu a 1 analgesie dans lastupeur lypemaniaque ; les spasmes, les tressaillements et les soubresauts musculaires, les paralysies partielles du sentiment et de la motilite, indices de quelque alteration grave des centres nerveux ; 1 embarras de la parole, la dilata tion inegale des pupilles, la deviation permanente de la luette, I incertitude et 1 ataxie des mouvements, symptornes habiluels de la folie paralytique ; les crises convulsives, les vertiges, les eblouissements, les bourdonnements d oreilles , la cephalalgie fronto-temporale persistante ; la surdi-mutite, compagne assidue de 1 idiotic et de I imbeeillite ; les nevralgies rebelles, et toutes les autres manifesta tions nevropathiques ; I erytlieme des mains et la lesion de la peau caracteristiques de la pellagte; les morsures profondes et multipliers de la langue, stigmates funestes de 1 epilepsie ; les cicatrices dans certains lieux de predilection, notamment a la tele, au cou et dans la region precordiale, temoignages accusateurs d une ou de plusieurs tentatives de suicide : tous ces signes, fournis par une exploration attentive de 1 etat pbysique du malade, ne sont pas faits assurement pour etre dedaignes dans une expertise conscicnciense. 11s contribueront quelquefois a eclair- cir des cas douteux ; et ils mettront souvent sur la voie du diagnostic quand on aura affaire a des folies symptomatiques on u des folies sympathiques , si bien decrites par M. le docteur Loiseau. Neanmoins, meme dans ces circonstances, il ne convient de leur attribucr qu une valeur secondaire, en les subordonnant tou- jours a la coexistence des troubles morbides de 1 entendement.

b. Etat mental. L examen psycho-medical d un individu presume aliene reclame toute la sollicitude, toute 1 application ettoute la sagacitedel expert. 11 ne doit pas se bonier uniquement a porter ses investigations sur un ou plusieurs des elements du dynamisme mental ; mais il doit les diriger avec lememe soin sur le cote affectif et sur le cote intellectuel ; interroger les instincts et les sentiments, les percep tions et les pensees. II doit soumettre a une exploration approfondie chacune des manifestations de 1 entendeinent , et chercher a decouvrir ou est la lacune, l insuffisance, la perversion ou le desordre. \ 7 ous aurez done a verifier jusqu a quel point lesidees sontjustes ouiausses, lucidesou confuses, associees ou incoberenles ; si 1 atteution est distraite ou soutenue ; la memoire integre ou amoiudrie ; 1 imagi- nation sain-i ou dereglee ; le discernement net ou obscurci ; le jugement droit on incorrect ; la conscience eteinte ou Inmineuse ; les affections normales ou perver- ties. Vous exercerez uu contrule minutieux et severe sur les fonctions sensoriales, et vous vous assurerez si les errenrs ou les troubles de 1 esprit ne sont pns provo- ques ou entretenus par des illusions maladives ou des hallucinations opiniatres.

II importe attssi, pour 1 eclaircissement de 1 expertise, de remonter autant qu ou le peut a 1 originede la folie, et de tenir compte de ses conditions etiologiques, soil pour confirmer le diagnostic, soit afin de pouvoir mieux edifier les juges sur la nature, sur la gravite et sur Tissue du cas special soumis a 1 examen. On en cher- chera le point de depart, tantot dans 1 individu lui-meme, tantot hors de lui, tantdt dans 1 ordre des agents materiels, tantot dans 1 ordre des agents nioraux. Parmi les causes, la pins importnnte, sans rontredit, et la plus significative sous le rap- por!; medico-legal, c cst 1 heredite.


ALlfiNfiS (MEDECINE LI GH.E).

VOTES ET MOYENS D rM>LOUATION ET DE DIAGNOSTIC MEDICO-PSYCHOIOGTQUES. Ces

precedes sont au nombre de trois : 1 enquete, 1 interrogatoire, 1 observation directe et suivie.

a. Enquete. Elle consiste a prendre tous les renseignements susceptibles d e- clairer 1 expert sur 1 etat del alieue et sur la nature de son delire ; a s enquerir de ses predispositions hereditaires et de ses antecedents morbides, de ses gouts, de ses penchants, de ses habitudes, de son genre de vie, avant et apres Implosion de la folie, des causes certaines ou presumees de celle-ci, de la date dc son debut, de son mode d invasion et de developpement, de ses phenomenes les plus saillants, et de ses symptomes les plus caracteristiques, enfin des circonstances et des details particuliers de 1 acte impute.

Ces renseiguements peuvent etre puises a des sources diverses : aupres des parents, des amis et des voisins de 1 aliene ; dans la visile des lieux qu il a habites et dans 1 examen de ses ecrits ; dans les dires, les attestations et les certi- ficats des medecins ; dans le dossier judiciaire.

Les pieces judiciaires et les temoignages medicaux presentent un caractere spe cial d authenticite qui leur donne aux yeux de 1 expert une valeur exceptionuelle.

II n en est pas toujours ainsi des renseignements fournis par les procbes on par les amis. Ceux-ci, en general, sont enclins, soit par ignorance, soil par interet, a de Mturer les faits, a les exageier ou a les amoindrir, a les dissimuler ou a les nier. L expert ne saurait trop se mettre en garde centre les recits byperboliques et les interpretations erronees des uns, ou les reticences calculees et les assertions systematiques des autres. 11 doit, suivant le judicieux conseil de Marc, pour asseoir son jugement sur des bases solides, s enquerir avec beaucoup dc soin de la valeur des documents et des temoignages qu on lui presente ; et lorsqu ils ne sont pro- duits que par des personnes qui ont un interet evident a les lui f aire adopter, il ne devra donner qu une decision conditionnelle, c est-a-dire qu il ne devra conclure que dans la supposition de 1 exactitude des circonstances dans lesquellcs il aura puise sa conviction et exprimer cette reserve dans son rapport ou dans sa consul tation.

Nous ne saurions trop recommander la visite et 1 inspection du domicile de 1 aliene, danslamesure des convenances et sous 1 expresse reserve dela discretion. C est un tres-bon moyen d euquete, surtout a 1 egard des hallucines, des mono- manes raisonnants et des fous nommes lucides par M. Trelat, si habiles a dissi muler. Chez les uns, on trouvera des portes clouees, des fenetres barrees, des serrures bourrees de papier, des cheminees hermetiquemeut obstruees ; chez les autres, des objets disperses ou brises, des meubles bouleverses, etrangement arranges, tournes a 1 envers ou poses sens dessus dessous; on verra sur les murs des inscriptions de tout genre et des peintures extravagantes ; ici, une glace bar- bouillee de noir; la, des fils pretendus magnetises qui traversent la cbambre. M. Trelat rapporte 1 histoire d une dame de tres-belles mauieres et du meillour monde qui avait passe dix aus de sa vie a emmagasiner, classer, etiqueter et cata loguer dans sesarmoires toutes sortesde dejections et de detritus corporels; enfnt, on pourra decouvrir deslettres, des cahiers, desmemoires ecrits de la main meme des alieues, mine precieuse de revelations.

En effet, les ecrits des alienes meritent de fixer toute 1 attention de 1 expert ; ils portent souvent la marque directe, 1 empreinte caracteristique du trouble des facultes infellectuelles, afl ectives et motrices, ce qui leur donne en medecine legale une valour semeiologiquc de premier ordre. Ces autographes doivent ctre


152 ALIENES (MEDECINE LEGALE).

envisages sous le double aspect de la forme, comme representation graphique, et du fond, comme mode d expre.-sion des idees delirantes.

Des omissions graves et des lacunes inattendues; des mots passes ou tronqm s; des syllabes oublices; des leltres repetees, mal dessinees, incompletement formees; des jambages trembles, anguleux, heurtes et en zigzag; des ratures multipliees; un abus incroyable de majuscules et de soulignements ; des fautes d orthographe inaccoutumees ; une ponctuation nulle ou defectueuse; un melange bizarre de leltres et de chiffres ; des mots inventes et constituant un idiome grotesque ; des barres et des batons substilues aux lettres, des lignes singulierement disposees, obliques, tortueuses, ou chevauclumt les unes sur les autres et jetees pele-mele; des barbouillages indechiffrables : tels sont les cbangements les plus ordinaires qu on observe parmi les modifications infmies que I alienation mentale pent imprimer a 1 ecriture. Ces manuscrits sont assez frequemment converts de pales d encre, ou enjolives de figures etranges, de signes indefinissables, de veritables hieroglyphes, de symboles mysterieux etde dessins emblemaliques en rapport avec la nature du delire.

La redaction n est pas moins significative, soit qu elle frappe par son incor- rection choquante, soit qu elle etonne par sa parfaite nettete. A cote des phrases mal construites, des tournures embrouillees, desredites frequentes, des construc tions grammaticales vicieuses, des expressions incoherentes, de la contusion ct du chaos qui caracterisent hi manierc des maniaques et des dements, on trouve le style souveiit methodique et precis des monomanes et de tonte la categorie des fous raisonnants. Mais ce qui manque rarement de trahir ces derniers, c est que leur plume, moins discrete que leur langue, laisse echapper, soit ouvertement, soit a mots converts, des confidences qui mettent a nu le fond de leur pensir; leurs ecrits offrent alors la peinture stereotypee du desordre de leurs idees ou de la perversion de leurs sentiments.

Lorsqu il s agit de lettres par ticulierement, tout a sa signification et sa valeur, depuis la suscription, qui s adresse assez souvent a des monarques, a des princes, a de hauls personnages completemerit inconnus dumalade; jusqu a la signature, qui porte presque toujours desnoms celebres ou mystiques empruntes a 1 histoire, a la religion, a la mythologie.

Mais pour bien apprecier ces documents et pour en tirer un parti profitable, il importe, aiusi que le fait judicieusement observer Marce, de coanailre les habitudes normales du sujet, son degre d instruction, son ecriture physiologique. Les resultats obtenus sont d autant plus nets et plus probants qu on a affaire a des malades dont 1 education est plus complete et plus elevee : les nuances du style, les fautes d orthographe, la configuration vicieuse des lettres, qui sont chez les gens instruits des signes irrecusables de compromission mentale, perdent singu lierement de leur importance chez les ignorants. Dans tous les cas, d ailleurs, la comparaisoii des autographies avant et pendant 1 etat de maladie est un moyeu de conlrole qui ne doit jamais etre neglige.

G est surtout dans les contestations de testaments attaques pour cause de de- mence, que 1 examen des ecrits du testateur pent jetc-r de vives lumieres, et menu quelquefois sul fire a fortifier une conviction douteusc. Mais 1 expert ne doit jamais oublier que siun autographe extravagant ou insense est la marque certaine d une alienation mentale, la proposition inverse n est pas toujours exacte; car il est possible qu un fou, dans un moment lucide, redige un acte plein de sens et de raison


(MEDECINE LEGALE). 153

b. liitcrrogatoire. II y a, croyons-nous, un avantagc reel a no rrcourir n ce pro- cede d exploration qu apres 1 enquete, c est-a-dire lorsque deja des ronseignemenls nombreux et precis ont fait connaitre les idees habituelles et dominantes de 1 alii iu , permis de soupconner son genre de maladie et montre la meilleure voie a snivre pour ie questionner. On evite ainsi bien des tatonnements, on s epargne d inutiles longueurs, et on possede les donnees necessaires pour imprimer a 1 interrogatoire une direction plus methodique et plus efficace.

11 faut, en presence de 1 aliene, bannir tout appareil, toute solennite ou toute apparence de rigueur. L attitude de 1 expert doit etre celle d un medecin et non celle d un juge d instruction. Tous ses efforts doivcnt lendre ii dissiper les defiances on les craintes du malade, a gagner son entiere confiance, a fixer son esprit distrait ou preoccupe. De la precision et de la clarte dans les questions, de la simplicite dans le langage, de la bienveillance et de la douceur dans les paroles et dans les manieres, beaucoup d habilete, de tact et de finesse, de la fermete au besoin ; dans descas rares et exceptionnels, 1 intimidation et la menace : telles sont les qualites et les dispositions qu il convient a un expert d apporter dans 1 interrogatoire medico- legal des alienes.

Les questions rouleront sur les choses ordinaires de la vie et familieres au malade, de fagon a 1 amener adroitement vcrs 1 objet de son delire : c est asscz dire qu elles varieront suivant les individus et suivant les circonstances, et qu elles devront le [ilus possible etre en rapport avec le caractere, les habitudes et 1 educatiou du sujet.

Gardez-vous de fatiguer son attention ; suspendez pluto t 1 examen et remeltez-le, s il le faut, au lendemain.

Dans les formes periodiques, remittentes ou transitoires de la folie, le sujet pent avoir recouvre sa raison au moment de 1 exploration. Une telle epreuve n aurait alors aucune valeur, et meme elle risquerait fort d entrainer a des conclusions erronees. II ne faut pas perdre de vue que souvent, chez les maniaques dangereux, chez les monomanes maltaisants, et dans les paroxysmes des folies impulsives, le delire s affaisse d une maniere rapide ou tombe subitement, lorsque les transports de cette fureur maladive sont pour ainsi dire assouvis. Mais alors il n est pas rare qu un nouvel acces eclate pendant ou apres le jugement, et vienne ainsi confirmer 1 autbenticite du premier. De la pour 1 expert le precepte de proceder a 1 interro gatoire, autant que possible, pendant la periode active de la folie.

Si a cette premiere difficulte on ajoute la part de la dissimulation et d aulres causes d erreur qui vont etre signalees plus bas, on reste convaincu que si 1 inter rogatoire medico-legal des alienes aboutit quelquefois a des resultats decisil s, il est loin de constituer dans loutesles circonstances un moyen infaillible d appreciation.

c. Observation directe et suivie. Toutes les fois que 1 enquete et 1 interrogatoirc n ont pas suffi pour dissiper les doutes de 1 expert etpour fixer son jugement, il y a en quelque sorte force majeure d y suppleer par 1 observation persoimelle. Beau- coup d alienes ont assez d empire sur leur esprit pour en imposer au public ct se contenir devant les magistrals et les medecins. Mais livres a eux-memes, ils jettent le masque et lacbent la bride a toutes leurs conceptions extravagantes. A 1 aide d une surveillance assidue, perseverante, habilement conduite et pratiquee a leur insu, on pent parvenir a les prendre sur le fait et comme en flagrant clelit d alienation mentale.

DlFflCULTES DU DIAGNOSTIC MEDICO-LEGAL DE LA FOLIE. CAUSES D EP.P.EUR. En

depit d une connaissance profonde du sujet et du concours des precedes de reclicr-


154 Al.IKNES (M^PECINE LEGALE).

clic qui viemicnt d etre exposes, la constatation medico-legale de la folie presente ile serieux embarras dans certains cas qu il nous reste a determiner.

a. Periods d incubation. Souvent la folie, avant de se traduire par des mani festations eclatantes, couve sourdement et se developpe d une maniere insidieuse, a 1 insu du malade et de ses proches. On ne saurait croire combien de mines sont consommees, combien d actes insenses sont accomplis, combien d attentats, com bien d actions reputees delictueuses ou crirninelles sont commises pendant cette periode prodromique generalement meconnue, et qui se traduitpar des nuances a peine sensibles, par des caprices, des bizarreries, des excentricites inaccoutumees, des modifications legeres dans le caractere et dans les sentiments affectifs, un peu d insomnie et une suractivite d esprit extraordinaire, ou, au contraire, une certaine inaptitude au travail et fomme une obnubilation intellectuelle, une tendance inso- lite a 1 affaissement et a 1 indolence. Que de malheureux out subi longtemps dans les fers 1 expiation immerilee d une de ces folies latentes ou larvees, dont une explosion subite venait tardivement reveler 1 existence ! Ce sujet est tres-digne assurement de toute la sollicitude et des preoccupations conslantes du medecin investi de la confiance de la justice.

b. Folie transitoire, impulsive ou instinctive. Certains alienes sont sollicites au vol, au meurtre ou a 1 incendie par des hallucinations opiniatres, par des voix mysterieuses qui les persecutent sans relache, et auxquellcs la volonte finit par ceder. lei, grace au trouble sensorial, la Iblie se presente avec des caracteres d incontes- table evidence ; il ne reste plus qu a etablir la realite de 1 etat hallucinatoire. Mais, dans d autres cas, rhallucination fait deiaut, le delire manque ; 1 agent a ete pousse par une puissance irresistible, par une forte inconnue et indefinissable qui a trouble momentanement sa raison , enchaine son libre arbitre et contraint sa volonte. Beaucoup de medecins pensent que ces actes insenses se produisent instantane- ment et sans cause determinante. C est une erreur qui provient d une observa tion trop superficielle. Etudiez a fond ces alienes, examinez leurs antecedents, pro- cedez a une exploration meticuleuse, et vous linirez par decouvrir 1 explication patbologique de ces inconcevables attentats, dans une predisposition heretlitaire, une nevrose, une epilepsie nocturne ou larvee, des vertiges, un etat passager de congestion encephalique, une suppression menstruelle, etc. Vous constaterez aussi que cette impulsion elite instinctive remonte plus ou moins loin dansle passe, soit qu elle ait persevere sans reluche, mais a des degres divers d intensite, soit qu elle se soit reproduite pei iodiquement avec la cause qni la provoque : et, en effet, le prevenu vous declarera presque toujours qu il a longuement lutte contreces sugges tions atroces, jusqu a ce que, devenues plus puissantes que sa volonte, elles aient rendu toute resistance impossible. Apres ce mur examen, vous pourrez donner a 1 acte incrimine un caractere morbide et 1 excuse de la demence, sans etre oblige du fa ire reposer vos preuves exclusivement sur la nature insolite du fait et sur 1 analyse morale de ses circonstances.

c. Folie dissimulee. En general les personnes etrangeres a 1 etude de la spe- cialite croient que les fous n ont aucune conscience de leur etat mental, que c est meme a ce signe qu on reconnait la veritable folie, et qu un aliene ccsse de 1 etre quand il cesse de s ignorer lui-meme. Si cette opinion est exacte pour les formes generales de 1 alienation menlale, telles que 1 idiotie, la demence, la stupeur me- lancolique, la manie delirante et furieuse, elle est completement fausse pour la plupart des folies partielles, dans lesquelles un grand nombre demalades consorvent la faculte de controler leurs idee?, leurs paroles et lenrs actes. Ces fous de toute


AL1ENES (MEDECINE LECALE). 155

categorie,derni-imbeciles, monomanes, prodigucs etpervers, quicourent le monde sans que leur etat mental souleve publiquement le moindre soupcon, out ete si- gnales et decrits par M. Trelat sous le nom de fons lucides, groupe artificiel, sans caractere nosologique, niais plein d interet au point de vue medico-judiciaire. Etres moralcment incomplets, chez lesquels les facultcs intellcctuelles et afi ectives sont mal ponderees et manquent d equilibre ; esclaves de leurs instincts ou victimes de la faiblesse de leuv esprit, des illusions de leurs sens, de la faussete de leurs conceptions ou de 1 erreur de leur jugement; souvent capables dediscerner le mal, mais impuissants a faire le bien ; entraines irresistiblement par les appetits de leur nature defectueuse ou malsaine, ou cedant aveuglement aux sollicitations de 1 exemple et des mauvaises influences, les fous lucides sont un grand sujet d em- barras en medecine legale. Us ont toutes les apparcnces de la raison, encore bien que leur \ie ne soit qu une folie perpetuelle. Certains d entre eux, les monomanes raisonnants, sont doues d une puissance de dissimulation surprenante, dout ils savent tres habilcment user, soit pour echapper a un jugement d interdiction, soit pour se soustraire a des mesures administratives. Ils composent avec art leur per- sonne et leurs discours; ils affectent une contenance pleine de calme, de conve- nance et de reserve ; ils protestent, et souvent des amis malavises pr,otcstent avec eux, contre la maladie qui leur est imputee; et telle est la luciditc de leurs con ceptions, la souplesse de leur langage, la vigueur de leur logique, leur babilete a expliquer leur conduitc, leur art a manier la ruse et le mensonge, qu ils reussis- sent a en imposer completement aux gens du monde, aux magistrals et meme aux medecins peu familiarises avec 1 etude clinique de la folie, jusqu a ce qu une catastrophe imprevue, venant jeter la mine, le scandale, le desespoir ou le deuil dans une famille, dessille enfin tous les yeux et revele aux incredules la triste realite.

L expert ne doit pas se borner a interroger ces insenses. Ce mode de recberclie ne pourrait amener, dans 1 espece, que des resultats insuffisants ou trompeurs. II faut les soumettre a 1 epreuve d une observation personnelle et soufenue; scruter leurs sentiments et leurs instincts ; porter sur leurs actes un controle attentif et une surveillance scrupuleuse; faire, s il est possible, 1 inventaire de leur vie; des- cendre par une enquete a la fois minutieuse et discrete jusque dans le fond de leur existence intime; questionner la femme, les enfants et les proches, c est-a-dire les temoins habituels et les victimes ignorees de leurs extravagances ou de leurs fu- reurs !

Certains individus francbement alifines, et n ayant d ailleurs aucun motif pour dissimuler leur etat mental, protestent avec une energie et une persistauce in- croyables contre I imputation de folie, alors meme que leur alienation est mani- feste et qu ils ont le plus grand interet, afm de sauver leur bonneur ou leur vie, a maintenir cette excuse.

Bon nombre de lypemaniaques, poussant plus loin 1 exageration de cette ten dance maladive, non-seulement ne se regardent pas comme insenses, mais encore ils confessent, avec toutes les demonstrations du remords et du desespoir, qu ils sont les plus grands criminels de la terre ; non-seulement ils conviennent de 1 ac- tion qui leur est reprochee, mais ils s accusent en outre de toutes sortes d atten- tats cbimeriques et de forfaits imaginaires.

Cc sont la deux particularites del histoire medico-legale de la folie qu un expert ne doit jamais perdre de vue en justice criminelle.

d. Folie simulee. Un prevenu on un jeune consent se presente avec les symp-


i56 ALlfiNfiS (MDECINE LOCALE).

tomes apparents de la folie : tous deux ont un cgal inlcret a se faire passci 1 pour alienes, 1 un dans 1 espoir de conquerir rimpunite, 1 autre dans le but d echapper an service militaire. La folie est-clle feinle on reelle? Tclle cst, clans ccs circon- stances et autres semblables, la question que doit se poser toujouis uu medecin legiste.

Je ne crois pas, dit George t, qu un individu, qui n aurait point etudie les ibus, put simuler la folie au point de tromper un medecin qui connaitrait bien cette maladie. En effet, rien n est plus difficile a contrefaire que 1 alienation men- tale. Imbus de cette opinion vulgaire que tous les actes des ibus sont extravagants, que tous leurs discours sont insenses, les gens qui empruntent le masque de la folie se livrent a des gesticulations immoderees, a des actions ridicules, a des diva gations incoherentes. Aux questions qu on leur adresse, ils font invariablement des reponses niaises et absurdes, sans suite et sans lien, dans lesquelles ils pren- nent le contre-pied detout ce qu on leur demande. Mais ces inconsequences et ces contradictions systematiques s accommodcnt mal avec. la forme et la mavche habi- tuelles du delire qu ils affectent, si bien qu au lieu de 1 image et du tableau fidele de la folie ils n en donnent que le travestissement burlesque et la grossiere parodie. Un expert sans experience peut s y loisser prendre; niais un alieniste ex- perimente ne tardera pas a decouvrir 1 imposture et a demasquer la contrefacon.

Gependant un individu que la vue ou 1 etude des alienes aurait savamment prepare a ce role, ct qui trop bien avise pour feinclre les alienations difficiles, telles que la manie, la monomanie et la demence, viendrait a simuler une idee delirante, une hallucination, la torpeur et 1 immobilitc melancoliques, un tel individu assurement pourrait crecr de serieux embarras, meme a 1 expert le plus bnbilc. Comment en effet constater la verite des assertions d un honime se disant tourmente par des ennemis invisibles, ou poussc au meurtre par des voix imaginaires? Que dire d un sujet qui se renferme pendant des mois entiers dans un silence obstine, avec toutes les allures de la taciturnite lypemaniaque? Si le probleme n est pas absolument insoluble, il est pour le moins entoure d une grande obscurite. C est ici suitout qu il importe de s enquerir des antecedents hcreditaires, des phenomenes precurseurs, des manifestations prodromiques, de toules les circonstances capables d eclairer sur 1 origine et le developpement de 1 alienation presumee, ainsi que des motifs et des conditions concomitantes de I acte incrimine. Des interrogatoires multiplies et bien conduits; une observation rigoureuse dans un asile ; une surveillance sans treve, exercee jour et nuit, et a 1 insu de 1 interesse ; des moyens habilement menages pour endormir sa defiance ; des pieges adroitement tendus pour provoquer des paroles inconsiderees, de? ecrits imprudents ou des actions compromettantes : rien ne doit etre neglige pour mener a bonne fin cetle penible investigation.

Si certains phenomenes de la folie peuvent etre contrefaits avec succes, il en est d autres que 1 art des simulateurs les plus audacieux parvient plus diffici- lement a feindre, c est : I insomnie, a laquelle les pseudo-alienes ne songent guere, et 1 analgesie, si frequente chez les veritables 1 ous et si rare cbez les gens doues de 1 integrite de leurs tbnctions cerebrales. Aussi 1 emploi de quelque vi- goureux precede de repression doit-il etre, dans les cas extremes, la derniere et la plus efficace ressource d exploration. Des vesicatoires, des moxas, des ven- touses scarifiees, des cauterisations au fer rouge, des douches energiques inter rompues par un interrogatoire pressant, le sejour prolonge dans un quartin il agites, ont amene plus d une fois 1 aveu force d une simulation opiniatre.


ALlfiNES (MEDECINE LEGALE). 157

e. Folie alleguee. Un delit ou un crime vient d etre commis ; le prevenu esl entre les mains de la justice; il ne simule pas actuellement la fblie; mais il protesle, soit personnellement, soit par la bouche dc son defenseur, que ses sens se sont egares soudainement, que sa raison s est obscurcie tout a coup, au moment de 1 action, et que c est sous { influence irresistible de ce delirc momentanc, rcvc ou hallucination, qu il a accompli son attentat. Sans doute, dans les cas de cette nature, 1 analyse minutieuse des circonstances qui out precede, accompagne ou ou suivi 1 acte incrimine, peut lournir de tres-utiles indications; cependant 1 expert doit se souvenir expressement que les fails de folie soudaine et transitoirc s obscrvent rarement, pour nc pas dire jamais, chez des personnes absolument saines desprit et de corps, mais que ces fails sont en general 1 indicc ou le resultat d une predisposition hereditaire ignoree, de vertiges mecormus, d une meningo-encephalite imminente, d une alienation mentale larvee ou a la periode d incubation. II est done indispensable de diriger toujours les recberches en vertu de ces considerations.

L Folie imputee. II n est pas rare que 1 imputation de folie soit indument portea devant les tribunaux, tantot par des parents cupides, afin d obtenir a leur profit un jugement d interdiction contre un des leurs; tantot par des heriliers dechus d une succession, pour provoquer 1 annulation d une donation ou d un testament. Plus rarement la folie est imputee a faux pour opposition ou nullite de mariage.

Pour les questions d interdiction et de mariage, il est en general assez facile de verifier les assertions des demandeurs, puisque le defendeur, etant presque toujours present, peut etre soumis a 1 examen des hommes de 1 art et des ma gistrals. Mais la dilficulte devient plus grande pour les affaires de donations ou testaments, ou il s agit de porter un jugement sur 1 etat mental d une personnc absente ou defunte. Tout en se conformant aux regies generales d expertise que nous avons exposees precedemment , le medecin legiste , dans ces matieres dedicates, subordonnera ses moyens d enquete aux particularites du cas special soumis a son appreciation.

g. Intervalles lucides, remissions, intermittences. Nous avons expose, che- min faisant, quelles sont, en jurisprudence, la valeur et la signification des inter- valles lucides. C est un des sujets les plus importants et les plus dignes d attcntion dans 1 examen medico-legal des alienes. Le medecin legiste doit en tenir grand compte, non-seulement dans le cours de 1 interrogatoirc, mais aussi dans les resul- tats de son expertise et dans les conclusions de son rapport. Qu il se garde bien de confondre les simples remissions, qui ne sont qu un apaisement du delire, une ombre de repos, une apparence de tranquillite, une treve infidele et trompeuse de la folie, un simulacre de lucidite, avecles intermittences qui marquent un franc retour a la raison, une periode dc calme et de serenite plus ou moins prolon^ee entre deux acces.

Pendant les remittances, 1 aliene prdsente encore des traces trop saisissables de desordre mental pour qu on puisse revoquer en doute 1 irresponsabilite de ses actes en matiere penale, ou leur nullite en matierc civile.

Mais il n en est pas de memedes intermittences : leur valeur legale est fort sujettc a discussion parmiles jurisconsultes, commeona 1 a vu plus haul (p. 154) ; au*si 1 expert ne saurait apportar trop de sagesse, de prudence et de reserve dans son appreciation, en cette delicate matiere. II est impossible dc formuler a cet e^ard des regies generales, invariables, positives et applicables a toules les circonstances.


158 ALIENES (MEDECINE LEGALE).

Cette question, d ailleurs, devant etre traitee plus longucment dans un paragraphe special, nous nous bornerons a dire ici que le medecin, avant de se prononcer d une maniere definitive, doit s enquerir soigneusement du debut de 1 intervalle lucide et de sa duree, de la nature de 1 acces anterieur et de ses rapports avec 1 acte impute; il est necessaire aussi de rechercher s il y a eu precedemmcnt d autres inter mittences, et quels ont etc, pendant ces diverses periodes de lucidite, les habitudes, les penchants et la conduite de 1 aliene.

h. Delire aigu, delires toxiques. Les acces qui surviennent , soil au debut d une meningite, soil pendant la periode prodromique de certaines fievres graves, ceuxque determine 1 ingestion des substances stupefiantes on narcotiques, peuvent etre et ont ete c onfondus quelquefois avec la folie. Un medecin attentii et experi ments ne commettra pas cette faute, qui pourrait avoir en medecine legale de facheuses consequences.

i. Passions. On a vuque le code penal prussien assimile a la demence les pas sions violentes et les vives emotions, telles que la frayeur ; et qu il exonere dans ce cas les prevenus commc n ayant pas agi avec le libre usage de leur raison. Les lois frangaises n admettent point cette assimilation; cependant notre jurisprudence tient un conipte serieux des impulsions passionnelles, et les regarde, sinon comme des motifs d excuse et de justification, du moins comme des causes puissantes d : at tenuation. II importc done que le medecin legiste ne confonde pas deux genres d influences, qui presentent souvent entre elles de trompeuses analogies, maisdont les suites legates sont si differentes, 1 alienation mentale impliquant 1 irrespon- sabilite, les passions entrainant aucontraire 1 imputabilitei. C est ici surtout qu ap- parait 1 insuffisance du criterium fonde sur la constatation de la liberte morale, et qu il est necessaire de se retrancher autant que possible dans le criterium de la maladie. A ce point de vue, ce qui differencie profondement la passion de la folie, c est qu on ne saurait decouvrir dans la premiere, dans son origine, ses causes, son developpement, ses manifestations et ses effets, les signes caracteristiques d une compromission morbide de 1 entendement, qui constituent 1 essence et le fond meme de la seconde. II y a bien, dit Georget, un grand trouble dans 1 esprit lors- qu il est agite par la colere, tourmente par un amour malhcureux, egare par la jalousie, accableparledesespoir, aneantipar la terreur, perverti par le desir impe- rieux de la vengeance, aveugle par le fanatisme. Mais, dans tous ces cas, I homme ne perd point la connaissance des rapports reels des choses, ni la perceplion du bien et du mal, ni la notion morale des acles auxqucls il se livre. Son jugement est momentanement obscurci, et sa volonte emportee a des resolutions extremes ; mais sa conscience n est trompee ni par de fausses perceptions, ni par des cbimeres, ni par des illusions sensoriales, ni par une lesion de la faculte syllogistique. L homme passjonne subit sciemmeut le joug de ses penchants, cede librement a 1 entraine- ment de ses desirs, et prete une oreille docile a la voix ego iste de ses interets ; en un mot, il agit volontairement, et il puise le mobile ordinaire de ses actes dans des suggestions mauvaises dont il a accepte de propos delibere la domination. Un autre caractere des passions, c est d etre subordonnees a la cause qui les a fait naitre et de cesser avec elle : la jalousie disparait avec 1 objet qui la provoque ; la colere dure a peine quelques instants en 1 absence de celui qui 1 a soulevee par vme injure grave, le desir de la vengeance ne subsiste qu autant qu il peut etre satisfait, etc. (Georget).

DES DIVERS DEGRES DE CAPACITE ET DE RESPONSAB1LITE DES ALIENES. Les alidnistCS

s accordent a reconnaitre avec les jurisconsultes que tous les alienes ne sont pas


ALIENES (MEDEciNii LEGALE).

egaux en capacite civile. II est evident qu entre 1 idiotic et la demcrice pro- fonde, caracterisees par 1 absence ou la perte absolue de la raison, et la faiblesse d esprit et le delire partiel dans lesquels les facultes mentales ou affectives peuvent n etre quc mediocrement atteintes, il existe des nuances intermediaires,, ou les malades conservent assez de discernement et dc raison pour accomplir les actes ordinaires et communs de la vie sociale. Cette particularite, d ailleurs, n a pas echappe aulegislateur, qui a etabli, comme on sait, deux degres d allegeance pour les alienes : la tutelle et le conseil judiciaire. Sur ce point, la question ne fait done pas de doute ; et si le mcdecin expert est interroge, ainsi qu il arrive souvent, sur le degre de capacite de 1 individu soumis a son examen, il basera sa reponse sur la nature, la forme, la duree probable, et le plus ou moins d intensite de la compro- mission intellectuelle.

Quant a la responsabilite penale, elle a ete depuis longtemps et elle est encore, parmi les hommes competents, le sujet des plus vives controvcrscs et des plus pro- fondes dissidences. Tandis que certains alienistes voudraient, avec les magistrals et les jurisconsultes, une responsabilite relative, appelee partielle par M. Celloc, proportionnelle par M. Legrand du Saulle, conditionnelle par M. Michea, res ponsabilite graduee a laquelle correspondrait une ecbcllc dc pcnalilu ; d autres, n acceptant pas une transaction qui leur parait comprometlante pour la cause des alienes devant la justice, maintiennerit etdefendent avec energie 1 irresponsabilite absolue de la folie en maliere de delit et de crime. On ne s imaginc pas assez, dit M. Jules Falret, les difficultes insurmontables que Ton rencontrerait dans la pratique si on laissait echapper ce principe fondamental pour lui substituer celui de la responsabilite partielle. Un inculpe est fou ou ne Test pas. Si, en 1 observant attentivement, on arrive a se convaincre qu il presente les caracteres de 1 etat de raison, quel qu ait ete d ailleurs chez lui 1 eritrainement de la passion ou des circonstances, on doit admettre qu il etait libre, qu il aurait pu resister ; par con sequent qu il est coupable et condamnable pour 1 acte auquel il s est livre. Tout ce qu on peut demander pour lui, c est le bienlait des circonstances attenuantes. Dans le cas oppose au contraire, si le medecin expert arrive a constater 1 etat de folie du sujet confie a son examen, quels que soient la forme ou le degre de cette folie, quelque apparence de raison et de liberte morale que cet individu.ait con- servee, il doit etre considere comme irresponsable ; on doit 1 absoudre comme malade. En dehors de ce criterium net et positif, on ne peut rencontrer dans la medecine legale que contradictions, obstacles insurmontables et situations insolu- bles. Renoncer a considerer 1 irresponsabilite absolue comme liee necessairement a 1 etat de folie, c est ovrvrir la porte a toutes les discussions et a toutes les contes tations possibles, c est livrer la solution du probleme medico-legal au hasard et a 1 arbitraire des appreciations individuelles, variables selon les moments et selon les cii Constances.

M. Dally, poussant jusqu a leurs limites extremes 1 interpretation rigoui-euse et les consequences logiques du systeme de la responsabilile graduee, s est charge de prouver, avec un rare talent, que cette doctrine aboutissait fatalement a 1 assi- milalion du crime et de la folie, a la suppression de toute responsabilile legale, au bouleversement de notre jurisprudence criminelle, a 1 abolition du Code penal, en un mot a Pegalite du fou et du coupable devant la loi.

En these generale, rexpert-medecin doit eviter avec soin de s engager de son propre mouvement dans celte delicale queslion de la responsabilile. Ce n est pas a lui, c est aux magistrals ou au jury qu incombe le devoir de la resoudre. II ne la


160 ALiENES (MEDECINE LOCALE).

touchera done que s il y cst contraint par les necessites du sujet, ou par unc de- niaiide formellc de 1 accusation on de la defense ; encore devra-t-il ne le faire qu avec une grande circonspection et une extreme reserve. Ce que nous disons de la responsabilite s applique aussi bien au libre arbitre. C est encore la un probleme dont la solution est trop subordonnee aux caprices des opinions personnelles, pour que 1 expert ait un avantage quelconque a le soulcver, sans y etre absolu- ment-entraine par les exigences de la situation.

RESUME ET COKCLUSIOJNS PRATIQUES. Quand le medecin legiste, apres une inves tigation scrupuleuse, est parvenu a reunir tous les materiaux de son expertise et tons ses elements de conviction, il lui reste a exprimer dans un rapport ou dans une consultation les resullats de son enquete. Son premier soin, s il est requis d office, doit etre de repondre aux questions qui lui sont posees par le ministere public, et qui, suivant la juste expression de Casper, forment la base et pour ainsi dire le squclette de son rapport. Le meilleur moyen de satisfaire a cette obli gation primordiale , c est de se retrancher invariablement dans son role d ex- pert, de ne jamais perdre de vue la portee purement medicale de son mandat, de donner a son argumentation une base fortement scientifique, de se presenter de- vant les juges les mains pleines de faits, de fails choisis avec discernement, classes avec ordre, exposes avec precision. Encore une fois, il faut etre sobre de conside rations speculatives, et n y recourir qu autant qu elles peuvent etre de nature a jetcr quelque lumiere suj 1 le sujet. Dans ce cas, il y aurait temerite a s aventurer dans des theories personnelles, d ou pourraient resulter des contestations capables de compromeUre le credit de 1 auteur, d ebranler la coniiance des juges, et de faire douter de la competence de 1 expert. 11 est plus sage de s abriter modestement derriere les doctrines geneialement rec,ues et ayant deja cours dans la science.

Apres 1 expose methodique des faits etla discussion approfondie des documents, il est toujours utile de les resumer dans une formule nette et comprehensive, des- tinee a rendre plus saisissantes les consequences qui s en deduisent.

Les conclusions doivent etre le corollaire exact et logique des preuves produites et des arguments invoques. Autant que possible elles renfermeront une reponse claiie et formelle aux questions adressees par les magistrals. Si cependant la lumiere ne s est pas entierement faite dans 1 esprit de 1 expert, c est pour lui un devoir rigoureux d avouer ses incertitudes, de faire part de ses hesitations et de ses doutes. Quand il ne peut pas eclairer la conscience des juges, qu il mette tous ses scrupules a ne point les induire en erreur ; et qu il s ef force moins encore de les eblouir par 1 etendue et la profondeur de ses connaissances, que de les edifier par la sagesse de ses appreciations et la loyale franchise de ses aveux.

Tels sont les principes consacres par 1 autorite des maitres d autrefois, Zacchias, Pinel, Fodere, Georget, Esquirol, Marc, Adelon, Ferrus ; et sanctionnes par 1 ex- perience des maitres d aujourd hui, MM. Parchappe, Calmeil, Falret, Trelat, Fo- ville, Brierre de Boismont, Baillarger, Devergie, Tardieu, Delasiauve, Cerise, La- segue, Guislain, Casper, Griesinger, Mittermaier, Forbes-Winslow, Roller et d autres qui soutiennent, soit en France , soit a 1 etranger, 1 honneur et 1 eclat de la psychiatrie et de la medecine legale.

Nous avons du, dans cet article, nous en tenir aux generalites du sujet, qui pour les details trouvera son complement aux mots : DELIRE, DEMEKCE, DEMONOMAME, EFILEPSIE, FOLIE, HYPOCHONDRIE, HYSTERIE, IDIOTIE, IMBECILLII E, IJNTERVALLES LU-

C1DES, LVPEMANIE, MANIE, MfiLANCOLIE, MoNOMXNIE, NfiVROSES, P^RAUSIE GENEIULE,

UESPOISSABIUTE, SIUPIDITE, etc. A. LINAS.


ALJENfiS (IUBUOGHAPHIE). " 1

BJBUOGRAPHIE. Jurisprudence. On trouvera des renseignements et des indicatii iis uliles sur L origine de la legislation des alienes et la jurisprudence speciale qui les concerne dans les compilations d Ulpien, de Justinien et de Tribonien; dans les oeuvres des jurisconsultes du moyen age et des temps modernes: Irnerius, Liarthole, Balde, Tiraqueau, Mascardi, Farinaccius, Uijas, d Aguesseau, Merlin, Dalloz, Demolombe, Troplong, Chauveau et Faustin He lie, Sacasse, etc.

Documents historiques. VERDIER. De la jurisprudence de la medecine en France. Alencon, 1763, 2 vol. in-12. BONFILS. Essai sur la jurisprudence medicate. Paris, 1S26. CALMEIL. De la folie consideree sous le point de vue pathologique. philusophique, historique cl judi- ciaire. Paris, 1845, 2 vol. in-8".

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Les Recueils spe ciaux: Annales d hygiene publique et de mtdecinc legcile; Annnlcs medico- psychologiques; Journal de mcdecine tiienlalc (M. IJelasiauve, fondatcur el iv<l;u:lriir en clirl) renferment divers memoires et travaux sur la matiere, et un grand nombiv dc i^|iporis et de consultations soil sur des affaires civiles, soil sur des cas criminels, par Esquirol, Georget, Marc, Adelon, Ferrus, Ghambeyron ; ct MM. Cahneil, Parchappo, Foville, Jliii\i< , Falret, Tivlat, Baillarger, Cerise, Woreau (de Tours). Pelasiauu 1 . lic\ei^ic, T;inlnMi, Tonrdej , Voisin, Aubqnel, Renaudin, Etoc-Demazy, Belloc, Marchand, Lunier, Morel, iJilkul, Ifhinclie, Dagonet, Rousselin, Dumesnil, Auzouy, Teilleux, Arthaud, etc...)- A. L,


iy. Maladies intercurrentes des alienes. I. Les maladies qui SOllt SUSCepti-

bles de se manifester pendautla duree, les diverses phases de la lolic, ci en general tous Jes derangements foiictiouuels pu^remetit physiques qu on csl cxjios - ; i reu- contrer sur uue population d alienes un pen nombrcuse, n ont point clr. t indi . s avec le spin que comporte nn sujet d une pareille importance. En J 855, lors dc la publication du second tome du Dictionnaire de me decine en 50 volumes, jc tentai d esquisser, d une maniere rapide, le tableau des maladies iucidcntes qui s observent le plus ordinairemeut dans les asiles d alienes. En 1844, M. le docteur Tborc revint de nouveau surcet interessant sujet, rassembla des fails nombreux observes avec soin, etpublia, dans \esAnnalesmedico-psyckologiques, un excel lent travail sur la matiere qui nousoccupe presentement. Toutefois, lesdonnees que nous venous de passer en revue suffisent a peine pour combler les principaux vides qui se faisaient remarquer, et il ne landrail pas moins de plusienrs annees d un travail assklu pour eclaircir completement cette partie de la pathologic des alienes. Nous n ignorons pas qu on pourrait trquver dans plusieurs des statistiques qui ont ete publiees depuis quelques annees, dajis lesrecueils de journaux el sur- tout, dans les observations nombreuses qui se rencontrent dans les ouvrages ela- hores par nos priucipaux manigraphes, des documents dont on pourrait tirer parti ; mais lorsqu on a consacre un temps precieux aux depouillements qu exi^cul de pareilles recherches, Ton n est pas sur d arriver a la precision qu on avail er vue, et, fmalement, on reste convaincu que c est dans des salles de malades qn il faul recommencer a etudier paliemment et melhodiquement les maladies inler- currentes et les maladies physiques concomitantes qui peuvent aggraver 1 elat de demence ou de folie.

Les s.ujets qui contribuent a former le principal noyau de la population, dans ,es asiles d alienes de noire pays et des pays limitropb.es, appartiennent a des types morbides qui ne component que des trails de ressemblance tres-eloignes. Ici, un ni.alade en proie a une violente surexcilalion nerveuse causee par une ence-


164 ALIfiNfi? (MALADIES IXTERCURRENTES).

phalite aigue a formes imidieuses, est confondu avec des maniaques dont le delire ancieu et chrjnique ne pent etre rattache a une veritable cause denature iiiflam- raatoire. Ces maniaques eux-memes sont achaque inslantcoudoyes par des melan- coliques qu on cherche vainement a retirer de leur immobilite etde leur apathie; par des hallucines qui parlent seuls et quisouvents indignent centre Irs pretendus perst diteurs qui, scion eux , causent toutes leurs souffraaces ; par des imbeciles ou des idiots dont les lobes cerebraux, incompletement developpes ou mutiles de bonne heure par des phlegmasies meconnues, n ont jamais pu s clever au degre d intelligence que comporte la nature humaine; par des dements qui ont perdu la memoire, 1 energie cei ebrale qui est necessaire a la manifestation des conceptions de 1 intelligence, et qui sont cundamnes a une vie toute materielle pendant que durera leur chetive existence ; par des dements affectes de paralysie musculaire, dont la peripherie des hemispheres cerebraux e<t depuis longtemps sillonnee par les ravages d une cruelle phlegmasie chronique, et que la mort moissonnera en grand norabre aussitot que I abaissement ou I elevation de la temperature attein- dront a une limite qui manque rarement de leur etre fatale. On n aura pas de peine a croire que les maladies intercurrentes doivent presenter des variations sans nombre sur des categories d alienes aussi heterogenes. La science aurait interet a connaitre les maladies intercurrentes qui predominent dans chacune de ces categories ; mais les efforts que nous avons tentes pour tradnire en chiifres la iVoquence relative de chaque maladie incidente, soil sur les monomaniaques, soil sur les maniaques, soit sur les paralytiques et les dements, n ont abouti encore qu a des donnees approximatives.

I.i s porsonnes etrangeres a 1 etude des maladies mentales se figurent presque toutes que le delire est I unique maladie que les alienes presentent a combattre. Un certain nombre de medecins, d aillcurs tres-eclaires, n ont que des idees peu t. xactes ou peu arretees sur les conditions habituellesdes fonctionsgenerales pen dant les diverses phases des maladies morales et intellectuelles. Quelquefois, au debut d un acces de folie, on voit cesser, disparaitre totalement une affection chro nique des poumons, de Testomac. de 1 utt-nis ; quelques etablissements d alienes sont t pargnes pendant la diiree d une epidemic meurtriere ; on rencontre des ma niaques qui bravent rintemperie des saisons, la faim, la soif; la privation de som- meil ; on voit des alienes qui vivent jusqu a quatre-vingts ans et plus, tandis que d autres succombent peu de semaines ou peu de mois apresl explosiondu delire; faut-il, commc ou 1 a fait plus d une fois, conclure de ce qui vient d etre mis en avaut que la folie peut mettre un terme aux affections physiques les plus graves ; qn elle preserve des maladies infectieuses ou epidemiques; que les fous peuvent resister aux influences qui detruisent la sante des autres hommes ; qu il sont assures de pousser leurs jours tres-loinou menaces d une mort rapide? >"on:assu- rement, si on tient a rester dans le vrai. Les deductions qu on sehatede tirer d uu petit nombre defaits plus ou moins exacts, en les generalisant, ne peuvent con- duire qu a des opinions fausses ou ridicules. Sans doute, une exaltation maniaque excessive peut soutenir pendant plusieurs mois 1 activite musculaire d un aliene, ou epuiser ses forces dans 1 espace de quelques jours ; sans doute la concentration de 1 excitation dans le cerveau des alienes est susceptible d operer une revulsion energique sur les appareils non cerebraux, et defaire disparaitre avec promptitude quelques anciennes affections purement physiques; sans doute 1 abolitionde toute sensibilite morale sur les dements, qui sont d ailleurs entoures de tous les soins de conservation possibles, pourra contribuer a procurer a ces pauvres insenses uuc


ALlfiNES (MALADIES INTERCURHENTES). 165

veritable longevite, mais il u en est pas moins certain qu en general les alterations cerebrales qui correspondent a beaucoup de types do delire, aux principaux t\pes de la demence, exercent une action defavorable sur 1 ensemble de 1 organisme, et que la perte de la raison abrege dans une infinite de cas 1 existence des alienes. Les influences infmiment variees, infinirnent noinbreuses qui nienacent de rompre 1 harraonie fonctionnelle sur les sujets affectes de delire ou de nullite intellectuelle, se trouveront conjurees ou deviendront moins actives au fur et a mesure qu on perfectionnera le personnel des asiles publics ; qu on s efforcera de remedier aux conditions insalubres des vieux batiments; qu on redoublera d efforts pour procurer aux alienes du linge, des chaussures, de bons vetements, une uour- riture suffisante et salubre, et qu on les entourera de la surveillance, de toutes les precautions indispensables a lour conservation.

Les maniaques contractent des maladies incidtntes, parce qn ils se decouvrent sans tenir compte des. conditions de la temperature exterieure, parce qu ils se complaisent a marcher nu-pieds dans la boue ou sur des dalles humides ; parce qu ils restent quelquefois des heures entieres hors de leurs lits avant qu on soil arrive en force pour les contraindre a se reconciler; parce qu ils se donnent des inflammations de poitrine a force de crier, de chanter, de vocifcrer; parce qu ils se blessent entre eux dans les emportements de leur fui eur ou qu il leur arrive de se faire des ecchymo^es profondes en se heurtant centre le metal des baignoires, centre le fer des lits, contre les parois des murailles ; parce qu ils sont souvent fixes trop al etroit sur leurs miserables couches, et que les efforts auxquels ils se livrent pour degager leurs membres leur causent, des eschares profondes, des phlebites, des phlegmons, des abces aux coudes : une partie de ces accidents pour- rait etre prevenue par une combinaison de soins inlelligents.

Les monomaniaques contractent des maladies intercurrentes, parce qu ils s obsl i- nent, par un motif ou par un autre, a ne prendre qu une nourriture incapable tie les soutenir; parce qu ils restent des jours, des semaines, des mois entiers sans faire d exercice, ou debout ou accroupis, immobiles, transis de froid, mouilles par leur urine; parce qu ils se livrent avec fureur a 1 onanisme; parce qu on n est jamais prevenu a temps de leurs indispositions et que leurs maladies s aggraveut et deviennent serieuses avaut d avoir ete soupconnees. Les sujets affectes de de mence simple resistent en general assez bien a rinfluence des causes qui contri- buent a deranger la sante des autres alienes, mais il n en est pas de meme des dements arrives a une periode avancee de la paralysie generate ; ces malheureux sont accessibles a toutes les variations qui s accomplissent dans 1 etat atmosphe- rique : 1 exces de la chaleur ou du froid occasionne chez eux des congestions ce rebrales subites, des fluxions de poitrine, des pleuresies, des ententes graves; le contact de leurs dejections ne tarde pas a faire apparaitre sur diflerentes regions des eschares, des erythemes, de vastes excoriations, des foyers gangreneux qui gagnent vite en etendue et en profondeur; 1 incertilude de leur demarche les expose a des chutes, a des fractures, a des contusions qui degenerent vite en abces phlegmoneux : les alienes de cette categorie sont done en butte a toutes les causes de destruction.

En general, les maladies physiques qui atteignent les alienes ressemblent, quant a leurs sieges, quant a leur nature, quant a leurs manifestations fouctionnelles, a celles qui s observent sur les personnes jouissant de 1 integrite de lenrs facultes iutellectuelles, mais la nature de 1 alienation apporte de temps a autre des modifi cations dans la maniere dont les maladies incidentes des alienes debutent, dont les


106 ALIENES (MALADIES INTERCURRENTES).

principaux symptomes se groupent, s enchaincnt et se terminent. On doit dire m anrnoins que sur plusieurs categories d alienes, les phlegmasics de la poitrine surtout peuvent demeurer un certain temps a 1 etat latent. Les sujets qui sont affectes de ces maladies iatlainraatoires ne se plaiguent aucunement; ils ne eessent pas de se lever, de parler, d agir, de prendre leurs repas com me de coutume, et on est tout etonne, lorsqu on est conduit a les soumettre a une exploration regu- liere, de I etendue des desordres qui affectent soit le pericarde, soil les plevres, Soit les autres organes contenus dans la poitrine.

II est encore Un genre de diffictilte qui se presente souvent dans 1 etude des maladies physiques des alienes et qu oii ne doit pus omettre de rappeler : il s agit de 1 embarras qu on eprouve de temps a autre pour decider si les maladies physi ques qui compliquent la iblie demandent a etre classees parmi les maladies ante- cedentes, concomitautes on intercurrentes de I alienation ; et dans plus d un cas on ne peut resoudre aucune de ces questions. Un jour on se trouve en presence d une jeune iemme maniaque qui a etc traitee a domicile pendant quelques se- hiaines; oil attend avec impatience le retour d une epoque menstrnelle; cette epo- qiie et plusieurs autres se passent sans ecoulement sanguin : on a presque tou- jours de la peine a decouvrir alors si 1 amenorrhee a precede ou suivi 1 explosion dU delire mahiaque. II est question, dans une autre circonstance, d un aliene, pa- ralytique recemrnent sequestre, fnais qu on garddit a vue dans sa famille depuis qndque temps. Ce malade a la langue rouge; sa physionomie est deja alteree; il est tourmente par uh flux diarrheique qui annonce qUe son canal digestif est le siege d un etat inllammatoire : il est difficile de iixer 1 epoque on ce dernier etat rtialadif acommene. Ces reflexions sont applicables a des alienes affectes dc. plcu- IVMC chronique, de tubercules pulmonaiies et d une foule d autres affections a marche lente; on vient pourtant a hout dans quelques cas de distinguer les ma ladies concomitantes d avec les intercurrrentes.

II. On constate de temps a autre, sur certains alienes, une serie d accidents^ dc phenomenes qui semblent indiquer ou que leurs liquides sont susceptibles de s alterer, ou que plusieurs points de 1 organisme sont disposes acontracter, tautot simultanement, tantot d une maniere successive, mais a des intervalles peu eloi* gn6s, des affections morbides de la derniere iiravite. II n est pas rare, sur les de; ments paralyliques dont les teguments du sacrum sont en suppuration, de voir des collections de pus se former soit dans 1 epaisseur des masses musculaires^soit au scin des organes parenchymateux ; de voir des abces apparaitre successivement stir trois ou quatre regions plus ou moins eloignees du foyer primitif. Sur line jeune fille alienee, nous avons observe, dans 1 espace de quelques semainesj des abces aux deux pieds, aux deux jambes, aux deux bras, an sein, a la maelloire,

MI- 1 omoplate gauche. Chez une autre jeune fille, la gangrene s empara, dans un

intervalle de vingt-quatre heures, des teguments du siege, des dix doigts de piedj il se forma des eschares gangreiieuses sur des piqures de saiigsues a la jambej ries phlyctenes sur 1 une des cuisses : a 1 autopsiej les deux poumons offrirent une multitude de cavernes et de foyers gangreneux;

De 1 aveu de tous les anciens manigraphes, les affections scorbutiques faisaient des ravages considerables parmi les populations d alienes d autrefois. II cut etc liflicilequ il en Kit aUtrernent a 1 epoque, encore peu eloignee, ou beaucdup d alte- JK I elaiont condamnes fl subir le regime ties prisons les plus malsaiiies; ou on les eiifermaitdans descabanons priv^s d airet de luitiiere, sans vetementsj sans Huge, sans chaussurej pour se defeadre conlre les intemperies des saisons; ou on les


ALIENES (MALADIES iNTERCURRErtrfis). 1C7

nourrissjlittiti pftiii el & 1 edu sans daigner surveiller I emploi des chetifs aliments qu on leur aecordait comme a re-ret; Ou on les callenlrait en grand nnmlm- dans des especes de chaui foirs oil le sbleil ne peneliait jamais, on ratnios|i|iere, viciee parl odeur des dejections, par la respiration el les Emanations des prisonniers et des malades, n elail que rarement renouvelee. Mais les alii IK S qu on recueillait dans quelques fares eldblissenlents destines a leiir sequeslratioii plutot qu appro- pries a leurs besoins et a leur conservation, retrouvaient dans ees especes d hos- pices une pai tie des influences et des inconvenients qui conlribuaienl a rendre le sejour et le regime des prisons si meurtriers ; et le scorbut ne les epargnait pas plus dans les cabanons de Bicetre, de Gliareliton, de la Salpetriere, de Betldem, que dans les cabanons destines aux malfaiteurs et aux prisonniers ordinaires;

Les al i ectiohs scorbntiques, les symptomes scorbuliques sont signales nenffois par Prost; qui n a publie que quelques fdits die rtianie (observ. 78, 82, 83, 84, 86, 87, 90, 91, 92). Les accidents decrits par Prost sont loin d ol IVir la gravite de ceux dont on tronve la description dans les relations des grandes epide mies scur- butiques, et de ee ux dont Broussais fat tertioin a Saint-Malo an debut dr sa ear- here medicale ; les alterations que Pfost relate se resunieiit le plus souveul par des suffusions violacees, des laches ecchymotiques^ des prlerliics plus on moins nombreuses, reparties le plus souvent sur les teguments des nicmbres inlrnriirs ; ell geil^ral, les gencives des malades sont.prdeset retraclees plulotqnc sai^iiantcs et fongueuses. Snr le maniaque cite paye o 2G : La peau, bletne ct inolle, el a it. couverle de pelediies. On voyait sur les cuisses et snr les jambes des tacbes vio- leltes plus ou nmins allongees : en les indsant, il en decoulait des serosites sail- guinolenles et noires ; le tissu cellulaire sous-jacent, etlneme les muscles, etaient livides, faciles a lacerer et infiltres de serosites sanglantes, brnnes, sans odeur de iiangrene. Des incisions faites atix cuisses, sur des parties ou lapeaii n offrait pas la couleur livide, laissaienlapercevoir les muscles sous-jacenls ; ils eutieut violets et infiltre s de serosite peu abondante, sanglante. (La Med. eclaireei etc., t. II, p. 328.) Dans ce cas, lacacbexie scorbuliqne avail fait des progies pins marques que sur les antres inaniaques observes par Prost.

Esquirol insiste souvent, dans divers passages de ses ecrils, sur la frequence des affections scorbuliques dans les asiles d alienes pauvres ; onlil dans ses generalites sur la folie (des Mai. mentales, t. I, p. 106) : Le scorbut est encore une des complications les plus frequenles de I alii nalion mentale ; il esl souvent une suite de la folie, de 1 insalubrile des babilalions, du defaul d exercice, du raanvais n ^ime desalienes. Les alienes scorbuliques sonl ou lypemaniaques, on dans la dehienee, et Ires-sou ventparalyliques. II semanifeste alors des ladies jaunes, brunes, noires sUr les membres; les gencives sonl fongueuses. Ces malades sonl pris de devoie- rhent sereux, quelqnefois sanguinolenl 5 les membres s oedemalienl; il survient des douleurs el des liraillemenls d estomac ; la face est pale el bouffie. Les eschares au sacrum, aux lalons, aUx malleoles, aux trochanters, aux coudes ; les dejections imolontaires el sereuses, les syncopes, presagenl une morl procbaine.

A Particle Lypemanie (t. I, p. 442). Esquirol, revenanl sur le scorbut, ajoute : Le scorbul el la gangrene consecutive causent la moii d un grand nombre de lypeinaniaqnes. Sur 176 cas de lypemanie termines par la mort, la terminaisod iunesle esl attribute 26 fois a rintltience du scorbul.

Georget, qui composail son Traite de la folie peu de temps apres son internal dans les divisions des loges a la Salpetriere, impiime a la page 472 dc son oiiTWge : Lorsque 1 hiver a ete ties rigoureux et long et qiie le printemps est


468 ALlfiNfiS (MALADIES INTERCURRENTES).

humide, Ic scorbul fait souvent de grands ravages dans la division des alienes. II s aimonce par une langneur generale, le gonflement et le saignementdes gencives, la palcur de la face, la diminution ou la perte de 1 appetit; plus tarcl il se mani- feste des laches plus ou moins larges, de couleur lie de vin, violacees ou livides, principalement sur les jambes et aux pieds. Si la maladie fait des progresses gen cives se tumefient, se ramollissent et sont rendues par lambeaux ; des hemorrhagies passives, nasales, buccalesou pulmonaires, undevoiementcolliqualitif, terminent la vie des malades. Si le scorbut n a point une marche aussi rapide, s il survient chez une alienee non encore affaiblie, par des moyens convenables on le fait dis- paraitro : la belle saison est un excellent remede pour cela.

Je n insisterai pas, apres les citations que je viens de produire, sur les cas de scorbut que j ai etc a meme de constater soil sur les aliem es dc la Salpetriere, soil sur ceux de Charenton, et qui offraient les memes caracteres que ceux signales par Prost, Esquirol et Georget. J ajouterai seulement a ce qui precede que 1 alie- nation mentale ne contribue a faire naitre le scorbut qu autant qu elle agit sur la volonte des malades pour les determiner a se priver de nourriture et a enfreindre toutes les regies de 1 hygiene. On previent la manifestation du scorbut en forcant les alienes a manger regulierement, a se vetir, a faire de 1 exercice, a se tenir cbaudement.

La puissance des conditions hygieniqucs pour faire naitre comme pour faire disparaitre les affections scorbutiquesdans les etablissements d alienes est prouvee par des chiffres recueillis parM. Falret. Lorsquece savant medecin prit possession du service dit des Petites Loges, a la Salpetriere, il notadans le cours d uneseule annee 153 cas de scorbut sur une population de 473 femmes (560 alienees et 115 idiotes) ; bientot les ameliorations qui furent provoquees et accomplies dans 1 ensemble des conditions hygieniquesreduisirent les cas de scorbut, en moyenne, adeuxoutrois par annee. (Annales me d.-psych., t. V, p. 444.)

M. le docteur Thoreavance avecraison qu on n observe plus que des cas isolesde scorbnt dans les asiles d alienes. A Bicetre, a peine en a-t-il note une vingtainede cas pendant toute 1 annee 1839 ; la plupart efficient peu de gravite, etcette annee le scorbut n a cause la mort que six fois. (Annales me d.-psych.^ t. VIII, p. 589.)

Aujourd hui, on n est pas toujours sur de s enlendre quand on parle d acces de fievre, neanmoins on peut esperer de se trouver d accord quand il s agit d acces de fievre intermittente. Nous ignorons si ces fievres sont ou non communes dans les asiles d alienes qui setrouvent places dans le rayon des contrees marecageuses. II semble, d apres le temoignage de Guislain, qu elles ne sont pas rares eu Hol- lande. M. Navare en a observe un fait a 1 asile de la Rochelle sur un maniaque qu on avaitete oblige de placer dans un quartier humide, et qni setrouva debar- rasse de sa fievre intermittente lorsqu on put le placer dans un milieu plus salubre. Pendant un laps de temps considerable, nous n avons note a Gharenton aucun exemple de fievre intermittente; ; depuis deux ans, nous en avons note trois cas, mais ils ont ete observes sur des alienes qui avaient eu des aeces de fievre inter mittente avant le debut de la folie; ces nouveaux acces out cede a 1 iisage des preparations de quinine. Selon Guislain, la manie et la melancolie sont les aliena tions menlales dans lesquelles on voit le plus frequemment les lievres intermit- tentes, et particulierement les quartes, produire des effets favorables. II cite le fait d uu batelier, nomme Maas, affecte de manie et traite depuis deux ans a 1 hopital de Gand ; cet aliene fut tout a coup aLteint de fievre intermittente a type quoti- dii ii : an bout de deux mois la fievre diminua, devint irreguliere et disparut;


(MALADIES INTERCURRENTES).

1 et.at moral de Mnas s ameliora sensibleraent (Traits sur T Alienation mentale, t. II, p. 295). D autres fails sont parvenus a notre connaissance ; ils nenous out pas paru assez concluants pour etre cites.

Les opinions des medecins concernant les maladies infectieuses,certaines fievres reputees eontagieuses en pariiculier, sont quelquefois tres-difliciles a discuter et a concilier; le fait suivant, rapporte par Guislain, semble indiquer que les alienes n echappent pas toujours au typhus contagieux. Un soldat prussien tut atteint d alienation mentale apres avoir recu des coups de baton a litre de punition. Ayanl ete transfers dans 1 hopital militaire de Gand, on le crut affecte de demence. II passa dix-huit mois sans donner aucun signe d intelligence. Le typhus commenga a regner dans 1 hopital, et ce soldal ful au nombre de ceux qui en furent atteints. La periode d irritation fut courte et rapidement remplacee par une prostration extreme des forces ; 1 aspect noir de la langue et des gencives, la lividite de la face, des dejections involonlaires avec meteorisme, une revasserie continuelle et d autres symptomes de meme nature, caracteriserent le fort de la maladie. Vers le vingtieme jour de 1 affection typhoide, la convalescence se declara, et au bout de quelques semaines, cet homme, ne presentant plus aucun symptoms d alienation mentale, fut rendu a la liberte. (Traite sur I Alien, ment., t. II, p. 297.)

On se demandait en 1832, au moment ou le cholera- morbus asiatique faisait irruption sur Paris, si les asiles d alienes seraient ou non epargnes par ce terrible fleau. Le cholera ne tarda pas a faire des victimes parmi les alienes de Bicetre et parmi les femmes de la Salpetriere. Un seul malade futalors emporte a Gharenton, bien que les bailments n eussent point encore ete recon>lruits comme ils 1 ont ete depuis; mais la cholerine atteignit alors dans ce meme c lablissemenl des propor tions inquietantes, et le personnel du service medical etait tres-embarrasse pour secourir a propos les alienes de 1 unou 1 autre sexe,qui etaient tout a coup comme inondes par 1 abondance de leurs dejections alvines : ces cholerines cessaient et disparaissaient neanmoins d une maniere assez rapide.

Pendant 1 epidemie du cholera de 1849, les femmes de Charenton furent com- plelemenl epargnees, mais quelques hommes paralyliques et quelques sujets af- fectes de demence chronique succomberent au cholera.

La population de 1 asile de Clermonl (Oise), les malheureuses alienees de la Salpetriere furent alors atteintes dans des proportions considerables par le cholera algide, ainsi que le prouve 1 un des releves qu on va lire. II succomba dans les sections consacrees aux alienees et aux epileptiques : 47 malades du 20 mars au l er avril; 121 pendant le mois d avril; 50 pendant le mois de mai; 88 pendant le mois de juin. Les femmes affectees de paralysies ne furent point frappees. (Ann. medico-psych., t. I, 2 e serie, p. 315.)

Pendant 1 epidemie de 1854, le quartier des hommes n eut presque point a souffrir des alteintes du cholera, a Gharenton; mais le quartier des femmes fut envahi d une maniere subite, et dans 1 espace de dix a douze jours, 11 alienees perirent du cholera. Ces details sont suffisants pour donner une idee de la ma niere dont les influences epidemiques peuvent se comporter a 1 egard des alienes. (Voir aussi une note surle cholera parmi les alienes d Allemagne, in Ann. medico- psych., aim. 1857, p. 91.)

On est a rneme de noter sur les alienes des exemples de phlegmasies cutanees dans le mode aigu ou dans le mode chronique, eontagieuses ou non eontagieuses; d observer dans le tissu adipeux, dans le tissu cellulaire sous-cutane, soit de vo- lumineux furoncles, soit des anthrax, soit des abces phlegmoneux.


170 ALIENKS (MALADIES IMERCURRENTES).

J ai observe autreloi- uuatre c;is de roiipeole sur des alienesde differents Apes pendant une double epidemic de cette pblegmasie ; I eruption fut tres-abondante sur tons les sujets, niais elle se termina vite et sans entrainer aucun accident di- gne d etre ivhte.

La variole. atteignait quelquefois Irs alii m s a l e"poque oil il etait d usage de trailer 1 alienation mentale a 1 HoteI-Dieu de Paris (Piuel). II parnit qu alors la variole causait meme un certain nombre de deces. Tout recemment, a Charenton, une dizaine d alienes, vaccines ou non vaccines, ont etc affectes de varioloide pen dant 1 ete. Sur qualre malades, les pustules ont ete larges et assez rapprochees sur le visage, sur les bras, sur la poitrine et le bas-ventre; niais elles s all uissaient vite; leur manifestation etait prccedee de malaise, d uu etut febrile et d une ru- betuction caracteristique des teguments; la fievre ne s exnspentit pas, pour aiusi dire, a 1 e poque de la formation du pus ; la convaleslence etait rapide ; les parties qui avaient ele envahies par 1 eruplion ne conservaient bientot qu une faible trace de la phlegmasie locale.

Sur les dements, 1 eruption ne produisit qu un certain nombre de pustules tiv<- (lissemiuees; ces pustules se dessiuaient sur le visage et sur la poitrine avaiit d avoir eh annoiieees |ar un cliangement appreciable dans 1 etat ^eiieial. Sur un infir- mier, les pustules prirent 1 aspect et la marche d une variole conduente; ce nial- heui eux siieenmha mal-re tnus |es elibrts d une medeciiu- acti\e.

On note chaipie aunee, dans le service de Charenton, quelques cas d erysipeles isoles, qui semblent tenir a des dispositions particulieres des alie nes atteinls. Qnatre, six mois s ecoulent quelquefois sans qu un nouveau cas d erysipele se numileste soil sur la population des femmes, soit dans les divisions des homines; assez souveiit ce sont les memes sujets dont le visage, le nez ou le JHIUI lour des oreilles, les teguments du front sont tout a coup envahis, a des intenalles varia bles, par des erysipeles plus on moins etendus ; tn general, les erysipeles de eette categorie se terminent d une raaniere favorable et rapide.

Mais nous avons ohsei vi ; cinq ou si^; fois, sur les deuxpopulationsde Charenton, de veritables epiileinies d erysipeles. Pendant une duree de deuxatrois inoi?, les cas d erysipeles se multipliaient et se succedaient presque sans iuterruplion d.ms les differents quartiers de 1 etablissement. Ces phlegmasies debutaient quelque fois par les teguments de la face, du dos, du siege, et il etait difficile de s opposer a leur envahissement. Les erysipeles de cetle categorie se sont montres eu general bien plus dangereux que les erysipeles sporadiqucs, taut a cause de leur lougue duree, des abces pblegmoueux qui peuveut les accanipaguer, qu a cause des foyers iuflummatoires localises qui sout alors susceptibles de se foimer soit dans le cer- veau, soit dans les principaux visceres des malades. Finalement, ces erysipeles entrdlnent la perte de quelques maniaques et de quelques dements; ceux qui survivent sont exposes a des convalescences longues et difficiles a mener a bien.

Ge que nous venous de constater sur les prineipaux modes de manifestation des erysipeles parmi les alie nes est applicable aux inflammations furonculeuses et aux anthrax auxquels les alienes sont sujets.

Les furoncles isoles, plus ou moins volumineux, sont loin d etre rares sur les maniaques exaltes, qu il n est pas toujours facile de maintenir propres ; il eu e<t de meme sur les dements livres a ronanisme, sur les melancoliques livres i uu certain degre d aneim e; ces furoncles ont une grande tendance a se reproduire sur diflerenles regions du corps, mais ils linissent par disparaitre.

Certaiues annees, les depots luionculeux se mamfestent tout a coup sur un


ALIENES (MALADIES INTERCURRENTES). 171

nombre considerable de dements ou d alienes ; on est presque sur, a chaque nou- vi. l lc visite, de rencontrer de nouveaux; cas de furoncles soil aux cuisses, soit aux mains, soit au visage; mais passe un certain delai, le nombre de ces foyers infiam- matoires devient plus restreint, et bientot on ne note plus ijue d s furoncles isoles. Les anthrax furonculeux isoles constituent souvent, sur les dements paralytiques, des maladies de la derniere gravite. Lorsqu ils se devcloppent dans 1 epaisseur des fesses, des cuisses, du dos, a la nuque, ils sont circonscrits par une rougeur des plus douloureuses, creusent a une grande profondeur, entrainent des delabrements et des pertes de substance considerables. Quand ces anthrax sont incises de bonne beure, et soignes d une maniere reguliere, lenr cicatrisation n est nnllement im possible. La guerison des malades est moins certaine dans les cas ou il se forme des anthrax sur quelques nouveaux points du corps,

Les anthrax sont susceptibles de se manifester presque simultanement a la meme epoque de 1 annee sur un certain nombre d alienes; on doit s attendre alors a des suppurations suivies de mort.

Les phlegmons spontanes sont moins communs chez les alii nes que les anthrax et les erysipeles; lorsqa ils se manifestent an cou, sous les aisselles, aux seins, on lesconsidere quelquefois comme des accidents heureux, et dont la manifestation peut faire cesser In folie; Les cas de phlegmons, attribuables a des chutes, aux coups que les maniaques se donnent en se heurtant, pendant lenrs acces de furciir, sont bien plus frequents que les autres. On doit surveiller avec soin 1 application des entraves, des camisoles, les endroits ou Ton vient de pratiquer la saignee, sur les maniaques; sur plusieurs de ces alienes, on voit apparailre, sur les membres qui out ete violentes, de vastes foyers inflammatoires et des collections de pus prolbndes. A J aide d antiphlogistiques promptement et energiquement employes, a 1 aide d incisions multipliers, on ue doit pas desesperer d obtenir la cicatrisation de quelques-uns de ces foyers phlegmoneux, mais la constitution des alienes qni out eu des phlegmons se ressent eii general longtemps de la gravite de pareilles phlegm asies.

Presque tous les dements paralytiques, qui trainent leur existence jusqu a la periode la plus avancee de la paralysie generale, finissent par etre affectes d eschares qui ne peuveiit qu accelerer le terme de leur miserable vie. Quelques-unes de ces plaies Out le caractere gangreneux, et detruisent quelquefois jusqu au sacrum et jusqu au tissu des vertebres, d autres sont plus superficielles et purement inflam- iliatoireSi Mais souvent du pus se formes, s infiltre, et on voit survenir vers les re gions du sacrum, sur differents points da dos, des decollements considerables. 11 est a peu pres impossible de prevenir completement la manifestation de certaines eschares; on peut neahmoins en retarder la formation en i aisant changer a propos les malades de jiosition. On nedoitjamais perdre de vue cette derniere indication dans les cas de folie aigue, car les eschares se manifested vite sur les sujets qu on fixe dans leurs lits.

Nous avons note sur des femmes alienees quelques cas de couperose. Chez les hommes 1 acne du menton et 1 herpes circine se manifestent tout a coup pendant quelques mois sur un certain nombre de dements; les cas de zona sont moins communs, mais nous avons observe deux exemples de zona pendant le cours d un uleme hiver : toutes ces affections sont en general sans aucune gravite.

On est fonde a croire, d apres des traditions historiques certaines, qae la lepre, a 1 epoque ou elle regnait dans les contfees oriental es^ compliquait souvent les affections mentales. Pendant 1 epidemie de di^lire chronique, qui atteignit tres-an-


172 ALIENES (MALADIES INTERCURRENTES).

ciennement les femmes d Argos, on constata, dit-on, 1 existence de la lepre sur les filles de Proetus. Plus tard on constata les symptomes de la meme ai i ection sur Oreste, lorsqu il etait en proie a ses hallucinations et a ses acces de fureur.

Dans la Sardaigne, lo Milanais, la Ye ne tie, contrees ou les classes peu aisees vivent d une claire bouillie de farine de mais, se lavent rarement, manquent de linge, supportent les ardeurs brulantes du soleil, les asiles d alienes presentenl de nombreux cas de pellagre. Cette affection grave atteintsurtout les melancoliques. La taciturnite, la prostration et 1 e decouragement moral s accompagnent bientot, die/ plusienrs d entre enx, d une rongeur indolente des teguments de la face dor- sale des mains, d une alteration des ecailles de 1 epiderme, d une turgescence locale assez limitee; des plaques de meme nature peuvent se former aussi, soit a la poi- trine, soit sur les pommetles des joues, soit sur quelque autre region decouverte; cette affection disparait, revient, mine la constitution, et finalement entraine les consequences les plus funestes : quelques observateurs out ete portes a se demander si ce n etaient point les conditions cerebrales des lype maniaques qui contribuaient a produire la pellagre.

On s est empresse, dans le but de resoudre cette importante question, de sou- mettre les populations de nos asiles d alienes a une exjjloration minutieuse; et quelques-uns de nos savants compatriotes out cru retrouver dans plusienrs asiles, meme dans les local ill s ou 1 usage du mais est rare ou inconnu, des cas assez nombreux de pellauiv. A uueepoqueou les conditions hygieniqueset la surveillance des populations d alienes laissaient beaucoup a desirer, les melancoliques, les dements qui salissaient, qu on laissait exposes au soleil ademi vetus,qui restaient la des henres entieres sans changer de position, presentaient de temps a autre sur les mains, les joues, les parties decouvertes de la poitrine, des plaques cuivrees, des desquamations epidermiques; lorsque ces malades etaieut en meme temps cachectiques et aflectes de diarrhee cbronique, ils presentaient quelques traits de ressemblance avec les veritables pellagreux. Mais les affections locales dont nous venons de parler sont faciles a prevenir; elles disparaissent vite lorsqu on n a pas evite d abord leur manifestation ; on ne les rencontre plus ou presque plus dans les asiles oil le regime alirnentaire, la surveillance, les soins de proprete nelaisseut plus rien a desirer; il n en serait pas ainsi si les conditions cerebrales des alienes suffisaient a elles seules pour faire apparaitie sur differentes regions du corps des erythemes pellagreux bien caractenses MIOUS esperons done que la vraie folie pel- lagreuse, telle qu on 1 observe dans les salles de la Senavra et du grand hopital de Milan, ne se rencontrera que rarement parmi les populations d alienes de notre pays.

On n est pas toujours certain de mettre en evidence, a 1 aide de nos precedes d inves.igation habituels, les differentes lesions materielles qui doivent exister au sein des hemispheres cerebraux, chaque fois que les manifestations propres aux differents types de delire attirent uotre attention; mais des arguments sans replique, dont personne n oserait aujourd hui contredire la valeur, n en obligent pas moins les pathologistes a admettre 1 existence de ces alterations et a inscrire la folie dans le cadre des maladies de 1 encephale. C est vraisemblablement parce que les grands centres nerveux sont leses dans la folie, que les congestions cerebrales, les attaques de convulsions, les hemonhagies cerebrales, les encephalites intercurrentes sont si frequentes pendant les diverses periodes des affections mentales.

Une accumulation subite et considerable de sang dans le reseau capillaire de la pie-mere cerebrale, dans les petits lubes qui se ramifieat pour distribuer le sang


(MALADIES INTERCUIUENTES). 175

au sein de la masse nerveuse qui constitue 1 cncephale, entraine de temps a aulrc sur les alienes, soil dans les premiers temp:, de la folie, soil sur les dements dont la prononciation est deja embarrassee, des accidents a forme apoplectique de la derniere gravite. Ces sortes ft attaques, qu on designe generalement dans le Ian- gage medical sous le nom ft attaques congestives du cervean, de congestions ence- pkaliques, s annoncent d habitude par la manifestation subite d un etat comaleux, avec abolition de 1 exercice sensorial, de 1 intelligence et du mouvement; mais elles ne sont pas toujours portees a un pareil degre dc violence. Gependant, comme elles sont susceptibles d entrainer, et qu elles entrainent souvent une issue funesle, on doit toujours se tenir en eveil pour en prevenir la manifestation et pour les com- battre sans delai des qu elles eclatent. (Voir p. 23 et 37, t. I er , de notre Traite des mal. inflamm. du cerveau.)

Mais c est surtout chez les alienes et chez les dements affectes de paralysie generale, ou mieux de periencephalite cbronique diffuse, que les congestions, les fluxions encephaliques a forme apoplectique et comateuse sont a rcdouter. Le froid, le chaud, J etat de repletion de 1 estomac suffisent pour les determiner. Je n insisterai pas ici sur la peinture de ces congestions incidentes de la paralysie generale, dont il sera longuement question dans un autre article. (Voir noire ouvrage deja cite, 1. 1, p. 113, et ch. iv, fails portant les numeros : 1, 2, 5, 4, 5, 6, 8, 9, 11, etc.)

II est un autre ordre de fails morbides inlercurrents dont la manifestation devient dans certaines saisons presque journaliere chez les paralytiques : nous voulons parler des attaques convulsives a forme ejiilectique. Ces attaques se ratta- chent generalement aussi a des fluxions congestives del encephale. Mais dans les cas de cette nature la partie posterieure de la moelle allongee est violemment stimulee ; elle reagit a son tour sur les cordons anterieurs affectes a 1 accomplis- sement des contractions musculaires, et les alienes, les dements paralytiques, qui subissentles consequences de pareilles lesions, de pareilles manifestations eclamp- tiques, sont exposes a une mort rapide. Tous ne succombent pas neanmoins, mais les attaques ; i forme tetanique, epileptique, ou simplement spasmodique, deman- dent a etre combattues par une medication aussi prompte qu energiqne. (Voir mon ouvrage deja cite, t. I. p. 47; Bayle, Traite des mal. du cerveau, Paris, 1826, p. 15, 22, 75, 146, 168, etc.; Thore, travail deja cite, Ann. medico-psych., t. VIII, p. 56 et suiv.)

L hemorrhagie cerebrale interstitielle, recente ou ancienne, a ete observee dans toutes lesespeces de folie, dans toutes les varietes de la demence. El!e se renrontre dans un emplacement limite de la masse encephalique, a droite ou a gauche, ou elle interesse en meme temps les deux hemispheres cerebraux. Ses foyers sont quelquefois repartis en assez grand r.ombre dans les corps stries, les couches opti- ques, la protuberance annulaire, le cervelet, la partie centrale du cerveau ; ils varient beaucoup aussi par I importance de leurs dimensions. Dans queli]ues cas, le sang, apres avoir penetre abondamment dans 1 un des deux ventricules, ne tarde pas a rompre la cloison ventriculaire et a s insinuer dans le ventricule oppose, et meme dans le ventricule cerebelleux : toutes ces differences dans le siege, le nombre, les dimensions des foyers hemorrhagiques influent necessairement sur le mode d expression des phenomenes fonctionnels de I liemorrhagie.

Parmi les fails que nous avons inseres dans notre travail sur les inflammations dn cerveau, douze se rapportent it des hemorrhagies eiicephaliques recentes qui sont survenues pendant le cours de la folie.


174 ALIENES (MALADUCS INTERCTJRRENTES).

Six des alienes frappes d hemorrhagie avaienl presente" des idees fixes avec ou sans propension au suicide. Plusieurs d entre eux avaient accuse aussi des hallu cinations tres-actives; les six alienes se classaient parmi les maniaques.

Deux alienes avaient die sujets a des acces de cephalalgie ; deux avaient eprouve" par moments des tressaillements inusculaires vers les epaules et le visage; trois avaient eprouve par instants de 1 embarras dans la prononciation ou des eblouisse- ments passagers de la vue.

I/extravasation hemorrhagique avait et^ annoncee par une perte de connais- sance absolue dans nouf cas ; la connaissauce etait en partie conservee dans les autres cas. Dans deux cas, les alienes souffraient beaucoup de la tete.

La paralysie atteignit simultanement les deux cotes du corps dans neuf cas; le cote droit seul dans deux; le cote gauche seul une fois. Sur un malade, les mou- ve:nents n etaient qu afl aiblis ; deux fois la lesion du mouvement n a pas ete diagnostiquee. On a note des signes de contracture sur deux sujets; de la difficulte a articuler sur trois ; la nr-ononciation etait abolie dans six cas. Au moment de 1 invasion, 1 exercice de I intelligence a presque toujours ete aboli, ainsi que 1 excrcice de la sensibilite cutanee. 11 est survenu un delire actif peu de temps a prcs 1 aceident sur plusieurs alienes. (Voir Traite des mat. infl. du cerveau, t. II, ch. vn, p. 551.)

L hemorrhagie cerebrale iiitercurretite est susceptible de se former sur les femines alienees comme sur les sujets alienes de 1 autre sexe. Dans les douze fails que nous ayons ciles, et qui avaient ete suivis de mort, la terminaison funeste avait eu lieu tantot dans 1 espace de douze a quinze heures, ta.ntot apres un cer tain nombre de jours de coma : la gravite et le siege des epanchements expli- quaient suffisamment la promptitude de la mort. C est surtout lorsque le cervelet ou la protuberance annulaire sont largement atteints que les alienes sont exposes a succomber d unc maniere rapide.

Beaucoup d alienes survivent a la formation des foyers hemorrhagiques du cer veau ; la resorption du caillot peut s operer d une maniere graduelle et 1 exercice du monvement se retablir; mais plusieurs alienes restent en partie paralyses soit d un cote, soit des denx cotes du corps, et il arrive souvent dans les cas de cette categoric que la paralysie provenant d un ancien epanchement encephahque est confondue plus tard avec les accidents musculaires propres a la periencephalite chronique diffuse. (Ouvr. deja cite, t. II, ch. vm, p. 555; voir aussi Thore, Ann. medico-psych., t. VII, p. 181.)

L enccphalite inters titielle aigue, sans caillot sanguin, figure au nombre des maladies incidentes des alienes; elle est parfois designee sous le nom de ramollis- sement cerebral recent, de suppuration du cerveau. Elle peut occuper tout un lobe, tout un lobule cerebral; mais dans les cas les plus ordiuaires elle siege dans une circonvolution, dans 1 cpaisseur d une couche optique, au sein d un des deux corps stries, ou dans tout autre espace limile de la masse encephalique. Elle peut se former en meme temps dans 1 epaisseur des deux hemispheres cerebraux.

L encephalite interstitielle aigue a ete notee sur des alienes des deux sexes, sur des dements, des melancoliques et des maniaques; les alienes ages, ceuxqui portent dans une region quelconque du cerveau des cicatrices celluleuses anciennes, y sont surlout exposes; elle se manifesto aussi a la suite des erysipeles de la face, des suppurations du conduit auditif.

Sa formation peut etre annoncee par une attaque a forme comateuse, suivie bientotde symptomes de paralysie musculaire tendaiitase localiser; mais lorsque


AL1ENES (MALADIES INTI;HCURRENTES). 1<

le foyer inflammatoire reste a 1 etat do couleur amarante, que le ramollissemcnt moleculaire ou 1ft pus n ont pas le temps de se former, les symptomes de paru- Jysic peuvent faire defaut; ils peuvent etre remplaces alors par une exaltatiou comme frenetique.

Lorsque reuucphaHte locale aigue aboutit a la formation d un ramollissemcnt ou d un abces, on doit s attendre avoir survenir un alfaiblissement leutet graduel du mouvement, des spasmes convulsifs, de la contracture, de la somnolence, 1 obliteration de la sensibilite cutanee et des phenomenes generaux plus ou moins graves, selon 1 importance de 1 encephalite interstilielle. Dans un ton nombre de cas, cette phlegmasie entraine la moil; quelquefois e.lle passe au mode cbronique, et la mort est retardee. (Yoir nofre Traite des ma 1. infl., t. II, ch. v, p. 116 et suiv.; fhore,Ann. medico-psych., t. VII, p. 181.)

L encephalite chronique interstitielle, localisee sous differents aspects, est sin- gulierement frequente dans les infirmeries con,sacrees aux dements paralytiques. Tous les foyers iaflammatoires anciens que Ton decouvre sur les dements au mo ment de 1 autopsie n ont pas pris naissance apres la manifestation de Tal lcction mentale; dans un certain nombre de cas, c est meme 1 evolution de 1 cuccphalite chronique interstitielle qui a entraine 1 obliteration ou le derangement des facultes intellectuelles; mais on assiste quelquefois a toutes les phases de cette evolution sur des alienes dont 1 intelligcnce avail etc lesee seule au debut de leur maladie : 1 encephalite merite bien alors la qualification d intercurrente.

Les alienes out fourni des cxemjiles d encephalites interstitielles, superficielles ou profondes, simples ou doubles; des exemples de foyers inflammatoires a 1 etat de ramollissement gommeux, a 1 etat de i amollissement avec formation soit de brides celluleuses, soit de fausscs membranes, soit de pus, soit de cicatrices : 1 expression des principaux phenomenes fonctionnels est susceptible de varier dans la plupart de ces formes de la phlegmasie encephalique incidente : cette der- niere circonstanpe rend en gtiiieral le diagnostic de I encephalite locale chronique interstitielle assez obscur.

II nous est interdit d exposer ici le tableau des symp omes qui correspondent a toutes les varietusde I encephalite locale chronique ; cette description exigeraitdes pages nombrcuses; majs on sera amene a soupconner qu un foyer intlammatoire du mode chronique se forme dans le cerveau d un aliene, lorsqu il se plaindra de douleurs que scs enuemis lui suscitent dans un bras, dans uu pied, dans tout un cote du corps; lorsque ce membre ou ces membres semblent menaces dc roidcur, de faiblesse, et qu apres plusieurs semaines, plusieurs mois d afiaiblissement, un etat complet QU a pen pres complet de paralysie tinira par s etablir. Dans les cas ou il existe un foyer interstitiel au sein de chaque hemisphere cerebral, les symptomes de paralysie sont doubles et tres-difficiles a distinguer de ceux de la peYi-encepha- lite chronique diffuse. (Yoir notre Traite des mal. infl., 1. II, p. 251 et suiv.)

La melyte, soit aigue, soit chronique, doit prendre rang parmi les maladies incidentes des alienes. J ai recueilli et iiublie, en 1828 (Journal desprogres, etc., t. II), plusieurs exemples de ramollissement local dela moelle spinale. M. Sc. Pinel avail communique a M. Rostan un e\emple de ramollissement spinal recueilli sur tine fern me alienee ; Royer-Cpllard avail constate le ramollissement des faisceaux spinaux anterieurs sur un lyperaaniaque; Ces cas de melyte surviennent souvent sur des dements deja paralyses, deja prives de 1 exerciee du mouvement, et qui n accusent aucune sensation de douleur dans les membres; ils sont done ou dif- ficiles ou impossibles a diapnostiquer pendant la vie des rnaladcs.


170 ALlfiNfiS (MALADIES IIUEKCUIUIENTES).

Les cas de niort par asphyxieaccidentelle sont frequents dans tous les asiles ou les alienes paralytiques se succedent en grand nombre. 11s sont tres-rares dans les etablis^ements ou les paralytiques existent a peine; dans ces etablissements, ils survieiment sur des alienes e|>ileptiques. On a public un grand nombre d exemples de deces causes par 1 asphyxie accidentclle, on en trouvera les details dans les ecrits d Esquirol, de Bayle, dans mon Traite de la paraiysie des alienes, dans les etudes de M. Tliore sur les affections incidentes des alienes. Tous les medecins alienistes savent done conibien on doit se tenir en garde contre les causes qui peuvent entrainer une aspbyxie spontanee, et combien leur intervention doit etre promptc s ils veulent prevenir line terminaison funeste.

Tout est prepare chez les dements paralytiques pour amener la deviation du bol alimentaire : ces malades mangent sans discernement; chez eux, la sensibilite buccale et pharyngienne est emoussee ou eleinle ; le pharynx n execute plus que des contractions impuissantes ou spasmodiques ; 1 epiglotte, en partie paralysed, remplit mal le jeu de ses fonctions : il n est done pas etonnant que ces dements soient exposes a 1 asphyxie.

Ge genre d accident arrive d habitude au moment du repas ou peu de temps

i|ues le repas; je 1 ai vu se produire de trois manieres differentes. Dans une

premiere categoric de fails, les dements paralytiques avaient ete asphyxies parce qu ils avaient accumule, a 1 insu de tout le monde, une immense quantite d nli- ments macbes dans leur bouche, el que cette sorle de gateau plastique avail fini par masquer jusqu a 1 enlree du larynx. Dans les exemples du second genre, 1 entree des voies aeriennes avail ete bouchee par un seul morceau de viande ou par un morceau de tendon. Dans les exemples de la troisieme categoric, c etaient des fecules liquides qui s etaient insinuees dans le larynx, dans la trachee-artere et jusque dans les ramifications les plus tenues des bronches. Esquirol etait con- vaincu q\ie certains aliments, tels que la tete de veau, peuvent produire 1 oblite- ralion de la glotte plus souvent que d autres; on doit done s appliquer a choisir la nourriture des dements paralytiques avec le plus grand soin.

J ai vu 1 asphyxie et la mort survemr instanlanemenl sur un epilejitique, qui fut surpris par une violente attaque convulsive dans un moment ou il avail la boucbe remplie d aliments maches; une partie de ces aliments s etait introduile dans le larynx pendant la duree des phenomenes convulsifs.

On a propose divers moyens pour faire cesser 1 asphyxie causeepar la deviation du bol alimentaire, d une portion de viande ou de tout autre corps etranger volu- mineux, menacant 1 existence des alienes par leur presence a 1 entree delaglotle; les indications, dans les accidents de ce genre, sont tellement positives et pres- santes qu on doit s en rapporter a la sollicitude des medecins qui accourent aupres des malades pour tirer parti de toutes les ressources qu ils out a leur disposition; mais souvent les alienes ont deja cesse de vivre lorsqu on arrive pour leur admi- nistrer des secours.

Les varialions qui s operent dans 1 etat hygrometrique de leurs habitations et dans Ja temperature exposent les alienes, ainsi que les autres hommes, a des la- ryngites, a des tracbeiles, a des bronchites plus ou moins intenses; mais ces in flammations n offrent presque jamais assez de gravite pour reclamer de la part des medecins une attention serieuse.

M. Thore considere la pneumonie comme la maladie intercurreule qui survient le plus frequemment dans lecours de 1 aiienation mentale; comme celle qui exerce 1 influence la plus notable sur la mortalite; il s etonne avec raison qu unc plileg-


ALIENES (MALADIES INTERCURRENTES). 177

masie de cette importance ait ete entierement laissee sous silence par des ecrivains qui avaient passe une partie de leur vie dans des services d alienes. J ai calcule autrefois que sur 100 alienes, pris au hasard dans les asiles publics, 60 avaient presente ou des signes d hepatisation ou des signes de phthisic pulmonaire ; que 1 hepatisation seule s observait a divers degres sur un cinquiemc des alienes dont on pratique 1 autopsie cadaverique (Diction, de med. en 50 vol., t. II) ; mes releves prouvaient aussi, resultat confirme par M. Thore, que le poumon gauche des alienes s enflamme plus souvent que le droit; qiie les deux poumons s enflam- inent bien plus souvent qu un poumon isole.

Bouchet, qui a fait ses rccberches dansl asile des alienes de Nantes, compte les cas de pneumonic pour 24 dans un releve qui comprend 106 deces. (Ann, d hyg., l e serie, t. XXIII, p. 571, 1840.)

M. Webster, dans sa Statistique de Bethlem, compte 25 cas d induration et d hepatisation des poumons sur un total de 72 autopsies pratiquees par le docteur Lawrence. (Ann. medico-psych., l te serie, t. Ill, p. 446, 1844.)

Aubanel a attribue la mort a I influencc de la pneumonie dans 15 cas; les deco des etaient au nombre de 105 et affectes de demence.

Sur 76 alienes qui ont succombe a des maladies incidentes, M. Thorc a note 11 cas de pneumonie ; la phlegmasie thoracique, selon lui, avait entraine Tissue funeste dans toutes ces pneumonies.

Au demeurant, la pneumonie tient 1 un des premiers rangs parmi les affections intercurrentes de 1 alienation mentale. On la rencontre tantot simple, tantot double, generate ou partielle, variant en profondeur et en etendue. Elle debute quelquefois d une maniere isolee, atteignant a des intervalles variables quelques malades que leur etat d exaltation, la nature de leur delire melancohque oul affai- blissement de leur intelligence exposent a des refroidissements ; ou bien elle se manifeste comme epidemiquement, atteignant, dans une periode de quelques semaines, 20 a 25 alienes sur une population dc 500 ; j ai ete temoin cinq a six. fois de ces sortes d epidemies qui se sont produitcs soit a 1 automne, soit au prin- temps, sous 1 influence d un vent d est rapide et frais.

Les pneumonies franches des alienes sont annoncees par la manifestation de la fievre, de la dyspnee, des crachats rouilles ; la matitedu thorax, la bronchophonie, la respiration bronchique, des rales sous-crepitants, crepitants ou humides, se joignent aux autres phenomenes fonctionnels, et il ne peut rester, dans le cas de cette categorie, aucun doute sur le diagnostic anatomique et sur la nature de la maladie incidente a laquelle on a affaire.

Mais les pneumonies des alienes existent souvent sous une forme plus ou moins insidieuse et latente, et, comme 1 a fait remarquer Chomel, il faut recouvir pour les reconnaitre a 1 auscultation et a la percussion Quelques alienes continuent a parler, a se debattre, a courir, a manger, bien qu_ ils aient tout un lobe pulmo naire, tout un poumon envahi par 1 inflammation ; il est impossible de deviner 1 existence de pareils desordres si Ton ne s empresse de recourir a 1 exploration thoracique. M. Thore, qui a recueilli avec soin un certain nombre d observations de pneumonie sur des alienes, s est assure que la douleur, la toux, 1 expectoration manquaient dans un bon nombre de cas ; mais alors, les signes fournis par 1 auscul tation et la percussion permettaient de reconnaitre Tetat inflammatoire ; dans une autre categorie de faits, on manquait a peu pres completement de signes pour asseoir son jugcment, et la phlegmasie etait veritablement latente. (Ann. medico- psych., l vo seiie, t. IV, p. 15, 1844.)

DJCT. ESC. III. 12


178 ALIENES (MALADIES

II se forme souveut en arriere, chez les paralytiques qui vivent quelqucs jours dans le coma, dcs engorgements comme hypostatiques, avec accumulation de sang et de scrosite spumcusc dans le parenchyme pulmonaire ; M. Ferrus hesitait a considerer ccs alterations comme inflammatoires : cette hesitation nous semble fondee. L examen microscopique des produits morbides apprendrait si, dans cette circonstance, le tissu pulmonaire est ou n est pas enflamme.

La phthisic pulmonaire a ete signalee de bonne heure comme une maladie fre- quentc chez les sujets affectes d alicnation mentale. Mead, Cox, Lorry, Reil ont cite des exemplcs de phthisic recueillis sur des alienes ; mais il nc faut pas perdre de vue que plusieurs de ces faits peuvcnt tout aussi bien se rapporter a des bron- chitcs chroniques, aggravees par des symptomes de fievre hectique et par la diar- rhee, qu a une veritable tuberculisation pulmonaire.

Esquirol compte 28 cas de phthisie sur 277 cas d alienation meutale, dans son article general sur la folie. A 1 article Lypemanie, il compte 62 cas de pleuresie chronique ou de phthisie, sur un total de 176 Jypemaniaques. (T. I, p. HO, 445.)

Selon Georget, la phthisie fait perir plus de la moitie des alienees de la Salpe- triere. La phthisie est certaincment plus frequente chez les alienees de la classe du peuple que sur celles qui n ont jamais subi les privations et les autres souifrances inseparables de 1 indigence; cependant 1 asserlion de Georget. me parait exageree.

Bayle, qui a inscre un grand nombre d observations recueillies a Charenton dans 1 ouvragc qu il publia en 1826, dit : J ai Irouve sur trois cadavres des excava tions tuberculeuses et des tubercules a dii ferents degres, dont 1 existence avail a peine ete soupconnee pendant la vie; chez un autre, les poumons etaient creuses de plusieurs cavites ulcereuses... (p. 482). J ai depouille moi-meme 25 des autopsies redigees par M. Bayle : la presence des tubercules pulmonaires n est notee que sur 3 alienes. (Bayle, Traite des mill, du cerveau.)

J ai relu 38 autopsies decrites par moi avant 1826; les tubercules pulmonaires existent sur 15 alienes.

J ai depouille 60 des faits inseres en 1859 dans mon ouvrage sur les inflamma tions du cerveau; les tubercules pulmonaires existaient snr 15 des decedes. Ces fails suffisent pour etablir la frequence des tubercules dans les asiles d alienes.

Les tubercules qu on decouvre dans les poumons des alienes au moment de la mort s y trouvaient deja, dans un bon nombre de cas, avant 1 invasion de la folie. Cette verite a ete notee par tous les manigraphes, et quelques ecrivains ont fait remarquer que le developpemcnt de la phthisie etait parfois alors enraye par la maladie du cerveau : ces faits sont interessants, mais exceptionnels. J ai rencontre des tubercules sur des alienes ages de cinquante, de soixante, de soixante-dix ans; personne n avait soupconne 1 existence de ces productions morbides. La phthisie des alienes, suivant la remarque de Georget, n est jamais aigue; souvent meme elle est tellement latente qu on ne la decouvre qu a 1 ouverture des corps. Dans ces tas, il n existc pas le moindre signe d irritation pulmonaire, le malade ue tousse ni ne crache, ne se plaint nullement; il maigrit, s affaiblit, est pris de devoiement ou de constipation et meurt ; mais ces phenomenes se succedent tres-lentement. Une chose assez remarquable, c est qu il n y a presque jamais d expectoration, quoique, apres la mort, on trouve des foyers et des cavernes qui ont dufournir dela matiere muqueuse et puriforme. Les malades, au lieu de cracher, les ingerent peut-etre dans 1 estomac, ou bien elles peuvent etre resorbees. (De la, Folie, p. 474.)

Cette pcintnre rappelle tout le talent d observation de Georget. II est certain que


ALIENES (MALADIES INTERCURRENTES). 179

les affections tuberculeuses des alienes sont difiiciles a diagnostiquer; on Ics dia- gnostique par les procedes de 1 auscultation lorsqu on a lieu de craindre leur existence, mais le plus souvent on ne les decouvre qu apres la mort,

D apres ce qu on vient de lire, il faut bien recohnaitre qu il est impossible dc fixer le nombre des cas ou les tubercules ne se sont developpes que pendant le cours de la folie. Pour notre compte, nous inclinons a croire quc les tubercules restent generalement plus longtemps a 1 etat stationnaire sur les alienes que sur les sujets sains d esprit.

Les alienes sont tres-exposes a 1 etat inflammatoire des plevres. Lorsqu on decouvre qu un aliene souffre dans un cote de la poitrinc et qu on s empresse de le soumettre a une exploration reguliere et vepetee, la pleurite ne passe point inapercue; mais il arrive assez souvent qu on ne decouvre qu a 1 amphitheatre 1 existence de pleu resies tres-etendues, etdejaanciennes. Beaucoup demaniaques, de lypemaniaques, de dements affectes de paralysie musculaire, supportent 1 infl animation des plevres sans se plaindre, sans manifester le desir de rester au lit, sans rien clianger a leurs habitudes; ce qui semble supposer, metne au debut, une forme peu active; car lorsque la phlegmasie s annonce par des perturbations violentes, elle appclle 1 at- tention sur ceux dont 1 etat fonctionnel parait derange, et 1 cxamen auquel on s ap- plique conduit alors a un prompt diagnostic ; encore une fois, beaucoup de pleurites ne sont pas d abord soupconnees, ou ne sont jamais reconnues pendant la vie.

Un huitieme des alienes ouverts par Bayle lui ont offert des traces de pleuresie chronique; la pleurite avait etc plus on moins latente chez la plupart d entre eux. (Ouvrage deja cite, p. 481.)

Esquirol ne compte que 12 cas de pleurite capables de causer la mort sur 277 cas de folie suivis de deces. (Tom. I er , p. 110.)

M. Lawrence a trouve, sur des alienes morts a Betblem, des adherences pleure- tiques de formation recente, 10 fois; de formation ancienne, 42 fois, c est-a-dire 52 pleuresies sur 72 autopsies. (Ann. medico-psych., l fe serie, t. Ill, p. 446, 1844.)

Les pleuresies intercurrentes des alienes se trouvent parfois associees a des pncu- nionies; la pleurite corapliquait la pneumonie dans la moitie des faits de pneumo- nierecucillissurdes alienes parM. ledocteurThore. (Ann. medico-psych., l re serie. t. IV, p. 44, 1844.)

Certaines annees, la periencephalite a formes insidieuses, ou le delire aign qu on confond tres-souvent avec la manie, est aggravee par 1 etat inflammatoire des plevres. L auscultation de la poitrine sur cette classe de malades permet de percevoir, dans certaines regions du thorax, un son mat, parfois le frottement pleural, parfois du souffle broncbique avec ou sans cbevrotement, et la respiration vesiculeusen est plus percue. Si les delimits qui presentent ces phenomencs viennent a succomber, on trouve a 1 autopsic la plevre, ou une portion de plevre, d un rouge erysipelateux, quelquefois bourgeonnee, comme revetue par une pellicule ou par une couche de matiere plastique grisatre; on apercoit en meme temps, dans la cavite thoracique, une certaine quantite d un liquide trouble ou purulent ; mais I encephalite aigui a formes insidieuses existe souvent aussi sans pleuresie.

Les pleuresies qui ont persiste longtemps a 1 etat latent, et dont 1 existence ne s est revelee qu apres la mort des alienes, sont accompagnees, dans beaucoup de cas, d alterations considerables. Nous avons rencontre dans des cas de cette categoric clesfausses membranes d une epaisseur de plusieurs millimetres, deskystes remplis de serosite purulente; des perforations de la poitrine avec formation de pus dans I tpaisseur des muscles; on conoit difficilement que certains alienes puissent con-


180 ALIENfiS (MALADIES INTERCURRENTES).

tinner a agir et a vivie lorsqu ils sont affectes de pareilles phlegmasies, de sem- blables desordres dans leurs tissus.

Jusqu a present I inflammation du pericarde n a point ete etudiee avec assez de soin sur les alienus; ce que 1 on sail relativement a cette phlegraasie, c est qu clle pent exister chez les personnes affectees de folie, et a 1 etat aigu et a 1 etat chro- nique; ma is la pericardite chroniqne est beau coup moins rare que 1 aigue. J ai rencontre antrefois, a 1 exterieur du coenr, des concretions pseudo-membraneuses saignanles; Ie tissu de 1 organe etait mou, sa surface d un rouge vif et comme creusee d enibncements alveolaires ; le pericarde me parut enflamme a un degre tres-marque. J ai calcule, d apres des autopsies faites avant 1850, que la pericardite aigue on chroniquc existait surun quinzieme des alienes qui succombent. Je viens de depouiller 100 nouvelles autopsies d alienes faites avec soin; la pericardite chronique s y trouve no tec 2 fois settlement. Dans 1 observation dixieme de mon Traite de la paralysie des alienes, une pericardile ancienne a fait disparaitre la cavile du pericarde; une fausse membrane, d apparence fibreuse, est soudee a la surface du cceur; elleenvoiedes prolongements bndules a une production osseuse, large de plus de deux travers de doigt, qui circonscrit le coeur a la reunion de chaque oreillelte avec son ventricule (p. 57). Bayle a vu sur deux alienes la surface liliiv, tin pOrii ai de cntierement soudee a sa face viscerale; sur un troisieme alieue, la cavile du pericarde elait tapissee par une fausse membrane (p. 481 ) . M. Lawrence a nolt la pmcardile 6 fois, sur 72 autopsies d alienes; M. Thore 1 a notee 6 fois sur 50 ouvertures de corps.

Jusqu a present, tous lescas d inflammation dont il vient d etre question n avaient pas ete soupconnes du vivant des alienes qui en etaient affecles. Dans plus d un cas, la pericardite avail bien pu preexister a la manifestation de la lolie : ce sujet reclame de nouvelles etudes.

Les maladies qui peuvent affecter les cavites du coeur n ont pour ainsi dire point ete etudiees sur les sujels affectes d alienation mentale; il en est de meme des conditions des valvules aurico-venlriculaires. Les affections du creur, dit M. Thore, meme celles qui out une marclie lente, ne se sont point presentees fre- quemment a notre observation ; quelquelbis elles se sont manil estees par des sym- ptomes bien tranches et ont ete reconnues pendant la vie. Le pins souvent c est 1 autopsie qui a revele leur existence : cet enonce est conforme a tout ce que nous avonsete a meme deconstater. (Ann. medico-psych., l re serie, t. IV, p. 209, 1844.)

L observateur que nous venons de citer a note 1 hypertroplue generale du cffiur 4 fois; I hyperlropbie du ventricule gauche 5 lois (sur 50 autopsies).

Bayle a rencontre 1 hypertrophie du ventricule gauche du coeur sur le sixieme des alienes qu il a disseques ; elle existait 1 fois sur 7 autopsies, dans mes anciens releves.

J ai rencontre 5 fois, au moment de 1 autopsie, des perforations du ventricule gauche du cceur, avec effusion d une certaine quantite de sang dans la cavite du pericarde. Des concretions fibrineuses obliteraient, dans deux cas, 1 espece de fissure qui etablissait une communication entre la cavite ventriculaire et le pericarde; la mort avail ete rapide sur tons les alienes dont il est ici question.

Les maladies abdominales, les phlegmasies, soil aigue s, soil chrom ques, des differentes regions des voies digestives, 1 aisaient des ravages considerables parmi la population des anciens asiles d alienes ; cette verite est attestee par les fails les plus positifs et les plus nombreux. Cette reunion de temoignages ne seinble point avoir modifie les coin irlious ilu savant docteur Thore, auquel nous empruntons le


ALIENES (MALADIES INTERCUERENTES). 181

passage qu on va lire : On a dit que 1 inflammation dc I intoslin eta.it 1 affection la plus frequente chez les alienes ; M. Calmeil cst de cet a\ is. Bouchet, de NaiuVs dans un memoire sur la statistique des alienes de la Loire-Infer ieure, a trouve 159 maladies aigues de 1 aljdomen pour 36 maladies du cerveau et 95 des pou- mons. M. Parchappe a cite 57 observations d enterite sur 516 (deces). Sans nier la frequence de 1 enterite, nous sommes porte a penser qu elle a ete cxageree. (Ann. medico-psych., 1 serie, t.V,p.555, 1845.) Nous maintenons que, presen- tement encore, les phlegmasies du canal alimentaire figurcnt au premier rang de frequence dans les etablisscments les plus salubres et les micux tcnus.

L inflammation de la muqueuse gastrique est loin d etre rare sur certains types d alienes ; on la rencontre principalement sur les maniaques dont Ic delirc debute avec violence ; sur les melancoliques qui eprouvent des fausses sensations de L odorat et du gout, dont 1 haleine est fetide, qui vefusont d avaler leur tisane et leurs aliments; sur les monomaniaques qui ont un appetit capricieux, qui mangent de preference les debris d aliments qu on abandonne aux ordures et qui sont parfois avaries ou corrompus. La secheresse et la rougeur de la langue, les efforts de vomissement, le besoin de boire a la derobee, 1 impatience et la surprise que temoigne 1 aliene lorsqu on pose la main sur la region epigastrique, tels sont les principauxsymptomes qui denotentl existence d un etat inflammatoire del estomac, pendant le cours des affections mentales.

II faut bien se garder de nourrir indistinctement a la sonde tons les lypema- niaques qui refusent de manger. Lorsque leur langue est fendiHee, tachee de rouge, qu ils poussent des soupirs au moindre attoucbement du ventre, que leur physio- nomie alteree exprime la souffrance ; que leur peau est seche et leur pouls acce- lere, bien que petit, on doit craindre un etat inflammatoire vers quelques regions de la muqueuse gastrique et prescrire 1 usage des boissons mucilagineuses. Sous 1 influence de ces prescriptions, on voit renaiti e 1 appelit et la confiance des alienes. Mais quand 1 estomac est juge sain, on doit contraindre les melancoliques a prendre une nourriture reguliere, et si Ton n agit pas de la sorte, il se forme des plaques violacees dans 1 interieur de 1 estomac.

L etat inflammatoire se developpe frequemment dans les diverses portions des /ntestins greles. C est au printemps, & 1 automne et pendant 1 biver que les infir- meries se peuplent d alienes qui ont des ententes a tons les degres d intensite. La plupart de ces ententes se terminent par resolution, mais le meme dement eprouve parfois cinq ou six rechutes dans un intervalle de quelques mois, parce qu il cesse trop tot de s astreindre a la continuite du regime et des soins indispensables en pareil cas. Beaucoup de phlegmasies de cette categorie fmissent par devenir defi- nitivement chroniques et ne guerissent plus : finalement, les malades tombent dans un veritable epuisement diarrheique, et ils succombent dans un etat d ana- sarque.

Sur 100 alienes dont on examine le canal digestif, pres de 50 offrent des ulce- rations ou d autres alterations de nature inflammatoire dans les gros intestins. Cet apercu suffirait a lui tout seul pour prouver aux medecins qui se vouent a la pra tique des alienes combien ils doivent s appliquer soigneusement a 1 exploration des gros intestins. La membrane interne des gros intestins peut s enflammer dans un espace circonscrit, dans le coecum, une region du colon, ou dans le rectum ; elle peut s enflammer simultanement dans presque toute la longueur du coecum, du colon et du rectum; ces dernieres phlegmasies sont des plus graves. Lorsque les gros intestins sont affectes d inflammafion, les alienesretiennent clil ficileinent leurs


182 ALIJSNfiS (MALADIES INTERCURRENTES).

matieres alvines ; leur langue rougit, ils ressentcnt de la douleur dans la region iliaquc droite, dans la region ombilicale; ils boivent beaucoup, ont 1 air abattu, man gent avec repugnance et sont obliges de garder le lit. Les phlegmasies que nous venous de signaler cedent, dans plus d un cas, a une medication rationnelle ; lles peuvent aussi passer a 1 etat chronique et durer alors plus ou moins longtemps sans epuiser la constitution ; mais a la longue les colites chroniques donnent lieu a une terminaison fatale.

La dysenteric se manifeste a des intervalles variables dans beaucoup d asiles d alienes. En 1795, elle fit de nombreuses victimes a. Bicetre (Pinel). Nous avons YU la dysenteric regner a differentes reprises dans les differents quar tiers de Cha- n-nlon. Lorsqu cllc se montre comme accidcntellcment sur des alienes isoles, et a de longs intervalles, on est porle a la confondro avec les autres nuances de la colite ; mais quand elle prend une forme epidemique, qu elle atteint chaquc jour un certain nombre de nouveaux alienes, elle contribue a grossir Ires-vile le cliiffre de la mortalite. Nous n insisterons point sur les signes d une maladie aussi bien Kiiiuue, si facile a cai acteriser ; nous nous contenterons d ajouter que les rechcr- ches necroscopiques auxquelles nous nous sommes livre nous ont permis de constater sur la membrane muqneuse des alienes qui avaient succombe a la dysen teric les ulcerations les plus vastes, les plus nombreuses, les plus variables par Inns formes, ct du caractere le plus grave.

L enlerile folliculeuse est certainement une maladie des plus rares chez les sujets alienes d ancienne date. En 1833, nous imprimions le passage qu onva lire: Les alienes ne sont point exempts de fievres typhoi des (Pinel, Esquirol). Nous possedons plusieurs exemples de dothinenterie observes dans les infirmeries de Cbarenlon : il ne manquait rien a I easenible des symptomes, qui ont offert diverses nuances, diflerents degres d intensite. Toujours ces affections se sont manifestees snr des sujets jeunes ; elles ont ete rares sur les femmes ; le delire qui existait avant le debut de 1 affection typhoide a quelquefois ete modifie et il a pris un aspect nouveau qui lui a donne quelque ressemblance avec le delire vague des maladies aigue s. Quelques alienes ont succombe ; quelques-uns sont restes fous apres et depuis leur convalescence ; d autres sont gueris sans qu il ait etc possible d appre- der au juste si 1 affection typhoide a contribue ou non a cette guerison. (Dictionn, demed., t. II, p. 187.)

On aurait tort de conclnre de cette citation que 1 entente folliculeuse figure Irequemment au nombre des maladies intercurrentcs des alienes. A la verite, Pinel, Esquirol, Prost, Georget insistent continuellement clans leurs ecritssurla frequence de la fievre adynamique dans les maisons d alienes. Esquirol, dans son article Folie, avance que la fievre adynamique a ete nolee par lui 52 fois, etla fievre ataxique 14, parmi les causes qui ont entraine la mort, sur un total de 277 alienes decedes. (Des Mai. ment., t. I, p. 110.)

Mais Pinel ct Esquirol faisaient intcrvenir 1 adynamie ct 1 ataxie toutes les fois qu ils constataient pendant quelques jours soit la chute des forces, l alteration des traits du visage, 1 etat luligineux des dents et de la langue ; soit de 1 agitation et un certain degre de petulance musculaire. La manifestation de pareils symptomes 11 A riei; de commuu avec le tableau des accidents qui caracterisent l enterite folliculeuse telle que nous la conccvons aujourd hui. Prost, dans son important ouvrage intitule : La Medecine eclairce par ^observation et I ouverture des corps, a public 27 observations dc manie suivics de details necroscopiques minu- Licux, Dans plusieurs de ccs fails (p. 521, 545, 554, 455), la maladie qui a pro-


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cede la mort est intitule soil fi&vregastro-adynamique, soit/iewe ataxique,sv\t ftevre ataxo-adijnamique ; or, les troubles fonctionnels signales et decrits par Prost sur tous les maniaques qu il a observes ne se rapportent aucunement a 1 enterite folliculeuse, et ses ouvertures de corps demontrent jusqu a la dcrniere evidence que ses fievres adynamiques, ulaxiques, ataxo-adijnamiques correspoii daient a des phlegmasies graves d une portion ou de plusieurs regions du canal alimentaire. Quand on a lu attentivement les observations de Prost, on sait a quoi s en tenir sur la signification de 1 etat adynamique et ataxique dans les ecrits de Pinel, d Esquirol, de Georget et de beaucoup d antres manigrapbes : ces etats ne se rapportent presque jamais a 1 etat inflammatoire dcs follicules de Brunner et de Peyer, mais a des phlegmasies intestinales diffuses.

Quant aux cas de fievre dite typhoi de, observes par nous dans les infirmeries de Charenton, il a ete bien constate, par 1 inspection des follicules de Brunner et de Peyer, qu ils se rapportaient d une maniere positive a 1 enteritc folliculeuse; mais en etudiant de nouveau ces exemples, nous venons de constater que presque tous ont ete recueillis sur des sujets recemment entres dans 1 etablissement et dont 1 alienation mentale avait ete vraisemblablement provoquee par 1 invasion de la pblegmasie intestinale. Dans la plupart de ces cas, 1 enterite folliculeuse devait done etre inscrite parmi les maladies antecedentes plutot que parmi les maladies intercurrentes susceptibles d afi ecter les sujets alienes ou en delire. Des publica tions interessantes ont deja appele 1 attention des medecins sur les cas de fievre typhoi de qui simulent 1 alienation ; il est tres-faeile en effet dans certaines formes d exaltation de meconnaitre 1 etat inflammatoire des follicules intestinaux.

D apres nos anciens calculs, le cancer de 1 estomac se rencontre sur un vingtieme des alienes : de nouveaux releves nous prouvent que ce cbiffre est trop eleve. J ai observe trois exemples de tumeurs fibreuses developpees dans 1 epaisscur de 1 an- neau pylorique; deux exemples de tumeurs encephaloides a 1 etat de ramollis- sement, et implantees sur la muqueuse qui tapisse la graudc courbure de 1 estomac. On trouve dans les fails publics par les manigraphes, et notammeut par Esquirol, des exemples de tumeurs siegeant egalement dans des regions variables de 1 esto mac. M. Thore a recueilli, sur les alienes de Bicetre, deux exemples de cancer du colon pendant le cours de 1839. Nous conservons dans nos notes la description d une degenerescence cancereuse d une portion de 1 S iliaque du colon et du rectum; dans ce cas, d affreux dcsordres avaient entraine la perforation des parois intestinales, et des matieres excrementitielles se trouvaient amoncelees derricre la vessie et retenues la par des productions pseudo-raembraneuses.

Pendant plus d un siecle, les pathologistes s accordaient a faire jouer a 1 appareil biliaire, et a la bile en particulier, un role considerable dans 1 etiologie du delire triste et des autres affections mentales. Nous n avons point a examiner et a discuter leurs theories, dont Tobservation et le temps ont fait justice, mais la science a interet a savoir si le foie est ou non sujet a participer aux maladies intercurrentes des alienes. II n est pas douteux que le foie, la vesicule biliaire et les conduits excreteurs de la bile s eloignent souvent de 1 etat normal sur les alienes. Nous avons constate bien des fois sur des alienes 1 etat graisseux du foie. Nous possedons aussi dix ou douze exemples d obliteration de la vesiculc biliaire et de ses conduits par de nombreux calculs. Bayle a rapporte des fails semblables. Esquirol a note 55 fois des lesions du foie sur un total de 277 autopsies. M. Thore a rapporte histoire d un maniaque qui offrait un abces considerable dans le parcnchyme du foie. Nous avons note six fois dans 1 epaisseur de cct organc dc voluniiaeux tarn-


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pons d un tissu lardace homogene que nous avons cru devoir comparer a des depots de matiere encephaloi de. Le foie adhere souvent par sa face concave a la portion pylorique de 1 estomac on du duodenum. Toutes les alterations que nous venons de passer en revue ne sont presque jamais diagnostiquees avant le deces des alienes sur lesquels on les observe ; mais il etait indispensable de signaler leur frequence a 1 attention des medecins qui se vouent a 1 etude des affections dites mentales.

Vers les derniers temps de la paralysie generate, la vessie urinaire se trouve ouvent frappee d inertie, et 1 accumulation de 1 urine dans ce reservoir est une cause frequente de cystite chronique. On trouve 7 fois sur 100 autopsies d alienes la membrane muqueuse vesicale brune, racornie et epaisse.

J ai note dans 2 cas du pus dans le tissu des reins; 4 fois ce meme tissu etait rouge et fortement iniecte. M. Charcellay estime que la nephrite albumineuse doit ctre frequente chez certains alienes ; il a recueilli des exemples de cette ma- ladie sur des alienes de 1 un ou de 1 autre sexe, et en a constate 15 cas dansun service peu nombreux.

En 1853, nous avons imprime le passage suivant (Diet, de med. en 30 vol., p. 195) : Nous considerons la peritonite comme une affection peu commune chez les fous. Sur 100 ouvertures de corps, nous trouvons 2 cas de peritonites excessivement violcntes, avec des productions accidentelles dans toute la cavite abdominale, et trois ou quatre pc ritonites partielles occupant a peine un ou deux pouces d etcndue. Les phlegmasies du peiitoine que nous signalons ici out cu pour symptomes : la douleur et I empatement du ventre, 1 alteration des traits de la face, 1 cedeme des jambes, la irequence et la petitesse du pouls. D abord la reaction a ete vive dans deux cas ; toutes ont dure longtemps , deux seulement ont semble contribuer a determiner la mort. >> Tout nous porte a croire presente- ment que rinflammation du peritoine estmoins rare que nous le supposions ; sui vant la remarque de M. Thore, Esquiiol a trouve des adherences et de la suppu ration du peritoine chez 5 lypemaniaques sur 168 autopsies ; il a aussi note, dons un autre releve, 13 cas de peritonite latente sur un chiffre de 277 decedes... Lawrence a rencontre cette phlegmasie, a Bethlem, 4 fois sur 72 autopsies; M. Parchappe 1 a notee 9 fois sur 516 ouvertures de corps. (Ann. medico-psych., l re serie, t. V, p. 365, 1845).

Depuis quelques annees, nous avons observe rinflammation du peritoine sur des alienes qui avaient des ulcerations ct de la maticre tuberculeuse dans les glandes de Brunner et de Peyer ; sur un aliene qui etait affecte de cancer du colon ; sur des alienes qui presentaient des invaginations de diverses portions de 1 intestin grele.

Ces derniers malades paraissaient avoir succombe a des ententes chroniques : le jejunum et 1 ileon etaient remplis de matieres liquides ; des portions assez consi derables d intestins s etaicnt invaginees dans une anse intestinale declive ; le peri toine, qui se trouvait dans 1 invagination, etait rouge et commencait a se couvrir d une couche humide de liquide fibrineux.

Somme toute, les peritonites intercurrentes des alienes sont souvent consecutives a une autre affection abdominale.

M. Thore, en rapportant un seul exemple de rhumatisme articulaire, s etomie de la rarete de cette affection sur les alienes ; cette rarete n est qu apparente, et nous avons recueilli, en moms de deux ans, 7 cas d arthrite rhumatismale sur une population de 550 alienes. Sur 2 femmes et sur 1 dement, 1 arthrite rhumatismale a presente un caractere aigu; elle etait accompagnee de fievre, de chaleur a la


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peau, de douleursqui s exasperaient par lemoindrc mouvement, et plusieurs arti culations, tant des membres inferieurs que des membres superieurs, offraient dcs traces de rougeur et de gonflement : ces arthrites ont cede a 1 emploi des moyens antiphlogistiques, etsurtout a 1 emploi des fumigations emollientes. Sur drux niono- maniaques, 1 arthrite articulaire s est manifestee vers I articulation du gcnou; ellc a ete accompagnee de gonflement, d empatement, d extravasation sero-fibrineuse, et elle a exige un traitement local des plus energiques et des plus actifs. Ces mono- maniaques ont quitte maintenant les lits qu ils occupaient a I infirmerie, mais ils conservent un reste de tumefaction autour de 1 articulation qui avait ete envahie par 1 inflammation, et leur demarche est encore genee.

Sur deux melancoliques qui ont eprouve des atteintcs repetees d arthrite chro- nique, les doigts des mains ont fini par se deformer, et des concretions tophacees assez volumineuses se laissent apercevoir dans 1 intervalle des os metacarpiens et des phalanges : la goutte n epargne done point d une maniere absolue les sujets aftectes d alienation men tale.

Nous avons constate plusieurs exemples de tumeurs du sein chez des femmes alienees, Quelques malades ont consenti a laisser extirper les tumeurs qui avaient attire 1 attention sur elles : le succes des operations a ete variable ; quelques alie nees ont etc gueries par 1 operation.

L amenorrhee complete, ou a peu pres complete, a lieu sur le tiers aumoins des jeunes filles et des jeunes femmes dont 1 alienation mentale ne remonte encore qu a une date recente. Quelques-unes de ces alienees sont chlorotiques, mais chez les autres 1 hematose ne laisse rien a desirer. Le flux menstruel finit presque tou- jours par se rctablir sur les femmes qui recouvrent la raison; il se retablit aussi le phis souvent sur celles qui ont le malheur de r ester pour toujours alienees : 1 amenorrhee n est done frequente que dans les premiers mois de la folie. Elle demande a etre surveillee et combattue avec le plus grand soin : 1 usage des bains de siege chauds, des lavements salins, 1 application reiteree d un petit nombre de sangsues placees au perinee, les fumigations locales, contrihuent a retablir Tecou- lement menstruel sur les personnes fortes ; les ferrugineux, une nourriture forti- fiante et un regime tonique doivent etre presents, au contraire, aux lypema- niaques anemiques on chlorotiques.

Sur une femme livree a 1 onanisme le plus imperieux, mais dont cependant 1 hymen etait reste intact, le museau de lanche et une partie du col de 1 uterus nous ont offert une rougeur violacee, tin ramollissement notable et une ulceration de six lignes de diametre. Une autre alienee nous a egalement offert les principaux caracteres dela metrite, mais sans disorganisation dutissude 1 uterus. En general, les alienees qui se plaignent d etre violees par des etres invisibles, dont toutes les conceptions delirantes se rapportent a des sensations uterines, sont menacees de maladies du col de la matrice. Les descentes et les retroversions de matrice sont tres-communes chez les anciennes maniaques ; il est difficile de remedier a ces deplacements.

Les productions fibreuses, soit a 1 etat de tumeurs, soit a Tetat de petrifications se rencontrent sur un huitieme des femmes alienees que Ton soumet a 1 autopsie.

L ascaride lombrico ide, qui se rencontre quelquefois aux Antilles au nombre de plusieurs centaines dans 1 intestin d un seul habitant, est considere comme rare sous le climat de Paris, comme tres-commun en Alsace et en Bourgogne (Davaine, p. 123). A 1 epoque ou les alienes etaient nourris surtout avec des matieres vege- tales feculentes, ou on ne leur accordait, a de rares intervalles, qu un peu de


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viande de basse qualite, on rcncontrait des ascarides lombrico ides dans les intes- tins greles de la plupart des alienes qu on etait a meme de dissequer. La presence des lombrico ides est signalee par Prost chez plusieurs des maniaques dont il a recucilli les observations. Sur le maniaque cite a la page 518, t. II, lecoecum dilate clait rempli de matieres liqaides, claires, d ungris terreux et sale, des vers trichu- rides et ascarides leur etaient meles en nombre prodigieux... Entre la valvule de Baubin et 1 appendice on trouvait une espece de cul-de-sac rempli d ulcerations dans lesquelles etaient reimis des vers ascarides... Le colon, passablement dilate renfermait dans toute son etendue des matieres semblables a celles du ccecum ; des vers triclmridcs, des ascarides leur etaient meles ou appliques contre les parois internes de cetintestin; on voyait encore un petit nombre de vers dans le rectum.

Sur le maniaque qui fait le sujet de 1 observation 90 (t. II, p. 545), le coecum etait rempli de matieres de diverses natures dans lesquelles on trouvait des vers trichurides et ascarides d un volume comme Prost n en avail jamais observe; leur nombre etait considerable.. . Les matieres accumulees dans les portions ascendantes ct transverses du colon contenaient un nombre prodigieux de vers, surtout des tricburides. L existcnce des ascarides lombrico ides est encore relatee sur les alienes cites aux pages 357, 369, 576 du meme ecrivain.

Le trichocephale, si souvent designe dans les livres de pathologie sous le nom de tricburide, passe pour plus cotnmun partout que 1 ascaride lombricoide. Prost a constate la presence de ce vers dans le coecum, et parfois dans le colon, de beau- coup d alienes ; les gros intestins en contenaient en nombre variable sur les sujets cites pages 296, 507, 318, 524, 341, 547, 357, 569, 576. Les trichocephales se rencontraient parfois seuls au milieu des mucosites qui tapissaient les plis des gros intestins; dans d autres circonstances, ils se trouvaient meles, comme on 1 a note a 1 instant, a un nombre plus on moins considerable d ascarides lombricoides.

J ai ete frappe, dans les premiers temps de mon sejour a Charenton, de la fre quence des vers intestinaux sur les alienes de ce grand etablissement. Nous avons rencontre des lombricoides jusque dans 1 estomac et dans I o3sophage de certains dements ; mais le jejunum et 1 ileon etaient dans plus d un cas comme obliteres par 1 accumulation de paquets d ascarides dont on n avait presque jamais soupconne 1 existence du vivant des alienes chez lesquels on les rencontrait. Aujourd hui, les lombricoides sont devenus presque rares dans les intestins de nos alienes ; leurs gros intestins recelent assez souvent encore quelques trichocephales, mais ces petits vers y pullulent moins qu autrefois.

Les anciens manigraphes tenaient beaucoup a debarrasser les voies digestives des alienes des ascarides et des tricbocephales qui s y trouvaient si souvent loges ; 1 expulsion de ces vers sutfisait quelquefois, suivant eux, pour amener laguerison de la folie.

Des cysticerques plus ou moins nombreux ont ete observes, un assez grand nombre de fois, soit dans les circonvomtions cerebrales, soit dans 1 epaisseur meme du cerveau, tant sur des alienes epileptiques que sur des dements ou sur des sujets affectes d un delire vague ; on ignore 1 epoque ou le developpement de ces parasites ivait commence. (Davaine, ouvr. deja cite, p. 656 et suiv.)

Sur les dements paralytiques, sur les maniaques dont la prononciation est deja embarrassee, il se forme frequemment, cntre le fibro-cartilage qui correspond a la partie concave du pavilion de 1 oreille et les teguments qui le recouvrent, des epanchements soit sero-plastiques, soit sanguins, qui ne tardent pas a faire saillie a I exterieur sous la forme de petites tumeurs. Ces collections de liquides sont


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quelquefois precedees d un etat inflammatoirc du tissu cellulairc ; cllcs ressemblent quelquefois a des extravasations sanguines localisees. Bret, Ics liquidcs enfermes clans ccs especes de pocbes sont susceptiblos de subir des transformations, ct la dissection de ces tumeurs donne raremcnt Ics memes resultats. Ferrus, M. l)i 1- liommc, M. Merlin et plusieurs autres patbologistes ont donne des descriptions etendues des tumeurs auriculaives des alienes ; nous n insisterons pas davantage sur xme maladic toute locale et qui se montre en general sans gravite.

La frequence des maladies incidentes chez les alieues ne peut que contribuer a 1 elevation du chiffre de la mortalite dans les asiles destines au traitement do la folie; cependant, dans la manio furieuse, dans le delirc aigu, dans certaincs formes de la paralysie generalc, un certain nombre de deces est occasionne uniqucment par la violence des alterations qui portent le trouble dans les fonctions de 1 intel- ligence. Finalement, le chiffre des deces est toujours considerable dans les etablis- sements d alienes situes dans le voisinage des grandes villes, et ou les cas de para lysie generate tigurent dans des proportions enormes sur le rcleve des admissions. A Charenton, la mort frappc en moyenne un septieme de la population totale. D apres les calculs de M. Thore, les deces ne represented pas tout a fait a Bicetro le huitieme du chiffre de la population.

En parcourant un grand nombre de statistiques d alienes, on est frappe des differences qui existent dans les proportions des deces ; d apres quelqucs-nnes de ces statistiqnes, il sembleroit que 1 alienation mentale nc contribuc pour ainsi dire pas a abreger la duree de 1 existence sur ceux qui en sont atteints. Mais on n est plus tente d adopter une pareille manic-re de voir lorsqu on opere sur des chiffres puises dans un grand nombre de localites, de pays differcnts, et on constate tout de suite, en operant de la sorte, que la rarete des deces, dans certains hopitaux d alienes, tient a 1 absence des paralytiques et des idiots. On arrive partout i etablir par le calcul que plus de la moitie des sujets qui presentent des signcs de paralysie generale succombent avant la fin de 1 annee ou ils ont ete sequestres. Or, comme les paralytiques affluent dans les asiles de Paris, de Rouen, dc Marseille, de Londres, les efforts de la science sont impuissants pour prevenir Ics elfets d une mortalite qui n est depassee que par celle des liopitaux ordinaires, tels que I llotel- Dieu ou la Cbarite a Paris.

Lorsqu on cherche a evaluer les causes de la mort chez les alienes, la part qu il convicnt d accorder, dans cette evaluation, aux diflerentes maladies incidentes est souvcnt difficile a determiner eta etablir. Chaque fois qu unaliene succombe apres avoir ete renverse subitement par une hemorrhagie cerebrale, par une congestion encephalique avec phenomenes ou comateux ou convulsifs, apres avoir presente les signes d une double pneumonie ou d une violente dysenteric, il ne peut pas y avoir de dissidence parmi les medecins sur les causes qui ont produit la cessation de la vie. II n en est plus ainsi lorsqu il s agit de la mort d un dement paralylique qui portc depuis longtemps des disorganisations considerables dans le cerveau ; qui est convert d escharcs, epuise par une entente chrpnique et dont les poumons et les plevres sont tapisses par d anciennes productions pseudo-membraneuses : ilans les cas de ce genre, on a beaucoup de peine a s entendrc sur les lesions qui ont entraine Tissue funeste ; tel medecin atti ibue la perte du malade qui lui echappe a 1 inftuence de la suppuration ; tel autre a 1 inlluence de la phlegmasie ^erebi ale ou a celle de la maladie intestinale ; et les resultats exprimes dans les slatistiques annuelles qu on dresse a present dans tous les etablissements d alienes demontrent que les chefs de service n envisagent presque imlle part les causes qui


ALIMENTATION (HYGIENE PUBMQUE).

prodnisent la mort d un meme point de vue. On conroit bien d ailleurs que les maladies incidcntos et les causes de mort soicnt susceptiblrs d oii rir les phis grandes variations, suivant les annees, le sexe, la situation des asiles d alicnes, lenrs conditions hygieniques, le melange de leurs elements de population ; mais les relevcs qui constatent les alterations jusqu ici notees dans les differentes eavites splanchniques et dans les differ ents organes des alienes sont bien plus propres a indiquer la frequence relative de ces memes alterations qu a mettre en evidence la veritable cause determinante de la mort. CALMEIL,

BIDLIOGRAPHIE. Les annales de la science renferment un nombre tres-considerable de fails particuliers relatifs a la complication des maladies inentales avec diverses affections speciales et avec des Epidemics de dysenteric, de scorbut, etc., etc.; certains auteurs ont egalcment rassemble beaucoup d observations pour elablir une relation de cause a effet entre telle ou telle lesion viscerale et la folie, mais les travaux d ensemble sur la question des maladies intercurrentes sont excessivement rnres. Nous citerons cependant les suivants : CROWTHER (Bryon). Practical Remarks on Insanity, etc.. With some Account of Disease incident to the Insane. Lond., 1811, in-8. CALMEIL. klttnts (maladies des). In Diet, de we d, en 30 vol., t. II, 1835. GERMAIN et BOUCHET. Eludes pour servir a I histoire de I influence de la folie sur les fonctions et les maladies du corps humain et re c/proquenient. In Ann. we d. -psychol., 1 serie, t. IV, p. 557, 1844 et t. V, p. 181, 1845. THORE. Etudes sur les maladies in- cidentesdes alie ne s. In Ann. me d. -psychol, 1" serie, t. 111,1V, V, VII, VIII et IX, 1844-1847. DEGUISE. Quelgues maladies du domuine de la chiruryie chez les alie ne s. In Me m. de la Soc. de chir. de Paris, t. Ill, p. 147, 1853. GOULDEX {1 h. H.}. De la mortality chez les alienes, et des affections incu/entes dans I alie nation mentale. These de Strasbourg, 1857, n 583



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